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16 juin 2025
PAR Hamidou Anne
VOS ATTAQUES SONT NOS MÉDAILLES
Parler et agir dans l’espace public, distiller un discours de justice, d’égalité, de progrès est un impératif même si notre pays est dans une séquence folle ; séquence qui le confine à bannir la mesure pour sacraliser l’outrance
Dans le débat national, le sujet des insultes et des menaces sur internet devient central. Internet est conçu pour purger toute possibilité de mesure et de nuance. L’opinion y supplée le propos argumenté. De plus, les réseaux sociaux, par l’effet entraînant du groupe, valorisent ce que les psychologues appellent la polarisation des opinions qui deviennent de plus en plus extrêmes.
Le propre de ce nouvel outillage est de libérer la parole, de faire de chacun, de sa chambre, un producteur de contenus plus ou moins respectables. Dans ce fourre-tout verbal, il est impossible de trier la parole censée être dite contre celle qu’on juge infamante. Internet n’est que le reflet de la société et des divers courants, tendances et postures qui la traversent. Dans son film, L’Ecole du pouvoir, Raoul Peck fait dire à un de ses personnages, qui joue le rôle de directeur de l’Ena : «Il y a 20% de crétins dans chaque assemblée.»
Le chef de l’Etat s’est exprimé récemment sur la nécessité de mettre un terme aux abus sur les réseaux sociaux. C’est peine perdue pour une société démocratique. A moins d’être la Corée du Nord de monsieur Kim Jong Un ou la Russie de monsieur Poutine, il est impossible d’arriver à une purification de la parole sur internet.
J’abhorre la tentation irréelle voire dangereuse d’une société bâtie sur une forme d’hygiénisme moral. De surcroît, un âge d’or où toutes les opinions étaient respectables n’a jamais existé. Rêver la répression des opinions violentes, mais qui ne versent pas dans l’illégalité, est un vieux fantasme des autocraties qu’il faut bannir dans une nation démocratique.
Mener la bataille contre les vulgaires roquets du net, c’est, de la part des médias et des politiciens irresponsables, cesser d’en faire des modèles ; c’est ignorer leurs ridicules frétillements, et miser sur le temps long de la réparation de la nation à travers l’école et la culture comme ferments d’une société mûre.
Je concède qu’il n’est jamais agréable d’être la victime d’une meute sauvage et bête qui fait usage d’une violence verbale inouïe. Elle use de mensonges et de mots graveleux pour salir et d’insultes pour faire peur afin de délégitimer une pensée, qui ne va pas dans le sens de son code moral ou de ses adhésions politiques ou confrériques. Cette violence est instrumentalisée, voire dictée par des hommes politiques dont c’est la marque de fabrique du courant auquel ils appartiennent ; et ce dans tous les pays démocratiques. Beaucoup d’acteurs politiques, d’intellectuels, d’universitaires, de militants et de journalistes sont tétanisés à l’idée de prendre la parole publiquement par crainte de la meute. Des journalistes politiques me disent avoir du mal à faire venir des penseurs dans les médias, car ceux-ci n’osent plus exprimer une opinion qui, en dérangeant une meute, les soumet à sa furie.
A toutes ces personnes, je pose cette question : pourquoi vous battez-vous ? Grandir, c’est dépasser ses peurs. Ce sont les enfants qui restent dans la peur et n’arrivent pas à la dépasser. Se blottir dans son coin, trembler au moindre tweet, post Facebook ou vidéo d’un vulgaire ignorant c’est donner la possibilité à nos nouveaux tyrans de nous infantiliser, de régir nos vies alors qu’ils ne font montre au quotidien que de leur ignorance et de leur manque de tenue.
Parler et agir dans l’espace public, distiller un discours de justice, d’égalité, de progrès est un impératif même si notre pays est dans une séquence folle ; séquence qui le confine à bannir la mesure pour sacraliser l’outrance qui relève de l’extrémisme ou de la pensée de comptoir. Parler, écrire, c’est documenter le basculement que nous vivons afin de laisser à la postérité les clefs de compréhension du processus par lequel un pays s’abaisse, se délite, sombre et disparaît dans les abîmes de la guerre civile.
Je suis attaché aux libertés publiques, au débat contradictoire et à la conflictualité en politique ou dans le champ des idées. Peu ont expérimenté le degré de cyberharcèlement dont je suis victime depuis des années, eu égard à mon choix de déranger des castes, des conforts moraux, des discours intolérants, islamistes et réactionnaires. Répondre à mes contradicteurs qui, pour argument, n’ont que l’insulte et le mensonge, c’est donner une existence, même éphémère, à cette fragilité conceptuelle qui irrigue leur nature excessive donc insignifiante. Ils ne méritent que mon mépris.
L’écrivain Edouard Louis, répondant à une question sur les attaques dont il est l’objet répond : «Je m’en fiche. Les attaques, je les porte toujours comme des médailles. Je n’aimerais pas être un auteur pas attaqué. Aux auteurs épargnés, je leur demande : comment vivez-vous le fait de ne pas être attaqués ? N’avez-vous pas l’impression de faire quelque chose qui ne change rien au monde ?»
LE SENEGAL DANS L’INCONFORT DES MAL-CLASSÉS DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE
Le Sénégal a perdu 24 places au classement Rsf sur la liberté de la presse du fait des évènements de mars 2021 mais aussi des insuffisances notables dans les lois et règlements qui encadrent le fonctionnement des médias au Sénégal. Seulement, le ministre de la Culture et de la communication Abdoulaye Diop se réjouit «des grands pas franchis en matière de liberté de la presse».
