L’ancien ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, s’éloigne de plus en plus du président de la République Macky Sall. Le chef de la diplomatie sénégalaise de 2012 à 2017 a apporté hier son soutien à l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Mme Aminata Tall, qui a fustigé ce lundi le processus électoral, mais surtout la répression et l’interdiction des manifestations de l’opposition. Mankeur Ndiaye n’a pas été le seul ministre à dénoncer l’actuelle tournure des choses. L’ancien ministre de la Communication sous le président Abdoulaye Wade, Dr Bacar Dia, a aussi enfourché la même trompette de rejet de la politique du président Sall vis-à-vis de l’opposition.
Ce ne sont pas que les opposants au régime de Macky Sall qui critiquent sa manière de réprimer les manifestations et autres actes qu’ils posent à leur endroit. Quelques-uns des membres de son parti et de ses camarades de coalition aussi ont pris la parole pour fustiger la répression des jeunes qui voulaient manifester leur colère face au rejet de la liste des titulaires de Yewwi Askan Wi, vendredi dernier.
A la suite de l’ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental, Mme Aminata Tall, c’est autour de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, ancien Représentant du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique et chef de la Minusca, de donner son avis sur la tension actuelle dans notre pays. « Depuis des semaines, le monde observe le Sénégal. Notre pays doit continuer d’être un État de droit respectueux des libertés individuelles et collectives, de sa Constitution et des lois et attaché à son unité nationale. Discutons pour pacifier le champ politique », a conseillé l’ancien ministre dans un twitt en date du lundi 20 juin. Il n’a pas manqué aussi de réagir sur la sortie de l’ancienne militante du Parti démocratique sénégalais (PDS) devenue proche collaboratrice du Président Macky Sal qui lui avait confié la présidence du CESE avant de lui la retirer au profit de Mme Aminata Touré dite Mimi.
Mankeur indique avoir suivi la déclaration de sa sœur ( Ndlr, Mme Aminata Tall) femme d’Etat, sur le processus électoral au Sénégal. «Je salue sa lucidité et son courage politique et lui dis tout mon soutien. Travaillons pour les consensus, pour la paix civile et des élections inclusives » a-t-il insisté.
De son côté, un autre ancien ministre et porte-parole du Gouvernement du temps du président Me Wade, Bacar Dia, a interpelé lui aussi le président Macky Sall mais par le biais d’une lettre ouverte. « Excellence, cher ami ! Ensemble nous avions engagé la bataille contre un troisième mandat en 2012. Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter ! Vous semblez engager l’administration dans une stratégie d’élimination de vos adversaires politiques. Cette démarche est violente ! », a-t-il écrit.
Selon lui, la violence institutionnelle et le sentiment d’injustice peuvent entrainer des tensions sociales aux conséquences imprévisibles pour notre cher pays. Il estime que les étudiants, les enseignants, le personnel médical, travaillent dans des conditions à peine humaines, les hôpitaux sont transformés en mouroirs, les bébés sont consumés dans les services de néonatologie. « Voilà excellence la violence à laquelle vous nous soumettez ! Libérez les manifestants ! Encadrez les manifestations ! Ouvrez la compétition à toutes les forces politiques ! », demande le Dr Bacar Dia connu pour sa défense acharnée du régime du président Abdoulaye Wade. « Ne confisquez pas nos libertés ! », a-t-il conclu tout en invitant le président Sall à s’engager dans la rectification avant qu’il ne soit trop tard.
SADIO MANÉ EXPRIME SA JOIE, THOMAS MÜLLER ET LE CLUB BAVAROIS S’ENFLAMMENT
Arrivé hier, mardi 21 juin à Munich pour la visite médicale et photographié avec le maillot du Bayern, Sadio Mané va signer pour trois saisons et effectuer sa première conférence de presse ce mercredi
Arrivé hier, mardi 21 juin à Munich pour la visite médicale et photographié avec le maillot du Bayern, Sadio Mané va signer pour trois saisons et effectuer sa première conférence de presse ce mercredi. En attendant, l’attaquant international sénégalais a exprimé pour la première sa joie de se «retrouver dans une équipe compétitive». Son futur coéquipier Thomas Muller s’enflamme déjà de la venue de ce joueur «de haut niveau qui va nous faire progresser». Tout comme le directeur sportif du club bavarois, Hasan Salihamidzic se dit fier d’avoir pu amener une telle star mondiale à Munich.
