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9 septembre 2025
LE SOUTIEN AUX MÉNAGES ET LA TENSION POLITIQUE À LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
Les quotidiens reçus samedi à l’APS reviennent sur les mesures sociales annoncées par le gouvernement, lors de sa conférence de presse, pour soutenir les ménages et le bras de fer entre les coalitions Benno Bokk Yaakaar (majorité) et Yewwi askan wi
Dakar, 11 juin (APS) – Les quotidiens reçus samedi à l’APS reviennent sur les mesures sociales annoncées par le gouvernement, lors de sa conférence de presse, pour soutenir les ménages et le bras de fer entre les coalitions Benno Bokk Yaakaar (majorité) et Yewwi askan wi (opposition).
’’L’Etat liste ses tops’’, selon Sud Quotidien qui met en exergue la conférence de presse gouvernement qui s’est tenue vendredi. ‘’La compensation sur la farine de blé payée dans la totalité au plus tard le 10 juillet ; subventions sur le prix de l’énergie : une enveloppe de 500 milliards de francs Cfa attendue. Revalorisation des indemnités des enseignants, une première dans la cédéao’’, détaille Sud.
A propos de l’augmentation des salaires, des subventions, etc, Le Quotidien titre : ‘’L’Etat en plein d’énergie’’. Selon le journal, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, annonce une subvention de plus de 509 milliards pour le secteur énergétique
Selon Le Soleil, ‘’l’Etat maintien le soutien aux ménages’’ par la subvention des produits alimentaires et une nouvelle opération de cash transfert. ‘’Le prochain cash transfert va viser plus d’un millions de ménages. L’aliment de bétail sera également subventionné. Une étude en cours pour réajuster les salaires des autres corps de la Fonction publique’’, rapporte la publication.
‘’Les efforts à coup de milliards du gouvernement’’, note L’As qui écrit : ‘’Macky Sall décaisse 120 milliards pour augmenter les salaires des fonctionnaires et 600 milliards pour stabiliser les prix du carburant et de l’énergie’’.
Lors de cette conférence de presse, le quotidien Bës Bi Le Jour signale que le porte-parole du gouvernement a confirmé l’arrestation de deux individus présentés comme des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), mercredi, jour du grand rassemblement organisé par la coalition Yewwi askan wi.
Vox Populi signale que le député de l’opposition Cheikh Abdou Bara Dolly a passé sa première nuit en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt, vendredi, pour offense au chef de l’Etat, discours contraire aux bonnes mœurs.
Cheikh Abdou Bara Dolly, auteur de propos désobligeants à l’encontre du chef de l’Etat, mercredi, lors de la manifestation de la coalition Yewwi askan wi, a arrêté, jeudi, à son domicile à Dakar et déféré au Parquet vendredi dans la matinée.
En politique, L’Inf note que ‘’ça vole bas’’ dans le ‘’bras de fer entre Bennoo et Yewwi askan wi’’.
Selon WalfQuotidfien, ‘’Yewwi et Benno sont dans une position jusqu’au-boutiste’’.
’’Les deux principales coalitions politiques Yewwi-Wallu et Benno bokk yakaar sont en conflit ouvert en perspective des prochaines élections législatives. Et visiblement, personne ne veut reculer. Une radicalisation qui risque de mener le pays vers une situation incertaine’’, écrit Walf.
NOUS ALLONS OUVRIR UN NOUVEAU CHAPITRE DE NOS RELATIONS AVEC DE GRANDS PROJETS
Le nouvel ambassadeur du Japon au Sénégal, Osamu Izawa, a insisté vendredi sur le "changement de chapitre" en cours dans les relations entre Dakar et Tokyo, lesquelles seront basées sur la promotion de grands projets
Dakar, 10 juin (APS) - Le nouvel ambassadeur du Japon au Sénégal, Osamu Izawa, a insisté vendredi sur le "changement de chapitre" en cours dans les relations entre Dakar et Tokyo, lesquelles seront basées sur la promotion de grands projets, dans le cadre du concept "marcher ensemble".
Le diplomate nippon, arrivé au Sénégal à la fin du mois de février dernier, s’exprimait ainsi au terme d’une rencontre avec des responsables d’organes de presse sénégalais.
