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23 juin 2025
ABDOUL MBAYE INVITE L’OPPOSITION À BOYCOTTER LES LÉGISLATIVES
Le président de l'Alliance pour la citoyenneté et du travail estime que la décision du régime en place de maintenir le parrainage citoyen, condamné par la justice internationale, devrait conduire au boycott des élections
L’ancien Premier ministre invite l’opposition à boycotter les élections législatives du 31 juillet prochain. Dans un texte partagé sur sa page Facebook, Abdoul Mbaye estime que la décision du régime en place de maintenir le parrainage citoyen, condamné par la justice internationale, devrait conduire au boycott des élections législatives.
Le président de l'Alliance pour la citoyenneté et du travail (Act), Abdoul Mbaye sonne la révolte de l’opposition. Réagissant à la décision du régime en place de maintenir le parrainage citoyen nonobstant la décision de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans son arrêt rendu le 28 avril 2021 et dans lequel elle ordonne à l'Etat du Sénégal de supprimer le parrainage, l’ancien Premier ministre du président Macky Sall invite tout simplement ses camarades de l’opposition au boycott de ce scrutin prévu le 31 juillet prochain.
« Y’en a marre de toujours suivre Macky Sall dans ses complots contre l’opposition. Le maintien d’un parrainage condamné par la justice internationale devrait conduire au boycott des élections législatives. Pourquoi participer à un jeu dont il fixe les règles pour être certain de le gagner ? », a martelé le leader de l'Alliance pour la citoyenneté et du travail dans un texte posté sur sa page Facebook.
« Nous ne servirions plus de faire valoir dans une démocratie malmenée qui ne l’est plus que de nom. Son assemblée restera une chambre d’applaudissements, d’enregistrement de lois violant les engagements internationaux du Sénégal et la dignité des citoyens », a encore ajouté Abdoul Mbaye.
Poursuivant son propos, l’ancien Pm dit ainsi attirer « l’attention du reste du monde sur les pratiques abominables de Macky Sall malmenant la démocratie sénégalaise; et au moins l’étranger comprendra mieux cette fois les prochains soubresauts qui guettent le Sénégal ». « Absente du Parlement, l’opposition se consacrera alors aux échanges directs avec les populations partout dans le pays afin de créer le sursaut dont il a besoin », souligne le leader de l’Act qui précise : « je reste autant que possible solidaire des décisions qui seront celles de la coalition de partis politiques à laquelle nous appartenons ».
MACKY SALL N’A PAS HONORÉ LE SOUHAIT DE SERIGNE MOUNTAKHA
Membre du mouvement M2D, la députée Aida Mbodji qui a assisté à cette rencontre a déclaré que les recommandations du khalife général des mourides n’ont pas été respectées par le président et son gouvernement
Le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2d), regroupant des partis d’opposition et des organisations de la Société civile a organisé hier, vendredi, à Dakar une cérémonie de prières et de recueillement à la mémoire de jeunes martyrs lors des dernières manifestations violentes de mars 2021 qui ont secoué le pays.
Membre du mouvement M2D, la députée Aida Mbodji qui a assisté à cette rencontre a déclaré que les recommandations du khalife général des mourides n’ont pas été respectées par le Président Sall et son gouvernement. «Aujourd’hui, rien n’est fait. Alors que le guide religieux avait déjà montré la voie en signant un chèque de 50 millions visant à accompagner la prise en charge des blessés et à soutenir les familles des blessés, l’Etat lui, reste au beau-fixe. Macky doit comprendre que nous n’avons pas peur mais sommes prêts à nous soumettre aux guides religieux ».
Et de poursuivre : « Nous avons demandé à Serigne Bass Porokhane de dire au Khalife que Macky n’a pas respecté ses engagements. La médiation a concerné deux parties, l’autre s’est barricadée et a proféré des menaces parce que se disant surprise, la première fois. C’est à notre tour de lui démontrer que nous sommes prêts. Nous attendons le retour de l’émissaire du Khalife», a fait avoir la ‘’Lionne du Baol’’.
LE M2D MENACE
Les leaders du Mouvement exigent que la lumière soit faite sur les événements meurtriers de mars 2021 conformément à la promesse du président Macky Sall. Autrement, ils n'hésiteront pas à reprendre la rue
En conférence de presse hier, vendredi 11 mars 2022, à l’occasion de la commémoration des martyrs de mars 2021, les leaders du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) se sont montrés très remontés face à l’inertie du gouvernement du Sénégal, quant à la mise en lumière des morts du mois de mars 2021. Avouant prendre au mot le président Macky Sall qui avait déclaré, lors de son message du 8 mars 2021, engager l’Etat du Sénégal à faire la lumière sur ces morts, le M2D dit se rend compte que, jusqu’à présent, rien de tout cela n’a été fait. Sur cette base, Cheikh Tidiane Dièye et ses camarades entendent prendre toutes leurs responsabilités.
«Nous les avons pris au mot en nous disant qu’ils le feraient (enquête sur les morts de mars dernier-ndlr). Aujourd’hui, nous constatons qu’ils ne l’ont pas fait. Et si vous avez entendu nos discours, nous disons que ça fait déjà un an. C’est un délai raisonnable. Et nous nous disions que sur une année, le gouvernement avait la latitude pour faire ce à quoi il s’est engagé. Le président Macky Sall a renié sa parole, nous avons attendu pendant un an. C’est un délai raisonnable. Un an sans rien faire, nous allons prendre toutes nos responsabilités », a déclaré Cheikh Tidiane Dièye, coordonnateur du Mouvement pour la défense de la démocratie.
