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21 mai 2025
L’OBLIGATION FISCALE, PILIER CENTRAL DU REGIME
Le régime en place fonde une part essentielle de sa stratégie économique sur l’obligation fiscale afin de renflouer les caisses de l’État, de réduire le déficit budgétaire et de répondre aux besoins financiers liés aux charges courantes...
Le régime en place fonde une part essentielle de sa stratégie économique sur l’obligation fiscale afin de renflouer les caisses de l’État, de réduire le déficit budgétaire et de répondre aux besoins financiers liés aux charges courantes et aux investissements stratégiques. Cette démarche vise à consolider la souveraineté économique du pays. À cet effet, le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors de sa Déclaration de Politique Générale (DPG) prononcée le 27 décembre 2024, a fixé pour objectif de porter le taux de pression fiscale à 20 %, contre moins de 18 % actuellement.
Pour qu’un État puisse fonctionner efficacement, un budget annuel solide est indispensable pour faire face à ses obligations financières. Ce budget repose principalement sur les recettes fiscales, lesquelles proviennent des impôts et représentent plus de 95 % des recettes totales de l’État.
Dans un pays comme le Sénégal, où les défis et les urgences sont nombreux, le gouvernement actuel, soucieux d’affirmer la souveraineté économique, mise sur une extension de l’assiette fiscale afin de mobiliser des ressources suffisantes. L’objectif est de réduire le déficit budgétaire de plus de 5 % à 3 %, conformément aux critères de convergence définis par les huit États membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), sous la supervision de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Une vision fiscale ambitieuse pour une justice sociale accrue
Lors de sa DPG, le Premier ministre a exposé une vision renouvelée de la politique fiscale du Sénégal. Celle-ci repose sur des réformes destinées à renforcer l’efficacité de la collecte des recettes fiscales tout en garantissant une meilleure équité sociale. Parmi les axes prioritaires figurent l’augmentation progressive de la pression fiscale à 20 %, en conformité avec les standards de l’UEMOA, la rationalisation des dépenses fiscales, et une révision ciblée des exonérations.
« Nous enregistrons un taux de pression fiscale légèrement inférieur à 18 %, ce qui reste en deçà du critère de convergence de 20 % fixé par l’UEMOA. Notre engagement est d’atteindre ce seuil et de le maintenir durablement », a déclaré le Premier ministre.
Un nouveau directeur à la DGID pour redynamiser les recettes fiscales
Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux, un nouveau directeur général de la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) a été nommé lors du Conseil des ministres du 8 janvier 2025. Il s’agit de Jean Koné, inspecteur principal des impôts de classe exceptionnelle. Son mandat consiste à engager des réformes structurelles permettant une mobilisation accrue des ressources domestiques, une révision des exonérations fiscales, la renégociation des conventions internationales, ainsi que la réintroduction de la taxation des appels entrants.
Dès sa prise de fonction, le nouveau directeur général a exprimé sa détermination à mettre en œuvre une fiscalité plus efficace et équitable, affirmant que celle-ci constitue le socle des activités de la DGID. « Nous mettrons tout en œuvre pour relever ces défis et contribuer ainsi aux objectifs de développement national », a-t-il déclaré sur les ondes de Radio Futurs Médias (RFM).
Une stratégie fondée sur le développement endogène
Résolues à atteindre l’objectif de souveraineté économique à l’horizon 2050, les nouvelles autorités ont adopté des réformes structurantes visant à renforcer les finances publiques et à favoriser une croissance soutenue et inclusive. Le Premier ministre Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité d’un juste équilibre entre performance fiscale et impact socio-économique, soulignant que ces réformes visent à accroître l’équité et l’efficacité du système fiscal national.
Élargir l’assiette fiscale avec le programme « Yaatal »
Dans le cadre du financement des politiques publiques, la DGID a lancé en 2020 un programme ambitieux de recouvrement fiscal dénommé « Yaatal ». Ce programme, qui s’inscrit dans la période 2020- 2023, vise à relever les défis liés à la contribution citoyenne en élargissant l’assiette fiscale et en optimisant la gestion de l’assiette foncière.