Dans le cadre de l’approfondissement des relations bilatérales entre Dakar et Tokyo, il a annoncé l’organisation, sous peu de temps, d’une cérémonie d’échange de notes sur des projets liés à la santé, à l’agriculture et aux ressources humaines.
Evoquant la nouvelle approche du Japon axée sur de projets structurants à l’image de l’usine de dessalement de l’eau de mer de Ouakam, à Dakar, le nouvel ambassadeur a exprimé sa volonté d’encourager les entreprises japonaises à investir au Sénégal.
"Mitsubishi va créer une usine pour fabriquer des engrais au Sénégal", a-t-il annoncé, soulignant l’intérêt de grandes entreprises japonaises, dont Sumitomo, Kamatsu, Karlmol, Kagome, pour le gaz et le pétrole découverts au Sénégal.
"Tout récemment, nous avons commencé l’irrigation au niveau du fleuve Sénégal. Si ça marche, on peut atteindre 60 pour cent d’autosuffisance en riz au bout de trois ans", a aussi indiqué Osamu Izawa, rappelant que les résultats dans ce domaine font état de 27,9 pour cent et 37,2 pour cent respectivement en 2010 et 2019.
Ce nouveau chapitre qui s’ouvre dans les relations entre les deux pays, n’efface pas pour autant le volet ancien de la coopération entre les deux pays, lequel est basé sur les prêts et dons, et orienté vers les secteurs de l’agriculture, de la pêche, des infrastructures, de la formation professionnelle, de la santé et de l’éducation.
Aussi l’approfondissement des relations embrasse-t-il globalement trois volets : la coopération économique au développement, le business et la coopération scientifique et technique, ainsi que les échanges humains et culturels.
D’autres domaines de coopérations sont aussi envisagés. Il s’agit notamment de la coopération sur la scène internationale et pour l’Afrique dans son ensemble, avec la TICAD 8 (27 et 28 août en Tunisie) sous la présidence sénégalaise de l’Union africaine et le soutien à la paix et la stabilité en Afrique, entre autres axes.
Pour les perspectives d’avenir à moyen et long terme, le diplomate a esquissé des chantiers liés à la TICAD9, la Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique et à l’Expo 2025 Osaka, dans la région de Kansai.
Les perspectives s’ouvrent également sur les JOJ Dakar 2026 et la promotion de la coopération sportive telle que le projet de construction d’un centre d’entrainement de karaté à Dakar, etc.
Le Sénégal et le Japon célèbrent cette année le 62 anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques.
Jusqu’en 2018, le montant cumulé de l’aide publique au développement nippone était d’environ 914 milliards de francs CFA, selon Arai Tatsuo, ancien ambassadeur du Japon au Sénégal.
Selon les statistiques de l’OCDE (Organisation de la coopération pour le développement économique), le Japon est le troisième pays donateur après la France et les États-Unis en 2017.
L’ÉGLISE INVITE AU DIALOGUE ET BANNIT LA LÉGALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ
Face à la presse, les autorités de l’église ont réaffirmé leur véto catégorique à toute tentative de légalisation de l’homosexualité.
Le clergé catholique a exprimé son inquiétude devant la situation politique et sociale qui prévaut dans le pays. Pour autant, la conférence épiscopale a lancé un appel à un dialogue sincère entre les politiques. Face à la presse, les autorités de l’église ont réaffirmé leur véto catégorique à toute tentative de légalisation de l’homosexualité. La conférence épiscopale s’exprimait à la clôture de la deuxième session ordinaire de l’année pastorale au foyer de charité du Cap des Biches.
Les évêques du Sénégal se sont prononcés sur la situation politique tendue et la dégradation de la situation sociale. Après leur deuxième session de l’année pastorale, les autorités de l’église ont lancé un appel aux politiques pour un apaisement de la situation lourde de menace. Ainsi, les religieux invitent les acteurs politiques à s’asseoir pour discuter et épargner le pays de soubresauts et préserver sa stabilité sociale.
