RESTEZ UNIS ET MOBILISÉS POUR UNE MAJORITÉ ÉCRASSANTE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE
A Keur Madiabel où il présidait, très tard dans la nuit du jeudi à vendredi (jusqu’à 2h du matin), le meeting d’ouverture de la campagne électorale de ‘’Benno bokk yaakaar’’ (Bby) de Nioro, Moustapha Niasse a lancé un message d’unité
A Keur Madiabel où il présidait, très tard dans la nuit du jeudi à vendredi (jusqu’à 2h du matin), le meeting d’ouverture de la campagne électorale de ‘’Benno bokk yaakaar’’ (Bby) de Nioro, Moustapha Niasse a lancé un message d’unité à l’endroit des responsables du département pour une « majorité confortable » lors des Législatives du 31 juillet prochain.
NIORO-Comme il l’avait précisé, le 30 juin dernier, Moustapha Niasse quitte l’Assemblée nationale, mais pas la scène politique. Le leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp) a appelé les responsables et militants de Benno du département de Nioro à rester « unis et mobilisés » pour offrir au Chef de l’Etat et à son Gouvernement une majorité confortable au niveau du Parlement au soir du 31 juillet prochain. « Le Président Macky Sall ne cherche pas à rafler tous les 165 députés, parce que nous sommes dans une démocratie, mais tout ce que nous souhaitons, c’est que sa coalition soit majoritaire », a-t-il notamment déclaré sous une fine pluie qui s’abattait sur le Rip. Mais Moustapha Niasse est convaincu que « si nous restons mobilisés, le 31 juillet, le président Macky Sall sera fier de voir Nioro faire partie des départements qui auront le score le plus élevé ».
Il a tout de même précisé que le score, c’est d’abord le niveau de participation le jour du scrutin. « Faites tout pour amoindrir les risques d’abstention. Mobilisez tout le monde pour qu’ils aillent voter. C’est ce qui permettra d’obtenir une majorité écrasante qui n’écrase pas l’adversaire pour montrer qu’on est encore plus forts. C’est ce que j’attends de vous », a-t-il ajouté, disant être « rassuré » par l’unité des responsables.
« Nous sommes le seul département où tous les 15 maires soutiennent la liste de Benno. C’est pourquoi vous devez continuer à rester unis comme à l’occasion des dernières élections locales pour une victoire massive, sans bavure, saine, une victoire de l’unité du département et des fils du Rip et du Niombato », a insisté Moustapha Niasse, qui n’a pas manqué d’apprécier le profil des quatre investis sur la liste départementale de Bby.
« Macky Sall mérite d’être soutenu »
Il a, par ailleurs, fait savoir que « Macky Sall a montré, durant les 10 années à la tête du pays, ses ambitions, ses capacités et son leadership non seulement pour le Sénégal, mais également pour les 16 pays de l’Afrique de l’Ouest, voire pour tout le continent africain », rappelant, dans la foulée, son « rôle important » dans les négociations avec le Chef du Kremlin suite au blocus du blé ukrainien. « Lorsque les choses se sont compliquées pour le Sénégal et l’Afrique avec la crise russo-ukrainienne, c’est lui, en tant que président de l’Union africaine, qui est allé rencontrer Vladimir Poutine là où il passe ses vacances (Sotchi, ndlr). Il a discuté avec lui pendant plus de 6 heures de temps », a-t-il souligné.
Moustapha Niasse soutient que « quand Poutine vous reçoit et qu’il ne vous respecte pas, il prend une distance d’au moins 6 mètres, mais si vraiment il vous respecte, la distance ne fait même pas un mètre. Et entre lui et le Président Macky Sall, c’était 30 centimètres », s’est réjoui le président sortant de l’Assemblée nationale.
« Macky Sall mérite d’être soutenu, bataillez-vous pour soutenir cet homme. Il n’est pas seulement pour Benno bokk yaakaar, encore moins pour le Sénégal, mais pour toute l’Afrique et le monde entier », a-t-il fait croire lors de ce rassemblement.
Dans leurs prises de parole, la tête de liste départementale majoritaire, Aly Mané, le président du comité électoral, Amadou Lamine Dieng, Serigne Mbaye Thiam, responsable socialiste et Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, et les différents maires ont tous promis de rester dans cette dynamique d’unité pour avoir le meilleur score au profit de Benno et du Président Macky Sall.
DÉPOT DES ARMES
Les agents de l’administration du commerce ont annoncé une grève de 72h à partir de ce mardi 19 juillet.