Et de poursuivre : « Ce qui fait qu’avec toutes les autres organisations, on a cité tout à l’heure Amnesty International qui travaille aussi sur ce dossier judiciaire, et nous, notre commission judiciaire et les avocats qui nous accompagnent, nous allons poser maintenant ces actes sur lesquels nous étions engagés, que nous avions annoncés pour aller le plus loin possible », a poursuivi le coordonnateur du M2D.
Avant d’arguer : « Parce que nous n’avons plus aucune raison de croire que le gouvernement du Sénégal poserait le moindre acte sur ces cas-là. Mais nous le ferons sans doute en partenariat avec d’autres organisations, notamment avec Amnesty comme vous l’avez vu qui a aussi fait du travail, qui a documenté. Je crois que Amnesty et la Ligue sénégalaise des droits de l’homme et AfricaJom center et d’autres comme Y’en a marre ont aussi posé des actes dans ce sens ».
Concernant par ailleurs les dédommagements des victimes, annoncés dans la foulée par le chef de l’Etat, les leaders du M2D ont dénoncé le non-respect de la parole donnée par le président Macky Sall avant d’informer sur les dépenses liées à la prise en charge des victimes que le mouvement a engagées avec les autres organisations. « Il (Macky Sall-ndlr) avait parlé de dédommagements, des réparations pour les victimes. Et pour vous dire, le M2D et les organisations parties prenantes ont, depuis un an, fait entrer plus de 65 000 000 FCFA, l’Etat n’a pas fait la moitié de ça. Au contraire, ils sont allés voir les familles et essayer de les corrompre ».
En ce qui concerne par ailleurs le dossier et l’inculpation d’Ousmane Sonko, le M2D invite l’Etat du Sénégal à « mettre fin immédiatement au complot politico-judiciaire fomenté contre Ousmane Sonko et s’abstenir de toutes nouvelles charges contre lui et lui restituer son immunité parlementaire». De plus, a-t-il conclu, « Le dernier point est un point fondamental devenu une exigence nationale. Il est inacceptable que ce dossier puisse continuer. Il n’y a aucune raison de confisquer le passeport d’un homme politique sur des affaires politiciennes pour l’enfermer dans le pays ».
Quel paradoxe pour une localité qui abrite pas moins de 15 forages d’intérêt national ! Pendant qu’ils sont privés d’eau, leur nappe approvisionne des localités situées à des dizaines, voire une centaine de kilomètres
Il convient de reconnaitre que de gros efforts ont été faits en matière de réalisation de forages, de construction de châteaux d’eau et d’approvisionnement en eau potable dans beaucoup de localités à travers des adductions dont le linéaire n’a jamais été aussi dense. Il faudrait être nihiliste pour ne pas l’admettre. Mais s’il est vrai que les populations ont senti l’existence et la présence du PUDC et du PUMA, il n’en demeure pas moins que des structures d’appui apolitiques ou confessionnelles, ont aussi et surtout aidé, voir supplanté l’Etat dans ses efforts en matière d’hydraulique rurale, principalement dans les zones enclavées.
Malgré tous ces efforts, il reste beaucoup à faire pour l’atteinte des Objectifs du Développement Durable au Sénégal et singulièrement au Jobass. Et c’est comme si l’accès à l’eau potable ne se posait même plus en termes de droit dans ce terroir pourtant hier si redouté autant par les colons que par les agents l’administration. Mais alors quel paradoxe pour une localité qui abrite pas moins de 15 forages d’intérêt national ! Un intérêt national qui semble étrangement piétiner l’intérêt local. Car comment objectivement comprendre ce qui se passe au Jobass en matière d’approvisionnement en eau ? Pendant qu’ils sont privés d’eau, leur nappe approvisionne des localités situées à des dizaines, voire une centaine de kilomètres.
D’abord ayons l’honnêteté de reconnaitre qu’il n’aurait jamais fallu réviser le code des mines avant de revoir celui de l’eau. Si révision d’un code il devait y avoir, celle du code l’eau s’imposait en priorité. Malheureusement, les autorités placent le pétrole et le gaz au-dessus de l’eau. Une incohérence qui fait que cette révision du code de l’eau semble renvoyée aux calendes grecques. Et pourtant, elle urge et s’impose aujourd’hui plus que jamais. Elle aurait même été une révision majeure, une révolution en matière hydraulique. Et pour cause, l’eau ne prime-t-elle pas sur les mines ? Ne devient-elle pas un enjeu de taille susceptible de déclencher des guerres entre des nations encore plus que le pétrole ? Pourquoi alors se voiler la face et feindre de ne pas admettre sa primauté sur les mines ?
Mais pour nous Jobassois, il n’aurait jamais fallu mettre la charrue avant les bœufs. Aussi, acceptons-nous difficilement que l’on continue à nous tympaniser et à nous écœurer avec ces beaux termes de justice sociale et d’équité territoriale. Et pourtant, il règne au Jobass un civisme, un patriotisme, un esprit républicain, un comportement citoyen que d’aucuns commencent même à assimiler à de la faiblesse. Rien que ces qualités qui font tant défaut ailleurs, mais si présentes au Jobass, auraient dû imposer aux autorités de trouver une solution définitive au récurrent problème d’eau dans la zone. Or pour qui connait bien ce terroir, sait que les Jobassois sont tout sauf faibles. Toujours est-il, qu’ils ont jusque-là pris leur mal en patience, et vécu leur manque d’eau comme une injustice sociale, et une in-équité territoriale qui frisent même l’iniquité, et flirtent d’avec l’ostracisme voire l’esclavagisme.
