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17 juin 2025
UNE MISSION PÉRILLEUSE POUR MACKY SALL
Malgré la revendication de la victoire par son camp au lendemain des élections locales du 23 janvier dernier, le président Macky Sall a toujours en travers de la gorge la perte des principales villes
Malgré la revendication de la victoire par son camp au lendemain des élections locales du 23 janvier dernier, le président Macky Sall a toujours en travers de la gorge la perte des principales villes du pays tombées dans l’escarcelle de l’opposition, notamment des coalitions Yewwi Askan Wi et Gueum Sa Bopp. Aussi, il a lancé une périlleuse et anti démocratique opération de débauchage de nouveaux édiles élus sous la bannière de l’opposition lors de ces mêmes élections locales.
Les énormes enjeux de Dakar et sa banlieue
Recevant des responsables de sa formation politique, Macky Sall avait annoncé la couleur en indiquant à ses interlocuteurs que c’est leur avenir qui est en jeu et que lui il aurait, quoiqu’il advienne, une majorité à l’Assemblée nationale avec le ralliement de certains maires de l’opposition en attendant d’autres dont quelques un de Dakar. Dans cette entreprise, Bamba Fall, le maire réélu de la Medina sous les couleurs de la coalition Gueum Sa Bopp a été le premier à rejoindre la majorité présidentielle obnubilée par la perte de la capitale tombée entre les mains de Barthélémy Dias de Yewwi Askan Wi. Il faut dire que les enjeux qui entourent Dakar, département qui va envoyer 07 députés à la place Soweto, sont énormes. Et tous les moyens sont bons pour la mouvance présidentielle de résorber le gap de près de 100 000 voix qui la sépare de la coalition Yewwi Askan Wi. L’entreprise est d’autant plus ardue que le département de Guédiawaye aussi a signé un bail avec le journaliste Ameth Aidara de Yewwi Askan wi qui y a défait le tout-puissant Aliou Sall, frère du président de la République, et que Pikine a échappé in extremis au rouleau compresseur de l’opposition qui continue de dénoncer dans cette localité un hold-up électoral. Outre Bamba Fall, Djibril Wade, neveu du président Abdoulaye Wade et élu maire libéral de la commune de Biscuiterie sous la bannière de Wallu Sénégal, a déposé son baluchon dans la mouvance présidentielle. Également, Abdoul Aziz Guèye, maire de Ouakam, élu sous la bannière du Mouvement des patriotes pour le développement a officialisé sa transhumance vers les prairies marron-beige. Les mauvaises langues disent qu’il aurait cédé contre une promesse de construction d’un stade à Ouakam. Reçu en audience par le chef de l’Etat le 20 avril 2022 en présence de Mor Ngom et Mahmout Saleh, le nouvel édile de Yoff, Seydina Issa Laye Samb de Yewwi Askan Wi se démarque, pour le moment, de cette entreprise de débauchage et réaffirme son ancrage dans l’opposition qui lui a permis de défaire Abdoulaye Diouf Sarr. Diogomaye Faye, le maire de la commune de Sadio, dans le département de Mbacké, aurait également opposé une fin de non-recevoir à Macky Sall et continue de collecter des parrains pour la coalition Yewwi Askan wi.