Les agents de l’administration du commerce ont annoncé une grève de 72h à partir de ce mardi 19 juillet.
Ces agents, réunis au tour du Syndicat national des agents de l’administration du Commerce (Synacom) disent avoir constaté un mutisme de leurs supérieurs face à leurs revendications.
Ainsi, toutes les activités de contrôles et de surveillance seront suspendues de même que la délivrance de toutes formes de documents.
ZIGUINCHOR N’EST PAS LE FIEF DE PASTEF
Entre ses fonctions gouvernementales et ses charges politiques comme tête de liste départementale de Benno bokk yaakaar à Ziguinchor, Victorine Ndèye se prononce sur les sujets brûlants de l'actualité. ENTRETIEN
Elle est partagée entre les fonctions gouvernementales en tant que Secrétaire d’État au Logement et ses charges politiques comme tête de liste départementale de Benno bokk yaakaar à Ziguinchor. Entre les deux, Bes bi Le Jour s’est engouffré dans la brèche pour rendre visite à Yoff à la Cité Horizon, à Yoff. Dans le calme de sa résidence, Mme Ndèye se dit « profondément choquée » par la disparition de François Mancabou. Dans cet entretien, Victorine Ndèye affiche son optimisme dans la bataille pour remporter les 2 députés de Ziguinchor.
Que vous inspire ce décès polémique de François Mancouba ?
J’éprouve beaucoup de tristesse, beaucoup d’émotion. François Mancabou est un parent et je ne peux que me désoler de la perte d’une vie humaine. J’en profite pour présenter mes condoléances à toute la communauté mancagne et en particulier le roi Joao Mancabou. J’ai de l’émotion dans le sens où certaines personnes cherchent à utiliser cette détresse pour braquer les membres d’une même communauté les uns contre les autres et présenter le chef coutumier comme un féticheur. Je considère cela comme la pire des offenses à l’endroit d’une communauté. Cela me choque profondément. J’ai le dos assez large pour assumer mon appartenance politique, encaisser toute sorte de propos. Mais je ne permets à personne de traiter le chef coutumier mancagne de féticheur. Le procureur s’est prononcé dans cette affaire et nous avons l’obligation d’attendre les résultats de l’enquête. J’en appelle à la sérénité des uns et des autres, les rassurer que nous sommes dans un État de droit et que toute la lumière sera faite sur cette affaire.
Quand vous parlez de certaines personnes, vous faites allusion à qui ?
Je parle de certaines personnes parce que les réseaux sociaux sont en train de s’animer et on ne sait jamais qui est derrière. Je veux juste appeler les uns et les autres à la sérénité. Personne ne peut se prévaloir d’utiliser ce drame pour braquer les uns contre les autres.
Est-ce que vous connaissiez bien François Mancabou ?
François, je l’ai connu. C’est le roi lui-même qui nous a mis en rapport parce que François c’est son fils adoptif. On s’est rencontré et on s’est parlé. Le roi des mancagne est notre père à nous tous.
Vous qui dites connaître François Mancabou, est ce que vous pouvez imaginer qu’il pourrait être cité dans des affaires d’« atteinte à la sureté de l’État ou de terrorisme » ?
Vous savez, moi je ne présage de rien du tout. Nous avons une police, des Forces de défense et de sécurité assez responsables. Une enquête a été ouverte et toute cette histoire sera tirée au clair.
Lors d’une conférence de presse samedi la communauté mancagne a demandé que la lumière soit faite alors que le roi Joao Mancabou ne veut pas politique dans cette affaire. Comment analysez-vous leurs réactions ?
Je ne peux qu’aller dans le sens du message du roi et pense qu’il n’est pas nécessaire de faire appel à la presse pour demander une enquête déjà annoncée. Le roi a parlé et son message suffit à remettre les choses à leur place, car personne ne peut être plus affectée que lui qui a perdu un fils.
Vous dirigez la liste départementale de Benno bokk yaakaar à Ziguinchor. Quels sont vos arguments pour que les électeurs votent en faveur de votre coalition ?