Dans le classement de Reporters sans frontières (Rsf) sur la liberté de la presse, le Sénégal pointe à la 73e place, perdant 24 places par rapport au classement de l’année dernière. Comment le Sénégal s’est-il retrouvé dans cette position plus qu’inconfortable pour un pays qui se veut un modèle de démocratie et de liberté d’expression ? La réponse est à chercher en grande partie dans les violents évènements qui ont eu lieu en mars 2021. Ces quelques jours durant lesquels des Sénégalais ont exprimé leur colère d’une façon violente et meurtrière avec un bilan de 14 morts et de centaines de blessés, ne pouvaient pas rester sans conséquence. Selon le Directeur Afrique de l’Ouest de Reporters sans frontière (Rsf) Sadibou Marone, ces évènements ont pesé lourd dans les réponses fournies pas les journalistes seniors et les sociologues qui ont répondu aux 123 questions de Rsf pour la réalisation de ce classement. Outre les violences et leur cortège de morts, Rsf pointe également les menaces et violences dont des journalistes ont été victimes. On se rappelle que les locaux du quotidien national Le Soleil avaient été vandalisés et de la Radio Futurs médias sur la corniche où plusieurs journalistes avaient vu leurs véhicules réduits en cendre. Et c’est pendant ces mêmes évènements que le Conseil de régulation de l’audiovisuel (Cnra) avait pris la décision de suspendre la diffusion de deux chaînes de télévision, SenTv et Walfadjri. Et on avait aussi assisté au spectacle désolant d’un Préfet de Dakar ordonnant aux Forces de l’ordre de charger des journalistes. Autres facteurs pointés par Rsf, le manque de pluralisme politique sur la télévision nationale ou l’absence d’une loi sur l’accès à l’information et certaines dispositions du Code de la presse jugées «liberticides».
Le tableau optimiste de Abdoulaye Diop
Ce lugubre tableau de la presse sénégalaise ne semble pourtant émouvoir que les professionnels des médias. Le ministre de la Culture et de la communication présente en effet, un tout autre tableau de la situation. Dans son message de vœux adressé à la presse sénégalaise à l’occasion du 3 mai qui marque la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Abdoulaye Diop assurait que «le Sénégal a franchi de grands pas en matière de liberté de la presse et de soutiens publics aux médias». Il suffit pourtant de prêter l’oreille à l’actualité du pays pour entendre les dysfonctionnements récurrents dans les maisons de presse. Excaf, Agence de presse sénégalaise (Aps), Radiotélévision du Sénégal (Rts), Le Soleil, la liste des médias en crise est longue. Entre arriérés de salaires, banqueroute et conflits latents avec les responsables, la presse vit des moments difficiles. Adopté en 2017, le nouveau Code de la presse n’est pas encore totalement en application tout comme beaucoup de patrons de presse snobent la nouvelle convention collective. Et comme le pointe Rsf, l’installation à la tête des médias d’Etat, de leaders politiques ouvertement engagés dans le parti au pouvoir, ne favorise pas le pluralisme dans ces médias. La même observation est aussi valable pour certains médias privés. «Le plus important, c’est de considérer que ça peut servir de réveil pour le Sénégal qui avait jusque-là de bons classements et qui doit essayer de réfléchir de manière approfondie et froide sur ces résultats. Ceux qui ont fait ce travail l’ont fait dans une démarche scientifique. Il y a beaucoup de problèmes mais il y a des acquis aussi», estime M. Marone en saluant notamment la mise en place du Conseil d’observation des règles d’éthique et de déontologie (Cored) ainsi que le Fonds d’appui au secteur de la presse qui vient remplacer l’aide tant décriée.
Ignorant sans doute toutes ces situations qui relèvent pour¬tant de sa tutelle, Abdou¬laye Diop encense une politique publique qui se distingue surtout par la lenteur avec laquelle elle applique les lois adoptées par ses députés. Mais qu’à cela ne tienne, du point de vue du ministre, l’Etat du Sénégal reste sur la bonne voie. «L’Etat s’est résolument engagé pour une presse indépendante, forte et professionnelle, à la lumière du Code de la presse et de la Convention collective, textes pour lesquels toutes les dispositions sont prises pour une application rigoureuse et effective», dit-il dans son message de vœux à la presse.
Mais en définitive, en 2021 comme en 2022, les mêmes germes risquent de donner les mêmes fruits. Les menaces à peine cachées que distillent les militants des partis politiques, mettent de fait, en danger les journalistes. Les médias en général, vivent une crise aux soubassements économiques mais dont les manifestations sont à la fois éthiques et déontologiques.
«IL FAUT ALLER VERS UNE DOMESTICATION DU DROIT INTERNATIONAL»
Le ministre de la justice a procédé hier à l’ouverture de la deuxième session extraordinaire de formation en Droit international qui se tient à Dakar, du 9 au 12 mai, en présence du Procureur général près la Cour suprême, du bâtonnier de l’ordre des avocats, ainsi que des ambassadeurs de la république française et de la république d’Allemagne. Profitant de cette tribune, Me Malick Sall a invité les juges à aller vers une domestication du Droit international.
Le Sénégal a réalisé des prouesses en matière de reconnaissance du Droit international, à travers l’adhésion à divers conventions et traités en matière de Droits humains et de gouvernance. Cependant l’intégration dans certaines législations nationales des dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme marque, dans une certaine mesure, l’ambition de domestiquer lesdites conventions internationales et régionales. Du moins, c’est la conviction du ministre de la justice qui en a fait le plaidoyer hier lors de la deuxième session extraordinaire de formation en Droit international.
Selon Me Malick Sall, les mécanismes de réception, n’étant pas les mêmes dans les différents ordres juridiques des Etats, doivent amener ces derniers à envisager la domestication des droits et conventions internationaux.
Dans la mesure où, renseigne-t-il, les disparités notées à ce niveau peuvent justifier, en partie, les difficultés voire les réticences apparues dans l’appropriation des instruments juridiques internationaux par les juges. D’où l’urgence pour lui de lancer le processus de domestication du Droit international. Laquelle domestication devrait favoriser, selon le garde des Sceaux, une forte adhésion aux instruments juridiques internationaux et inciter à y recourir davantage dans le règlement des litiges portant sur des matières régies par ces textes.
Toutefois, il alerte sur les risques liés au changement, notamment sur le travail des juges. « Il convient de faire remarquer que la nécessité d’effectuer des changements place le juge devant un dilemme délicat, puisque le changement peut parfois être préjudiciable à la sécurité, à la certitude et à la stabilité », rappelle-t-il au passage. Pour y parer, il invite les juges à concilier la nécessité du changement et la nécessité de stabilité, convaincu qu’une stabilité sans changement conduit à la dégénérescence, pis, à l’anarchie.
Rappelant en outre le rôle du juge, il révèle qu’il doit contribuer à faire coïncider les besoins de la société et le droit sans toutefois permettre au système juridique de dégénérer ou de basculer dans l’anarchie. « Le juge doit garantir la stabilité dans le changement ainsi que le changement dans la stabilité », précise Me Malick Sall. Cependant, le garde des Sceaux met en garde les juges contre la complexité du droit qui, rappelle-t-il, n'est pas seulement composé de logique ou de vécu, mais combine plutôt les deux. Revenant en outre sur la thématique retenue cette année, à savoir « la Justice et de l’Etat de droit », il renseigne que la notion d’Etat de droit est assimilée à un État dans lequel les normes juridiques sont hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée.