A-t-on jamais vu une île, une ville ou un village où la vie végétale, animale et/ou humaine serait possible sans eau ? Si oui, qu’on nous le dise. Nous pourrions très joyeusement y effectuer un pèlerinage. Nous pourrions même y retourner autant que possible pour un pèlerinage ou pour une visite d’échange. Par contre (et c’est ce qui est le plus essentiel, car plus symbolique et plus symptomatique), dans combien de millions d’iles, de villes ou de villages vit-on paisiblement sans pétrole, sans gaz, sans or et sans zircon ? N’y respire-t-on pas mieux ? Évidemment l’air y est plus pur et l’oxygène plus tonifiant, plus énergisant et plus relaxant.
Certes, les ressources naturelles sont toutes importantes mais ne sauraient être d’égale importance ou d’égale dignité. L’eau est la seule ressource naturelle indispensable et l’emporte sur le reste. Vu sous cet angle, elle doit avoir la primauté et la priorité sur toutes les autres ressources ; ce que refusent d’admettre nos autorités. Si donc des communes comme Taïba Ndiaye, Malikounda et Sandjiara (la liste n’est pas exhaustive) bénéficient de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise et de la Contribution Economique Locale (CEI), (surtout la valeur locative sans négliger la valeur ajoutée), pourquoi celles de Keur Momar Sarr et du Jobass devraient-elles être en reste ? Pourquoi ne devraient-elles pas être bien, voire mieux servies ? Pourquoi alors cette préférence affichée et affirmée pour les mines ? Si traitement préférentiel il devrait y avoir, ne devrait-il pas être judicieusement centré sur l’eau qui est vie ? Les communes de Keur Momar Sarr et du Jobass ne disposent-elles pas de l’indispensable ressource naturelle sans laquelle ni le président Macky Sall, ni les membres de son gouvernement, encore moins ses députés et directeurs de société ne survivraient ? Une ressource sans laquelle aucune espèce végétale, animale ne survivrait. Une ressource sans laquelle l’humanité entière disparaitrait. A moins d’être hypocrites, sinon atteint d’une infirmité cérébrale pour ne pas le reconnaitre. Il faudrait véritablement avoir une pierre à la place du cœur pour continuer à nier l’évidence. En conséquence, le moment est venu de hausser le ton à juste titre, car trop c’est trop. Ils ont assez fait montre d’un esprit républicain. Ils sont maintenant vent debout, car ne pouvant plus supporter l’affront, le dédain et le mépris dont ils sont l’objet. Ils n’en peuvent plus qu’on les tympanise davantage avec des termes fallacieux et des slogans creux comme équité territoriale ou justice sociale. Ils en ont assez d’entendre ces termes bruyamment ronflants et enquiquinants qu’ils assimilent présentement à de la pure provocation. Ils en ont marre d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Ce qui se passe chez eux en matière de distribution d’eau potable est véritablement pitoyable, diabolique, satanique. Car, comment comprendre cette hypocrisie étatique et cette maltraitance institutionnelle en matière d’accès à l’eau potable ? N’a-t-on pas réalisé deux importantes plateformes hydrauliques chez nous (les 06 forages de Notto-Jobass-Ndiosmone-Palmarin et les 09 de PEAMU ou de Keur Momar Sarr 3) à vocation nationale sans impact positif au plan local ? Les Jobassois ne ressentent, au contraire, qu’un impact environnemental néfaste, et de plus en plus drastique et catastrophique pour leur sécurité sociale et alimentaire. Ils se demandent si des études d’impact environnemental ont été faites en amont. Une visite guidée dans la vallée du Jobass, ponctuée d’échanges poussés avec les populations riveraines, permettrait de mesurer avec justesse, l’acuité des incidences fâcheuses et révoltantes de l’exploitation de la nappe au détriment des communautés Jobassoises, inexplicablement abandonnées à leur sort. Mais diable, quel péché ont-elles commis pour se voir infliger un tel supplice ? Pourquoi diantre les traite-t-on avec un tel manque de respect, un tel mépris, une telle injustice, une telle iniquité ? Pourquoi voient-elles l’eau de leur nappe leur couler doucement sous le nez pour approvisionner 17 communes principalement de la région de Fatick sans compter celles de Thiès et de Dakar ? Pourquoi une telle offense, une telle provocation ? L’eau du Jobass ne coule-t-elle pas en quantité et en qualité des robinets du Niombatou, du Sine et des iles du Saloum, de Thiès et de Dakar pendant que les Jobassois sont monstrueusement assoiffés et leurs conditions d’hygiène et d’assainissement durement mises à l’épreuve ? Qu’est-ce que les populations de ces localités apparemment préférées et que du reste, nous aimons tant, ont-elles de plus que nous pour qu’on nous réserve un traitement aussi humiliant, aussi stigmatisant, aussi inéquitable et aussi injuste ? Depuis combien d’années déjà et pour combien de temps encore devrait durer cette trop insupportable et regrettable guillotine ? Nos gouvernants ont-ils encore un cœur, une âme et un esprit de discernement pour tant soit peu nous traiter sur le même pied d’égalité que les autres ? N’est-ce pas un droit inaliénable que les Jobassois réclament à cor et à cri ?