Voter Benno bokk yaakaar parce que le premier acquis à mettre sur la table, c’est la paix depuis 2012. Vous savez, aujourd’hui, il nous est possible de sillonner tous les villages de Ziguinchor, tous les quartiers. Ce qui n’était pas possible avant. C’est un acquis fondamental. La consolidation de la paix ouvre toutes les possibilités parce que la paix génère l’investissement, crée de la richesse, éclaire les villages et les alimente en eau, offre l’éducation à nos enfants. Cette paix sonne le retour des femmes dans les blocs maraichers, les hommes dans les rizières. Cette paix relie les villages, ouvre les pistes, les routes, accueille le Pudc, le Puma, les bourses de sécurité familiale, la Cmu, la Der et ouvre toutes les perspectives de développement. Sans la paix, on ne peut rien faire. Sur Ziguinchor, voter Benno, c’est permettre la continuité des investissements à travers le projet Zéro bac que l’on veut déployer à travers tous les ponts. La pandémie à Covid-19 et la guerre en Ukraine nous montrent à suffisance que c’est un impératif pour les pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Donc, ce retour à l’agriculture est fondamental et l’État a sorti une enveloppe pour développer tous ces projets. Je peux citer le développement du transport fluvial avec la création d’emplois à la clé, la matérialisation du développement de l’offre touristique, la mise en service de l’industrie avec l’agropole Sud, la pleine exploitation du potentiel agricole et forestier du départemental.
Êtes-vous consciente de votre défi dans cette zone considérée comme le fief de Pastef ?
Je ne veux pas parler de fief parce que je ne crois pas aux décrets quand il s’agit d’élection. On ne nomme pas un député, il est élu, comme d’ailleurs c’est le cas pour un Président. Nous irons à la rencontre des populations et nous le ferons jusqu’au 29 juillet à 23h59. Nous ferons les coins et recoins du département de Ziguinchor. Nous allons parler aux électeurs et leur montrer que le meilleur choix, c’est la liste de Benno bokk yaakaar. Nous ferons tout notre possible pour les convaincre. Nous avons une approche très factuelle : il s’agit d’avoir une lecture assez lucide des élections municipales. Si vous prenez les électeurs à Ziguinchor, moins de 6 électeurs sur 10 ont voté pour le camp adverse. Je ne pense pas qu’avec moins de 6 électeurs du 10, on peut parler de fief. Dans le département de Ziguinchor, sur plus de 99 000 inscrits, plus de 48 000 n’ont pas voté parce que les populations étaient terrorisées et ne sont pas sorties pour aller voter. Nous irons chercher cette masse d’électeurs.
Terrorisées par qui ?
Par le climat qui pesait. Nous allons aussi chercher les 26 000 électeurs de l’autre côté parce qu’il y en a beaucoup qui sont désabusés. Nous allons également renforcer la base que nous avons. Nous savons ce qu’il faut à éviter. Nous sommes à l’unisson pour avoir cette large majorité à l’Assemblée nationale. La machine est bien huilée et ce qui reste, c’est le travail sur le terrain. Même du temps du parti unique, le Président Senghor allait en campagne. La victoire est au bout des doigts d’abord par rapport à l’unité retrouvée dans la coalition mais par rapport aux contacts et au retour que nous avons des populations.
Faites-nous un bilan d’étape après 6 mois de gestion comme maire de Niaguis ?
C’est vrai qu’il y a énormément de choses à faire. Nous avons pu démarrer des projets assez structurants. Avant même d’être maire, nous avons accompagné les femmes dans l’agriculture, dans les blocs maraichers en les réhabilitant pour leur permettre de reprendre leurs activités génératrices de revenus. Nous avons accompagné des jeunes -c’est en cours- qui l’année dernière, exploitaient un ha dans la riziculture mais avaient demandé à ce qu’on les appuie pour aller sur 5 ha. Nous avons été beaucoup plus loin, aujourd’hui nous partons sur 10 ha avec l’appui des services techniques du ministère de l’Agriculture. Nous accompagnons aussi les femmes à travers la Der. Au niveau de la commune de Niaguis, je pense que l’empreinte la plus importante que nous chercherons à imprimer, c’est la maîtrise du foncier. Nous en train de travailler avec le cadastre en ce sens. Pour nous, le foncier ne se vend pas. Notre défi est de voir comment capter les différentes initiatives qui pourraient permettre l’insertion des jeunes à travers un emploi. Au niveau départemental, nous avons voulu faire de Niaguis une commune à vocation agricole et il y a une synergie avec les autres communes. Lorsqu’on veut faire un projet agricole, il y a une masse critique d’assiette foncière et nous sommes en très bonne intelligence avec mes collègues maires de communes voisines pour élargir tout ce que nous faisons à l’échelle de Niaguis. C’est dans ce sens que nous avons des partenaires qui ont voulu nous accompagner dans cette dynamique.
