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23 août 2025
LES DIFFICULTÉS MISES EN EXERGUE
Promotion du tourisme au Sénégal, Pour soutenir le secteur garantir sa relance, le journaliste-consultant en tourisme, El Hadj Ndary Guèye propose de larges concertations ouvertes à tous les acteurs
Le secteur du tourisme a été durement frappé par la crise sanitaire. Aujourd’hui, face à la baisse des nouvelles contaminations, l’activité est en train de reprendre et le gouvernement du Sénégal a mis en œuvre un plan de relance du secteur. Selon le journaliste-consultant en tourisme, El Hadj Ndary Guèye, il faut de larges concertations ouvertes à tous les acteurs du tourisme mais aussi miser sur le tourisme local en sensibilisant les populations.
La crise sanitaire a marqué un coup d’arrêt sans précédent du tourisme. L’arrêt du transport aérien, la fermeture des frontières et le confinement ont touché de plein fouet le secteur. Mais pour certains acteurs, la pandémie de covid-19 n’a fait qu’empirer les difficultés du secteur qui était déjà en crise au Sénégal. «Il y avait des stratégies à développer bien avant la covid-19 pour booster la destination Sénégal qui souffre de beaucoup de maux». «On n’a pas un package attractif. On a toujours les mêmes produits qui sont toujours de mise et qu’il faudrait à mon avis rénovés. Je pense par exemple au festival de jazz de Saint-Louis qui était un plateau riche à ses débuts et qu’on a laissé tomber en déliquescence. Nous n’avons pas de calendrier d’évènements. On aurait, à l’instar de plusieurs pays, organisé le carnaval de Dakar ou de Saint-Louis ou imaginé ce qui peut attirer les touristes », a expliqué le journaliste-consultant en tourisme, El Hadj Ndary Guèye.
Pour soutenir le secteur garantir sa relance, il propose de larges concertations ouvertes à tous les acteurs. «Ces concertations doivent être élargies au niveau de tous les professionnels. On doit recueillir leur avis. Ceux qui investissent dans le secteur, ont droit à la parole. La promotion du secteur ne peut pas uniquement être l’apanage d’une agence. La promotion doit être une affaire consensuelle et non un bureau», soutient El Hadj Ndary Guèye.
En effet, face aux méfaits de la covid-19, l’Etat avait mis en place une stratégie pour promouvoir la destination Sénégal. Toutefois, le journaliste-consultant pense qu’il y a des préalables pour atteindre les objectifs. «Avant de faire la promotion de certaines activités ou de certains produits, retournons à la base et éduquons nos populations sur l’importance du tourisme et ses enjeux. Il faut inculquer dans le tissu social une culture touristique hôtelière. Vous ne pouvez pas demander à ce que les gens viennent sans pour autant expliquer aux gens l’importance du tourisme dans l’économie nationale», a déclaré El Hadj Ndary Guèye. Sur ce, il plaide la sensibilisation des populations sur l’importance du tourisme. « Il faut leur faire comprendre que le tourisme est un pan important dans l’économie nationale et que chacun peut y jouer son compte mais à condition d’être accueillant vis-à-vis des gens qui viennent visiter. Ensuite, il faut définir des produits, des stratégies. C’est en ce moment que la stratégie du gouvernement pourrait avoir un effet», soutient le journaliste-consultant en tourisme. Selon lui, il faut aussi valoriser le patrimoine local. C'est-à-dire faire connaitre les richesses culturelles, naturelles, religieuses des régions. Pour ainsi booster le tourisme local, il invite les structures hôtelières à baisser les prix pour attirer des clients.
LA MAJORITÉ RÉTROPÉDALE À PROPOS DU PROJET D'AUGMENTATION DU NOMBRE DE DÉPUTÉS
La hausse programmée des députés par le pouvoir en place, de 165 à 172, ne s’appliquera pas à la prochaine législature
La hausse programmée des députés par le pouvoir en place, de 165 à 172, ne s’appliquera pas à la prochaine législature. Et pour cause, convoqués en séance plénière hier, vendredi 15 avril, les parlementaires ont finalement adopté une version édulcorée du projet de loi N°04/2022 modifiant la loi n°2021- 35 du 23 juillet 2021 portant sur le Code électoral. Du coup, le statu quo reste en l’état pour le nombre des députés qui est maintenu à 165, mais réduit à 53 sur la liste nationale.
L ’Assemblée nationale du Sénégal a vécu hier, vendredi 15 avril 2022, l’une de ses rares plénières où un projet de loi porté par la majorité parlementaire n’a pas été adopté, dans son objectif principal. Comme pour le cas du ticket présidentiel et/ou du quart bloquant de 2011, le projet de loi modifiant le Code électoral pour l'augmentation du nombre de députés n'est pas passé comme l'on pouvait le penser. En effet, après de vives polémiques sur la question de l'augmentation du nombre de députés, la majorité a proposé ses amendements pour maintenir le nombre de députés à 165, afin de se démarquer des accusations des députés de l'opposition.