En attendant l’officialisation de son transfert au Bayern de Munich Sadio Mané a posé hier, mardi 21 juin avec ses nouvelles couleurs du Bayern quelques heures après son arrivée à Munich à bord d’un jet privé. Après avoir effectué son examen médical par le médecin de l’équipe du Bayern, l’attaquant sénégalais s’apprête va signer pour trois saisons. Le montant évoqué pour ce transfert tourne autour de 40 millions d’euros. Avant d’effectuer ce mercredi 22 juin, sa première conférence de presse, la star sénégalaise a pu donner sa première interview dans Bild et exprimé sa joie.
«JE SUIS DANS UNE ÉQUIPE TRÈS COMPÉTITIVE»
“Quand mon agent m’a parlé pour la première fois de l’intérêt du Bayern, j’ai tout de suite été excité. Je me suis tout de suite vu là-bas. Pour moi, c’était le bon club au bon moment. C’est l’un des plus grands clubs du monde et l’équipe se bat toujours pour chaque titre. Donc, pour moi c’était une très bonne idée et la bonne décision de venir ici.” Il a ensuite poursuivi : “Mon agent m’a dit qu’il y avait des demandes d’autres clubs. Ça fait partie du business. Mais, j’ai tout de suite eu le feeling quand le Bayern m’a présenté son projet. Je me suis retrouvé dans le projet du Bayern plus que n’importe qui d’autre” a-t-il lancé avant d’évoquer la possibilité de gagner une nouvelle Ligue des champions : “Je ne veux pas dire non. Chaque enfant veut gagner la Ligue des champions, chaque footballeur du monde. Je suis dans une équipe très, très compétitive. Mais c’est encore un peu tôt pour parler de finale de Ligue des Champions, on n’a même pas encore joué de match ensemble. Néanmoins, on va tout donner pour aller en finale”.
Candidat au Ballon d’or, cette année, le champion d’Afrique avec le Sénégal et finaliste de la Ligue des champions avec Liverpool devrait renforcer le club allemand qui s’apprête à perdre son attaquant vedette, le Polonais Robert Lewandowski.
S’exprimant sur l’avenir de la star polonaise, l’international sénégalais a préféré botter en touche. “Je ne suis pas un joueur qui se concentre sur des choses comme ça. Je suis là pour le FC Bayern. Et je ferai tout pour gagner des titres avec mes coéquipiers !”
THOMAS MULLER : «C’EST UN JOUEUR DE HAUT NIVEAU ET IL VA NOUS FAIRE PROGRESSER»
Du côté bavarois, on s’enflamme déjà de l’arrivée de Sadio Mané. Thomas Muller cadre de l’équipe bavaroise qui a réagi sur le nouveau joueur du Bayern. Le milieu de terrain s’est exprimé en marge d’un tournoi de golf «BMW International open»: «C’est déjà officiel ? Je suis heureux qu’il ait atterri. C’est un joueur de haut niveau et il va nous faire progresser». Considéré comme le Grand artisan de l’arrivée de Sadio Mané au Bayern Munich, le directeur sportif du club bavarois, Hasan Salihamidzic s’est dit heureux et fier d’avoir pu signer une star mondiale telle que Sadio Mané après 6 saisons passées sous les couleurs de Liverpool. «Nous sommes heureux, nous sommes tous fiers d’avoir pu amener une telle star mondiale à Munich», s’est-il exprimé.
«IDRISSA GOUDIABY A BEL ET BIEN ÉTÉ TUÉ PAR BALLE ET PAR LA GENDARMERIE...»
La famille Goudiaby accuse les forces de défense et de sécurité
Entre la tristesse d’avoir perdu un proche et la surprise et le désarroi d’un démenti, la famille d’Idrissa Goudiaby, ce manifestant tué vendredi dernier lors de la marche interdite à Ziguinchor s’est lancée hier, dans un exercice d’explications pour prendre le contre-pied d’un rapport d’autopsie sorti dans les médias. «Idrissa Goudiaby a bel et bien été tué par balle», tranche la famille Goudiaby. Cette dernière qui a tenu hier un point de presse au domicile de la victime au quartier Grand Dakar, accuse même la Gendarmerie d’avoir tué Idrissa Goudiaby.
La famille d’Idrissa Goudiaby est catégorique ! «Idrissa Goudiaby a bel et bien été tué par balle», a déclaré un membre de la famille d’Idrissa Goudiaby qui a tenu hier, mardi 21 juin au quartier Grand Dakar à Ziguinchor un point de presse pour démentir certaines informations et apporter des précisions sur la mort de Idrissa Goudiaby tué lors des manifestations du 17 juin dernier à Ziguinchor.
