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18 juin 2025
LIBERTÉ DE LA PRESSE, LE SÉNÉGAL EN PERTE DE VITESSE
Le Sénégal occupe la 73e place, sur 180 pays, du nouveau classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, perdant 24 places par rapport à l’année dernière.
Dakar, 3 mai (APS) - Le Sénégal occupe la 73e place, sur 180 pays, du nouveau classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, perdant 24 places par rapport à l’année dernière.
Ce classement, édition 2022, est dominé par la Norvège, le Danemark et la Suède, dans un contexte marqué par "une double polarisation, amplifiée par le chaos informationnel : polarisation des médias entraînant des fractures à l’intérieur des pays et la polarisation entre les États sur le plan international".
Les Seychelles, pays africain le mieux noté de ce classement, occupe la 13e place et est crédité d’une situation "plutôt bonne" en matière de liberté de la presse, de même que la Namibie (18e), l’Afrique du Sud (35e), le Cap-Vert (36e), la Côte d’Ivoire (37e), le Burkina Faso (41e), la Sierra-Léone (46e).
La situation de la liberté de la presse est par contre jugée "problématique" en Gambie (50e), au Niger (59e), au Ghana (60e), à Maurice (64e) et au Kenya (69e), ainsi qu’au Sénégal, qui devance cependant au classement le Liberia (75e), le Malawi (80e), les Comores (83e), la Guinée (84e) et le Lesotho, à la 88e place d’un classement qui place dont la Corée du Nord est le dernier élève.
Reporters sans frontières souligne que plus généralement, la liberté de l’information "revêt plusieurs visages" en Afrique, "où coexistent à la fois la presse foisonnante du Sénégal (73e du Classement) ou d’Afrique du Sud (35e) et le silence assourdissant des médias privés en Érythrée (179e) ou à Djibouti (164e)".
"Malgré une vague de libéralisation dans les années 1990, on assiste encore trop souvent à des pratiques arbitraires de censure, notamment sur Internet avec des coupures ponctuelles du réseau dans certains pays, des arrestations de journalistes et des atteintes violentes. Celles-ci se déroulent très souvent dans la plus grande impunité, comme l’illustre la disparition du journaliste malien Birama Touré en 2016, dont RSF a démontré qu’il avait été enlevé par les services de renseignement de son pays et probablement tué lors de sa détention au secret", peut-on lire.
"Ces dernières années, la multiplication de lois répressives criminalisant le journalisme en ligne est venue porter un nouveau coup au droit à l’information’’, avance analyse Reporters sans frontières, ONG de défense de la liberté de la presse.
Elle relève que dans le même temps, "la prolifération des rumeurs, de la propagande et de la désinformation a contribué à affaiblir le journalisme et l’accès à une information de qualité".
"Souvent peu soutenus d’un point de vue institutionnel et encore largement dépendants des diktats éditoriaux de leurs propriétaires, les médias africains peinent à développer des modèles soutenables et durables", fait observer l’ONG.
LE DÉVELOPPEMENT DES MÉDIAS D’OPINION AMPLIFIÉ PAR LES RÉSEAUX SOCIAUX
"Longtemps étouffés sous la dictature, des pays comme l’Angola (99e), le Zimbabwe (137e) ou l’Éthiopie (114e) ont connu une ouverture plus ou moins importante de leur espace médiatique mais, dans la plupart des cas, la répression des voix dissidentes demeure", note-t-elle, ajoutant que dans le Sahel, "l’insécurité et l’instabilité politique ont fortement progressé et le journalisme y est, ces derniers temps, attaqué de manière spectaculaire".
Reporters sans frontières rappelle à cet effet qu’en 2021, deux journalistes espagnols ont été tués au Burkina Faso (41e). De même, le reporter français Olivier Dubois a été enlevé par un groupe armé au Mali (111e) et plusieurs journalistes ont été expulsés du Bénin (121e), du Mali ou du Burkina Faso.
De manière générale, fait-elle valoir, dans les sociétés démocratiques, "le développement de médias d’opinion sur le modèle de Fox News et la banalisation des circuits de désinformation, amplifiée par le fonctionnement des réseaux sociaux, provoquent un accroissement des clivages".
"Sur le plan international, conclut Reporters sans frontières, l’asymétrie entre, d’une part, les sociétés ouvertes et, d’autre part, les régimes despotiques qui contrôlent leurs médias et leurs plateformes tout en menant des guerres de propagande, affaiblit les démocraties".
La 20e édition du classement mondial de la liberté de la presse a été l’occasion, pour RSF, de faire évoluer sa méthodologie, en travaillant avec un comité de sept experts issus du monde universitaire et des médias.
Ce travail a permis de définir la liberté de la presse comme"la possibilité effective pour les journalistes, en tant qu’individus et en tant que collectifs, de sélectionner, produire et diffuser des informations dans l’intérêt général, indépendamment des interférences politiques, économiques, légales et sociales, et sans menaces pour leur sécurité physique et mentale".
