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21 mai 2025
L’ASSEMBLEE LARGUE SES AMARRES
Les choses semblent de plus en plus claires maintenant : Farba Ngom sera sans nul doute le premier ponte de l’ancien régime à passer à la guillotine dans le cadre de la reddition des comptes initiée par les nouvelles autorités étatiques.
Les choses semblent de plus en plus claires maintenant : Farba Ngom sera sans nul doute le premier ponte de l’ancien régime à passer à la guillotine dans le cadre de la reddition des comptes initiée par les nouvelles autorités étatiques. pour preuve, à l’Assemblée nationale, la conférence des présidents est convoquée aujourd’hui dans l’après-midi pour entamer le processus devant aboutir à la levée de l’immunité parlementaire du maire des Agnam.
A peine le communiqué du parquet financier a-t-il été rendu public que la majorité de Pastef met en branle sa machine. Les membres de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale sont convoqués cet aprèsmidi avec comme motif : calendrier de travail pour examen d’une affaire en instance. Mais tout porte à croire que cette convocation est liée à la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom réclamée par le Pool judiciaire financier dont le procureur El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla a, dans une note, expliqué qu’il envisageait d’ouvrir une information judiciaire dans le cadre d’une vaste enquête portant sur des activités suspectes de blanchiment de capitaux, estimées pour le moment à plus de 125 milliards de FCFA, où le chambellan de l’ex Président Macky Sall est cité. Une célérité suspecte pour bien des observateurs. Il faut dès lors signaler que dans le processus de la levée de l’immunité parlementaire, la conférence des présidents de l’Assemblée va d’abord être informé de la saisine du garde des Sceaux avant de se pencher sur l’agenda devant aboutir à la levée de l’immunité parlementaire du député maire des Agnam que le candidat de Pastef avait menacé en pleine campagne. Après examen, les membres du bureau vont confier le dossier à la commission des lois qui va mettre en place une commission ad hoc. Celle-ci va à son tour statuer sur la question et proposer en rapport qui sera ratifier en plénière.
Une fois cette étape franchie, la commission mise en place va convoquer le député. Celui-ci peut décider d’aller se défendre ou rester chez lui. Mais quoi qu’il en soit, la commission va produire un rapport qu’elle va présenter à la plénière. Et c’est à ce moment seulement que les députés pourront décider du sort de Farba Ngom
A noter qu’au regard des rapports que le mis en cause entretient avec le Président Macky Sall et la majorité écrasante de Pastef, la procédure de la levée de son immunité parlementaire devrait passer comme lettre à la poste, étant donné que le PASTEF est majoritaire dans l’hémicycle. Autrement dit, son destin est entre les mains de ses meilleurs ennemis, qui doivent décider s’il doit aller répondre à la justice ou s’il doit vaquer tranquillement à ses occupations sans être inquiété.
Il faudra plus que des prières pour tirer Farba Ngom d’affaire, car rien ne semble être en mesure de faire avorter la prédiction du tout puissant Premier ministre Ousmane Sonko. En campagne électorale lors des dernières élections législatives, ce dernier avait déclaré à l’endroit de Farba Ngom : « Je sais qu’il y a un individu qui circule dans le département, armé de mallettes d’argent, pour acheter des voix. Je vous le garantis, ce sera la dernière élection au Sénégal à laquelle il participera. Ce qu’Agnam est devenu aujourd’hui, reflète bien l’homme qui le représente actuellement. Il n’a ni le niveau, ni les compétences, ni la formation nécessaire. Il a accédé à une place centrale dans la République uniquement par la volonté d’un Président qui l’a associé à toutes sortes de réseaux, fonciers, financiers ».
Birahime Seck s’interroge
L’affaire Farba Ngom a fait réagir le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck qui écrit dans son compte X : « Il faut faire attention dans les approches afin de préserver le Pôle judiciaire financier. La démarche du parquet doit être rigoureuse. Une information judiciaire est-elle ouverte sur les 1 000 milliards ? Pourquoi le Parquet n'a pas communiqué sur les autres affaires qu'il traite ? ». Comme Birahim Seck, beaucoup d’acteurs s’étonnent de la précipitation du parquet. Qui parlait de la revanche des vainqueurs ?
Vers la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom
Les membres de la Conférence des présidents sont convoqués, ce mardi 14 janvier 2025, à l’Assemblée nationale à partir de 17 heures dans la salle Marie Joséphine Diallo du nouveau bâtiment. Ordre du jour : Calendrier de travail pour l’examen d’une affaire en instance. Cette convocation intervient après que le procureur El H. A. Sylla a sorti un communiqué hier, informant avoir été saisi de plusieurs rapports de la CENTIF. En effet, le chef du parquet financier a révélé que les investigations menées révèlent des mécanismes sophistiqués de blanchiment de capitaux, par le truchement de sociétés-écrans qui auraient été utilisées pour des transactions suspectes d'une valeur estimée à plus de 125 milliards F CFA. Affaire à suivre.
Diourbel au-dessus de la moyenne nationale 0,15%
Directeur régional de la santé de Diourbel, Dr Mamadou Dieng a annoncé que ses collaborateurs et lui travaillent à relever le taux actuel de prévalence contraceptive de ladite région de 16,6% à 29,9% en 2028. Dr Dieng a fait cette déclaration à l’occasion d’un Comité régional de Développement (CRD) hier consacré au plan national stratégique de la santé reproductive, de la mortalité maternelle et néonatale et de la nutrition 2024-2028. A l’en croire, la région de Diourbel est au-dessus de la moyenne nationale 0,15%, mais avec une augmentation du taux de prévalence contraceptive, il y aura un impact sur la mortalité afin de mettre à l’abri certaines femmes.
Démarrage de l'anglais dans le préscolaire et l’élémentaire
L'introduction de l'anglais dans les programmes dès le préscolaire et l’élémentaire sera effective à partir d'aujourd'hui dans certains établissements. D'après une source au ministère de l'Education, le programme va démarrer ce mardi. Cela marque, à ses yeux, le début d’une réforme majeure dans notre système éducatif.
La grève du Saes largement suivie
La grève du syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) a été largement suivie dans plusieurs universités. Invité hier, à la télévision Futurs médias, son secrétaire national David Célestin Faye a indiqué que plusieurs de ses collègues ont répondu à l'appel du syndicat. Le Saes demande le respect intégral des engagements pris par le gouvernement, en particulier ceux relatifs aux allocations des pensions de retraite issues du décret adopté en Conseil des ministres en février 2024. David Célestin Faye a également dénoncé les retards dans le recrutement du personnel enseignant, le sous-financement de la recherche et les délais dans la livraison des infrastructures universitaires.