LE RETOUR EN FORCE D'AMINATA TOURÉ
La revoilà donc au premier plan pour ces législatives. « Battante », « travailleuse », « efficace », selon des proches, Mimi Touré n’a pourtant jamais été élue. « Elle n’a aucune base politique », tacle un opposant
Caravanes, entretiens avec les chefs religieux, visites de proximité… au Sénégal, les candidats aux élections législatives du 31 juillet ont entamé la deuxième semaine de campagne. Huit listes sont en compétition. Du côté de la coalition présidentielle - Benno Bokk Yaakaar - c’est Aminata Touré qui dirige la liste nationale. Un retour en force pour l’ancienne Première ministre.
Elle a une voix qui porte, grave et forte. « Cela colle avec son caractère bien trempé », affirme un observateur de la vie politique
Aminata Touré, surnommée « Mimi Touré » ou parfois la « Dame de fer », est la seule femme tête de liste nationale pour ces élections. Depuis l’arrivée au pouvoir de Macky Sall, en 2012, l’ancienne fonctionnaire internationale aura été ministre de la Justice, puis Première ministre en 2013.
Candidate à Dakar lors des élections locales de 2014, Aminata Touré est largement battue par le maire sortant, Khalifa Sall, et démise de ses fonctions dans la foulée. Elle est alors nommée au poste flou « d’envoyée spéciale du président de la République », une traversée du désert avant de prendre la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2019, jusqu’à son remplacement, par Idrissa Seck, en octobre 2020.
JEUNES POLITISÉS, DÉMOCRATIE ET PENSÉE DE LA LIBÉRATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal n’aurait-il pas perdu sa prétendue mémoire démocratique (de « réputation internationale » et grâce à deux alternances seulement, avec un taux de participation jamais supérieur à 40%) à force de crises préélectorales ?
Pendant que la plupart des futurs « pères de l’indépendance » s’activaient à réclamer celle-ci sans en avoir une idée claire et en mesurer la portée stratégique, Cheikh Anta Diop avait anticipé dès le début des années 50, avec une justesse intellectuelle et une profondeur stratégique jusqu’ici inégalées, la seule signification de l’indépendance, c’est-à-dire la « renaissance historique de l’Afrique » par :
- la reconquête de l’initiative historique, c’est-à-dire la capacité des peuples africains à produire les conditions matérielles et immatérielles de leur existence ;
- le regroupementpolitique dans un État fédéral d’Afrique seul capable de prémunir contre le néocolonialisme et l’impérialisme qui allaient marquer le système international post-guerre.
Les conditions géopolitiques de l’indépendance véritable étaient la solidarité et l’unité dans le cadre d’un État fédéral ! Tandis qu’une des conditions politiques était la démocratie pour inclure et réunifier les peuples qu’avaient exclus et divisés le système colonial.
La situation de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, géant économique et puissance mondiale africaine, menacée par les velléités sécessionnistes de la minorité blanche du Cap, et celle de l’Éthiopie dont le fédéralisme chancelle sous les coups de boutoirs d’un développementalisme néolibéral foncièrement inéquitable, sont les ultimes preuves que l’indépendance dans l’émiettement, même avec une relative santé économique, fut un piège dans lequel se sont laissé entraîner les « pères de l’indépendance ».
Les fils et petits-fils « spirituels » de ces « pères » sans vision et sans audace, les générations de dirigeants politiques qui leur ont succédé jusqu’à aujourd’hui, continuent eux de « se tromper » en connaissance de cause. C’est un des facteurs qui expliquent le recours parmi la jeune génération d’opposants et d’activistes politiques à la pensée radicale des penseurs de l’indépendance stratégique : Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah, Amilcar Cabral. Sans toutefois que l’on puisse affirmer que cette pensée est assimilée et mise en pratique. Faut-il s’étonner alors qu’ils voient les premiers dirigeants et « pères de l’indépendance » de nos « États » comme des « traitres » jaloux de leurs contemporains les « pères de la libération », qu’ils réclament l’enseignement officiel de la « pensée de la libération » et jettent aux charognes la « pensée de la construction nationale » ?
Cependant, il reste à savoir s’il n’est pas trop tard pour cette jeune génération de parvenir à remettre en branle l’agenda de la libération, et si elle est assez outillée et déterminée pour recourir à l’action radicale qu’appelle, à un moment ou à un autre, la pensée de la libération.
