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23 juin 2025
AFFAIRE PASSEPORT DIPLOMATIQUE DE SONKO, LES CLARIFICATIONS DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
Le leader de Pastef a annoncé publiquement avoir renouvelé son passeport diplomatique, malgré son placement sous contrôle judiciaire. Le Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur tient, à ce sujet, à faire la mise au point
iGFM - (Dakar) Le ministère des Affaires étrangères vient de réagir, suite au passeport diplomatique présenté, vendredi, par Ousmane Sonko. Ce dernier avait déclaré, lors d'un entretien avec des médias locaux, qu’il détient ce document de voyage qui lui a été délivré par l'autorité étatique, et qu’il quittera le pays quand il en éprouvera le besoin. Ci-dessous le texte du ministère.
«Monsieur Ousmane SONKO a annoncé publiquement avoir renouvelé son passeport diplomatique, malgré son placement sous contrôle judiciaire. Le Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur tient, à ce sujet, à faire la mise au point qui suit :
1- Le 17 juin 2021, donc depuis bientôt un an, le Passeport diplomatique de Monsieur Ousmane SONKO a été renouvelé, à la demande des services de l'Assemblée nationale (lettre N° 157/ANS du 26-01-2021), selon la procédure prévue à cet effet pour tout député en exercice ;
2- Le Ministère, ne peut, en l'absence d'une décision de justice, refuser la délivrance d'un passeport à un ayant droit ;
3- Toutefois, la détention d'un passeport diplomatique n'enfreint en rien l'application du contrôle judiciaire qui emporte une interdiction de sortie de territoire par le juge, sous le contrôle de la Police de l'Air et des Frontières. »
LA BAD APPROUVE UNE POLITIQUE D’EMPRUNT
Après avoir donné son accord à la Politique d’emprunt durable, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé une nouvelle politique visant à renforcer la viabilité de la dette des pays d’Afrique à faible revenu.
Après avoir donné son accord à la Politique d’emprunt durable, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé une nouvelle politique visant à renforcer la viabilité de la dette des pays d’Afrique à faible revenu.
La « viabilité de la dette » est la capacité d’un pays à honorer ses obligations de dette sans requérir d’allégement, ni accumuler d’arriérés. Cette nouvelle politique cible principalement les bénéficiaires du Fonds africain de développement (Fad, 38 pays africains). « La Politique d’emprunt durable répond à l’évolution de la situation d’ensemble de la dette en Afrique.
Au cours des dernières années, les pays à faible revenu ont pu avoir accès à de nouvelles sources de financement, notamment à des créanciers privés et des créanciers extérieurs au Club de Paris. Bien que cet accès leur ait permis de financer d’importants besoins de développement, il a également augmenté leur dette publique », a constaté la Banque africaine de développement (Bad). La Banque s’est référée à l’édition 2021 portant sur le thème Perspectives économiques en Afrique, événement au cours de duquel, les gouvernements avaient annoncé qu’après la pandémie, des plans de relance budgétaire demeurent une nécessité.
Ainsi en 2020, les gouvernements africains avaient besoin de 154 milliards de dollars américains supplémentaires pour faire face à la crise. Pour résoudre ce dilemme, la Politique d’emprunt durable introduit deux éléments essentiels pour gérer la dette. « Le premier met l’accent sur la gestion de la dette et la transparence par le biais de mesures politiques convenues et d’une assistance technique. Le second élément reposera sur la coordination et les partenariats avec d’autres banques multilatérales de développement, les partenaires de développement et les bailleurs de fonds », a détaillé la Bad dans son communiqué.
Au-delà de la hausse des ratios de dette exprimée en pourcent du Pib, la hausse des besoins de financement, la diminution des recettes budgétaires et des recettes d’exportation ont conduit certains États à rencontrer des difficultés de remboursement de leurs dettes publiques externes dans le courant de l’année 2020.
LE SCÉNARIO FOU DE LA FINALE DE LA CAN M'A FAIT DÉGOUPILLER
La prestation pendant des tirs au but de la finale Sénégal-Egypte ont valu ont valu au journaliste de Canal+, Lilian Gatounes de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux. Rencontre avec un homme passionné par son métier
Journaliste à Canal+ depuis 25 ans dont 20 ans au service des sports, Lilian Gatounes a commenté au Cameroun (du 9 janvier au 6 février) sa sixième Coupe d’Afrique des Nations. L’ancien pensionnaire du centre de formation de Montpellier reconverti en journaliste vit intensément les matches lors de ses commentaires. Sa prestation pendant des tirs au but de la finale Sénégal-Egypte lui ont valu de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux et des marques d’affections de Sénégalais. Rencontre avec un homme passionné par son métier.
Avez-vous des attaches avec l’Afrique, au-delà du côté professionnel ?
J’ai grandi en Afrique, mon papa y était Consul. J’ai appris à marcher à Grand Bassam, en Côte d’Ivoire. Ensuite j’ai vécu au Burkina Faso, au Togo, au Gabon, en République Centrafricaine… J’ai donc beaucoup bougé. J’’ai même passé mon BAC à Bangui, en Centrafrique.
Donc c’est presque un retour quand vous repartez en Afrique…
Il y a toujours quelque chose de fusionnel. C’est ma maison de cœur. Oui il y a un retour, je sens mon cœur battre au rythme du continent. Bien sûr je suis très attaché à l’Afrique.
Côte d’Ivoire, Burkina, RCA, mais pas encore de séjour, sur le plan personnel, au Sénégal ?
Je n’ai jamais été au Sénégal. Jamais. Pourtant j’ai fait beaucoup de pays en Afrique. Mais malheureusement, à mon grand désarroi, je n’ai jamais été au Sénégal. Même avant la CAN au Cameroun, j’en parlais avec mon camarade Diomansy Kamara. Je lui demandais si ça valait le coup que je vienne en vacances avec mes garçons. C’était dans les projets.