Marche improvisée par les conducteurs de Jakarta à Mbour
Les conducteurs de motos Jakarta ont improvisé hier une marche sur les artères de Mbour. Le commandant de police a rencontré les marcheurs avant de leur demander de rebrousser chemin. Venus nombreux, klaxonnant les motos pour ameuter les Mbourois, les conducteurs de motos dénoncent les attestations abusives et le manque d'information sur la procédure d'obtention de carte grise. En pédagogue, le chef de l'escadron a échangé avec les manifestants et leur a donné rendez-vous ce lundi pour une concertation afin qu'ensemble, ils puissent lever les équivoques. Au vu des échanges, les conducteurs semblent n'avoir rien maîtrisé de la procédure d'obtention d'une carte grise. Devant les policiers, ils se contredisaient, preuve que l'Etat devra accentuer la communication et trouver des points focaux dans chaque zone via les préfets, sous-préfets, commandant de brigade ou commissaire de police. Toutefois, le département de Mbour qui est la troisième localité la plus peuplée du Sénégal a besoin d'une commission d'inscription car autant de monde ne saurait être déplacé à Thiès ou à Fatick pour augmenter le nombre déjà pléthorique de demandeurs de carte grise de deux roues.
Incendie au bureau du Principal du CEM de Malika
Les langues se délient sur l’incendie qui a complètement consumé le bureau du Principal du collège d’enseignement moyen Samba Kandji de la commune de Malika. En effet, le Principal Chérif Diatta est dépassé par la tournure des événements. Il a été alerté dimanche dernier par le fils du gardien qui est venu lui dire qu’un incendie s’est déclaré au sein de l’école et que son bureau est en train de prendre feu. Arrivé sur place, il n’a eu que ses yeux pour pleurer en constatant que tout était calciné. Les sapeurs-pompiers alertés se sont déplacés sur les lieux ainsi que les policiers pour les besoins d’un constat. Les soldats du feu ont fait le déblai du site affecté par mesure sécuritaire. Les limiers de la Police scientifique étaient également sur le site pour faire des prélèvements en vue d’éclairer la lanterne sur cet incendie. L’école est-elle dotée d’un extincteur ? Est-ce que l’incendie n’est pas causé par un court-circuit électrique ? Autant de questions, même si le Principal pense à un acte de vandalisme perpétré contre son école et réclame justice. Chérif Diatta réclame des sanctions contre les auteurs de ces actes criminels. Pour le moment, les causes exactes de cet incendie restent inconnues. Mais peut-être qu’avec l’enquête ouverte par la police de Malika qui a commencé les auditions, la vérité jaillira.
Conseil interministériel pour les écoles de formation en santé
La tenue d’un conseil interministériel pour examiner la situation des instituts privés de formation en santé et les maux qui gangrènent le secteur, c’est ce que demande le Collectif sénégalais des chefs d’établissements de formation en santé (COSEPS) au gouvernement du Sénégal. Pour le président dudit collectif, Abdoulaye Gaye, les écoles de formation en santé se trouvent dans une situation hybride, parce qu’elles sont sous la tutelle de trois ministères, à savoir le ministère de l’Enseignement supérieur, le ministère de la Formation professionnelle et le ministère de la Santé. Selon l’Aps, Abdoulaye Gaye a fait cette déclaration à l’occasion de l’assemblée générale ordinaire du Collectif sénégalais des chefs d’établissements de formation en santé qui s’est déroulée du samedi au dimanche à Mbour, en présence de près de 45 chefs d’établissements de formation en santé.
66 «daara» choisis à Kaffrine pour le PAPSE
Dans le cadre du projet d’amélioration des performances du système éducatif(PAPSE), seuls 66 ont été retenus pour la région de Kaffrine, sur les 157 dossiers éligibles. C’est ce qu’a indiqué Modou Thiam, point focal dudit projet au ministère de l’Éducation nationale, en marge d’un atelier. Dans ses explications, il a précisé que pour qu’un «daara» soit choisi, il faut qu’il compte un nombre indiqué d’apprenants et qu’il dispose d’un espace adéquat. Modou Thiam a aussi demandé à ses collègues de respecter les conditions requises pour la réussite du projet.
Le Sénégal veut s’inspirer du modèle ougandais
Le Sénégal veut s’inspirer du modèle ougandais pour dynamiser sa production laitière En effet, l’Ouganda est un exportateur net de produits laitiers en raison d’une production de lait en pleine croissance dont le volume a grimpé de près de 20% pour s’établir à 3,85 millions de tonnes en 2023, d’après les données officielles. Pour la filière sénégalaise, l’enjeu d’une coopération avec ce pays d’Afrique de l’Est est de trouver des solutions pour stimuler la productivité des élevages laitiers et réduire la facture associée aux importations. Selon un rapport publié en juillet dernier sur le marché laitier sénégalais, le département américain de l’agriculture (USDA) indique ainsi que le pays d’Afrique de l’Ouest importe environ 50% de ses besoins en produits laitiers. Dans son dernier bulletin mensuel sur le commerce extérieur, l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) indique que le pays de la Teranga a importé plus de 27 700 tonnes de produits laitiers d’une valeur estimée à 53,4 milliards de francs CFA (83,5 millions $) sur les dix premiers mois de l’année 2024.
La prostituée vole le téléphone et 270 mille de son client
Belle de nuit âgée de 18 ans, S. Ba croupit en prison pour vol. Elle a profité du sommeil profond de son client I. Sankaré qu’elle avait rencontré dans un bar aux Parcelles assainies avant de l’inviter à passer la nuit à la cité Mixta, pour voler son téléphone portable et ses 270 mille francs avant de se fondre dans la nature. Au réveil Sankaré a constaté la disparition de son argent. Il s’est lancé aux trousses de la belle nuit dans tous les bars de la localité. Mais sans succès. Il se rend alors à la Police des Parcelles assainies pour porter plainte contre la prostituée indélicate. Cette dernière qui croyait échapper à son client changea alors de direction pour aller à la Médina. Ce qui va lui être fatal. Car elle sera aperçue par son ancien client Sankaré qui, muni de sa mention plainte, se rend séance tenante à la Police de Médina pour dénoncer sa voleuse. Sur ce, les limiers de Médina vont interpeller la présumée voleuse avant de la remettre aux limiers des Parcelles assainies. S. Ba qui soutient avoir passé du temps avec son client avant de partir, a nié les faits qui lui sont reprochés. Elle est placée en garde à vue avant d’être au parquet pour vol.
Vol d’une moto
Mécanicien de son état, O. Wandian est vraiment drôle. Il s’adonne à ses heures perdues au vol. Mais il a été démasqué. Le quidam ayant eu vent de la conférence de presse des conducteurs de motos au terrain Acapes s’est alors approché du site pour accomplir sa sale besogne. Mais, il ne s’imaginait pas qu’un conducteur de moto l’avait sous l’œil. Quelques minutes ont suffi pour que Wandian tente de démarrer la moto en trombe. Mais il a été intercepté par le propriétaire de la moto B. Ndao. O. Wandian sera aux limiers des Parcelles assainies qui vont le placer en garde à vue avant de le déférer au parquet
Le plâtrier menace de mort sa mère
V. Ciss, un plâtrier de profession, devra y réfléchir par deux fois avant de s’en prendre à sa mère. Il est actuellement entre les liens de la détention pour violences à ascendants, menaces de mort et injures publiques au préjudice de sa mère. Cette dernière, habitant auparavant le quartier Grand Médine de Patte d’Oie, a été impactée par le Brt. Elle a pris l’argent de son dédommagement pour acheter une maison à l’Unité 05 des Parcelles assainies. D’un commun accord avec les enfants, elle va vendre deux terrains de son défunt père pour augmenter les appartements de son immeuble. Elle a remis de l’argent à chacun de ses enfants. Un montant jugé dérisoire par V. Ciss qui veut émigrer. Il s’en prend à sa maman qu’il arrose d’injures et des menaces de toutes sortes. Malgré les appels au calme des autres membres de sa famille, il continue de harceler sa mère qui se rend alors à la police pour porter plainte contre son fils indélicat âgé de 37 ans. Il a reconnu les faits devant les limiers. Ce qui va motiver sa garde à vue et son défèrement au parquet.