D’autres maires opposants tombés dans l’escarcelle de BBY
Si les tentatives d’enrôlement des maires de Yoff et Sadio n’ont, pour le moment, pas abouti, il n’en est pas de même pour le maire de Niébel, dans le département de Kaolack, Dame Bèye Ba de la coalition Yewwi Askan wi, qui a aussi transhumé vers la majorité présidentielle. Malick Fall, le députémaire de Diourbel, réélu sous la bannière de la grande coalition Wallu et tombeur du ministre Dame Diop, est en intense pourparlers avec le palais qui négocie son ralliement. Il est vrai que l’homme est un militant de longue date de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP), parti qui constitue un des piliers de la majorité présidentielle. Il avait fait de l’apologie de l’homosexualité son thème favori de campagne et avait engrangé ainsi 18 516 voix contre 13 172 pour la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Les dissidents rejoignent les rangs
Dans le département de Foundiougne où il a inauguré le Pont Nelson Mandela, le président Macky Sall a décroché sept maires nouvellement élus. Il s’agit de Thiémokho Ndiaye de Foundiougne, Mamadou Faye de Nioro Alassane Tall, Sidy Kounta de Keur Saloum Diané, Ibrahima Diop de Karang, Ngor Dione de Mbam, Ibrahima Ndong de Bassoul, Babou Diakham, de Soum. Ces nouveaux maires, membres de la mouvance présidentielle, avaient été tous élus sur des listes parallèles et rejoignent la maison-mère. Comme ça a été le cas pour Mamadou Salif Sow, maire de Dialambéré, élu sous la bannière de And Liguey Sunu Gokh et reçu le 8 mars par Macky Sall. Dans la capitale du Rail fortement remportée par la coalition Yewwi Askan wi, Me Ousmane Diaw, maire de la commune de Thiès-Est, a été reçu dernièrement par le chef de file de Benno Bokk Yakaar qui entend freiner l’hémorragie par des débauchages tous azimuts. De pareilles tentatives de débauchage ont été constatées un peu partout dans différentes localités du pays. Et dans sa démarche peu démocratique, Macky Sall ne se préoccupe nullement de la volonté populaire, oubliant que ces nouveaux maires sortis de l’anonymat ont été élus non pas parce qu’ils avaient un bon projet de société mais tout simplement parce qu’ils étaient tout simplement contre la mouvance présidentielle. Les enrôler pour engager la bataille des prochaines législatives pourrait donc constituer, pour le « Maitre du jeu », un couteau à double tranchant.
«IL SERA DIFFICILE DE SAUVER UNE TELLE ENTREPRISE AVEC SES 5.000 EMPLOYÉS»
Lors de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers des doléances des centrales syndicales au président de la République, presque tous les intervenants l’ont interpellé sur la situation difficile de La Poste. Selon Macky Sall, une telle entreprise, avec 5 000 employés, sera difficile à relever. Il a énuméré les différentes sommes versées à cette société pour la sauver, malgré une dette de 189 milliards CFA qu’elle doit à l’Etat. D’autres sujets d’actualité ont également été soulevés lors de cette cérémonie. Pour « Le Témoin », cette déclaration du président de la République sonne comme un enterrement de première classe de La Poste qui fut pourtant une société nationale fleurissante.
Tous les représentants des six centrales syndicales ont évoqué les difficultés que rencontrent les travailleurs de la Poste. Ils ont tous appelé le président de la République à trouver une solution à ce problème qui perdure.
Répondant à leurs interpellations, Macky Sall a d’abord reconnu que La Poste connaît bel et bien des difficultés. « La Poste est une entreprise en difficulté et, si nous voulons sauver l’essentiel, il faut une recapitalisation et créer une nouvelle société nationale. Il nous faut aussi être plus regardants sur la gestion des sociétés nationales, surtout au niveau des recrutements », a soutenu le chef de l’Etat, hier, lors de la cérémonie traditionnelle de remise des cahiers de doléances des travailleurs à l’occasion du 1er mai, célébrant la fête internationale du Travail.
Pour cette année, le 1er mai ayant coïncidé avec les préparatifs de la fête de Korité, marquant la fin du ramadan, la cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales au chef de l’Etat s’est finalement déroulée ce mardi 3 Mai. « La Poste compte 5 000 travailleurs que l’Etat ne peut pas tous payer et il est impossible de sauver une telle entreprise qui doit à l’Etat la somme de 189 milliards CFA. Nous ne pouvons pas payer tous ces travailleurs dont un grand nombre ne travaille pas. L’Etat a remis à cette société tout récemment un montant de 12 milliards cfa en guise de reliquat pour permettre de sauver l’essentiel », a-t-il indiqué suite à l’interpellation de tous les représentants syndicaux.
Selon le président de la République, la Société nationale La Poste est sous une perfusion continue. Il a rappelé à cet égard qu’en 2021, un montant de 30 milliards cfa avait été remis au groupe pour les mêmes raisons. Il a déploré le fait que cette situation perdure puisque, à l’en croire, « des sommes sont versées à cette société nationale presque tous les jours’’. Interpellé sur la situation de la défunte compagnie Air Afrique, Macky Sall a annoncé que l’Etat va procéder au paiement de la somme de 4 milliards 100 millions CFA la semaine prochaine dans le but de régler ce passif social.