Dans une déclaration lue par Abbé Augustin Thiaw, en présence des autorités du clergé catholique dont l’archevêque Monseigneur Benjamin Ndiaye, l’église a invité les différents protagonistes de la scène politique à se parler sincèrement. « À l’approche des élections législatives, les évêques invitent les acteurs à privilégier le dialogue dans la vérité, pour une paix durable et un développement humain intégral », a rapporté le secrétaire général de la conférence épiscopale. Dans ce sens, l’assemblée des évêques les appelle à s’inspirer de la Lettre Pastorale du 20 novembre 1994. Dans ce document, les évêques d’alors invitaient « tous leurs concitoyens à bâtir ensemble un Sénégal de justice et de paix ».
Sur le plan social, les autorités religieuses ont exprimé leurs vives préoccupations devant la violence recrudescente, les dérives sur les réseaux sociaux et la dégradation des mœurs. Sur ce dernier point, l’église reste intransigeante et s’oppose à toute velléité de légalisation de l’homosexualité. « Les évêques réitèrent la position de l’église, au sujet de l’homosexualité. Ils ne portent aucun jugement sur les personnes. Ils sont pour le respect de l’intégrité physique des individus. Ils dénoncent toute initiative de vouloir légaliser l’homosexualité qui n’est pas conforme à nos valeurs traditionnelles, encore moins à nos croyances religieuses chrétiennes », note le communiqué qui a sanctionné la fin de la deuxième session ordinaire de l’année pastorale 2021-2022 et lue par l’abbé Augustin Thiaw.
Face à la recrudescence de la violence et des agressions, l’église demande à l’Etat de mettre tout en œuvre pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. Dans le même sillage, la rencontre a lancé un appel aux concitoyens pour « un retour aux valeurs, au respect de de la vie humaine, à la promotion du bien commun et de la paix ». Pour une bonne campagne agricole, le clergé chrétien appelle les pouvoirs publics à prendre toutes les dispositions préalables, avant « d’exhorter les populations, surtout les jeunes, au travail de la terre ».
ALIOU CISSÉ HONORÉ PAR LA CAF
Participation a la licence Caf Pro, Aliou Cissé figure sur la liste des 23 entraîneurs participants à la licence historique CAF Pro.
C’est une bonne nouvelle pour l’ancien capitaine des Lions par ailleurs sélectionneur national de l’équipe du Sénégal. En effet, Aliou Cissé figure sur la liste des 23 entraîneurs participants à la licence historique CAF Pro. Cette formation en module du premier diplôme d’entraîneur de la CAF Pro licence se déroule actuellement au Maroc plus précisément à Rabat.
Mieux encore, la CAF accueille actuellement 23 des meilleurs managers du continent africain pour évaluer leur niveau. Sur son site d’information, l’instance dirigeante du football africain renseigne que ce «partenariat» est scellé avec la Fédération Royale Marocaine de Football (RMFF). «Première du genre pour le football africain, la qualification la plus élevée dans les structures de formation des entraîneurs de la CAF voit les esprits du football les plus respectés du continent africain en voie d’obtenir le badge d’entraîneur le plus élevé de la CAF, ce qui équivaut à toute qualification d’entraîneur de haut rang dans le monde.
Il s’agira du premier groupe de diplômés lorsque le dernier module du cours se terminera officiellement le samedi 11 juin après un long voyage qui a commencé en 2018″, lit-on dans le document publié par la CAF.
Selon l’instance dirigeante du football africain, « la licence CAF Pro est strictement réservée aux entraîneurs qui entraînent activement à un niveau professionnel, qui ont démontré un certain niveau de haute performance et de réussite et qui ont également acquis une licence CAF A ou une qualification équivalente reconnue par la CAF
LE CASA FÊTE SON TITRE DANS UN ULTIME TOUR DE CHAUFFE POUR LE PODIUM
L e championnat de la ligue 1, 2021-2022, va livrer son dernier acte ce samedi 11 mai avec la 26ème et dernière journée.
Le championnat de Ligue 1 baisse ses rideaux ce week-end avec la 26ème et dernière journée. Après avoir déjà livré son verdict lors de la précédente journée avec le sacre du Casa sports, place sera à l’ultime au dernier tour de chauffe. Le club fanion de Ziguinchor qui va recevoir le Guédiawaye FC aura ce samedi l’occasion de fêter, devant son public du stade Aline Sitoe Diatta, le deuxième titre de son histoire. Cette journée ne sera pas sans enjeux et s’annonce décisive pour l’attribution des deux dernières places au podium.
