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19 juin 2025
YORO SOW, NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES LOIS
Le député Yoro Sow a été porté, vendredi, à la tête de la Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains de l’Assemblée nationale, a appris l’APS.
Dakar, 8 avr (APS) - Le député Yoro Sow a été porté, vendredi, à la tête de la Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains de l’Assemblée nationale, a appris l’APS.
M. Sow a été élu par les membres de ladite Commission, selon un communiqué reçu de l’Assemblée nationale.
Il remplace à la tête de la Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains Dieh Mandiaye Ba, décédée le 18 janvier dernier.
LE TIRAGE AU SORT DE LA CAN 2023 PROGRAMMÉ LE 19 AVRIL
Le tirage au sort de la CAN 2023, prévue en Côte d’Ivoire, aura lieu le 19 avril à partir de 17h 30, a annoncé la Confédération africaine de football (CAF) dans un communiqué.
Dakar, 8 avr (APS) – Le tirage au sort de la CAN 2023, prévue en Côte d’Ivoire, aura lieu le 19 avril à partir de 17h 30, a annoncé la Confédération africaine de football (CAF) dans un communiqué.
La même source indique que les éliminatoires vont débuter en juin.
Les préliminaires ayant été déjà jouées en mars, il ne reste que la mise en place des groupes pour les éliminatoires de la phase finale de cette Coupe d’Afrique des nations, prévue en Côte d’Ivoire en juin 2023.
Les deux premières journées auront lieu lors de la fenêtre internationale prévue du 30 mai au 14 juin.
Pour les quatre dernières, elles ont été réparties par deux entre septembre (19 au 27) et mars (20 au 28) 2023.
Au sujet de ses compétitions, l’instance dirigeante du football africain annonce aussi la tenue du tirage au sort de la CAN féminin, le 25 avril à 20h 30 GMT.
Après 20 ans d’absence, l’équipe féminine du Sénégal sera présente à cette phase finale au Maroc en juillet prochain.
Quant au CHAN (championnat d’Afrique des nations), une compétition mettant aux prises des sélections constituées de joueurs locaux, le tirage au sort est prévu le 28 avril.
Les qualifications démarrent en juillet prochain.
Le Sénégal qui a pris part aux deux premières éditions en 2009 et en 2011, court derrière cette compétition.
MACKY REVOIT A LA HAUSSE LA SUBVENTION DE LA BIENNALE DAK'ART
L’Etat du Sénégal, ‘’principal contributeur’’ du Dak’Art, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, a fortement augmenté sa subvention annuelle octroyée à cet événement, de 36 % en 2008 à 75 % depuis 2018
Dakar, 8 avr (APS) – L’Etat du Sénégal, ‘’principal contributeur’’ du Dak’Art, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, a fortement augmenté sa subvention annuelle octroyée à cet événement, de 36 % en 2008 à 75 % depuis 2018, a indiqué le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop.
‘’L’Etat du Sénégal est le principal contributeur de la Biennale de Dakar, le montant de son apport au budget dédié à chaque édition est passé d’environ 36 % en 2008, par exemple, à 75 % depuis 2018’’, a déclaré M. Diop dans un document de presse consacré à cette manifestation artistique.
‘’L’Etat a maintenu ce rôle prépondérant, avec la planification effective, à partir de 2020, d’une allocation annuelle de 750 millions de francs CFA’’ à l’événement, a-t-il affirmé dans ce document parvenu vendredi à l’APS.
Au total, la Biennale de Dakar reçoit de l’Etat du Sénégal 1,5 milliard de francs CFA pour chaque édition, a précisé le ministre de la Culture et de la Communication.
‘’C’est dire l’importance que le Sénégal accorde à l’organisation de la Biennale de Dakar, qui a fini de s’ériger en vitrine de la créativité, dans ses plus belles expressions’’, a-t-il souligné.
Le Dak’Art, dont la 14e édition est prévue du 19 mai au 21 juin prochain, bénéficie de ressources additionnelles provenant du secteur privé national et des partenaires techniques et financiers de l’Etat, selon Abdoulaye Diop.
La 14e édition, initialement prévue en 2020, a été reportée à cause de la pandémie de Covid-19. Elle maintient toutefois sa sélection officielle composée de 59 artistes qui viendront de nombreux pays, dont 16 d’Afrique.
Le Sénégal aura huit représentants dans l’exposition internationale, le ‘’IN’’, qui se tiendra dans l’ancien palais de justice du cap Manuel, à Dakar. Il s’agit d’Aboubakry Ba, de Caroline Guèye, de Fally Sène Sow, d’Abdoulaye Ka, d’Omar Ba, d’Alioune Diagne, de Modou Dieng Yacine et de Mbaye Diop.
Malgré le report, le Dak’Art a maintenu l’invitation qui avait été faite à ses quatre commissaires internationales, Greer Odile Valley (Afrique du Sud), Lou Mo (Canada), Nana Oforiatta Ayim (Ghana) et Syham Weigant (Maroc).
‘’Ĩ Ndaffa#’’, l’action de forger en sérère, est le thème retenu pour la prochaine édition, pour laquelle le comité d’organisation a prévu une ‘’programmation diversifiée et inclusive’’.
‘’Bien avant la crise engendrée par le Covid-19, le thème de cette biennale nous invitait à réinventer nos modèles. La pandémie a rendu cette démarche impérieuse et urgente, d’où la nécessité de la penser’’, a expliqué la secrétaire générale du Dak’Art, Marième Ba.
Selon elle, dans le programme de la biennale figure une exposition qui rendra hommage au ‘’grand maître’’ des arts plastiques maliens Abdoulaye Konaté, lauréat du Grand Prix Léopold-Sédar-Senghor de l’événement, lors de l’édition de 1996.
Lors du Dak’Art 2022, l’artiste plasticien sénégalais Soly Cissé va exposer à la Galerie nationale d’Art, sur le thème : ‘’Incursion dans un monde de métamorphoses’’.
Les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs, implantées à Thiès (ouest) depuis 1966, vont présenter les œuvres de grands tapissiers du Sénégal, à l’occasion de la biennale.
par Fadel Kane
L'AVENTURE AMBIGUË ET LE PREMIER CERCLE CONCENTRIQUE
Je me propose ici, pour ce qui est de l'Aventure ambiguë, de partager comment la parution de l'ouvrage a été vécue dans sa famille, ses parents et amis
Lorsqu'on jette une pierre dans un étang, on voit des cercles se constituer, des cercles concentriques par ricochets, d'autant plus forts et rapprochés que le poids immergé est important. Je me propose ici, pour ce qui est de l'Aventure ambiguë, de partager comment la parution de l'ouvrage a été vécue dans sa famille, ses parents et amis pour autant que j'ai pu recueillir de telles informations.
