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27 août 2025
LE FRANC CFA BIENTÔT RELÉGUÉ AU PASSÉ ?
"Le Franc CFA n'est plus adapté à nos ambitions" : le Sénégal, par la voix d'Aminata Touré, annonce la fin programmée d'une monnaie controversée au profit de l'Eco, tandis que les préparatifs s'accélèrent au niveau régional
Un an après l'élection du président Bassirou Diomaye Faye, la question de la souveraineté monétaire s'impose comme un enjeu majeur au Sénégal et plus largement en Afrique de l'Ouest. Aminata Touré, haute représentante du chef de l'État et ancienne Première ministre sénégalaise, n'y est pas allée par quatre chemins lors d'un entretien accordé à Russia Today (RT) en français. « Le Franc CFA, de toute façon, ça va bientôt être, à mon avis, de l'histoire ancienne, parce que ce n'est plus adapté aux ambitions de nos économies », a-t-elle déclaré sans ambages.
Cette position s'inscrit dans une dynamique régionale plus large. Depuis plusieurs années, de nombreux dirigeants ouest-africains plaident pour une indépendance monétaire accrue, estimant que le Franc CFA, héritage de l'époque coloniale, constitue un frein à leur développement économique et à leur souveraineté politique.
Face à cette volonté de changement, l'alternative se dessine progressivement autour de l'Eco, projet de monnaie unique porté par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Le Sénégal figure parmi les soutiens actifs de cette initiative.
Aminata Touré a d'ailleurs réaffirmé la détermination du gouvernement sénégalais à voir cette monnaie se concrétiser rapidement : « C'est pour ça que la Cédéao réfléchit sur la question pour que, dans les meilleurs délais, cette monnaie qui s'appellerait l'éco verrait le jour ».
Le 12 novembre 2024 a marqué une étape significative dans ce processus, avec la tenue de la 3ème réunion du Comité de Haut Niveau pour le lancement de l'Eco. Abdoulaye Diop, président de la Commission de l'UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine), y a participé activement.
Cette rencontre virtuelle, présidée par Wale Edun, ministre de l'Économie et des Finances de la République Fédérale du Nigeria, a rassemblé plusieurs hauts responsables régionaux, dont Adama Coulibaly, ministre ivoirien des Finances et du Budget etpPrésident du Conseil des ministres de l'UEMOA.
Les membres du comité ont notamment échangé sur « les modalités pratiques de sélection des pays candidats à l'Union monétaire », point crucial pour déterminer quels États pourront intégrer ce nouveau système dès son lancement.
Ont également été abordés « le projet d'Acte additionnel relatif à la participation des États membres à l'Union monétaire, les coûts, les sources et les modalités de financement de la mise en œuvre des réformes et des institutions nécessaires au lancement de l'ECO ».
Ce Comité de Haut Niveau, mis en place en 2023 par les chefs d'État de la région, a précisément pour mission de « proposer les modalités pratiques pour le lancement de l'ECO ». Il réunit des acteurs clés du paysage économique ouest-africain : le président du Conseil des ministres de l'UEMOA, les ministres des Finances de Cap-Vert, du Ghana et du Nigeria, les présidents des Commissions de la CEDEAO et de l'UEMOA, ainsi que les gouverneurs de la BCEAO et des Banques Centrales de Cap-Vert, du Ghana et du Nigeria.
Si la volonté politique semble désormais affirmée, les défis restent nombreux. Le projet de l'Eco a déjà connu plusieurs reports. Initialement prévue pour 2020, son adoption a été repoussée à plusieurs reprises en raison de divergences économiques et politiques entre les pays membres de la Cédéao.
L'hétérogénéité des économies concernées, les différences de niveaux de développement et les intérêts parfois divergents constituent autant d'obstacles à surmonter pour aboutir à une monnaie commune viable.
Les conclusions des récents travaux du Comité de Haut Niveau seront présentées lors de la prochaine Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, où pourraient être prises des décisions déterminantes pour l'avenir monétaire de la région.
En attendant, les propos d'Aminata Touré résonnent comme un signal fort : pour le Sénégal, l'ère du Franc CFA touche à sa fin, et celle de l'autonomie monétaire se profile à l'horizon.
LA REFORME DE LA CONTROVERSE
La modification du projet de décret portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale, avec la création d’un corps de conseillers et d’assistants en gestion des ressources humaines, va rogner sur diplômés de l’Ena/B
La modification du projet de décret portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale, avec la création d’un corps de conseillers et d’assistants en gestion des ressources humaines, va rogner sur les prérogatives des diplômés de l’Ena/B, notamment les secrétaires d’administration et les contrôleurs du travail et de sécurité sociale.
Un projet de décret «modifiant le décret 77-880 du 10 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale» est dans le circuit et va être examiné dans les prochains jours. Le texte en question va apporter, selon le Secrétariat du gouvernement, des «innovations».
Dans le rapport de présentation du projet de décret, il est indiqué qu’il est prévu «la création d’un corps de conseillers en gestion des ressources humaines et d’un corps d’assistants en gestion des ressources humaines, la consécration des indices et grades ou classes en vigueur, l’actualisation de la dénomination des diplômes requis pour accéder aux corps des administrateurs civils ou des secrétaires d’administration, rédacteurs et intendants». Parmi les arguments avancés par les autorités pour la modification du décret en question, il est souligné que «l’on assiste sur le plan institutionnel à l’érection, au niveau sectoriel, de plus en plus de directions ou services de ressources humaines, et au niveau transversal, à la création, en 2009, au sein de la Direction générale de la fonction publique, d’une Direction de la gestion prévisionnelle des effectifs des emplois et des compétences qui, du reste, fait du ministère en charge de la Fonction publique, le Drh du groupe de l’Administration». Cette dynamique, explique le Secrétariat du gouvernement, «levier d’une optimisation de la productivité des agents en faveur d’un fonctionnement efficace et efficiente de l’administration et d’une réalisation des objectifs fixés par le gouvernement, aura besoin de corps de fonctionnaires à vocation gestion des ressources humaines pour une Administration moderne tournée vers le développement». Concernant toujours les arguments avancés, il est noté «dans le cadre des diplômes professionnels requis pour l’accès aux corps des administrations civiles ou des secrétaires d’administration, rédacteurs et intendants, les diplômes visés sont respectivement le brevet de l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (Enam) et le diplôme du Centre de formation et de perfectionnement administratifs».
Le gouvernement annonce son retrait
Alors que, font remarquer les auteurs du document, «aux termes de la réglementation actuelle (décret no2011-1704 du 06 octobre 2011 portant création de l’Ena et fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement), ces mentions sont devenues pour Enam, Ena, Cfpa, 2e cycle B de l’Ena dont la formation est sanctionnée par le Certificat de fin d’étude du cycle B de l’Ena». Autre argument, c’est que «les indices et grades ou classes, tels que prévus par le décret no77- 880 du 10 octobre 1977, l’ont été en application du décret no61- 059 du 8 février1961 portant classement indiciaire des magistrats du personnel militaire et du personnel civil des administrations et établissements publics de l’Etat, tandis que ce décret a été abrogé et remplacé par le décret no92-1196 du 19 août 1992 qui en introduit de nouveaux». «A la lumière de ce qui précède, il importe par conséquent d’adapter le décret no77-880 du 10 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale», fait savoir le Secrétariat du gouvernement dans son document. Selon des informations du Quotidien, le gouvernement est sur le point de retirer son projet de réforme, qui a provoqué la levée de boucliers des Enarques.
REFORME DANS L’ADMINISTRATION GENERALE LES SECRETAIRES D’ADMINISTRATION EN COLERE
Les secrétaires d’administration du Sénégal sont très remontés contre les rédacteurs du décret qui va modifier de fond en comble l’Administration. Non contents de les maintenir à la hiérarchie B2 contre les recommandations des conclusions des Assises sur la déconcentration qui avaient mis en place les corps de la Préfectorale et de la sous-préfectorale, les rédacteurs du nouveau projet de décret les confinent à un rang de subalternes, derrière des fonctionnaires qui n’auront pas besoin de réussir au concours très sélectif de l’Ecole nationale d’administration (Ena).
Le décret n°77-880 du 10 octobre 1977portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale est en passe d’être modifié. C’est ainsi qu’une réunion est convoquée, ce jeudi, aux fins d’examiner un nouveau projet de décret qui institue de nouveaux corps au sein de l’Administration générale. Parmi ces modifications majeures, il y a la création des corps de conseillers en gestion des ressources humaines, des attachés d’administration et assistants en gestion des ressources humaines. Pour accéder à ces nouveaux corps, les postulants n’auront pas besoin de faire des concours, mais plutôt de présenter respectivement des diplômes de Master en gestion des ressources humaines classés par le ministre de la Fonction publique, de Maîtrise en sciences juridiques ou économiques et de Licence en gestion des ressources humaines.
Ces nouvelles recrues seront, pour les premiers nommés, classées à la hiérarchie A2, les seconds à la hiérarchie A2 et les troisièmes à la hiérarchie A3. Dans cette réforme, les secrétaires d’administration seront les plus lésés. Et, pour cause ? Alors que les conclusions des décisions des concertations de la charte de la déconcentration recommandaient fortement la mise en place des corps de la préfectorale et de la sous-préfectorale avec l’alignement des secrétaires d’administration à la hiérarchie A3, cette nouvelle réforme, menée à son terme, va tout chambouler. Ce qui a créé un grand malaise au niveau de ce corps déjà saigné par plusieurs départs et frustré par la nomination d’enseignants aux fonctions de sous-préfet.