Recrutements dans les mairies et conseils départementaux, Air Afrique…
Sur un autre registre, concernant les recrutements et les limogeages dans les collectivités territoriales constatés depuis l’avènement de nouvelles équipes municipales, une question soulevée par Sidya Ndiaye de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal/B (FGTS/B), le Président a demandé aux maires et présidents de conseils départementaux de respecter les lois et règlements qui régissent les recrutements dans leur secteur. « Un maire ne peut pas faire ce qu’il veut. Il est soumis aux exigences de la loi et du règlement sinon il est révoqué. Tout recrutement en dehors de l’organigramme mis en place est nul est de nul effet’’, a-t-il dit en recevant les cahiers de doléances des syndicats. Les fonds des collectivités territoriales sont publics, a rappelé le chef de l’Etat, soulignant que même les maires du camp de la majorité présidentielle sont obligés de respecter ces règles en matière de recrutement. ’’Je leur ai tous dit que s’ils ne respectent pas la loi, ils seront sanctionnés. Il y a eu des maires qui, avant de partir, ont recruté des centaines de personnes, cela aussi un constitue un gros problème dans ce pays et qu’il faut revoir afin de fixer les règles’’, a déclaré Macky Sall. Les secrétaires généraux du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/ Force du changement (CNTS/FC), de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), de la Confédération des syndicats autonomes (CSA) et de la Fédération générales des travailleurs du Sénégal/B ont pris la parole devant le chef de l’Etat. Ils ont exposé les avancées notées dans leurs secteurs respectifs, mais aussi les difficultés auxquelles les travailleurs sont confrontés.
Par Serigne Saliou GUÈYE
ROMPRE AVEC L’ASSEMBLÉE GODILLOT
Après 62 ans d’indépendance, notre démocratie parlementaire crapahute à cause de l’irresponsabilité de ses députés qui n’ont pas encore compris le véritable rôle d’une Assemblée dans l’animation démocratique de la nation
De tout temps, dans ce pays, les élus de la Nation n’ont jamais joué le rôle que leurs mandants attendent d’eux : animer la vie démocratique par le débat contradictoire, contrôler l’action gouvernementale en toute indépendance, évaluer les politiques publiques sans subir la pesanteur ou l’influence du camp auquel ils appartiennent.
En effet, l’Assemblée nationale doit être par essence cette auguste institution où les représentants de la Nation doivent légiférer en toute indépendance et en toute liberté visà-vis du pouvoir exécutif. C’est aussi le lieu sacro-saint où les différentes sensibilités politiques confrontent leurs idées à travers des débats et des échanges féconds.
Cette confrontation des idées politiques communes ou contradictoires, sous forme de projets législatifs, installe en profondeur la culture démocratique, celle où la prise de parole qui génère le compromis et la négociation n’est pas seulement une procédure, une technique d’arbitrage, mais aussi une valeur légitimatrice des délibérations. Malheureusement, au Sénégal, on a transformé l’Assemblée nationale, lieu de reddition des comptes, en un lieu de règlement de comptes entre députés d’un même clan ou d’anéantissement de la minorité parlementaire.
En décembre 1962, le président Léopold Sédar Senghor exécute politiquement Mamadou Dia, chef du Conseil de gouvernement, accusé de fomenter un putsch, en instrumentalisant les députés godillots qui n’ont pas hésité pas à voter une motion de censure contre le gouvernement Dia. La situation de confusion qui s’ensuivit entre l’Union progressiste sénégalaise (Ups) et l’Assemblée nationale permit à Senghor de se débarrasser définitivement de Dia.
Cette même Assemblée, sous le règne du président Abdou Diouf, sera manipulée par le superpuissant Jean Collin pour anéantir ses adversaires de même parti. Il faut préciser que, dans le dessein d’affaiblir l’opposition d’alors, le président Abdou Diouf avait instauré aux législatives de 1983 la règle des 15 % des députés pour obtenir un groupe parlementaire. C’est ainsi que le parti de l’opposant Me Abdoulaye Wade, qui avait obtenu aux élections de cette année-là 8 députés sur 120, ne disposa pas de groupe. Il lui en aurait fallu quatre de plus pour pouvoir le faire. Et le Ps régna en maître à l’Assemblée sans opposition parlementaire pendant toute cette législature.
En 1984, Habib Thiam est victime de manœuvres, sur fond d’un contentieux datant des années 70, de Jean Collin qui a instrumentalisé une partie des députés socialistes pour pousser à la sortie l’alors président de l’Assemblée nationale. Le même procédé est utilisé par Jean Collin en décembre 1988 pour se défaire de Daouda Sow successeur d’Habib Thiam au perchoir. Son crime : avoir demandé, après des élections législatives catastrophiques, un nouvel organigramme du Ps qui écarterait Jean Collin de sa position de numéro 2 officieux du parti. On a souvenance de l’agacement exprimé alors par les députés libéraux qui, sous la conduite de Boubacar Sall, avaient quitté l’hémicycle après avoir vitupéré le comportement des socialistes en martelant : « nous ne sommes pas à la maison du PS ».