Cheikh Hamidou Kane avait 33 ans lorsque son livre est publié. « Je crois, me dit-il, que maman a peut-être apprécié plus que les autres membres de la famille le livre parce qu’Alioune Diop est venu de Paris me voir». Alioune Diop était un grand intellectuel sénégalais qui a fondé la revue Présence Africaine. Maman connaissait Alioune Diop depuis leur enfance. Mon grand-père Racine était fonctionnaire à Dagana où vivait le père d’Alioune Diop. Alioune est venu à Thiès la saluer et lui dire sa fierté. Elle a compris que quelque chose de particulier arrivait à son fils. Il poursuit « quand j'ai reçu un montant d'argent qui accompagnait le Grand prix d'Afrique noire, je l'ai offert à papa et maman. Ils ont dû l'utiliser pour faire des aumônes ». On me rapporte que son père aurait dit, pour ce qui est du livre en général que « Baba (ainsi appelait-il son fils) connaît qui il est ; il pourrait donc bien se décrire s'il veut parler de lui ».
Venons en maintenant à ses frères. Le plus grand, de cinq ans son aîné, dit ne pas avoir lu le livre tant qu'on lui dit que le roman raconte la jeunesse de l'auteur. Il évoque, avec un brin de malice qu'il en connaît suffisamment, autant qu’un livre ne pourrait raconter. Par contre, il a tenu à ramener à la maison un disque « vinyle 33 tours » où quelqu'un lisait des passages de l'aventure ambiguë. Il y avait aussi une interview de personnes que nous ne connaissions pas ; le tout avec de la musique…
Quant à mon petit frère Fadel, il était très fier de la parution d'un livre de moi. En tant que journaliste et en tant qu’intellectuel. Il a beaucoup apprécié et nous avons retrouvé des traces de cela.
Binta Racine, la Grande Royale des Diallobe m'a dit « toi le petit fou, j'ai entendu ce que tu as dit de moi dans ton livre ». Apres m'avoir dit ça elle a vaqué à ses occupations du jour. Ce fut tout, pas un autre commentaire sur l'aventure ambiguë en ma présence…
Mamoudou Cheikh, un oncle de l'auteur a commenté avec un air taquin. Je crois que Baba Cheikh n'avait pas tous ses sens en écrivant le chapitre 10 de la deuxième partie du livre. Personne n'y comprend rien.
Pendant la période péri-parution du roman, une rumeur circulait dans la famille demandant de s'attendre à un livre dont certains personnages étaient tirés de nous. Fadel Dia, Ibrahima Niang et Abdoulaye Elimane Kane étaient élèves à Saint Louis. Lorsqu'ils ont reçu le livre, ils devraient le lire à tour de rôle. AEK me dit qu'ils se sont empressés de recouvrir le livre dans un papier journal pour ne pas l’abimer. Ce dernier évoque après avoir lu le livre, ses causeries avec sa propre maman à propos du maître des Diallobe, de sa rigueur et sa dureté. Sa maman lui confirmera qu'il en était ainsi. Un homme redoutable à beaucoup d’égards. En effet, sa maman et Samba Diallo ont tous deux été disciples de Thierno.
Les philosophes et littéraires donnent quelques critères pour qu'une œuvre soit universelle : 1) elle est lue par un large public au plan national et international ; 2) elle est traduite dans différentes langues ; 3) elle est enseignée dans les écoles et universités de différents pays, commentée, utilisée dans des exercices et contrôles de connaissances ; 4) ses personnages deviennent des modèles (Thierno, Grande Royale, le Fou, Samba Diallo) ; 5) des expressions formulées par des personnages ou celles de l'auteur dans son récit et ses descriptions deviennent des aphorismes cités et ayant valeur de maximes ; 6) il peut y avoir une interprétation cinématographique ou théâtrale de l'œuvre . D'autres critères sont possibles mais l'Aventure ambiguë remplit tous ceux-ci. D'où l'intérêt de considérer l'avis du premier lecteur du roman.
Il s'agit du Dr Ibrahima Wone qui mentionne avoir lu le manuscrit déjà avec le premier titre du roman initialement intitulé « les orgues mortes » et MG le premier nom de Samba Diallo. Il dit que ni la première lecture du manuscrit et du livre terminé ne l'avaient édifié. Selon ce cousin de l'auteur médecin, bien qu'écrit par un jeune homme, ce livre était destiné aux gens mûrs et même plus mûrs. C'était d'une profondeur remarquable. Parvenir à rassembler dans un seul roman l'ensemble des aventures que leur génération vivait relevée d'une prouesse. Ce brillant intellectuel a avoué lors d’une émission de télévision avoir lu ce roman vingt quatre fois. Il qualifie l'œuvre de fulgurance d'inspiration divine…
Jeune gouverneur de la région de Thiès, Cheikh Hamidou Kane et ses amis se retrouvaient à la résidence de Popeguine les fins de semaine. A l'époque, Popeguine était une résidence secondaire du gouverneur de Thiès. Et, semble-t-il ce fût le début des compilations des réactions dans le monde intellectuel tant au niveau local qu'à l'extérieur du pays. Des « ami de Baba » venaient rendre visite au père de l'auteur (le Chevalier du roman) à la maison familiale de Thiès assez souvent en cette période pour que nous puissions en identifier comme Vincent Monteil, celui qui a fait la préface du roman en février 1961 et un certain Jacques Chevier.
Une petite anecdote qui implique une fille de l'auteur. Elle était petite et voyageait avec ses parents dans une voiture. Son père conduisait et la police l'a arrêté pour un contrôle de routine. Le policier s'avance, se présente et demande les papiers de la voiture. Alors mademoiselle abaisse la vitre et s'adresse au policier « Vous ne savez pas à qui vous parlez. Mon père a tous ses papiers, il a même écrit un livre ! » Le policier a rigolé et les a laissé continuer leur chemin.
Je voudrais maintenant, pour le ‘Inside history’, relater une conversation entre le père et le fils. Non sur le contenu des échanges mais sur l'attitude que chacun adoptait et sur la fluidité de la conversation. Mame Lamine était couché sur son lit, sur toute sa longueur, les yeux fixant le plafond. Quelques fois il se tournait vers son fils la tête et le buste surélevés. Avec cette attitude d'avoir la main droite qui soutient la tête pour mieux suivre une conversation qui l'intéresse. Le fils lui, Samba Diallo donc, était assis sur la natte à même le sol, un oreiller lui servant à supporter soit les genoux soit la tête.
-Tu sais lui dit le fils, on a traduit mon livre dans beaucoup de langues et les commentaires qui y sont relatifs font plus de dix fois le volume du livre.
-Ce que tu y dis intéresse donc les gens, indéniablement.
-Cela me renvoie à une conférence que j'animais en décembre 1957 en France avant la parution du livre. C'était sur la totalisation du monde. Les discussions étaient passionnées. On sait qu'on va aller vers telle direction mais on a peur de s'y engager de peur de se perdre.
-Les autorités ici me disent qu'ils t'écoutent lorsque tu t'exprimes et c'est très bien ainsi.