Regroupée autour du père de la victime, la famille de Idrissa Goudiaby se dit «meurtrie et surprise» de constater à travers des journaux et dans les réseaux sociaux que Idrissa Goudiaby a été tué par arme blanche. Ce que dément vigoureusement la famille qui se dit abasourdie par de telles «informations mensongères». «Ce matin (hier, Ndlr) nous avons été désagréablement surpris d’entendre et de lire cette nouvelle annonçant que notre frère a été blessé par arme blanche. Ça, nous ne pouvons pas l’entendre. Nous ne pouvons pas l’accepter. Nous sommes des citoyens sénégalais nous avons besoin que le droit soit dit. Nous avons besoin qu’on nous remette un dossier administratif attestant légalement de la mort d’Idrissa (…)», peste M. Dieme qui accuse la gendarmerie. «Nous étions sur place et tous les témoignages sont unanimes. Effectivement, il a été atteint par balle. Je le dis et je le répète et il y avait une unité de la Gendarmerie qui était devant d’où venait la balle. C’est clair, la précision doit être de taille (…) C’est une balle qui provenait de la Gendarmerie. C’est notre gendarmerie nationale. Il faut que ça soit clair», précise t-il.
Avant d’ajouter, «ce que nous voulons c’est que le droit soit établi», martèle M. Dieme qui se dit prêt à aller jusqu’au bout de cette affaire avec toute la famille. Demande de contre-expertise «Nous sommes prêts à faire une contre-expertise voire une triple contre expertise», lance-t-il.
Des déclarations des proches de la famille faites en présence du père de la victime qui acquiesçait à tout moment comme pour étayer les propos des parents de Idrissa Goudiaby. Et comme si cela ne suffisait pas, un autre frère de la victime, Boubacar Dieme abonde dans le même sens. «Nous avons nos avocats et nous allons suivre cette affaire jusqu’au bout. Si on nous balance des résultats comme ceux révélés par la presse ce matin (hier, Ndlr) nous allons faire une contre-expertise», lâche-t-il avant de réitérer les propos précédemment évoqués : «il a été tué par balle.
C’est incontestable ! Nous avons le soutien de la population, de la société civile», a-t-il laissé entendre avant de faire cette révélation : «quand je suis allé pour m’enquérir de ma situation, c’est quelqu’un de l’hôpital, un médecin, qui m’a confié que notre frère a été tué par arme blanche», confie-t-il.
Et de poursuivre : «Ça, c’est faux et archi-faux ! Il a été tué par balle à bout portant. Ça, personne ne peut le contredire. Les récentes informations relayées par la presse et les réseaux sociaux sont fausses. Je le dis et je le répète, notre frère a été tué par balle» déclare le neveu de la victime. Boubacar Dieme a estimé qu’ils ont même ramassé les douilles des balles qui ont été fatales à leur frère Idrissa Goudiaby. «Il a été tué aux environs de 18 heures et c’est la foule qui l’a acheminé à l’hôpital peu avant 19 heures. Et ce n’est qu’après 1 heure du matin, après une longue attente au service des urgences qu’on nous a annoncé le décès de notre frère. Nous attendons des informations par rapport à sa mort suite à une blessure par balle. Aucune autorité administrative, ni hospitalière ne nous a donné des informations», s’insurge-t-il avant de réclamer le rapport d’autopsie qu’ils disent n’avoir pas reçu jusque-là. «Depuis vendredi nous n’avons ni vu, ni reçu le corps. Jusque-là personne dans la famille n’a vu le corps. Nous attendons de recevoir un document qui atteste sa mort», lâche ce proche de la victime.
«ON A COMPLÉTEMENT DÉPRÉCIÉ NOTRE CULTURE»
Abdou Khadre Sanogo, sociologue, analyse la situation des enfants victimes des rivalités dans les familles
«Comme disait l’adage quand on cherche en vain son ennemi sans l’atteindre, on passe par ses proches. L’enfant est un prolongement de ses parents. La folie humaine fait que pour exacerber le chagrin de quelqu'un, on peut passer par un innocent comme son enfant. Les gens savent mettre la main où cela fait mal hélas ! Mais derrière cet acte, il faut une évolution dangereuse des ressentis qui passe par l’envie, la jalousie, la méchanceté jusqu'à la haine qui est le point de non-retour». «En effet, quand on déteste un individu, on est capable de le détruire lui et tout ce qui va avec notamment les personnes qu'il aime le plus». «Dans les ménages polygames, les réalités ont changé. Elles sont beaucoup plus vues dans une approche de compétitivité, de combat. Ce que les gens appellent communément «défanté» alors qu’auparavant, s’était souvent un cadre de partage de vie commune qui permettait de pouvoir de créer des liens sanguins extrêmement puissants entre demi-frères. Maintenant, c’est souvent l’animosité, la sorcellerie, le charlatanisme pour dés fois, éliminer la coépouse et sa famille. Il y a une sorte d’escalade au niveau des ressentis ou on passe de la méchanceté à la haine alors que la haine mène à toutes sortes d’extrêmes.