CREATION D’UN CORPS DE CONSEILLERS ET D’ASSISTANTS EN GESTION DES RESSOURCES HUMAINES - L’INTER-AMICALE DES DIPLOMES DU CYCLE B DE L’ENA DENONCE UN MANQUE DE CONSIDERATION
Le gouvernement envisage de modifier «le décret 77-880 du 10 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale». Ce projet, qui va apporter des changements, notamment «la création d’un corps de conseillers en gestion des ressources humaines et d’un corps d’assistants en gestion des ressources humaines, la consécration des indices et grades ou classes en vigueur», n’a pas l’adhésion de l’Inter-amicale des diplômés du cycle B de l’Ena. Les membres de cette organisation, qui ont saisi le Pm Ousmane Sonko dans une correspondance, soutiennent que ce projet de décret «traduit un manque de considération et de reconnaissance à l’égard des diplômés de l’Ena, en particulier les secrétaires d’administration qui seraient relégués au cinquième rang dans la hiérarchie (...)»
L’Inter-amicale des diplômés du cycle B de l’Ecole nationale d’administration (Ena) n’est pas d’accord avec «le projet de décret modifiant le décret 77-880 du 10 octobre 1977 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’Administration générale». Dans une correspondance adressée au Premier ministre Ousmane Sonko, ladite organisation «a exprimé sa profonde déception et formule une vive protestation à l’encontre» du texte. Informée que le Secrétariat général du gouvernement prévoit de tenir une réunion le jeudi 3 avril 2025 afin d’examiner ledit projet, l’Inter-amicale des diplômés de l’Ena cycle B fait remarquer qu’à «la lecture du rapport de présentation, il y a, entre autres arguments, l’absence d’une professionnalisation de la gestion des ressources humaines dans l’Administration pour justifier la création des corps dénommés conseillers en gestion des ressources humaines et assistants en gestion des ressources humaines», respectivement classés aux hiérarchies A2 et B1 de la Fonction publique».
Pour les auteurs de la correspondance, «cette réforme traduit un manque de considération et de reconnaissance à l’égard des diplômés de l’Ena, en particulier les secrétaires d’administration qui seraient relégués au cinquième rang dans la hiérarchie du cadre de l’Administration générale, ainsi que les inspecteurs et contrôleurs du travail spécialisés en gestion des ressources humaines». Fustigeant ce changement, ils s’interrogent : «Qui de l’Administration serait mieux placé que les cadres de l’Ena cités supra pour assurer la gestion des ressources humaines ?» Selon les membres de cette organisation, «vouloir les remplacer par des titulaires de diplômes en Ressources humaines sans au préalable organiser un concours est un projet visant à discréditer l’Ena, en particulier les sortants du cycle B dont la majorité dispose déjà des diplômes de Licence, de Master et même de Doctorat». Poursuivant leurs propos, ils ajoutent : «Une telle situation entraînerait un affaiblissement des autres corps issus du cycle B de l’Ena, si une approche similaire venait à être adoptée : par exemple intégrer les comptables dans le statut particulier des contrôleurs et inspecteurs du Trésor ou encore les fiscalistes dans celui des inspecteurs et contrôleurs des Impôts et domaines.»
Par ailleurs, soulignent-ils, «il apparaît difficilement justifiable qu’un assistant en ressources humaines soit dans le projet de décret classé à un niveau supérieur à celui d’un secrétaire d’administration ayant réussi un concours national très sélectif et bénéficié d’une formation approfondie sur les rouages de l’Administration publique». Suffisant donc pour que l’inter-amicale considère «ce projet comme une atteinte à la dignité et à la reconnaissance dues à l’ensemble des sortants de l’Ena». De même, elle tient à «alerter sur la gravité et le caractère inédit de ce projet de décret». Tout en affichant son opposition ferme à son adoption, elle estime «qu’il porte atteinte à la valorisation des compétences issues» de leur «institution et qu’il constitue une menace pour la pérennité de l’Ena, mais aussi aux principes de mérite, d’équité et de transparence dans le fonctionnement de l’Administration». Des principes, rappellent les auteurs du document, pour lesquels le Pm Ousmane Sonko s’est «battu en tant que syndicaliste». Dans sa correspondance, l’inter-amicale déplore également le fait qu’à ce «jour, aucune des correspondances adressées concernant les enjeux de carrière des diplômés du cycle B de l’Ena n’ait reçu de réponse». «La plus récente a été déposée et enregistrée au bureau du courrier de la Primature le 25 octobre 2024», informe-t-elle dans sa lettre.
AMENDEMENT AMADOU BA 2
La plénière de l’Assemblée va se pencher, ce mardi, sur la proposition interprétative de la loi d’amnistie du 13 mars 2024 soumise par le député Amadou Bâ 2. Avec sa majorité mécanique, Pastef, qui parraine cette proposition, devrait passer sans soucis.
La plénière de l’Assemblée va se pencher, ce mardi, sur la proposition interprétative de la loi d’amnistie du 13 mars 2024 soumise par le député Amadou Bâ 2. Avec sa majorité mécanique, Pastef, qui parraine cette proposition, devrait passer sans soucis. En dépit des pressions des membres de la Société civile, des partis de l’opposition et des appels à manifester pour une abrogation totale de la controversée loi d’amnistie ? Voici l’intégralité de l’Amendement à la proposition de loi portant interprétation de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie.
EXPOSE DES MOTIFS
«La présentation de la proposition de loi portant interprétation de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie vise à mettre fin à toute controverse sur son champ d’application. Comme l’a si bien rappelé la Cour suprême française dans plusieurs de ses arrêts : «Une loi ne peut être considérée comme interprétative qu’autant qu’elle se borne à reconnaître, sans rien innover, un droit préexistant qu’une définition imparfaite a rendu susceptible de controverses.» (Cour de cassation, Chambre civile 3, du 27 février 2002, 00-17.902 ; Cour de cassation, Chambre commerciale, du 2 octobre 2001, 98-19.681)
Le Conseil constitutionnel du Benin en a clarifié les caractéristiques principales en considérant : «Le caractère interprétatif est conféré à une loi lorsque, de la part du législateur, celle-ci est destinée à clarifier la loi interprétée par des dispositions d’éclaircissement qui s’y incorporent ; qu’en tant que telle, elle ne constitue pas une nouvelle loi et, par sa nature, prend corps avec la loi interprétée, quand bien même le législateur a le pouvoir d’en aménager l’effet rétroactif.» (Décision DCC 20-488 du 04 juin 2020)
C’est ce qui justifie l’introduction de cet amendement à la proposition de loi portant interprétation de la loi portant amnistie précitée afin de circonscrire avec plus de précision son champ d’application.
ll est, en effet, utile de rappeler que le but originel de la proposition de loi interprétative était de lever toutes les équivoques et controverses sur les catégories d’infractions couvertes par la loi d’amnistie à la suite d’une rédaction ambiguë et obscure, très éloignée du rapport fait en Commission des lois lors de la présentation du projet de loi portant amnistie, de l’évolution des normes de Droit international relatives à la protection des droits de l’Homme, de leur interprétation par les instances des Nations unies et de la jurisprudence des juridictions régionales et internationales de protection des droits de l’Homme sur le champ d’application desdites lois d’amnistie. Il est tout aussi important de rappeler que lors de l’examen du projet de loi portant amnistie par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, il était expressément noté dans le rapport : «S’agissant de la question se rapportant aux cas de tortures ou de traitements dégradants, Madame Aïssata Tall Sall, Garde des sceaux, ministre de la Justice, indiquera que ces actes sont bannis et exclus du champ d’application de cette loi. Sous ce rapport, elle fera noter que des sanctions seront prononcées s’il existe des preuves les attestant.»
Toutefois, une pareille exclusion des actes de torture du champ d’application de la loi portant amnistie ne se retrouve absolument pas dans la loi d’amnistie effectivement votée et promulguée. Cela pourrait laisser croire que la loi d’amnistie couvre toutes les infractions criminelles et correctionnelles, quelles qu’elles soient, dont les actes de torture, dès lors qu’ils se rapportent à des manifestations politiques ou ont une motivation politique durant la période considérée.
Cette possible interprétation du caractère illimité du champ d’application des infractions couvertes par la loi d’amnistie contreviendrait manifestement aux engagements internationaux du Sénégal au travers des divers instruments de protection des droits de l’Homme qu’il a ratifiés, et engagerait sa responsabilité internationale devant les juridictions régionales et internationales qui ont, par une jurisprudence abondante et constante, posé des limites matérielles fortes à la compétence du législateur d’amnistier toutes les catégories d’infractions.
De façon concordante, la Cour de justice de la Cedeao, la Cour européenne des Droits de l’Homme et la Cour interaméricaine des droits de l’Homme ont considéré comme tyrannique et abusive, au regard du Droit international, toute interprétation des lois d’amnistie aux fins de leur conférer le pouvoir de couvrir les violations graves des droits fondamentaux.
A titre illustratif, en matière de crimes de torture, le Sénégal a ratifié divers instruments juridiques internationaux qui érigent leur interdiction en prohibition impérative. C’est le cas, notamment, de l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Au demeurant, la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a institué le principe de la compétence universelle pour permettre à chaque Etat partie de poursuivre les auteurs des actes de torture commis hors de son territoire.
Dans le même sillage, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a jugé : «En raison de l’importance des valeurs qu’il protège, ce principe [interdisant la torture] est devenu une norme impérative ou jus cogens, c’est-à-dire une norme qui se situe dans la hiérarchie internationale à un rang plus élevé que le droit conventionnel et même que les règles du droit coutumier» «ordinaire.» (Procureur c. Furundzija, 10 décembre 1998, paragraphe 153)
Au surplus, le Comité contre la torture considère que «l’amnistie est généralement incompatible avec le devoir qu’ont les Etats d’enquêter sur de tels actes, de garantir la protection contre de tels actes dans leur juridiction et de veiller à ce qu’ils ne se reproduisent pas à l’avenir. Les Etats ne peuvent priver les particuliers du droit à un recours utile, y compris le droit à une indemnisation et à la réadaptation la plus complète possible» (Compilation des observations générales et recommandations générales adoptées par les organes de traités, Un Doc. HRI/GEN/1/Rev.1 (1994), p. 30).