IL Y A UN DOUBLE ENJEU DE FAIRE DU CINEMA DANS LE CONTEXTE DU CONGO
Berlin, Sundance, Toronto, Nelson Makengo a prouvé son talent sur les festivals les plus prestigieux. L’auteur de «Tongo Saa» s’apprête à briller sur les écrans de Ouagadougou où son film est en compétition dans la section des longs métrages documentaires
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU |
Publication 14/01/2025
Berlin, Sundance, Toronto, Nelson Makengo a prouvé son talent sur les festivals les plus prestigieux. L’auteur de «Tongo Saa» s’apprête à briller sur les écrans de Ouagadougou où son film est en compétition dans la section des longs métrages documentaires. De passage à Dakar pour participer au Dakar Séries, le réalisateur congolais a répondu aux questions du Quotidien.«Tongo Saa» (96 mn, 2024) est votre premier long métrage documentaire. Mais vous avez d’abord commencé par un court métrage avant d’aller vers le long. Pourquoi ce choix ?
Au départ, c’était un projet de court métrage, d’installation vidéo. Mais après, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’énergie. En rencontrant les gens la nuit, il y avait beaucoup à dire, au-delà de ce que moi j’imaginais. Après, je me suis finalement dit, pourquoi ne pas élargir la réflexion. Pourquoi ne pas poser vraiment son regard dans la durée pour voir ce qui pouvait naître de cette expérience-là, tout en sachant exactement où on veut aller, mais aussi laisser l’opportunité de voir des situations évoluer, de voir des gens grandir à l’intérieur d’un film. Je n’avais pas fait de laboratoire de cinéma avant. Mais je pense que c’est une grâce. Ça permet de garder une certaine fraîcheur. Parce qu’avant, j’ai déjà fait des courts métrages. Je connais plus ou moins mes limites techniques et artistiques. Mais la grâce, c’est d’aller dans un Lab tout en sachant plus ou moins ce qu’on a envie de dire. Ça permet de protéger l’œuvre, parce qu’il y a beaucoup d’influence dans les laboratoires. Si tu n’es pas outillé, ça peut facilement bousiller le projet.
Et dans «Tongo Saa», il y a cette question de l’électricité qui est toujours compliquée dans votre pays, il y a les inondations. Mais à côté, on voit des gens tellement croyants, qui prient Dieu tous les jours. Est-ce que les gens sont conscients de tout ce qui se passe autour d’eux ?
C’est tout ça, en fait, la question du film qui parle de la lumière. Le film parle aussi des frontières entre ce qui est physique et métaphysique dans un contexte comme Kinshasa, dans un contexte comme le Congo. Et comment parler de l’absence de la lumière dans un environnement aussi religieux. Parce que quand on parle de la religion, directement, ça nous renvoie à l’idée de la lumière. Et comment parler de l’absence de la lumière dans un tel contexte ? C’est l’une des questions majeures du film.
Et vous avez trouvé des réponses ?
Les réponses, je pense, c’est l’expérience humaine. L’expérience qu’on traverse en essayant de creuser, de chercher et de rencontrer les gens. On se découvre finalement soi-même et on découvre ce qui nous anime à faire tel ou tel choix. J’ai découvert qu’il faut être patient. Par exemple, au Congo, pour nous, c’était la première fois qu’on assiste à une passation de pouvoir à la tête de l’Etat, une élection, un changement de Président et tout. Du coup, pour un pays qui a 60 ans d’âge, ça vous met dans une sorte d’attente, de spéculation, d’utopie, de rêve. Et plus le temps passe, plus ça nous ramène à notre propre réalité, et on apprend à être patient. On apprend à laisser le temps passer. Il n’y a pas de miracle, finalement. Avant d’avoir cette prise de conscience que le cinéma coûte beaucoup d’argent et du financement pour que ça existe, je faisais déjà des films de commande, pour trouver des sous. Et ce sont ces sous-là qui m’ont plus ou moins aidé à financer aussi en partie mes courts métrages. Moi, je pense qu’en même temps, c’est difficile, en même temps, ça permet de sécuriser une certaine clarté, en fait, dans la façon dont on voit les choses au début d’une carrière. Mais après, ça nous solidifie dans des collaborations complexes, des coproductions complexes, et ça nous permet d’être outillé, de savoir déjà ce qu’on veut dire, ce qu’on veut raconter à travers un récit, à travers une histoire, un projet.
Vous êtes à Dakar dans le cadre du Festival Dakar Séries. Et dans le panel auquel vous venez de participer, vous avez affirmé que le piège, c’est de continuer à apprendre. Qu’est-ce qu’il faut comprendre par-là ?
En fait, je parle vraiment par expérience. Quand moi j’ai commencé à apprendre le cinéma, à faire des recherches sur le cinéma en général, mais aussi sur le cinéma que moi je voulais faire, il y avait ce piège-là de continuer d’apprendre. Parce qu’à chaque fois qu’on apprenait, on découvrait d’autres choses à apprendre. Du coup, ça fait en sorte qu’on reste dans la formation. Et il faut à un moment décider quand arrêter parce que notre manière d’apprendre, c’est d’apprendre en faisant, en passant à l’action, en pratiquant, en faisant des films.
Et vous avez commencé par les arts plastiques. Mais comment devient-on un cinéaste dans un pays où il n’y a pas de cinéma ?
Moi, j’étais très conscient de ça dès le début. Parce que je me disais que comme il n’y a déjà pas d’école pour apprendre, donc il n’y a pas nécessairement de raison d’avoir des fonds pour accompagner quelque chose qui n’existait pas. Du coup, il y avait cette conscience-là qui m’habitait et qui m’a permis de commencer à apprendre méthodiquement, sans passer trop de temps. Je ne sais pas comment c’est venu. Mais à un moment, j’ai senti le besoin d’arrêter d’apprendre, d’arrêter d’apprendre le langage du cinéma, mais d’apprendre aussi l’écosystème tout autour, que ce soit du cinéma africain ou du cinéma mondial. Un moment, je me suis dit que c’était mieux d’apprendre à travers les films, à travers des histoires qu’on avait envie de raconter. Et ça, c’est bien parce que ça te permet de faire des erreurs, mais des erreurs qui te font grandir d’un point de vue pratique.