Le glissement qui a été opéré en termes de vécu de la réalité polygamique est extraordinaire. On ne cherche même plus à séparer, mais aussi d’éliminer la progéniture de l’espace familial ou de la vie sociale. Certains deviennent de véritables échecs qui inspirent la piété à première vue. Certains font maintenant de la polygamie un véritable stratagème pour pouvoir neutraliser non pas un adversaire, mais un ennemi».
«Les valeurs n’ont pas changé. Le problème vient des gens qui les portent. Il y a une véritable crise de personnage. En vérité, les individus eux-mêmes sont entrés dans un processus de déshumanisation. Même si les valeurs étaient extrêmement foisonnées au sein de notre société, le souci serait de trouver des personnes appropriées pour les porter. Malheureusement, avec les vicissitudes de la vie, le changement social, la modernisation, les réseaux sociaux font que nous sommes entrés très vite dans un processus d’acculturation qui a fini de nous éloigner de croyances sociaux-culturelles».
«Fondamentalement, on a complétement déprécié notre culture. C’est comme si nous étions dans une perte sociale, ce n’est pas que les valeurs sont crises, mais nous-mêmes sommes en train de nous perdre. On a de maigres chances de nous conserver par rapport à l’homo-senégalenlis authentique. Au lieu de rêver du retour de l’ancien type de Sénégalais, on a théorisé le nouveau type compromettant les grands principes sur lesquels, il était assis. C’est fondamentalement aujourd’hui, le vrai débat qui se pose ; c’est de voir comment faire pour que dans cette société déréglée, nous puissions réussir le pari du redressement sociétal qui doit reposer sur des agents de socialisation comme la famille qui est en déliquescence en crise».
RIVALITÉS DANS LES FAMILLES, QUAND LES ENFANTS PAYENT UN LOURD TRIBUT
Le constat est afférant. Des adultes, pour solder leurs comptes nés d’une rivalité au sein des familles s’en prennent aux enfants. Parfois, il s’agit d’une extrême vengeance parce qu’ils sont tués
Le constat est afférant. Des adultes, pour solder leurs comptes nés d’une rivalité au sein des familles s’en prennent aux enfants. Parfois, il s’agit d’une extrême vengeance parce qu’ils sont tués.
Ces derniers jours, le meurtre d’un enfant de 5 ans, par sa tante Astou Fall à Sébikotane a tenu en haleine les Sénégalais. Comme signe de vengeance à la mère avec qui elle ne serait pas en de bons termes, la tante a mis fin à la vie du gamin.
Cette affaire rappelle une autre tout aussi dramatique et qui a eu lieu en mars dernier. Sur demande de la grand-mère paternelle, bébé Lansana a été enlevé de son sommeil et jeté dans un puits par une voisine complice de sa tante. La cause, l’empêcher d’être l’héritier d’un père orpailleur.
A Rufisque également, un enfant a payé les frais de la rivalité dans son domicile. Il est victime de graves blessures après que sa tante sous prétexte qu’il dérangeait, lui a versé de l’huile chaude. En février 2020, la chambre criminelle de Dakar, a condamné la dame Seynabou Ndiaye à 20 ans de travaux forcés. Elle est reconnue coupable de maltraitances ayant entrainé la cécité de ses deux belles âgées au moment des faits de 5 et 3 ans. Au débat d’audience, les filles racontant le supplice vécu disaient que leur belle-mère les battait avec un fil, leur donnait des coups de pieds, cognait dés fois leur tête contre le mur et versait un liquide sur leur tête et mettait parfois du détergent aux yeux. Ces cas ne sont qu’illustratifs d’un mal très profond.
S’ils ne sont pas mis en lumière par les médias ou les réseaux sociaux, des brimades et sévices commis sur des enfants sont récurrents. Pour ne pas briser les liens familiaux, d’extrêmes cas de maltraitances sont étouffés, les coupables laissés en liberté au grand-dam de potentielles futures victimes qui payent parfois les conséquences de la mésentente familiale.