Et l’on ose encore nous regarder droit dans les yeux, comme pour mieux nous amadouer, et sans doute pour nous narguer, en nous parlant de justice sociale et d’équité territoriale. Ceux qui tiennent ces propos y croient-ils vraiment ? Ne pensent-ils pas qu’ils sont en train de semer les germes de la haine, de la division et de la confrontation ? En sont-ils pleinement conscients ? Les Jobassois n’ont-ils pas plus soif d’équité, de justice et de paix ? Cette soif plurielle de vérité n’accentue-t-elle pas dangereusement leur soif naturelle d’eau, d’autant que cette eau provient de leur terroir, de leur nappe ? Quelle aberration ! Quelle abomination !
Est-ce envisageable que les Jobassois laissent passer le neuvième Forum Mondial de l’Eau sans se faire bruyamment entendre ? Ce forum n’est-il pas une opportunité inespérée pour un concert de casseroles qui aurait l’avantage de mettre à nu les ignobles contradictions des autorités en termes d’équité territoriale et de justice sociale ? N’est-ce pas une chance miraculeuse pour montrer à la face du monde combien l’équité territoriale et la justice sociale seraient sélectives, à la limite, répressives pour nos autorités ? Au regard de ce manque d’équité territoriale et de cette justice sociale à géométrie variable, les Jobassois ne devraient-ils pas s’unir pour, une bonne fois pour toutes, hurler leur peine et crier leur insoutenable calvaire ?
Et pourtant, ils ont usé de tous les moyens légaux pour se faire entendre. Ils ont organisé des marches pacifiques, des conférences de presse, fait des reportages ou simplement envoyé des articles-contributions pour sereinement attirer l’attention des autorités compétentes et pour se faire comprendre. Ils ont même rencontré et échangé avec des maires, des députés, de membres de la société civile et des chefs religieux. Tous sont unanimes à reconnaitre que non seulement la démarche pacifique des sentinelles qui clament que Jobass a soif est louable, mais aussi et surtout que l’injustice qui leur est faite, ne pouvait se passer nulle part ailleurs sans effusion de sang. Mais est-ce à ce prix et seulement à ce prix que l’eau coulera des robinets du terroir ?
Que veulent réellement nos autorités pour réserver une oreille aussi sourde et insensible aux légales et légitimes revendications des Jobassois ? Pourquoi faut-il toujours pousser les gens à bout, provoquer des émeutes ou attendre qu’il y ait des pertes en vie humaine pour enfin réagir ? Qu’est-ce qui empêche d’agir sans délai pendant qu’il est encore temps pour mettre un terme définitif à la lancinante corvée d’eau et au calvaire totalement injustifiable des Jobassois ? N’a-t-on pas pitié des écoliers (filles et garçons), et des femmes qui vivent au quotidien un calvaire indescriptible et insensé ? Est-ce une option responsable que de continuer à rester sourds et aveugles face aux cris de cœur et aux terribles lamentations surtout des filles et des braves femmes Jobassoises ? La rencontre de la Communauté Mondiale de l'Eau et de l'Assainissement prévue du 21 au 26 mars 2022 à Dakar (pour la neuvième édition du Forum Mondial de l'Eau), ne constitue-t-elle pas une occasion inespérée, un rêve inattendu et une grâce divine pour se faire enfin entendre ? Nous saisirons de droit, la presse nationale et internationale pour un rendez-vous de vérité. Nous profitons de l’occasion pour leur lancer un appel solennel pour que ce rendez-vous de vérité ait un retentissement international.
D’ores et déjà, nous prenons et prendrons encore l’opinion nationale et internationale à témoin. Tout ce qui pourrait arriver, serait de la responsabilité totale du président de la république et de son gouvernement. Car l’eau n’est pas encore une compétence transférée. Elle relève de la compétence du pouvoir central. Plus qu’une soif d’eau, les Jobassois n’éprouvent qu’un besoin : se désaltérer aux prairies de la justice. Ils ont trop attendu et n’en peuvent plus. Leur attente a duré, perduré. Ils veulent retourner se reposer tranquillement sur les rives paisibles de leur vallée. Au demeurant, ils redisent au président de la république avec respect et déférence que : « si l’eau de leur nappe ne peut pas couler pour tous, elle ne coulera plus pour une cible injustement privilégiée. »
UN AN APRÈS LES ÉMEUTES DE DAKAR, RADIOSCOPIE DU SENTIMENT ANTIFRANÇAIS
De la gauche à la droite, un certain mépris français dérange en Afrique depuis longtemps, chaque pays ayant par ailleurs ses propres motifs de grief, ancrés dans l’histoire
La décision prise par M. Emmanuel Macron de mettre fin à l’opération Barkhane est à lire, clairement, comme une réponse au ressentiment antifrançais qui ne cesse de monter en Afrique francophone — un « pré-carré » aux relents coloniaux tels que les Sud-Africains l’appellent depuis des décennies, et sans nuances, la « French Africa ». M. Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud dépêché en 2004 en Côte d’Ivoire par l’Union africaine (UA), n’avait pas été le seul en son temps à s’étonner de voir des militaires français dans les rues d’Abidjan, avant d’apprendre qu’ils avaient tiré sur une foule en colère aux portes de l’hôtel Ivoire. Cette présence militaire française, repliée au Niger aujourd’hui — où elle n’est toujours pas à l’abri d’une fronde —, reste une anomalie à l’échelle de l’Afrique, où les ex-puissances coloniales ne sont jamais intervenues depuis les indépendances qu’à titre exceptionnel — une seule fois pour la Grande-Bretagne en Sierra Leone, en 2000.
Il y a un an, de violentes émeutes à Dakar avaient lancé un signal clair : les supermarchés Auchan, les stations-service Total, Eiffage et son autoroute à péage, le groupe Orange (dont les cartes de recharge téléphonique sont plus chères que le forfait mensuel de base en France), ont été la cible de pillages, de même que l’enseigne Hyper Exclusif, détenue par des intérêts indiens.