Il en résulte cinq nouveaux indicateurs qui structurent le classement et donnent une vision de la liberté de la presse dans sa complexité : contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité.
par Georges Dougueli
L'UKRAINE, LES HOMMES FORTS ET NOUS
Que cache la fascination de certains Africains pour le président russe et, plus généralement, pour les hommes forts ? Plusieurs semaines après le déclenchement de l’offensive de Moscou sur Kiev, la question continue de diviser le continent
Jeune Afrique |
Georges Dougueli |
Publication 03/05/2022
Plusieurs semaines après le déclenchement de l’offensive sur l’Ukraine que le président russe, Vladimir Poutine, a promis de « démilitariser » et de « dénazifier », la question continue de diviser le continent.
Pour des raisons qu’ils n’ont pas encore explicitées, de nombreux pays du continent ont voté contre la résolution condamnant la Russie, tandis que d’autres se sont abstenus ou n’ont tout simplement pas envoyé de représentant à la séance. Le sujet divise également la société.
Souverainisme chatouilleux
La violence des joutes verbales sur les réseaux sociaux révèle des contradictions susceptibles de déboussoler les plus jeunes. Que de principes chers aux peuples anciennement colonisés foulés aux pieds ! Que de compromis avec soi-même et avec sa conscience !
Pour valider la conquête militaire de l’Ukraine et de la Crimée, certains n’hésitent pas à remettre en cause le principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation, adopté dans les années 1960 par l’OUA pour prémunir l’Afrique de toutes sortes de conflits liés aux ressources.
D’autres, naguère intransigeants sur le droit des peuples africains à disposer d’eux-mêmes, ne s’offusquent pas des ingérences de Moscou dans les élections d’autres pays au point de tenter d’imposer à Kiev des gouvernements « pro-Russes ». Tous ont le souverainisme chatouilleux quand il s’agit de leur propre pays, mais, par solidarité avec les Russes, ils contestent à l’Ukraine le droit de signer des alliances avec l’Otan ou d’adhérer à l’Union européenne.
Que dire de ces opposants qui risquent la prison pour avoir exercé leur liberté de manifester mais qui, dans le même temps, soutiennent un pouvoir russe privant l’opposant Alexeï Navalny de sa liberté pour les mêmes raisons ?
Grand malaise
De nombreuses incohérences et surtout, un grand malaise résultent de tout ça. Particulièrement quand on observe que le soutien à Vladimir Poutine transcende les partis. Qu’ils soient issus des différentes majorités au pouvoir ou des oppositions autoproclamées progressistes, les admirateurs tonitruants du président russe ont remporté la bataille de la communication et tentent de réduire au silence toute contradiction.
Regarder la télévision et lire les journaux papier ou numériques peut laisser croire en l’existence d’une empathie pour l’agresseur, laquelle s’accompagnerait d’une parfaite indifférence aux souffrances d’Ukrainiens bombardés et jetés sur les routes de l’exil.
S’agissant des recherches les plus connues de Fogel (1926-2013), elles portent, entre autres, sur le «rôle du chemin de fer dans le développement économique aux Etats-Unis»
En 1993, le Nobel d’économie avait été décerné aux Américains Robert W. Fogel et Douglass C. North. S’agissant des recherches les plus connues de Fogel (1926-2013), elles portent, entre autres, sur le «rôle du chemin de fer dans le développement économique aux Etats-Unis».
Si le Sénégalais Khadim Bamba Diagne planchait vraiment sur les investissements structurants, le discours économique du Président Macky Sall sur le chemin de fer au Sénégal devrait attirer son attention au moins autant que le petit Train bleu (1987-2003) devenu Petit train de banlieue (Ptb) en 2003 avant de muter en Train express régional (Ter). Là au moins il boxerait dans la même catégorie que son défunt collègue américain Fogel plutôt que de se contenter de polémiques stériles sur la rentabilité ou non du Ter au bout de 100 jours seulement. C’est qu’au bout de 100 jours, le Ter peut être considéré comme rentable ou pas si les 3 milliards engrangés sont supérieurs ou pas aux charges ayant permis de les récolter dans la période. Question à Khadim Bamba Diagne inspirée par les travaux de son défunt collègue Fogel : Quel est le coût réel de la mobilité accrue des passagers sur le tronçon Dakar-Diamniadio pendant 100 jours d’exploitation du Ter ?
Question non moins sérieuse : le discours du Président Sall sur le chemin de fer aurait-il échappé à Diagne ? Si oui, en voici quelques passages choisis.
Discours du Président sur le chemin de fer
«L’émergence économique d’un pays n’est rien d’autre que son entrée dans le cercle des grands producteurs et utilisateurs d’acier», écrit le professeur d’économie Makhtar Diouf dans une critique constructive du Plan Sénégal émergent (Pse) remontant à 2014. Il ne fait aucun doute que la réhabilitation du chemin de fer, «moteur éprouvé de développement», ferait déjà de notre pays un gros consommateur d’acier. L’ambition du Président Sall de quadriller le pays par le rail n’est donc pas fortuite.
Réception des navires Aguène et Diambogne (19/02/2015)
Avec plus de 700 km de côtes, le Sénégal doit résolument assumer sa vocation naturelle de hub maritime.
C’est le sens du projet d’extension du Port de Dakar et de celui du port minéralier de Bargny, dont les études de faisabilité sont déjà achevées.
Aussi, sur le volet ferroviaire, nous disposons à présent de l’étude de faisabilité du projet de chemin de fer Ziguinchor-Tambacounda-Dakar, estimé à 506 millions de dollars.