Cette conversation je m'en souviens, bien que jeune. Je leur amenais du thé entre tisbar et taxussan. Ils ne finissaient pas de parler… Une image gravée dans le cerveau, ineffaçable.
La fin de ce premier cercle concentrique pourrait être ceci. Elle est rapportée par Samba Diallo qui retrouve le Chevalier dans son lit d'hôpital. Ce dernier avait bien vieilli, presque centenaire loin du pays des Diallobe. Il était aimé et respecté dans la société. Les médecins l'avaient gardé lorsqu'il a consulté. Ses enfants l'avaient presque obligé à les suivre. Samba Diallo entre donc dans la chambre d'hôpital et trouve son père en sueurs, tremblant de tout son corps, assis sur le lit. Il se précipite, le tient et voit que son père s'acquitte de sa prière de Taxussan. Il lui dit, « tu sais papa tu n'es pas obligé de prier si tu ne peux pas, assis sur un lit d'hôpital et à ton âge ». Après un petit silence, il lui répondit d'une voix rendue fluette par l’âge et la maladie « comment tu veux que je sache que je ne peux pas si je n'essaie pas ? » Imparable. Ainsi était le Chevalier.
C'était sa dernière semaine.
ADOPTION DU CODE DE L'AQUACULTURE A L’ASSEMBLÉE
Les députés ont adopté, jeudi soir, à l’unanimité le Code de l’Aquaculture, un texte à l’étude depuis 2008, a constaté l’APS.
Dakar, 7 avr (APS) - Les députés ont adopté, jeudi soir, à l’unanimité le Code de l’Aquaculture, un texte à l’étude depuis 2008, a constaté l’APS.
Ce Code ‘’institue un nouveau cadre juridique, mettant en place un régime cohérent de l’activité aquacole au Sénégal, notamment, en ses dispositions relatives à l’autorisation d’exploitation’’, a expliqué, le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, venu défendre le projet devant les députés.
Il a indiqué que cette Loi régit aussi l’application des normes zoo-sanitaire, phytosanitaire, environnementales et sociales.
‘’La Loi est indispensable pour encadrer l’aquaculture pour que les gens sachent dans quoi ils investissent. L’aquaculture apparaît comme une alternative pouvant contribuer à la couverture des besoins en produits halieutiques et à la préservation des ressources naturelles’’, selon le ministre.
Alioune Ndoye a réitéré l’importance que le Sénégal accorde à ce sous secteur qui ‘’s’est traduite par l’adoption le 8 avril 2011 d’un décret créant l’Agence nationale de l’aquaculture’’.
Le ministre a encouragé le privé à investir dans l’Aquaculture notamment dans la production des aliments et des entrants nécessaires au développement de ce secteur.
Par Assane Guèye
FRATERNITÉ ABRAHAMIQUE
Le Sénégal vient de marquer les 62 ans de son indépendance. Pour un État, ce n’est pas le grand âge. Mais le moment, une nouvelle fois, d’oser et de poser un diagnostic sans complaisance sur le temps écoulé.
Le Sénégal vient de marquer les 62 ans de son indépendance. Pour un État, ce n’est pas le grand âge. Mais le moment, une nouvelle fois, d’oser et de poser un diagnostic sans complaisance sur le temps écoulé. C’est la bouteille à moitié vide. Pas à moitié remplie. La stabilité politique est une subtilité sénégalaise.
Elle est la prunelle de nos yeux. Il faut continuer à la sanctuariser. C’est un immense trésor. La respiration démocratique est un oxygène et une hygiène. Mais dans la République qui est le bien commun, tout ne marche pas comme sur des roulettes. Les soleils des indépendances, la promesse de l’aube et l’euphorie des bâtisseurs, tout ça semble bien loin après toutes ces décennies.
Les impérities successives ont fracassé les rêves les plus fous. On tourne en rond. Chaque génération est un nouveau peuple. De 3 millions en 1960, on est passés à quasiment 20 millions en 2022. Le cinquième recensement général fera la part des choses. La vitalité démographique est un couteau à double tranchant. Elle doit être encadrée par la discipline, l’éducation, la guerre contre la corruption, la fin de la crise d’autorité. La fuite en avant qui continue, c’est la jungle qui s’installe.
La politique de construction d’infrastructures de dernière génération n’est pas une lubie. Elles font entrer dans une autre dimension. On n’est pas figés ni affligés dans la dynamique de modernisation. Il reste entendu que les grands hommes sont ceux qui ont bâti des nouvelles villes. Seulement, prévient Platon, ce ne sont pas les murs qui font la cité, ce sont les hommes.
Le capital humain est partout la plus grande richesse. C’est également un défi considérable. Dire que la jeunesse sénégalaise est en détresse est une évidence. Il faut s’en occuper sans l’infantiliser. On l’a avec soi. Laissée sur le bas-côté de la route, c’est l’avoir en face et frontalement. Ce n’est pas souhaitable. L’insurrection de mars 2021 était alimentée par un grand désarroi.
Le football dont elle s’est gavée matin, midi et soir agit comme une drogue. Les ambitions pour elle sont frelatées par le divertissement. L’éducation, la culture et le respect des règles constituent les ingrédients pour baliser l’avenir.
La jeunesse, comme les autres tranches d’âge, exige la sobriété, le sens des priorités et la fin de la gabegie. L’augmentation du nombre des députés ne coûtera peut-être pas un gros paquet d’argent à l’Etat. Mais le moment est si mal choisi que le coût de la vie explose et qu’on vient de nous inviter à la « mobilisation générale ». La pléthore à l’assemblée ne produira pas de l’efficience. Ça va générer plus de confusion et de vacarme.
Autres temps, autres mœurs. « Le temps est le meilleur moyen qu’a trouvé la nature pour que tout ne se passe pas en même temps ». Parole d’astrophysicien. Le chevauchement du Carême et du Ramadan est un signe des temps. Un message univoque. C’est le besoin de solidarité et d’humanité. De fraternité abrahamique qui ouvre la miséricorde. Nous sommes tous frères et sœurs dans l’unité de l’espèce humaine.
Par Papa Massar NDOYE
DU RESPECT POUR MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Macky Sall, en justicier, redresseur de torts, n’a eu de cesse d’enjoindre le gouvernement de finaliser la liquidation de la compagnie Air Afrique. Ces instructions demeurent à ce jour lettre morte
S’il est vrai que la clameur ayant suivi sa disparition s’est tue, il n’en est pas moins vrai que résonne encore dans nos oreilles, l’écho du carnage financier opéré dans le processus de la liquidation des quartiers de sa dépouille par des personnes très éloignées du spectre de la famille aéronautique sous la conduite du prince Ali Baba Wade, entouré d’un cartel de copains et coquins autour d’un festin festif. Tout cela s’est fait bien sûr sous le regard vigilant, intéressé de Père Wade qui, après avoir reçu le mandat de ses pairs à Brazzaville d’élaborer un plan de sauvetage de la compagnie Air Afrique en rapport avec le Gouverneur de la Bceao de l’époque, Konan Banny, a préféré précipiter dans le précipice, la compagnie agonisante pour créer, avec la Ram, une compagnie locale qui a vécu le temps d’une rose. Le moment était véritablement mal choisi car le plus grand marché contributeur dans la production d’Air Afrique, en l’occurrence la République de la Côte d’Ivoire, était en état de dépression liée au conflit interne sous Gbagbo.