A l’en croire, en dépit des trajectoires historiques spécifiques à chaque Etat et des contingences géographiques, les exigences de la mondialisation obligent désormais le juge à davantage se hisser au cœur des préoccupations de sa société. Autrement dit, il estime qu’il est de plus en plus demandé au juge et à l’institution judiciaire de jouer un rôle déterminant dans la refondation du contrat social entre les citoyens et les institutions supposées les servir.
Une extension du champ d’intervention du juge qui, de l’avis de Me Malick Sall, est dictée par une aspiration au passage d’un État légal à un Etat de droit garantissant les libertés fondamentales aux citoyens.
APPRÉHENDER L’ETAT DE DROIT, C’EST ACCEPTER LE PLURALISME JURIDIQUE
Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, premier président de la Cour Suprême du Sénégal estime qu’il faut repenser le concept d’Etat de droit, notamment dans un monde en pleine mutation
Prenant part hier à la deuxième session de formation en Droit international, le premier président de la Cour Suprême s’est fortement réjoui de la réussite de la première session qui s’était tenue en mai 2021 à Dakar. Toutefois, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly estime qu’il faut repenser le concept d’Etat de droit, notamment dans un monde en pleine mutation.
Selon Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, la formation continue pour les acteurs de la justice est essentielle afin d’assurer une bonne distribution de la justice. Dans la mesure où des personnels bien formés, se remettant souvent en cause, peuvent contribuer au renforcement de la confiance des justiciables en l’institution judiciaire par la qualité des décisions qui sont rendues.
Dans un contexte mondial marqué par des conflits multiformes, souligne le premier président de la Cour suprême, «l’Etat de droit semble être en crise de légitimité au point que certains auteurs se proposent de s’en passer. Tandis que d’autres proposent de le repenser fondamentalement dans un contexte d’Etat post moderne. Repenser le concept, car son contenu et même sa signification peuvent évoluer, comme tout phénomène juridique, confronté à l’évolution des sociétés humaines».
Pour le haut magistrat, l’Etat de droit est attaché à l’idéal de justice qu’il s’agit d’un mode de limitation du pouvoir qui vise à éviter l’arbitraire. «C’est pourquoi, ce concept qui constitue une valeur de référence aujourd’hui, au même titre que le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l’égalité ainsi que le respect des droits de l’homme, n’a de sens, que si son effectivité est garantie par un pouvoir judiciaire qui exerce pleinement un contrôle juridictionnel efficace».
En effet, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly indique que le principe de l’Etat de droit ne trouve sa garantie que dans une société démocratique dans laquelle la séparation des pouvoirs est assurée avec une justice capable de répondre aux attentes légitimes des citoyens. «Pour cela, les Etats doivent êtres être suffisamment armés ou plutôt formés pour faire face aux nouveaux défis de l’Etat de droit et qui n’épargnent aucune société moderne. Des fondamentaux, qui pousse à une réflexion sur le rôle et la place de la justice face à la démultiplication des crises qui remettent en cause l’Etat de droit». Entre autres crises, on peut citer celles identitaire, sécuritaire, environnementale, la tyrannie des réseaux sociaux, le développements des «fakes news» etc…
Dans ce paysage sombre, il estime que l’éclair de lumière peut venir de la justice. «D’où l’urgence de redonner confiance, rassurer, apaiser pour apparaitre, non pas comme le seul protecteur du citoyen, mais comme le meilleur protecteur des droits des citoyens. L’action des juges doit sonner comme un rappel à l’ordre. Car l’Etat de droit, qui est un Etat soumis au droit, n’est effectif que si des mécanismes appropriés permettant effectivement de sanctionner et de réparer, sont mis à la disposition des citoyens. Appréhender l’Etat de droit aujourd’hui, c’est accepter le pluralisme juridique, qui suppose un dialogue des juridictions par des influences croisées».
SADIO MANÉ VERS LA BUNDESLIGA ?
Le Bayern Munich est en discussion avec Sadio Mané. L'élimination prématurée du club bavarois de la Ligue des Champions devant Villarreal a beaucoup fait parler en Allemagne.
Sous contrat jusqu'en juin 2023 avec Liverpool, Sadio Mané est dans le collimateur du Bayern Munich. Alors que les discussions pour une prolongation entre le représentant du champion d’Afrique et les dirigeants du club anglais étaient en bonne voie, le club bavarois pourrait tout chambouler. En effet, l’actuel directeur sportif du club allemand, Hasan Salihamidžić, a rencontré le week-end dernier l’agent du natif de Bambaly pour un transfert dès cet été.
Le Bayern Munich est en discussion avec Sadio Mané. L'élimination prématurée du club bavarois de la Ligue des Champions devant Villarreal a beaucoup fait parler en Allemagne. C’est à la suite de cela que Hasan Salihamidžić, le directeur sportif du club de la Bavière, a évoqué le mercato estival et admis que le Bayern Munich devait se renforcer dès l'été. La direction bavaroise souhaiterait frapper fort et s'offrir un attaquant de classe mondiale. Selon les informations de «Sky Sports Germany», le champion d’Afrique est une priorité pour les dirigeants de l’actuel champion de la Bundesliga, à l'issue de la saison. La direction du club allemand a d'ailleurs rencontré l'entourage de l'international sénégalais le week-end dernier afin d'évoquer son avenir.
Arrivé à Liverpool en 2016, le joueur formé à Génération Foot (Sénégal) n’a toujours pas prolongé à Liverpool alors que son contrat expire en 2023. Une situation inconfortable pour la direction anglaise, et dont le Bayern Munich aimerait profiter. Même si la presse anglaise annonçait la semaine dernière que les discussions pour une prolongation entre les représentants du joueur sénégalais et les dirigeants du club anglais avançaient bien, le Bayern Munich pourrait tout chambouler.
VERS UN ÉCHANGE AVEC GNABRY ?