La démocratie ne libère pas, c’est la « reconquête de l’initiative historique » qui libère, puisque c’est elle qui permet de démocratiser véritablement. Une société sous domination ne peut pas logiquement être démocratique, encore moins se démocratiser. La notion de « résistance à la démocratie » en est une illustration ; en ce sens qu’elle rend compte d’une logique d’usure, d’une « contrefaçon de la modernité »[1] démocratique. Les dominés poussent en vain pour des droits et libertés démocratiques, tandis que les dominants (puissances et corporations impérialistes et leurs obligés locaux) « résistent », soit en octroyant à compte-goutte des libertésnocives (liberté d’expression, libre orientation sexuelle, genre, parité, droit à l’avortement, droits culturels, etc.), soit en limitant ou en refusant l’accès aux libertés utiles, véritables libertés démocratiques (droit de choisir ses dirigeants sans contrainte, droit de contrôler les dirigeants, indépendance de la justice, droits économiques et sociaux) que seul permet l’instauration de l’État de droit (limitation et contrôle du pouvoir politique dans le temps et dans l’espace). Sociologiquement, l’accès à ces libertés résulte d’une inclusion sélective et conditionnelle à la classe moyenne, ce qui explique l’incapacité de celle-ci à contester la classe dirigeante d’une part, et à inclure les classes inférieures, les masses : l’assimilation politique par l’inclusion sociale et économique contrôlée s’accompagne de l’impotence révolutionnaire de la classe moyenne (à laquelle appartient en général la plupart des forces politiques mobilisées). D’où l’absence d’issue et le caractère illusoire de la démocratisation, son absence d’horizon libérationniste.
C’est ce qui explique pourquoi chez nous, puisque le débat a surgi, le droit et la loi soient des « technologies de domination » plutôt que des instruments de libération (autodétermination, liberté politique) et de progrès (souveraineté économique, justice sociale). On s’est demandé si le Sénégal n’aurait pas perdu sa prétendue mémoire démocratique[2] (que lui vaudraient une « réputation internationale » et deux alternances politiques seulement, avec un taux de participation ne dépassant jamais 40% de la population inscrite, une infime minorité de la population nationale) pour n’être jamais parvenu à échapper aux crises préélectorales. Mais, ce n’est pas d’une question de « croissance politique » ou de « développement démocratique » qu’il s’agit ; même si le chauvinisme peut se nourrir du mythe de l’« exceptionnalité démocratique » sénégalaise. Ainsi posée, avec ses présupposés anhistoriques, cette question bute contre une réalité historique et géopolitique implacable : une société dominée et dépossédée ne peut pas être démocratique ! Historiquement, la démocratie a plutôt été un moyen de la liberté et un processus de libération. D’un point de vue géopolitique, la démocratie ne peut pas être « la chose la mieux partagée » tant qu’elle s’oppose à l’impérialisme, à la domination d’une société sur une autre.
Ainsi on comprend pourquoi la démocratisation (une politique d’ajustement libéral à l’échelle globale) continue de prendre le dessus sur la démocratie (un régime atemporel de libération). Tant qu’ils sont en mesure de s’ajuster, les pouvoirs en place, autocratiques qu’ils demeurent, peuvent rationner et ponctionner les libertés, d’une part et étouffer toute tentative de contestation de l’ordre autocratique. Si bien que les « conférences nationales » et les « transitions démocratiques » ont tourné en des règlements de compte par-ci, une « caricature de la démocratie » par-là : l’arbitraire et le clientélisme sont restés les piliers et les méthodes de régimes politiques autocratiques se prévalant ingénieusement du pouvoir magico-religieux des urnes. Ainsi la routine de la démocratie électorale et clientéliste, en quoi a consisté la « démocratisation » génère en permanence l’illusion de la liberté, des changements de rupture. Si bien que l’on est davantage rassuré par cette routine électorale que par les promesses et les possibilités de libération. D’où la frayeur que suscitent dans les esprits, y compris chez les plus « savants », les « nouvelles idées » qu’agitent les « jeunes politisés », furent-elles déjà là depuis les années 40 et 50 !
Les ONGs et les innombrables officines intergouvernementales impliquées dans l’ajustement démocratique participent ainsi d’une géopolitique de l’ajustement impérialiste, plutôt que d’une géopolitique de la libération. Ces légions d’assistants à la démocratisation se contentent de cet ordre des choses, le « désordre politique » instrumental, parce qu’il est le fondement de leur existence. L’affairement démocratiste, l’« interventionnisme libéral », constitue donc une industrie impérialiste qui nourrit son monde, mais reste fondamentalement un mirage, une voie illusoire de la libération.