La forme a peut-être évolué en aboutissant à des meurtres et autres sévices corporelles si elle n’est pas tout simplement amplifiée par les médias et l’essor des réseaux sociaux, mais la société sénégalaise a toujours rattaché un fait ou une autre au voisin ou parent peu aimant. Le maraboutage, la sorcellerie et les pratiques occultes qui aboutissent selon des croyances à la mort, la folie ou la perte de repère de la cible, sont toujours évoqués.
LE MACKY SE FISSURE
Les sorties d'Aminata Tall soutenue par Mankeur Ndiaye combinées à la position de Maodo Malick Mbaye sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, annoncent une certaine friction au sein du parti présidentiel
L’élimination au niveau national des leaders de Yewwi Askan Wi de la course pour les législatives du 31 juillet prochain, avec son corollaire de crispation du climat politique envenimé par l’arrestation de leaders de l’opposition pour leur participation supposée à une manifestation interdite, semble prendre une tournure à laquelle ne s’attendait pas le régime en place. Les sorties de Aminata Tall soutenue par Mankeur Ndiaye, sans oublier la position de Maodo Malick Mbaye sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, annoncent une sorte de fissure qui risque d’être fatale pour l’Alliance pour la République et la coalition Benno Bokk Yaakar.
Qu’arrive-t-il à la majorité présidentielle ? Ou plutôt, qu’est ce qui explique ces positions soudainement «courageuses» et assumées de certains leaders de la mouvance présidentielle contre des actes posés par le locataire du palais? La question taraude les esprits des observateurs, surtout dans un contexte marqué par un climat politique délétère causé par l’élimination de la liste nationale des titulaires de l’une des coalitions de l’opposition les plus représentatives, au regard des résultats obtenus lors des élections municipales locales du 31 janvier dernier.
Suite à la décision du Conseil constitutionnel, des leaders comme Ousmane Sonko, présenté comme le chef de l’opposition par certains observateurs, Déthié Fall, Aïda Mbodj entre autres, ne prendront pas part aux joutes prochaines. D’où la crispation du climat politique en cette période de précampagne, envenimée par l’arrestation du maire de Guédiawaye Ahmed Aïdara, des députés Mame Diarra Fam et Déthié Fall. La vive tension ressentie dans l’espace politique sénégalais semble faire effet sur certains leaders de la mouvance présidentielle, qui paraissent voir la coupe prendre une goutte de trop. La sortie de l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en dit long. Aphone depuis un bon moment, Aminata Tall a fait une sortie tant soit peu surprenante en estimant illogique d’accepter des suppléants à une élection, au moment où les titulaires de cette même liste sont invalidés, faisant ainsi référence à la liste de Yewwi Askan Wi. Mieux, prenant le contre-pied de son leader politique qui estime sur les ondes de RFI que «Une liste qui n’est pas paritaire, elle n’est pas recevable. Un point, un trait», Aminata Tall pense que «Nul ne doit accepter que notre démocratie soit écornée car celle-ci a été forgée non sans difficultés. Elle doit être consolidée et non piétinée…». L’ancienne ministre d’Etat, ajoutera d’ailleurs qu’il ne faudrait pas parler d’élections le 31 juillet prochain si les choses restent à l’état.
Que dire du soutien de taille que l’ancienne mairesse de Diourbel vient d’enregistrer en la personne de Mankeur Ndiaye ? Sur son compte Twitter, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal a pris le contre-pied des militants de l’Alliance pour la République (APR) qui dénoncent la déclaration de Aminata Tall Sall.
MANKEUR NDIAYE PARRAINE DES «ÉLECTIONS INCLUSIVES»
“Je viens de suivre la déclaration de ma sœur femme d’Etat Aminata Tall sur le processus électoral au Sénégal. Je salue sa lucidité et son courage politique et lui dis tout mon soutien. Travaillons pour les consensus pour la paix civile et des élections inclusives”, a déclaré sans sourciller l’actuel Consultant international qui marque ainsi tout son désaccord sur les décisions du Conseil constitutionnel et par ricochet, celles du ministre en charge des élections, non moins ministre de l’intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome qui déroule la politique du chef de l’État.
