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15 juin 2025
par Momar Dieng
PAPE DIOP ENTERRE SES SEPT CHANTIERS
Avant les législatives, l’ancien président de l’Assemblée a agité plusieurs dossiers symboles, selon lui, de la mal gouvernance instaurée par Macky Sall. Recruté en député VIP sauveur du camp présidentiel, il a dit adieu à ses velléités d’opposant
C’est avec fracas mais sans grande surprise que l’opposant Pape Diop, député élu à l’issue des élections législatives du 31 juillet 2022, a rejoint le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), lui assurant ainsi une majorité dans la nouvelle assemblée nationale sénégalaise. Un choix diversement apprécié.
Autant il vient opportunément au secours du président de la république Macky Sall menacé par une cohabitation inédite au cœur de la représentation nationale. Autant il a « déçu » l’inter-coalition d’opposition Yewwi-Wally qui espérait placer des grains de sable dans une machine automatique sans valeur ajoutée pour l’institution parlementaire.
Dans une majorité hétéroclite ou cohabitent depuis dix ans libéraux entrepreneurs, sociaux et plus ou moins conservateurs, socialistes de tendance socio-démocrate et progressiste, gauchistes anarcho-libertaires et politiciens inclassables ouverts à tous les vents du genre traficoteurs de numéraires et documents de voyage, Pape Diop, ci-devant président de l’assemblée nationale devra trouver sa place, lui homme d’affaires pragmatique converti à la politique à partir de sa rampe de lancement de la plage de Soumbédioune. Une place à partir de laquelle il pourrait racheter une once de crédibilité après ce qui a été considéré comme une trahison de tout ou partie de ses électeurs : son ralliement à la majorité présidentielle alors qu’il a fait campagne en opposant.
Opposant, Pape Diop l’a été durant une vie, celle de ses ressentiments contre la gouvernance de Macky Sall. « Depuis 2012, il s’est passé beaucoup de choses dans ce pays. Et si on ne fait rien, ce sera la catastrophe », disait-il dans l’émission « Autour du micro » sur le site Dakarmatin.
À l’appui de son courroux, sept dossiers emblématiques, selon lui, des pratiques non transparentes du régime Sall.
Dossier 1 : l’institution du visa d’entrée au Sénégal.
« A son arrivée, Macky Sall décide d’instituer le visa d’entrée pour les ressortissants étrangers. L’argent était versé dans les comptes d’un individu (…) Trois ans après, il abandonne le projet et dédommage ledit individu à hauteur de 12 milliards de francs CFA. Cette affaire doit être éclaircie. »
La personne mise en cause est Adama Bictogo, actuel président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Il était d’ailleurs à Dakar au mois de juin dernier pour délivrer un discours devant les députés sénégalais.
Dossier 2 : affaire Arcelor-Mittal
« Le président Abdoulaye Wade réclamait 2500 milliards de francs CFA à la multinationale indienne (pour rupture unilatérale de contrat). Macky Sall qui lui a succédé à la tête du pays a abandonné le contentieux judiciaire et obtenu 75 milliards de francs CFA. Vous vous rendez compte, de 2500 à 75 milliards !!! Encore que seuls 70 milliards de francs CFA sont entrés dans un premier temps (car) c’est bien après qu’ils ont fait une loi de finance rectificative pour intégrer les 5 autres milliards. Où étaient passés ces 5 milliards si on sait que les 75 milliards avaient été payés en intégralités ?
Cela doit être éclairci. »
Dossier 3 : Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio
« (Les autorités) disent l’avoir construit avec 60 milliards de francs CFA. Il faut éclaircir ce dossier. »
Dossier 4 : Gaz et pétrole
« Dès 2012, son frère se retrouve dans une nouvelle société au capital social de 10 millions de francs CFA. On leur donne des blocs qui sont revendus.
Cela doit être éclairci. »
Il fait référence au business développé par Aliou Sall, frère cadet du président Macky Sall, avec l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis à partir des blocs pétroliers découverts au Sénégal.
Dossier 5 : La ville nouvelle de Diamniadio
« Il parait qu’un jeune est attributaire de l’assainissement (dans cette ville nouvelle de Diamniadio) à 150 milliards de francs CFA. Il aurait encaissé l’argent avant même d’avoir fait quelque chose…
Il faut qu’on en parle. »
Dossier 6 : AIBD
« Le coût de construction de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), c’était à moins de 500 milliards de francs CFA. Avec les avenants, on est monté à plus de 700 milliards de francs CFA.
Or, à l’arrivée de Macky Sall au pouvoir en mars 2012, l’aéroport était achevé à 80% et le président Wade devait l’inaugurer en décembre 2012.
Ils ont fait exprès de retarder son achèvement en enlevant Bin Laden Group pour placer les Turcs qui en sont les décideurs tout-puissants.
Cette affaire doit être éclaircie. »
(Ndlr : c’est le consortium turc Summa-Limak qui a fini l’aéroport ouvert en décembre 2017)
Dossier 7 : TER
« On nous a dit que le Train express régional (57 km) a coûté 728 milliards de francs CFA. Comment ce TER sénégalais (57 km) peut-il être plus cher que le TGV du Nigeria dont le 1er tronçon (187 km) a coûté 552 milliards de francs CFA ?