En l’espace de cinq ans, les problèmes relatifs à la réorganisation hiérarchique du Ps ont eu comme conséquences dommageables la défenestration de deux présidents de l’Assemblée nationale victimes de la toute-puissance de Jean Collin. Ces intrigues et manœuvres ont refait surface sous le règne d’Abdoulaye Wade quand Youssou Diagne, premier président de l’Assemblée de la première alternance démocratique, est contraint à la démission le 12 juin 2002, après avoir perdu les locales dans son fief de Ngaparou. Six ans après, l’alors président de la 11e législature, Macky Sall, accusé d’avoir voulu auditionner le fils du président de la République, patron de l’Anoci, est sacrifié sur l’autel de la haine vindicative et des jeux de positionnement de ses frères ennemis de parti.
Benno Bokk Yaakar a ramené la démocratie parlementaire aux années 60 et 80
Voilà qu’aujourd’hui le président de la République, Macky Sall, qui a tant souffert de ces manœuvres et intrigues de la place Soweto, dirige une coalition qui a ramené la démocratie parlementaire aux années 60 et 80.
La première législature sous l’ère Macky, correspondant à la 12e dans l’histoire parlementaire de notre pays, aura été marquée par deux lois scélérates votée le 29 juin 2015. La première loi liberticide est celle relative à la constitution d’un groupe parlementaire sur la base de 15 % alors qu’Abdoulaye Wade avait ramené ce seuil à 10 députés en 2000. La seconde est la tenue en respect des députés dans leur groupe d’origine sous peine de grossir le rang des non-inscrits. Après la proposition de loi scélérate n° 13/2015, la 12e législature s’était illustrée tristement par la confusion dans le groupe parlementaire libéral démocrate avec l’institution de deux présidents de groupe parlementaire.
Avec le tripatouillage des dispositions réglementaires de l’Assemblée nationale, la coalition présidentielle avait manœuvré, avec l’onction complice du président Moustapha Niasse, pour priver les opposants de ce à quoi ils ont droit : la constitution d’un groupe parlementaire. Usant de faux, Modou Diagne Fada avait illégalement mis en place, sous le fallacieux prétexte du règlement intérieur en son article 22, son groupe parlementaire avec le soutien complice de la majorité dont l’objectif ultime était d’anéantir le Pds. Un parti dans lequel, pourtant, le président Macky Sall avait connu les gloires mais aussi les déboires qui lui avaient servi de rampe de lancement pour accéder à la présidence de la République. Malheureusement, pendant cette 13e législature dont on commence à prononcer l’oraison funèbre, on a assisté à des spectacles ubuesques dignes des querelles de chiffonniers. Les passes d’armes et autres insultes entre Moustapha Cissé Lo et Me Djibril War surnagent dans nos mémoires. Les levées illégales d’immunités parlementaires des députés opposants Khalifa Sall et Ousmane Sonko sur fond de manœuvres politiciennes demeureront des taches noires indélébiles de cette 13e législature de même que les affaires de députés fabricant des faux billets de banque et des parlementaires trafiquants de passeports diplomatiques.
Ces députés éclaircis dans la grisaille
Toutefois, il faut souligner que la 13e législature aura aussi révélé des députés de qualité surtout du côté de l’opposition.
Ancien banquier central, ex-directeur de cabinet d’un ancien secrétaire général de l’Union Africaine, l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré en l’occurrence, maitrisant bien les questions économiques et financières, le député Mamadou Lamine Diallo est de ceux-là. Ousmane Sonko, par sa maitrise de la science parlementaire et des dossiers économiques, aura été une des révélations de cette 13e législature. Il y a aussi un député comme Cheikh Abdou Bara Dolly, qui, en dépit de sa non-maitrise du français, aura particulièrement émerveillé les Sénégalais avec sa connaissance des textes parlementaires. On pourrait mettre dans le même lot des députés comme Soda Marième Ndiaye, Moustapha Guirassy, Mame Diarra Fam. Mais que peut changer une minorité de députés dans un océan de godillots ? Pas grand-chose puisque les députés de la majorité qui se glorifient d’être des députés de sa Majesté siègeront à la 14e législature tant que le mode scrutin ne sera pas réformé. C’est pourquoi, d’emblée, on peut dire avec certitude que, pour la 14e législature, les députés qui siégeront à l’Assemblée seront pour la plupart des chefs de coalitions parce que ce sont eux qui décident en fonction de critères souvent subjectifs du choix des personnes à investir. Si pendant les investitures, des départs sont enregistrés, des contestations et des frustrations notées, c’est dû au mode de désignation très souvent anti-démocratique en vigueur dans les partis.