Bien avant ces positions qui prennent carrément le contrepied des positions du chef de l’État sur les décisions du Conseil constitutionnel, c’est le Directeur général de l’Anamo (Agence nationale de la maison de l’outil) qui s’est illustré de fort belle manière. En effet, au moment où la plupart des responsables de la mouvance présidentielle restent aphones sur l’audience accordée à l’insulteur public Khaliphone à Paris, Maoudo Malick Mbaye a pris son courage en deux mains pour marquer son désaccord total avec l’acte posé par le président Macky Sall qui a partagé un repas avec celui qui incarnait des contre-valeurs, à qui il a d’ailleurs accordé une interview de 20 minutes. Sur ce point, faudrait-il le rappeler, le Chef de l’Etat n’était pas à son premier coup d’essai. Les cas de Djibril Ngom, Fatoumata Ndiaye «Fouta tampi», Coura Macky Sall en sont, une parfaitement illustration. Par ailleurs, il faut relever que la défiance de l’autorité du chef de l’État semble avoir pris départ avec les responsables de la mouvance présidentielle qui avaient signifié publiquement leur opposition à une troisième candidature de Macky Sall et/ou marqué leur dissidence. Moustapha Diakhaté, Moustapha Cissé Lo, Sory Kaba, ou encore Me Moussa Diop en ont fait les frais.
KEEMTAAN GI - PLUS FORT, MOINS FORT ?
Dix minutes d’un concert de casseroles et de klaxons seulement et ils sont déjà sur les nerfs. La réponse bruyante d’une partie de la jeunesse, qui a anticipé sur ce concert de casseroles dans la nuit du lundi, a dû les désarçonner. Un récital avant l’heure, signe d’un désamour entre le Chef et son peuple. Ce que les bonnes dames de la « majorité » présidentielle ne semblent pas apprécier. Alors, pas du tout ! Elles n’ont pas dû s’accorder avec l’un de leurs « Goru Mbotay » qui les invitait à répondre à l’affront des casseroles par des vuvuzelas. Après le trouble à l’ordre public pour casser de l’opposition, ils se sont empressés d’évoquer le délit de tapage nocturne. Curieusement, ils ont oublié la série de charivaris lors de la célébration de la victoire des Lions au Cameroun et leur retour très coloré et assourdissant à Dakar. Les bonnes dames de BBY supplient presque à genoux les gens à ne pas répondre à l’invitation de celui qui perturbe les nuits du Chef, soulignant que le concert de casseroles de ce soir pourrait troubler la concentration des mômes pour leur premier diplôme. Snif, sortez les mouchoirs ! Elles oublient que pendant que ces mômes avaient les yeux rivés sur leurs cahiers, le ministre des Sports, désertant son bureau, errait aux quatre coins du pays suivi par une ribambelle d’enfants qui trainait derrière le trophée continental. Sans compter les jang nocturnes et autres « goudi adiouma » qui ne cessent de tympaniser les citoyens sans que le Police ose mettre fin à ces tapages nocturnes. Idem pour les appels à prière du matin lancés à fond les décibels ! Bon, il faut être fairplay en tout. Dix minutes d’un concert de casseroles et de klaxons ne pourraient suspendre la vie de ce charmant pays qui vit en permanence dans un gigantesque vacarme nocturne et diurne. Apparemment, si ce concert était pour dire notre affection à notre bien aimé président, on ne nous sortirait pas toutes ces litanies. Mais voilà, ce soir on saura si le pays porte le Chef dans le cœur. Moins de bruit, il est dans les cœurs, plus ça fera fort, plus il saura décrypter le message ou se le faire décoder… KACCOOR BI (LE TEMOIN)
GUY MARIUS SAGNA EN PRISON À ZIGUINCHOR
Le secrétaire exécutif de Frapp France Dégage a été placé sous mandat de dépôt après son retour de parquet. Guy Marius Sagna, Tom Mbodj et les autres manifestants arrêtés seront jugés mardi. Le leader de Frapp France Dégage rejoint les autres dirigeants de Yewwi Askan Wi que sont Déthié Fall, Ahmed Aïdara et la députée Mame Diarra Fam interpellés pour marche interdite le 17 juin dernier. Si pour Déthié Fall et Mame Diarra Fam, on pourrait connaître leurs sorts ce mercredi lors de leurs jugements en flagrant délit, pour Ahmed Aïdara, il faudrait attendre vendredi prochain pour être fixés sur son sort.
LE CALVAIRE DES POPULATIONS DE GOUREL OUMAR LY
Les populations du village de Gourel Oumar Ly, frontalier à la région de Kaédi, en République islamique de Mauritanie, dans le département de Matam, vivent un véritable calvaire en ce début d’hivernage. Le mauvais état des routes fait que le village est souvent coupé du reste du monde. En effet, dès qu’il pleut, les routes impraticables « confinent » les populations qui ne peuvent ni entrer, ni sortir du village. Pour rallier la Mauritanie, c’est encore pire. Les populations doivent emprunter une voie boueuse.