Cheikh Anta Diop et Kwame Nkrumah n’avaient pas seulement vu juste. Ils avaient surtout jeté les jalons d’une pensée stratégique africaine, d’une géopolitique de la libération. C’est ce que les partis et de mouvements citoyens africains qui se « radicalisent » aujourd’hui semblent avoir compris. Dans une dynamique de « retour intellectuel » aux sources, de reconquête plutôt de la « mémoire de la libération », ils s’inspirent des rares dirigeants qui ont tenté d’actualiser les idées de Cheikh Anta Diop, Kwame Nkrumah et Amilcar Cabral dans leurs programmes : Samora Machel, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, et récemment, sans être « fédéralistes » au sens de la géopolitique de la libération des « pères de la libération », Paul Kagame et John Joseph Pombe Magufuli de la Tanzanie. D’ailleurs ce dernier a subitement disparu en 2020, emporté se dit-il par la pandémie de Covid-19, tandis que le premier subit les foudres (pour le moment mesurées) des puissances impérialistes ?
Il faut souhaiter que la fortune s’associe à cette jeune génération dont il faut saluer le réalisme si l’on en croit la sagesse Wolof : Ku xam-ul foo jëm dellul fa nga joge-ón[3]. Après le retour intellectuel amorcé depuis deux décennies, le retour paradigmatique suivra-t-il, par le recours à l’action de libération des « pères de la libération » qui ont été injustement enterrés par les « pères de l’indépendance » et leurs fils spirituels ? À ce sujet, une autre question ne manque pas de tarauder l’esprit d’un observateur averti de la politique africaine : comment expliquer l’usage du discours de la démocratie et de la démocratisation (élections libres et transparentes, droit de manifester, séparation des pouvoirs, etc.) chez ces jeunes militants si leur agenda est inscrit dans la pensée et la géopolitique de la libération ? Le discours démocratiste est-il seulement un prétexte sous lequel ils dissimulent la rationalité de leur combat, en s’accommodant avec l’ordre discursif impérialiste ? Ou bien s’agit-il d’une adhésion tactique à la démocratisation visant à rectifier le canon de la pratique démocratique dans le sens de la libération ? Quoi qu’il en soit, l’ambiguïté demeure, tant au point de vue des prises de marque idéologique qu’à celui de l’action de la jeune génération. Or Cheikh Anta Diop avait mis en garde contre « l’absence de grandes idées directrices » pour irriguer l’activisme de libération en Afrique.
Pourtant, si tant est que Cheikh Anta Diop attire leur attention, les jeunes politisés ne peuvent avoir manqué son invite à recouvrer le « passé démocratique » de l’Afrique dans lequel ils trouveront une conception de la démocratie qui est à la fois libérale (c’est-à-dire « ayant comme fin la « liberté ») lorsqu’elle est préalablement épurée et entièrement exercée, et africaine (c’est-à-dire ayant comme cible et sujet le citoyen de l’Afrique) lorsqu’elle est ancrée dans l’histoire et ses sédimentations géopolitiques. Cheikh Anta Diop a indiqué la voie pour « démocratiser », non pas suivant la géopolitique de l’ajustement libéral impérialiste, mais selon le cours perdu, et à retrouver, de la culture politique africaine précoloniale : fondement constitutionnel du pouvoir politique, bicaméralisme, effectivité et indépendance des mécanismes de contre-pouvoirs, etc. Le Professeur Pathé Diagne en a reconstitué la substance dans son ouvrage Pouvoir politique traditionnel en Afrique occidentale (Présence Africaine, 1967). Autrement dit, il y a suffisamment dans la pensée de la libération, de Cheikh Anta Diop à Alpha Oumar Konare, de quoi sceller le puits des démons qui président au rituel de la démocratisation impérialiste : l’élasticité du mandat présidentiel et la « coalition des pouvoirs » contre la liberté et le progrès dont témoignent la « légalité injuste »[4], le « relativisme constitutionnel »[5] et la cabalistique judiciaire[6], etc.,
[1] Nous empruntons l’expression aux anthropologues américains les Comarroff, Jean et John depuis leur introduction à l’ouvrage qu’ils ont édité : Law and disorder in the postcolony. Chicago : University of Chicago Press, 2006.
[3] Littéralement : « Si tu ne sais pas où tu vas, retournes d’où tu viens ! ».
[4] L’expression est du philosophe américain James Marsch qui délie la confusion faite entre la légalité et la justice dans la tradition positiviste de la philosophie du droit politique. Voir son ouvrage: Unjust legality: a critique of Habermas’s philosophy of law. Boulder and New York: Rowman and Littlefield, 2001.