Dans les pays traversés par des conflits armés, les lois d’amnistie subséquentes ont intégré l’exclusion de certaines infractions constitutives de violations graves des droits fondamentaux. Ainsi, en Côte d’Ivoire (art. 4 de la Loi n°2003-309 du 8 août 2003 portant amnistie), comme en République démocratique du Congo (Art. 4 de la Loi n°014/006 du 11 février 2014 portant amnistie pour faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques), les lois d’amnistie ont exclu de leur champ les crimes contre l’humanité, les infractions de torture, de traitements inhumains, cruels et dégradants, les violations graves, massives et caractérisées des droits humains. Ainsi, les juridictions internationales formulent de fortes réserves sur toute loi d’amnistie adoptée avant ou sans investigation, jugement et condamnation des auteurs des atteintes et violations graves des droits fondamentaux (Cedh Ely Ould Dah contre la France, n°13113/03, 17 mars 2009).
Les victimes de violations graves des droits fondamentaux se voient aujourd’hui reconnaitre un irréfragable droit à la vérité dont l’obligation minimale se traduit concrètement «par le devoir des autorités étatiques de mener des enquêtes et investigations relativement aux faits et événements en cause, et à assurer sinon une publication des résultats de la recherche, du moins le libre accès à ceux-ci» (Affaire N°ECWICCJIAPP/25/13, les ayants droit Ibrahim Mainassara Bare contre République du Niger, paragraphe 53).
Par conséquent, amnistier les actes de torture et autres atteintes graves des droits de l’Homme durant la période comprise entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 par la loi n°2024-09 du 13 mars 2024, engage non seulement la responsabilité internationale du Sénégal, mais également expose leurs auteurs à des poursuites par des Etats étrangers au titre de la compétence universelle.
Par ailleurs, annoncé dans le rapport de la Commission des lois lors de l’examen du projet de loi au travers d’une Commission d’indemnisation, le droit à réparation des victimes, en l’absence de toute consécration expresse, n’est que sous-entendu dans le texte. C’est pourquoi la proposition de loi interprétative a souhaité lui redonner une base légale exempte de controverse.
D’ailleurs, pour la Cour de justice de la Cedeao, les lois d’amnistie ne sauraient, sous peine d’invalidation, méconnaitre le droit des victimes à une juste et équitable réparation. Pour la Cour, «il serait en effet inique d’ignorer complétement la situation des personnes ayant souffert des événements en cause, sous prétexte que les autorités étatiques auraient décrété que ces événements sont rayés d’un trait de plume, ou sont, en fait, censés n’avoir jamais existé. Pour la Cour, l’amnistie ne justifie pas l’inertie, et le respect du droit des victimes n’est pas incompatible avec la nécessité de la réconciliation sociale». (Affaire les ayants droit Ibrahim Mainassara Bare contre République du Niger, Op.cit., paragraphe 58).
En somme, les obligations internationales du Sénégal en matière de protection des droits de l’Homme et l’évolution récente de la jurisprudence internationale sur la circonscription du champ d’application des lois d’amnistie imposent au législateur de circonscrire le champ d’application de la loi en la restreignant aux seules infractions qui répondent à une motivation politique ou celles commises en lien avec l’exercice d’un droit démocratique.
Ainsi, la volonté du législateur ne saurait être de laisser impunies des infractions graves qui ne se rattachent à l’exercice d’aucune liberté publique ou d’un droit démocratique. C’est le cas, notamment, des actes de torture, des assassinats, des meurtres, des actes de barbarie, des disparitions forcées et des traitements inhumains, cruels ou dégradants.
Il est tout aussi évident que le législateur n’a pas entendu faire obstacle aux droits des victimes à une réparation intégrale. L’article 3 de la loi d’amnistie prévoyait la possibilité pour les victimes de mettre en œuvre la contrainte par corps, en instituant un mécanisme de réparation sans en poser clairement le principe. Cette loi interprétative, sans rien rajouter au texte, est venue en préciser le sens et la portée, dans l’intérêt des victimes. En outre, l’amendement proposé à la proposition de loi portant interprétation de la loi portant d’amnistie supprime du texte l’énumération des articles non directement concernés et ne laisse ainsi subsister que l’interprétation des articles 1 et 3 de la loi portant amnistie.
Telle est l’économie du présent amendement à la proposition portant interprétation de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024.
AMENDEMENTS Article premier.- Le titre de la proposition de loi est modifié ainsi qu’il suit : «Proposition de loi portant interprétation de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie.»
Article 2.- La présente proposition de loi ne comporte plus que les dispositions à interpréter, à savoir l’article premier et l’article 3.
«Article premier.- Au sens de l’article 1er de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie, les faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle ayant une motivation politique ou se rapportant à des manifestations s’entendent de faits liés à l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique, que leurs auteurs aient été jugés ou non.
Au sens de l’article 1er de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie, sont exclus du champ de l’amnistie, les faits survenus entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, sans lien avec l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit démocratique et qualifiés, notamment, d’assassinat, de meurtre, de crime de torture, d’actes de barbarie, de traitements inhumains, cruels ou dégradants, même si ces faits se rapportent à des manifestations, quelle qu’en soit la motivation et indifféremment de leurs auteurs.
Article 3.- Au sens de l’article 3 de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024, l’amnistie ne préjudicie ni aux droits des tiers ni aux droits des victimes à une réparation intégrale».
Article 3.- Les articles 2, 5 et 6 sont supprimés du texte de la proposition de loi portant interprétation.»
Par Baba DIENG
365 JOURS D’AFFAISSEMENT DU SÉNÉGAL
Dans un embrouillamini incompatible avec le silence et la sobriété qu’exige le travail, Pastef a célébré ses 365 jours aux commandes de ce rafiot qu’est le Sénégal légué par Macky Sall et sa bande de faussaires
L’accession du parti Pastef au pouvoir est une victoire de la démocratie sénégalaise et de ses institutions républicaines. Ce parti frondeur, faut-il le rappeler, a choisi la voie insurrectionnelle pour conquérir le pouvoir politique. Appels à l’insurrection, bravades envers les institutions de la République, menaces et insultes du soudard, populisme… ont rythmé notre quotidien plusieurs années durant. Mais le Sénégal est ce grand pays africain -ou en Afrique- dont la maturité démocratique a fait que le vote est l’unique moyen d’accéder au pouvoir. Au soir du 24 mars 2024, 54% de nos concitoyens, armés de leur carte d’électeur, et horripilés par les exactions du tyran Macky Sall, ont donc décidé de confier les rênes du pays au tandem Diomaye-Sonko. Les grandes promesses électorales, qui ont fait imaginer un Sénégal où coulent du lait et du miel, tardent à se concrétiser ou à donner de bons signaux. Mais la majorité, prête à tout pour défendre son «Projet», patiente. Les 46%, eux, s’enorgueillissent d’avoir vu juste, ricanent…
Dans un embrouillamini incompatible avec le silence et la sobriété qu’exige le travail, Pastef a célébré ses 365 jours aux commandes de ce rafiot qu’est le Sénégal légué par Macky Sall et sa bande de faussaires. Comme un mandat passe vite ! Il a juste fallu quelques actes et incartades pour que leur incompétence et leur immaturité sociale soient exposées sur la place publique. Le doute n’est plus permis : notre navire est cornaqué par de piètres timoniers -ces deux amis dont l’amitié se fortifie chaque seconde.
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye semble inaugurer les chrysanthèmes. Il n’a visiblement pas les coudées franches pour diriger ce pays. Catapulté incidemment à la Magistrature suprême grâce au choix de son mentor, et détenteur du pouvoir de nommer à tous les emplois civils et militaires, ses nominations sont publiquement contestées par des gens qu’il a luimême nommés. L’autorité du chef en a pris une fameuse raclée. Des directeurs généraux, harangués par le Premier ministre, ont dirigé la rébellion contre lui sans être matraqués par des décrets les défenestrant illico presto. La campagne électorale pour les Législatives, qui ont été grandement remportées par Pastef, a été le théâtre d’actes saugrenus visant à torpiller le pouvoir du président de la République. L’on se souvient des déclarations ubuesques de son Premier ministre à son encontre. Les illustrations sont légion. Et une seule vérité éclate au grand jour : le Président Diomaye est en manque d’autorité. Il n’a pas un «sol plus ferme sous ses pieds» (pour reprendre l’expression de l’écrivain Boubacar Boris Diop) afin de mieux se parer des atours de chef de l’Etat.
Sur le plan économique, le pays agonise. Tout est à l’arrêt. C’est le Premier ministre Ousmane Sonko qui, devant le monde entier, a accusé son Administration de vulgaires faussaires qui passent leur journée à maquiller des chiffres. Les conséquences économiques de cette accusation -qui est une discussion sur le sexe des anges- ont été dramatiques pour le pays. A cela s’ajoute le discours effarouchant du chef du gouvernement, qui menace tout ce qui gesticule. La confiance, fondement de l’économie, en a pris une bonne flagellation. Les hommes d’affaires, pour des règlements de comptes, sont traqués et jetés en prison. C’est le misérabilisme : ce régime cherche non pas à multiplier les riches, mais il ambitionne d’appauvrir beaucoup plus de Sénégalais. Dans ce climat économique marqué par l’arbitraire, les investisseurs préfèrent se terrer, car, dans ce pays, toute réussite est devenue suspecte. Tous les nantis sont des voleurs, des corrompus, des menaces pour le pouvoir...
Dans ces colonnes, Hamidou Anne, qui est très légitime pour parler de diplomatie, a souligné la manière dramatique dont notre appareil diplomatique est en train de s’effondrer. Au bout d’un an, le leadership sénégalais, surtout en Afrique, est en train d’être supplanté par d’autres pays. Avec tout l’arsenal de diplomates rompus à la tâche que nous avons, notre force diplomatique s’affaisse en raison des lubies du tandem Diomaye-Sonko. On a l’impression que ces gens-là, à cause de leurs discours infantiles d’hier, ne sont pas suffisamment en contact avec les flux financiers, culturels, économiques, politiques… de notre monde. Leur souverainisme forcené risque de ruiner tout le prestige de ce grand pays. Dans son édition en date du lundi 24 mars 2025 intitulée «Diplomatie sénégalaise : d’un leadership affirmé à un recul perceptible», le journal Sud Quotidien écrit : «Malgré cet héritage prestigieux [les grands succès de la diplomatie sénégalaise], plusieurs observateurs constatent un recul de l’influence sénégalaise sur la scène diplomatique. Aujourd’hui, peu de Sénégalais occupent des postes clés dans les grandes institutions internationales. Le pays semble moins actif dans les initiatives de médiation diplomatique, un domaine où il était autrefois incontournable, notamment dans la résolution des conflits en Afrique de l’Ouest.»