Notre propos constitue une piqûre de rappel
Dans un mois, précisément le 25 avril, 262 agents d’Air Afrique, de nationalité sénégalaise, dont le seul tort est d’avoir été au moment de la liquidation, en service hors du Sénégal, auront couru pendant 20 années, soit 7300 jours après, le règlement de leurs droits légaux. Le bilan de cette période de galère est lourd et macabre. Plus d’une centaine d’agents disparus dans la précarité, des ménages disloqués, des enfants déscolarisés, des familles expulsées de leurs maisons faute de paiement. Pourtant, la dépouille n’était pas sans graisse, jugez-en ! Un immeuble sis place de l’indépendance, 12 villas au Point E à Dakar, un important stock de pièces détachées, 2 avions en réparation, un terrain de 9 ha ayant abrité le centre de formation sur le périmètre aéroportuaire. Ce patrimoine extrêmement important fut liquidé dans des conditions opaques, en conflit avec la transparence et l’orthodoxie. Est-il besoin de revenir sur cette Opa exercée par le Prince Wade sur le Handling, véritable biberon nourricier qui, à lui seul, permettait de clore la liquidation en raison de son fort potentiel d’attractivité et de lucrativité, comme l’ont fait tous les autres pays membres. Ici chez nous, au Sénégal, on a décroché la palme, l’oscar de mauvaises pratiques dans la privatisation, en octroyant de façon gratuite, sans ticket d’entrée pendant 10 ans, ce marché juteux avec un quasi-monopole, un personnel qualifié, du matériel bradé, à 2 sociétés écran. Fort heureusement pour les exAir africains, la Justice immanente a prévalu et sonné le glas d’une gestion immonde, mafieuse, captieuse, irriguée par le système Wadien en mars 2012.
Des instructions d’Etat jetées à l’eau !
Depuis lors, le président Macky Sall, en justicier, redresseur de torts, n’a eu de cesse d’enjoindre le gouvernement de finaliser la liquidation de la compagnie Air Afrique. Ces instructions demeurent à ce jour lettre morte. En effet, le gouvernement excelle dans le dilatoire, se réfugiant derrière des arguments de comptoir, alors que le liquidateur dispose de tous les éléments permettant le règlement des droits dus aux ex-travailleurs d’Air Afrique. Nous ne sommes pas dupes ; ce jeu de yoyo, outre son caractère chronophage, obère à terme la capacité d’investissement de nos droits. Il est vraiment temps d’agir car il se fait tard. Nous comprenons difficilement l’inexécution des directives présidentielles, ce qui nuit à l’image de notre Etat et particulièrement à la stature du président Macky Sall, aujourd’hui président en exercice de l’Union africaine. Nos regards se tournent vers le Directeur général du Budget et l’Agent judiciaire de l’Etat.
Papa Massar Ndoey est ancien représentant d’Air Afrique à Dakar
BIEN QUE MACKY SALL AIT ORDONNÉ LE PAIEMENT DES DROITS ET INDEMNITÉS, LES CHOSES BLOQUENT TOUJOURS
Après 20 ans de liquidation d’Air Afrique, le Syndicat des ex-pilotes de ligne dénonce une tentative de torpillage et de chantage sur les 9 milliards CFA
Après 20 ans de liquidation de la défunte compagnie multinationale Air Afrique, le président Macky Sall avait ordonné le paiement des droits des 223 ex-travailleurs sénégalais restants. La plupart d’entre eux étaient des directeurs, des pilotes de ligne, des chefs d’escale et des chefs de département qui couraient derrière leurs droits et autres indemnités officiellement arrêtés à la somme de 09 milliards cfa. Des soldes de tout compte (Stc) qui tardent à être soldés de manière inexplicable. Ce qui pousse le syndicat des ex-pilotes de ligne à accuser le syndic de vouloir saboter voire torpiller le processus de paiement. Confronté à ces accusations par « Le Témoin », le syndic-liquidateur recadre les ayants-droit et rassure que la procédure financière suit son cours sur instruction du président de la République. Une chose est sûre : les ayants droit estiment avoir assez attendu car plus de 20 ans pour rentrer dans ses droits, avouez que c’est quand même plus que long !
Dès son accession à la magistrature suprême en 2012, le président Macky Sall avait manifesté sa volonté de régler définitivement le problème de la liquidation — qui n’en finissait pas de durer — de la défunte compagnie multinationale Air Afrique. C’est pourquoi, il avait ordonné le paiement total des droits et autres indemnités dues aux ex-travailleurs pour qu’on n’en parle plus ! Surtout qu’il ne restait que quelque 223 ex-travailleurs sénégalais à indemniser sur 826 prétendants au début de la liquidation. Les « petites catégories » ont en effet été payées intégralement depuis quelques années, les cadres, eux, ayant été priés de patienter. Hélas, les ayantsdroit qui croyaient voir apparaître le bout du tunnel ou de la piste à la suite des instructions fermes du président de la République, vont sans doute devoir ravaler leur enthousiasme. Car, la procédure de paiement semble être freinée par du « dilatoire » à tous les niveaux ! Las d’attendre, les ex-travailleurs non encore indemnisés sollicitent la bienveillance du chef de l’Etat afin qu’il arbitre et décante la situation. Faute de quoi, pilotes de ligne (actifs et retraités) ainsi que hôtesses et stewards n’excluent pas de porter leur mythique et sacré uniforme de l’air pour s’inviter devant les grilles du Palais. « Pourquoi pas le 1e Mai prochain qui est la Fête du Travail ? En tout cas, nous allons nous arranger pour remettre nos éternels cahiers de doléances au président de la République » confie le plus sérieusement du monde Moussa Dieng, ex-pilote de ligne à Air Afrique. Août 2002-Avril 2022, il y a vingt-ans (20), la compagnie panafricaine Air Afrique déposait son bilan ! Entretemps, les 4.000 exagents et cadres Béninois, Burkinabés, Congolais, Centrafricains, Maliens, Mauritaniens, Nigériens etc. ont tous perçu leurs droits. Et récemment, c’est-à-dire le 03 février 2022, l’Etat de Côte d’Ivoire, par le biais du syndic de la liquidation, a débloqué plusieurs milliards de francs pour désintéresser définitivement les travailleurs ivoiriens de la défunte compagnie Air Afrique. Ce qui fait donc qu’il ne reste qu’une partie des anciens employés sénégalais à courir toujours derrière leurs dus et indemnités arrêtés à la somme de 09 milliards de francs cfa. Un montant validé et signé par le Syndic de la liquidation, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), le Syndicat unique des travailleurs des transports aériens et activités annexes au Sénégal (Suttaaas) et le Syndicat des pilotes de ligne sénégalais (Spls). Contrairement à l’Etat ivoirien qui a puisé dans son budget pour payer ses citoyens, l’Etat du Sénégal, lui, n’est pas obligé d’effectuer des acrobaties budgétaires dès lors qu’un Fonds social (constitués de redevances aéroportuaires et taxes sur le handling) avait été créé au lendemain de la liquidation pour contribuer au désintéressement des travailleurs sénégalais de l’ex-compagnie Air Afrique. Dans un Etat de droit où la bonne gouvernance prévaut, ce Fonds aurait normalement dû faciliter le règlement de cette plus longue liquidation judiciaire de l’histoire mondiale de l’industrie du transport aérien qu’est celle d’Air Afrique. Tel n’a jamais été le cas. C’est le statu quo total ! Et pourtant, nous renseigne-t-on, le Fonds social crée par arrêté ministériel n° 1412 du 27 février 2007, donc sous l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade, continue toujours à être alimenté à coups de milliards. D’ailleurs, la manne financière avait permis de créer, à l’époque, une nouvelle compagnie dénommée Air Sénégal International en partenariat avec le Maroc.