BOUGANE N’A PAS RENDU VISITE À AMETH AIDARA
Entre Ameth Aïdara, le maire de Guédiawaye, et son ancien patron, Bougane Gueye Dany, la distance continue de se creuser. Ameth qui avait peu goûté la tournure des injonctions du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) avait illico presto monté une chaîne YouTube 2A TV qui cartonne véritablement sur la toile avec des vues record pour ne pas dire stratosphériques. Alors quand Ameth Aidara est embastillé et gardé à vue pendant 48 h dans les locaux du commissariat de Guédiawaye et qu’il ne reçoit aucun message de soutien encore moins de visite de son ancien patron, les gens se posent naturellement des questions sur l’état de leurs relations…
ECHAUFFOURÉES À L’UCAD
L’anticipation ce lundi par les étudiants de l’opposition des concerts de casseroles préconisés par le leader du Pastef, Ousmane Sonko, à compter de ce mercredi à 20h, n’a pas été du goût d’autres étudiants proches de la mouvance présidentielle. Des affrontements ont ainsi eu lieu, hier dans la soirée, quand les partisans de Ousmane Sonko ont voulu redémarrer, avant l’heure, leur concert. Selon un étudiant de Pastef inscrit au département géographie, des camarades affiliés au Mouvement des Elèves et Étudiants Républicains (MEER) les ont attaqués pour saboter la manifestation. Les échauffourées entre les deux camps auraient fait un blessé du côté des étudiants de l’opposition. Le moins que l’on puisse dire est que la cacophonie régnait dans l’antre du savoir. Le concert de casseroles et vuvuzela était on ne peut plus bourdonnant. Nous imaginons de là ce que ça va donner ce soir à 20h si tout le monde s’y met.
MISSION PÉRILLEUSE POUR DAME DIOP
Nos radars ont filmé lundi une houleuse rencontre entre le ministre Dame Diop et les maires du département de Kédougou. Cette rencontre tenue à Dakar et élargie à d’autres responsables kédovins avait pour but de concilier les positions des uns et des autres afin d’accorder le maximum de suffrages au candidat titulaire du département Ousmane Sylla et sa suppléante Kadidiatou Doucouré. Les participants de la rencontre qui n’ont ni validé, ni invalidé le projet du ministre Dame Diop ont déploré cependant l’absence de la députée Dya Ndiaye, incontournable dans le département. Dame Diop qui doit retourner à Kédougou la semaine prochaine y est attendu de pied ferme.
MANIFESTATION DU 17 JUIN LE BILAN S’EST ALOURDI !
La liste des victimes de la manifestation de vendredi dernier s’est allongée. Serigne Mame Sankhé, un jeune asthmatique, âgé de 35 ans, a perdu la vie dimanche après avoir souffert sur son lit d’hôpital durant 48 heures. « Il est décédé hier à l’hôpital de Fann. Il travaillait à Colobane le 17 juin. Il a eu une crise avec la fumée des grenades lacrymogènes qu’il a inhalée alors qu’il est asthmatique. Il a souffert ces derniers jours, avant de succomber. Il ne manifestait même pas», a indiqué, au micro de la Rfm, Makhtar Sankhé, un proche de la victime. La victime a été inhumée à Mbacké.
SANTE LA F2S ANNONCE UNE GRÈVE GÉNÉRALE DE 72 H À PARTIR DE MERCREDI
On pensait que les turbulences dans le secteur de la santé étaient terminées suite aux accords signés le 10 mai dernier avec l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr. Que nenni. La Fédération des syndicats de la santé (F2s) observe un mot d’ordre de grève de 72h, les mercredi 22, jeudi 23 et vendredi 24 juin 2022. Les syndicalistes prévoient lors de ce mouvement d’humeur de retenir les informations sur les données sanitaires nationales. Aussi, une marche nationale est prévue le 30 juin 2022 et une grève générale les 29, 30 juin et 01 juillet 2022. Entre autres points de sa plateforme revendicative, la fédération des syndicats de la santé exige la matérialisation des engagements pris par l’Etat le 10 mai, notamment la valorisation du régime indemnitaire, aussi bien pour les agents de la fonction publique que pour le personnel contractuel.