Avec l’élection du président Bassirou Diomaye Faye (candidat sans grande envergure au parcours riquiqui), les Sénégalais ont préféré tenter l’aventure. Sauf que celle-ci, pour le moment, tourne au cauchemar. En 365 jours aux affaires, le pays est devenu prosaïque, avec une économie d’une atonie dramatique. Cette situation de morosité économique ne peut pas continuer. Il faut que le Premier ministre, enfin ramené à la raison, change de discours, pour que la confiance revienne dans l’environnement économique. Ce fameux «pacte de stabilité sociale» est juste une manière de différer le problème qui, s’il n’est pas résolu à temps, risque de plonger ce pays dans un chaos inimaginable.
Idrissa Seck prolonge son silence
L'ancien Premier ministre Idrissa Seck, président du parti Rewmi, continue d'observer le silence sur la scène publique. Depuis la dernière campagne électorale pour la présidentielle de mars 2024, il n'a pas encore pipé mot sur la gestion du régime actuel, symbolisé par le duo Diomaye Sonko. Mais puisqu'il ne rate que très rarement les prières de l'Aide El Fitr à la grande mosquée de Moussanté, beaucoup de Thiessois pensaient qu'il allait rompre le silence et laisser entrevoir la trajectoire qu'allait prendre son chemin politique. Mais au finish, ceux qui s'attendaient à une telle perspective ont déchanté. Idrissa Seck a discrètement quitté la mosquée sans prononcer un seul mot. Il faut dire que certains responsables de Rewmi ont encore été déçus par ce silence, car ils croyaient pouvoir être ragaillardis en entendant leur leader, qui ne communique plus avec eux depuis la présidentielle.
Diomaye récupère une assiette de 591 741 M² à Niakhar
Le gouvernement poursuit sa politique de reprise du foncier national. Par un décret en date du 13 décembre 2024, l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall avait procédé à l’immatriculation d’une parcelle de 591 741 mètres carrés située à Kandiou, dans la commune de Niakhar, département de Fatick. D’après le document signé par le président de la République et contresigné par le Premier ministre Ousmane Sonko, ce terrain, dépendant du domaine national, est désormais immatriculé au nom de l’État en vue de son attribution par voie de bail. «Cette mesure vise à assurer une gestion plus efficace et transparente du foncier», peut-on lire sur le décret. Il dispose que cette immatriculation respecte les dispositions en vigueur, garantissant ainsi la protection de ces terres contre toute attribution irrégulière. A souligner que, contrairement aux annulations de décrets observées à Mbour 4 et dans la Nouvelle Ville de Thiès, cette décision vise à favoriser une meilleure accessibilité à la terre. L’objectif affiché par le gouvernement est d’assurer une répartition équitable du foncier au profit des populations locales.
Jet de grenades lacrymogènes lors de l’open-press de Ada Fass
Des incidents ont été notés hier, lors de l’open-press de Ada Fass à Médina. La situation a dégénéré à l’arrivée du lutteur, lorsque les supporters sont devenus incontrôlables. Face à la tension, les forces de l’ordre ont dû intervenir, dispersant les participants à l’aide de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Après avoir dénoncé cette situation, le secrétaire général de l’écurie Fass Benno, Adama Soumaré, dégage leur responsabilité de ce chaos. «Les open-press font partie du déroulement d’un combat de lutte et tous les lutteurs doivent s’y plier. Nous avons préparé cet événement sur le plan sécuritaire et je me suis personnellement entretenu avec le commissaire ce matin (ndrl hier) pour que tout aille pour le mieux. Malheureusement, ce qui s’est passé est inexplicable. Il n’y a pas eu d’incident justifiant les tirs de gaz lacrymogènes dans l'enceinte. Nous déplorons vraiment les actes des forces de l’ordre. On dégage notre responsabilité», a dénoncé le secrétaire général.
1 121 prisonniers graciés
Le chef de l'État a vidé hier les prisons de plus d’un millier de détenus. A l'occasion de la fête de «Korité» et du 65e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, le Président Diomaye Faye a accordé sa grâce à mille cent vingt-et-une (1121) prisonniers condamnées pour diverses infractions et détenus dans les différents établissements pénitentiaires du pays. Selon le ministère de la Justice, les bénéficiaires de cette mesure de clémence sont des délinquants primaires, des détenus présentant des gages de resocialisation ou âgés, des individus gravement malades et des mineurs. On leur a offert l'opportunité de retrouver leurs familles et de se réinsérer dans la société.
Un individu interpellé avec 12 kg de chanvre indien à Touba
En croisade contre le trafic de drogue, les éléments de la brigade de recherches du Commissariat d'arrondissement de Ndamatou ont interpellé hier un certain A. S. D, en possession de 12 kg de chanvre indien et 14 cornets supplémentaires. La drogue était cachée dans son enclos à bétail et dans sa chambre, renseigne la police. Cette interpellation fait suite à l’exploitation d’un renseignement. L’enquête suit son cours pour identifier et interpeller d’éventuels complices.
Le gouvernement lance la plateforme Tabax Sénégal
Les autorités ont lancé hier la plateforme Tabax Sénégal, un outil né de l’initiative du président de la République Bassirou Diomaye Faye. Elle vise à présenter aux chercheurs d'emplois des opportunités professionnelles adaptées à leurs compétences. Les cibles restent les entrepreneurs et porteurs de projets qui ont besoin de soutien, de partenariats et de financements pour faire prospérer leurs initiatives, mais aussi les investisseurs enclins à soutenir des projets à fort potentiel de croissance et apporter leur contribution à la croissance économique du Sénégal.
Démantèlement d’un réseau de cyberpharmacriminels...
L’Agence de Réglementation Pharmaceutique (ARP) et la Section Cybercriminalité de la Police Nationale sont en train de faire un excellent travail dans le cadre de la lutte contre le commerce illicite de produits pharmaceutiques et la cybercriminalité. A l’occasion d’une opération conjointe réalisée du 2 au 28 mars 2025 à Guédiawaye et Pikine, elles ont démantelé un vaste réseau de cyberpharmacriminels qui opérait principalement via les réseaux sociaux (TikTok, WhatsApp, Facebook, etc.), facilitant la publicité et la distribution de produits pharmaceutiques non homologués. Les présumés délinquants vendaient des médicaments pour avortement clandestin par injection de produits pharmaceutiques non contrôlés ; vente en ligne de pilules d’hymen artificiel ; utilisation d’acide hyaluronique à des fins esthétiques non conformes (augmentation du volume des fesses, des seins, traitements anti-âge, etc.); administration de capsules et d’injectables «Capsules Blood» pour simuler la perte de virginité lors des rapports sexuels.
…Les produits llicites étaient vendus entre 40 000 et 140 000 F CFA
Les prix de ces services illicites varient entre 40 000 et 140 000 F CFA par produit, renseigne un communiqué de l’ARP. Deux individus ont été déférés devant le procureur de la République pour publicité mensongère sur des produits de santé ; vente en ligne de médicaments et compléments alimentaires sans autorisation ; exercice illégal de la pharmacie ; importation et détention de produits pharmaceutiques sans autorisation de l’ARP, commercialisation de produits de santé non homologués ; détention et vente de faux médicaments ; atteinte à la santé publique par l’usage de produits de qualité inférieure. D’autres suspects font actuellement l’objet d’une surveillance par les pharmaciens inspecteurs de l’ARP et la Police.
L’amnistie ne peut être un passe-droit pour les bourreaux
Le cadre de réflexion démocratique et patriotique (CRDP2050) soutient l’initiative du député Amadou Ba. Pour ces militants de Pastef, la loi d'amnistie ne peut pas être un passe-droit pour les bourreaux.Au contraire, ajoutent-ils dans un communiqué parvenu à «L’As », elle doit être un instrument de réconciliation, mais dans la vérité et la justice. Les voix courageuses de Pastef, portées particulièrement par l'honorable député Amadou Ba, résonnent comme un appel à la lumière, proposant une interprétation de cette loi, peut-on lire dans le document. Est-il besoin de rappeler à cette société civile qui tente de protéger les délinquants financiers du régime de Macky Sall que l'abrogation serait une aporie juridique, précisent ces cadres du parti au pouvoir. Une abrogation totale ne rétroagit pas, tiennent-ils à souligner. A les en croire, l’abrogation ouvrirait la voie à une aporie juridique, une impasse qui installe l'impunité, laissant les victimes dans l'oubli et la douleur. En revanche, soutiennent-ils, la loi interprétative éclaire le chemin, préserve les principes fondamentaux d'une justice équitable et protège chaque citoyen. Ils appellent à une responsabilité collective, une union sacrée autour des valeurs de justice qui nous définissent en tant que peuple. Le CRDP-50 invite tous les citoyens épris de paix à se joindre à cette croisade pour la justice, en soutenant la proposition de loi interprétative. Aussi, il demande aux autorités de tripler les effectifs de pôle judiciaire financier, pour une justice diligente et efficace et déplore les lenteurs constatées dans le fonctionnement de la justice. Le CRDP-50 interpelle le ministre de la Justice sur son inaction et sur les raisons qui retardent la mise en place de la Haute Cour de Justice.