Et dans «Théâtre urbain», court métrage que vous avez fait en 2017, vous utilisez de petites figurines. C’était un problème de moyens ou c’était juste quelque chose que vous aviez envie de faire ?
Je pense qu’au départ, c’était juste une envie de raconter une histoire et raconter une histoire avec tout et n’importe quoi. Tout ce qui pourrait faire sens pour dire quelque chose, pour raconter une histoire. Mais aussi, problème de moyens. Raconter une histoire avec les moyens les plus simples possibles, mais qui soit nécessaire d’être dite, d’être montrée. Aussi, par rapport à cette première expérience avec «Théâtre urbain», c’est l’idée aussi que la ville est difficile à filmer. Les gens sont réticents à la caméra. Par rapport à tout ce qui s’est passé, avec tout ce qu’on connaît du Congo, les gens sont réticents à la caméra. Et c’est ça, en fait, le piège, le double enjeu de faire du cinéma dans ce contexte-là. En même temps, tu dois penser aux dispositifs du film, mais aussi penser à l’histoire. Et je pense que c’est cette confrontation-là qui permet d’être concis dans la réflexion qu’on fait pour aborder un sujet problématique.
Qu’est-ce qui vous pousse à faire des films ?
J’ai une idée, j’ai envie de faire un film, je le fais. Ça dépend de son exigence, de sa complexité, mais au départ, je le fais. Même si tu fais des blockbusters, ça ne va pas changer, en fait. C’est aussi une façon de réfléchir comme un sculpteur, comme un peintre, comme un photographe, comme un poète, comme un écrivain. Tu prends ton stylo, tu le fais quoi. Je suis photographe, plasticien. Je pense que c’est complémentaire avec le cinéma que j’ai fait aujourd’hui parce qu’entre les deux, ça permet de trouver de nouvelles formes de narration, de nouvelles formes de compréhension des situations, des sujets, des histoires. Et ça ouvre d’autres possibilités de propositions.
Là, quels sont vos projets ?
J’écris de nouveaux projets. J’ai fait des recherches sur le volcan Nyiragongo à l’Est du Congo et le lac Kivu parce que je pense que ce sont des espaces qui permettent d’approfondir la compréhension de l’Est du Congo qui subit beaucoup d’atrocités, de menaces.
Et justement, comment le cinéaste que vous êtes appréhende tout ça ? Cette insécurité, ces agressions ?
Moi, je pense que le plus important, ce sont les expériences des gens. Souvent, avec le cinéma, on peut mieux dire les choses qu’avec les informations qui sont déjà bien structurées et tout. Et le cinéma en même temps, c’est une approche documentaire, rencontrer les gens, écouter les gens, leur donner la parole pour apprendre, déjà, à prévoir qu’est-ce que ça peut nous offrir d’un point de vue cinématographique. Toutes ces réalités, cette histoire, ces contextes géopolitiques, géologiques aussi, qu’est-ce que ça peut faire naître comme forme de récit, comme forme d’histoire ?
GUIRASSY VEUT ENTERRER JULES FERRY
Avec la Nouvelle initiative pour la transformation humaniste de l’éducation (Nithé), le gouvernement veut changer les orientations actuelles de l’école sénégalaise. Validée hier, Nithé constitue le premier tournant de cette refondation annoncée.
Avec la Nouvelle initiative pour la transformation humaniste de l’éducation (Nithé), le gouvernement veut changer les orientations actuelles de l’école sénégalaise. Validée hier, Nithé constitue le premier tournant de cette refondation annoncée.
C’est un nouveau tournant qui a été amorcé lundi avec la validation du rapport sur la Nouvelle initiative pour la transformation humaniste de l’éducation (Nithé). Ce rapport, fruit d’un travail avec les acteurs du secteur, trace les contours d’une école ayant comme socle nos valeurs propres. Sa matérialisation sur le terrain va ainsi muter l’école hors des préceptes de Jules Ferry ayant depuis le début guidé notre système scolaire. «Depuis le début, nous sommes là. Tout ce qui a été dit et consigné dans le rapport, nous engage. (…) Il faut travailler à réussir le portage. Ensuite libérer les énergies, mais également libérer les moyens pour la matérialisation de ce projet», a noté Amadou Diédhiou au nom du G7.
«Nithé réfère à une école qui offre une éducation et une formation articulées essentiellement sur les connaissances et les valeurs sociales et citoyennes. Elle s’adresse à l’école dans ses capacités et obligations d’adaptation et de réadaptation qui ont toujours fait d’elle un instrument de transformation sociale. Cette nouvelle initiative doit ouvrir l’école à tout ce qui touche l’incarnation de notre Peuple dans ses aptitudes, attitudes et espoirs», renseigne à cet effet le document de la Direction de l’enseignement élémentaire remis lundi lors de la rencontre de validation au Stade Abdoulaye Wade. «Si on rate le coche, on rate un momentum extraordinaire. J’en appelle à tous les acteurs, toute la population pour un portage de ce projet s’inscrivant dans la dynamique de transformation de notre système», a souligné Moustapha Guirassy, ayant prononcé le mot de clôture.
«Cette Nouvelle initiative pour la transformation humaniste de l’éducation fait la promotion des valeurs. Elle installe les valeurs dans notre système éducatif (…) Ce qui vient d’être validé doit donc être immédiatement intégré dans les écoles et opérationnalisé aux niveaux central et déconcentré», a insisté le Men. Il s’agit essentiellement des sept recommandations fortes déclinées par le rapport. Parmi celles-ci, l’élaboration, dans les plus brefs délais, des documents de mise en œuvre de l’initiative, le développement d’une communication efficace pour l’appropriation de l’initiative par les communautés, la mise sur pied d’une plateforme de collecte des données liées à la mise en œuvre du concept. M. Guirassy, qui est d’avis que ce concept sera le creuset par lequel la transformation va s’opérer, a, dans la lancée, invité les enseignants, qui demeurent un puzzle important» pour l’effectivité du concept, à s’engager pour la nouvelle école qui est une «demande sociale» au constat des aspirations matérialisées par le Peuple depuis le 25 mars 2024.
SONKO ORDONNE L’ANNULATION DES ATTRIBUTIONS DANS CERTAINS SECTEURS
Les rapports du Comité technique sur la gestion du foncier, mis en place par les autorités dans la foulée de leur élection, ont été transmis au Premier ministre depuis quelques semaines.
Dans le cadre du suivi des rapports du Comité technique sur la gestion du foncier, le Premier ministre a demandé au ministre des Finances et du budget de procéder à l’annulation des attributions au niveau des lotissements Eogen et Eogen-Extension, du fait qu’ils sont «implantés sur une zone militaire», ainsi que celles sur la partie entre l’océan et la Vdn au niveau des Pud de Guédiawaye et Yeumbeul-MalikaTivaouane Peulh, et la Nouvelle ville de Thiès.