Le slogan en wolof « Yaatal natt teggui yokkuté », signifiant littéralement « La contribution de tous pour un développement inclusif », traduit la philosophie de ce projet. Selon le directeur général de la DGID, ce paradigme est né d’un constat alarmant : « Trop peu de citoyens participent à l’effort fiscal, alors que chaque Sénégalais revendique le droit à des services publics de qualité. » Ce déficit de culture fiscale, associé à une perception élitiste de l’impôt, constitue un frein majeur à l’équité fiscale.
La dette fiscale des entreprises de presse : un secteur sous pression
En 2024, la dette fiscale des entreprises de presse sénégalaises s’élevait à près de 40 milliards de francs CFA. En mars 2024, l’ancien président Macky Sall avait décidé, à la suite d’une rencontre avec le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS), d’annuler cette dette fiscale et de réduire les frais de télédiffusion (DTS) pour les médias audiovisuels.
Cependant, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors d’une rencontre avec des jeunes reporters le 5 juillet 2024, a exprimé une position ferme en matière de justice fiscale, déclarant que ces dettes fiscales devaient impérativement être honorées. « Le chantage ne passera pas », avait-il affirmé. Face aux blocages de comptes bancaires, aux réclamations fiscales et à d’autres pressions administratives, de nombreuses entreprises de presse sont désormais au bord de l’asphyxie, illustrant les tensions croissantes entre le gouvernement et le secteur médiatique.
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DES ACTEURS TIRENT LA SONNETTE D’ALARME SUR LA RARETÉ ET LA HAUSSE DU PRIX DU BOIS
À l’instar de nombreuses matières premières, le prix du bois a fortement augmenté ces derniers mois
À l’instar de nombreuses matières premières, le prix du bois a fortement augmenté ces derniers mois. Selon des menuisiers rencontrés dans la banlieue dakaroise, cette hausse s’accompagne d’une rareté croissante du bois local, ce qui entrave considérablement leur activité.
LE PREMIER MINISTRE OUSMANE SONKO EN VISITE OFFICIELLE EN MAURITANIE
Pour les 13 et 14 janvier, la visite se concentrera sur des domaines stratégiques de coopération entre les deux nations, notamment l’énergie, les transports, la sécurité, la pêche et les conditions de séjour des ressortissants sénégalais.
Oumar FEDIOR (Envoyé spécial en Mauritanie) |
Publication 13/01/2025
Le Premier ministre Ousmane Sonko entame, ce dimanche, une visite officielle de trois jours en Mauritanie, sur invitation de son homologue El Moctar Ould Diay. Pour les 13 et 14 janvier, la visite se concentrera sur des domaines stratégiques de coopération entre les deux nations, notamment l’énergie, les transports, la sécurité, la pêche et les conditions de séjour des ressortissants sénégalais. Le Premier ministre rencontrera également le patronat mauritanien ainsi que la communauté sénégalaise établie en Mauritanie.
Accompagné du ministre du pétrole et des énergies, Birame Souleye Diop, du ministre de l’intérieur, du ministre des pêches, Mme Fatou Diouf, du ministre des Infrastructures, Yankhoba Diemé, du ministre des affaires étrangères, Mme Yacine Fall, du Dg Apix, du Dg Petrosen…le Premier ministre Ousmane Sonko a eu droit à un accueil populaire. Malgré le climat frais, les populations sont sorties en masse arborant drapelets, tee-shirts, tous à l’effigie du parti. Plusieurs activités sont au menu de cette visite de deux jours, notamment des réunions ministérielles bilatérales sont prévues. Pour les affaires étrangères, il s’agit d’échanges sur le projet d’accord instituant un secrétariat sénégalo-mauritanienne pour la coopération et le développement, pour le ministère de l’intérieur, les échanges tourneront autour de la migration irrégulière et accord sur les conditions séjour et d’établissement. Les responsables du secteur de l’énergie discuteront essentiellement du Projet GTA, quant au transport, l’accent sera mis sur la rupture de charge et les travaux du pont de Rosso.
Cette mission intervient dans un contexte marqué par des avancées significatives du projet gazier transfrontalier Grand Tortue Ahmeyim (GTA). Ce projet est considéré comme l’une des plus grandes découvertes de gaz en eaux profondes en Afrique de l’Ouest.