[5] Cette expression décrit le rapport malsain et très permissif à la loi et aux juridictions du pouvoir d’Abdoulaye Wade (2000-2012) et comment cette culture politique présidentialiste a saccagé les prémisses fragiles de l’État de droit au Sénégal. Voir : Thiam, Assane, « « Une Constitution, ça se révise ! » : relativisme constitutionnel et État de droit au Sénégal », Politique africaine, 2007, No 108, pp. 145-153.
[6] Nous entendons par cette expression les usages magico-religieux, fétichistes, et incantatoires qu’ont fini par asseoir les autorités administratives, législatives et judiciaires, dans le domaine de la compétition politique et de la gouvernance publique. Les lois sont utilisées comme des « amulettes » et des « formules magiques » travaillées pour des complots (des cabales) et des manœuvres politiques doctement « judiciarisées ».
LA RÉGION DE KAFFRINE BIENTOT ÉCLAIRÉE AU SOLAIRE
Vingt-huit communes de la région de Kaffrine (centre) vont se partager 5.600 lampadaires solaires, qui seront implantés à partir du mois d’août prochain, a-t-on appris lundi du ministère du Pétrole et des Energies.
Kaffrine 18 juil (APS) – Vingt-huit communes de la région de Kaffrine (centre) vont se partager 5.600 lampadaires solaires, qui seront implantés à partir du mois d’août prochain, a-t-on appris lundi du ministère du Pétrole et des Energies.
‘’Pour Kaffrine, c’est 28 communes au total pour 5.600 lampadaires’’, a annoncé Issa Dione, le directeur de cabinet de la ministre chargée du Pétrole et des Energies.
Il intervenait au lancement de la deuxième phase d’un projet d’implantation de 115.000 lampadaires solaires à l’initiative du président de la République, Macky Sall.
Ce programme destiné à la réduction de la consommation énergétique des collectivités territoriales n’a rien à voir avec le programme national d’électrification rurale, a tenu à préciser M. Dione.
Cette initiative du ministère du Pétrole et des Energies va renforcer ‘’la sécurité des biens et des personnes’’, a dit le gouverneur de Kaffrine, Wiliam Manel.
M. Manel invite les maires des communes bénéficiaires à répartir équitablement les lampadaires solaires entre les villages auxquels ils sont destinés.
Selon Sidy Bouya Ndiaye, un responsable du programme, l’installation des lampadaires va démarrer en août prochain.
Le ministère de tutelle a signé avec les entreprises chargées de la mise en œuvre du programme d’électrification solaire un contrat d’entretien et de maintenance d’une durée de six ans, selon M. Ndiaye.
Le ministère envisage de mettre en place un fonds destiné à l’achat d’équipements et au remplacement des lampadaires et des accessoires usagés, à l’expiration du contrat, a-t-il ajouté.
TIÉMOUÉ BAKAYOKO VICTIME D’UNE ERREUR POLICIÈRE
Au coeur d’un gros imbroglio dans les rues de la cité italienne, l’international français a été arrêté par la police au bon milieu de la rue. On le voit la main sur le capot du véhicule des forces de l’ordre, en train d’être fouillé par ces dernières
Une scène digne d’un film dont le milieu de terrain français de l’AC Milan, Tiémoué Bakayoko, en prêt du Chelsea FC et pisté par l’Olympique de Marseille (OM), aurait aimé se passer. Au coeur d’un gros imbroglio dans les rues de la cité italienne, l’international français a été arrêté par la police au bon milieu de la rue. On le voit la main sur le capot du véhicule des forces de l’ordre, en train d’être fouillé par ces dernières, sur une vidéo. Dans le même temps, on peut voir une policière, arme au poing, visant une personne à l’intérieur de la voiture du Français.
Le joueur a sans doute poussé un gros ouf de soulagement quand l’un des policiers a finalement reconnu le champion d’Italie avec les Rossoneri, cette saison. Le coéquipier de Fodé Ballo Touré a pu ensuite repartir.
Le seul tort de Bakayoko, loin d’être en cause, est d’être noir et de conduire la même marque de véhicule qu’un tireur pisté par la police milanaise. Laquelle, acculée sur les réseaux sociaux, s’est fendue d’un communiqué, expliquant l’interpellation musclée de Bakayoko :
« la perquisition était due à des coups de feu dans la région au cours des heures précédentes, et les deux suspects étaient deux hommes sur une suv correspondant à la description, l’un des deux était noir avec une chemise verte. C’est pourquoi, la menace d’une arme ».