HOPITAL MAME-ABDOUL-AZIZ-SY : L’AUDIT RECLAME PAR LE CHEF DE L’ETAT EST EN COURS
L’audit réclamé par le président de la République sur l’hôpital Mame Abdoul-Aziz-Sy de Tivaouane (ouest) est en train d’être mené, a assuré, mardi, la ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Mme Ndiaye a donné cette assurance après avoir rencontré le personnel de cet établissement de santé et les délégués de la coalition syndicale ‘’And Gueusseum’’ selon l’APS. Elle effectuait sa première visite dans cet hôpital public depuis qu’elle a été nommée ministre de la Santé et de l’Action sociale, le 26 mai dernier, en remplacement d’Abdoulaye Diouf Sarr. M. Sarr a été démis de ses fonctions à la suite d’un incendie qui a coûté la vie à 11 nouveau-nés à l’hôpital Mame-Abdoul-Aziz-Sy. L’audit réclamé par le chef de l’Etat est conduit par l’Inspection générale d’Etat, en même temps qu’une enquête interne est effectuée dans cet hôpital, a rappelé Marie Khémesse Ngom Ndiaye. ‘’Il y a une grande évaluation, sous forme d’audit, de l’unité de néonatalogie’’ dudit établissement de santé, a-t-elle dit en parlant de l’audit demandé par Macky Sall à la suite de la mort des nouveau-nés. Outre le fait de déterminer les causes de l’incendie, l’audit permettra d’‘’aller vers un avenir meilleur en essayant de réduire les risques’’ dans cet établissement de santé qui recevra, selon la ministre de la Santé et de l’Action sociale, du matériel médical fourni par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Macky Sall a promis de doter Tivaouane d’un hôpital de niveau 3, qui sera mieux équipé que celui dont dispose la ville actuellement, a-t-elle rappelé. Le chef de l’Etat est attendu dans cette ville, samedi prochain, pour la cérémonie de pose de la première pierre de cette infrastructure de santé, selon Mme Ndiaye. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale ne peut ‘’forcer la main à la justice’’, a-t-elle répondu aux délégués syndicaux qui réclament la libération de trois de leurs camarades placés en détention à la suite de l’incendie de l’hôpital Mame-Abdoul-Aziz-Sy. Marie Khémesse Ngom Ndiaye dit toutefois comprendre l’attitude des sages-femmes et des infirmières de l’hôpital, qui l’ont accueillie avec des brassards rouges, signe de leur mécontentement causé par l’arrestation de leurs collègues. Des leaders d’‘’And Gueusseum’’ ont rencontré des autorités religieuses de la région de Thiès et ont profité de la visite de la ministre de la Santé et de l’Action sociale pour lui remettre un mémorandum en vue de la libération des agents de santé arrêtés.
JUSTICE ASSANE MBACKÉ KHELCOM ET CIE JUGÉS DEVANT LA CHAMBRE CRIMINELLE
Le chef religieux Assane Mbacké Khelcom et Cie seront jugés devant la chambre criminelle. Ce qui va prolonger leur séjour carcéral puisque, hier, le tribunal des flagrants délits de Dakar s’est déclaré incompétent pour les juger. Poursuivis pour actes contre nature, corruption et détournement de mineurs, Serigne Assane Mbacké Khelcom, le chanteur religieux Khadim Samb dit Djimbory, le réceptionniste de l’hôtel Nina, Abdourahmane Lô, le commerçant Ibrahima Badiane alias « Maître l’Ouest » et le menuisier Baïdy Hamady Sow ont été déférés puis placés sous mandat de dépôt, jeudi dernier. Hier ils ont été conduits à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. À l’ouverture de l’audience, le maître des poursuites a soulevé une exception d’incompétence. Selon lui, à la lecture du procès-verbal d’enquête, il est à relever que les faits puissent revêtir un caractère de viol. « Je vous invite à vous déclarer incompétent pour permettre au ministère public de mieux se pourvoir », a souligné le parquetier. Les avocats de la défense, eux, ont estimé qu’on était en flagrant délit et que cette affaire devait être jugée. Selon Me Abdoulaye Tall, un des avocats de la défense, le tribunal est saisi d’un procès-verbal de flagrant délit. « Le tribunal ne peut pas dire que les faits peuvent revêtir un caractère criminel. En l’état, je pense que le tribunal a été régulièrement saisi. Je crois que les infractions retenues contre nos clients relèvent de votre compétence. C’est pourquoi je vous demande de vous déclarer compétent pour juger ce dossier. Le parquet est mal fondé pour relever l’incompétence du tribunal », a précisé la robe noire. Me Daff, un autre avocat de la défense, a abondé dans le même sens que son confrère Me Tall. Au final, le président du tribunal des flagrants délits de Dakar s’est déclaré incompétent et l’affaire sera jugée devant la barre de la chambre criminelle. Serigne Assane Mbacké et Cie devront donc patienter longtemps en prison avant d’être fixés sur leur sort.