Les rapports du Comité technique sur la gestion du foncier, mis en place par les autorités dans la foulée de leur élection, ont été transmis au Premier ministre depuis quelques semaines. Evidemment, l’on peut se demander pour quelles raisons ses conclusions n’ont pas été rendues publiques par le gouvernement. Or, le Secrétariat général a enchaîné des communiqués pour annoncer la prorogation de la mesure de gel de construction qui frappe plusieurs lotissements à Dakar et à l’intérieur du pays : il s’agit des lotissements Hangar des pèlerins, Boa, Recasement 2, Eogen et Eogen-Extension, Pointe Sarène, Ndiébène Gandiole, les Pud de Guédiawaye, Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh, Mbour IV et Nouvelle ville de Thiès. Si le Premier ministre a marqué son accord «pour la mise en application des recommandations formulées aux fins d’apporter les mesures de correction pour chaque lotissement ou aménagement», dans des réponses envoyées au Ministre des finances et du budget (Mfb), Ousmane Sonko a décidé de prendre des décisions radicales. Concernant les lotissements Eogen et Eogen-Extension, le Pm a «instruit» le Mfb de prendre les dispositions pour leur annulation. Pourquoi ? Selon le Premier ministre, ils sont «implantés sur une zone militaire». Tout en lui laissant «la possibilité de relocaliser le projet pour le Stade municipal Ouakam sur une partie desdits lotissements». Dans le même sillage, il a décidé que toutes les «attributions faites» sur la partie entre l’océan et la Vdn des Pud de Guédiawaye et Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh doivent être annulées, ainsi que celles du Pud de la Nouvelle ville de Thiès. Pour les deux cas, le Premier ministre a suggéré que «les équipements publics soient réimplantés dans les aménagements» et que les recommandations sur les études d’impact environnemental soient menées jusqu’à terme. Alors que pour le Pud de Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh, objet de litiges, le Pm assure qu’un réaménagement doit être fait en prenant en compte les «demandes justifiées des collectifs», avant toute mainlevée.
Dakar et Thiès touchées par les annulations
Par ailleurs, Sonko, qui voudrait que les derniers rapports lui parviennent avant le 31 janvier, a demandé une «application stricte», pour chaque lotissement, des corrections, notamment pour les cas d’attribution «multiples» et sur de grandes surfaces.
Il faut rappeler que par un communiqué de presse en date du 7 novembre 2024, le Secrétariat général du gouvernement annonçait : «La prorogation, pour 45 jours, de la mesure suspensive des lotissements dits Boa, Hangar des pèlerins, Recasement 2, Eogen 1 et Eogen-extension, des Plans d’urbanisme de détail (Pud) suivants : Mbour 4, Nouvelle Ville de Thiès, Bande nord des filaos de Guédiawaye, Yeumbeul-Malika-Tivaouane Peulh, des pôles urbains de Diacksao, Bambilor, Déni Birame Ndao, Yenne et Daga Kholpa.» La prorogation de la suspension concernait également les sites : Egbos, Pointe Sarène et Ndiébène Gandiole. Le Sg du gouvernement indique «que les zones et parcelles, qui ne présentaient pas de problèmes particuliers, feraient l’objet de levée de suspension au plus tard à la fin du délai de prorogation»
A la fin de cette prolongation, le gouvernement annonce que la levée de la suspension sera prononcée à date échue pour les lotissements en règle. Mais, il va d’abord falloir que les propriétaires renseignent un formulaire d’identification de lots au siège de la Direction générale de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (Dgscos).
Ce gel des constructions a été le point de départ de la Gouvernance Diomaye-Sonko, qui avait décidé de fouiller la gestion foncière du régime précédent. Qui ne se souvient pas de la visite du Président Faye à Mbour IV dont des attributaires réclament la levée de mesure ? Cette décision avait jeté le secteur des Btp dans la morosité et avait entraîné plusieurs secteurs dans la crise, qui risque de s’exacerber avec ces annulations décidées par l’Exécutif. Et de provoquer des contentieux juridiques ?
Par Mohamed GUEYE
LES FAUSSES BONNES IDÉES DE SERIGNE GUEYE DIOP
Ses projets d'usines de sucre en Casamance et sa volonté de restreindre les importations de friperie rappellent étrangement des initiatives passées qui n'ont jamais abouti, alors que le déficit commercial du pays ne cesse de se creuser
Le ministre du Commerce et de l’industrie, M. Serigne Guèye Diop, fait montre de beaucoup d’activisme dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cet homme, qui gère des secteurs parmi les plus stratégiques du gouvernement, veut montrer qu’il est en mesure de régler les problèmes les plus cruciaux du pays. L’un de ses plus gros soucis semble être de redresser la balance commerciale irrésistiblement déficitaire du Sénégal. Plus le temps passe, plus elle se creuse en notre défaveur. Les données officielles montraient que le déficit commercial, en octobre 2024, était de 342,4 milliards, alors que le mois précédent, le même déficit était à 121,6 milliards de Cfa.
L’écart entre nos exportations et nos importations est causé principalement par l’achat à l’extérieur de ce que nous consommons. Très peu nombreux sont les produits du cru qui nourrissent les Sénégalais. Même dans les secteurs où le Sénégal pourrait se passer des importations, nous sommes obligés de recourir à l’extérieur. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Serigne Guèye Diop a sans doute la volonté de renverser la tendance. Faute de s’en donner les moyens, il ne fait pas mystère de ses priorités. Il veut sans doute reproduire au niveau national, l’expérience positive qu’il a eue en tant que président du Conseil départemental de Sandiara, où il a pu implanter une Zone franche qui a réussi à attirer divers investisseurs et entreprises industrielles.
Ainsi, on l’a entendu sur la chaîne nationale de télévision, la Rts1, déclarer que bientôt deux unités de production de sucre devraient voir le jour en Casamance naturelle, à travers la région de Kolda et celle de Ziguinchor. Le ministre a même affirmé que les études du projet auraient déjà été bouclées et les documents soumis au Premier ministre pour approbation. Sans présumer de ce qui pourrait en sortir, on ne peut que noter que ce n’est pas la première fois qu’il est question d’implanter une usine de production de sucre en Casamance. Déjà, en 2012, à l’arrivée du président Macky Sall, son ministre de l’Agriculture de l’époque, Benoît Sambou, «drivé» par un Grand architecte spécialiste en éléphants blancs dans plusieurs pays d’Afrique, avait annoncé avoir mobilisé 50 milliards de Cfa pour la création d’une usine de sucre, d’une capacité de production, à l’époque, d’au moins 100 000 tonnes. Ces chiffres, s’ils avaient été basés sur une quelconque réalité, auraient permis, dès l’époque, d’en finir avec le déficit du Sénégal en matière de sucre. Le plus drôle, si l’on peut dire, est que Benoît Sambou, en migrant de l’Agriculture à la Jeunesse, a emporté avec lui le dossier de la compagnie sucrière, et on n’a plus entendu parler de l’affaire. Par contre, on a mis en avant un autre projet agricole, qui a donné naissance au Prodac…
La friperie, remplacée par la poussière du textile national
Plein de ressources, et surtout pas à court d’idées, le ministre du Commerce a annoncé un jour, plus vite que son cerveau, sa volonté d’en finir avec les importations de habits de seconde main, la friperie. On ne sait pas ce qui peut le motiver. Le Sénégal n’a plus d’industrie textile digne de ce nom, et les différentes politiques gouvernementales à travers des décennies, ont porté un coup mortel à la filière textile sénégalaise, qui était l’une des plus dynamiques d’Afrique. Peut-être que Serigne Guèye Diop pense-t-il que le blocage des vêtements de seconde main pourrait permettre de relancer l’industrie textile dans le pays, permettre de recréer des emplois et aider à peser sur la balance commerciale. L’ennui est que, très peu de jours après sa sortie fracassante, il a été obligé de rétropédaler et revenir, non pas sur ses déclarations, mais sur la manière dont elles auraient été rapportées. Ce qui explique tout simplement que, si la volonté y est, les moyens et les dispositions à mettre en place ne sont pas encore là.