Au-delà du sport sénégalais, que savez-vous de ce pays ?
J’ai beaucoup de choses, parce que j’ai grandi dans le monde du foot et dans le monde du sport de haut niveau. J’ai tout le temps été partenaire, coéquipier, colocataire dans les centres de formation (le club de Montpellier) avec des potes sénégalais. Certains sont devenus des pros. Mais je pense que le premier gros coup de cœur c’est la Coupe du monde de 2002. Cette génération avec Pape Bouba Diop, Alou Cissé, mon camarade Habib Bèye, Lamine Diatta. C’était le premier coup où vraiment je me suis dit cette équipe-là elle est attachante, elle est touchante parce qu’elle joue avec du cœur, avec une générosité jusqu’au quart de finale face à la Turquie. C’est clair que j’étais très attaché à eux. D’ailleurs je me suis pendant longtemps entraîné avec le maillot du Sénégal d’Henri Camara.
Quel est votre joueur préféré au Sénégal ? Que ce soit de l’époque de 2002 ou de l’équipe actuelle
Je suis fidèle, donc c’est le petit frère, c’est El Hadj Diouf (rires). El hadj, c’est mon idole. J’ai eu la chance de le croiser au Cameroun où on s’est vus quelques fois. J’avais quand même beaucoup de travail mais je n’ai pas pu le voir autant que je le voulais parce que lui veille beaucoup, beaucoup plus tard que moi (rires). J’étais un petit peu fatigué. Mais ça reste El Hadj, j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour lui. C’est pour moi une star. Il avait tout ce qu’il fallait pour être une méga star. Je pense que même ses CAN auraient pu être mieux. Moi je l’ai adoré depuis Lens où il était coéquipier de José Pierre-Fanfan. Même si je suis montpelliérain, j’ai toujours eu Lens comme équipe de cœur. El hadj, je l’avais pris en amour à cette époque-là. On s’est rencontrés et on s’est vus et depuis ça toujours été un joueur pour qui j’ai un énorme respect. Et j’aime beaucoup le garçon
Un mois après, que retenez-vous de cette épopée sénégalaise en terre camerounaise ?
Il y a un petit côté extraordinaire. Parce que oui bien sûr que tout le monde, tous les observateurs du football disaient avant la compétition que les deux grands favoris c’étaient l’Algérie et le Sénégal parce les deux formations avaient fait un tel parcours en 2019 qu’on les voyait dans la continuité avec Aliou Cissé, avec Djamel Belmadi. Je vais mettre les deux équipes en face-à-face. C’est-à-dire que c’est là où on a un petit paradoxe. L’entame de compétition est très laborieuse pour les deux formations. On voit que l’Algérie, championne d’Afrique n’a marqué qu’un seul but. Et avec un seul but marqué, finit dernière de son groupe. Et en revanche le Sénégal n’a marqué qu’un seul but en phase de poule, et avec un seul but marqué, les Sénégalais arrivent à finir premiers de leur groupe. Donc on se dit que là déjà c’est un paradoxe. Le Sénégal aurait pu passer à la trappe.
Il aurait pu avoir un parcours totalement différent. Moi j’ai aimé ce premier match parce qu’il y a ce but marqué, mais j’ai aimé la façon de faire, dès ce premier match, quand j’ai vu ce pénalty à la 95ème dans un match compliqué contre le Zimbabwe, et Sadio Mané qui dit « donnez-moi, je vais tirer ce pénalty » alors qu’il en avait ratés deux en 2019… Je pense qu’à l’époque ça l’avait marqué psychologiquement et sportivement. Et là, de le voir dire « donnez-moi le ballon, j’y vais, c’est moi le leader », je me suis dit « ouais, là il assume son statut. Il est en train de dire à toute l’équipe, à tout le pays, je suis le patron, j’assume mes responsabilités. Oui j’ai raté deux penalties sur mes dernières tentatives. Maintenant je vais y aller et je vais nous donner cette victoire ». Ce pénalty, s’il le rate, le Sénégal ne se qualifie peut-être pas pour les huitièmes.
Mais on a la même scénographie, le même scénario complètement fou durant la finale. C’est ça qui me fait un peu dégoupiller. Parce qu’évidemment que j’adore Sadio Mané. Donc, c’est de se dire, dans l’histoire, dans le match, il rate ce pénalty au début de la finale et ensuite, ça va être le cinquième tireur alors qu’il reste sur cet échec face à Gabasky. Et là, je le vois, il part, il fait quelques pas pour se diriger vers le ballon. Il fait demi-tour, revient, il regarde tous les joueurs et il leur dit « je vais le mettre ». Il revient en fait et regarde tous les joueurs, il fait quelques pas, se retourne et regarde tous les Lions et dit « j’y vais et on est champions d’Afrique », et il repart. C’est là qu’au niveau de l’émotion je dégoupille un petit peu parce que j’en avais tellement envie, parce que l’Egypte m’avait tellement déçu dans ce qu’elle proposait, dans cette négation de football…
Les gens ont mal interprété quand j’ai dit dans des matches que les Egyptiens voulaient pourrir les matches. Ce n’était pas une critique. Vous m’avez vu, j’étais embarqué par l’émotion. Je pense que tout le monde derrière son écran avait envie que ce soit le Sénégal qui arrive à gagner.
«J’ai dégoupillé», je reprends vos propos. Et cela a été une traînée de poudre explosive et joyeuse sur internet. Que vous inspire les reprises et détournements dans les réseaux sociaux de vos commentaires durant les tirs au but de la finale ?