Pourtant, selon le député Seydou Diouf, Président de la Commission des finances et du contrôle budgétaire de l’Assemblée Nationale, l’augmentation du nombre de députés de 165 à 172 se destinait exclusivement à pourvoir en sièges le nouveau département de Keur Massar et à corriger les disparités territoriales dans la représentation nationale, nées d'une forte augmentation de la population dans certaines localités. Elle n’a pas cependant emporté l'adhésion d'une partie de la classe politique qui souhaitait, selon lui, remettre en cause le consensus issu des concertations initiées par le ministère de l'Intérieur sur le sujet.
Suite à de vives récriminations de la part des députés de l’opposition, il fera aussi savoir qu’ «afin d'éviter toute polémique sur la question, les présents amendements proposent de maintenir le nombre de députés à 165 et de diminuer le nombre de députés élus sur la liste nationale pour, à la fois, maintenir les 165 députés et répondre à l'obligation de pourvoir le département de Keur Massar en siège, d'octroyer un siège supplémentaire à ceux ayant atteint 170.000 habitants et corriger les disparités territoriales sus évoquées».
Et de présenter dans la foulée les ajustements apportés par la majorité parlementaire : « Amendement n°1 à l'article L. 148, au lieu du nombre de députés à l'Assemblée nationale est fixé à 172, le nombre de députés à l'Assemblée nationale est fixé à 165». S’agissant de l’amendement n°2 à l'article L.150 alinéa premier, il a par ailleurs indiqué qu’au lieu de « Les députés à l'Assemblée nationale sont élus à raison de 112 députés dont 97 pour l'intérieur du pays et 15 pour l'extérieur au scrutin majoritaire à un tour dans le ressort du département et 60 députés au scrutin proportionnel sur la liste nationale », le nouveau texte notera que « Les députés à l'Assemblée nationale sont élus à raison de 112 députés dont 97 pour l'intérieur du pays et 15 pour l'extérieur au scrutin majoritaire à un tour dans le ressort du département et 53 députés au scrutin proportionnel sur la liste nationale». Du coup, sur la dictée de la majorité mécanique, l’amendement n°1 a été voté avec 75 voix pour, 12 contre et 0 abstention. L’amendement n°2, quant à lui, a été adopté avec 97 pour dont 20 par procuration, 12 contre et 0 abstention. Après près de huit tours d’horloge, la treizième législature conservait son effectif de 165 membres quoique rééchelonnés entre liste proportionnelle et liste majoritaire.
ECHO…
Suspension à deux reprises des discussions
Les débats ont été suspendus deux fois successivement à l’Assemblée nationale hier, vendredi. Les raisons sont simples, la majorité parlementaire avait proposé ses amendements pour la réduction du nombre de députés de la liste proportionnelle nationale. Dans ce document qui était proposé aux députés, la majorité parlementaire imposait la diminution du nombre de députés élus sur la liste nationale et maintenait le statu quo pour les 165 parlementaires. Ce qui a fait l’objet de vives polémiques de part et d’autre, poussant ainsi le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse à suspendre à deux reprises le débat pour des concertations entre les différents groupes parlementaires.
REACTIONS…
AYMEROU GNINGUE, PRESIDENT GROUPE MAJORITAIRE
« Nous prenons l'opinion nationale à témoin. Il n'y aura pas une augmentation du nombre de députés à l’Assemblée nationale. Les amendements que nous avons introduits vont mettre fin aux polémiques et à la manipulation. Car les sept sièges seront maintenant répartis dans le scrutin proportionnel sur la liste nationale », a tenu à souligner Aymérou Gningue.
AIDA MBODJ, DEPUTEE DE L’OPPOSITION
Face au ministre de l'intérieur, la parlementaire Aida Mbodj a dénoncé vigoureusement la non-implication des populations dans le projet de loi relatif à l'augmentation du nombre de députés pour la prochaine législature. Pour cette dernière, les populations doivent être impliquées du début à la fin du processus. C'est dans ce cadre qu'elle a dit rejeter le projet de loi modifiant le code électoral qui a été soumis à l'Assemblée nationale...
LES OFFICINES BAISSENT LES RIDEAUX LE 22 AVRIL PROCHAIN
Affaire de la Grande Pharmacie Dakaroise, les pharmacies seront fermées. Une décision prise lors de leur dernière Assemblée générale et dont le syndicat a fait part hier, vendredi 15 avril au cours d’un point de presse.
