Les Etats africains n’obéiront pas au souhait des pays développés de se départir des énergies fossiles. Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, par ailleurs président de la Conférence ministérielle africaine sur l’Environnement, réaffirme la position défendue par le chef de l’Etat, Macky Sall, président en exercice de de l’Union africaine (UA) qui s’oppose à l’usage unique des énergies renouvelables. Il a présidé hier, jeudi 15 septembre 2022, l’ouverture de la Conférence ministérielle de négociation sur le climat des pays les moins avancées.
Dakar abrite, depuis le 12 septembre 2022, la 18ème session de la Conférence des ministres africains sur l’Environnement et la Réunion stratégique du groupe de négociation des pays les moins avancés sur les changements climatiques. Hier, jeudi 15 septembre, à l’ouverture de la Conférence ministérielle de négociation sur le climat, un cadre préparatoire de la Cop 27 prévue en novembre prochain Charm El-Cheikh, en Egypte, le ministre de l’Environnement et du Développement durable par ailleurs, président de la dite Conférence des ministres africains sur l’Environnement, Abdou Karim Sall, a réaffirmé la position défendue par le président de la République, Macky Sall, sur l’utilisation des énergies fossiles. «Il faut aussi une transition juste et équitable. Nous n’avons aucune leçon à recevoir concernant la transition énergétique. La plupart des pays africains sont déjà installés et inscrits dans une trajectoire sobre en carbone. Le Sénégal est à 31% de mix énergétique. Nous n’attendons pas qu’on nous dise de quitter de façon brutale l’exploitation du pétrole et du gaz pour se conformer à la volonté des pays qui se sont déjà développés à partir des énergies fossiles», at-il soutenu. Dans cette même perspective, il trouve que, «le président de la République, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, est très clair. L’Afrique refuse de subir cette injustice. Nous n’accepterons pas de la subir parce qu’elle vise le développement économique et social du continent».
Au contraire, les pays de l’Afrique souhaitent que les pays développés, responsables de la quasi-totalité des émissions des gaz à effet de serre, respectent leur engagement de financer l’adaptation des pays africains, rappelle Abdou Karim Sall. «Les 20 pays qui émettent 80% des gaz à effet de serre doivent financer l’adaptation des pays africains dont le niveau d’émission ne dépasse pas 4%. Il est temps qu’on applique de manière rigoureuse le principe de pollueur-payeur. Il faudrait qu’on reconnaisse la responsabilité commune mais différenciée de ce que se passe dans la planète». Le financement des activités d’adaptation n’est pas une faveur des pays africains, poursuit en outre le ministre. «Il ne faut pas qu’on reconnaisse ces fonds comme une aide au développement.
A la Cop de Glasgow, nous avons été surpris que les pays développés et ceux en développement n’aient pas accepté de reconnaitre les besoins spécifiques de l’Afrique». Pour lui, le respect de cette directive, ne serait qu’une justice rendue au continent. «Ce n’est pas une demande de trop, c’est une justice que nous réclamons parce que cela est bien prévu dans les textes de la convention. Malheureusement, à Glasgow, malgré les rencontres que nous avons eues, nous n’avons pas pu régler cette question de manière définitive et nous espérons que lors de cette conférence qui aura lieu en terre africaine, que la justice soit rendue à l’Afrique pour que cette disposition soit prise en compte dans les textes d’application de l’accord de Paris», juge Abdou Karim Sall.
CHARM -EL-CHEIKH, LA COP DE L’ACTION
La deuxième partie de la 18ème session de la Conférence ministérielle africaine sur l’Environnement qui s’achève aujourd’hui, vendredi 16 septembre, a enregistré la présence de la quasi-totalité des ministres africains de l’Environnement mais aussi de l’Envoyé spécial du président américain pour le climat, Jonh Kerry Après la première partie tenue en virtuelle, à cause de la pandémie de la Covid-19, celle-ci a pour objectif de préparer la Cop 27 de Charm El-Cheikh, en Egypte, en novembre prochain.
Pour le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall, il est nécessaire que l’Afrique ait une position harmonisée lors de cette prochaine rencontre. «La particularité de la Cop 27, après celle de Madrid (Cop 25) et la Cop 26 de Glasgow, est qu’elle se tiendra en terre africaine. L’Afrique doit harmoniser sa position parce que beaucoup de questions sont restées en suspens. Certaines n’ont pas été totalement épuisées aux Cop 25 de Madrid et 26 de Glasgow. Elles concernent principalement le continent africain», a-t-il dit.
Après la rencontre de Dakar, l’harmonisation de la position africaine se poursuivra prochainement à la pré-Cop 27 qui aura lieu du 2 au 5 octobre prochain à Kinshasa, en République Démocratique du Congo. Son importance est de taille. «La Cop 27 sera déterminante parce que des points comme les pertes et préjudices ne sont pas encore inscrits et, l’Afrique veut tout faire pour qu’ils le soient», a dit Abdou Karim Sall.