Il faut tenir compte du fait qu’en 2021, ce sont plus de 17 000 tonnes de «feug jaay» (fripes), qui sont entrées de ce pays. Malheureusement, Le Quotidien n’a pu obtenir de chiffres concernant les droits d’entrée de ces produits au pays. Néanmoins, les informations concordent pour reconnaître que si les petits revendeurs de marchés ou de certains coins de quartiers s’en sortent juste avec de quoi entretenir leurs familles, les gros négociants n’ont pas matière à se plaindre de ces produits. Un moment concurrencée par les habits bon marchés en provenance de Chine, la friperie occidentale a maintenant le vent en poupe. Et les importateurs d’Amérique et d’Europe ne sont pas les derniers à se frotter les mains, car le marché comprend une très grande partie de pays africains. On se rappelle que lors du premier mandat du président américain Donald Trump, son «administration» (gouvernement) était entré en conflit avec des pays comme le Rwanda et l’Ouganda, qu’il a menacés de sanctions commerciales, et même de la cessation de certaines aides américaines. Le tort de ces pays ? Avoir annoncé leur intention d’interdire l’entrée de habits de seconde main sur leurs territoires, parce qu’ils contribuaient à tuer la production locale. L’argumentaire américain avait été de dire que les pauvres de ces pays pauvres n’avaient pas d’autre moyen pour se vêtir décemment, que de recourir au «feug jaay». On n’a plus entendu Museveni ou Kagame tenter de revenir sur cette affaire. On peut imaginer que parmi les préalables à la mise en œuvre éventuelle de cette décision, Serigne Guèye Diop et son gouvernement essaieront, s’ils en ont le moyen et la volonté, de relancer la filière cotonnière du pays.
Cela demandera de ne plus laisser aux seules mains de la Sodefitex, qui a été nationalisée, ne l’oublions pas, l’appui aux paysans de la zone sud-est du pays, où se cultive le coton. Revalorisée et mieux rémunérée, elle pourrait éventuellement intéresser les derniers producteurs textiles du pays, notamment Serigne Mboup qui veut relancer son usine de Kahone avec Domitexka, ou Ibrahima Macodou Fall, qui avait promis de relancer les Nsts de Thiès. Avec la disparition de la Sotiba Simpafric et d’autres producteurs textiles, on ne pourrait compter mettre en place, du jour au lendemain, une usine textile. Mais cet embryon d’industrie pourrait peut-être aider à la renaissance de la jadis dynamique industrie de confection du Sénégal dont seuls les vestiges qui restent sont les couturiers, qui sont vantés à travers l’Afrique pour leur talent et leur imagination
La Casamance, c’est bien. Mais pourquoi pas la Css ?
Il en est de même des usines de sucre de la Casamance dont nous avons parlé plus haut. Depuis sa création, dans les années 1970, la Compagnie sucrière sénégalaise s’évertue à combler les besoins en sucre des Sénégalais. Ses dirigeants, Jean-Claude Mimran, son PDG, en premier lieu, ont toujours déclaré aux Sénégalais, qu’ils n’avaient pas peur de la concurrence. Dans leur entendement, il y a assez de place pour deux ou trois autres usines de production. La Côte d’Ivoire ne possède-t-elle pas cinq usines de production de sucre ? Le Sénégal pourrait faire de même. Par contre, il ne faudrait pas que l’Etat se mette à encourager la contrebande en accordant des autorisations d’importer à des négociants dont l’apport sur la balance des paiements est proche de zéro. Souvent, ces négociants importateurs de sucre n’ont pas les mêmes charges que la Css qui, elle, produit et transforme tout son sucre sur place.
L’usine de Mimran est la première industrie du pays et l’un des plus gros employeurs de la région Nord du pays. Dans la conurbation Richard TollDagana, elle emploie 8000 personnes et en fait vivre environ le double, à travers les métiers annexes et les boutiquiers et autres fournisseurs. Si elle monte en puissance dans sa production, elle est en butte, depuis plus de 10 ans, à une indisponibilité de terres dont elle dit qu’elle l’empêche d’augmenter ses récoltes. L’idée de transposer des usines dans les régions du Sud du pays sera bénéfique si lesdites unités parviennent à casser le monopole de la production de la Css. Cette dernière ne l’a d’ailleurs jamais revendiqué. Il faudrait d’ailleurs féliciter Serigne Guèye Diop d’avoir pu trouver, en cette période, des investisseurs désireux de mettre 50 milliards de Cfa par deux fois, dans cette entreprise. C’est une initiative qui créera de l’emploi dans le pays, permettra de redynamiser une zone économique, et contribuera à freiner l’exode rural et l’émigration, illégale ou légale. Mais s’il ne s’agit que d’un rêve éveillé, comme au temps de Benoît Sambou et de son architecte, pourquoi ne pas accorder à la Css les moyens de réaliser ses promesses et ambitions ? Avec Mimran au moins, on a pu voir du concret à ce jour.
Des boutiques pour vendre des vessies à la place des lanternes
Ce serait mieux que de nous faire rêver avec des «boutiques de référence». On a le sentiment, à écouter notre ministre du Commerce, que nos dirigeants ne retiennent rien des leçons du passé, et ne regardent pas le chemin parcouru par leurs prédécesseurs. Depuis les Sonadis, le Sénégal a connu plusieurs modèles de boutiques de référence. Même le président Abdoulaye Wade, en butte à la crise alimentaire mondiale de 2008, s’y était essayé. Le ministère du Commerce en son temps, a encouragé des initiatives privées d’installation de «magasinstémoins», qui devaient vendre à des prix planchers. Cela n’est pas allé au-delà de deux années. Les agents du Commerce intérieur, qui étaient en service en ce temps, devraient s’en rappeler et instruire leur chef. Ils lui diraient pourquoi ces initiatives n’ont pas prospéré, et ce qu’il faudrait faire pour éviter les échecs annoncés.