C’est un important projet qui permettra l’interconnexion des régions Sud, Est, Ouest et du Centre, en facilitant en même temps l’intégration avec les pays de la sous-région et l’exploitation de notre potentiel minier et agro-pastoral.
Conférence sur l’émergence en Afrique (18/03/2015)
«Dans sa philosophie et ses modalités de mise en œuvre, le Pse repose plus sur le partenariat que sur l’aide.
C’est pourquoi nous avons adopté une loi sur les contrats de Construction, Exploitation et Transfert (Cet), ou Build, Operate and Transfer (Bot). Cette loi vise à promouvoir les financements innovants des infrastructures publiques à travers le partenariat public-privé.
Nous comptons déjà des exemples réussis dans ce domaine dont une autoroute à péage sur 45 km, et un nouveau projet d’autoroute sur 113 km.
De même, en collaboration avec le secteur privé, nous aménageons actuellement un nouveau pôle urbain sur le site de Diamniadio, à trente kilomètres de Dakar.
En outre, nous lancerons prochainement une liaison ferroviaire par train rapide pour connecter Dakar et le nouvel aéroport international Blaise Diagne en cours de finition.»
Forum sur la coopération sino-africaine (04/10/2015)
«Au titre de la présidence en exercice du Nepad, je souhaite que le partenariat sino-africain intègre davantage les priorités du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida) pour la période 2012-2040, dont la mise en œuvre d’ici 2020 nécessite un financement de 68 milliards de dollars.
Ces priorités traduisent notre vision d’une Afrique nouvelle ; l’Afrique des routes et des autoroutes, l’Afrique des ponts et des chemins de fer, l’Afrique des grands barrages et des domaines agro-industriels, l’Afrique des grandes centrales électriques, des parcs industriels et des technologies de l’information et de la communication.»
Pose première pierre MIN&GGP (30/05/2016)
«1. Edifiés à l’interconnexion des voies autoroutières et ferroviaires, ces projets, permettront, à terme, de faciliter le commerce des produits agricoles et alimentaires, avec un impact positif dans la compétitivité économique du Sénégal.
2. En effet, à la croisée de voies ferroviaires, routières et aéroportuaires, le marché d’intérêt national et la gare des gros porteurs, situés à 17 km de l’aéroport international Blaise Diagne, à 25 mn du Port autonome de Dakar, seront forcément, à terme, des points de convergence de tous les acteurs évoluant dans le commerce des produits agricoles et le transport, tant au niveau national que sous régional.»
Forum économique en Pologne (24/10/2016)
«Dans le domaine des infrastructures, y compris l’habitat, nous poursuivons nos efforts à travers la densification de notre réseau routier avec 33 projets majeurs en cours, dont deux autoroutes à péage.
Nous avons aussi un important projet de réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako au Mali, sur 1200 km, en plus d’une ligne de train rapide sur 50 km, entre Dakar et le nouvel Aéroport international Blaise Diagne qui est en phase de finition.»
Lancement du Ter au Cicad (14/12/2016)
«1. L’histoire du chemin de fer au Sénégal remonte au 19e siècle, avec la ligne ferroviaire Dakar-Saint Louis, inaugurée en 1885.
2. Ce chemin de fer, à écartement métrique, sans doute moderne à son époque, a fait son temps.
3. Il s’agit de réaliser un chemin de fer à traction électrique, moderne, rapide et à écartement standard ; le premier en Afrique de l’Ouest.
4. Et ce ne sera pas fini, parce que nous comptons aussi relancer la ligne ferroviaire Dakar-Tambacounda-Bamako, avec le même écartement standard que le Ter.
5. Je tiens absolument à la relance du chemin de fer Dakar-Bamako parce que c’est un projet économiquement rentable, un projet intégrateur, qui nous relie au Mali, un pays plus que voisin et frère, auquel nous sommes unis par l’histoire et la communauté de destin.
6. Le chemin de fer Dakar-Bamako date du siècle dernier.
7. Je félicite les ministres des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, le ministre de l’Economie, des finances et du plan et toutes leurs équipes, le Secrétaire d’Etat chargé des Chemins de fer, ainsi que le Directeur général de l’Apix et celui de l’Agence nationale des chemins de fer du Sénégal (…) pour la qualité du travail accompli.
8. J’invite les futurs usagers du train à visiter la Maison du Ter pour s’informer sur toutes les facettes de ce nouveau mode de transport de masse, se familiariser avec les spécificités technologiques propres au dispositif ferroviaire électrique, au système d’émission des tickets et aux services rattachés à l’exploitation du Ter.»
Conclusion
Si, comme son défunt pair Fogel et le Président Macky Sall, l’économiste Khadim Bamba Diagne s’intéressait vraiment au «rôle du chemin de fer dans le développement économique», il rendrait un bon service à son pays en contribuant d’abord au renforcement des capacités des médias dont il est le «bon client» (plutôt court et imprécis) au cours des dix dernières années.