Les explications qui nous ont été données ont été si alambiquées qu’il y a nécessité d’éclaircir cette affaire. »
Dans sa posture d’opposant à Macky Sall, Pape Diop, doté d’une véritable expérience parlementaire à travers l’Assemblée nationale et le Sénat, aurait sans aucun doute appuyé les initiatives visant à instituer des commissions d’enquête parlementaire pour certains de ces dossiers qui lui tenaient à cœur il y a encore quelques mois.
Nouveau membre VIP du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Pape Diop pense désormais certainement à autre chose. Comme profiter de son nouveau statut de « sauveur de la république démocratique du Sénégal » offert par son mentor du palais de l’avenue Senghor, en attendant un fromage plus concret dans l’appareil de l’Assemblée nationale.
PAR ALIOU DIOP
STOP AUX DIATRIBES D'ABASS SOW CONTRE RACINE TALLA
Par le biais de l'émission Tfm-Matin d'hier, Abass Sow a encore exercé son jeu favori de clouer le Dg de la télévision nationale au pilori. Satan ne dit pas la vérité mais il a cette capacité subtile et redoutable de semer la confusion dans les esprits
Par le biais de l'émission Tfm-Matin d'hier, Abass Sow a encore exercé son jeu favori de clouer le Dg de la télévision nationale au pilori. Satan ne dit pas la vérité mais il a cette capacité subtile et redoutable de semer la confusion dans les esprits les plus avertis. Pour que nul n'en ignore, il n'est pas impertinent de rappeler la vérité des faits. Dans sa piètre sortie sur la Tfm au cours de laquelle, il a fait étalage de son caractère haineux inculte et impulsif, le pseudo-journaliste, devenu syndicaliste pour s'attribuer un semblant d'existence soutient avoir été agressé par un agent à la solde de Racine Talla. Mythomanie quand tu nous tiens ! C'est le voleur qui crie au voleur. Il y a quelques mois, suite à une remarque d'un journaliste qui l'appelait de déplacer son véhicule, il y a eu une altercation au cours de laquelle il a violenté son confrère avant de vouloir l'achever. Cet incident, dont il est l'instigateur, du fait de son caractère belliqueux et cynique, n'en est pas à sa première gaffe. Elle ne sera pas la dernière. La violence physique qu'il avait exercée sur son confrère à l'aide d'un micro est encore vivace dans les mémoires. Il s’est agenouillé, tout en pleurs, devant le DRH afin que ce dernier intercède auprès du DG pour qu’il ne soit pas viré. C’est ce qui l’a sauvé d’une radiation de la Rts.
Auteur de diffamation contre le DG, à propos de véhicules supposés cèdés au franc symbolique à des Directeurs, après une plainte contre lui auprès du Procureur, il a nié les faits parce qu’incapable de présenter des preuves. Sur le point d'être coffré au Commissariat central, le lâche doublé d'un imposteur avait chialé comme une Madeleine. Ayant eu vent de cet état de fait, des bonnes volontés avaient joué des missions de bons offices auprès de Racine Talla qui avait fait encore preuve d'humanisme et de dépassement pour lâcher du lest et lui éviter du coup un emprisonnement certain. Toujours dans sa sortie aux allures d'une fanfaronnade démoniaque, Abass insinue que la Rts est infestée de fumeurs de chanvre indien doublés de trafiquants de faux billets. Quel mensonge burlesque! Quel manque de classe! Insulte à l'intelligence des sénégalais ne saurait être plus bête et infâme que celle- là.
L'État de décrépitude avancée de celui qui a travesti le syndicalisme à son image rébarbative est aussi à chercher dans son Interrogation sur les compétences de Racine Talla. Contrairement à lui qui est venu à la Rts sans diplôme ni expérience, par la recommandation d'un ancien Ministre, Secrétaire général de la Présidence sous Me Wade, Racine Talla, lui, n'est pas entré dans le métier par effraction. Après une maîtrise de philosophie et un certificat de spécialisation en sociologie générale au Département de Philosophie dont d'aucuns disent qu'il est un tremplin pour le journalisme, il a réussi comme major au très sélectif concours spécial du CESTI.
Ce fût ensuite des stages au Canada, à la CBC et en Angleterre à l’université Wales après un Master en sciences de la communication, suivis par de prestigieuses planques dans le système des nations unies et au service national de l'éducation nationale pour la santé ( SNEIPS), comme Directeur pendant six ans.
Auparavant, il a été DG de la radio privée 7FM. Et j’en passe ! Si le porteur d'un CV aussi prestigieux ne mérite pas de diriger la Radio Télévision Nationale Sénégalaise, qui d'autre le mérite. Dans notre pays, un illustre inconnu a juste besoin de gifler un saint pour avoir une réputation indue. Le petit homme, Abass Sow, est de cette catégorie de gens dotés de petits esprits dont un penseur disait qu'ils ne parlent que des gens et en mal.
Tout compte fait le Dg de la Rts n'a pas la prétention de faire l'unanimité autour de sa personne ou de plaire à tout le monde. Néanmoins , rien ni personne ne pourra le détourner de la voie qu'il s'est tracée pour servir, autant que faire se peut, ses concitoyens sénégalais. N'en déplaise à ce petit homme nommé Abass Sow qui use et abuse du syndicalisme pour des délires contre la personne de Racine Talla, avec comme ambition avouée de remplacer Bamba Kassé au poste de SG national du Synpics.
par Birane Diop
EN QUÊTE DE SENS
C’est la course sans fin au profit, et l’individualisme est à son paroxysme. 246 ans après, la théorie de Smith est toujours ancrée dans l’imaginaire collectif. Le capitalisme dicte sa loi partout
Ma vie est confinée entre lumière et obscurité mais aussi entre joie et tristesse. Poussières étoiles, je mène une guerre intérieure pour vaincre mes démons, et canaliser mes affects.