Un second « crash » financier !
Selon le pilote de ligne Bou El Moctar Doukouré, ancien commandant de bord à Air Afrique où il était le doyen des pilotes, rien que le Fonds social pouvait contribuer au règlement définitif des droits légaux de l’ensemble des ex- travailleurs sénégalais. « Car, chaque année, le Fonds social générait des bénéfices estimés des dizaines de milliards cfa. Malheureusement, l’argent s’est volatilisé entre les mains des autorités étatiques de l’ancien président Me Wade. Ensuite, les actuels dignitaires du régime du président Macky Sall ont pris le relais c’est-à-dire se sont invités au festin de la défunte multinationale Air Afrique. D’ailleurs, permettez-moi de remercier le président Macky Sall d’avoir manifesté une volonté inébranlable pour le règlement définitif de cette liquidation. Donc, l’actuel syndic-liquidateur a intérêt à accélérer la procédure de paiement de nos droits et indemnités estimés à près de 09 milliards cfa. Demain ou après demain, en tout cas un jour, tous les syndics vont rendre compte de leur gestion. Un audit de la liquidation et la reddition des comptes vont s’imposer ! Même si nous ne serons plus de ce bas monde, nos enfants et petits-enfants vont mobiliser tous les agents de renseignements, notaires, huissiers et inspecteurs généraux d’Etat (Ige) pour traquer tous ceux qui ont eu à piller le patrimoine d’Air Afrique ou s’enrichir sur le dos des pauvres ex-travailleurs. Avec l’appui de nos avocats conseils, notaires et consultants d’ici et d’ailleurs, nous avons pu rassembler toutes les preuves depuis le début de la liquidation en 2002 » explique, un brin énervé, le président du Syndicat des pilotes de ligne sénégalais (Spl) à propos de ce qu’il qualifie de « second crash » financier d’Air Afrique après celui du dépôt de bilan. En effet, dès l’annonce de la liquidation en août 2002, lors d’une conférence tenue à Brazzaville, se souvient l’ancien commandant de bord Bou El Moctar Doukouré, le Tribunal de commerce d’Abidjan avait désigné un liquidateur judiciaire étranger voire neutre ayant pour mission de recenser tous les logements de fonction (villas), les biens immobiliers, les titres fonciers, les avions, les pièces détachées, les hangars, les dettes, les créances et les fonds afin de faire l’inventaire en vue d’indemniser les 4.000 agents et cadres de l’ex-compagnie panafricaine. Au Sénégal, Air Afrique disposait d’un très riche et vaste patrimoine financier, matériel et foncier comportant deux avions Airbus A300 cloués au sol, un parc de matériels de piste pour l’Assistance en escale (Handling), des pièces de rechange Avions et Servitudes, divers équipements aéronautiques. « Sans oublier dix villas dans le quartier chic du Point E-Dakar, un immeuble à la Place de l’Indépendance (racheté par une banque), un Centre de formation aéronautique (Cefopad), un terrain de 9 hectares dans la zone aéroportuaire de Yoff, des liquidités bancaires, des réserves foncières etc. Regardez bien ces titres fonciers, ces transactions, ces copies de chèques, ces lettres confidentielles etc… Tous ces milliers de documents sont des biens d’Air Afrique pillés, partagés et blanchis… » s’exclame le commandant Doukouré en brandissant des documents d’archives relatifs à la liquidation d’Air Afrique.
Des promesses d’Etat jamais respectées !
Dans un document consensuel signé en 2012 entre l’Etat du Sénégal (Anacim), le Syndic liquidateur et les représentants du personnel, un solde de tout compte (Stc) d’une somme de 10.790.128.159 cfa est arrêté. Sur la base de ce document, près de 400 ex-employés ont été indemnisés sur un total de 631. En 2017, une commission de travail est créée par le Premier ministre d’alors, Mahammad Boun Abdallah Dionne, et comprenant des cadres et experts du ministère du Travail, de l’Anacim, du Syndic et des représentants des ex- travailleurs pour remettre à jour le document ou bon à payer. La même année, ce document financier a été réactualisé et signé d’accord parties sous l’égide du Premier ministre et du ministère du Travail pour un solde tout compte (Stc) restant de 9.217.672.698 cfa. Fort de ce bordereau de paiement, le Premier ministre avait donné rendez-vous le 11 avril 2017 à tous les acteurs pour dresser un calendrier en vue de l’indemnisation définitive des 223 cadres et agents en attente. Le même Premier ministre avait confié aux responsables du collectif que le président Macky Sall lui avait donné des instructions fermes pour procéder à la remise des chèques à tous les ex-travailleurs d’Air Afrique. Ce, en utilisant en priorité l’argent généré par le fonds social. Depuis lors, rien ! Toujours est-il que de report en report, de promesses en promesses, l’élection présidentielle de 2019 sans que le paiement ait eu lieu ! « En février 2021, après moult interventions, nous avons finalement rencontré Me Moussa Bocar Thiam, l’Agent judiciaire de l’Etat (Aje) officiellement désigné pour l’exécution du paiement. A notre grande surprise, Me Thiam nous a fait comprendre que seule une seule somme de 4,5 milliards cfa a été allouée pour le règlement définitif des ex-travailleurs c’est à dire la moitié du solde de tout compte validé par le Premier ministre de l’époque. Non content de cela, il nous fait savoir par un « chantage » sordide que, pour être indemnisé, il faudra que chaque ayantdroit signe une lettre de renoncement à toute poursuite contre l’Etat du Sénégal. C’est grave et inadmissible pour d’anciens travailleurs sénégalais à qui l’Etat doit de l’argent… » se désole Moussa Dieng, membre du Syndicat des pilotes de ligne.