Après j’ai vu le retour. J’essaie toujours d’être très très appliqué, dans mon commentaire, à faire la part des choses. Je sais qu’en Afrique les gens ne comprennent pas que je ne suis pas supporter, je suis commentateur. Donc, je suis là pour livrer l’information, pour décrire le jeu, essayer de l’analyser. J’aime beaucoup mettre du sens sur les choses. Donc, moi j’essaie toujours de garder cette neutralité, cette lucidité. Mais là, c’est vrai que, embarqué par l’événement, embarqué par cette finale, par ce parcours, puis j’avais été tellement déçu pour eux, parce que j’avais vu Sadio, j’avais vu Kalidou Koulibaly, on s’était croisés. J’en ai eu plusieurs au téléphone. J’étais tellement déçu après 2019 pour cette équipe du Sénégal qu’avec l’estime et le respect que j’ai pour Aliou Cissé, c’est vrai j’avais un peu envie que le Sénégal soulève ce trophée, parce que c’est une hérésie de se dire que le football sénégalais, avec tous les joueurs qu’il y a eu, mi j’en ai connus quand j’étais jeune footballeur, il y avait des garçons qui étaient merveilleux, des Jules Bocandé, ça parle vraiment aux anciens, Bouba Sarr (Locotte, Ndlr), il y avait des joueurs merveilleux. Et de se dire qu’ils avaient un palmarès vide, qu’ils n’avaient jamais rien gagné, je me suis dit que c’était une erreur, une injustice du football.
Cette injustice-là, je l’ai sentie au moment de la séance des tirs au but. Il se passe plein de choses, je sens une ambiance autour d’eux. Je vois des choses, je vois le banc, je vois cette image de Sadio qui revient, à un moment je me dis « ouais ils vont le faire ». Et je le pousse, et c’est un moment où je m’emporte sur les émotions, c’est quand je réclame à Edouard Mendy, qui est un gardien admirable, parce que je n’ai eu de cesse de le dire durant toute la CAN, c’est le meilleur gardien du monde, point. Sur la saison dernière, il n’y a pas photo. Il y a eu des débats, des gens m’ont critiqué sur les réseaux sociaux, il n’y a pas de souci je le dis : c’est le meilleur gardien du monde. D’ailleurs il a eu le prix The Best. Donc, je n’étais pas le seul a priori à le penser. Donc à un moment, je lui demande d’aller chercher le pénalty. Il fait l’arrêt, et je sens que tout se réunit et que ça monte, ça monte, ça monte, et même moi je commence à monter en température, je n’ai plus de voix sur la fin mais je me dis que je suis en train de vivre un moment historique, je suis en train de vivre un moment très rare dans une carrière de commentateur, j’ai vingt ans de commentaire, et je me dis que je suis en train de vivre un instant qui est pas croyable et voilà. Je dois être à la hauteur de l’histoire.
« L’étoile sur le maillot », « Habib Beye qui prie », entre autres sont devenus phrases cultes. Cela vous touche ?
Bien sûr que c’est touchant, bien sûr que c’est valorisant parce que ce ne sont que des marques de bienveillance. Moi j’essaie toujours dans mon métier, Dieu sait que c’est un milieu qui n’est pas toujours très facile, le milieu du football, c’est parfois cruel. Moi j’ai toujours essayé de mettre de la bienveillance. C’est-à-dire que personne ne m’entendra jamais critiquer sévèrement ou violemment un joueur. Je n’ai pas été jusqu’au niveau professionnel, donc je ne m’estime pas mériter le droit de critiquer un pro. Je ne suis pas dans l’agressivité, je ne suis pas dans les insultes, on sait que les réseaux sociaux, c’est un milieu qui est très très dur. Mais après ce que j’en ai reçu venant du Sénégal, ce ne sont que des marques d’affection, des marques d’amour, forcément c’est très touchant, parce que voilà, c’est valorisant, parce que ça me correspond et que bien sûr je suis heureux dès que je reçois ces marques-là, et heureux de voir que l’essence de notre métier c’est de donner des émotions. Des gens l’ont oublié mais c’est l’essence même du football.
On regarde du football pour vibrer, pour ressentir des choses, pour être en colère, pour être triste, pour être joyeux, pour sauter de joie. Le football c’est des émotions, et notre métier c’est justement au cœur de l’émotion, c’est-à-dire que nous, on est privilégiés, on est dans le stade, on ressent des choses, on reçoit des vibrations du public, on sent cette émotion-là et on essaie de la retranscrire aux gens qui sont dans leurs canapés. Ce que j’essaie de me dire, c’est qu’il faut que le gars qui est dans son canapé partage une partie du bonheur que j’ai à être là, à voir ce match et à vibrer. Donc j’essaie de faire vibrer les gens et donc de voir que ça a fonctionné notamment au Sénégal, c’est plus que touchant parce que, vraiment pour le coup j’ai 50 ans, c’est effectivement l’essence que j’essaie de mettre, le sens que j’essaie de mettre à ma profession.
LES CIMENTIERS SUR LE GRILL
Les principaux intrants entrant dans la fabrication du ciment connaissent des hausses fulgurantes. Les acteurs tiennent le coup pour l’instant. Mais jusqu’à quand ?
Les principaux intrants entrant dans la fabrication du ciment, tels que le charbon, le clinker et le fioul, ainsi que le coût du fret connaissent des hausses fulgurantes qui donnent le tournis aux cimenteries, lesquelles, comme Dangote, tiennent le coup pour l’instant. Mais, jusqu’à quand ? En tout cas, l’idée d’une hausse du ciment est dans l’air pour donner…de l’air à ce secteur.