J’ai mille et une questions qui me taraudent l’esprit.
Qui suis-je ? Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? Quelles sont les causes de ma transformation en homo economicus ? Pourquoi tant d’injustices sociales ? Les inégalités ne cessent de se creuser. Pourquoi l’argent gouverne le monde ? Il fait et défait les relations. Pourquoi tiennent-ils autant au mythe de la croissance infinie dans un monde fini ? Pourquoi malgré la crise climatique, le marché est encore le roi ? Pourtant, on sait tous que l’écologie n’est pas compatible avec l’économie de marché. La catastrophe est déjà là. Les experts du GIEC et d’autres chercheurs très sérieux disent qu’il nous reste peu de temps pour réagir. Mais au nom du progrès, de l’innovation technologique et de la mondialisation heureuse, les élites politiques et économiques ont décidé de faire fi de la vérité scientifique. Je crois qu’ils souhaitent à tout prix maintenir le statu quo. Leur inaction en est la preuve.
C’est la course sans fin au profit, et l’individualisme est à son paroxysme. 246 ans après, la théorie de Smith est toujours ancrée dans l’imaginaire collectif. Le capitalisme dicte sa loi partout. Ce système dévastateur a réussi à faire de nos vies des variables d’ajustement. L’injonction néolibérale est terrible. Peut-être un jour, j’aurais des réponses à mes interrogations existentielles. Mais en attendant, je continue ma quête du bonheur.
Ce bonheur que le philosophe de l’absurde, Camus définissait comme « l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène ». Je veux jouir de véritables enchantements dans le pays sans fin : Passer quelques nuits au Mali pour contempler les soleils de minuit du Djoliba. Panser mes blessures secrètes grâce à son message d’humanité. M’abreuver des bons conseils des aïeux. Me lover dans le creux des bras de Madame Aminata Dramane Traoré, femme debout au charisme lumineux et ouverte aux vents féconds du monde. Pays de culture et de tolérance. Mali, terre d’amour et de paix nonobstant l’irruption du terrorisme. M’ouvrir à l’autre sans contrepartie - ne jamais ériger des bastilles. Semer des graines de partage dans mes bassins de vie, revoir ma façon d’habiter le monde, discuter de politique au sens philosophique et sociologique, in fine, au sens gramscien et bourdieusien.
Dans cette cité des bonheurs simples, là où gît l’horizon des possibles, j’irais à la rencontre des tisseurs d’avenir. Les artistes. Ceux qui décrivent sans fard notre condition humaine.
Car à travers l’art, ils nous offrent avec un trop-plein de générosité, le tableau de nos joies éphémères, et de nos souffrances continues.
Les mots justes et pleins de courage de Gaël Faye, la musique mystique de Baba Maal, les notes sensibles de Wasis Diop, la kora de Toumani Diabaté, la plume affûtée et lucide d’Akhenaton, la voix gracieuse de Fatoumata Diawara, la poésie de Solaar, les clichés élégants de Omar Victor Diop, libèrent mon corps des chaînes de la mécanique économique.
Ces belles âmes, créatrices de liens et de sens soignent mes blessures invisibles, me consolent, m’électrisent, mieux elles m’invitent à aller au fond de ma condition humaine eu égard aux grandes questions qui se posent aux Hommes, surtout celle-ci : quel est le sens de la vie ?
De sensibilité de gauche, Birane Diop est intéressé par la politique, l’économie, l’écologie, la culture.
PAR Farid Bathily
L'AFRIQUE CENTRALE AVANCE À GRANDS PAS VERS L'INTÉGRATION RÉGIONALE
Les ministres de l’Intégration ont adopté à Yaoundé le principe d’une fusion des différentes communautés économiques régionales et cela dès l’année prochaine
L’Afrique centrale débarrassée de ces multiples Communautés économiques régionales (CER) en 2023 ? Les autorités veulent en tout cas y croire après la récente réunion du Comité de pilotage de la Rationalisation des Communautés Économiques Régionales en Afrique Centrale, COPIL/CER-AC.
Lors de sa dernière rencontre qui s’est tenue du 11 au 12 août 2022 dans la capitale camerounaise, cet organe technique a, en effet, validé le projet de rapprochement des espaces économiques régionaux d’ici la fin de l’année 2023.
Cette décision suppose notamment la disparition à terme de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), celle de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), ainsi que la Communauté économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) au profit d’une seule et unique organisation.
Fragmentation de communautés
Des propositions de dénomination existent déjà pour ce projet qui répond aux recommandations de l’Union africaine (UA) pour une meilleure intégration des différentes régions du continent, et qui attend l’avis favorable du chef de l’État camerounais Paul Biya, en charge de la rationalisation des CER-AC.
Sur les huit communautés régionales reconnues par l’UA, la zone d’Afrique centrale en compte à elle seule trois, dont la CEEAC avec 11 membres, la CEMAC composée de six membres et la CEPGL regroupant quatre membres. Une fragmentation qui mine les efforts d’intégration entre les pays au niveau institutionnel en particulier.