En sus ces députés seront élus sur la base d’un mode de scrutin qui ne reflète la volontaire populaire. C’est la raison pour laquelle, chaque fois qu’une nouvelle Assemblée est mise en place, les députés de la majorité, tels des godillots panurgistes, votent avec des œillères les projets de loi de et ne peuvent aucunement être initiateurs d’une quelconque proposition de loi ou d’une commission d’enquête parlementaire.
En effet le mode de scrutin en vigueur (scrutin majoritaire à un tour au niveau départemental et scrutin proportionnel au niveau national) ne donne pas un brevet de légitimité populaire aux députés. En termes clairs, le mode de désignation et d’élection de nos députés ne leur permet pas de briser leurs chaînes d’asservissement à l’égard du leader. Et tout député qui prendrait le risque de ramer à contre-courant de temps à autre de la ligne de son parti compromet sa présence à la législature suivante. D’où l’urgence de procéder à une réforme du mode de scrutin qui donnerait une légitimité populaire aux députés. Pourtant le 31 décembre 2011, Macky Sall, candidat à la présidentielle de 2012 et invité de Pape Alé Niang de la 2STV, flétrissait ce mode de scrutin en qualifiant railleusement nos députés de godillots du président de la République. Par conséquent, une fois élu, il procéderait à une réforme « démocratique » de l’élection des députés. 10 ans après son accession au pouvoir, ses promesses sont restées en l’état. Chose gravissime, il a renforcé les pratiques qui se faisaient lors des investitures et pour la réforme du mode de scrutin concernant l’élection des députés.
Ce fameux « Raw-gadou » !
Elire les députés par circonscription avec un scrutin uninominal à deux tours serait plus démocratique mais est hélas, gros de dangers pour le parti au pouvoir qui n’aura plus les leviers pour orienter le vote populaire en sa faveur avec ce « raw gadou ». Beaucoup de députés ne connaissent même pas l’importance d’une Assemblée nationale dans une démocratie. Ce qui les intéresse, ce sont les prébendes, les avantages matériels et pécuniaires, les salaires faramineux, les passeports diplomatiques, les bakchichs. Quant aux préoccupations du peuple, elles sont reléguées au second plan. Pourtant il urge de rompre avec ce visage hideux qu’offre notre institution parlementaire. Si beaucoup Sénégalais ont accueilli avec allégresse et soulagement les candidatures de l’activiste Guy Marius Sagna, du journaliste Pape Djibril Fall, entre autres, voire d’opposants comme Thierno Alassane Sall ou même Abdoul Mbaye, c’est parce qu’ils espèrent que ces derniers, une fois élus, apporteront, au vu de leurs parcours et discours, une touche révolutionnaire à la marche bancale de l’Assemblée nationale.
En attendant, après 62 ans d’indépendance, notre démocratie parlementaire toujours embryonnaire crapahute à cause de l’irresponsabilité et de l’immaturité de ses députés qui n’ont pas encore compris le véritable rôle d’une Assemblée dans l’animation démocratique d’une Nation. Macky Sall, qui avait l’opportunité de changer le mode de scrutin pour donner plus de légitimité populaire aux élus, a renoncé à son projet réformiste d’avant 2012. Certainement qu’il ne veut pas scier la branche sur laquelle lui et sa coalition sont assis. Mais espérons qu’un vent nouveau soufflera au soir du 30 juillet à la place Soweto avec l’arrivée de la société civile.
Un scandale sexuel impliquant des reines de beauté de différents pays, des influenceuses et des animatrices de télé défraie la chronique depuis vendredi.
Un scandale sexuel impliquant des reines de beauté de différents pays, des influenceuses et des animatrices de télé défraie la chronique depuis vendredi.
Dénommé Dubaï Porta Potty, ce scandale comporte des vidéos choquantes mettant en scène des filles de différentes nationalités s’adonnant à de la scatophilie avec de riches hommes d’affaires dans la capitale émiratie. Ces vidéos obscènes et dégueulasses sont devenues, depuis ce week-end, virales sur les réseaux sociaux.