Concernant le Président Macky Sall, les actes ont fait suite au discours et le pays change structurellement de physionomie depuis le lancement en février 2014 du Pse.
par Yoro Dia
CHANGER LE LOGICIEL DE LA RHETORIQUE VICTIMAIRE
De ses nombreuses années passées comme représentant du Sénégal auprès de l’UA, l’Ambassadeur Baye Moctar Diop a tiré une analyse des contraintes qui empêchent cette organisation de réaliser ses ambitions
De ses nombreuses années passées comme représentant du Sénégal auprès de l’Union africaine, l’Ambassadeur Baye Moctar Diop a tiré un ouvrage, non de souvenirs et d’anecdotes, mais plutôt une analyse des contraintes qui empêchent cette organisation, la plus grande des organisations régionales dans le monde, à réaliser ses ambitions avouées et déclarées. Le diplomate sénégalais décortique également pourquoi les nombreuses résolutions restent lettre morte au fond des tiroirs, et voient d’autres se superposer au-dessus, sans qu’aucune action ne s’ensuive.
Des diplomates sénégalais prennent de temps en temps la plume, mais souvent c’est pour témoigner et retracer leur parcours. Le livre de Baye Moctar Diop, l’Ambas¬sadeur du Sénégal à Bruxelles, sort de ces sentiers battus car son ouvrage est à la fois un bon manuel pour comprendre les mécanismes et règles de fonctionnement de l’Union africaine, mais est aussi et surtout une analyse rigoureuse et profonde de «la trajectoire de l’Ua pour mesurer ses réussites et ses insuffisances et apprécier ses ajustements et repositionnements stratégiques» comme le souligne le préfacier, le Président Macky Sall. L’ori¬ginalité de la démarche de l’auteur est à la fois dans un regard intérieur (5 ans ambassadeur du Sénégal en Ethiopie et à l’Ua) et un autre regard très détaché qu’il jette sur l’organisation pour diagnostiquer ses maux et proposer des pistes de solutions.
C’est ce double regard qui fait l’originalité et la qualité du livre. Toute la problématique du livre est dans ce constat de l’auteur «qu’en 2021, les débats d’avant 1963 sur la construction de l’unité africaine restent souvent plus que d’actualité et soulèvent toujours diverses interrogations». D’où cette interrogation sur les problèmes de l’Ua, qui résulteraient «soit d’un manque de réalisme des ambitions ou d’un déficit de volonté politique ?» ou, pourquoi «l’euphorie suscitée par la création de l’Ua n’est pas à la hauteur de ses ambitions ?».
Apres avoir parcouru le livre on se rend compte c’est un manque de volonté politique qui prédomine. La création du l’Oua fut comme un «superbe lever de soleil» après la longue nuit coloniale, d’où la pertinence du projet qui a fait l’unanimité, avec «des acteurs et observateurs qui ont très tôt convenu que le grand destin auquel l’Afrique et ses peuples aspirent ne peut s’accomplir que dans l’unité politique et l’intégration des micro-Etats». Pourquoi un «projet unanime sur sa pertinence» prend autant de temps à être concrétisé et que de façon sisyphéenne, on en revient toujours au même débat, de Kwame Nkrumah à Macky Sall en 2022.
Les réponses de Baye Moctar Diop sont d’une clarté brutale quand il nous dit : «Entre la volonté d’aller de l’avant et les pesanteurs de divers ordres sur la voie de la réalisation de l’unité, il manque peut-être une dose d’audace. L’audace de franchir les pas décisifs à la rencontre de son destin avec fierté et confiance.» N’eut été la retenue diplomatique qui exige la nuance, le «peut-être» serait remplacé par «sûrement».
Cette audace passe par la volonté politique de quitter le mur des lamentations devant lequel nous sommes depuis les indépendances afin de nous atteler la «reconstruction de ses propres infrastructures psychiques et ne plus faire de la colonisation et de l’esclave des pivots centraux de notre histoire» comme dit Felwine Sarr que cite l’auteur.
Pour Baye Moctar, pour progresser, il est indispensable que l’Ua opère une rupture avec «la rhétorique contestataire qui affaiblit le leadership politique» et aussi avec «la victimisation et son corollaire la contestation qui ont fini pour constituer l’Adn de l’Oua/Ua, une sorte d’identité remarquable qui brouille malheureusement la vision de la renaissance africaine».
Ce discours victimaire, qui a été efficace dans la lutte pour l’indépendance et la lutte contre l’apartheid, est aujourd’hui devenu alibi pour les élites africaines pour se déculpabiliser du piétinement de l’organisation qui n’a jamais tranché les débats d’avant 1963 entre les «fédéralistes» et les partisans de «l’approche graduelle» vers l’intégration. Le discours victimaire permet aussi de couvrir les dysfonctionnements de l’organisation, comme de l’inflation des rapports et de réformes, comme le diagnostique la «Réforme Kagamé» de janvier 2017. «La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement a adopté 1500 résolutions. Par notre incapacité constante à suivre la mise en œuvre des décisions que nous avons prises, nous avons donné le sentiment qu’elles n’ont aucune importance.
Le constat se dégage d’une organisation dysfonctionnelle qui a peu de valeur aux yeux de ses Etats membres, à la laquelle les partenaires extérieurs accordent peu de crédit et qui ne jouit d’aucune confiance auprès de nos concitoyens». Grand paradoxe pour la plus grande organisation régionale du monde, dont les 30 millions de Km2 peuvent «loger les Usa, la Chine, l’Inde et une partie de l’Europe occidentale». Les réformes qui se suivent, se ressemblent, se recoupent parce que «motivées par l’échec ou l’inachèvement des précédentes, donnent à l’auteur l’impression d’un éternel recommencement d’une organisation en perpétuelle quête d’identité».