Alors que le brassage des peuples est bien une réalité malgré les stigmates de la balkanisation, il est parfois plus rapide et plus sûr d’importer à Brazzaville ou à Kinshasa des marchandises provenant de villes bien plus lointaines, que d’effectuer des échanges commerciaux entre ces deux capitales pourtant uniquement séparées par un fleuve.
Goulots d’étranglement
Le manque d’infrastructures transfrontalières de qualité, les procédures de visa, les exigences douanières et les autres contraintes administratives, sans oublier les nombreux conflits parfois sur fond de rivalités entre États, constituent autant de freins à la pleine exploitation du potentiel de cette région.
Selon les chiffres de l’UA sur l’intégration régionale, le commerce intrarégional est estimé à 5,4% seulement au sein de la CEEAC pourtant riche d’un PIB en 2019 de 204 milliards de dollars. En comparaison, la région ouest-africaine (CEDEAO) tourne autour de 13,8% de commerce intrarégional.
Les dirigeants africains espèrent l’élimination prochaine de tous ces goulots d’étranglement grâce à la rationalisation des CER. Cette initiative s’insère dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Traité d’Abuja, deux programmes visant « une intégration plus élargie et plus élaborée » du continent africain.
«L’ADAPTATION DE ROMANS DONNERAIT PLUS DE FORCE AU CINEMA SENEGALAIS»
L’écrivaine sénégalaise, Sokhna Benga, plaide pour que les romans sénégalais soient davantage adaptés à l’écran, pour que le Sénégal puisse profiter du grand potentiel dont il dispose dans ce domaine et donner de cette manière plus de force au cinéma
L’écrivaine sénégalaise, Sokhna Benga, plaide pour que les romans sénégalais soient davantage adaptés à l’écran, pour que le Sénégal puisse profiter du grand potentiel dont il dispose dans ce domaine et donner de cette manière plus de force au cinéma sénégalais. «Dans notre Bibliothèque nationale, il y a beaucoup d’ouvrages qui méritent d’être adaptés. On a des auteurs formidables, de grands auteurs, et toute cette floraison de livres peut être adaptée», a dit Sokhna Benga dans un entretien accordé à l’Aps.
«Il y a énormément de romans sénégalais qui méritent d’être adaptés. Cela donnerait beaucoup de force au cinéma et à l’audiovisuel sénégalais de mettre à l’écran tous ces romans», insiste l’écrivaine, lauréate du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres en 2000, avec son roman La balade du sabador. L’ouvrage L’or de Ninkinanka a été adapté en série télévisée en 2020 grâce à la maison de production Marodi Tv, qui en a tiré une soixantaine d’épisodes diffusés en deux saisons. L’au¬teure du livre a été choisie comme scénariste et directrice artistique par la production, pour mieux rendre son livre qui a suscité beaucoup de curiosité chez le public.
Selon Sokhna Benga, d’autres romans sénégalais peuvent être adaptés de la même manière dont Un indigène à Gorée (2016) de Moustapha Ndéné Ndiaye, un roman historique dont le thème se rapporte à la colonisation française. Elle cite aussi Le choix de L’Oris (2015), un roman dans lequel Louis Camara, Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres en 1996, fait voyager son lecteur dans l’univers fabuleux de la cosmogonie yoruba. Il y a aussi La reine des sorciers (1998) de Seydi Sow, lauréat du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres la même année, ou encore Du baobab au saguaru (2009) de Rahmatou Seck Samb, elle aussi lauréate du Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres. De même que Le regard de l’aveugle (2008) de Mamadou Samb et L’écharpe des jumelles (2013), du même auteur.
Un outil de transmission
A en croire Sokhna Benga, les plus grands films du monde sont des adaptations de romans, à l’image de Harry Potter de la romancière britannique J. K. Rowling. Au Sénégal, elle évoque plusieurs films adaptés de romans par Ousmane Sembène, parmi lesquels Le Mandat, La Noire de, Xala, Niwan, mais aussi Hyènes de Djibril Diop Mam¬bety, film adapté du roman La visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, sans compter Le Prix du pardon de Mansour Sora Wade, etc. «L’écran est un outil de transmission très important, c’est un médium d’une importance particulière, qui a beaucoup de succès», estime Sokhna Benga, soulignant que l’adaptation de son roman L’or de Ninkinanka dont le scénario date de 2004, bien avant la sortie du livre, sera aussi tournée en long métrage. Elle dit avoir toujours voulu porter à l’écran tout ce qui a été à la base de ses romans. «Je suis tombée dans l’écriture parce que c’est un don, mon père, Ibrahima Mbengue, était journaliste, écrivain et dramaturge. J’ai écrit parce que j’avais des choses à dire, j’avais cette pulsion d’écrire ces romans, ces nouvelles ou ces livres pour enfants pour dénoncer des faits de société», explique-t-elle. Mais pour elle, le cinéma, c’est plus que cela. «Ce n’est pas seulement cette dénonciation automatique dans le roman, mais c’est une manière de montrer la beauté de mon peuple, l’universalité par tout ce discours de tolérance que nous avons vécu», au moment où «nous voyons les choses se déliter aujourd’hui», souligne-t-elle. Elle ajoute avoir «toujours eu cet amour de l’écran», que ce soit le cinéma ou l’audiovisuel, avec la volonté de «transposer» ses histoires par ce médium. «Je suis allée à la recherche de l’audiovisuel, j’ai eu cette curiosité que mon père a inscrite en moi, car il était plus audiovisuel», a indiqué la romancière, soulignant «l’importance particulière de ce médium qui a beaucoup de succès» et qui constitue «un outil de transmission important».