C’est peu de dire que l’économie mondiale est en péril. On n’a pas fini de panser les plaies ouvertes par la pandémie de la Covid-19, et voilà le conflit entre la Russie et l’Ukraine qui en rajoute une gangrène. Du coup, les échanges commerciaux subissent, aujourd’hui, une déstructuration qui n’épargne aucun secteur. Les denrées de première consommation dont le riz, l’huile et le sucre ont déjà flambé, grevant sérieusement le pouvoir d’achat des consommateurs. Cette fois-ci, c’est le ciment qui risque de suivre la même tendance haussière. L’alerte est de Luke Haeltermann, Directeur général de Dangote Cement Senegal Sa. Cet homme débonnaire, de nature optimiste, se veut, cette fois-ci, réaliste : « L’industrie du ciment risque de subir les contrecoups du dérèglement de l’économie mondiale ». Il en veut pour preuve l’augmentation du prix du charbon utilisé pour l’alimentation de la centrale électrique de son usine. « Le prix du charbon a bondi de 140 % depuis décembre 2021, alors que cet intrant constitue la moitié de nos charges variables. Sans compter le coût du fret qui a aussi augmenté. Au même moment, le prix du ciment reste inchangé sur le marché. Nous vivons des moments difficiles », soupire-t-il.
Le patron de la plus jeune des trois cimenteries du Sénégal a fait cette confidence, jeudi, à l’issue d’une visite guidée de la presse dans les installations de l’usine qui fête les sept ans du démarrage de ses activités au Sénégal. Une partie du charbon utilisé par la cimenterie Dangote Sénégal venait de la Russie, mais avec la guerre, elle est obligée de se rabattre essentiellement sur le Mozambique et l’Afrique du Sud, selon Mohamed Bachir Lô, le Directeur des Opérations ; ce qui implique des surcoûts et des tensions inhérentes à tout marché en manque. Même le prix du papier pour le conditionnement du ciment a augmenté. Il est à 300 ou 350 FCfa, selon Alex Simaga, Directeur commercial de Dangote. « Le sac de ciment 32,5 coûte entre 3250 et 3300 FCfa alors que le papier nous revient à 300 FCfa ; ce qui veut dire que rien qu’avec le papier, nous sommes presque à 10 % de la valeur du sac de ciment vendu sur le marché », explique-t-il.
Les autres cimenteries qui utilisent d’autres sources d’énergie comme le fioul pour faire fonctionner leurs installations subissent les mêmes effets avec le renchérissement des prix du pétrole sur le marché mondial.
Cette situation a pour conséquence de remettre aux calendes grecques les nouveaux investissements de Dangote, et donc, de réduire les possibilités de création de nouveaux emplois, selon Luke Haeltermann. Seule bouffée d’oxygène pour cette filiale du Groupe Dangote, elle fabrique elle-même, sur place, le clinker, principal produit à la base du ciment. « Nous le produisons ici et notre production nous suffit », précise Alex Simaga. Mais, ceci est loin d’être le cas des deux autres cimentiers qui, eux, sont obligés de faire venir des bateaux, car ils n’en produisent pas assez sur place. Or le prix du clinker, informe le Directeur commercial de Dangote Cement Senegal, a plus que doublé ces derniers temps.
Jusqu’à quand les cimenteries pourront-elles résister à cette pression ? Devrait-on s’attendre à une hausse du prix du ciment ? « Il faut prier qu’on dépasse la conjoncture actuelle », lance Luke Haeltermann, quelque peu fataliste. Sans plus. L’on se rappelle qu’il y a trois ans, les trois cimentiers de la place (Sococim, Ciments du Sahel et Dangote Cement Senegal), avaient voulu augmenter, de manière unilatérale, le prix du sac de ciment avant que le Ministère du Commerce ne s’y oppose alors que l’économie mondiale se portait, à l’époque, beaucoup mieux qu’elle ne l’est aujourd’hui. Pourtant si le prix du sac de 50 kg de ciment reste bloqué à 3250 ou 3300 FCfa, ce n’est pas faute d’avoir essayé de convaincre l’État de le déplafonner par les cimentiers. « Nous ne cessons de faire le plaidoyer auprès des autorités. Nous comprenons la pression que l’État subit vis-à-vis de la population, avec un prix historique qui n’a jamais dépassé un certain palier. Mais derrière, il y a la viabilité du secteur de la cimenterie qui est en jeu. Vu la pression de la demande, des projets d’investissement sont nécessaires, mais nous ne la satisfaisons pas tout le temps. Si nous voulons arriver à financer cela, il faut que nous soyons capables, derrière, de générer de la valeur ; ce que nous avons du mal à faire actuellement », insiste Alex Simaga.
AHMED AÏDARA, LE JOURNALISTE QUI VOULAIT ÊTRE MAIRE
Aux élections locales du 23 janvier, l’animateur-vedette de Zik FM a battu Aliou Sall, frère cadet de Macky Sall et maire sortant de Guédiawaye. Comment s'y est-il pris ?
Aux élections locales du 23 janvier, l’animateur-vedette de Zik FM, qui portait les couleurs de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi, a battu Aliou Sall, frère cadet de Macky Sall et maire sortant de Guédiawaye, l’une des principales communes de la banlieue de Dakar.
« Moi, je suis journaliste, et mon ambition est de devenir maire de Guédiawaye. » Ces mots, Ahmed Aïdara les adresse à son professeur en stratégie d’entreprise. Nous sommes à la fin de 2019, à l’Institut africain de management (IAM). Cette université privée, fondée en 1996 par Moustapha Mamba Guirassy, ancien ministre de la Communication et député de l’opposition, a la cote à Dakar. Ahmed Aïdara y prend des cours du soir et rêve de décrocher un master en management.
À l’époque déjà, il n’est pas un étudiant comme les autres. Déjà au faîte de sa renommée, il présente tous les matins une revue de presse en wolof et anime l’émission à succès de faits divers Teuss ! sur Zik FM, une radio du groupe D-Média créé par Bougane Guèye Dany, président de la coalition de l’opposition Gueum Sa Bopp.