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 13 JANVIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
SUR LA PISTE D'UN RÉSEAU CRIMINEL TENTACULAIRE
La CENTIF révèle un système de blanchiment sophistiqué impliquant 125 milliards FCFA. Le Pool judiciaire financier alerté par plusieurs rapports, prépare l'ouverture d'une information judiciaire
Dimanche 12 janvier 2025, un peu avant minuit, un communiqué de presse attribué au pool judiciaire financier inonde la toile.
Le document indique que le député « Farba ngom est impliqué dans des faits présumés graves. Et que les investigations menées jusqu’à présent révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux impliquant la création de sociétés écrans utilisées pour des transactions suspectes totalisant plus de 125 milliards de Francs CFA, des flux financiers injustifiés entre les comptes personnels de Mouhamadou Ngom dit Farba, ceux de ses proches, et des sociétés partenaires ».
Soleil Check a automatiquement contacté le ministère de la justice qui nous a fourni le bon communiqué de presse, indiquant que l’autre document était un faux.
Ce qu’il en est officiellement…
Ainsi, le Parquet du Pool judiciaire financier a récemment été saisi de plusieurs rapports transmis par la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), dans le cadre d’une vaste enquête sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux. Ces rapports, actuellement en cours d’analyse, mettent en lumière des faits graves impliquant plusieurs individus.
L’examen approfondi de l’un des rapports a révélé des mécanismes particulièrement élaborés, impliquant l’utilisation de sociétés écrans pour effectuer des transactions suspectes. Ces opérations, dont la valeur provisoire est estimée à plus de 125 milliards de Francs CFA, soulèvent des doutes sérieux quant à leur légalité. Ces pratiques semblent être orchestrées dans le but de dissimuler l’origine illicite des fonds concernés.
En vertu de l’article 66 de la loi n° 2024-08 relative au blanchiment de capitaux, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes de destruction massive, le Parquet financier a décidé d’envisager l’ouverture d’une information judiciaire. Cette démarche vise à approfondir les investigations et à établir les responsabilités pénales des personnes impliquées.
Les infractions présumées, particulièrement graves, incluent :
• Association de malfaiteurs,
• Blanchiment de capitaux,
• Escroquerie portant sur les deniers publics,
• Corruption,
• Trafic d’influence,
• Abus de biens sociaux.
L’ouverture d’une information judiciaire permettra de mobiliser tous les moyens nécessaires pour démanteler ce réseau criminel. Les investigations viseront notamment à identifier l’ensemble des responsables et à tracer les flux financiers pour en déterminer l’origine exacte.
PRODUCTION SUCRIÈRE, LE GOUVERNEMENT ANNONCE DEUX USINES EN CASAMANCE
Cette initiative, inscrite dans une stratégie de diversification et de renforcement de la production locale, ambitionne de réduire la dépendance aux importations et de mettre fin à un monopole de plusieurs décennies dans le secteur sucrier.
Dans une intervention sur la RTS dans l’émission Point de Vue, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Gueye Diop, a annoncé l’implantation de deux nouvelles usines de production de sucre dans la région de la Casamance, précisément dans les zones de Kolda et Ziguinchor. Cette initiative vise à renforcer la production locale de sucre et à réduire la dépendance du pays aux importations.
« Je peux vous dire qu’aujourd’hui, il y a deux projets dont les études sont très avancées pour la production de sucre par deux usines au niveau de la Casamance. Il s’agit de produire du sucre localement avec la canne à sucre dans la base Casamance, zone de Kolda et dans la région de Ziguinchor. Ces projets ont été soumis au Premier ministre et c’est très avancé », a déclaré le ministre.
Serigne Gueye Diop a souligné que cette initiative s’inscrit dans une stratégie visant à mettre fin au monopole existant dans le secteur sucrier au Sénégal. « Notre gouvernement est contre le monopole. Ce n’est même pas normal que depuis 50 ans une seule entreprise ait le monopole », a-t-il ajouté.
En plus du sucre, le ministre a également évoqué des projets de production d’huile de palme en Casamance, profitant des conditions climatiques similaires à celles de la Malaisie, un grand producteur mondial d’huile de palme.