Selon le célèbre influenceur ivoirien Camille Makossa, pas moins de 57 de ses compatriotes dont 5 influenceuses, 7 miss, 8 artistes, 6 web comédiennes, 16 tik tokeuses, 7 mannequins et 2 animatrices télés chroniqueuses ont été identifiées dans ce scandale.
D’autres influenceuses venues d’autres parties du continent africain ont été identifiées dans ces Dubaï Porta Potty. Il s’agit de 78 ressortissantes de la RDC et du Congo Brazzaville, 49 du Cameroun, 31 du Bénin, 29 du Gabon, 26 du Togo, 21 du Burkina Faso et 20 de la Guinée. Le Sénégal aussi fait partie des pays cités dans ce scandale avec pas moins de 43 participantes dont 14 tik-tokeuses, 11 miss, 13 mannequins et 2 animatrices télé et radio.
Outre la scatophilie, les participantes à ces orgies s’adonnent aussi moyennant de fortes sommes à la zoophilie ou fait de faire l’amour avec des animaux. Sur Twitter, une vidéo montre une participante assise dans une baignoire et se faisant uriner sur le visage par un homme.
Dans l’émission Moja love, une participante a déclaré qu’il y avait également du sexe oral avec des chameaux lors de ces séances. Une des participantes, ressortissante du Togo, a indiqué que les séances sont monnayées entre 20 000 et 30 000 dollars par participante.
LA CÉRÉMONIE DE REMISE DES CAHIERS DE DOLÉANCES AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE MERCREDI
La livraison de mercredi de la presse quotidienne s’intéresse principalement de la cérémonie de remise des cahiers de doléances des syndicats au chef de l’Etat, une rencontre déroulée la veille au palais de la République
Dakar, 4 mai (APS) - La livraison de mercredi de la presse quotidienne s’intéresse principalement de la cérémonie de remise des cahiers de doléances des syndicats au chef de l’Etat, une rencontre déroulée la veille au palais de la République et au cours de laquelle Macky Sall s’est prononcé sur plusieurs sujets.
"Macky Sall s’engage et menace", résume Sud Quotidien, quotidien selon lequel le chef de l’Etat a été interpellé par les syndicats "sur la régularisation du secteur de la presse, de l’Internet" et bien d’autres sujets au menu de la cérémonie traditionnelle de dépôt des cahiers de doléances.
Le "règlement de certains passifs mais aussi la précarité de l’emploi dans le pays" faisaient partie des sujets sur lesquels le chef de l’Etat a été interpellé.
Sur toutes ces thématiques, Macky Sall "a apporté des réponses et annoncés que la prochaine cérémonie de remise de cahiers de doléances se fera avec la présence de représentants des employeurs", note Sud Quotidien.
Au sujet des médias, Macky Sall, dont les propos sont rapportés par Le Soleil, a assené : "On ne peut pas laisser continuer la précarité qui règne dans le milieu".
De même, ajoute Le Soleil, le président de la République a annoncé qu’un plan de restructuration de La Poste est en cours.
"Si nous voulons sauver l’essentiel, il nous faut créer une nouvelle société et procéder à la recapitalisation", ajoute-t-il au sujet de La Poste, dans des propos rapportés par Le Témoin quotidien.
Selon ce journal, Macky Sall juge "impossible de sauver une telle entreprise qui doit à l’Etat la somme de 189 milliards CFA. Nous ne pouvons pas payer ces travailleurs dont un grand nombre ne travaille pas". D’où cette manchette du Témoin quotidien : "Enterrement de première classe pour La Poste".
Le président Sall est aussi revenu les "recrutements politiques" au sein des collectivités territoriales, avec cette mise en garde placardée à la première page de Vox Populi : "Un maire ne peut pas faire ce qu’il veut sinon il est révoqué".
"Il y a eu des maires qui, avant de partir, ont recruté des centaines de personnes, cela aussi constitue un gros problème dans ce pays et qu’il faut revoir afin de fixer les règles", dit Macky Sall cité par le même journal.
Une déclaration du président Sall en particulier a été reprise par presque tous les médias : "Tout recrutement en dehors de l’organigramme mis en place est nul et de nul effet".