Abdoul Aziz Thioune, son professeur, s’en souvient encore. « C’était l’un de mes premiers cours de l’année avec les étudiants en première année de master. Essentiellement des professionnels désireux de se perfectionner. Je leur avais demandé quelles étaient leurs attentes et leurs ambitions. Sa réponse m’avait beaucoup marqué. »
Deux ans plus tard, voilà Ahmed Aïdara à la tête de la mairie de Guédiawaye, l’une des plus grandes communes de la banlieue de Dakar. Une belle prise pour l’opposition : depuis 2014, cette ville de 330 000 habitants était dirigée par Aliou Sall, le frère cadet du président Macky Sall. Mais, à l’issue des élections locales du 23 janvier dernier, le maire sortant, qui portait les couleurs de Benno Bokk Yakaar (BBY, la coalition au pouvoir), a été défait par l’animateur-vedette, investi, lui, par Yewwi Askan Wi.
La prouesse n’étonne pas Néné Aïcha, l’autre vedette du groupe D-média, qui présente le Journal télévisé de 20h sur SenTV. « Ahmed Aïdara s’est beaucoup impliqué auprès des habitants de Guédiawaye. On savait que ce serait difficile pour lui. Mais j’étais sûre qu’il allait gagner. »
En novembre dernier, Macky Sall avait annoncé le rétablissement du poste de Premier ministre mais depuis, la nomination se fait toujours attendre. Pourquoi est-ce si long ?
En novembre dernier, Macky Sall avait annoncé le rétablissement du poste de Premier ministre mais depuis, la nomination se fait toujours attendre.
Pourquoi est-ce si long ? Est-ce que finalement le président n’attendrait pas les législatives de juillet prochain ?
DÉCÈS D'EL HADJI NDATTÉ DIOP
Le journaliste de la Radio futurs médias et président de l’Association de la presse culturelle du Sénégal est mort dimanche des suites d'une maladie
Le journaliste de la Radio futurs médias (RFM), El Hadji Ndatté Diop, est décédé, dimanche, des suites de maladie, a appris l’APS.
El Hadji Ndatté Diop était le président de l’Association de la presse culturelle du Sénégal.
par Latyr Diouf
ENTRE SIDÉRATION ÉPHÉMÈRE ET EUPHORIE PASSAGÈRE, UNE NATION EN QUÊTE DE SÉRÉNITÉ
Si les innombrables réalisations du régime de Macky Sall n’ont pas encore réussi à dérider le peuple sénégalais, c’est qu’il faut envisager d’autres émulations. Il faudrait, d’abord, soigner les âmes. Pour une révision de notre patrimoine moral
« Tous, ensemble, taisons nos rancœurs et évitons la logique de l’affrontement qui mène au pire ». C’était le 8 mars 2021. Macky Sall, président de la République du Sénégal, lançait, dans un véritable discours sur l’état de la nation, un appel concis et incarné à préserver notre commun vouloir de vie commune cher à L. S Senghor.
Le Sénégal et notre doux chauvinisme étaient, alors sévèrement, bousculés, par une insurrection d’une rare intensité, qui éprouva notre célèbre unité nationale. Quel Sénégalais n’avait pas été pétrifié d’inquiétude, de déception, puis de tristesse, devant le décès de quatorze jeunes compatriotes ? Qui n’avait pas ressenti un certain malaise devant les scènes inhabituelles de violence, que le Sénégal, réputé havre de paix, de stabilité et de dialogue dans une Afrique subsaharienne fragile, offraient au monde ? Des observations savantes et abondantes avaient risqué une généalogie de quelques soubresauts nationaux parmi les plus marquants (1962, 1988, 1989, 1993, 1994, 2011, et 2021), sans épuiser les impensés de telles crises.
Pour confirmer la profondeur des malentendus et des frustrations qui couvaient, un manifeste d’universitaires, crème présumée de notre société, fut publié dès février 2021. Avec 102 signatures, ce texte ressemblait plus à une déclaration d’une manif d’étudiants. Il pouvait se lire comme une dissertation scolaire en trois parties, avec quelques digressions, sur un État de droit en faillite alléguée au Sénégal. On escompte tellement plus de rigueur d’un collectif d’intellectuels et d’enseignants que le dénigrement simpliste et militants des institutions ! Or, presque plus rien ne les distingue des autres corps présumés prédateurs de l’État toujours soucieux de privilèges exempts de contrepartie.
L’attention pouvait, également, se fixer sur une autre publication de Jeune Afrique. Il s’agissait d’une tribune signée par un collectif moins pléthorique et plus jeune « d’intellectuels, entrepreneurs ou responsables associatifs », plus loin, écrivains, universitaires, journalistes sénégalais (selon l’accroche de l’article). Ils étaient vingt et n’avaient pas dérogé au triptyque consacré de l’opportunisme intellectualisant : une petite intro, un commentaire, subjectif et orienté, intitulé « désarroi et défiance », et des lapalissades, pompeusement, titrées « cinq initiatives audacieuses ». Décidément, cette tiédeur était exaspérante ! Mais, vous aurez mauvaise grâce à sourire, car vous connaissez tous, sûrement, assez de faces de guimauves à lunettes, qui ont réussi à séduire et à intégrer de hautes sphères institutionnelles avec une souplesse absolument fascinante. Un observateur plus sage traiterait ceux-là avec prudence, car, dans la pérennité très probable du système houspillé, se dessine leur insertion ultime et ses pleins pouvoirs. La liste de leurs modèles depuis l’alternance de 2000, trop longue, porte la caution imparable de la volonté divine. Mais, heureux espoir newtonien, il y a aussi, dans le même groupe et dans nos élites réelles, des profils déterminés à vaincre cet habitus.
Faisons l’impasse sur la kyrielle de commentaires, de déclarations individuelles, de prises de positions, de sorties médiatiques, de leçons virtuelles, toujours à destination d’audiences de moins en moins attentives. Heureusement ! Pourquoi hâter un anéantissement mutuel, une disqualification éthique réciproque, qui se passerait d’adjuvants ? Un auteur britannique, Will Self, dans un entretien sur France Inter, disait ceci : « Internet est une cacophonie de voix prétendument subversives, qui s’annulent toutes les unes les autres pour devenir un zéro absolu ». Inutile, donc, de s’éterniser sur des postures, qui avaient pu vous donner l’impression d’être coupable d’homicide involontaire du seul fait de votre distance sur les événements.