Le problème du financement de l’Ua repose encore le problème de la volonté politique avec des «activités financées à 75% par des partenaires extérieurs». La réforme Kagamé 2017 avait recyclé une idée qui remonte à 2003, revenue en 2006, d’une taxe de 0,2% sur certaines importations pour financer l’Ua, mais elle est restée lettre morte comme l’idée de rendre effective la libre circulation des personnes avec le passeport africain, comme aussi la réforme visant à transformer la Commission de l’Ua en autorité en lui donnant plus de pouvoir parce que la Conférence chefs d’Etat (organe suprême) veut que l’Ua reste une organisation intergouvernementale, c’est-à-dire une organisation «d’Etats indépendants et souverains». Ce qui fait que l’idée de former un «gouvernement de l’Union» comme le constate le rapport Obasanjo de 2006, «même si elle fait l’objet d’un large consensus auprès de tous les acteurs de la vie publique en Afrique, sa réalisation requiert cependant une approche sur plusieurs niveaux et une démarche graduelle».
Bel enterrement diplomatique d’une idée chère à Wade et à Khadafi qui, au sommet d’Alger de 1999, parvient à convaincre ses pairs que l’Oua avait atteint ses objectifs à savoir décoloniser le continent et faire tomber l’apartheid, et qu’il fallait «la rendre plus efficace ou la remplacer». C’est ainsi que l’Oua deviendra l’Ua au sommet extraordinaire de Syrte de septembre 1999.
Exemple rare de volonté politique qui fait si souvent défaut à l’UA, qui fera qualifier par l’auteur de «cure de conscience» le discours qui dit que «l’objectif ultime de l’Ua est la réalisation des Etats-Unis d’Afrique tel qu’envisagé par les pères fondateurs» répété depuis près 60 ans à chaque journée de l’Ua, le 25 mai. «Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera», avait dit Napoléon. L’ambassadeur Baye Moctar Diop pense la même chose en invitant l’Afrique à «oser son destin», c’est-à-dire «penser Afrique», «agir Afrique», bref «Afrique d’abord» pour assumer son avenir radieux qui passe par une rupture totale avec la logique seulement victimaire, pour bâtir sur un autre socle car comme l’écrit le diplomate Jean-Marie Guéhenno dans le Premier XXIe Siècle, «les Etats-Unis ont construit le mythe d’une société bâtie sur un contrat plutôt que sur une mémoire…
L’Europe est hantée par son passé. Elle n’a pas l’envie, ni le droit de l’oublier». Si l’Europe est hantée par son passée, l’Afrique est prisonnière de sa mémoire, et son passé doit avoir l’audace «d’oser son destin» afin que l’Ua, la plus grande organisation régionale du monde avec 54 Etats, puisse jouer son véritable rôle dans la marche du monde.
Ce nouveau contrat pourrait se baser sur la nécessité d’une intégration économique africaine pour exister et compter, comme celui de l’Ue qui a remplacé la guerre par l’économie comme mode de régulation des relations entre Etats. Ce nouveau contrat, ce «nouveau logiciel», pour parler comme l’actuel président de l’Ua, est nécessaire parce que le postulat de l’Unité originelle du continent divisé par la colonisation et qu’il faut réunifier, sur lequel se fonde le panafricanisme est un postulat faux, pour ne pas dire une idée reçue. L’Oua a relevé le défi politique avec la décolonisation et la fin de l’Apartheid ; maintenant il appartient à l’Ua de relever le défi économique d’un continent qui, même s’il ne pèse que 3% du commerce mondial, a un immense potentiel pour être inéluctablement l’avenir du monde après en avoir été l’origine et le berceau. Entre cette «ambition» et les «volontés», il y a le chainon manquant «d’oser son destin» en changeant de logiciel.
LE MAIRE DE THIES-EST NE TRANSHUME PAS
Même s’il a été reçu par le président de la République ce week-end, le maire de Thiès-Est affirme son ancrage dans Yewwi askan wi. Me Ousmane Diagne dit être allé au Palais pour des projets
Même s’il a été reçu par le président de la République ce week-end, le maire de Thiès-Est affirme son ancrage dans Yewwi askan wi. Me Ousmane Diagne dit être allé au Palais pour des projets de la mairie.
Dans la nouvelle stratégie de Macky Sall pour «réduire l’opposition à sa plus simple expression», il y a les maires qu’il peut faire rallier dans son camp. On peut citer Bamba Fall, Djibril Wade, Aziz Guèye et une dizaine d’autres maires. Ceux qui sont plus ou moins réticents sont juste reçus pour faire enfler la rumeur, histoire de semer le doute. Après Seydina Issa Laye Sambe, maire de Yoff, Macky Sall a reçu dimanche le maire Yewwi askan wi de Thiès-Est. Comme une traînée de poudre, les réseaux sociaux se sont enflammés. A Thiès, Yewwi, qui s’est emparée des 3 communes et de la Ville, serait en passe de perdre un des siens.