L e championnat de la ligue 1, 2021-2022, va livrer son dernier acte ce samedi 11 mai avec la 26ème et dernière journée. Après avoir décroché le titre de champion au bout de la précédente journée, le Casa sports termine l’exercice 2021-2022 à la maison en recevant le Guédiawaye FC (3e ; 41 points). Le club fanion ziguinchorois et son public vont fêter au stade Aline Sitoe Diatta de Ziguinchor leur deuxième titre de leur histoire.
L’enjeu de ce duel sera toutefois différent du côté des visiteurs. Au vu de leur 4e place actuelle au classement, les Crabes aspirent à donner des couleurs à leur saison et de s’accrocher au podium. Si en cas de succès, la 3e place pourrait bien se concrétiser pour les Banlieusards dakarois, il faudrait toutefois compter sur une défaite de Génération Foot.
A domicile, les Grenats (3e ; 41 points) ne se laisseront sans doute pas conter et joueront leur vatout pour pouvoir se maintenir dans le podium. Ce sera face à une équipe de Mbour Petite Cote, dernier et déjà reléguée en Ligue 2 (14e, 17 points).
Le résultat de ce match aura cependant un écho au stade Alassane Djigo où l’As Pikine (4e, 39 points) va croiser le Rufisquois Teungueth FC. Au bout de leur parcours, les Pikinois auront à cœur de terminer par un succès qui pourrait les hisser dans le trio de tête du champion. Le Jaraaf de Dakar (2e ; 42 points) sera également dans le même tempo.
Les «Vert Blanc» vont abattre leur dernière carte avec l’espoir de terminer par ce précieux succès qui leur permettra d’assurer la deuxième place au stade Iba Mar Diop où ils vont recevoir le CNEPS Excellence de Thiès (10e, 30 points). Pour les autres rencontres de la dernière journée, Diambars de Saly (8e ; 31 points) affrontera sur sa pelouse l’Union sportive goréenne (12e, 29 points).
A Saint-Louis, la Linguère (9e ; 31 points) va boucler son parcours avec une ultime rencontre face à Dakar-Sacré Cœur (11e, 22 points). Au même moment, l’As Douanes (6e ; 35 points) termine le champion avec le match qui l’opposera à domicile au Ndiambour de Louga déjà reléguée (13e, 25 points).
Déféré vendredi au parquet, le député est finalement placé sous mandat de dépôt le même jour par le Doyen des juges d’instruction pour offense au chef de l’Etat, diffusion de fausses nouvelles et diffamation
Le député de l’opposition Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly va passer sa première nuit en prison. Il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt pour les délits d’offense au chef de l’Etat, prévu dans l’article 80 du Code pénal sénégalais, diffusion de fausses nouvelles et diffamation au préjudice du Président de la République, Macky Sall. Ce, après son face-à-face avec le doyen des juges d’instruction, Oumar Maham Diallo, ce jeudi.
Réagissant à cette décision du magistrat instructeur, Me Ibrahima Diaw, membre du pool d’avocats du mis en cause, estime qu’« il y a un détournement de procédure ».
Car, selon lui, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly est un député de la République, bénéficiant d’une immunité parlementaire.
« Nous constatons une violation de la loi qui dit que le député ne peut être poursuivi que dans le cadre d’une procédure de flagrants délits. Nous sommes dans un État de droit et les textes doivent être respectés », a souligné la robe noire.
« S’il doit être jugé, on doit saisir un juge des flagrants délits. Mais aujourd’hui, ouvrir une information judiciaire contre un député sans demander l’autorisation de l’Assemblée nationale, on ne peut pas comprendre cette posture d’autant plus qu’il a été arrêté sur la condition de la flagrance », a notamment protesté Me Diaw. « Nous attirons l’attention des autorités et des populations, que même si une personne doit être jugée, elle doit l’être conformément à la loi », a-t-il ajouté.
Le député de l’opposition a été arrêté jeudi soir par les éléments de la Division spéciale de cyber sécurité (Dsc) après avoir des propos jugés désobéissants à l’encontre du Président de la République, tenus, la veille, lors de la manifestation de la coalition Yewwi Askan wi.