Face aux récentes tensions sur le marché liées à des spéculations, le ministre a assuré qu’il n’y avait pas de pénurie de produits essentiels comme le riz, l’huile, ou le sucre. Il a expliqué que la fermeture temporaire des importations était destinée à favoriser l’écoulement de la production locale et à réguler le marché. Serigne Gueye Diop a souligné que des stocks importants de sucre sont disponibles dans le pays.
Le ministre a aussi annoncé un projet de modernisation du commerce de détail avec la création de 2 000 boutiques de référence à travers le pays. Ces boutiques seront équipées de systèmes de congélation et fonctionneront à l’énergie solaire, permettant de garantir l’hygiène et la conservation des produits. Le projet vise à créer entre 20 000 et 30 000 emplois.
Le ministre a insisté sur la nécessité d’augmenter la production nationale et de moderniser les réseaux de distribution pour répondre efficacement aux besoins du marché intérieur et renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal.
LE JARAAF FAIT UN GRAND PAS VERS LA QUALIFICATION
Avec ce deuxième succès d’affilé, le club dakarois prend la deuxième place de la poule C avec 8 points.
Diamniadio, 12 jan (APS) – Le Jaraaf de Dakar a battu (1-0) l’ASEC d’Abidjan en match comptant pour la 5e journée de la coupe de la Confédération africaine de football(CAF), au stade Maitre Abdoulaye Wade de Diamniadio.
La rencontre a démarré avec du rythme et de l’intensité. Le Jaraaf de Dakar prend de l’ascendance sur le jeu, avec un bon Abdoulaye Faty.
Très virevoltant, l’attaquant du Jaraaf donne du fil à retordre à la défense de l’ASEC Mimosas.
Toutefois, la domination de l’équipe de la Médina ne donne pas de résultats escomptés jusqu’à la 26-ème mn où elle trouve la faille. Sur un corner, bien placé, Abdoulaye Oualy envoie le ballon par la tête au fond des filets.
Il ouvre ainsi le score au grand dam des rares spectateurs présents car le match se déroule sans public, à cause de la sanction de jouer deux matchs à huis clos, infligée au Jaraaf .
Après l’ouverture du score par le représentant du Sénégal en Coupe CAF, le match baisse d’intensité.
Le score n’évolue pas jusqu’à la mi-temps.
Au retour, de la seconde période, les ivoiriens reviennent avec de meilleurs arguments. Ils dominent, sans se créer des occasions.
L’entraineur du Jaraaf, Malick Daff réagit en densifiant son milieu.
Les nombreux changements des deux équipes ne permettent pas au score d’évoluer jusqu’à la fin.
Avec ce deuxième succès d’affilé, le Jaraaf fait un grand pas vers la qualification en quart de finale, prenant ainsi la deuxième place de la poule C avec 8 points.
Dans cette poule C, l’USM Alger a assuré sa qualification , en battant (2-1) Opara United de Botswana.
Assurés de terminer aux deux premières places, les algériens vont recevoir tranquillement le Jaraaf, lors du dernier match de poule.
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DIAKHER SENGHOR, L'ARTISTE DU VISIBLE ET DE L'INVISIBLE
Remettre la spiritualité au cœur de la vie de l’Africain : tel est le message de Mariane Diakher Senghor, une plasticienne au talent indiscutable, qui a proposé une prodigieuse exposition autour de l’art et de la spiritualité à la galerie nationale.
La plasticienne Mariane Diakher Senghor expose 16 années de travail réalisées avec maestria autour de l’art et de la spiritualité à la Galerie nationale d’art. À travers cette production réalisée de main de maître, la jeune artiste invite les Africains à remettre la spiritualité au cœur de leur vie. Et cela pourrait être la voie vers le décollage du continent.
Le vernissage de ce projet ambitieux s’est déroulé le 7 janvier dernier, en présence d’artistes de renom, d’universitaires et de plusieurs personnalités, dont le secrétaire d’État à la Culture et l’ancien ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly.
Dans ce projet, Mariane Diakher Senghor réintègre la spiritualité dans l’art et invite les Africains à renouer avec la spiritualité africaine, estimant que cela permettrait de relever de nombreux défis auxquels le continent est confronté.