Abstraction faite du glauque fait divers qui avait mis le feu aux poudres, la situation pouvait se lire, sans vouloir écarter d’autres complexités ; comme l’expression locale d’un désarroi mondial. C’est ainsi que je l’avais formulée lors de mon passage sur TV5 monde. La paupérisation endémique accentuée par la Covid-19, qui ne générait, en ce moment-là, que deuils, inquiétudes et incertitudes, touchait tous les peuples du monde, et le Sénégal n’est pas l’île bénie de concorde singulière de nos fantasmes. Nos défis sont encore nombreux dans les secteurs les plus essentiels (alimentation, habitat, santé, éducation, emploi, culture, mobilité etc.). On pouvait, au moins, reconnaitre cette évidence, sans céder à une surévaluation ou une négation totale des avancées accomplies.
Mais, le sommet de cette conjecture est la crainte d’atteindre l’émergence escomptée sans garantie certaine d’une ataraxie nationale. Et si l’exécution effective du Plan Sénégal Émergent n’arrivait pas à bout de nos multiples prostrations sociétales et autorisait des perspectives dystopiques ? Si les 1000 milliards de la riposte Covid, le TER, le stade Abdoulaye Wade, l’arène nationale, Dakar Arena, le BRT, le pont de Foundiougne, le port de Ndayane, les routes et les autoroutes, le pétrole et le gaz imminents, et les innombrables et spectaculaires autres réalisations du régime de Macky Sall n’ont pas encore réussi à dérider le peuple sénégalais, c’est qu’il faut, probablement, envisager d’autres émulations. Les événements de mars dernier ne sont pas à circonscrire, à mon avis, à un feu accidentel de paille, ce qui ne ferait qu’élargir l’espace, déjà vaste et ancien, de nombreux et diffus ressentiments.
Les euphories consécutives à la victoire finale des Lions à la CAN, les fiertés affichées à l’inauguration du TER et du stade Wade prouvent que nos aptitudes à l’émerveillement sont intactes. Viser le plus grand bonheur du plus grand nombre par un enchantement durable devrait être l’ambition la plus élevée d’une nation. Pour cela, il faudrait, d’abord, soigner les âmes, même si, l’énoncé, aux relents ésotériques, peut paraître, intellectuellement, audacieux et douteux. Mais, le sentiment d’injustice, accentué par les fake news et de leurs démultiplications par internet, les simplifications manichéennes, les injonctions partisanes des tribunes, les parades sans gêne des parvenus, les recherches de boucs émissaires et les narrations idéologiques, commande une révision des entendements et de notre patrimoine moral. Pour cela, il peut se tenter, d’une part, une généalogie sans fard des propriétés et des prospérités individuelles subites, un blâme de l’usurpation d’autorité et du trafic d’influence, un rejet de l’achat de conscience, de l’intimidation et de l’abus de pouvoir. D’autre part, peut-être, restaurer la culture de l’effort minutieux, qui semble avoir cédé le pas à de grossières pantomimes et de mises en scène égocentrées sur des mérites sans sueur. Toutefois, l’éducation, la science et la culture, souvent injustement déconsidérées en relique coloniale dont il faut chérir les atours prestigieux sans grand intérêt pour la substantifique moelle, demeurent des leviers toujours prometteurs. Leur promotion peut s’entendre comme une condition du dialogue que la nation sénégalaise devrait engager avec elle-même, loin des remaniements cosmétiques.
Latyr Diouf est membre de la Convergence des cadres républicains (CCR) en France.
PAPA AMADOU SARR, UN AS DE LA LEVÉE DE FONDS
Plus de six ans après son débarquement à Dakar, en 2015, l’ancien employé de Bill Gates a semblé ignorer, qu’au Sénégal, la provocation est interdite sur certains sujets, notamment la religion
Débauché de la fondation Bill et Melinda Gates en 2015 pour être affecté au ministère de l’Economie et des Finances dirigé à l’époque par Amadou Ba, Papa Amadou Sarr, diplômé de Sciences po Paris, a toujours suscité jalousie et rancœur dans l’appareil d’Etat. As de levée de fonds, réputé être une bête de travail, il a toujours su compter sur un soutien infaillible du président de la République, mais, a commis la faute de trop !
‘’Je défie quiconque, demain, si je quitte la DER, la personne, homme ou femme, qui prendra ma place ne pourra faire mieux que ce que j’ai fait.’’ Ainsi parlait Papa Amadou Sarr, il y a environ un an à l’émission Jury du dimanche, face à Mamoudou Ibra Kane. C’était déjà révélateur de la personnalité du ‘’yankee’’, débauché de la Fondation Bill et Melinda Gates, où il a occupé le poste de responsable pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, pendant trois ans. A Dakar, le président de la République Macky Sall le confie à Amadou Ba, alors ministre de l’Economie et des Finances, en lui collant cette mission bien précise : ‘’Je veux que vous me tropicalisiez ce jeune, que vous le formiez à l’Administration’’, informait-il avec fierté.
La leçon n’est peut-être pas sue. Plus de six ans après son débarquement à Dakar, en 2015, l’ancien employé de Bill Gates a semblé ignorer, qu’au Sénégal, la provocation est interdite sur certains sujets, notamment la religion. Surtout en ces moments tendus où le président de la République a déjà sur son dos une bonne partie de la communauté musulmane, à cause de la polémique autour de la criminalisation de l’homosexualité rejetée par sa majorité mécanique à l’Assemblée nationale. En osant qualifier ‘’d’inepties’’ des prescriptions divines. Le ‘’yankee’’, connu pour son franc-parler, n’a certainement pas mesuré toutes les conséquences qui pourraient en découler. Lui dont la tête était réclamée, depuis des mois, y compris par des pontes même du régime actuel.