Le syndic-liquidateur se défend et rassure…
Contacté par « Le Témoin» à propos de ce que les ex- travailleurs qualifient de « tentative de torpillage de la procédure de paiement », l’Agent judicaire de l’Etat (Aje), Me Bocar Thiam, s’est félicité tout d’abord de la volonté du président de la République de régler définitivement les indemnités des anciens travailleurs d’Air Afrique. « Pour les montants arrêtés, il faudra vous adresser au syndic de la liquidation. En ma qualité d’Agent judiciaire, je ne suis qu’un ordonnateur de dépenses voire de paiement dans cette affaire d’Air Afrique. Donc, c’est le Syndic qui me fixe le montant à payer… » a-t-il indiqué tout en nous orientant vers le Syndic Me Pape Moctar Ba. Justement le Syndic-liquidateur, lui aussi, tient à rappeler qu’il n’est qu’un mandataire chargé de régler l’actif et le passif de l’ex-compagnie Air Afrique toujours en liquidation. « Je pose des actes sous le contrôle de la Justice tout en n’exécutant que des décisions de justice » a-t-il déclaré d’emblée avant de regretter le fait que les ex-travailleurs ne lui facilitent pas la tache. « Car, leurs agissements ne font que freiner la procédure alors que la liquidation est presque bouclée. À la date d’aujourd’hui, 603 ex-travailleurs sénégalais sur 826 ont vu leur Solde tout compte (Stc) calculé par Abidjan et entièrement réglé par les syndics. Et l’autre partie réglée par l’Etat du Sénégal, via le Fonds social, sur financement Ahs/Shs, deux sociétés filiales d’Air Afrique avant sa liquidation. Pour les 223 ayants-droit restants, les Stc se montent à 04 milliards cfa 905 millions. C’est Abidjan qui m’a donné ce dû c’est-à-dire les 04 milliards cfa à payer. Et le reste c’est-à-dire les quelques 05 milliards cfa, ce sont des indemnités à négocier avec l’Etat. Il faut le préciser, ce sont des montants hors personnels sénégalais licenciés ou retraités avant la liquidation d’Air Afrique, donc non bénéficiaires des privilèges légaux » a tenu à éclairer le syndic Pape Moctar Ba. Pour tenter de rassurer les travailleurs non encore indemnisés d’Air Afrique, le liquidateur explique qu’à chaque acte posé, il s’adresse directement aux avocats pour éviter toute contestation. Sur certains points spécifiques revendiqués, il y a des sommes non reversées par l’ex-Air Afrique à la société qui gérait les retraites de ses employés : environ 1 milliard 700 millions de francs. Pape Moctar Ba demande que l’expersonnel étranger n’oublie pas non plus les compensations de leurs frais de déménagement et divers pour un montant de 826 millions cfa. Et aussi le fait qu’avant que la liquidation ne soit opérationnelle, l’Etat a financé les premières avances. « Et l’opération a duré 11 mois et confirmée par le directeur du Comité de Gestion des fonds concernés et un rapport d’audit du cabinet Mazars que nous a remis l’Anacim. Ces fonds ne sont pas décomptés dans les Stc de 53 personnes non réquisitionnées. Il y a aussi d’autres points à discuter avec l’Etat. Car l’ex-personnel sénégalais en poste à l’étranger considère qu’il ne doit pas y avoir deux poids et deux mesures et réclame une compensation (traitement dit égalitaire). Vous voyez, c’est une procédure très complexe qui suit son cours ! Bientôt, ils seront payés ! » a rassuré le Syndic. En tout cas, le dossier de liquidation de la compagnie panafricaine est un vrai scandale d’Etat provoqué par l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade. Un dossier dont a hérité le président Macky Sall. Hélas, depuis ce placement sous liquidation judiciaire, il y a plus de 20 ans, les ex-travailleurs décèdent les uns après les autres. De vieillesse, de maladies et aussi et surtout de misère sociale. Ceux d’entre eux encore en vie craignent donc que leurs indemnités n’arrivent trop tard…
Par Abdoul Aly KANE
LES RAISONS POSSIBLES D’UNE SORTIE EN DOUCEUR DE BNP PARIBAS DU PAYSAGE BANCAIRE AFRICAIN
Le Sénégal est l’un des rares pays de l’UEMOA à ne pas compter dans son paysage une banque sénégalaise d’envergure africaine, à capitaux privés sénégalais majoritaires. Le champion bancaire sénégalais reste encore à créer.
Dans sa parution du 02 juin 2019, l’hebdomadaire Jeune Afrique a titré à propos de la BNP (Banque nationale de Pars) - Paribas : « La banque française s’apprête à céder ses filiales africaines au Gabon, en Tunisie, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. En cause, les tensions avec les partenaires locaux et le faible dynamisme de ces marchés ». Une décision qui serait prise à l’issue d’une réflexion stratégique. La BNP est la société mère des BICI africaines dans lesquelles elle veut céder ses participations, mettant fin à une aventure qui date de 1962 pour ce qui concerne la BICIS, sa filiale du Sénégal. Dans sa livraison du 25 mars 2022, le journal Financial Afrik annonce à son tour que « BNP Paribas poursuit son désengagement de l’Afrique ». « Après la vente de ses filiales aux Comores, au Gabon, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et en Tunisie, la première banque en France et dans la zone euro par les actifs envisagerait de céder dans les prochaines semaines un de ses derniers joyaux de la couronne en Afrique francophone (BICIS et BICICI de Cote d’Ivoire), et selon nos informations, le mandat de la cession des parts de BNP Paribas à la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal (BICIS) a été confié à Rothschild & Co ». Selon Financial Afrik du 03 avril 2022, la décision de cession à des privés aurait déjà été prise en Conseil d’Administration. Depuis quelques années, BNP Paribas a entamé une « réflexion stratégique » qui semble avoir abouti à la décision d’un désengagement programmé de ses filiales d’Afrique francophone, au profit d’opérateurs privés. Le retrait annoncé de la BNP de son réseau africain n’est pas anodin ; il se situe en droite ligne de celui du groupe bancaire français BCPE (Banque populaire-Caisse d’épargne) qui a cédé, courant 2019/2021, ses actions de la Banque commerciale internationale (BCI) au Congo, de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), et de la Banque tuniso-koweïtienne (BKB) au groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP).