Les journaux y voient une mise en garde adressée au maire de Dakar, Barthélémy Dias. Suffisant pour que Bés Bi Le jour, par exemple, titre : "Macky fonce sur Barth’". Tribune renchérit : "Macky Sall sur le point de révoquer Barthélémy Dias", qui vient de recruter l’activiste Guy Marius Sagna et l’ex-capitaine de gendarmerie Seydina Oumar Touré.
Le premier, leader de Frapp-France Dégage, est connu pour son militantisme anti-impérialiste et a très souvent séjourné en prison, alors que le second a été radié de la gendarmerie pour des "manquements" liés à certaines de ses prises de position dans l’affaire Adji Sarr, portant sur des accusations de viol à l’encontre du député et opposant Ousmane Sonko.
Le capitaine Touré faisait partie des premiers à auditionner les personnes mises en cause dans cette affaire qui a provoqué des émeutes parmi les plus violentes enregistrées ces dernières années au Sénégal, lorsqu’il avait fallu convoquer le député Sonko.
Sur un tout autre sujet, une partie des journaux s’intéresse au dernier classement mondial de la liberté de presse, édition 2022, établi par Reporters sans frontières (RSF) et qui classe le Sénégal à la 73e place, sur 180 pays.
"La pire année pour le Sénégal" (Rewmi quotidien), qui recule de 24 places par rapport au classement de l’année dernière. "Un 4e pouvoir sur 4 appuis", note à propos le quotidien Kritik’.
"Si les supports se multiplient avec une prédominance des parutions sur la Toile, le contexte économique défavorable rend ardu le travail des professionnels des médias, sans compter les coûts de production onéreux et le manque de publicité pour la presse privée", analyse Tribune, concernant la situation de la presse sénégalaise.
Le quotidien L’As, de son côté, estime que la réputation de quatrième pouvoir de la presse sénégalaise se trouve "entachée" par ce nouveau classement publié à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de presse.
"De la menace persistante des réseaux sociaux à la précarité observée chez les journalistes en passant par l’engagement polémique des hommes de médias en politique, la presse sénégalaise est visiblement à la croisée des chemins", souligne ce journal.
LA DÉGRINGOLADE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE ET L'AVERTISSEMENT DE MACKY A L'ENDROIT DU MAIRE DE DAKAR A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE ZIK FM CE MERCREDI
Les quotidiens reçus ce mercredi évoquent le classement de Reporter sans frontière(RSF) qui révélé de la mise péril la liberté de la presse au Sénégal et les avertissement de Macky à l'endroit du maire de Dakar Barthélemy Diaz et le maire de Ziguinchor
Les quotidiens reçus ce mercredi 4 mai évoquent le classement de Reporter sans frontière(RSF) qui révélé de la mise péril la liberté de la presse au Sénégal et les avertissement de Macky à l'endroit du maire de Dakar Barthélemy Diaz et le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko. Suivez la revue de l'actualité présentée par Fabrice Nguéma sur Zik Fm.
L’AJUSTEMENT DES PRIX EST INÉVITABLE
Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki, est formel
Mamadou Lamine Diallo, Président du mouvement Tekki, est formel : « La guerre d’Ukraine a un impact direct sur le prix des hydrocarbures et du blé, on l’a suffisamment souligné. Maintenant, il faut faire face à ses effets sur l’économie du Sénégal ».
Et le député d’arguer, par l’entremise de la question économique de la semaine (la QES TEKKI), qu’il pose depuis le mois d’août 2016, dans le cadre du débat économique entretenu avec Macky Sall, « La Banque mondiale a estimé que ses effets vont durer près de deux ans.
Le FMI estime qu’il faut passer à l’ajustement des prix du carburant et cibler les couches vulnérables par des aides directes ». Malheureusement, a-t-il fini par relever : « Macky Sall saute sur l’occasion des aides directes pour son clientélisme politique en vue des élections législatives de juillet 2022, une quarantaine de milliards annoncés, empruntés bien sûr ».
Pour le député de l’opposition, « Macky Sall ne peut pas continuer à emprunter pour pallier les mauvais effets de sa politique d’investissements. La limite est atteinte et l’ajustement des prix est inévitable ». Conséquence, dira-til, « Il va chercher à le faire après juillet 2022 ».
Dans la foulée, Mamadou Lamine Diallo, Président du mouvement Tekki s’évertue à rappeler : « Comme on le sait, une partie de nos recettes gazières a été vendangée par les deals de Timis Sall. Aliou Sall nargue le peuple avec nos 400 000 et voudrait aller à l’Assemblée nationale ». Raison suffisante pour l’Opposition à Macky Sall, a fait savoir le député, de « se surpasser et présenter une liste unique aux lé gislatives et lui imposer la cohabitation afin d’engager une politique de souveraineté nationale sur nos ressources naturelles, gaz, poisson, foncier, etc. ».