Malgré cette levée de boucliers, Papa Amadou a toujours bénéficié de la confiance du grand chef, le président de la République Macky Sall. Une confiance à la dimension de la surprise provoquée par son virement ‘’très brutal’’. Selon des confidences, personne ne voyait venir au niveau de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide. ‘’Franchement, on n’en revient pas. La journée du mercredi a été un jour comme tous les autres. Nous avons travaillé jusque-tard, comme on a l’habitude. Ce n’est qu’à la maison, en regardant mon téléphone, que j’ai appris la nouvelle. Vraisemblablement, c’est à cause de sa sortie du 8 mars’’.
‘’J’ai commis une erreur et je présente des excuses’’
Sur les ondes de la RFM, le désormais ex patron de la DER confirme ce que beaucoup pensaient déjà, non sans se justifier, en s’excusant. ‘’J’ai tenu des propos qui ont choqué des populations, notamment les religieux. Je présente mes excuses. En tant que musulman, je n’avais pas comme objectif d’attaquer la religion encore moins les guides religieux. J’ai commis une erreur et je présente des excuses’’, s’amende-t-il, non sans remercier le président de la République.
A la DER, l’ambiance n’était pas des plus vivantes hier. Tétanisés, les travailleurs ont quand même tenu à témoigner tout leur respect et admiration à leur désormais ex-boss. Ils regrettent surtout le départ d’une ‘’bête de travail’’ qui n’a jamais rechigné à la tâche. ‘’Tous les jours, il est au bureau à 8 heures, 9 heures au plus tard, quand il a un empêchement. Et il est le dernier à quitter, souvent vers 22 heures. Sauf quand il a un match de football à 20 heures. C’est un passionné de football. On peut aussi affirmer que c’est un manager qui a toujours mis en avant la compétence dans ses recrutements. Et il s’impose la même rigueur qu’il attend des autres, voire même plus’’, note-t-on avec regret.
Si les collaborateurs arrivent difficilement à contenir leur peine, d’autres ne se gêneront pas de savourer ce départ. En effet, dans l’appareil d’Etat et du parti au pouvoir, Papa Amadou a toujours fait l’objet de virulentes attaques. Le paroxysme de cette inimitié a été atteint à Diamniadio, lors d’une rencontre des maires. Comme s’ils s’étaient passé le mot, des jeunes de l’Alliance pour la République n’avaient pas hésité à le conspuer sévèrement. Ils lui reprochaient de les laisser en rade dans les financements. Derrière ces huées des jeunes, se cachent des adultes bien identifiés, était-il convaincu. ‘’Je suis entré dans la salle avec la conviction que je vais être hué. J’ai été averti : on m’avait dit : n’y allez pas, parce qu’on va vous huer. On a même payé des gens pour le faire. J’ai les preuves et même les montants. Des gens ont payé 1,5 million FCFA pour qu’on me hue’’, relevait-il intraitable dans Jury du dimanche.
Tête, longtemps, mise à prix par des pontes de la république
En effet, Papa Amadou comptait beaucoup de détracteurs. Outre Aliou Sall, ancien maire de Guédiawaye et frère du chef de l’Etat, qui n’a eu de cesse de faire des reproches à sa méthode. Il était également cité le directeur général de la RTS Racine Talla qui, à l’époque, confiait un des collaborateurs du Délégué général, couvrait rarement leurs activités. ‘’Récemment, dans une rencontre tenue dans le département de Rufisque, il a fait face, à l’ultime moment, à un boycott de la télévision nationale. Son staff de communication a dû remuer ciel et terre pour avoir une solution alternative avec les télés privées’’, rapportait un journaliste dans un article paru dans EnQuête en avril 2021, intitulé ‘’Papa Amadou Sarr, une tête mise à prix.’’
Diplômé en Gestion financière publique de John F. Kennedy School of Government, l’ancien délégué général est titulaire d’une maitrise en Affaires publiques de Sciences Po Paris et d’un DEA en Economie de l’Ecole des Hautes études en sciences sociales de Paris. Il a fait 5 ans à l’OCDE, avant de déposer ses baluchons à la Fondation Bill et Melinda Gates où il a fait 3 ans, avant d’être débauché par Macky Sall.
Au Sénégal, l’enfant de Tambacounda est affecté au ministère de l’Economie et des Finances comme conseiller technique principal durant trois ans. Par la suite, il a été promu directeur général des services financiers et de la compétitivité dans le même département ministériel, toujours auprès de celui qui sera présenté comme son mentor, Amadou Ba. Une proximité qui lui a souvent été collée par ses adversaires pour mieux le combattre. Lui assumait en ces termes : ‘’Je le dis clairement : si c’est un critère pour rester dans le gouvernement, je pense que je ne resterais pas. J’attache de l’importance à la loyauté, la sincérité et l’amitié. Depuis le jour où on me l’a présenté, on ne s’est pas quitté. Il m’a pris comme son fils. Il m’a toujours conseillé d’aider le Président Sall. Il ne pose jamais un acte contraire aux intérêts de la République. Si mon poste doit être mis sur la sellette, parce que je suis proche d’untel, je pense qu’il le sera’’.
Combattu de toutes parts, Papa Amadou a toujours su compter sur le soutien de son patron, Macky Sall. C’était sa force, mais aussi sa faiblesse. Tant son poste et sa position suscitaient de la jalousie. Abdoulaye Cissé disait : ‘’La DER traîne à la fois l'avantage, au moins pour son boss, et l’inconvénient d'être directement "connecté" au Président de la République. C'est un avantage pour ne pas souffrir de l'interventionnisme des N+1, N+2 (ministre, 1er ministre, Dircab de PR etc..), mais c’est un inconvénient en ce qu’elle suscite jalousie, frustration chez tous ces N+, ainsi que tous les autres acteurs (élus), familles (Faye-Sall), institutions, etc....’’