Mansour Faye compte jouir de ses droits de mouvements
Le maire de Saint-Louis, qui était interdit de sortie du Sénégal par la police, a reçu hier l’ordonnance de l’affaire l’opposant à l’Etat du Sénégal. Il renseigne que le président de chambre a fait injonction au ministre de l’Intérieur, dès réception de la présente, de lui notifier les motifs de l’interdiction de sa sortie du territoire qui le frappe ou à défaut, de faire cesser les comportements des agents de la police de l’Air en service à l’Aéroport international BlaiseDiagne (AIBD) portant atteinte à la liberté de déplacement du requérant; celle de quitter son pays et d’y revenir. Le juge rejette la demande d’astreinte et celle portant sur l’octroi de dommages-intérêts. Mansour Faye salue « l’attitude des magistrats qui s’émancipent et renouent avec la grandeur et font ainsi honneur à la justice ». Al’en croire, l’Etat de droit est un héritage sacré que personne ne pourra jamais détruire, même si on se croit hyper puissant. Ainsi Mansour Faye compte-t-il jouir pleinement, dit-il, de ses droits de mouvements à l’heure et aux moments qui lui conviendront.
Trois personnes en prison suite à la mort des ouvriers à cité Keur Gorgui
Les responsabilités sont situées sur la mort de trois ouvriers survenue le 11 mars 2025, sur un chantier à la cité Keur Gorgui. Selon les informations de Seneweb, la police de Dieuppeul a bouclé son enquête. Ainsi, trois présumés responsables de l’accident ont été déférés, ce mardi, au tribunal de Dakar. Ils sont poursuivis pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui. À la suite de leur présentation au procureur de la République, ces trois personnes ont été placées sous mandat de dépôt. Le procès est prévu ce jeudi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Les victimes travaillaient sur l'échafaudage d'un bâtimentR+8 d'où ils ont chuté du 8e étage.
Par Thierno MONENEMBO
RIEN DE PLUS BEAU QUE DE MOURIR POUR LA LIBERTÉ
Il y a des moments où l’écrivain doit abandonner sa table de travail pour descendre dans l’arène. Non, je ne reculerai pas. Non, je ne me méfierai pas. Non, je ne n’adoucirai pas mes propos. Je continuerai à dire merde à ce régime
Depuis quelques jours, des Etats-Unis, de France, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Mali et d’ailleurs, des bonnes âmes soucieuses de ma liberté et de ma vie m’adressent des messages d’alerte : il paraît que ma vie est en danger. Je devrais me méfier, baisser le ton, adoucir mes propos et peut-être même quitter le pays.
Eh bien non, je ne me méfierai pas, je ne baisserai pas le ton et surtout, surtout, surtout, je ne quitterai plus jamais mon pays sauf pour les besoins d’une conférence, d’un Salon du Livre ou d’un check-up médical. Je suis d’ici moi. Mon père est enterré au cimetière de Coléah, ma mère, à celui de Dixinn, mes aïeux reposent à Porédaka.
Déjà, à la fin des années 60, ceux de ma génération avaient commis la grave erreur de fuir le régime bestial de Sékou Touré. Aujourd’hui encore, le pays entier continue d’en payer le prix. Les dictatures, on ne les fuit pas, on les confronte, on leur crache dessus, on les abat. Cette magistrale leçon de l’Histoire, je l’ai parfaitement assimilée à présent. Je ne reculerai plus jamais devant un despote. La liberté a un prix et ce prix, je suis prêt à le payer comme l’ont déjà fait nombre de nos compatriotes.
Les Guinéens en ont jusque-là. Ils sont tous prêts à mourir pour recouvrer leur liberté. Ils sont prêts à consentir les sacrifices qu’il faut, cela prendra le temps que cela prendra. Ils savent que le despotisme est déjà derrière eux.
Pour ma part, non seulement je ne quitterai pas le pays, mais je suis prêt à mourir. Rien de plus beau que de mourir pour la liberté ! Il y a des moments où la plume ne suffit pas. Il y a des moments où l’écrivain doit abandonner sa table de travail pour descendre dans l’arène. Le romancier ne doit pas se contenter de prendre la parole, il doit aussi prendre la rue, se tapir dans les tranchées ou se jucher sur les barricades.
« Un poème dans la poche, un fusil dans la main », disait d’ailleurs mon ami congolais, Emmanuel Dongala. De Garcia Lorca à Paul Eluard, de Tahar Djaout, à Ken Saro Wiwa, c’est quand le poète tombe sous les balles des barbares que la littérature prend tout son sens. Et qu’est-ce que la littérature sinon, ce bataillon armé de mots qui depuis la nuit des temps occupe les avant-postes du combat pour la liberté : liberté d’être, liberté de penser, liberté de dire, liberté d’aller et de venir, liberté de créer, liberté de rêver.
Non, je ne reculerai pas. Non, je ne me méfierai pas. Non, je ne n’adoucirai pas mes propos. Je continuerai vaille que vaille à dire merde à ce régime de merde.
Advienne que pourra !
Par Chérif Salif SY
LE FMI À L’ÉPREUVE DES CRITIQUES
Les fausses notes du Fonds révèlent une culture de l'impunité. Ses projections erronées sur l'inflation au Sénégal et l'absence d'enquête sur les erreurs commises au Mozambique illustrent un système où les échecs ne génèrent ni corrections ni sanctions
Depuis sa création en 1944, le Fonds Monétaire International (FMI) a été un acteur central de la gouvernance économique mondiale, mais aussi la cible de critiques persistantes. Ces remises en cause, particulièrement vives depuis l’avènement des programmes d’ajustement structurel (PAS) dans les années 1980, interrogent sur sa légitimité, son efficacité et ses priorités géopolitiques. En Afrique, ces critiques se cristallisent autour d’un modèle d’ajustement perçu comme unilatéral, déconnecté des réalités locales et au service d’intérêts extérieurs.
Contrairement à une idée répandue, le fonds ne produit pas lui-même les statistiques nationales des États membres. Son travail consiste à analyser les données fournies par les gouvernements, à en évaluer la cohérence et à élaborer des projections dans le cadre de ses programmes de surveillance ou d’assistance financière ainsi que pour la publication de ses « perspectives annuelles ». Cette nuance, essentielle pour appréhender ses limites et ses responsabilités, invite à réexaminer les critiques récentes à son égard, notamment dans le cas du Sénégal, sous un angle plus équilibré.
1. Les ajustements structurels : un modèle uniforme aux conséquences dévastatrices Les programmes d’ajustement structurel (PAS), emblématiques du « consensus de Washington », ont imposé aux économies africaines un triple carcan : austérité budgétaire drastique, privatisations massives et libéralisation forcée des marchés. Conçues comme des remèdes universels aux déséquilibres macroéconomiques, ces mesures ont fréquemment aggravé les crises qu’elles prétendaient résoudre. La réduction abrupte des dépenses publiques, présentée comme un gage de rigueur, a précipité l’effondrement des services essentiels – santé et éducation en tête – tout en approfondissant la paupérisation de la société. Au Sénégal, dès les années 1980, les PAS ont engendré une contraction économique durable, avec sept années de croissance négative sur les seize années qui ont suivi l’accès à la souveraineté internationale. Loin de stimuler un développement inclusif, ces politiques ont enfermé les États dans un cycle de dépendance : entre 2019 et 2023, le Sénégal a vu sa dette publique bondir de 74 % à 99 % du PIB, selon le récent rapport de la cour des comptes, en partie à cause de décaissements du FMI conditionnés à des critères de performance mal évalués. Parallèlement, la suppression des subventions agricoles et l’ouverture précipitée aux importations ont sapé les bases productives locales. En Côte d’Ivoire et à Madagascar, les PAS ont accentué la spécialisation dans l’exportation de matières premières, fragilisant les industries naissantes et verrouillant les économies dans un rôle de pourvoyeurs de ressources brutes. 2. Une gouvernance asymétrique au service des puissances historiques Le système de quotes-parts, hérité des accords de Bretton Woods en 1944, institutionnalise la domination des économies occidentales : les ÉtatsUnis et l’Europe détiennent collectivement plus de 45 % des droits de vote au FMI, contre moins de 5 % pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne. Ce déséquilibre structurel se traduit par des pratiques discriminatoires. Alors que des pays comme la Grèce ont bénéficié de marges de manœuvre lors de la crise de la dette de 2010, les États africains se voient imposer des conditionnalités strictes, même face à des chocs exogènes majeurs tels que les pandémies ou les catastrophes climatiques. Cette asymétrie nourrit des conflits d’intérêts patents : lors de la crise financière asiatique de 1997, les plans de sauvetage du FMI ont priorisé le remboursement des créanciers occidentaux, sauvant des banques étrangères au détriment des populations locales, précipitant des récessions profondes et des émeutes sociales. Par ailleurs, l’opacité des négociations entre le FMI et les gouvernements africains, souvent conduites sans consultation des parlements nationaux ni de la société civile, alimente un sentiment d’ingérence économique. Ce déficit démocratique, couplé à une concentration du pouvoir décisionnel entre les mains des pays riches, perpétue un néocolonialisme financier où les intérêts des créanciers priment sur les besoins des populations. 3.Un héritage social délétère et l’étouffement des alternatives Les programmes d’ajustement structurel (PAS) ont systématiquement alimenté une spirale d’inégalités et d’affaiblissement démocratique, comme en attestent plusieurs décennies d’expériences continentales. Au Sénégal, les coupes budgétaires imposées entre les années 1980 et 1990 ont drastiquement réduit l’accès aux services de santé et d’éducation, creusant un fossé socioéconomique entre zones urbaines et rurales (un apartheid silencieux sanctionné par les conditionnalités du FMI). Ces mesures d’austérité ont égale ment servi de catalyseur à des crises politiques aiguës : en Jamaïque, durant les années 2010, l’application rigide des PAS s’est traduite par une augmentation de 20 % du taux de pauvreté, provoquant des mobilisations sociales historiques contre le pouvoir en place. Parallèlement, le FMI a ignoré les modèles de développement alternatifs, pourtant éprouvés en Asie de l’Est, où l’interventionnisme étatique et une libéralisation progressive ont permis une croissance inclusive. Ces approches, jugées incompatibles avec l’orthodoxie néolibérale, ont été écartées au profit de réformes standardisées, privant les économies africaines de trajectoires adaptées à leurs réalités locales. 4. Des erreurs stratégiques récurrentes et une culture de l’impunité Le FMI cumule les critiques pour son incapacité persistante à anticiper les crises et à adapter ses prescriptions aux réalités complexes. Son aveuglement analytique historique, illustré par l’impréparation face à la crise des subprimes (2008) et à la débâcle asiatique (1997), découle d’une sous-évaluation systématique des risques liés à la financiarisation des économies (une lacune méthodologique dénoncée par des experts internes et externes). Les projections erronées, comme celles concernant l’inflation au Sénégal (-13,4 % prévu en 2025 contre 0,8 % réel fin 2024), révèlent des déficiences chroniques dans le traitement des données, malgré des alertes répétées sur leur fiabilité. Ces approximations s’inscrivent dans un cadre plus large d’irresponsabilité institutionnelle : le FMI ne rend aucun compte des impacts socio-économiques de ses programmes, comme en témoigne l’absence d’enquête approfondie sur les erreurs commises au Mozambique en 2016, où 10 % du PIB en « dette cachée » avaient été ignorés. Cette impunité systémique, protégée par son statut juridique, perpétue un cercle vicieux où les échecs ne génèrent ni corrections ni sanctions, fragilisant davantage les pays déjà vulnérables. 5 - Une légitimité érodée et des réformes en demi-teinte Malgré les critiques persistantes, les réformes engagées par le FMI peinent à restaurer sa crédibilité, tant elles évitent les remises en cause structurelles. La démocratisation limitée de sa gouvernance en est l’illustration : la révision des quotes-parts en 2010 n’a pas corrigé la surreprésentation des économies occidentales, qui conservent un monopole sur la direction générale, marginalisant l’Asie et l’Afrique malgré leur poids économique croissant
La persistance de l’austérité comme réponse universelle souligne cette inertie : après la pandémie de Covid-19, le FMI continue d’exiger des excédents budgétaires drastiques, à l’image du projet controversé visant à imposer au Sénégal un surplus primaire de 4 % du PIB en 2024 (un objectif inatteignable pour un pays déjà étranglé par une dette représentant 99 % de son PIB).