Avec l’aide de producteurs et cinéastes tels que Moctar Ndiouga Ba, Mansour Sora Wade et Moussa Touré, elle a fait la formation de scénaristes à l’Institut national de l’audiovisuel en France (Ina). Ce qui l’a amenée à collaborer avec d’autres scénaristes et écrivains. « J’ai eu cette chance qu’ils m’aient guidée, c’est là que j’ai eu cette certitude que c’est cela que je veux», fait-elle savoir.
Son projet le plus immédiat et toujours d’actualité, c’est d’adapter à l’écran, la célèbre série radiophonique Ma¬khou¬radia Guèye, chauffeur de taxi diffusée en 1962 sur les antennes de l’Office de Radio¬diffusion télévision du Sénégal (Orts). «(Mal¬gré tout) ce que mon père dénonçait comme faits de société, les choses se sont dégradées un peu plus aujourd’hui. L’attitude des policiers, des populations dans les quartiers avec les poubelles, la corruption, etc.», détaille Sokh¬na Benga.
DAGANA, CREUSET DE LA CULTURE DU WALO
Les rideaux sont tombés sur la 4ème édition du Dialawaly festival de Dagana.
Les rideaux sont tombés sur la 4ème édition du Dialawaly festival de Dagana. Cet évènement annuel qui se veut être le rassemblement de toutes les cultures du Walo, s’est tenu cette année en présence du maire de la ville de Trélazé en France, Lamine Naham, d’origine sénégalaise, et de Mme Mi Kankou, la première adjointe au maire de Dagana, qui a assisté à l’inauguration de la scène Dialawaly, construite par l’association Dialawaly sur initiative de l’artiste Mustafa Naham.
Cette édition a été un franc succès à travers l’animation générée par le carnaval de Dagana. «La joie et le bonheur étaient à la rencontre de la générosité walo walo», se réjouit l’artiste Mustafa Naham.
Et de poursuivre : «Ce Dialawaly festival de Dagana, qui reçoit des sommités de la culture, a à coup sûr un bel avenir. Dagana a vécu une émanation comme elle en connait très peu d’habitude. Pas moins de 30 calèches suivies de voitures ont sillonné les artères de la ville. Ce qui était source d’une communion absolue», a-t-il fait savoir. Tout en mentionnant que les jeunes filles et femmes s’étaient habillées en tenues traditionnelles pour rappeler le Walo d’antan. «Sans oublier les compagnies théâtrales qui ont gratifié le public d’un spectacle itinérant», précise-t-il.
Au programme de cette édition, figurait aussi un panel qui regroupait les acteurs culturels et qui a été suivi d’une soirée regroupant les artistes natifs du Walo dont Mustafa Naham, l’initiateur du festival, Ndary Diouf et Jules. Mais d’après Mustafa Naham, le 2ème jour fut aussi exceptionnel avec les spectacles des deux parrains de cette édition, à savoir Woz Kaly et les Frères Guissé, qui ont gratifié le public du théâtre de verdure de Dagana, d’un spectacle de haute facture.
Parrains de cette édition, les Frères Guissé et Woz Kaly en ont été les vedettes. «Dagana fut une capitale culturelle le temps d’un long week-end», souligne l’artiste-chanteur Mustafa Naham.
LA DÉCLARATION DE CANDIDATURE DE SONKO A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS DE CE VENDREDI
La déclaration de candidature de l’opposant Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024, l’attente de la nomination d’un gouvernement et d’autres sujets de société font le menu des quotidiens parvenus vendredi à l’APS.
Dakar, 19 août (APS) - La déclaration de candidature de l’opposant Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024, l’attente de la nomination d’un gouvernement et d’autres sujets de société font le menu des quotidiens parvenus vendredi à l’APS.
Le maire de Ziguinchor (sud) arrivé troisième lors de l’élection présidentielle de 2019 a fait part jeudi lors d’une sortie publique de sa décision de briguer à nouveau la magistrature suprême en 2024.
‘’Sonko candidat’’, affiche Sud Quotidien en illustrant sa Une d’une photo de l’opposant tenant le micro devant une foule de partisans.
‘’Le leader de PASTEF se lance dans la course pour la présidentielle de 2024. En conférence de presse organisée hier (jeudi), l’ancien candidat malheureux classé 3e à l’issue de la présidentielle de 2019 a indiqué, après avoir officiellement annoncé sa candidature que cette décision n’allait pas à l’encontre de la charte de la coalition Yewwi Askan-Wi encore moins de la dynamique de l’inter-coalition Yewwi-Wallu’’, rapporte le journal.
Dans ses colonnes, Le Témoin fait savoir qu’il faudra compter avec Ousmane Sonko lors de la prochaine élection présidentielle prévue en février 2024.
‘’Le leader de PASTEF a fait acte de candidature et évoqué les contours d’un accord entre Yewwi Askan-wi et Wallu, sa tournée nationale ou encore la conduite à tenir par ses militants pour remporter le scrutin’’, relaie la publication.