Au cœur de sa production se trouvent des coiffures, des chapeaux, et des animaux totémiques comme des éléphants, les guides (appelés anges gardiens dans certaines religions révélées, etc.). Pour Mariane Senghor, Dieu parle et a toujours parlé à l’homme, à l’Africain, et ce bien avant l’avènement des religions révélées.
De ce fait, nous pouvons encore prêter attention pour écouter la voie de Dieu, brouillée, selon elle, par le matériel et nos obsessions. C’est ce qui fait que nous avons du mal à entendre Dieu.
Nous devons non seulement entendre Dieu, mais aussi lui parler à travers nos guides. L’Africain devrait également apprendre à connaître les animaux, car ceux-ci peuvent aussi nous montrer le chemin à suivre et nous aider à guérir de certains de nos maux.
Au-delà des enjeux nationaux, la spiritualité africaine vise également à résoudre des problèmes individuels dans nos vies.
Avant le vernissage, la soirée a été précédée d’un panel autour de la spiritualité et de l’art, animé notamment par Charles Katy, spécialiste des savoirs endogènes, et le célèbre artiste Viyé Diba, modéré par le Pr Pape Massène Sène.
par Aziz Fall
L’HISTOIRE EST D’ABORD LE PRÉSENT
Le pays de Macron n'a pas le choix que de procéder à une lecture actualisée de l'Histoire qui n'a jamais été une proposition statique mais plutôt le maelstrom de l'évolution des êtres, des peuples, des Nations...
Je suis toujours à la recherche de la formule la plus conforme à notre identité culturelle, à notre héritage de peuple soucieux du respect et de la considération à l’égard des autres. Cette sensibilité aigue à ces valeurs se manifeste aussi bien dans l’interaction que dans l’évocation.
C’est pour cette raison et cette raison seulement que je ne dirais rien de la sottise historique du président français qui, lors d’une récente sortie sur les relations entre la France et certains pays du continent africain, est entré dans le trou noir réservé aux bannis de l’Histoire.
Parfois, cette dernière nous offre des scénarii qui nous enseignent plus que toute autre œuvre ou entreprise humaine sur nous-mêmes et sur les autres pour nous laisser entrevoir la relation dialectique et rarement magnifiée entre le présent le passé et le futur. C’est sous cette lumière qu’il est difficile de trouver meilleure coïncidence dans ce moment précis de l’Histoire que le couple France Macron en marche cadencée vers l’abîme ; car tout laisse à croire qu’il y a comme le glas qui sonne dans ce pays après les présidences de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et maintenant le marcheur en panne. Évidemment, il s’accroche autant qu’il peut pour sauver sa peau affectée. Il le fait sur la corde pourrie de l’histoire d’un pays qui se délite et se déshabille pour dévoiler un visage meurtri par la réalisation de l’imposture de sa soi-disant grandeur. Une grandeur qui reposait sur une construction de l’esprit, certes sophistiquée, mais vouée à la fermentation comme son emblématique fromage
La belle France ; qui est belle parce que la nature y est belle et cette portion de notre planète habitée des Français a aussi une belle culture parce qu'elle s'est auréolée de trophées à la dérobée, tirant profit des offrandes de l'histoire où le vide de ces temps lui donnait une occasion de s'imposer, priant que les choses ne changeassent jamais.
Mais dans leur subconscient, les dirigeants soupçonnaient que la position de la France comme puissance ne perdure que parce que les autres étaient dans un sommeil anesthésique. Seulement, l’on se réveille toujours d’un sommeil même s’il peut durer ou paraître interminable.
Dans son ouvrage, « Saara et les vagues de l’Atlantique », l’auteur partage avec nous son point de vue sur les sentiments d’un nombre grandissant de jeunes Africains dont l’histoire était pendant longtemps liée à la France jusque dans la quête identitaire, dans ce passage où le narrateur donne l’estocade : « La France, en rétrospective, a juste été une escale plus dans l’espace que dans le temps, car j’y ai passé mon séjour à me projeter en dehors d’elle. Elle n’a jamais représenté une station référentielle pour moi, ni constitué un élément organisateur de ma vision du monde. Je savais que je pouvais me faire, me former ; apprendre à lier le bois au bois pour faire des édifices de bois sans m’en remettre à la France. D’ailleurs, c’est durant mes jours dans l’Hexagone que j’ai commencé à parler anglais ».