Enfin, les alternatives progressistes portées par la société civile, telles que la taxation des transactions financières ou l’annulation des dettes illégitimes, sont systématiquement écartées au profit d’une orthodoxie néolibérale. Ce refus d’innover, malgré l’urgence climatique et sociale, confirme l’emprise des logiques de marché sur l’institution, au détriment d’un multilatéralisme réellement inclusif.
“Si les critiques structurelles à l’égard du FMI – gouvernance archaïque, austérité dogmatique, responsabilité éludée – restent pleinement légitimes, elles ne sauraient occulter la co-responsabilité des élites africaines dans l’échec des réformes. Des exceptions notables, comme le Botswana des années 1990 ou le Rwanda post-2000, démontrent que des États visionnaires peuvent négocier avec le FMI des ajustements socialement inclusifs, combinant rigueur budgétaire et investissements prioritaires dans l’éducation ou la santé. À l’inverse, dans des contextes marqués par la prédation des ressources (Angola, Congo Brazzaville), les PAS ont souvent servi de caution à des politiques clientélistes, soulignant combien l’absence de volonté politique locale peut pervertir même les outils techniques les mieux conçus. Ainsi, l’émancipation économique de l’Afrique exige une double exigence : une réforme radicale du FMI pour rompre avec le néolibéralisme autoritaire, et une refondation des pactes sociaux nationaux, où les dirigeants assumeraient enfin leur devoir de reddition envers les peuples plutôt qu’envers les créanciers.
SOURCES ET RÉFÉRENCES
Remarque : Certains documents internes du FMI cités (exemple : certains rapports sur le Mozambique ou le Sénégal) ne sont pas accessibles au public, mais ont été évoqués dans des audits nationaux ou des travaux de chercheurs affiliés à l’institution. Les analyses critiques s’appuient sur des études universitaires et des rapports d’ONG reconnus pour leur expertise sur les politiques publiques africaines.
1. Banque mondiale (1981). Rapport sur les ajustements structurels en Afrique subsaharienne. Document de travail sur les impacts socio-économiques des PAS.
2. FMI (2016). Évaluation ex post du programme mozambicain : le cas de la dette cachée. Rapport interne non publié, mentionné dans les audits publics de 2017.
3. Sylla, N. S. & Doyle, P. (2024). Erreurs de projection et opacité : le cas du Sénégal. International Development Economics Associates (IDEAs).
4. Stiglitz, J. (2002). La Grande Désillusion. Fayard. Analyse critique des conditionnalités du FMI et de la Banque mondiale.
5. Cour des comptes sénégalaise (2024). Audit des comptes publics 2019-2023. Rapport officiel commandité par le gouvernement sénégalais.
6. Oxfam International (2020). L’austérité, un choix politique : impacts des PAS sur les services publics en Afrique. Rapport sur les coupes budgétaires en santé et éducation.
7. Nkrumah, K. (1965). Le Néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme. Réflexions prémonitoires sur la dépendance économique postcoloniale.
8. Nations Unies (2021). Rapport sur la dette insoutenable en Afrique. Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
9. Mkandawire, T. (2005). “Maladjusted African Economies and Globalization”. African Development Review. Critique des politiques d’ajustement et alternatives.
10. FMI (2010). Réforme des quotes-parts : enjeux et limites. Document de réflexion sur la gouvernance institutionnelle.
11. Hussain, I. (1999). La Crise asiatique de 1997 : échecs et leçons pour le FMI. Brookings Institution.
12 Guttal, S. (2007). “La Mondialisation des inégalités”. Focus on the Global South. Analyse des impacts des prêts conditionnés.
13. Ghana Statistical Service (1995). Effondrement des subventions agricoles postPAS. Étude de cas sur la désindustrialisation.
14. Transparency International (2018). Corruption et opacité dans la certification des dettes publiques. Rapport annuel sur l’Afrique de l’Ouest.
15. Pigeaud, F. & Sylla, N. S. (2018). L’arme invisible de la Françafrique. La Découverte. Décryptage des liens entre politiques françaises et conditionnalités du FMI.
16. CNUCED (2023). Pour un New Deal financier africain. Plaidoyer pour l’annulation des dettes illégitimes.
17. FMI (2023). Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne. Données sur la croissance post-Covid et l’endettement.
18. Médicins Sans Frontières (1990). Impact des PAS sur les systèmes de santé en Côte d’Ivoire. Témoignages et données sanitaires.
19. Rodrik, D. (2006). “Goodbye Washington Consensus, Hello Washington Confusion?”. Harvard University. Critique des modèles économiques uniformisés.
20. African Union (2022). Stratégie de développement alternatif pour l’Afrique. Proposition de mécanismes régionaux d’ajustement.
MULTIPLE PHOTOS
INSUFFLER LE NATIONALISME AUX GENERATIONS FUTURES
Inauguré en juin 2021 par le président Xi Jinping, le musée de l’histoire du Parti communiste chinois, retrace les 100 ans d’existence du communisme en Chine. Il immortalise les luttes et combats des chinois pour arriver à la naissance d’une République
Par Fatou Ndiaye (envoyée spéciale à Beijing) |
Publication 02/04/2025
Inauguré en juin 2021 par le président Xi Jinping, le musée de l’histoire du Parti communiste chinois, retrace les 100 ans d’existence du communisme en Chine. Il immortalise les luttes et combats du peuple chinois pour arriver à la naissance d’une République. L’exposition dans ce musée est également un appel aux nationaux, à cultiver la citoyenneté et l’amour de leur patrie. Plus de 2 600 photos et plus de 3 500 d’objets culturels, de réalisations chinoises au cours de l’histoire, y sont exposés. Il se trouve à proximité du parc olympique, dans le district de Chaoyang à Beijing.
Sur des sièges de six personnes, au quatrième étage d’un imposant immeuble à Beijing, commence un voyage surréaliste : oui celui de parcourir la Chine et toutes ses provinces en étant dans une salle. Il est rendu possible par une technologie de haute pointe. Les cours d’eau qui parfois donnent l’impression de mouiller les visiteurs par des jets artificiels et improvisés, enrichissent l’expérience. Au cours de cette découverte, la cohorte de visiteurs passe entre les immeubles, déjoue les pièges, surplombe les ponts, survole le port de Beijing et se permet même un voyage au fond de l’océan à plus de 10000 km de profondeur. Elle est à la découverte des installations chinoises en haute mer. Le voyage dans les cieux quant à lui, permet d’avoir un aperçu des différentes réalisations chinoises dans le domaine spatial.
Ce voyage virtuel se fait au musée de l’histoire du Parti Communiste Chinois. Inauguré en juin 2021, il a été conçu sous de Xi Jinping, l’ actuel président et constitue une base fondamentale pour l’éducation à l’histoire du Parti. Il couvre une superficie totale de 147 000 mètres carrés, avec 7 étages en surface et 3 en sous-sol. Dans le hall, une peinture laquée sur le thème de la Grande Muraille, de 40 mètres de long et 15 mètres de haut, symbolise avec le rôle du Parti Communiste Chinois comme épine dorsale de la Nation. De grandes statues se dressent à son entrée. Sur le toit, flottent des drapelets, très visibles par leur couleur couleur rouge. La visite est payante et la réservation se fait à travers l’application chinoise « WeChat ». L’exposition sur l’histoire du parti Communiste Chinois, organisée par le Département de la Propagande du Comité Central du PCC, est centrée sur le thème « Rester fidèle à l’engagement initial et garder en mémoire la mission ».