«IL Y A UNE PERTE DE VALEURS AU SÉNÉGAL À TOUS LES NIVEAUX DE LA SOCIÉTÉ, NOTAMMENT EN POLITIQUE »
Ibou Sané, professeur en sociologie politique à l’UGB, se prononce sur la crise des valeurs
« Il y a deux types de système éducatif : à savoir ce que nous appelons l’éducation familiale et l’éducation scolaire. Toutefois, les deux vont ensemble. L’école ne fait que compléter ce que la famille devrait faire en premier lieu : l’éducation de base, c’est celle-là qui nous manque énormément au Sénégal. C’est ce qui fait que de plus en plus, les gens sont dans les réseaux en y passant tout leur temps à dénigrer les gens et à insulter. Autrement dit, nous sommes dans une société où l’anomie est en train de prendre de plus en plus une très grande place. Et cette anomie n’est rien d’autre que la perte de repères. Et au-delà de la perte des repères, c’est des valeurs de la société traditionnelle que nous sommes aussi en train de bafouer. C’est que ce qui fait que les institutions traditionnelles, comme par exemple en Casamance l’initiation chez les Diolas avec le « boukoute » et le « Kankourang » chez les Mandings, tout cela est par terre. Est-ce lié à la crise qui continue à servir un peu partout à travers le monde ? Est-ce lié à une négligence des parents ou est-ce lié à la modernité qui fait qu’on a tendance à régler nos traditions ? Je pense que l’un dans l’autre, nous devrons faire beaucoup attention pour que nous ne perdions pas les valeurs de la société traditionnelle d’une part et que nous mettions en relief les valeurs qui fondent nos sociétés d’autre part : la solidarité, l’entraide et le partage mais surtout l’éducation. Car, une société bien éduquée est une société qui travaille, une société où les gens mettent le focus sur le sens de responsabilité qui consiste à bien travailler. D’ailleurs, le président Wade avait bien vu lorsqu’il disait en 2000, «il faut travailler, beaucoup travailler, encore travailler, toujours travailler ». Malheureusement, nous travaillons très peu et les gens se réfugient dans les réseaux sociaux parce que tout simplement les parents ont démissionné. L’école ne peut pas tout régler. La première instance de socialisation, c’est la famille. C’est là où on doit mettre tout le poids pour que la société prenne en charge tous ces problèmes qui sont en train de nous échapper. »
«IL N’Y A QU’AU SÉNÉGAL OÙ LA POLITIQUE EST RELÉGUÉE À UN JEU DE YOYO OÙ DES GENS PROFITENT DU MOINDRE INTÉRÊT POUR RETOURNER LEUR VESTE ».
« Les gens voudraient que l’Etat porte le chapeau en oubliant que l’Etat, c’est nous. C’est nous qui avons démissionné et instauré le laxisme au point qu’aujourd’hui la rigueur qui devait être l’élément clé, cette rigueur-là a disparu dans les familles. Plus de hiérarchie dans les familles alors que le premier pilier de développement d’une bonne société, c’est la société hiérarchique. De plus en plus, ce sont des cadets qui commandent les ainés et c’est le monde à l’envers. Résultat : rien ne bouge et la loi de la jungle va encore régner parce qu’il y a une perte de valeurs au Sénégal à tous les niveaux de la société, notamment en politique. Dans les pays du nord, vous ne verrez jamais quelqu’un qui est de gauche aller sympathiser avec un militant de droit vice-versa. On est socialiste ou communiste ou encore libéral jusqu’à la mort. Il n’y a qu’au Sénégal où la politique est reléguée à un jeu de yoyo où des gens profitent du moindre intérêt pour retourner leur veste. Ils ne s’occupent pas de l’intérêt général mais seulement de leur intérêt. Nous vivons dans une société inégalitaire et à partir de ce moment, chacun se bat pour aller chercher de quoi améliorer ses conditions de vie. Et tous les coups sont permis pour arriver à cet objectif. On voit même des pères de famille qui font un jeu de yoyo alors qu’ils ont leurs familles, femme, enfants, parents, amis et la lignée mais personne ne leur dit rien tout simplement parce que les gens préfèrent profiter des avantages du système ».