« Beaucoup de travaux ont montré la position dominante de Total, septième par son offre, mais qui s’est vu attribuer le gros lot pour l’exploitation du pétrole au Sénégal, en échange de 125 milliards de francs CFA pour éponger une dette lorsque Macky Sall est arrivé au pouvoir, analyse le sociologue sénégalais Alioune Sall, directeur de l’Institut des futurs africains (AFI) à Pretoria. Auchan est la cible du groupe “Frapp-France dégage” de Guy-Marius Sagna, qui l’accuse de tuer les petits marchés et marchands ».
Le message des pillards a d’abord et avant tout été adressé à l’exécutif sénégalais, « remis en cause dans sa relation à la France », estime Alioune Sall. « En substance, ils ont dit : “Vous n’êtes pas à l’abri, nous pouvons attaquer quand nous voulons. On ne peut pas accepter les conditions de vie qui nous sont faites, soit vous les améliorez, soit nous reviendrons”. Je me demandais déjà l’an dernier si ce sentiment antifrançais n’allait pas muer en xénophobie anti-occidentale — ce qui est dans l’air du temps avec l’essor du populisme partout ».
Moussa Demba Dembélé, économiste sénégalais, directeur du Forum africain des alternatives, estime pour sa part que le « sentiment antifrançais ne relève pas du populisme, mais d’un problème de souveraineté et de relations déséquilibrées. La jeunesse revendique une seconde indépendance de l’Afrique, économique. L’indépendance politique paraît factice, car les leviers économiques se trouvent toujours entre les mains de l’ancienne puissance coloniale. Les jeunes, dont une partie meurt en mer face à Frontex qui essaie de les freiner, ont la conscience de ce déséquilibre, qui provoque leur colère ».
La dimension politique de la relation
Le président du Sénégal Macky Sall est perçu comme l’homme de la France depuis son élection en 2012, au point que certains l’appellent le « sous-préfet ». La raison ? Il s’est rendu deux fois à Paris dans les semaines qui ont suivi son arrivée au pouvoir. « Plus Macky Sall affiche une proximité avec la France et son président, qu’il appelle “Emmanuel”, plus le sentiment antifrançais se développe », selon Alioune Sall.
L’économiste Moussa Dembélé va plus loin : « Le fait que Total ait raflé la mise pour l’exploration du pétrole et du gaz au Sénégal a provoqué une gigantesque polémique. Un ministre de l’énergie, M. Thierno Alassane Sall, a refusé de signer le protocole avec Total, et a démissionné en 2017. Depuis, l’affaire Total est devenue un pôle de fixation, emblématique de la manière dont la France essaie de contrôler l’économie du pays. Total symbolise le néocolonialisme français ».
Quant à Eiffage, qui ne fait curieusement, pas plus que Total, l’objet d’enquêtes détaillées dans les médias de l’Hexagone, elle est critiquée pour fixer ses prix comme elle l’entend sur l’autoroute à péage inaugurée en 2013 entre Dakar et la ville nouvelle de Diamniadio, où se trouve le nouvel aéroport international. « Eiffage a vu son bail pour cinq ans renouvelé en 2021, explique Moussa Dembélé, et il est apparu qu’elle payait une somme dérisoire au gouvernement (1 000 francs CFA par an, soit 1,50 euro), contre 800 millions annuels (1,22 million d’euros) dans le nouvel accord. Un chiffre à rapporter au chiffre d’affaires du péage, 46 millions d’euros en 2019 selon Eiffage. Comment se fait-il que l’État ait accepté une somme aussi symbolique jusqu’à présent ? Eiffage a-t-elle engrangé des milliards sur le dos des contribuables sénégalais ? Il n’y a pas eu de démenti, ce qui a augmenté la rancœur ».
LES SANCTIONS OUEST-AFRICAINES ONT SUSCITÉ LA COLÈRE DE NOMBREUX MALIENS
Deux mois après l’adoption par la Cedeao d’un embargo économique sans précédent, l’économiste Boubacar Salif Traoré pointe les sérieuses difficultés à venir
Le Point Afrique |
Viviane Forson |
Publication 11/03/2022
À minuit passé d'une minute, le 9 janvier, les sanctions de la Cedeao les plus sévères jamais adoptées contre le Mali, en réponse à la volonté des militaires de se maintenir au pouvoir jusqu'à fin 2026, sont entrées en vigueur. Parmi la batterie de mesures immédiatement applicables: la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Mali ; la suspension de toute transaction commerciale, à l'exception de certains produits de première nécessité ; et le gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et dans les banques commerciales de la région. Deux mois plus tard, il est très difficile de mesurer leur impact. Car loin d'avoir produit les effets escomptés, elles ont au contraire réveillé chez les Maliens un sentiment patriotique qui ne s'était plus observé depuis des décennies. Comment l'expliquer ? Comment le comprendre ? En ligne depuis Bamako, l'économiste et spécialiste des questions de sécurité et de développement dans le Sahel, Boubacar Salif Traoré décrypte pour Le Point Afrique la situation.
Le Point Afrique : Quel est l'impact des sanctions décidées par la Cedeao, il y a deux mois, sur l'économie malienne ?