Et comme pour ne rien arranger, est venu se greffer à ce cocktail déjà Molotov, le tempérament bouillant et intraitable, à la limite téméraire, du manager, qui se veut plus technocrate que partisan. Arrogant, selon ses détracteurs. Il est jugé franc par ses sympathisants.
Hué par les jeunes à Diamniadio, menacé par des élus du régime, rappelé à l’ordre publiquement par des plus proches collaborateurs du chef de l’Etat, il a toujours gardé le cap. Par exemple à Diamniadio, alors que beaucoup auraient perdu le nord, lui est allé affronter directement les jeunes mécontents qui lui reprochaient de ne pas leur donner des financements. Il leur dit : ‘’Avez-vous déposé des projets, avant de m’accuser de ne pas vous financer…’’. C’était une manière de montrer que les passe-droits n’existent pas. Il faut respecter les procédures comme tous les candidats.
Aux maires qui demandaient diplomatique leur part du gâteau, il disait : ‘’La Der n’a pas à divulguer les informations financières concernant les bénéficiaires à des élites, quels qu’ils soient et ça c’est un fait sur lequel nous n’allons pas transiger. Et si c’est pour dire que je dois passer par eux (les maires), pour accorder des financements dans leurs communes, ou c’est eux et elles qui doivent me donner la liste des bénéficiaires, ça, ils peuvent toujours chercher, je ne le ferai pas’’.
Avec un ‘’courage’’ qui titille parfois le suicide politique, le désormais ex ministre délégué n’hésitait jamais à monter au front pour apporter des clarifications. S’estimant redevable à la République qui lui a tout donné. ‘’On me reproche de ne pas être du parti et tout. Moi, je suis républicain ; je crois aux valeurs républicaines. C’est la République qui m’a éduqué, qui m’a donné une bourse, la chance de partir en France pour étudier… J’ai rejeté des dossiers de personnes se réclamant du parti au pouvoir. J’en ai reçu d’autres qui sont de Y en a marre, de Pastef ou du PDS. Parfois, cela m’a valu des remontrances, mais, je n’ai pas transigé. Nous, ce qui nous intéresse, c’est la République. Et c’est ce que nous recommande le président de la République. Le bon projet, les jeunes, les femmes. L’appartenance politique n’est pas un critère pour nous.’’
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le diplômé de la Harvard Kennedy School a hissé très haut la Direction à l’entrepreneuriat rapide et laisse un énorme challenge à son successeur. Déjà la structure est souvent donnée en exemple et inspire jusqu’au Congo et en Côte d’ivoire, en passant par la Mauritanie, le Togo, le Burkina Faso… La structure est devenue un passage obligatoire pour beaucoup de sommités de la finance internationale. Elle a récemment reçu, tour à tour, le patron de la Banque africaine de développement, la directrice générale du Fonds monétaire international…
Suffisant pour pousser le président Emmanuel Macron à féliciter son boss, en marge du dernier sommet UE-Afrique. ‘’On a besoin de structures comme la DER/FJ’’, se félicitait-il en recommandant le recours aux financements privés, en sus de ceux du public.
MALNUTRITION ET COVID, UN COCKTAIL EXPLOSIF
La malnutrition a augmenté la faim en Afrique. Le constat est d’un rapport du Programme alimentaire mondial (Pam) et du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (Unhabitat).
La malnutrition a augmenté la faim en Afrique. Le constat est d’un rapport du Programme alimentaire mondial (Pam) et du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (Unhabitat).
« La situation socio-économique des populations urbaines démunies d’Afrique subsaharienne s’est détériorée à la suite de la pandémie de COVID-19, avec des millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et à la malnutrition », selon un nouveau rapport publié par le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (UNHABITAT) et le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
L’analyse de ce rapport révèle selon un communiqué reçu du Pam « que les personnes démunies vivant en milieu urbain dépendent souvent de l’économie informelle, vivent dans des quartiers surpeuplés et ont un accès limité aux services sociaux de base, notamment l’eau, l’assainissement et la santé, ainsi qu’aux filets de sécurité sociale formels ».
En outre, signale le document, « les moyens de subsistance urbains en Afrique subsaharienne sont moins diversifiés, irréguliers, instables et essentiellement informels et dépendent davantage des marchés et de l’économie monétaire ».
Le document révèle aussi que « dans ce contexte, la perte de revenus, combinée à la flambée des prix due aux mesures d’endiguement de la Covid-19, et la fermeture des marchés informels sur lesquels les pauvres des villes comptent pour la majeure partie de leurs approvisionnements alimentaires, ont tous entamé leur capacité à accéder à des aliments nutritifs ».
Le Programme alimentaire mondial signale aussi que « si la pandémie a touché tous les segments de la société, les populations urbaines défavorisées vivant dans des bidonvilles et des établissements informels, qui représentent plus de 60 % de la population totale d’Afrique subsaharienne, ont été particulièrement touchés, avec plus de 90 % des cas de Covid-19 enregistrés dans les villes. Environ 68,1 millions de femmes, d’hommes et d’enfants des zones urbaines d’Afrique subsaharienne étaient à risque d’insécurité alimentaire aiguë en 2020. Ce chiffre comprend 22 millions de personnes en Afrique centrale, 16 millions en Afrique de l’Ouest, 15,7 millions en Afrique de l’Est et 14,4 millions en Afrique australe, soit 15 % de l’ensemble des populations urbaines de la région ».
Le rapport, qui fournit la toute première analyse de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë en milieu urbain dans 49 pays d’Afrique subsaharienne, appelle les gouvernements à donner la priorité aux systèmes de protection sociale et à les renforcer, ainsi qu’à améliorer les services sociaux de base destinés aux populations urbaines, en particulier celles qui vivent dans des bidonvilles et des établissements informels.