Pour faire venir l’international sénégalais en Bundesliga, le Bayern Munich serait prêt à se séparer de Leroy Sané qui ne ferait pas l'unanimité chez le récent Champion d'Allemagne. L'avenir de Serge Gnabry soulève également une question, puisque l'international allemand est dans une situation délicate et arrive dans sa dernière année de contrat. De plus, le Bayern, en cas de vente de Sané ou Gnabry, serait en mesure d'accepter les conditions salariales de l'attaquant des Reds. Auteur de 14 buts en 32 matchs en Premier League cette saison, le joueur âgé de 30 ans est évalué à 80 millions FCFA.
L’APR, UN DANGER POUR L’APR
Pour battre l’opposition lors des prochaines élections législatives, le chef de l’État ne devra pas se limiter à confectionner les listes et croiser les bras. Macky Sall a également intérêt à surveiller les responsables de l’Alliance pour la République
Pour battre l’opposition lors des prochaines élections législatives, le chef de l’état ne devra pas se limiter à confectionner les listes et croiser les bras. Macky Sall a également intérêt à surveiller les responsables de l’Alliance pour la république comme du lait sur le feu quant au respect de ses directives. Parce qu’il est fréquent de voir des membres de l’Apr battre campagne contre la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), du fait simplement qu’ils ont été zappés par le locataire du Palais dans ses choix pour les candidats devant défendre les couleurs du pouvoir lors de joutes électorales.
Après mûre réflexion, le Président Macky Sall est arrivé à la conclusion selon laquelle Aminata Touré est la meilleure option pour conduire la liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) à la victoire, lors des prochaines élections législatives. Mais si le chef de l’État veut que la mouvance présidentielle sorte victorieuse des joutes électorales prévues le 31 juillet, il faudra qu’il maintienne la pression sur les responsables de l’Alliance pour la République (Apr) pour que son choix porté sur l’ancienne patronne du Conseil économique social et environnemental (Cese) porte ses fruits. Car les faits montrent que le plus grand ennemi de l’Apr, quand il s’agit d’élections, c’est l’Apr elle-même.
L’histoire récente du parti du président est jalonnée de brouilles, de combines et de crocs-en-jambe entre camarades aperistes où souvent l’égoïsme des uns l’emporte. Quand on se rappelle ce qui s’est passé, on se rend compte que tout se joue au sein du parti au pouvoir. Autrement dit, si l’Apr joue le jeu, le Président Macky Sall peut bel et bien obtenir une majorité écrasante. Mais si les apéristes font le remake des Locales, la bérézina sera inévitable. Et bonjour la descente aux enfers pour tous. Par exemple, aux Parcelles Assainies, il est établi que des proches d’Amadou Ba, de Mbaye Ndiaye et du député Badara Diouf ont voté contre Bby pour sanctionner Moussa Sy. Conséquence : c’est un locataire qui a battu la liste de la mouvance présidentielle.
A Guédiawaye, les observateurs avertis savent que ce sont les membres de l’Apr et quelques alliés qui ont sanctionné Aliou Sall, candidat de la coalition au pouvoir lors des dernières joutes électorales, appelant leurs militants à voter contre lui. Même son de cloche à Rufisque où c’est aussi les gens de l’Apr qui ont fait des listes parallèles, divisant l’électorat du parti au pouvoir. Dans la capitale du Rail également, ce sont les responsables de l’Apr qui ont sanctionné Idrissa Seck parce que depuis son arrivée dans la mouvance présidentielle, ces derniers disent qu’il ne s’occupe que de lui-même.
En résumé, il est aisé de dire que presque dans toutes les localités où Bby a perdu lors des élections locales, les responsables de l’Apr n’ont pas voulu jouer le jeu et respecter les directives du Président Macky Sall. Ce qui fait qu’en perspective des prochaines élections législatives, si le chef de l’État veut gagner, il faudra qu’il mette de l’autorité dans les rangs de l’Apr et impose son autorité à son parti. Il lui faudra aussi un bon coaching, quand on sait qu’à Dakar où la mouvance présidentielle a des chances de gagner, les partisans de Diouf Sarr risquent de prendre leur revanche sur Amadou Ba, s’il est désigné tête de liste etc .
LE BUSINESS FLORISSANT DANS LES PRISONS
Interdiction de faire entrer les repas, du sucre dans une tasse de thé à 125 FCFA, communication téléphonique à 60 FCFA la minute
Il est fréquent d’entendre d’ex-détenus dénoncer les mauvaises conditions d’incarcération dans les prisons. Ce que l’on ne savait pas, c’est qu’un business florissant est entretenu dans les prisons sur le dos des détenus. Cette situation a été éventée hier par le coordonnateur du mouvement Frapp France Dégage, Guy Marius Sagna qui, en compagnie des familles des détenus de Kaolack, animait un point de presse.
«Il y a quelque chose d’inacceptable qui se produit dans les prisons. Jusqu'à présent, les prisonniers du Camp pénal sont interdits de recevoir les repas de leurs familles sous le prétexte fallacieux du coronavirus, alors que les gens s’entassent dans les stades pour suivre des matches ou des concerts», s’insurge Guy Marius Sagna qui informe qu’un business florissant est entretenu au Camp pénal sur le dos des détenus. «A l’intérieur de la prison, il y a trois tangana qui vendent et versent, chacun, 5 000 FCFA par jour à l’administration pénitentiaire. Cela fait près de 500 000 FCFA le mois. Où va cet argent ? Mystère et boule de gomme», a indiqué le coordonnateur du mouvement Frapp France Dégage, lors du point de presse qu’il animait hier. Pour que les tangana marchent, affirme monsieur Sagna, il faut empêcher que les repas des familles entrent dans les prisons. «En plus, les boutiques sont interdites de vendre des œufs. Tout cela pour pousser les prisonniers à aller acheter des œufs au niveau des tangana. Nous exigeons que le petit-déjeuner, le déjeuner ou le dîner que les familles veulent donner à leurs parents détenus puissent entrer au Camp pénal. Ce qui se passe au Camp pénal est de la prison business»
PLUS DE 20 DÉTENUS SONT SORTIS DU CAMP PÉNAL ET TRANSFÉRÉS À LA PRISON DE KAOLACK
Le deuxième point abordé par Guy Marius Sagna est relatif à la situation des détenus de Kaolack. «Plus de 20 détenus dont les parents se trouvent tous à Dakar ont été amenés à Kaolack, il y a un mois. L’administration pénitentiaire a ce droit. Il est important que l’Etat, dans les décisions qu’il prend et exécute, y mette une forte dose de social. Ces familles n’ont pas les moyens d’apporter tous les jours à manger à leurs enfants à Kaolack», souligne-t-il avant de révéler que les prisonniers de Kaolack achètent du sucre dans un verre de thé à 125 FCFA. «C’est scandaleux de profiter des prisonniers en vendant à des prix inacceptables. A la prison de Kaolack, il n’y a qu’un seul robinet pour plus de 250 détenus. Dans les chambres, il n’y a pas d’eau. Et les toitures des cellules sont en zinc. Les 10 secondes de communication téléphoniques sont facturées à 60 FCFA. C’est du business fait sur le dos des prisonniers», s’offusque Guy Marius Sagna.