Boubacar Salif Traoré : À l'évidence, les sanctions visaient non seulement à isoler le Mali sur la scène internationale en fragilisant son économie, mais aussi à créer une pression interne des Maliens sur leurs dirigeants. Cet embargo à la fois économique et politico-diplomatique affecte le Mali qui est un pays sans littoral et dont l'économie dépend à plus de 70 % des importations. Cependant, près de deux mois après leur entrée en vigueur, l'évaluation de leur impact reste à ce stade encore très aléatoire. Autant en interne, il paraît déterminant pour les dirigeants de donner le sentiment que tout va bien, mais en creusant un peu en profondeur, des difficultés apparaissent à l'horizon.
Y a-t-il eu des changements sur les marchés ?
Concrètement, deux risques importants se profilent pour le pays, une crise inflationniste et de liquidités. Les prix ont déjà augmenté sur les marchés, que ce soit les denrées de première nécessité ou d'autres produits, comme les matériaux de construction, notamment, le prix du ciment qui est en hausse, ce qui a ralenti le secteur du bâtiment, très dynamique au Mali. L'inflation touche aussi les produits du quotidien, qui pourtant, ne sont pas concernés par les sanctions. Ce sont de petites augmentations qui finissent par peser sur le panier de la ménagère et qui de jour en jour commence à faire mal.
Quels sont les leviers qui permettent au pays de tenir encore debout sur le plan économique ?
Certains mécanismes de protection ont été enclenchés. La banque privée continue, par exemple, à être approvisionnée par la BCEAO, l'organe central de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, qui a décidé d'augmenter jusqu'à pratiquement 300 milliards de francs CFA par semaine pour que l'activité économique ne s'arrête pas complètement. En revanche, les comptes de l'État sont gelés et cela a de lourdes conséquences, car certains fournisseurs n'arrivent plus à se faire payer. Le gouvernement n'a pas pu honorer ses engagements auprès de plusieurs créanciers et a dû s'adresser aux investisseurs pour s'en expliquer.
Elle dit se réserver ‘’le droit d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et complices des actes et messages de nature à porter atteinte aux signes monétaires ayant cours légal dans les Etats membres de l’UMOA
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dément que le franc CFA ait fait l’objet d’une dévaluation par rapport à l’euro.
Dans un communiqué, l’institut d’émission commun aux Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) déclare avoir ‘’pris connaissance d’un article diffusé sur les réseaux sociaux annonçant une dévaluation du franc CFA par rapport à l’euro qui serait survenue le 9 mars 2022’’.
‘’La BCEAO dément formellement cette information et précise que le taux de change entre l’euro et le franc CFA demeure inchangé, à savoir 1 euro = 655,957 francs CFA’’, souligne le texte.
Il signale que ‘’les taux de change officiels des principales devises sont publiés quotidiennement sur son site internet consultable sur www.bceao.int dans la rubrique ‘Statistiques - Cours des devises contre franc CFA’”.
La BCEAO ‘’invite par conséquent les populations à la plus grande vigilance et à ne se référer qu’aux seules voies de communication officielles usuelles de l’institut d’émission’’.
Elle dit se réserver ‘’le droit d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et complices des actes et messages de nature à porter atteinte aux signes monétaires ayant cours légal dans les Etats membres de l’UMOA’’.
Le franc CFA est la dénomination de la monnaie commune de 14 pays africains. Huit d’entre eux, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, constituent l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le franc CFA est également utilisé par le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad, qui constituent la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), dont l’institut d’émission est la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).
Depuis le 1er janvier 1999, la parité du franc CFA s’établit à 655,957 francs CFA pour un euro.
Le 11 janvier 1994, le franc CFA avait été dévalué de moitié. D’un franc français pour 50 francs CFA, sa valeur était alors passée à 1 franc français pour 100 francs CFA.
Cette dévaluation s’était traduite par une importante baisse du pouvoir d’achat dans les pays utilisant cette monnaie, en particulier dans les centres urbains tournés vers les produits importés. Mais elle avait aussi favorisé une relance de la production locale.
«JE SUIS VENU AU CINEMA PAR LA LITTERATURE»
Entretien avec Mahamat-Saleh Haroun, cinéaste tchadien
Le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun publie un nouveau roman, Les Culs-reptiles, très bien accueilli par la critique et le public : sorti début janvier, il a vu son premier tirage rapidement épuisé et a déjà été réimprimé. Le livre raconte une histoire incroyable, celle de Bourma Kabo, un jeune Africain sachant à peine nager, qui fut le seul à répondre à une petite annonce de la fédération de natation de son pays pour le représenter aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Un récit inspiré par l’histoire vraie du nageur équato-guinéen, Eric Moussambani, qui avait gagné un peu à ses dépens, une célébrité mondiale lors de cette compétition. L’incontestable originalité du livre provient moins de l’histoire qu’il raconte que de sa façon étonnante de la raconter. Car la jouissance que procure la lecture de cette fable politique résulte avant tout du style de l’auteur et de sa créativité langagière, quelque part entre Rabelais et Kourouma. Une tout autre musique, assurément, que celle que nous a donné à entendre jusque-là le cinéaste. D’où l’intérêt de lui demander ce qui l’a poussé à prendre la plume.
Il est difficile pour un cinéaste de trouver le financement pour un film quand le dernier sorti n’a pas rencontré le succès escompté. Est-ce la même chose dans l’édition ?
Non, on n’a pas hésité à m’accueillir à nouveau chez Gallimard. L’économie du livre et celle du cinéma sont très différentes. Pour un livre, on ne raisonne pas seulement en fonction des ventes ou des recettes, on parie encore souvent sur le long terme. Il y a encore un grand nombre d’auteurs publiés, y compris d’ailleurs de grands noms, qui ne vendent pas beaucoup de livres. Et on continue à éditer des poètes. On estime que cela participe à la vie culturelle. Mais il est vrai aussi que les moyens et donc les risques en jeu ne sont pas du même ordre au cinéma et dans l’édition.