Autrement, on peut s’attendre que Serigne Guèye Diop nous sorte encore bientôt, une autre fausse bonne idée, qui va se révéler sans effet, et entamer encore plus la crédibilité de la parole gouvernementale. C’est vrai qu’autour de la table du Conseil des ministres, M. Diop ne doit pas se sentir isolé. Il voit régulièrement un autre de ses collègues, qui a voulu nous vendre des vessies à la place des lanternes, en nous vantant des chiffres de production agricole, «jamais atteints dans ce pays». Tout le monde a pu se rendre compte à quel point il avait raison. Heureusement pour tous que l’un d’eux a pu découvrir que la faute en était à cet hivernage, qui n’est pas (leur) hivernage…
Par Samba Oumar FALL
L’ART DE SE PLAINDRE !
Le Sénégal est le pays de la Téranga. C’est aussi le pays des contradictions, des râleurs. Un pays où les gens ne sont jamais satisfaits, veulent une chose et son contraire.
Le Sénégal est le pays de la Téranga. C’est aussi le pays des contradictions, des râleurs. Un pays où les gens ne sont jamais satisfaits, veulent une chose et son contraire.
On a l’impression qu’une grande partie de la population souffre du syndrome de Calimero, en référence au personnage de dessin animé italien ; un petit poussin noir qui porte sa coquille d’œuf sur la tête et son baluchon rouge sur l’épaule et qui rabâche sans arrêt sa réplique fétiche : « C’est vraiment trop injuste ! ». Dans le voyage de la vie, on rencontre inévitablement des épreuves parfois insurmontables.
Mais certains, comme si le sort avait choisi de s’acharner sur eux, se complaisent à accuser le destin de conspirer contre eux. Persuadés d’être victimes d’une prétendue injustice, les individus qui ont chopé le syndrome de Calimero ou qui excellent dans l’art de se plaindre à longueur de journée n’hésitent pas à adopter une posture de victime, parfois pour attirer l’attention et la compassion de leur entourage. Tout est prétexte pour geindre, râler, se lamenter. Ils ne sont jamais contents. Quand ils tardent à voir leur étoile briller, ils en veulent à tout le monde. Ils sont contrariés quand il fait froid, chaud, pleut, ils critiquent à tout-va. Et quand ce n’est pas eux, c’est toujours injuste. Rarement positifs et optimistes, ils ont cette propension à se percevoir comme des victimes et ont ancré dans leur inconscient une vision du monde biaisée par une spirale très négative.
Pris en otage par leur mal-être, ils empoisonnent leur propre existence et celle de leur entourage. Convaincus de ne pas obtenir ce qu’ils méritent, ils en veulent parfois aux autres, ignorant que cette posture pessimiste peut parfois être nuisible à leur bien-être émotionnel et psychologique, altérer leur bonheur, mais aussi leurs relations avec les autres. D’ailleurs, des études montrent que se plaindre de tout et de rien sans discontinuer peut parfois être néfaste pour la santé et entraîner diverses pathologies.
Le syndrome de Calimero n’est pas une fatalité, car on a beau être malheureux ou malchanceux, on trouvera toujours plus malheureux ou malchanceux que soi. Cependant, il faut, pour sortir du cercle victimaire, apprendre à relativiser pour comprendre que l’on n’est pas réellement victime du destin. Il faut également regarder la réalité en face et apprendre à développer une meilleure estime de soi, de nouvelles capacités qui seront plus bénéfiques pour l’atteinte des objectifs au lieu de perdre de l’énergie à accuser les autres.
Mais aussi et surtout transformer chaque obstacle en opportunité. Car, dans la vie, des gens sont partis de rien et sont devenus, à force de persévérance et de résilience, de grands messieurs, de grandes dames. Malheureusement, aujourd’hui, l’une des causes d’échec les plus fréquentes est le manque de persévérance, l’absence de résilience. William Shakespeare affirmait que « nos doutes sont des traîtres et ils nous privent de ce que nous pourrions souvent gagner de bon, parce que nous avons peur d’essayer ».
À juste raison, car ce n’est pas un secret que notre plus grande faiblesse réside dans le doute, l’abandon, parce que rester motivé est souvent un exercice assez complexe ; surtout quand les résultats escomptés ne suivent pas ou tardent à arriver. Mais l’adversité a beau être tenace, il ne faut jamais baisser les bras. Il faut toujours se battre.
Les obstacles et les échecs ne doivent pas empêcher de toujours aller de l’avant et avec détermination. « Il faut viser la lune, parce qu’au moins, si vous échouez, vous finirez dans les étoiles », disait si bien Oscar Wilde. Dans un monde d’incertitudes et de défis, la persévérance et la résilience demeurent deux qualités qui peuvent transformer le cours de notre vie. Et quand on navigue dans les eaux tumultueuses des défis personnels et professionnels, nous sommes appelés à faire face, parce que personne ne surmontera nos défis à notre place.
Au lieu de geindre continuellement et d’avoir cette impression d’injustice permanente, il est vital de laisser derrière nous le syndrome de Calimero pour retrouver une perspective positive. Et c’est en cultivant une attitude positive que nous pourrons améliorer significativement notre qualité de vie et aspirer au bonheur.
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MAMADOU ABIB DIOP, UN TSAR DES HYDROCARBURES
Le directeur général de la Société africaine de raffinage (SAR), Mamadou Abib Diop, revient sur son parcours et les étapes charnières de sa carrière qui l’ont propulsé à cette station stratégique, dans un contexte de développement des projets pétroliers
Demba DIENG et Mamoune DIOP |
Publication 14/01/2025
Dans ce numéro de Portraits capitaux, le directeur général de la Société africaine de raffinage (SAR), Mamadou Abib Diop, revient sur son parcours et les étapes charnières de sa carrière qui l’ont propulsé à cette station stratégique, dans un contexte de développement des projets pétroliers et gaziers.
Il aborde également les enjeux et contours des différents projets, tels que SAR 2.0, des initiatives qui devraient lui permettre de réaliser l’un de ses objectifs : porter le chiffre d’affaires de la structure de 1 000 à 3 000 milliards dans les années à venir.
LES REDS S’ATTAQUENT A UN CRACK SENEGALAIS
Mercato-Elhadji Malick Diouf à Liverpool - Deux ans et demi après le départ de Sadio Mané, Liverpool songe à nouveau à recruter un Sénégalais.
El Hadji Malick Diouf, jeune talent sénégalais de 20 ans, fait actuellement tourner les têtes en Premier League. Joueur polyvalent dans le couloir gauche du Slavia Prague – il évolue tantôt milieu, tantôt latéral – le natif de Ziguinchor est en train de s’imposer comme une des révélations de la saison en République tchèque. Depuis son arrivée au Slavia, Diouf a disputé 37 matchs et inscrit 8 buts, dont 6 cette saison en 28 apparitions toutes compétitions confondues. Ces performances lui ont également permis de décrocher ses premières sélections avec l’équipe nationale sénégalaise, avec qui il était titulaire lors des trois derniers matchs, confirmant son potentiel au plus haut niveau.
LA PREMIER LEAGUE, POUR BIENTOT ?