A l’en croire, proposition avait été faite aux autorités d’auditer les 37 prisons du Sénégal. «Depuis 5 jours, certains prisonniers sont en cellule d’isolement, parce qu’ils protestaient contre certaines pratiques dont ils font l’objet.»
Par ailleurs, le leader de Frapp est très sensible au sort des agents pénitentiaires qu’il juge profondément injuste. Il estime que ces derniers font partie des agents de défense et de sécurité les plus mal payés. «Ils sont mal payés en termes de salaire, d’avantages, de primes et d’indemnités. Mais quelle que soit leur situation, ces agents pénitentiaires que nous défendons ne doivent pas s’acharner sur des détenus ou profiter d’eux pour arrondir leurs fins de mois», assène monsieur Sagna qui craint qu’il éclate, un jour, une mutinerie dans les prisons. «Nous tirons la sonnette d’alarme. Après, nous allons nous concerter pour voir ce que nous pouvons faire d’autre. Dans les jours à venir, nous allons parler d’un plan d’actions que nous allons dérouler», indique-t-il. Faisant partie des parents de détenus, Thierno Aliou Bâ demande aux autorités, notamment au ministre de la Justice et à la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap) de leur ramener leurs enfants à Dakar.
En pleurs, Salimata Ndiaye veut plus de compassion pour les détenus, notamment ceux qui sont à Kaolack. «Nous voulons qu’ils respectent leurs droits, car ils sont des humains et non des animaux», tranche-t-elle.
Par Ndiapaly Guèye,
UNE SOCIÉTÉ EN PLEINE MUTATION S’ENFONCE INEXORABLEMENT DANS UNE DÉCHÉANCE MORALE
Entre la violence et la nature humaine, existe une très longue tradition rythmée de crimes odieux, de trahisons et d’intolérance.
Entre la violence et la nature humaine, existe une très longue tradition rythmée de crimes odieux, de trahisons et d’intolérance. Le bien et le mal sont deux paramètres que seule la conscience bonne ou mauvaise peut transcender. Jusqu’à la fin des temps, la violence et la magnanimité chemineront ensemble dans une même société où seule la conscience sera l’arbitre. Car comme le disait l’autre : « la personne a trois juges, Dieu, le Peuple et la Conscience. La conscience est le plus terrible parmi eux.» Seule l’éducation, l’instruction et le retour à nos valeurs traditionnelles restent des gages de stabilité sociale.
Ce qui est très grave dans l’histoire du meurtre de Bargny, c’est la moyenne d’âge de 7 ans pour la victime, 12 ans pour la fille et 17 ans pour le garçon. Un âge où ils devraient tous se trouver à l’école pour s’instruire et non dans un bâtiment isolé pour s’adonner à des pratiques malsaines. Ne nous voilons pas la face en fuyant le vrai débat. Il s’agit d’une vraie problématique liée à l’éducation des enfants par ceux et celles qui les auront mis au monde. Pourtant, ils ne l’auront pas demandé. L’irresponsabilité parentale commence à gagner nos foyers. L’assassinat à Bargny de la fillette de 7 ans du nom de Anta Ndiaye par un psychopathe, plongeant toute une ville dans l’émoi, n’est qu’une suite logique dans la façon dont notre mode de vie sociétal fonctionne.
L’apologie de la violence érigée en règle et la tolérance en exception
Les citoyens ne sont plus regardants aux moindres gestes et attitudes des uns et des autres fussent-ils menaçants. Chacun est de plus en plus préoccupé par ses activités personnelles. Certes, loin de dédouaner nos forces de défense et de sécurité (FDS) face aux scènes de crimes sanguinolentes et mortifères auxquelles nous assistons quotidiennement. Il ya lieu, par contre, de reconnaître qu’aucun pays au monde ne peut assurer sa sécurité à 100%. La perfection n’est pas de ce bas-monde.
D’une longue tradition pacifique à un présent de violence
Néanmoins, il y a des failles qui ne s’expliquent pas. Elles peuvent être sujettes à interprétation. Et là nous sortons carrément du cadre restreint et isolé du crime odieux de Bargny pour parler plus généralement de la problématique sécuritaire au Sénégal. Comment un pays respectable peut-il se réveiller un beau matin, surpris qu’il a été, par la présence sur son territoire de milliers de mendiants en provenance des pays limitrophes. Comment un trafic humain d’une telle envergure, d’une telle ampleur qui ne dit pas son nom, a pu éhontément échapper aux radars de notre système sécuritaire pourtant réputé être des plus performants dans la sous-région. Comment des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants nigériens ont pu réussir à traverser toutes ces lignes imaginaires jusqu’à atteindre le cœur de la capitale Dakar et non loin de la résidence du Chef de l’État sans une seule fois être inquiétés? Des responsabilités devraient être situées. Malheureusement, on fait comme si de rien aura été. Pendant longtemps, ces milliers de mendiants nigériens auront obstrué l’une des artères les plus fréquentées par les automobilistes. Une voie passante dont personne ne pourra se dérober de n’avoir pas aperçu ni constaté d’aussi ignobles et odieuses images qui auront terni le visage du Sénégal. Heureusement que les média avaient bien fait d’alerter très tôt l’opinion. C’est suite à ces alertes que des mesures ont immédiatement été prises par les autorités pour leur rapatriement dans leur pays d’origine.
De la non-violence à la barbarie
Il est de la responsabilité de chacun de nous de jouer sa partition dans le système de sécurisation. Depuis nos alentours immédiats et même au-delà, chacun a l’obligation d’avoir pour cheval de bataille la paix de ses proches. Seule une collaboration franche des populations avec nos forces de défense et de sécurité (FDS), une véritable synergie d’actions dans le partage de l’information et surtout la simultanéité dans la traque des malfrats, pourra éradiquer définitivement ce phénomène. Tel serait un gage de stabilité sociale. Que chacun se sente concerné par les affaires de la cité aussi longtemps que nous vivrons en communauté.