Les étapes marquantes de la fondation de la République populaire de Chine s’y apprennent. La longue marche y est illustrée. On y apprend que, l’armée rouge centrale a lancé une retraite stratégique en octobre 1934 : c’était le début de la Longue Marche. Lors de la bataille sanglante du fleuve Xiang, les soldats chinois ont lutté jusqu’à la mort. Elle est un mouvement de retraite des communistes chinois qui traversèrent en 1934-1935, la Chine du sud au nord en faisant un long détour par le SudOuest. Les bases communistes, organisées après la rupture avec le Guomindang (1927), eurent à subir plusieurs campagnes d'encerclement des armées de Jiang Jieshi. La dernière (1934) menaçant d'être victorieuse, les communistes, conseillés par Mao Zedong, abandonnèrent leurs bases. Des 100 000 hommes du départ, il n'en restait plus que 8 000 à l'arrivée à Yan'an, au Shaanxi. Au musée du Parti communiste, une vidéo de cette longue marche est diffusée exclusivement dans une salle, au deuxième étage. On a l’impression de vivre les événements tels qu’ils se sont déroulés à l’époque. La vidéo fait ressentir une souffrance et un don de soi. Marchant le dos courbé et en bout de souffle sans abandonner la bataille, des hommes tiennent à réussir leur mission. La vidéo se termine par une invite aux générations actuelles à jouer leur partition à la construction un pays prospère. « La longue marche n’est pas seulement un grand exploit de l’esprit et de la volonté humains, mais est aussi un grand voyage pour le peuple chinois dans la recherche du renouveau national sous la direction du Parti communiste chinois (PCC). Chaque génération a sa propre longue marche, et chaque génération doit mener à bien cette marche ».
MAO ZE DONG, L’IMMORTEL
Au musée du parti communiste chinois, la fondation de la République du Chine est exposée avec des détails retraçant l’engagement de Mao Ze Dong pour la libération de son peuple. Sur les images, on voit que, le Comité central du Parti communiste a tenu la conférence de Wayaobu dans le Shaanxi, où il a décidé d’établir un front uni national contre le Japon. Le Parti a dirigé l’armée du peuple pour mener une guerre de guérilla. Il a aussi créé des zones libérées, qu’on appelait bases démocratiques antijaponaises. Le Parti est devenu la force principale dans la guerre de résistance nationale.
Le septième congrès du Parti a eu lieu à Yan’an. On l’appelle le « congrès de l’unité et de la victoire ». À ce moment-là, la pensée de Mao Zedong est devenue la ligne directrice du Parti, et elle a été ajoutée aux statuts du Parti. Après la guerre, le peuple chinois aspirait à construire un nouveau pays. Mao Zedong s’est rendu à Chongqing pour entamer des négociations de paix avec le Kuomintang, aboutissant à la signature de l’« Accord du Double Dix ». Mais plus tard, le Kuomintang a rompu cet accord et déclenché une guerre civile à grande échelle, marquant le début officiel de la guerre de libération. Sous la direction de Mao, le Parti a bien étudié la situation et a organisé trois grandes campagnes : Liaoshen, Huaihai et Pingjin. Grâce à ces campagnes, l’armée du peuple a éliminé plus de 1,54 million de soldats du Kuomintang jetant les bases de la victoire révolutionnaire à l’échelle nationale. L’Armée populaire de libération a ensuite lancé la campagne du fleuve Yangtsé, franchi le fleuve avec un million de soldats, et pris la ville de Nanjing, tournant ainsi une nouvelle page dans l’histoire de la nation chinoise. Mao Zedong, Zhu De, Liu Shaoqi, Zhou Enlai et Ren Bishi ont assisté à une revue militaire à l’aéroport de Xiyuan à Beijing. Le 1er octobre 1949, à 15 heures, la cérémonie d'inauguration de la République populaire de Chine s’est tenue sur la place Tian’anmen. Mao Zedong a solennellement proclamé la création du gouvernement populaire central de la République populaire de Chine.
LE PRÉSIDENT XI JINPING, LE HÉROS DES TEMPS MODERNES
L’attachement des Chinois à leur président, Xi Jinping est frappant. Il se vit à chaque occasion et à la moindre interaction avec eux. Le président Xi Jinping représente un leader engagé pour l’épanouissement de son peuple et développement de son pays. L’homme qui brigue un troisième mandat à la tête du pays suite à une vote par une plébiscite des députés, (2952 voix) en mars 2023, est adulé par son peuple. Ses photos trônent majestueusement dans ce musée qu’il a lui-même réalisé. Très jeune, l’actuel président de la Chine s’est engagé dans la politique. Sur l’une des photos de l’histoire du communisme, on le voit debout derrière son père, il est le fils du vétéran révolutionnaire Xi Zhongxun, l'un des pères fondateurs du Parti communiste et ancien vice-Premier ministre. Il était âgé de 18 ans à l’époque. Sa vie racontée à travers des photos renseignent qu’il est le premier secrétaire général du Parti communiste chinois né et élevé dans la Nouvelle Chine. Il a eu une jeunesse tortueuse et difficile.
Du secrétaire de section du Parti d'une brigade rurale au secrétaire général du Parti, d'un simple officier militaire dans une compagnie au président de la Commission militaire centrale, il a travaillé à tous les niveaux de direction du Parti et du pays. Il a vécu dans les régions côtières du sud-est, de l'ouest, du centre et de l'est de la Chine et a été membre et cadre du parti. Ses expériences et positions l’ont aidé devenir le noyau de tout le parti et le leader du peuple. Il a fait ses études de génie chimique à l'université de Tsinghua. Sa proximité avec sa population est également illustrée.
En 1982, Xi Jinping a pris l'initiative d’abandonner la gestion à un niveau supérieure à Pékin et est venu travailler dans le comté de Zhengding, province du Hebei. De 1982 à 1985, il a été successivement secrétaire et secrétaire du Comité municipal du Parti de Zhengding de la province du Hebei. Durant ce temps, l’exposition raconte qu’il s'est mêlé aux larges masses de cadres et de la population, a visité chaque village du district, a enquêté sur la première ligne de réforme et d'ouverture et a promu tous les travaux d'une manière tous azimuts. Il est signalé que lors de la 70e Assemblée générale des Nations unies, il a proposé la construction d'une communauté de destin pour l'humanité, obtenant ainsi de vives louanges et un large soutien de la communauté internationale. L’exposition dans ce musée se termine par une section spécialement dédiée aux réalisations du président Xi Jinping. NE VIVRE QUE POUR LA RÉPUBLIQUE L’exposition au musée se termine en réaffirmant l’appel aux Chinois à se consacrer à leur Nation. Sur le mur on peut lire : « Le Parti communiste chinois est né dans les conditions historiques de profonde souffrance et de résistance tenace du peuple après que la Chine soit entrée dans une société semi-coloniale et semiféodale. C’est comme un rayon de soleil qui éclaire la voie à suivre pour le peuple chinois et la nation chinoise. Depuis la grande victoire de la révolution de nouvelle démocratie, l'achèvement de la révolution socialiste et la promotion de la construction socialiste, jusqu'à la mise en œuvre de la réforme, de l'ouverture et de la modernisation socialiste, et enfin à la création d'une nouvelle ère du socialisme aux caractéristiques chinoises, la nation chinoise a fait un grand bond en avant, passant de la position debout, de l'enrichissement à la force, et a inauguré une brillante perspective pour la réalisation du grand renouveau de la nation chinoise. La grande lutte a créé un siècle de gloire.
Le voyage d’un siècle que le Parti communiste chinois a un et conduit le peuple chinois a été un siècle d’accomplissement résolu de sa mission originelle, un siècle de travail acharné pour poser les fondations et construire la cause, et un siècle de création de brillance et d’ouverture sur l’avenir. Au cours d'un siècle de lutte continue, le Parti communiste chinois a uni et conduit le peuple chinois à ouvrir une grande voie, à établir de grandes réalisations, à forger un grand esprit, à accumuler une expérience précieuse et à créer un grand miracle dans l'histoire du développement de la nation chinoise et du progrès de la société humaine.
Au cours des 100 dernières années, le Parti communiste chinois a uni et dirigé le peuple chinois pour apporter d’énormes changements historiques au pays et à la nation, et a réalisé des réalisations historiques et apporté des contributions historiques qui dépassent de loin toute période de l’histoire chinoise. Le pays, c'est le peuple, et le peuple est le pays. Toutes les réalisations accomplies au cours des 100 dernières années sont le résultat d’explorations ardues et de luttes incessantes menées par des générations de communistes chinois pour unir et diriger le peuple chinois. Être né pour le peuple, prospérer grâce au peuple, rester toujours avec le peuple et lutter pour les intérêts du peuple sont le point de départ et la destination fondamentaux du Parti communiste chinois dans l'établissement, le développement et le renforcement du parti. La nation chinoise est déterminée à accomplir de grandes réalisations pendant des milliers d’années, et les cent ans constituent l’apogée de sa vie. Nous nous trouvons à un nouveau point de départ historique.
L’objectif du premier centenaire, celui de construire une société modérément prospère à tous égards, a été atteint, et un nouveau voyage vers l’objectif du deuxième centenaire, celui de construire un pays socialiste moderne à tous égards, a commencé. Le Parti communiste chinois, qui a une histoire glorieuse de cent ans, se dresse sur un vaste territoire de plus de 9,6 millions de kilomètres carrés, absorbe les nutriments culturels accumulés par la longue lutte de la nation chinoise pendant plus de 5 000 ans, possède l'énorme pouvoir de plus de 1,4 milliard de Chinois, adhère inébranlablement au socialisme aux caractéristiques chinoises, a une scène de l'époque extrêmement large, a un héritage historique extrêmement profond et a une détermination extrêmement forte à aller de l'avant.