Selon The Sun, Liverpool aurait activé cette piste prometteuse pour renforcer ses rangs lors du mercato hivernal. Le club de la Mersey, à la recherche de jeunes talents capables d’apporter de la profondeur à son effectif, aurait coché le nom de Diouf, déjà sous contrat avec le Slavia jusqu’en juin 2028. Mais les Reds ne sont pas seuls dans la course. Crystal Palace, également séduit par le profil du Sénégalais, aurait même soumis une offre initiale de 15 millions d’euros, rapidement rejetée par le géant tchèque, qui ne compte pas brader son joyau.
UN TRANSFERT A 25 M€ MINIMUM ?
Le Slavia Prague, habitué aux belles ventes, aurait fixé la barre très haut pour son latéral gauche. Le club demande pas moins de 25 millions d’euros pour céder son joueur, une somme qui ferait de Diouf le joueur le plus cher de l’histoire du football tchèque. Après la récente vente de leur gardien Antonín Kinský à Tottenham pour 16 millions d’euros, les dirigeants tchèques entendent maximiser la valeur de leur pépite sénégalaise. Malgré les rumeurs de départ, Diouf reste concentré sur ses performances avec le Slavia. « Je ne suis pas pressé de partir », aurait confié l’international sénégalais, laissant entendre qu’il pourrait rester en République tchèque jusqu’à la fin de la saison.
ON N'OCCULTE PAS NOTRE MANTEAU DE CHAMPION D'AFRIQUE
Successeur de Pape Thiaw, l'homme qui a conduit le Sénégal au titre de champion d'Afrique lors du CHAN 2022 en Algérie, Souleymane Diallo porte aujourd'hui la responsabilité de défendre ce sacre continental.
Successeur de Pape Thiaw, l'homme qui a conduit le Sénégal au titre de champion d'Afrique lors du CHAN 2022 en Algérie, Souleymane Diallo porte aujourd'hui la responsabilité de défendre ce sacre continental. À quelques jours du coup d'envoi du Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) CAF Total Energies 2024, il partage son état d'esprit, les préparatifs de son équipe et les enjeux de cette nouvelle édition. Avec une riche expérience sur la scène continentale, Diallo est conscient des attentes placées en lui et en son groupe, composé en grande partie de nouveaux visages. Dans cet entretien exclusif, il revient sur la pression liée au statut de tenant du titre, l'importance stratégique du CHAN pour le football local, et sa vision des forces en présence. Le défi est immense, mais Diallo aborde cette compétition avec sérénité et méthode, prêt à écrire un nouveau chapitre dans l'histoire du football sénégalais.
Souleymane Diallo, dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques jours, du coup d'envoi du Championnat d'Afrique des Nations CAF Total Energies 2024 ?
J'ai un très bon état d'esprit dans l'ensemble. Je pense que les garçons sont conscients de l'enjeu de cette compétition, mais il ne faut pas mettre devant l'enjeu de la compétition. Pour moi, le plus important, c'est le jeu d'abord, c'est la compétition elle-même. Il faudra l'aborder avec un très bon état d'esprit, une très bonne mentalité, mais surtout une mentalité africaine qui consiste effectivement à être d'abord serein, à identifier les obstacles pour pouvoir bien les aborder.
Comment se passe la préparation ?
Dans l'ensemble, très bien. Le plan programme qu'on a établi est en train de se dérouler normalement. Là, on est à notre quatorzième semaine, plus exactement, les phases de préparation des éliminatoires y compris. À partir du lundi 13 janvier, on va prendre les garçons en regroupement fermé. Nous allons y rester jusqu'au départ pour la compétition. On a vu un camp d'entraînement dans un pays limitrophe des trois pays organisateurs [Kenya, Ouganda et Tanzanie].
Le Sénégal est le tenant du titre. Est-ce que cela ajoute une pression supplémentaire?
Non, pas de pression ! J'ai l'habitude de le dire. La pression, elle est importante dans toutes choses. Le plus important, il faut d'abord identifier la source de la pression. Si vous identifiez la source de la pression et vous identifiez la nature de la pression, pour moi, en ce moment, il n'y a plus de pression, mais il y a une prise de conscience de la situation. C'est vrai que le Sénégal est champion d'Afrique, mais n'oubliez pas que le groupe champion d'Afrique, ce n'est pas le même groupe actuellement. On n'a que deux rescapés [Serigné Koita et Aboudoulaye Dieng]. Donc, il faudra analyser fortement. Est-ce que le Sénégal vient avec ses champions d'Afrique ou bien le Sénégal vient avec le titre de champion d'Afrique ? Donc, il faut faire relever la nuance entre ces deux-là. Mais ce qui est le plus important, nous allons venir pour aborder cette compétition de la meilleure des manières, tout en ne pas occulter notre manteau de champion d'Afrique. Au contraire, cette prise de conscience de notre manteau de champion d'Afrique nous pousse à avoir une démarche beaucoup plus prudente, une démarche beaucoup plus sereine.
En quoi le CHAN est une compétition importante à vos yeux ?
Oui, le chan, c'est une compétition très importante. J'ai l'habitude de le dire aux journalistes. Déjà, le CHAN reflète le niveau de compétition de la nation proprement dite. Aujourd'hui, la particularité du CHAN, c'est qu'il prend en compte les joueurs évoluant dans le championnat local. Aujourd'hui, je dis à mes collègues qu'on représente le championnat lui-même, le championnat sénégalais, parce que le CHAN va refléter le niveau du championnat sénégalais. C'est pourquoi, pour moi, c'est une compétition particulière, une compétition très importante.
Vous étiez dans le staff technique de l'équipe sénégalaise aux Jeux africains. En quoi cette expérience panafricaine, continentale, a-t-elle pu vous servir et va-t-elle vous servir pour le CHAN ?
Je pense qu'aujourd'hui, j'ai une petite expérience africaine. Cette expérience panafricaine nous servira de support pour pouvoir aborder cette compétition. J'ai l'opportunité de faire plusieurs compétitions africaines et mondiales. Trois Coupes du monde juniors, trois Coupes d'Afrique juniors, deux Jeux africains. Je pense que nous allons nous baser sur ces expériences-là, sur ces compétitions africaines, pour pouvoir aborder de la façon la plus sereine possible cette compétition.
Hormis le Sénégal, quelles sont les équipes qui peuvent prétendre à la victoire finale?
Aujourd'hui, il va être très, très difficile de prononcer sur les équipes.Vous conviendrez bien entendu avec moi, qu'en Afrique aujourd'hui, toutes les équipes travaillent. Aujourd'hui, les équipes sont très, très, très rigoureuses, tant sur la démarche de l'entraînement, mais aussi sur la gestion, parce que la performance sportive est constituée de deux paramètres essentiels. Il y a les facteurs externes et les facteurs internes. Aujourd'hui, en Afrique, les gens commencent à travailler, à tenir en compte ces deux facteurs-là. Auparavant, on se limitait uniquement aux facteurs internes de la performance. Aujourd'hui, la plupart des équipes africaines travaillent sur leur environnement. Donc, il va être très difficile, à la limite suicidaire, de vouloir prononcer sur les équipes en amont.