Ce sentiment révélateur d’un profond changement mental à l’égard de la France va continuer de prévaloir en Afrique. Il est désormais question dans ce continent d’une jeunesse qui assume fièrement sa volonté de reprendre possession de sa destinée d’affranchissement par rapport à un héritage qu’elle travaille à déconstruire à travers l’affirmation sans compromis de soi.
Pour ma fille, qui suit l’actualité, ce gars est déraisonnable. Comment ose-t-il proférer ces énormités devant l’Histoire, devant les témoins, devant les héritiers enfin devant ceux qui, désormais, refusent de se taire et de se terrer, s’interroge-t-elle ?
Elle parle, bien entendu, du président français à moins, ajoute-t-elle que ce soit une vidéo fake générée par les plateformes intelligentes qui pullulent maintenant dans le monde virtuel. Non, lui rétorquai-je, il s’agit bel et bien de l’élève de Brigitte, président de la France qui parle ; c’est bien lui sur scène, comme à l’accoutumée, résolu à vouloir impressionner ses professeurs de ses capacités performatives et sa conviction qu’avec des contorsions discursives, il serait à nouveau colinéaire avec le reste du monde. Que nenni ; il est désaxé depuis un long moment sans s'en rendre compte ; ses fausses notes récentes sur la gamme de l'histoire l'illustrent à suffisance. Nul besoin d’aller loin pour réaliser l’ampleur de ses dérapages à l’autel de la nation française, à commencer par la déconvenue de l'élection Européenne suivie du yoyo institutionnel qui donne le tournis aux populations de France, celles d’Outre-mer désemparées et aux partenaires. On ne sait plus où va la France, en dépit de son leader qui persiste à croire qu’il peut indiquer aux autres ce qu’il faut faire ou la direction à prendre dans la marche de leur existence ; qu’il s’agisse d’Etats ou de communautés. En définitive, l’on est témoin en temps réel d’un être dans le besoin d’une prise en charge clinique ou plus précisément psychiatrique ; car il souffrirait dans ce cas d'espèce du complexe de Gribouille.
Il donne l'impression d'être conscient de l'inéluctable et dans sa précipitation ontologique, démontrée à souhait par son parcours d'homme pressé, il s'attèle à accélérer l'échéance de sa déchéance et celle de ce qui reste de son pays face à l'Histoire et devant les hommes. Il a perdu la maitrise. Il n'est plus calme, il est aux abois ; face à ce constat, nous avons presque une obligation morale de le comprendre et de lui proposer de l'eau fraiche.
Oui, dans une perspective de relations internationales la France reste un partenaire privilégié du Sénégal, eu égard au volume de nos échanges commerciaux, de la diversité et la pluralité de nos accords et Conventions supposés apporter des avantages appréciés de part et d’autre. Elle contribue, en outre, de manière décisive dans le financement d'un grand nombre de programmes et de projets prioritaires de notre pays. Il faut, cependant, rappeler que cette situation est loin d'être motivée par une inclinaison naturelle de la France à être généreuse avec notre pays ; les enjeux stratégiques le justifient autant que la longévité des relations entre nos pays.
Seulement, les pays africains n’ont rien à craindre de la France, ni ses menaces enveloppées ni ses pressions voilées. Les pays de l’AES, pour leur part, ont déjà tourné le dos à ce qu’ils considèrent comme un facteur bloquant à leur aspiration légitime de souveraineté inconditionnelle.
Aujourd'hui, le pays de Macron n'a pas le choix que de procéder à une lecture actualisée de l'Histoire qui n'a jamais été une proposition statique mais plutôt le maelstrom de l'évolution des êtres, des peuples, des Nations avec son corollaire d'ajustements et de réajustements perpétuels. Dans son ouvrage " People count", James Rosenau fait état du caractère inévitable du réveil des peuples, qui relève d'un impératif épistémologique autant qu'historique. La France de Macron vient de comprendre qu'on ne peut s'asseoir sur le dos d'un homme debout.