PAR Sissi Ngom
SE TOURNER VERS LE MONDE DES INVISIBLES DE L’ÉCONOMIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Portait de Mountaga Diallo, créatif hors pair et habitant du monde des invisibles de l’économie. Discussion en matière de politiques publiques dans le secteur de l’industrie créative vestimentaire et au-delà
Inégalités de naissance et engagement sur le chemin
Mountaga Diallo est né en 1970 dans le vibrant et populaire quartier de la Médina, à Dakar.
Il y poursuit un cursus scolaire classique, mais la fermeture brutale du magasin de son père le contraint à stopper ses études : les frais liés à sa scolarité ne pouvaient plus être pris en charge. Il était en classe de 4eme. Le voilà ainsi laissé à lui-même, dans la rue et au-devant d’une vie informelle. Hors du champ scolaire et sans ses parents qui s’exilèrent en Guinée, le foot et l’amitié le sauvent du naufrage.
Mais pour échapper à l’oisiveté, il décide d’apprendre un métier pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille restée au Sénégal. Il choisit la couture. Il apprend sur le tas dans un atelier de son quartier, sans aucune formation professionnelle préalable. Au bout de 6 mois, son patron met une machine à sa disposition. Il commence à faire des coupes simples, comme des jupes droites, et s’occupe également des finitions, le patron faisant les coupes plus élaborées.
La révélation d’un talent inné
Très rapidement, le génie qui sommeille en lui se réveille. La netteté et la propreté de ses finitions font que la clientèle majoritairement féminine qui lui avait été allouée devient enchantée. Tout le monde se l’arrache, toutes les femmes veulent confier leurs tissus à Mountaga et très vite, la rumeur sur son talent se propage telle une traînée de poudre. Il devient une référence. Ses vêtements sont montrés aux autres apprentis afin qu’ils prennent exemple sur lui.
Son patron considère alors qu’il est temps pour lui de voler de ses propres ailes, et lui recommande d’aller ouvrir son atelier. Cependant, Mountaga n’est pas encore satisfait de lui. Il souhaite parfaire ses coupes qui d’après lui, ne sont pas suffisamment complexes. Il demande à son patron de rester dans l’atelier pour continuer à apprendre, celui-ci accepte.
En même temps, l’atelier s’agrandit et le patron, submergé par la demande, partage avec lui ses méthodes en matière de coupes, et ce transfert d’expertise se fait très rapidement.
Cependant, comme tous les jeunes de son âge, l’envie de voyager lui prend. Il décide alors d’accumuler de l’argent pour pouvoir ensuite se rendre en Occident pour y vivre une vie meilleure, via une pirogue ou en payant des frais exorbitants à un passeur. Cette idée germe en lui en silence.
Le déclic et la création de Yoon Wii, “ce Chemin”
Une dame qui a longtemps vécu en France et qui est rentrée au Sénégal aménage à côté de chez lui, à la Médina. Elle devient cliente de l’atelier, et c’est Mountaga qui lui coud des tenues. Elle en est grandement satisfaite, et c’est à ce moment que Mountaga réalise qu’il est extrêmement doué dans les coupes mi-modernes, mi-traditionnelles. Cette fois-ci, c’est le déclic, Mountaga est prêt à se lancer. Il ouvre un atelier dans le quartier du Point E, non lui du siège de l’OIT. Ses débuts furent très laborieux, les journées se prolongeaient jusqu’en pleine nuit, mais il tient le coup. Il sait qu’il tient quelque chose.
Dès ses premières créations en solo, Mountaga sent le besoin de se démarquer rapidement. Bien qu’il commença par reproduire les enseignements et modèles que lui avait transmis son ancien patron, il ressent très vite un besoin, celui du véritable créateur, d’aller au-delà. Un feu intérieur brûle en lui. Il décide qu’il lui fallait créer, dans le vrai sens du mot. Il veut imprimer sa griffe, basée sur sa propre sensibilité et talent, et non selon les diktats de la couture traditionnelle qui prend souvent une dimension folklorique — oui, Mountaga aime la simplicité. Il décide même d’étiqueter ses créations. Sur les étiquettes qu’il a conçues et qu’il appose sur ses vêtements, on lit "Yoon Wii", ce chemin, en Wolof. Ce chemin qu’il prend. Le nom de sa marque lui est venu comme une révélation. En effet Mountaga voit son œuvre comme un chemin. Il a trouvé le sien. Il le sait long. Mais ce chemin se poursuivra au Sénégal : il renonce à émigrer, il sait qu’il a trouvé sa voie dans son cher pays.