Pour Bes Bi le Jour, à travers cette déclaration de candidature, ‘’Ousmane (Sonko) lance son combat’’.
‘’+L’avenir, c’est maintenant+ était le slogan de campagne sur l’affiche d’Ousmane Sonko lors de l’élection présidentielle de 2019. On pourrait dire aujourd’hui que pour le leader de PASTEF, 2024 c’est maintenant. Surtout que la veille, Me Abdoulaye Wade a fait une sortie pour présenter son parti le PDS comme la première force de l’opposition parlementaire. (…) Ousmane Sonko semble avoir répliqué hier en présentant sa candidature’’, analyse le journal.
Kritik croît savoir qu’en annonçant sa candidature à la présidentielle de 2024, ‘’Ousmane Sonko torpille ses alliés’’.
‘‘Le leader de PASTEF n’a pas attendu que les actes de la 14e législature soient posés pour se ranger dans les starting-blocks et couper l’herbe sous le pied des prétendants et prétentieux de l’opposition qui rêvent de briguer le suffrage des Sénégalais’’, analyse la publication.
Pendant ce temps, L’Observateur évoque ‘’l’attente périlleuse’’ d’un remaniement ministériel annoncé, en pointant notamment l’impact du retard sur la marche du pays.
Le journal souligne qu’après un premier coup foiré au lendemain de la restauration du poste de Premier ministre, puis un deuxième à la sortie des élections locales de février 2022, le chef de l’Etat maintient le suspens sur la formation de la prochaine équipe gouvernementale, près de deux semaines après la proclamation des résultats définitifs des législatives du 31 juillet dernier.
Le quotidien du groupe futurs médias (GFM) tente ainsi de décrypter les ‘’coups et contrecoups du retard de l’installation de la nouvelle équipe gouvernementale qui risque de saper le mental des troupes (partisans du pouvoir) et influer sur la bonne marche du pays’’.
De son côté, Le Soleil s’est intéressé à l’actualité relative au redéploiement des malades, services et personnels de l’hôpital Artistide Le Dantec que l’Etat envisage de reconstruire. Le quotidien rapporte notamment des propos de la ministre de la Santé et de l’Action sociale qui assure qu’aucun malade ne sera laissé en rade dans ce processus.
Dans les colonnes du journal, le docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye déclare : ‘’Ce sont les experts de l’hôpital qui ont proposé le plan de déménagement. Tout a été fait dans la concertation. Ce plan est humain. Et il n’est pas statique’’.
Cette sortie publique de la ministre de la Santé était en réaction à une levée de bouclier suscitée par le projet de fermeture de l’hôpital pour les besoins de sa reconstruction du côté notamment du personnel et de certaines organisations de la société civile qui ont même brandi l’idée d’une plainte pour non-assistance à personne en danger.
Sur un tout autre registre, Le Quotidien rend compte de ‘’l’échec’’ de l’opération de transfert monétaire dernièrement initiée par le gouvernement au profit des ménages vulnérables du pays.
‘’Près de la moitié des bénéficiaires n’avaient pas encore été servis, alors que la Banque mondiale, la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (DGPSN) et le ministère se renvoient le bébé’’, fait remarquer le journal.
ROMARIC SOUSSOU, UN STYLE A LA CROISEE DES CHEMINS
Romaric Soussou est un jeune artiste qui a plusieurs cordes à son arc. Chanteur, compositeur, interprète, il navigue également entre plusieurs styles musicaux
Romaric Soussou est un jeune artiste qui a plusieurs cordes à son arc. Chanteur, compositeur, interprète, il navigue également entre plusieurs styles musicaux.
Romaric Soussou est un artiste qui a plusieurs cordes à son arc. A la fois artiste chanteur, compositeur, interprète, il vit sa passion de la musique. Romaric Soussou tient son originalité de son éclectisme car touchant à plusieurs genres musicaux. «Son style musical se détache des autres, c’est assez ouvert. Il est aussi à l’aise avec le gospel, le rnb, le zouk et l’afro», renseigne Francis Diémé, son manager. S’il a subi l’influence de plusieurs musiciens, le jeune artiste de 20 ans dit s’être construit musicalement à travers les concerts de chant-chorale auxquels il assistait grâce à sa mère. Son directeur artistique envisage une tournée à l’étranger de son protégé, avec comme point de mire des projets musicaux avec des artistes étrangers dont il n’a pas voulu décliner l’iden¬tité. En attendant d’y arriver, le jeune artiste s’emploie davantage à donner du relief à sa carrière entamée en 2018. «Ça fait à peine quatre ans qu’il évolue dans le milieu musical et travaille pour la sortie d’un mini-album prochainement», indique son manager.
L’artiste suit avec beaucoup d’intérêt ce qui se fait ailleurs et selon son manager, il n’est pas faux de dire qu’il est influencé par P-Square, un groupe nigérian. Mais il reste aussi attiré par les chanteurs comme Flavour, Youssou Ndour, Akon, R Kelly ou John Legend, note son directeur artistique qui renseigne que «Romaric baigne dans l’afro-musique, le zouk et le reggae». Lui trouvant du «talent à revendre», Francis Diémé semble avoir pris la pleine mesure de ce que sait faire son protégé en lui collant l’étiquette «d’une pépite de la chanson» venue apporter «une nouvelle empreinte en se démarquant des sonorités mbalax et afrobeat». «Il a un timbre exceptionnel parce qu’il a fait les chorales», avance-t-il.