A la fin de la prière de Korité, hier à la mosquée de Moussanté, Me Ousmane Diagne, maire de Thiès-Est, a tenu à «rétablir la vérité des faits». «Nous avons bénéficié d’une opportunité pour rencontrer le Président Macky Sall pour lui poser les problèmes au niveau de la commune de Thiès-Est, notamment les problèmes d’infrastructures. Je crois qu’il va y avoir un début de solution parce qu’il y a un Cem qui doit être construit au niveau de Hersent. La commune, c’est la continuité de l’Etat. N’importe quel maire ou Sénégalais devrait avoir la possibilité de rencontrer le président de la République pour porter les préoccupations des populations. A la fin, nous n’avons des comptes à rendre qu’aux populations», s’est-il justifié.
«Me Ousmane Diagne demeure ancré dans la coalition Yewwi»
L’édile de Thiès-Est rappelle que la mairie avait des projets de construction d’infrastructures dont deux postes de santé : l’un à la Cité Keur Khadim et l’autre au niveau du quartier Fayou. «Il y a un autre projet extrêmement important à mes yeux parce que se trouvant dans mon quartier Hersent. Il s’agit de la construction d’un Cem moderne qui a été offert par l’Agence française développement dans le cadre de l’Adm 2. Nous avons eu d’énormes problèmes pour avoir un permis de construire nous permettant de démarrer les travaux. Le Préfet, après la délibération du Conseil municipal, l’année dernière, nous a signifié que le site en question se trouverait au niveau du Champ de courses et que seule une autorisation expresse du ministre des Sports pouvait nous permettre de procéder à ces constructions», a-t-il précisé.
Finalement reçu par le ministre des Sports Matar Ba, Me Ousmane Diagne a été aussi conduit vers le président de la République. Mais il a démenti tout échange portant sur la politique. «Me Ousmane Diagne demeure ancré dans la coalition Yewwi askan wi. Nous sommes en train de massifier et de développer notre mouvement afin de préparer les prochaines joutes électorales», a-t-il conclu.
IDY JUSTIFIE (TOUJOURS) LE «MBURU AK SOOW»
19 mois après son alliance avec Macky Sall, Idrissa Seck est revenu hier sur les raisons. Le leader du parti Rewmi lie sa décision à la stabilité du pays.
19 mois après son alliance avec Macky Sall, Idrissa Seck est revenu hier sur les raisons. Le leader du parti Rewmi lie sa décision à la stabilité du pays.
1er novembre 2020, Idrissa Seck, surprenant les observateurs les plus avertis, acte son alliance avec Macky Sall avec sa nomination à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese). 19 mois après, le leader du parti Rewmi justifie toujours ce ralliement au camp présidentiel qu’il a traité de tous les noms.
A la fin de la prière de la Korité, hier à la mosquée Moussanté, l’ancien Premier ministre dira avoir répondu à «l’invitation du président de la République Macky Sall, pour faire face, ensemble, aux innombrables crises qui s’apprêtaient à assaillir le pays en provenance du reste du monde». Le théoricien du «mburu ak soow» cite le Covid-19, la crise financière et aujourd’hui, la guerre en Ukraine.
Le leader du parti Rewmi soutient que la tentation la plus facile pour l’opposant est de dire : «S’il y a difficultés, il y a augmentation du mécontentement, donc c’est, peut-être, une opportunité pour créer le chaos, faire tomber le régime et en profiter (…) Ce n’était pas mon option.»
L’ancien président du Conseil départemental de Thiès entend «veiller à ce que le pays reste stable, que la paix y règne, que la concorde nationale existe et que les mécanismes démocratiques ne soient pas compromis». Pour M. Seck, l’issue des Législatives du 31 juillet va avoir une influence sur la stabilité du pays. «Nous ne devons pas, face à la mission de stabilisation de notre pays, de pacification, de défense des intérêts de nos populations, hésiter une seule seconde pour des problèmes d’image ou de satisfaction de l‘opinion… Nous devons être les premiers à faire ce sacrifice-là, si nous sommes des patriotes sincères», ajoutera-t-il.
L’ancien maire de Thiès dit avoir constaté les «dégâts» ailleurs où les oppositions ont pu choisir d’autres voies. Idrissa Seck s’expliquera : «Vous savez, le régime est tombé en Guinée, il est tombé au Mali, au Burkina Faso…à la faveur de toutes ces difficultés, mais ce n’est pas l’opposition qui est arrivée au pouvoir. C‘étaient des coups d’Etat.» Idrissa Seck considère que «la compétition au niveau des idées ne doit pas entraîner l’invective, et pire encore, quand ça touche à l’ethnie, à la religion, aux confréries etc., qui sont des domaines extrêmement sensibles».
Face aux difficultés, la première obligation, selon l’ex-maire de Thiès, est de mobiliser toutes les compétences et moyens pour que les populations ne soient pas emportées. Le leader de Rewmi a invité par ailleurs l’opposition à «cultiver la paix». Selon lui, «la première mission du chef de l’Etat c’est de veiller à l’unité nationale, à la concorde nationale, à la stabilité et à la paix du pays». Mais, rappelle-t-il, «c’est aussi la mission de tout homme d’Etat dans l’opposition».