La substance de Yoon Wii : la femme moderne et versatile
Mountaga allie tradition et modernité. Ses doigts et son génie créatif produisent des vêtements simples, chics, et se portent pour le bureau, mais pas que : au restaurant, en visite chez la famille ou les amis. Des vêtements versatiles, voilà le crédo de Mountaga.
Il a aussi développé une ligne spéciale robes de cérémonie et de cocktails, en tissus nobles, légères, qui se portent avec grâce et fluidité sous les tropiques.
Une sélection naturelle se fait au niveau de sa clientèle, qui augmente petit à petit grâce à un système de bouche à oreille : jeunes femmes cadres, commerçantes, expatriées, “repats”.
Chaque création de Mountaga est unique, il ne crée jamais un vêtement deux fois. Sa clientèle s’élargit aussi aux enfants.
Le piège de la trappe : talent noyé, asymétrie d’informations, et multiplication des difficultés
Pourtant, malgré son talent, le voici contraint de retourner à la Médina, à proximité de la maison familiale, car il n’arrivait plus à payer ses factures. Ce qui frappe en entrant dans l’atelier de Mountaga, c’est la vétusté des lieux et la précarité de son matériel. Des tissus emballés dans des sachets et posés à même le sol. De vieilles tables en bois. Des chaises chancelantes. On a du mal à croire que de ce chaos sortent des ensembles somptueux et élégants, des robes dignes de grands couturiers. Quand on lui pose la question, l’explication tombe telle une sentence : il ne bénéficie d’aucune aide et n’a pas les multiples garanties que les banques demandent. Il a maintenu ses prix bas depuis le début de son aventure, pour des raisons pécuniaires immédiates, et le nombre de clients n’a pas encore atteint un seuil critique pour lui permettre de vraiment décoller. Parfois, afin de le soutenir et de le rémunérer à sa juste valeur, des clients lui paient plus qu’il ne les facture, mais même si cela l’aide énormément à subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, cet argent “en plus” n’est pas durablement transformateur. Malgré sa clientèle fidèle, Mountaga n’a pas encore atteint tout son potentiel et acquis la reconnaissance qu’il mérite. Il n’a pas les moyens de prendre un apprenti. Il coud seul, de jour comme de nuit, avec l’obstination d’un orfèvre. Il a plusieurs rêves et ambitions. Avoir un local moderne et un mobilier digne ce nom. Disposer de machines à coudre plus modernes. Former des apprentis et transmettre, à son tour, son savoir et son expertise. Et pourquoi, coudre pour un grand évènement national. Il aimerait aussi formaliser son business et participer à la vie économique de son pays, en payant des taxes. Il souhaiterait aussi plus “sentir la présence de la République”.
La crise de la Covid l’a frappé de plein fouet, et il sait que s’il n’a pas une aide ciblée et un réseau, cet impact négatif sera durable pour lui.
Discussion et options en termes de politiques dans le secteur de l’industrie créative
La solidarité à travers le bouche-à-oreille, les recommandations et l’activation des réseaux personnels reste un des moyens efficaces sur le court et le moyen terme pour soutenir Mountaga et l’aider à mieux déployer son génie. Mais il faut plus, non seulement pour permettre aux créateurs d’avoir un emploi durable et décent, mais aussi pour augmenter l’assiette fiscale nationale, booster l’économie locale et ainsi augmenter le PIB.
Mes observations et nombreuses discussions avec Mountaga m’inspirent un certain nombre de politiques à mettre à œuvre, pour lui et pour ses nombreux autres confrères et consœurs, artisans talentueux et de génies, qui sont invisibles, pour l’industrie créative et l’artisanat au Sénégal :
• Créer un environnement favorable aux investissements et financements dans l’industrie créative informelle, en plus d’initiatives comme la Délégation Générale à l’Entrepreneuriat Rapide (DER). Les financements pourraient émaner de structures bancaires publiques, mais aussi d’entreprises et d’investisseurs privés, dans le cadre de leurs politiques RSE ou de leurs engagements pour l’atteinte d’objectifs de développement comme les ODD.