L’Afrique ne sera pas en Egypte pour jouer les seconds rôles, si l’on se fie au ministre sénégalais de l’Environnement. «Nous avons identifiés près de 6 points sur lesquels nous allons nous accorder. Il n’y pas de fonds dédiés qui permettent aux pays les moins avancés de faire face aux effets imprévisibles des changements climatiques tels que les inondations, les pluies hors saison et autres. Nous avons pensé qu’il faut mettre en place un fonds qui permettra de soutenir les pays les plus vulnérables lorsque ces événements imprévisibles surviennent», plaide-t-il. Les pays africains aborderont aussi la répartition des fonds alloués à la lutte contre les changements climatiques. «Nous voulons une allocation équilibrée entre l’adaptation, l’atténuation et le fonds que nous souhaitons sur les préjudices, à mettre en place. Il faudrait qu’on donne suffisamment de place à l’adaptation, mais également tenir compte de la situation de vulnérabilité des pays africains».
L’Afrique défendra également une équité du marché de carbone. «Nous sommes très étonnés, nous pays africains, que le prix de la tonne de carbone soit différent qu’on soit au Nord ou dans un pays du Sud. Or, la tonne de carbone séquestrée a les mêmes résultats sur l’atteinte de l’objectif de 1,5° de réchauffement climatique. Il n’est pas juste et équitable que le prix de la tonne soit différent. Nous réclamons une justice climatique dans ce domaine».
Le décor contraste dans les maisons des anciens khalifes généraux, jadis point de convergence des talibés et de bousculades des personnalités. Aux fastes d’antan, c’est presque le désert aujourd’hui pendant le magal.
Le décor contraste dans les maisons des anciens khalifes généraux, jadis point de convergence des talibés et de bousculades des personnalités. Aux fastes d’antan, c’est presque le désert aujourd’hui pendant le magal.
Chez Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké : « Je n’ai pu retenir mes larmes devant cet étal qui abritait des milliers de bêtes »
Gouy Mbind, en cette soirée du mercredi 14 septembre, l’ambiance naguère notée dans la résidence du 7ème khalife général des mourides contraste avec ce calme plat qui y règne. Ousmane Diop, ancien de la maison du regretté Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, nostalgique des moments forts de grande générosité, n’a pu cacher ses émotions. « Lorsque je suis venu dans l’étal qui abritait les taureaux et autres animaux, je n’ai pu retenir mes larmes parce que là où je décomptais des milliers de bêtes, je n’ai même pas dénombré une trentaine. La maison est déserte, les gens ne viennent plus. Et dire que dans cette maison nous avons accueilli plusieurs personnalités. Actuellement, on ne voit personne. C’est ainsi la vie, mais Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké méritait plus », confie-t-il. Et il n’hésite pas à citer les « rares personnalités » qui continuent de fréquenter la maison et qui donnent leur contribution. « Parmi les rares fidèles talibés qui continuent d’œuvrer, il y a le médecin-général Mame Thierno Dieng et Malick Dieng qui poursuivent les bonnes actions qu’ils faisaient du temps de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. A chaque magal, ils remettent plusieurs taureaux », a-t-il ajouté.
Intendant de la maison de Serigne Saliou : « Ce n’est plus comme avant »
A la maison de Serigne Saliou Mbacké, c’est le même constat. Plus de bousculades. Dans cette demeure située à l’Est de la grande mosquée, les ndongos tarbiyas ont fini d’installer leur matériel de sonorisation et déclament des khassaïdes du fondateur de la confrérie mouride. Avec ses va-et-vient, le téléphone collé à l’oreille, Cheikhouna Diène, de taille imposante, est l’intendant de cette maison de plusieurs hectares et des deux autres de Diourbel. Talibé du 5ème khalife général des mourides, homme de confiance de Serigne Cheikh Saliou Mbacké, Cheikhouna Diène revient sur le magal : « C’est vrai que ce n’est plus comme avant. Les gens ne viennent plus. L’une des rares personnes qui continuent de fréquenter cette maison, c’est l’actuel ministre de la Fonction publique. Vous voyez, nous récitons le coran la veille et le jour du magal plusieurs fois dans la journée. Nous distribuons du ‘’berndé’’ (mets) aux populations. N’oubliez pas que Serigne Saliou avait dit que le ‘’berndé’’, tant qu’il ne ressemble pas à du gaspillage, n’en est pas un. S’agissant de ses enseignements, c’est l’Islam. Tout ce qu’il a laissé comme héritage, ses talibés et héritiers tentent de le préserver. Nous le gardons très jalousement. »
Chez Serigne Abdoul Ahad et Serigne Bara aussi…
Autre lieu, même décor, les maisons de Serigne Abdoul Ahad Mbacké et Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, respectivement 3ème et 6ème khalife général des mourides, ce n’est pas l’affluence des grands jours. Mieux, les familles ne se sentent pas impliquées directement dans l’organisation du magal. Sous couvert de l’anonymat, un membre d’une de ses familles explique : « Ce qu’on remarque c’est que le comité d’organisation n’associe plus les membres des défunts khalifes dans l’organisation du magal. »