«QUE TOUT LE MONDE SE REGROUPE DERRIÈRE IDRISSA SECK»
Pour la reconquête de Thiès lors des législatives, Macky Sall appelle les responsables locaux de Benno à mettre de côté les ego pour se regrouper derrière le patron de Rewmi
Pour la reconquête de Thiès lors des Législatives, Macky Sall appelle les responsables locaux de Benno à mettre de côté les ego pour se regrouper derrière Idrissa Seck. Le président de la République réitère sa confiance au leader du parti Rewmi.
On ne sait pas si Idrissa Seck sera tête de liste de la coalition Benno bokk yaakaar (Bby) à Thiès lors des Législatives du 31 juillet, mais cette ville sera l’une des attractions.
Battue à la surprise générale par Yewwi askan wi lors des élections locales du 23 janvier dernier, Bby pensait tenir pour de bon la Ville après le ralliement du leader du parti Rewmi. Ce dernier comme de hauts responsables du camp du pouvoir dans la Cité du rail ont été reçus par Macky Sall samedi dernier. Le président de Bby a renouvelé sa confiance à Idrissa Seck.
Devant Mahmoud Saleh, Mimi Touré, Mor Ngom, Abdou Mbow, Alioune Sarr, Pape Amadou Ndiaye, Yankhoba Diattara ou encore Talla Sylla, le patron de l’Apr a exhorté ses responsables à oublier les ego au nom de l’intérêt de la coalition. Des personnes qui se sont confiées au journal Le Quotidien rapportent que le Président Sall a demandé une mutualisation des forces pour assurer à Bby une victoire éclatante. «Que tout le monde se retrouve derrière Idrissa Seck. Que tout le monde se retrouve sous sa houlette», a exhorté le président de Bby. Pour cela, Macky Sall a décidé que des missions seront de nouveau envoyées dans les communes de Thiès pour raffermir les liens entre les responsables locaux.
En gratifiant l’assistance de ses chants humoristiques dont il a le secret, Talla Sylla s’est réconcilié avec Idrissa Seck devant Macky Sall. L’ancien Premier ministre a assuré au Président que toutes les conditions sont réunies pour un succès électoral de Benno à Thiès. «Tous les responsables qui sont ici méritent de figurer sur la liste de Thiès. Mais malheureusement, ce ne sera pas les cas. Il va falloir qu’on s’oublie pour le triomphe de la coalition», a déclaré le président du Conseil économique, social et environnemental. (Cese). Cependant, a-t-il noté avec un brin d’humour, Thiès est une ville rebelle. Pour Idy, le Bby local a toute la matière grise pour gagner ces élections législatives.
Par ailleurs, la rencontre a enregistré la présence de Malick Ndiaye, maire de Pout, élu sous la bannière de Wallu Senegaal, du maire de Touba Toul, Ameth Dièye, et du maire de Khombole, Maguèye Boye, tous 2 de la coalition Gox yu bess. Ces 3 édiles travaillent désormais pour Bby.
Par Hamidou ANNE
LA VEILLÉE DES DERNIERS RÉPUBLICAINS
Au sortir des cinq années d’une législature peu féconde, il serait effrayant de voir les mêmes parlementaires retourner à l’Hémicycle. Il est inquiétant de voir surgir des candidats à la députation dont un pays normal aurait honte
La veillée d’armes des élections législatives est propice aux combinaisons politiques, pour bâtir une machine électorale capable d’agréger le maximum de suffrages. Les projets et les programmes sont, comme d’habitude, relégués au second plan.
La majorité essaie tant bien que mal de réparer son édifice fissuré aux Locales, entre rivalités, ambitions et calculs sur fond de fin de règne. Elle encourage aussi le ralliement d’anciens élus de l’opposition et des listes citoyennes pour confirmer sa mainmise sur le Parlement. L’opposition, elle aussi, s’organise, entre ses différents blocs. La coalition la plus puissante en son sein, Yewwi askan wi, est un agrégat de socio-démocrates, de communistes en rupture de ban, de libéraux revanchards, de syndicalistes, activistes et d’autres curiosités sans grande conviction ni sens de l’Etat. Tout ce beau monde à la remorque d’un parti aux méthodes outrancières et anti-républicaines.
Au sortir des cinq années d’une législature peu féconde en propositions et en débats de qualité, il serait effrayant de voir les mêmes parlementaires retourner à l’Hémicycle. Il est inquiétant de voir surgir des candidats à la députation qu’un pays normal aurait honte d’imaginer comme représentants de la Nation.
Dans ce marasme politico-intellectuel, une éclaircie pour atténuer ma douleur de citoyen sénégalais. J’ai vu Théodore Monteil dresser une liste pour retourner au Parlement. M. Monteil n’a pas passé cinq ans à faire de l’agitation parlementaire pour nourrir certains médias qui promeuvent la désinformation et la médiocrité. Il ne s’est pas battu physiquement dans cette enceinte pour ensuite s’en vanter devant les caméras de tout le pays. Monteil n’a pas été non plus un député publicitaire qui flattait les bas instincts du Peuple. Sérieux, rigoureux et compétent, il a fait un excellent travail au Parlement.
Thierno Alassane Sall et Ibrahima Hamidou Dème, avec d’autres compatriotes, proposent un projet pour représenter les Sénégalais à l’Assemblée nationale. Ils ne cèdent pas à la terreur et la pression qui exigent un ralliement, voire une soumission à Yaw, sans laquelle on sera taxé de traître et de candidat encagoulé de la majorité infiltrant l’opposition. Je souhaite à mes amis Thierno Alassane Sall et Ibrahima Dème un grand succès dans leur démarche qui, conformément à leur trajectoire, allie sérieux et courage.