• La création d’un marché national ou sous-régional d’obligations dédiées au secteur créatif, pour permettre aux entreprises et particuliers d’investir dans des business prometteurs et de contribuer à rendre digne la vie de citoyens.
• Désigner ou sélectionner, soutenir, et mettre en avant médiatiquement des champions aux niveaux national et de la Ville par type de métiers artisanaux (couture, peinture, cordonnerie, etc.) pour inciter les citoyens en âge de travailler à embrasser ces métiers, ce qui contribuera à résorber le chômage des jeunes et des moins jeunes qui gangrène l’économie.
• Mettre en place des appels d’offres pour permettre aux artistes et créateurs de vêtements de concourir lors de grands évènements nationaux comme la fête de l’Indépendance, les divers carnavals, et autres démonstrations culturelles nationales et urbaines.
• Mieux démocratiser les canaux de partage de l’information sur les instruments de soutien disponibles et mis en place par l’État ou par les mairies. En effet, l’existence de telles aides est aujourd’hui souvent communiquée via les réseaux sociaux ou dans des réseaux experts ou privilégiés. De sorte que faire des communiqués à la radio, sur les chaînes de télévision populaires (en français et en langues nationales), et procéder à des distributions de tracts dans les zones populaires où sévit une pauvreté numérique et digitale peuvent être des solutions simples, inclusives, et transformatrices.
Mountaga est un symbole de l’invisibilité économique de génies de la création. Mettre en œuvre des politiques et mesures citées plus haut permettrait l’établissement d’une économie vibrante où leurs habitants informels et invisibles sortiront enfin du bosquet pour devenir visibles, et se libéreront de l’engrenage de la survie journalière. En particulier, l’industrie créative et de la mode doivent davantage être formalisées afin de capturer le potentiel de ces “invisibles”, potentiel à jouir d’une vie digne et aussi à contribuer à l’économie de leur pays.
Cet article a été préalablement publié dans le premier numéro papier de La Revue de Dakar, créée par le ministre-conseiller El Hadj Hamidou Kassé.
L’atelier Yoon Wii de Mountaga Diallo se situe dans le quartier de la Médina à Dakar, rue 10 angle 23.
Sissi Ngom est analyste de politiques, écrivaine, et ingénieur en informatique et mathématiques financières.
LES ÉLECTIONS NE SAURAIENT ÊTRE UN PRÉTEXTE POUR JETER LE DISCRÉDIT SUR LES INSTITUTIONS
Le ministre de la Justice, Malick Sall, s’est prononcé sur l’affaire Cheikh Abdou Mbacké Dolly arrêté, ce jeudi, pour offense au chef de l’État, diffusion de fausses nouvelles et diffamation
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, s’est prononcé sur l’affaire Cheikh Abdou Mbacké Dolly arrêté, ce jeudi, pour offense au Chef de l’État, diffusion de fausses nouvelles et diffamation au préjudice du président Macky Sall.
D’emblée, il assure avoir déclenché la procédure judiciaire contre le parlementaire.
« Conformément aux lois et règlements en vigueur dans notre pays, la chancellerie a donné des instructions au ministère public pour que l’auteur de tels faits soit poursuivi », a-t-il indiqué, à travers un communiqué.
Car, pour Me Sall, « les échéances électorales futures ne sauraient être le prétexte à des dérapages verbaux de nature à porter atteinte à l’honneur et à la considération des citoyens ou à jeter le discrédit sur les institutions ».
Il rappelle pour le regretter qu’ «au cours d’un rassemblement autorisé, organisé le 8 juin 2022, à la place de la nation, monsieur Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly a tenu publiquement des propos outrageants à l’encontre du président de la République», condamnant, dans sa note, «ces déclarations d’une particulière gravité, puisque visant la personne incarnant la plus haute institution de la République ».
Déféré au parquet ce vendredi matin, Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly a été finalement inculpé et placé sous mandat de dépôt.