par Damien Glez
ENTRE DAKAR ET LYON, LE VOL MAUDIT D'AIR SÉNÉGAL
Après l’interruption de leur vol, les passagers ont tenté de finir leur trajet dans un bus qui a pris feu. Une série d’avaries en cascade qui survient au moment où la compagnie aérienne enchaîne les déconvenues
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 15/09/2022
Les Africains qui ont connu les années 1990 sont habitués aux compagnies aériennes surnommées « Air peut-être ». Et le Sénégal n’échappe toujours pas à la règle. Il y a les avions qui partiront « peut-être », comme en avril dernier, ceux de l’aéroport international Blaise-Diagne de Dakar confrontés à l’indisponibilité de kérosène. Et il y a les avions partis qui, eux, arriveront « peut-être » à bon port et à l’heure prévue. Des voyageurs partis de Dakar entendaient bien atterrir à Lyon (centre-est de la France) ce dimanche, même si certains superstitieux évitent d’emprunter les airs à la date anniversaire du 11-septembre…
C’était sans compter sur des imprévus que les services de communication d’Air Sénégal ont qualifiés pudiquement de « contraintes opérationnelles ». Le vol devait être direct, il a finalement été écourté, avec Marseille (Sud-Est) comme terminus. La quarantaine de voyageurs impactés se sont alors vus proposer une fin de trajet… en bus. Mais là encore, survient une avarie : vers 15 h, un pneu éclate, le car de tourisme prend feu sur l’autoroute A7, à proximité de la ville de Valence (à 100 km de Lyon), les passagers se réfugient derrière la glissière de sécurité, avant d’embarquer dans un véhicule affrété par l’assistance. Aucun blessé n’est à déplorer.
Toujours pudique et énigmatique, le community manager d’Air Sénégal précise – on s’en serait douté – que les vols « Marseille-Lyon et Lyon-Dakar HC427 » ne sauraient être « effectués selon le programme habituel »…
DEUX MORTS SUITE À UNE ATTAQUE DANS LE NORD DU BÉNIN
Aux premières lueurs de ce mercredi 14 septembre 2022, l’assaut contre un poste douanier de Malanville, dans le nord-est du Bénin, a fait deux victimes. Les autorités se veulent prudentes sur la motivation des assaillants en attendant l’enquête
Aux premières lueurs de ce mercredi 14 septembre 2022, l’assaut contre un poste douanier de Malanville, dans le nord-est du Bénin, a fait deux victimes. Les autorités se veulent prudentes sur la motivation des assaillants en attendant les conclusions de l’enquête.
"Oui il y a eu un incident, mais aucune certitude sur la nature". Interpellé, ce mercredi 14 septembre, en marge de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement béninois Wilfried Léandre Houngbédji s’est refusé de spéculer sur la caractérisation de terroriste ou non de l’attaque meurtrière intervenue quelques heures plus tôt au nord du Bénin.
Des individus armés s’en sont pris, très tôt, dans la matinée à un poste des douanes de Malanville, ville frontalière du Niger. Le bilan est de deux morts, dont des civils identifiés comme des "collaborateurs informels" des agents préposés à la douane sur place.
Origine incertaine
Aucune indication du nombre d’assaillants impliqués et encore moins de leurs motivations. Le gouvernement évoque "une action de délinquants à moto et armés tentant de s’en prendre à un poste douanier sans protection particulière, contrairement à un commissariat ou à une unité de l’armée".
Wilfried Léandre Houngbédji refuse, par ailleurs, de parler d’attaque djihadiste sans une enquête approfondie. Une partie de la presse locale avait tôt fait d’évoquer cette hypothèse au regard du lieu de l’incident et de son mode opératoire.
Ces derniers mois, les attaques à moto se sont en effet multipliées contre les forces de l’ordre dans la partie septentrionale, alors que le président Patrice Talon tente de vendre le pays comme une destination attrayante aux investisseurs. Une situation d’autant plus inquiétante que le Bénin a longtemps été épargné par la menace terroriste qui est une réalité en Afrique de l’Ouest depuis plusieurs années.
Stratégies d’endiguement
La proximité avec des États confrontés à ce fléau en expansion tels que le Niger ou le Burkina semble avoir fait voler en éclats l’assurance béninoise depuis bientôt un an. L’armée a ainsi été déployée dans le nord, notamment aux frontières, sous le commandement du nouveau chef d’état-major des armées Fructueux Gbaguidi. Ce général nommé début avril 2022 a promis de travailler à la sécurisation de l’ensemble du territoire.
Plusieurs stratégies allant de la sensibilisation des populations au partage d’informations avec des nations voisines ont été mises à l’essai. L’expertise rwandaise anti-djihadiste est également sollicitée.