L’année dernière, sur fond d’affaire de mœurs, il y a eu l’éclatement de la vague démagogique qui depuis menace la République. Politiciens calculateurs, intellectuels lâches se sont ralliés aux diktats de médias partisans et des réseaux sociaux pour choisir la coterie au détriment de la République, avalisant mensonges, calomnies, violences et attentats contre le vivre ensemble. Beaucoup de leaders politiques et gens de la Société civile m’ont déçu par leur capacité à troquer la sacralité républicaine contre les postures et les manœuvres politiciennes. Ils ont refusé de s’élever au-delà des rancunes personnelles et partisanes pour faire prévaloir l’intérêt national.
Au lendemain des émeutes de mars dernier, avec des amis, soucieux de la République, nous avions contacté quelques femmes et hommes politiques pour parler de notre bien commun le plus précieux avec lequel des hordes de fachos ont décidé de finir. Il est amusant, avec le recul, de se dire que seuls les gens de l’Apr n’avaient pas répondu à notre appel républicain. Thierno Sall et Ibrahima Dème nous ont ouvert leur porte et leur cœur. Nous avions discuté avec chacun des heures durant de notre pays, des temps incertains qu’il traversait et de la nécessité de nous battre ensemble, en dehors des appareils et des adhésions partisanes, pour que la flamme républicaine qui éclaire notre pays ne s’éteigne jamais. J’ai été très touché par nos échanges avec des démocrates qui ont choisi de ne pas s’aligner, de refuser la soumission aux injonctions de ceux-là qui faisaient régner la terreur alors qu’ils sont encore dans l’opposition. Imaginons ces gens arriver un jour au pouvoir et avoir la haute main sur l’appareil répressif de l’Etat…
Depuis un an que je les observe, je pense que Théodore Monteil, Thierno Alassane Sall, Ibrahima Dème et Moustapha Diakhaté sont, parmi le personnel politique, les derniers fiers porteurs du drapeau de la République. Dans plusieurs décennies, l’histoire les acquittera face aux accusations grotesques dont ils sont victimes de la part des suppôts de Pastef et des internautes volubiles et creux.
A l’endroit de Benno bokk yaakaar, je dis qu’un régime démocratique, soucieux du destin de notre pays et de sa place dans l’histoire, devrait s’honorer d’avoir une opposition avec des personnalités républicaines et responsables comme Théodore Monteil, Thierno Sall, Ibrahima Dème et Moustapha Diakhaté.
LES SERMONS DE LA KORITÉ A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE MARDI
Les quotidiens parvenus mardi à l’APS traitent principalement des sermons des imams à l’occasion de la Korité, la fête marquant la fin du jeûne musulman.
Dakar, 3 mai (APS) - Les quotidiens parvenus mardi à l’APS traitent principalement des sermons des imams à l’occasion de la Korité, la fête marquant la fin du jeûne musulman.
"Les imams élèvent la voix", constate le Soleil à sa une. Le journal note que la perte des valeurs, la paix et la cohésion sociale sont autant de sujets sur lesquels les imams se sont prononcés.
Le Soleil signale en même temps que le chef de l’Etat, Macky Sall, a salué "la profondeur du sermon de l’imam El Hadj Pape Alioune Moussa Samb", de la grande mosquée de Dakar, édifice qui a renoué "avec les prières, après deux ans de fermeture à cause de la Covid-19".
’’Le chef de l’Etat, qui s’est réjoui de l’unité et de la cohésion notées au terme du mois de ramadan, sa saisi l’occasion pour adresser un message à la communauté musulmane et au peuple. Un message qu’il a axé sur la préoccupante crise des valeurs dans la société (...)", écrit Sud Quotidien.
Le journal ajoute que Macky Sall a aussi évoqué "la cherté de la vie", liée selon lui aux "contrecoups de la conjoncture mondiale, marquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine’’.
Bés Bi Le jour fait observer que les réseaux sociaux et "leurs dérives ont été présents dans les sermons de l’Aïd-el-fitr", autre appellation de la Korité. Et d’ajouter que les imams "ont dénoncé les scandales, les messages qui détruisent la société".
Les jeunes sont en cause, si l’on en croit ces imams, mais les hommes politiques aussi en ont pris pour leur grade, si l’on en croit Vox Populi par exemple. "De Touba", lit-on à la une de ce journal, Serigne Fallou Jummada "s’emporte" à propos des politiciens : "Il faut qu’ils apprennent à nous respecter".
"Comment peut-on en l’espace de 2 mois solliciter les suffrages des populations pour aller directement les monnayer avec le pouvoir ?", s’interroge ce guide religieux, imam de Touba Daroul Khadim.
A propos de politique justement, Vox Populi s’intéresse aussi aux prochaines législatives prévues le 31 juillet et annonce que pour gagner Thiès, Macky Sall "met la pression sur Idy et Cie".
"+Pas question de perdre Thiès+, a-t-il lancé à Idrissa Seck et Cie", avant d’annoncer "une redistribution des rôles dans les institutions et l’administration" publique, souligne Vox Populi.