Le Parti a accompli de grandes réalisations au cours du siècle dernier grâce à de grandes luttes, et sera certainement capable d’en accomplir de nouvelles grâce à de nouvelles grandes luttes. Français En regardant en arrière le chemin de lutte du passé et en regardant vers l'avenir, nous devons nous unir plus étroitement autour du Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping en son noyau, mettre en œuvre intégralement la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère, saisir intégralement la grande lutte, les trois grands projets, la grande cause et le grand rêve, comprendre profondément la signification décisive des « deux établissements », renforcer les « quatre consciences », renforcer les « quatre confiances en soi » et réaliser les « deux sauvegardes », promouvoir vigoureusement le grand esprit de construction du Parti, ne jamais oublier les souffrances et la gloire d'hier, être dignes de la mission et de la responsabilité d'aujourd'hui et être à la hauteur du grand rêve de demain, être confiants et autonomes, être innovants, aller de l'avant et, avec une ferme confiance historique, lutter ensemble pour l'édification intégrale d'un pays socialiste moderne et la promotion intégrale du grand renouveau de la nation chinoise. Le Parti communiste chinois et le peuple chinois, qui ont remporté de grandes victoires et de grandes gloires au cours des 100 dernières années, remporteront sûrement des victoires et des gloires encore plus grandes dans la nouvelle ère et le nouveau voyage ! »
La visite de ce musée démontre sans conteste, une Chine désireuse de s’ouvrir aux autres, mais qui garde intacte son histoire, un legs pour toutes les générations.
LA CHINE, PREMIER FOURNISSEUR DEVANT LA FRANCE
Longtemps principal pourvoyeur du marché sénégalais, la France cède désormais sa position dominante à la Chine qui s’impose en 2024 comme le premier partenaire commercial du Sénégal.
Longtemps principal pourvoyeur du marché sénégalais, la France cède désormais sa position dominante à la Chine qui s’impose en 2024 comme le premier partenaire commercial du Sénégal. Selon les données publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), les importations sénégalaises en provenance de la France ont enregistré une baisse significative de 17 % en 2024, s’établissant à 725,252 milliards FCFA, soit environ 1,1 milliard d’euros.
À l’inverse, les importations en provenance de Chine ont connu une hausse notable de 8,3 %, atteignant 848,242 milliards FCFA (environ 1,3 milliard d’euros). Cette progression consolide la position de la Chine en tant que principal fournisseur du Sénégal, marquant ainsi un tournant dans la structure des échanges commerciaux du pays. Ce renversement de tendance relègue la France à la deuxième place du classement des fournisseurs du Sénégal. Derrière elle, la Russie, les Émirats arabes unis et la Belgique occupent respectivement les troisième, quatrième et cinquième places, avec des volumes d’importations estimés à 578,966 milliards FCFA, 408,962 milliards FCFA et 397,632 milliards FCFA. Trois nouvelles nations intègrent par ailleurs le classement des dix premiers fournisseurs du Sénégal ; il s’agit de l’Inde (329,816 milliards FCFA), le Nigeria (314,782 milliards FCFA) et la Turquie (238,935 milliards FCFA), occupant respectivement la sixième, septième et huitième position. Enfin, le Nicaragua et les États-Unis ferment ce classement, avec des importations respectives de 229,696 milliards FCFA et 198,234 milliards FCFA. À eux seuls, ces dix pays totalisent 60 % des importations sénégalaises en 2024, pour un montant global de 4 270 milliards FCFA.
CONTEXTE ET IMPLICATIONS ÉCONOMIQUES
Ce basculement traduit une redéfinition stratégique des partenariats commerciaux du Sénégal, visant à diversifier ses sources d’approvisionnement et à réduire sa dépendance historique vis-à-vis de la France. La montée en puissance de la Chine dans les échanges bilatéraux s’explique notamment par son engagement croissant dans les infrastructures, la technologie et la fourniture de biens de consommation.
Parallèlement, le Sénégal a enregistré une réduction de son déficit commercial en 2024, lequel s’établit désormais à 3 252,3 milliards FCFA, en baisse de 731,06 milliards FCFA par rapport à 2023, où il atteignait 3 983,4 milliards FCFA. Toutefois, les importations globales ont connu un léger fléchissement de 0,6 %, s’élevant à 7 161,4 milliards FCFA. Ce tournant illustre une évolution majeure de la dynamique commerciale en Afrique de l’Ouest, où l’influence historique des puissances européennes tend progressivement à s’effacer au profit de nouveaux acteurs économiques émergents.
PRINCIPAUX PRODUITS EXPORTÉS PAR LA CHINE VERS LE SÉNÉGAL
Les exportations chinoises à destination du Sénégal sont essentiellement composées de biens manufacturés et d’équipements, répondant à une logique de développement économique et de renforcement des infrastructures. Parmi les principales catégories de produits importés figurent en bonne place les équipements électroniques dominés par les smartphones, les tablettes et divers appareils électroniques, en adéquation avec la demande croissante en nouvelles technologies. Pour les machines et équipements industriels on note du matériel de construction, engins lourds et machines agricoles, soutenant les chantiers d’infrastructures et la modernisation du secteur agricole. S’agissant des textiles et habillement ; les vêtements, chaussures et textiles à bas coût, destinés à satisfaire un marché de consommation en expansion dominent.
Pour les matériaux de construction on note l’acier, le ciment et autres fournitures essentielles aux projets immobiliers et d’infrastructures.
Pour les produits chimiques on note les engrais, plastiques et matières premières utilisées dans les industries agricoles et manufacturières. Et enfin pour les véhicules et moyens de transport, on note les automobiles, motos et autres engins motorisés, adaptés aux besoins de mobilité du pays. Ce repositionnement du commerce extérieur sénégalais reflète une réorientation stratégique de ses relations économiques, avec un accent mis sur des partenariats diversifiés et une intégration accrue dans les dynamiques commerciales mondiales.
LA MAJORITÉ PASTEF FACE AU DÉFI DU CONSENSUS
Entre l'option d'abrogation défendue par le député Thierno Alassane Sall et l'interprétation restrictive proposée par la majorité, la controverse sur l'amnistie révèle les contradictions du pouvoir actuel
Convoqués en session plénière, les députés vont examiner, ce mercredi 2 avril 2025, la proposition de loi n°05/2025 portant interprétation de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 relative à l’amnistie des faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle commis en rapport avec les événements politiques qui ont traversé le Sénégal de mars 2021 à février 2024. Proposée par le député de la majorité parlementaire Pastef, Amadou Ba, ce texte est loin de faire l’unanimité.
La proposition de loi n°05/2025 portant interprétation de la loi n°2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie des faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle en lien avec les événements politiques qui ont émaillé le Sénégal de mars 2021 à février 2024 est désormais suspendue à la décision des 165 députés de la quinzième législature. Convoqués en session plénière, les parlementaires vont examiner aujourd’hui, mercredi 2 avril 2025, ce texte proposé par le député de la majorité parlementaire Pastef, Amadou Ba, pour «clarifier le sens et la portée de certaines dispositions de la loi n° 2024-09 du 13 mars 2024 portant amnistie, notamment en ses articles premier et 3». Lors d’une conférence de presse organisée par le groupe parlementaire Pastef-Les Patriotes, le 20 mars dernier, Amadou Ba avait précisé que l’article 1er de la loi n° 2024-09 stipule que tous les faits commis entre mars 2021 et février 2024, notamment les crimes ou infractions correctionnelles liés à des manifestations ou motivés politiquement, seront effacés.
Estimant que cette formulation «ambiguë» crée un large champ d’impunité pour les auteurs de crimes graves, le 5e vice-président de l’Assemblée nationale a déclaré que le groupe parlementaire Pastef-Les Patriotes a décidé de préciser le champ d’application de la loi d’amnistie, afin d’en exclure certaines infractions criminelles ou correctionnelles, notamment celles qualifiées de tortures, d’actes de barbarie, de meurtre, d’assassinat, de disparition forcée et d’utilisation de nervis armés. Poursuivant son propos, le député Amadou Ba a insisté sur le fait que la loi d’interprétation «n’ajoute rien à la loi [d’amnistie], mais précise simplement son champ d’application». «L’objectif n’est ni une chasse aux sorcières ni une justice des vainqueurs. Il n’est pas normal que, dans un pays démocratique comme le Sénégal, des citoyens, notamment des jeunes, perdent la vie à chaque manifestation», a-t-il martelé.
Toutefois, malgré ces explications, il faut noter que cette proposition de loi interprétative, validée par le bureau de l’Assemblée nationale, au détriment de celle portée par le député du groupe des noninscrits, Thierno Alassane Sall, qui visait l’abrogation pure et simple de la loi d’amnistie, est loin de faire l’objet de consensus.
L’alliance pour la République vote l’abrogation
Principal artisan de cette loi d’amnistie, l’ancien parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr) n’est pas resté indifférent à la démarche du régime en place. Les partisans de l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall, accusent le régime Pastef de vouloir, à travers cette proposition de loi interprétative, diviser les Sénégalais et rompre l’égalité entre les citoyens. Dans un communiqué, rendu public le 22 mars dernier, le Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Alliance pour la République (Apr) a ainsi, sous ce rapport, appelé le peuple sénégalais à «manifester pacifiquement ce 2 avril, devant l’Assemblée nationale, pour s’opposer à la volonté du régime en place d’absoudre les commanditaires et auteurs de violences politiques, et d’indexer les Forces de défense et de sécurité qui exerçaient leur rôle régalien de maintien et de rétablissement de l’ordre, face à des velléités insurrectionnelles».
En effet, estimant que la loi d’amnistie «imaginée et porté en mars 2024 par le président Macky Sall» avait permis le «retour de la paix sociale et la stabilité ayant conduit à une élection présidentielle pacifique, transparente et inclusive», l’Apr demande au régime en place de prendre ses responsabilités. «Si le souhait de Pastef est de revenir sur cette loi, nous lui demandons de surseoir à la machination grossière de l’interprétation et d’aller jusqu’au bout, en l’abrogeant purement et simplement», a notamment martelé le Secrétariat exécutif national de l’Apr qui ajoute : «Cette loi scélérate d’interprétation, tendancieuse et politicienne, a un seul but : diviser les Sénégalais entre militants de Pastef et les autres et promouvoir une rupture d’égalité entre citoyens».
Tout comme l’ancien parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, une partie de la société civile, notamment un collectif de 20 organisations, appelle à des concertations sur cette proposition de loi portant interprétation de la loi d'amnistie. D’ailleurs, elles ont fait face à la presse hier, mardi 1er avril, pour réitérer leur appel à des concertations inclusives avant le vote de ce texte controversé.