On n’aurait jamais imaginé que le cinéaste Haroun pouvait écrire un récit jubilatoire com¬me Les Culs-reptiles. Que s’est-il passé ?
Cette jubilation, c’est celle que j’ai éprouvée en écrivant en quelques semaines cette histoire. Grâce à l’amour des mots, cette musicalité, cette écriture complètement libre qui permet de se déployer à travers le texte. Alors que l’écriture cinématographique est contrainte, presque formatée. J’ai pu vraiment entrer dans la tête de Bourma, dans l’univers absurde dans lequel il circule. J’ai aimé sentir que je pouvais écrire sans ressentir de limites, être tout seul face à la page blanche, cela donne une autre force. C’est un jet qui vient du fond du cœur, qui ne sera pas altéré parce qu’untel ou untel sera intervenu pour vous demander de modifier ceci ou cela. Il n’y aura qu’une personne, l’éditeur, qui regardera cet écrit, alors qu’au cinéma, vous êtes face à plusieurs points de vue – producteurs, distributeurs, etc. Des avis qui vont vous perturber, qui imposent une sorte d’écriture du consensus.
Quand vous êtes-vous tourné vers la littérature ?
Je n’ai jamais cessé d’écrire. J’ai commencé, comme tous les adolescents j’imagine, par des poèmes. Puis il y a eu des nouvelles. J’ai toujours eu un lien très fort avec la littérature, à tel point qu’on pourrait même dire que je suis venu au cinéma par là. Il y a dans le cinéma des auteurs comme Truffaut, Godard, qui sont en fait des écrivains contrariés. On sent bien l’influence de la littérature derrière leurs œuvres. Je suis plutôt comme ça.
Dans mon premier long métrage, Bye Bye Africa, il y a quelque chose de l’ordre de la littérature avec cette voix off, ce texte, ce film qui est une espèce de manifeste. Mes écrits étaient donc dans mes tiroirs et il est arrivé ce moment où j’ai eu le temps, l’occasion, l’opportunité d’y aller.
Par ailleurs, les personnages, le monde que je représente à l’écran sont très éloignés de la majorité de mon public et des personnes qui ont leur mot à dire sur ce que je fais. J’ai moins cette impression avec la littérature. Enfin, la littérature reste un socle dans la société. Les gens, ces derniers temps, se sont retournés vers le livre, comme si c’était le seul compagnon possible, un compagnon presque physique.
Les Culs-reptiles et sa vision satirique des pratiques du pouvoir sont-ils une façon de régler vos comptes avec la politique, après votre bref parcours de ministre tchadien de la Culture en 2017 et 2018 ?
Non, il y a dans ce livre quelque chose de l’ordre de la farce, mais le récit évoque des situations que je côtoie depuis longtemps. Peut-être ai-je pu voir de plus près certaines choses en étant ministre, mais c’est tout. Les choses horribles dont je parlais d’ailleurs dès mon premier livre font partie tout simplement de la réalité tchadienne.
Un livre, pour un cinéaste, n’est-ce pas un scénario contrarié ? Qui deviendra d’ailleurs peut-être, dans le cas de Les Culs-reptiles, un film ?
Pas du tout. Beaucoup de gens m’ont dit que ce livre ferait un très beau film, et même quelqu’un m’a déjà proposé de participer à un tel projet. Je suis tombé des nues. Car il y a dans le livre des éléments poétiques, un travail sur les allitérations, les assonances, des didascalies, des choses qu’on ne peut pas projeter sur un écran. Je ne vois pas comment on peut faire cela au cinéma. Je n’ai en tout cas pas du tout pensé à une possible adaptation au cinéma en écrivant.
Le livre est pourtant aussi très descriptif… N’avez-vous pas «vu» ce que vous écriviez en l’écrivant ?
Si la description est importante, c’est parce que le personnage de Bourma découvre pour la première fois, tous ces milieux qu’il ne connaissait pas : les ministères, les hommes de pouvoir, les hôtels, la mer, les Jeux Olympiques, etc. Donc je devais décrire tout cela de son point de vue. Il ne faut pas oublier que je suis parti d’une histoire vraie, ce qui m’a permis de traquer nos petites absurdités, de nous interroger sur le présent en Afrique, de mettre les gens face à leurs responsabilités. Et l’ironie que je pratique, c’était je crois la meilleure façon d’injecter de la réflexion dans cette histoire.
Est-ce le documentariste ou l’auteur de fictions qui a écrit ce livre ?
Sans doute plus le documentariste. Mais si j’ai fait des recherches, je n’ai pas pour autant voulu retrouver le nageur qui a vécu cette histoire. Je voulais laisser libre cours à mon imagination, tout en rendant attachant un personnage qui ne cherche rien d’autre qu’à sortir de son statut de «cul-reptile».
D’où vient cette expression de «cul-reptile» ?
Je l’ai imaginée en m’inspirant de ce que je voyais et entendais au Tchad. Il y a une expression qui dit : «Patient comme un varan.» Façon de dire qu’on peut, comme ce reptile, rester des heures et des heures au soleil en attendant aussi longtemps qu’il le faut ce qui va tomber tout seul. Je me suis demandé comment faire un lien entre cela et tous ces gens qu’on voit au Tchad assis sur des nattes, retenant leur envie de révolte, dans la frustration et le ressentiment, médisant sur ce qui se passe autour d’eux sans rien faire. Espérant qu’il va se passer quelque chose, que cela bougera et qu’alors ils pourront bouger eux-mêmes. D’où l’expression que j’ai forgée et le récit qui a suivi.