La Bicis dans le top 6 des banques du Sénégal
Pour ce qui concerne le Sénégal, rappelons que la BICIS, qui fait partie du top 6 des banques, appartient à BNP Paribas à hauteur de 54,11% et à l’Etat du Sénégal pour 24,89 %. Elle totalise environ 20 agences à Dakar et 12 agences régionales, et son bilan consolidé est de 483, 639 milliards de fcfa à fin 2020. Cette décision de cession, si elle venait à être confirmée, marquerait sans doute la fin des banques commerciales de détail (appelées ainsi pour les distinguer des banques d’investissements ou d’affaires) filiales de banques françaises dont le business model était centré sur la réalisation de marges entre le taux moyen des dépôts de la clientèle et le taux des prêts accordés aux demandeurs de crédit, principalement en charge des comptes des grandes entreprises françaises. Quelles pourraient être les raisons essentielles d’une telle décision concernant notre pays, si l’on sait qu’elle fait suite à la cession voici quelques années de banques comme le Crédit du Sénégal par le Crédit Lyonnais, et la BIAOS (Banque internationale pour Afrique occidentale – Sénégal) par la même BNP au groupe bancaire « Attijaari Bank » du Maroc ? Nous avons souvenance pour la BIAOS, que le principal motif avancé par la BNP était qu’elle n’avait pas vocation à entretenir deux réseaux bancaires concurrents (BICIS/BIAO). Cette décision de cession était intervenue après que la Banque de France lui eut intimé l’ordre d’acquérir (contre son gré) la majorité les actions de la COFIFA, société mère de la BIAOS. La cession de la BIAOS s’était réalisée dans des conditions spéciales. En effet, elle avait été cédée au franc symbolique à l’Etat du Sénégal après sa mise à neuf (apurement des créances douteuses par apport d’argent frais). Pour ce qui concerne les cessions déjà effectuées par la BNP depuis 2019, le groupe bancaire a parlé de recentrage d’activités au détriment du retail, et la concentration sur le portefeuille des grandes entreprises. D’autres raisons apparaissent en filigrane, à la lecture des rapports annuels d’activité. Dans son rapport annuel 2020, la BICIS évoque la très forte concurrence entre les banques de la place dans le segment des particuliers, avec des pratiques de surenchère notamment les rachats de crédits. Cette concurrence serait le fait des établissements de taille moyenne, et aurait tendance à effriter les parts de marchés des plus grandes banques. Elle devrait s’accentuer à l’avenir avec les nouveaux projets d’installation de banques annoncés. Au-delà de la concurrence des établissements moyens, il faut à notre sens rajouter celle relative à la révolution technologique ayant bouleversé le cœur de métier des banques traditionnelles. On assiste, en effet, à l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché, du fait de l’introduction du digital rendant plus souples, plus accessibles et moins coûteux les services bancaires et financiers.
Quand les FINTECH bousculent les banques traditionnelles
Ces opérateurs de type nouveau, ce sont les FINTECH, plus souples, peu consommatrices de ressources humaines et plus rapides dans les prestations de services comme les dépôts de fonds, les ordres de paiement divers et les transferts de fonds. Avec un smartphone, les utilisateurs peuvent, à partir d’applications simples, recevoir de la monnaie électronique, se la faire payer en monnaie fiduciaire et transférer des fonds vers un destinataire de leur choix, y compris à l’international pour des frais de transferts modiques. Les banques classiques ont des services spécifiquement dédiés aux opérations de caisse et de transfert ; mais ceux-ci sont désormais désertés, du moins pour ce qui concerne les petites opérations, au profit des FINTECH. Conscientes des effets dommageables de la non prise en compte de la révolution digitale, que d’aucuns caractérisent de nouvelle révolution industrielle, certaines banques organisent des partenariats avec les Fintech. C’est le cas de la FINTECH Wave en collaboration avec la Banque nigériane UBA au Sénégal. Le Nigeria, l’un des pays les plus engagés en Afrique en matière de FINTECH, attire les capitaux d’investisseurs mondiaux de premier plan notamment des États-Unis, d’Europe et d’Asie. Dans le rapport Harnessing Nigeria’s fintech potential, il est fait état des circonstances favorables au développement des FINTECH liées notamment à l’augmentation du taux de pénétration des smartphones en lien avec la jeunesse de la population, le tout sous-tendu par la volonté des autorités réglementaires d’accroître l’inclusion financière et le paiement sans cash.
Le Nigeria compte aujourd’hui plus de 200 sociétés de FINTECH.
Au-delà des FINTECH, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), les néobanques (établissements financiers 100 % en ligne et non reliées à une banque traditionnelle) et autres acteurs prennent de plus en plus de place dans le secteur et remettent ainsi en question le rôle des banques traditionnelles sur certains segments d’activités. Avec l’arrivée de banques africaines depuis une vingtaine d’années, la concurrence s’accroît davantage avec comme conséquences une surenchère sur les taux et sur le prix des services entrainant la compression des marges d’intermédiation, et des commissions perçues sur les services connexes. De surcroît, les banques classiques, disposant de réseaux d’agences plus denses, subissent un poids de charges d’exploitation plus lourd par rapport aux banques panafricaines et aux établissements moyens à effectifs plus réduits et autres FINTECH. Ainsi, dans un contexte de changement rapide induit par des avancées en matière de technologie financière, et faute de pouvoir opérer sans frais des restructurations drastiques d’effectifs et de fonds de commerce alors que le produit net bancaire résulte aujourd’hui des revenus sur titres (souverains en particulier), des crédits aux particuliers (salariés) et beaucoup moins des produits perçus sur la clientèle commerciale, on peut comprendre que les banques classiques puissent envisager d’opérer un retrait du paysage actuel et changer de business model. Pour conclure, il faut préciser que la cession des actions de la BNP Paribas détenues sur la BICIS, va entraîner ipso facto un changement d’actionnaire de référence, lequel aura la charge de la gestion. Par conséquent, cette opération suscite légitimement quelques interrogations. Concernant les futurs acquéreurs, s’agit-il de groupes exerçant des activités de banques, ont-ils des réseaux de correspondants leur permettant de mener des opérations de commerce international ? Quels sont les engagements pris en termes de développement de l’activité sur une durée à définir ? L’Etat a-t-il exercé son droit de préemption ? Il s’agit d’apporter des éclairages sur les modalités de la cession pour que nul n’en ignore. La BICIS est une banque de très bonne réputation qui n’a connu depuis près de 60 ans aucune crise notable touchant à son intégrité. En cela, la nouvelle structure de substitution devrait pouvoir servir le développement du Sénégal et non faire l’objet de spéculation à moyen terme consistant à la céder dans un second temps à un autre réseau bancaire au détriment des Sénégalais. Le Sénégal est l’un des rares pays de l’UEMOA à ne pas compter dans son paysage une banque sénégalaise d’envergure africaine, à capitaux privés sénégalais majoritaires. Le champion bancaire sénégalais reste encore à créer.
SEULEMENT 350 ADMIS AU CONCOURS DIRECT D'ÉLEVES-MAITRES (CREM) 2021, CONTRE 5000 «REPÊCHÉS» L'ANNÉE DERNIÈRE
Les leaders syndicaux de l'élémentaire s'indignent et comptent engager la lutte pour, disent-ils, protéger le système éducatif national.