Certes, l’urbanisation galopante aura beaucoup contribué à déstructurer les modes de vie traditionnels. La nucléarisation de la famille aura aussi grandement participé à cette déshumanisation dans nos rapports. Avant, chacun connaissait son voisin immédiat ou lointain à cause d’une forte conscience collective bien ancrée, d’une certaine proximité née à partir de la case des circoncis, des lieux d’acquisition du savoir et des connaissances (écoles françaises et coraniques). Il y’avait aussi la grande école de la vie où les vertus se transmettaient par les gardiennes du temple, nos aïeules, toutes les nuits après le dîner, les Contes. Malheureusement, avec ce nouveau type d’habitat où le fer, le béton, le sable et le ciment ont complètement endurci nos cœurs, nos esprits et nos corps. Les règles sociétales sont faussées dès le départ. Quiconque a de l’argent peut tout se permettre. Même s’il est un loup dévastateur, le tapis lui est largement déroulé pour atteindre la bergerie et bonjour les DÉGÂTS !
Bargny notre ville qui nous aura vu grandir, Bargny qui nous aura bercé avec le concours de cette brise de mer qui rafraîchissait et adoucissait nos cœurs, nos âmes et nos consciences, Bargny, notre ville réputée calme et pittoresque, est désormais sur le point de basculer et tomber dans l’escarcelle des villes réputées dangereuses. Cette peur ne doit en aucune façon et quel qu’en soit le prix, nous envahir jusqu’à affecter nos consciences saines et collectives. Elle doit impérativement changer de camp en mettant hors d’état de nuire, ces bandits de grand chemin qui infestent après avoir fini d’infecter notre prairie si luxuriante que notre génération et celles de nos devanciers auront déjà vécu. L’un des plus grands défis que nous devons relever c’est de mettre sur les fonts baptismaux les mécanismes d’une conscience collective forte. Que nos autorités municipales fassent le Job. En quoi faisant ? Entamer un recensement local démographique de la population. Qui vit où ? Qui fait quoi? Qui est qui ? Créer des brigades de veille et d’alerte de proximité. Créer un point focal composé des autorités coutumières, Bajeenu goxx, chefs de quartiers, pour faire remonter au plus haut niveau certaines informations compromettantes qui pourraient mettre en péril notre pays.
En guise de conclusion, il est tout-à-fait paradoxal de constater un fait inédit. Notre société composée de 95% de musulmans seul 1% a la parfaite maîtrise du livre Saint et les hadiths. Les 94% ignorant tout de leur religion, ne pratiquent que par mimétisme. Je ne me lasserai jamais de le dénoncer. Ici au Sénégal, nous avons une culture, une tradition confrérique et non une éducation religieuse islamique. On s’attarde beaucoup sur les miracles et les arbres généalogiques de nos saints hommes et femmes.
Entre WAARAATE KATT (faiseur de miracles) et YEETEKATT (éveilleur des consciences) il ya une grande différence. Dès qu’on parle d’un guide confrérique, les fidèles de sa communauté tombent en transe jusqu’à ce que des accidents mortels s’ensuivent. Certains seraient même prêts à donner leur vie pour défendre leurs guides. Où se trouve la place de Dieu et de son Prophète dans nos cœurs et esprits? Il est grand temps de changer de fusil d’épaule en aidant la jeunesse à s’abreuver d’une vraie et solide culture coranique et islamique. La seule condition sine qua non pour vivre en harmonie dans nos sociétés respectives.
Ndiapaly Guèye,
Journaliste indépendant à Mbour
L’HÔPITAL LE DANTEC SUSCITE DES CONVOITISES
Des promoteurs immobiliers turcs, espagnols, marocains et indiens luttent pour s’accaparer l’assiette foncière qui s’étend sur 6 hectares en plein Plateau de Dakar et au bord de l’océan
Depuis plusieurs années, l’hôpital Aristide Le Dantec est plongé dans un coma de délabrement très inquiétant. Hélas, en lieu et place d’une reconstruction-réhabilitation, des promoteurs immobiliers turcs, espagnols, marocains et indiens s’entretuent pour s’accaparer l’assiette foncière qui s’étend sur 6 hectares en plein Plateau de Dakar et au bord de l’océan. Une assiette estimée à plus de 150 milliards cfa. Tous ces requins veulent mettre la main sur l’emplacement actuel du plus vieil hôpital de la capitale avec la complicité de nombreux courtiers d’Etat qui manœuvrent pour la délocalisation de l’hôpital Le Dantec hors de Dakar. Comme les Marocains ont voulu le faire avec la caserne des sapeurs-pompiers El Hadj Malick Sy ! D’où l’alerte des professeurs, médecins et infirmiers de la Commission médicale de cet établissement qui se sont érigés en bouclier pour défendre ce patrimoine historique devenu un hôpital d’instruction sous-régional. « Le Témoin » a enquêté…
Construit sur une assiette foncière de 6 hectares (60.000 m2) en plein centre-ville de Dakar et représentant une valeur marchande estimée à plus de 150 milliards cfa, l’hôpital Aristide Le Dantec croule sous le poids de l’âge. En dehors des bâtiments en état de délabrement très avancé malgré les multiples chantiers de diversion entrepris par les gouvernements successifs, l’établissement souffre d’un plateau technique très vétuste. D’ailleurs, en 2014, le président de la République Macky Sall, lors de l’inauguration de l’unité de cardiologie, avait promis au personnel médical qu’il allait procéder à la reconstruction-réhabilitation de l’hôpital Aristide Le Dantec. Une promesse dont le moins que l’on puisse en dire est qu’elle tarde à se concrétiser. « Pendant ce temps, des promoteurs immobiliers turcs, marocains, indiens et espagnols s’activent pour mettre la main sur le foncier de l’hôpital estimé de plus de 150 milliards cfa.