Romaric est né dans le quartier populaire de Niary Tally et a grandi à la Sicap Liberté. Très tôt bercé par la musique, il intègre une école de musique au Centre culturel Blaise Sen¬ghor. Romaric a entamé sa carrière musicale par des reprises de chansons de Dadju ou Flavour. Il a participé à plusieurs compétitions de chants dont la dernière était le «Challenge cover» de l’artiste planétaire Dadju. Une compétition qui lui a permis de jouer dans la première partie du concert de Burna Boy, le 12 février 2022 à Dakar.
Actuellement, Romaric a sorti cinq titres : Covid-19, Moi je prouve, un cover de Tayc, Pardonne moi qui est disponible en clip vidéo, Ma Reine et Forever. En ce moment, Romaric fait la promo de son clip Pardonne moi en featuring avec Joe Brayz, et de son nouveau single Forever. L’artiste prépare activement la sortie de son mini-album prévue en fin d’année. «Romaric risque de ravir la vedette à certains de ses aînés et devenir très rapidement une référence du showbiz sénégalais dans les années à venir», croit savoir avec optimisme son manager. «Je suis convaincu que je vais avancer dans ce que je fais. Parce que si on exerce quelque chose, on le fait à fond», soutient ce jeune artiste avec la motivation chevillée au corps.
N’écartant pas l’hypothèse d’allier la musique à autre chose, Romaric Soussou de reconnaître que c’est à travers la musique qu’il se sent le plus à l’aise. «La musique me permet de faire passer mes messages. Des messages destinés à la jeunesse. Je fais passer des messages d’amour, des messages pour motiver la jeunesse qui a besoin de motivation», argumente le jeune chanteur dont le public est composé de jeunes et de femmes qui consomment ce qu’il fait dans un contexte où le mbalax impose son diktat.
L’UIDT EN GUERRE CONTRE LE MAIRE DE THIES
Le maire de Thiès, Dr Babacar Diop, est accusé de vouloir récupérer des bâtiments appartenant à l’Université Iba Der Thiam (Uidt)
Le maire de Thiès, Dr Babacar Diop, est accusé de vouloir récupérer des bâtiments appartenant à l’Université Iba Der Thiam (Uidt). Les syndicalistes et les étudiants comptent user de tous les moyens nécessaires pour protéger le patrimoine foncier de leur université.
C’est la guerre totale entre un maire universitaire et ses collègues enseignants-chercheurs dans un autre terrain. La Coordination des syndicats (Per, Pats, étudiants) de l’Université Iba Der Thiam (Uidt) accuse le maire de Thiès, Dr Babacar Diop, de récupérer des bâtiments comme «l’auberge des jeunes et l’auditorium» qui font partie du patrimoine de ladite université.
Dans un document, les syndicats et la Conférence des amicales des étudiants font part de leur «déception d’apprendre que le tout nouveau maire de Thiès, au lieu d’aider l’Uidt à améliorer les conditions d’apprentissage, cherche» à leur «soutirer le peu d’infrastructures» en leur «possession». Très remontés contre l’édile de cette ville, les syndicalistes et les étudiants accusent : «A l’instar d’autres entités qui, pour aider l’université, lui ont prêté des infrastructures, Dr Babacar Diop n’a d’autres projets pour la ville que de faire dans la diversion au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes de la commune (appui aux sinistrés des inondations, entretien des édifices publics et des routes chaotiques, contribution à l’insertion des jeunes, préservation de l’environnement…).»
Et d’enfoncer le clou : «Par manque de programme, il pose des actes graves visant à mettre en difficulté (voire fermer) la seule université de la ville de Thiès.» Dans ce document conjoint, le Saes, le Sudes/Esr, le Stesu, le Satuc et la Conférence des présidents d’amicales renseignent que «ces bâtiments, de même que l’hôtel du rail, ont été affectés par l’Etat du Sénégal pour aider l’université à réduire son déficit en infrastructures et mieux faire face au flux important de bacheliers».
Pour éviter la récupération de ces bâtiments, la coordination informe qu’elle «usera de tous les moyens nécessaires pour protéger le patrimoine foncier». Dans la même dynamique, elle appelle «les autorités étatiques locales à aider à sécuriser le patrimoine de l’université».
ÉCHEC DE L’OPERATION DE TRANSFERT MONETAIRE, DES MENAGES SANS CASH
Le président de la République avait lui-même lancé l’opération au mois de mai, en remettant symboliquement leurs dus aux premiers bénéficiaires des transferts exceptionnels de 43 milliards de Cfa pour les 534 mille ménages.
Le président de la République avait lui-même lancé l’opération au mois de mai, en remettant symboliquement leurs dus aux premiers bénéficiaires des transferts exceptionnels de 43 milliards de Cfa pour les 534 mille ménages. Près de 3 mois après ce début tonitruant, la Banque mondiale constate de nombreux couacs qui entravent la bonne marche des opérations.