Sur les quelque 30 000 candidats au concours de recrutement d’élèves-maitres (CREM) 2021, seuls 275 enseignants «option français» et 75 arabisants ont été recrutés dans la Fonction publique. Soit 350 concurrents admis par voie de concours contre 5000 enseignants recrutés sur demande l’année dernière. Les leaders syndicaux d’enseignants de l’élémentaire à l’instar des secrétaires généraux du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal) / Authentique, Abdou Faty, du Sels, Hamidou Diédhiou, et Mouhamou Moustapha Ségnane du SNELAS (Syndicat national des enseignants en langue arabe) FC, se disent à la fois surpris et déçus de ces résultats. Aussi, ils comptent engager la lutte pour un enseignement de qualité au Sénégal.
Pour la première fois, depuis 2015, les résultats du concours de recrutement d’élèves-maitres (Crem) ont fait réagir presque tous les acteurs de l’élémentaire qui jugent « catastrophique » le très faible quota de cette année. Sur 34 103 candidats sélectionnés, seuls 350 ont réussi à l’examen. Soit un taux de réussite d’environ 1 % aussi bien pour le français que pour l’arabe. Ces futurs enseignants sont au total 275 élèves-maitres français et 75 arabisants qui viennent s’ajouter aux 5000 enseignants recrutés l’année dernière sur demande du ministère de l’Education nationale. Interpelés sur le sujet, les enseignants en rigolent même pour dire que la tutelle a certes permis à 350 Sénégalais d’embrasser le métier d’enseignants par la voie légale. Cela dit, ils dénoncent le fait qu’en parallèle, les autorités aient fait aussi dans le «clientélisme politique» en repêchant 5000 autres.
Saloum Sonko dit ne toujours pas comprendre qu’»avec tout ce déficit criard d’enseignants à l’école, on prenne à la volée 5000 enseignants et seulement 350 par voie de concours». Une manière, pour lui et ses collègues, de fustiger ce qu’ils qualifient de promotion de la médiocrité à l’école. Ce qui ne saurait prospérer, selon le secrétaire général du Sels Authentique, Abdou Faty. «Ce quota ne présage rien de bon. C’est du n’importe quoi ! Le Sénégal a des impératifs de recruter des élèves-maitres parce que le déficit est criard. L’année dernière, les autorités ont fait des efforts en recrutant 5000 enseignants. Au lieu de s’inscrire dans cette dynamique pour de bons résultats à l’école, ils essayent de nous conduire à travers un recrutement «yaama nekh». Ils veulent fouler au pied les règles du recrutement pour prendre la voie des enrôlements farfelus. Nous ne pouvons pas tirer toutes les conséquences de cet état de fait parce que nous n’en connaissons pas encore les soubassements. Mais une chose est sûre.
Le profil d’entrée de l’enseignement est important. Des ministres comme Serigne Mbaye Thiam se sont battus pour un profil d’entrée sélectif, si les services de Mamadou Talla veulent maintenant se mettre dans une autre dynamique d’entrée, ce serait tout simplement catastrophique. Ce que nous n’accepterons pas. Nous appelons d’ailleurs tous les parents d’élèves à faire face. Nous comptons même organiser une marche pour qu’on ne tue pas l’école sénégalaise», nous confie cet enseignant. Le secrétaire général du Sels, Hamidou Diédhiou, s’inscrit lui aussi dans la même dynamique et entend même interpeler ses camarades du G7 (Groupe des sept syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation) pour, dit-il, résister afin de protéger le système. Ne mâchant pas ses mots, il estime que l’intrant le plus important, c’est-à-dire l’enseignant, doit être recruté sur la base de la qualité. C’est pourquoi, et revenant sur la faiblesse du quota relatif au recrutement des élèves-maitres, il affiche d’emblée un sentiment de déception. «Je suis déçu d’autant que le recrutement ne se fait pas sur la base de sentiment ou d’humeur mais selon un besoin exprimé et connu. Le besoin est estimé à plus de 35 000 enseignants. Partout, dans toutes les académies, les enseignants comme les autorités académiques reconnaissent le déficit. Ce même si l’Etat n’avait pas reconnu ce déficit avant. Mais maintenant, ils ont la bonne information et le reconnaissent avec le recrutement de 5000 enseignants l’année dernière. Aujourd’hui, ils reviennent pour ne prendre que 350 dont 75 dans l’arabe pour ensuite faire un autre recrutement spécial sous des allures politiciennes. Ça pose problème. J’ai des craintes parce que le ministère n’a pas communiqué sur le nombre. En tant que syndicat, nous n’avons pas été associés et nous ne connaissons pas les soubassements de cette diminution du nombre des admis. Au moins 2500 enseignants étaient attendus. C’est le minimum. Si on théorise, c’est parce qu’on veut mettre en avant un clientélisme politique et fouler au pied la qualité. Or le recrutement, basé sur les diplômes et le niveau, c’est ce qui va positivement impacter sur la qualité de l’enseignement. Nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous, du Sels, allons le partager avec nos camarades du G7. Il faudra résister. Ce système, nous devons le protéger».
Aliou Sadia Sall de la plateforme «Forum des Enseignants et Enseignantes du Sénégal» emboite le pas à Hamidou Diédhiou pour dire que le mode de recrutement pose problème, et qu’il sera difficile pour les jeunes Sénégalais d’avoir un emploi par voie de concours. «Des concours sont organisés pour donner des chances au maximum de Sénégalais. Mais voilà qu’en parallèle, le ministre emprunte d’autres voies alors que le recrutement normal, ça donne le droit à toutes les personnes de se présenter. Le concours, c’est la voie normale pour accéder à la fonction enseignante. Mais aujourd’hui, on recrute des gens sur demande. Et la majeure partie de ces nouvelles recrues sur demande n’aura pas le niveau. Pour ces 350 dont 75 arabisants, c’est un nombre insignifiant par rapport aux candidats et au déficit d’enseignants à l’école», a-t-il fustigé. Par rapport au quota d’enseignants, option arabe, le secrétaire général du Snelas Fc, Mouhamadou Moustapha Ségnane, affiche également un sentiment de déception. «D’après ses dires, le ministère aurait justifié la baisse du nombre par le recrutement de 5000 enseignants fait l’année dernière. C’est la justification du ministère. Mais comparativement à la situation sur le terrain, le nombre ne devrait pas connaitre une baisse. Au contraire, il devait augmenter d’autant que les classes multigrades et les doubles flux sont toujours là encore qu’on a déjà affecté tous les 5000 enseignants recrutés l’année dernière. En tout cas, pour ce qui est des enseignants d’arabe, si on avait besoin de 100 enseignants, on en a pris que 20 nouveaux. Or, chaque école de six classes doit avoir un enseignant arabe. Et chaque école de 12 classes, deux enseignants pour 24 heures de cours dans la semaine voire 30 heures si on y ajoute les cellules pédagogiques...».