Ce livre est un peu dans la veine d’un Kourouma ou d’un Rabelais. Peut-on imaginer que le cinéaste Haroun explore cette veine à l’avenir ?
Il y a sans doute quelque chose de proche de Kou¬rouma dans l’ironie que je pratique. Où l’on peut retrouver certainement aussi, et peut-être surtout, l’ascendant Rabelais. Quant à retrouver au cinéma le style du livre, pourquoi pas, c’est tout à fait possible. Après avoir réalisé des films très sérieux, le cinéaste français Bruno Dumont a par exemple été vers le comique, le burlesque, le déjanté. Pour ma part, si je devais aller vers la comédie, ce serait plutôt dans la veine d’un Jim Jarmush, privilégiant la poésie, l’absurde.
Le prochain Haroun sera-t-il un film ou un livre ?
Un film, que j’espère pouvoir tourner l’année prochaine, au Tchad. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant, tant que le projet n’est pas plus avancé.
Jeune Afrique
GUERRE EN UKRAINE, RELATIONS AVEC LE SENEGAL : LA LECTURE EXPLIQUEE DE L’AMBASSADEUR DE RUSSIE
En conférence de presse hier, l’ambassadeur de Russie à Dakar estime qu’il y a trop de manipulation des «médias occidentaux» pour décrire la guerre en Ukraine
Le Président Poutine avait mis en gras dans son discours, les mots «démilitarisation» et «dénazification» du régime de Zelinsky pour justifier l’envoi de troupes russes en Ukraine. En conférence de presse hier, Dmitry Kourakov, ambassadeur de la Russie au Sénégal, est revenu sur les raisons qui ont provoqué cette «opération militaire en Ukraine».
Le Président Poutine avait pris les mots avec soin pour justifier son «opération militaire en Ukraine». Ces éléments de langage ne convainquent pas la plupart des pays de la communauté internationale. En conférence de presse hier, l’ambassadeur de Russie à Dakar estime qu’il y a trop de manipulation des «médias occidentaux» pour décrire la guerre en Ukraine. «La guerre, c’est la guerre et c’est dommage qu’il y ait parfois des morts qui ne sont pas intentionnels», note Dmitry Kourakov. Selon lui, «actuellement», il y aurait eu 400 personnes mortes. «Et ces données, dit-il, proviennent des Nations unies et sont partagées par les Ukrainiens. Je pense que ces données sont un peu exagérées car, par exemple, les Ukrainiens disent qu’ils ont tué 12 mille soldats russes. Et selon notre ministre de la Défense, à la date du 6 mars, il y avait moins de 500 soldats russes qui y ont perdu leur vie et 1900 blessés. Voyez la différence», justifie l’ambassadeur.
Dans son exposé, il souligne que la situation dans le «Donbass et en Ukraine» découle d’un «coup d’Etat anticonstitutionnel» perpétré en février 2014 par des «forces ultranationalistes» avec le soutien de l’Occident. «Dans un Etat qui compte des dizaines de millions de citoyens russophones, le nouveau régime de Kiev a lancé une lutte intransigeante contre la langue et la culture russes», assure Dmitry Kourakov. Après cette étape, l’idéologie du «néonazisme» a été imposée, des «représailles extrajudiciaires» ont été faites contre les opposants politiques et la «persécution» des dissidents est devenue une norme. «Le génocide et la guerre sanglante contre les habitants du Donbass et le blocus de la région se sont poursuivis pendant huit ans», dit encore Dmitry Kourakov.
Face à cette situation, la Russie a «opté» pour une résolution pacifique du conflit. «C’est simple, on assure la sécurité de tout le monde : pour l’Europe, pour l’Ukraine et pour la Russie. Mais les Etats-Unis et l’Otan ont refusé notre offre, continué à armer l’Ukraine», déplore Dmitry Kourakov. Ce sont autant de «raisons» qui justifient cette «opération militaire spéciale», formule utilisée par Moscou pour évoquer la guerre en Ukraine, qualifiée par les autres pays d’invasion.
«La menace à laquelle les civils ukrainiens font face aujourd’hui ne vient pas de l’Armée russe»
Depuis quelques jours, la Russie est aussi accusée de bombarder des sites civils. Pour le diplomate, les forces russes ne frappent que des cibles militaires, avec des armes de précision. «Les ultranationalistes placent des chars, de l’artillerie et des lance-roquettes multiples devant les jardins d’enfants, les écoles et les hôpitaux, installent des positions de tir sur les toits des immeubles d’habitation et se cachent derrière des femmes et des enfants. Des soldats russes capturés sont soumis à des tortures sadiques. Les bandits ukrainiens filment les tortures et se vantent de leur cruauté ostentatoire», dénonce l’ambassadeur.
Aujourd’hui, la Russie est sur deux fronts : militaire et aussi économique. Les sanctions occidentales se sont durcies encore, pour pousser Moscou à mettre fin à la guerre en cours. Pourtant Dmitry Kourakov soutient que la Russie continue de prendre part à l’économie mondiale. «Nous ne nous apprêtons pas à lui porter atteinte» alors que les dirigeants européens veulent mettre à terre «l’économie» russe. «Je peux vous assurer que ces efforts seront vains. C’est vrai aussi, dit-il, que les actions de l’Ue ne resteront pas sans réponse ferme.»