Avec la complicité de nombreux courtiers d’Etat, ces prédateurs véreux sont obnubilés par la vente de l’assiette foncière pour ensuite délocaliser l’hôpital Le Dantec hors de Dakar. C’est peine perdue ! Car nous allons mourir avec cet établissement historique… » jure cet éminent professeur et membre de la commission médicale de l’hôpital Le Dantec. Toujours est-il qu’il y a quelques semaines, l’ancien chef de cabinet du président de la République, Moustapha Diakhaté, s’était prononcé sur le cas de l’hôpital Le Dantec, comme pour baliser le terrain aux prédateurs fonciers en ces termes : « En raison des difficultés de le rejoindre à cause des embouteillages et du fait que ceux qui le fréquentent viennent essentiellement des autres départements de la région de Dakar, et même de l’intérieur du pays, il est temps de délocaliser cet hôpital dans un autre site plus habilité » avait-il conseillé au président Macky Sall. Une déclaration qui sonne comme un coup de feu déclenchant la danse des vautours fonciers. Une chose est sûre : des promoteurs immobiliers turcs, espagnols et marocains se sont manifestés de manière souterraine pour le rachat du foncier de l’hôpital (6 hectares) avant de disparaitre pour mieux revenir avec une offre plus alléchante. Mais avant même leur retour avec des propositions financières plus alléchantes, des promoteurs indiens à l’image de féroces vautours ont débarqué en pole position !
La manœuvre des courtiers d’Etat !
Et depuis lors, les Indiens, appuyés par des courtiers d’Etat, rodent autour du foncier, quitte à provoquer l’ « euthanasie » de l’hôpital déjà malade de ses infrastructures. En tout cas, ces autorités transformées en courtiers d’Etat s’activent pour la vente l’assiette foncière de l’hôpital Aristide Le Dantec. Des manœuvres qui ont fini de mettre en ébullition ce haut lieu hospitalo-universitaire à l’heure où le président de la République vient d’annoncer sa reconstruction. Un projet de reconstruction de l’hôpital qui a été présenté au chef de l’Etat le mois dernier (avril 2022).
Satisfait par la maquette ainsi que la faisabilité et la viabilité du projet, le président Macky Sall avait beaucoup échangé avec les acteurs sur l’option de la reconstruction de l’hôpital Le Dantec sur le même site c’est-à-dire l’emplacement actuel qui présente le double avantage d’être à la fois stratégique et accessible. Malheureusement cette belle option n’a pas empêché des courtiers, notaires, activistes et députés de continuer leurs manœuvres pour soutenir ces promoteurs étrangers dans leur volonté de braquer le foncier de l’hôpital. Et pourtant, l’option « Vente-Délocalisation » avait été clairement rejetée par la commission médicale d’établissement de l’hôpital depuis les assises de 2005. Durant ces états généraux de l’hôpital Le Dantec, les différents acteurs (médecins, décideurs, bailleurs et syndicalistes) s’étaient prononcés sur ces aspects en souhaitant de la part de l’Etat les mesures suivantes : Un apurement de la dette de l’hôpital, un assainissement de sa gestion, l’efficacité de la subvention de l’Etat, un redéploiement du personnel en interne et en externe pour réduire la charge salariale et un renforcement par des agents qualifiés.
Sans oublier d’autres mesures à prendre comme l’harmonisation des rémunérations (statut du personnel), l’aide urgente pour permettre le fonctionnement correct des services, la reconstruction de l’hôpital sur l’actuel site, les normes permettant de remplir pleinement ses missions de formation de recherche et d’offre de soins de haut niveau compatible avec son statut d’hôpital de référence national et sous régional, l’élaboration et la signature d’une convention hospitalo-universitaire etc. Toutefois, la principale demande portait sur la reconstruction de l’hôpital Aristide le Dantec. Malheureusement, les intérêts personnels des uns et les désirs d’enrichissement illicite des autres sont en passe de remettre en question les résultats de ces assises et torpiller le projet de reconstruction.
Un futur hôpital de 4eme génération…
Face à cette situation, des membres de la commission médicale de l’hôpital Le Dantec invitent le président de la République à faire démarrer rapidement les travaux de reconstruction pour torpiller la mafia foncière qui rode autour de l’établissement. Faute de quoi, les professeurs, médecins, étudiants, infirmiers et autres syndicalistes vont créer un collectif pour la défense du foncier de l’Hôpital Le Dantec et se faire entendre.
Rappelons-le, l’hôpital Aristide Le Dantec (Hald), qui a franchi le cap des cent (100) ans, est devenu un Centre de formation médicale depuis 1918. Puis un Centre Hospitalier Universitaire (Chu) depuis 1965. Chaque jour, l’Hald reçoit 1500 usagers et plus de 3000 médecins-stagiaires par an. L’Hôpital comptait, en 2012, 63 Professeurs d’Université, quelque 45 assistants chefs de clinique et 250 médecins-étudiants en spécialisation. L’établissement que les promoteurs véreux veulent raser et délocaliser hors de Dakar possède le plus gros potentiel de ressources humaines sur le plan médical de toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il a été érigé en 1999 en Etablissement public de santé (Eps) de niveau III par décret et doté d’une autonomie de gestion. Aujourd’hui avec le projet de reconstruction validé par le président de la République, l’objectif est de migrer d’un hôpital de niveau III vers un hôpital de 4ème génération. Et surtout de faire de Le Dantec un centre hospitalier universitaire moderne qui n’existe nulle part ailleurs en Afrique qu’à Dakar. C’est ce projet plus qu’ambitieux que les vautours fonciers veulent torpiller !
DES POLITOLOGUES SOUPÇONNENT LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE VOULOIR JOUER LES PROLONGATIONS
"Si le président Macky Sall ne veut pas prendre conscience du danger, il ne devait pas s’aventurer à alimenter un débat sur des mandats illimités"
A travers sa sortie contre les mandats limités, alors qu’il recevait les « young leaders » franco-africains, le président de la République sème un peu plus le doute sur l’intention qui lui est prêtée de briguer un troisième mandat à la présidentielle de 2024. En tout cas, il renforce ainsi les craintes et inquiétudes de l’opposition qui le soupçonne depuis longtemps de vouloir chercher un troisième mandat. A deux mois des élections législatives du 31 juillet, la coalition Benno Boo Yaakaar joue sa survie face à la percée fulgurante de Yewwi Askan Wi qui s’allie avec le Wallu pour imposer une cohabitation au Macky Sall. Selon des observateurs interrogés par « Le Témoin », la volonté du président de la République de briguer un troisième mandat dépendrait des résultats de ces prochaines élections législatives.