PAPE NGADY FAYE, IMPORTATEUR DE LA LITTÉRATURE AFRICAINE
Arrivé illégalement il y a 17 ans dans le sud de l'Italie, il a commencé à vendre des livres dans la rue un peu par hasard. Des années plus tard, il a obtenu la nationalité italienne et fondé sa maison d'édition itinérante
Papa Ngady Faye est un immigré sénégalais en Italie. Arrivé illégalement il y a 17 ans dans le sud de l'Italie, il a commencé à vendre des livres dans la rue un peu par hasard. Des années plus tard, il a obtenu la nationalité italienne et fondé sa maison d'édition itinérante pour fournir aux vendeurs de livres des ouvrages de qualité.
Chapeau de paille sur la tête – il échangera en cours d’interview avec un chapeau melon – et chemise colorée, Papa Ngady Faye décroche l'appel tout sourire. Calé dans son fauteuil, l'Italien d'origine sénégalaise raconte son parcours, entrecoupé par les cris de sa plus jeune fille. Son frère, discret, exécute devant lui sa prière sur son tapis. L'ambiance est apaisée et l'on ressent tout de suite la plénitude de l'homme qui a trouvé sa voie dans la vie.
L'Italien du Sénégal
Papa Ngady Faye est né en 1970 à Dakar. Ses parents sont originaires de Sokone, dans l'ouest du pays. Il fait partie de la caste des griots, les bardes sénégalais. « Mon père est un lion rigoureux. Ses paroles sont des cadeaux et on l'a compris quand on est arrivé ici », se souvient le vendeur de livres, la voix douce, mais hésitante, de celui qui n'a pas parlé français depuis longtemps. « Il nous disait : "Il faut toujours savoir que rien n'est gratuit dans la vie, il ne faut jamais tenter d'avoir les choses facilement." Parce qu'aujourd'hui, tu es ici, mais demain, tu ne sais pas où tu passeras la nuit. » Après l'école, Papa Ngady Faye travaille comme docker dans le port de Dakar, puis comme chef de chantier pour un entrepreneur immobilier.
Au bout de quelques années à travailler, il décide de partir en Europe. Avec un visa français, le jeune père de 35 ans, qui a laissé sa femme et ses deux filles au Sénégal, entre en Italie en juillet 2005. Pourquoi l'Italie ? Pour son mode de vie. « J'aimais leur manière de s'habiller : je m'habillais bien au Sénégal, à tel point que beaucoup de mes amis m'appelaient déjà "l'Italien"… Et j'ai toujours soutenu l'Italie au foot », s'amuse-t-il. Preuve de son attachement à son père, là-bas, il se fait appeler Amadou, comme lui. Papa Ngady Faye pour le Sénégal, Amadou, pour l'Italie… sans jamais oublier ni l'un ni l'autre : il garde des liens forts avec sa terre et sa famille restée au pays.
Hélas, seulement cinq mois après son arrivée, sa femme sénégalaise décède dans son pays d'origine. Il trouve un soutien dans la douleur. « Tu trouveras toujours des personnes qui t'aideront, qui te guideront, il y a de nombreux Sénégalais ici qui vendent beaucoup de vêtements, de livres, de bracelets. Et moi, j'ai eu la chance de rencontrer la vente de livres », reconnaît-il.
Pourtant, ce n'était pas gagné. À l'origine, il n'est pas particulièrement attaché à la littérature, même s'il s'y dit sensible. Il est même plutôt déçu de ne pouvoir travailler comme maître de chantier. Rapidement cependant, il se laisse conquérir par l'expérience. « J'étais beau, j'étais jeune, j'étais souriant. Je trouvais que des personnes mal habillées avaient plus de difficulté à gagner de l'argent, donc je m'habillais bien, j'étais poli… Les gens venaient prendre des photos avec moi ! ». Surtout, il aime le contact avec les gens et les échanges qui s'ensuivent.
De vendeur à conteur
Quatre ans plus tard, une rencontre va véritablement changer sa vie là-bas. Celle avec son ex-femme, Antonella Colletta. Il l'a rencontrée par hasard, sur une plage, en lui vendant un livre : ça ne s'invente pas. Elle est professeure de français, traductrice et chercheuse en littérature africaine et antillaise francophone. Sans même s'en rendre compte, comme un vrai griot, il lui conte sa vie et, passionnée, cette dernière se décide à la coucher sur papier : « On parlait de manière naturelle, comme ça, et le livre s'écrivait petit à petit. Quand elle me l'a lu, je suis resté une journée sans comprendre ce qu'il s'était passé (rires). »