Le projet avait été lancé à grand renfort de tintamarre le 10 mai dernier. Le président de la République avait convoqué le ban et l’arrière-ban de la République au Grand Théâtre, pour assister au lancement symbolique des opérations de transferts monétaires exceptionnels aux 534 mille ménages inscrits au Registre national unique (Rnu). Cela représentait 43 milliards de francs Cfa qui devaient permettre à chaque ménage de récolter environ 80 mille francs Cfa chacun. Un grand soulagement pour les bénéficiaires, intervenant à la veille des élections législatives, ce qui avait permis à certains opposants politiques de subodorer une opération «d’achat des consciences». D’autres observateurs, plus pratiques, se demandaient juste par quelle magie le Grand argentier Abdoulaye Daouda Diallo avait pu mobiliser autant de ressources, en plus des efforts exceptionnels que les Finances devaient faire pour empêcher les prix des denrées alimentaires de continuer à flamber, dans un contexte marqué par le conflit entre la Russie et l’Occident sur le sol ukrainien.
A la fin du mois de juillet, la Banque mondiale, par sa représentation à Dakar, transmet aux autorités sénégalaises un Aide-mémoire produit par la mission d’appui à la mise en œuvre du Projet d’appui aux filets sociaux (Pafs), dans lequel on trouve la réponse aux questions relatives, notamment à l’argent décaissé pour ce concours exceptionnel. A la lecture du document, on apprend que les représentants de la Banque mondiale déplorent que l’opération de transfert d’argent ait connu des retards tels que près de 48% des bénéficiaires n’ont toujours pas perçu leurs fonds à la fin du mois de juillet. Et à ce jour, les choses ne se sont pas améliorées.
L’Aide-mémoire indique : «L’opération de paiement des transferts aux bénéficiaires qui a débuté mi-mai, a accusé des retards dans la mise en œuvre. Après le démarrage des opérations de paiement dans les régions de Thiès, Diourbel et Fatick à la mi-mai, la mise en œuvre des paiements a connu un coup d’arrêt avant de reprendre fin juin à Dakar et Kaffrine, puis début juillet à Matam, Saint-Louis, Kolda et Louga.»
Près de 48% n’ont pas perçu leurs fonds
Si la Banque mondiale parle de retards dus, entre autres, au lancement de la campagne électorale pour les Législatives, du fait que les autorités de l’Etat auraient été occupées à battre campagne, les pouvoirs publics, à leur niveau, veulent faire comprendre que les problèmes incomberaient plutôt aux opérateurs chargés d’exécuter les opérations sur le terrain.
Le chargé de Communication du ministère du Développement communautaire et de l’équité sociale assure que «le registre a été stabilisé et donné aux deux opérateurs chargés des opérations de transfert. Ce sont eux qui se chargent de positionner l’argent sur les comptes des bénéficiaires». Pourquoi alors ces opérations n’ont pas encore démarré dans des régions comme Kaolack, Tambacounda, Sédhiou, Ziguinchor et Kédougou ? Les services de Samba Ndiobène Ka ne veulent surtout pas entendre dire que c’est parce que «le ministre n’a pas encore eu le temps d’aller lancer officiellement les opérations dans ces régions», comme l’ont déclaré des employés de la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale. Le communicant du ministre Ndiobène Ka assure que «la cérémonie est juste une formalité, qui n’empêche pas le paiement de l’argent. Et les opérateurs de téléphone ont déjà reçu les sommes à payer».
En fait, beaucoup savent que les opérateurs choisis n’avaient pas non plus toutes les garanties financières et/ou l’expertise nécessaire pour accomplir une opération de cette envergure. Au ministère des Finances par exemple, on estime qu’«Orange Money serait en mesure de faire le travail s’ils y trouvaient leur compte. Mais Wizall a de nombreuses lacunes».
Au-delà des débats intragouvernementaux, la Banque mondiale a dû constater que son rêve de faire du Sénégal une zone-pilote pour lui permettre de dupliquer son projet de Cash transfert à travers la partie francophone du continent, est très loin d’être une réussite. Or, avec son Rnu plus ou moins bien maîtrisé, le Sénégal est l’un des rares pays africains où le «Cash transfer» à la Bretton Woods avait des chances de réussir. Malheureusement, les services de M. Nathan Belete vont être contraints de faire état des différents manquements qui freinent cette mise en œuvre. Et dont certains leur étaient pourtant connus avant de lancer l’opération.
Dire que dans l’esprit des haut-fonctionnaires internationaux, le «Cash transfer» était le modèle à suivre, contrairement aux opérations de distribution de denrées alimentaires telles qu’elles avaient été mises en œuvre au Sénégal dans le cadre des mesures d’atténuation des effets du Covid-19.
Pour cacher la vanité de leur entreprise, et tenter de diluer quelque peu l’échec de leur opération, les fonctionnaires de la Banque en viennent aujourd’hui à comparer leur «Cash transfer» aux Bourses de sécurité familiale, en déclarant qu’«aucun paiement n’a été effectué au titre de l’année 2022, et la région de Sédhiou cumule 5 retards de paiement dont les 4 trimestres de 2021». Sur ce point, la Délégation à la solidarité nationale et à la protection sociale dégage en touche… et regarde vers le ministère des Finances et du budget, ainsi que le ministère de tutelle, dirigé par Samba Ndiobène Ka.
Pour sa part, le haut-fonctionnaire qui pilote le projet Pafs, et qui est pourtant responsable de l’opération, préfère se muer dans le silence.