En train d’effectuer son second mandat présidentiel, le président de la République et leader de la coalition Benno Bokk Yaakaar renforce les craintes de l’opposition qui l’a de tout temps soupçonné d’avoir l’intention de se présenter pour un troisième mandat en 2024. Sa sortie de la semaine dernière au cours de laquelle il a déclaré en substance que, du fait des procédures bureaucratiques, les présidents africains n’ont pas le temps de réaliser tous leurs projets durant leurs mandats, il a mis de l’eau au moulin de ceux qui l’accusent de vouloir jouer les prolongations.
Selon Mamadou Sy Albert, si le président Macky Sall ne veut pas prendre conscience du danger, il ne devait pas s’aventurer à alimenter un débat sur des mandats illimités. « Macky Sall, en tant que président de l’Union africaine, ne peut pas ignorer les conflits dans un certain nombre de pays, notamment au Mali, au Burkina et en Guinée qui sont confrontés à cette problématique du troisième mandat ».
Le Per Moussa Diaw, enseignant en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, ne dit pas le contraire. Emboitant le pas à Mamadou Sy Albert, il martèle que cette sortie du président Sall sur les mandats illimités n’est pas de nature à renforcer la démocratie en Afrique. D’après lui, les propos de Macky Sall vont encourager l’autoritarisme en Afrique et la volonté des chefs de l’Etat à garder éternellement le pouvoir. « On a vu certaines situations de crise en Afrique provoquées justement par des leaders qui souhaitent rester éternellement au pouvoir. Au Cameroun, Paul Biya a confisqué le pouvoir. Il ne souhaite pas un changement alternatif dans son pays. C’est le même cas au Gabon. Ceci nous ramène toujours en arrière alors qu’on a besoin d’avancer en Afrique, de construire des régimes politiques pour pouvoir organiser l’espace en respectant les règles de la démocratie, en adoptant des politiques qui vont dans le sens des aspirations des populations », estime Pr Moussa Diaw.
Mamadou Sy Albert : « Macky a parlé pour lui » « On ne sera pas surpris s’il déclare sa candidature à la prochaine présidentielle », poursuit M. Mamadou Sy Albert. Qui voit mal comment le président peut aller à l’encontre des électeurs pour la présidentielle de 2024 si Benno perd les élections législatives du 31 juillet prochain. « Pour ce qui concerne le Sénégal, tout le monde est acquis à l’idée que le président de la République cherche à briguer un troisième mandat. Parce que, d’abord, c’est pour lui qu’il a parlé. Il ouvre une porte. Si Benno perd ces élections, je crois que le président Sall va changer d’option pour renoncer à une idée de candidature. En clair, il ne sera pas candidat pour la prochaine présidentielle. Par contre, s’il obtient une majorité présidentielle à l’Assemblée nationale au sortir des législatives, il aura le courage politique de briguer un troisième mandat. Dans sa tête, il se dira que les Sénégalais qui ont voté pour le Benno et pour l’Apr ont voté également pour le choix du président. Ça va être un président confiant qui ne va pas renoncer à son troisième mandat. En revanche, s’il y a défaite de Benno, je vois mal le président Sall faire fi du vote sanction des sénégalais » a ajouté le politologue.
Pr Moussa Diaw. « Le président confirme sa volonté de rester au pouvoir. Il adopte une stratégie qui risque de plonger le pays dans l’incertitude »
La position de Macky Sall contre les mandats limités renforce, selon Pr Moussa Diaw, un paradoxe à travers sa réforme des institutions où il prend la question du mandat pour éviter ce qui s’est passé avec le président Wade en 2012. « Il s’oppose à ce qu’il y ait une limite aux mandats présidentiels au niveau africain. Cela peut être un message à l’endroit des sénégalais pour dire qu’il n’est pas dans cette logique de limitation des mandats et souhaiterait se présenter prochainement. C’est une façon de sonder l’opinion publique. Cela confirme sa volonté de rester au pouvoir, de faire un troisième mandat. Cette décision risque de plonger le pays dans l’incertitude et de tensions bien entendu. Il est en train de contraindre son camp. Parce qu’aucune candidature substantielle ne peut émerger d’autant plus que c’est lui le véritable patron de sa coalition. De façon générale, ces propos-là vont naturellement renforcer les inquiétudes de l’opposition qui le soupçonne de chercher un troisième mandat malgré les dispositions de la Constitution qui stipule que nulle ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », a expliqué l’enseignant chercheur en sciences politiques à l’Ugb, Pr Moussa Diaw.
Bacary Domingo Mané « Macky Sall est dans des calculs pour savoir s’il doit se présenter ou pas en 2024 »
Selon le journaliste et politologue Babacary Domingo, Macky Sall est toujours dans des calculs pour voir s’il doit se présenter à la prochaine présidentielle ou pas. Une sonde utilisée comme une sorte de diversion. A l’en croire, la question du troisième mandat reste toujours floue chez le patron de l’Apr. « Macky est toujours en train de réfléchir si oui ou non il va se présenter en 2024. Parce qu’en principe quelqu’un qui a pris la décision de ne pas se représenter ne doit pas tenir ce genre de discours. Cette sortie est en droite ligne de la réponse qu’il avait donnée lorsqu’on lui avait posé la question de savoir s’il comptait se présenter pour un troisième mandat. Il n’a peut peutêtre pas pris la décision de clore définitivement le débat. La deuxième chose que cela renseigne est qu’il peut en parler pour alimenter le débat, histoire d’allumer le feu pour faire une diversion à la veille de la campagne pour les élections législatives », analyse Bacary Domingo Mané. Selon lui, beaucoup de facteurs peuvent pousser le président à vouloir encore rester au pouvoir. Il s’agit notamment de l’exploitation du pétrole dont les premiers barils sont attendus en 2023. « Il n’a pas encore résolu la question. Nous sommes à quelques semaines des élections législatives qui constituent un enjeu. L’opposition a décidé de se mettre ensemble. Pour nous, ce n’est pas rien que Macky Sall, dans un contexte d’une élection qui s’annonce, tienne ce discours-là. Ça peut une diversion. Dans tous les cas, l’histoire du troisième mandat reste floue chez Macky Sall. Qui aurait pensé qu’il allait designer Aminata Touré comme tête de liste après l’avoir éjectée du Cese ? Face à une opposition virulente, peut-être qu’il a besoin de positionner une personne comme Aminata Touré. Le choix de Mme Touré n’est pas stratégique. Elle a été désignée pour faire face à l’opposition » soutient Bacary Domingo en conclusion.