L’affaire de la Grande pharmacie Dakaroise continue de faire parler d’elle. Pour manifester leur désaccord face à la direction de la Grande pharmacie nationale de retirer le droit de transfert à la propriétaire de la pharmacie Dakaroise sur son ancien site déjà occupé par une autre officine, les pharmaciens membres du syndicat des pharmaciens privés du Sénégal ont décidé de baisser les rideaux le 22 avril prochain. A cet effet, de 08h à 15h, les pharmacies seront fermées. Une décision prise lors de leur dernière Assemblée générale et dont le syndicat a fait part hier, vendredi 15 avril au cours d’un point de presse.
Selon Ibrahima Élimane Kane, 2ème vice-président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal (Spps), «cette décision sera renouvelée autant de fois que nécessaire pour une durée de 24 heures et ceci jusqu’à satisfaction de leurs revendications». Et d’inviter tous les pharmaciens d’officine du Sénégal à être mobilisés, solidaires, et à respecter le mot d’ordre lancé pour le vendredi 22 avril, « afin de pousser l’État au respect des lois et règlements de la profession ». Si l’État ne fait rien pour rétablir Dr Aïcha Goundiam Mbodji, de la Grande Pharmacie dakaroise dans ses droits, les pharmaciens comptent poursuivre la lutte. « Seul le rétablissement de Dr Aïcha Goundiam Mbodji par l’autorité peut nous pousser à arrêter la grève », a-t-il averti.
Pour rappel, Dr Aïcha Goundiam Mbodji occupait le site appartenant à la Grande pharmacie Dakaroise depuis 1953. Mais en 2020, la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm) avait pris la décision jugée « illégale », selon les pharmaciens privés du Sénégal, d’instruire un dossier de transfert de la Pharmacie Nation sur le même site. Ce qui a suscité pas mal d’indignation.
«PÂQUES, UN MOMENT DE PRIÈRES, DE PÉNITENCE ET DE PARTAGE»
Abbé Homère Seck, rencontré à la Paroisse l’Enfant Jésus de Prague de Tivaouane Peulh, revient sur la genèse de Pâques
Demain, dimanche 17 avril 2022, sera célébrée la fête de Pâques. Après quarante jours de jeûne, de prières et d’intenses adorations, la communauté chrétienne du monde entier célèbre l’une des plus importantes fêtes du Christianisme, les Pâques, qui commémore la «résurrection du Christ». Cet évènement crucial et évocateur qui a lieu chaque année un dimanche est précédé du Triduum Pascal qui est le moment le plus symbolique de la Semaine Sainte allant du jeudi au samedi saint. Ainsi, de gaieté de cœur, tous les fidèles chrétiens se réunissent à l’église afin de raviver la joie de la résurrection du Christ.
L’importance et la sacralité que revêt la fête de Pâques, dans le calendrier chrétien, est immense. En effet, cela rappelle la «résurrection du Seigneur Jésus Christ» au surlendemain de la «Passion» c’est-à-dire le troisième jour suivant sa mort, comme attesté dans le Nouveau Testament. Au Sénégal et partout dans le monde, des foules immenses de fidèles rallient partout les églises pour prier et réitérer leur foi au Seigneur. Abbé Homère Seck, rencontré à la Paroisse l’Enfant Jésus de Prague de Tivaouane Peulh, revient sur la genèse de Pâques : «La fête de Pâques est l’une des plus grandes fêtes de l’Eglise qui commémore la mort et la résurrection de notre sauveur, Jésus Christ, qui a été envoyé par Dieu, le Père, pour sauver les hommes. Malheureusement, il n’a pas été écouté, il fut considéré comme un imposteur qui vient déranger les traditions et les coutumes. Il a été injustement accusé de s’opposer à l’empereur César, d’où sa condamnation injuste. Il fut crucifié le vendredi sur la croix et Dieu, le Dieu de la Vérité, l’a ressuscité le troisième jour. C’est ce que nous marquons à travers la fête de Pâques. Et, depuis hier (jeudi 14 avril 2022- ndlr), l’Eglise est dans ce que nous appelons le Triduum Pascal».
PÂQUES : SYMBOLE DE «LA VICTOIRE DE LA VIE SUR LA MORT», DE «LA VÉRITÉ SUR LE MENSONGE», ET DE «LA JUSTICE SUR L’INJUSTICE»
Explicitant le Triduum Pascal, Abbé Homère Seck dira : «C’est le jeudi, le vendredi et le samedi ; ces trois jours sont très importants dans la foi catholique. En effet, le jeudi saint correspond au jour où Jésus a institué l’eucharistie. Le vendredi saint, c’est le jour où il a été crucifié. La nuit du samedi au dimanche, Jésus est ressuscité d’entre les morts. Donc la fête de Pâques pourrait symboliser, aujourd’hui, pour tout chrétien, la victoire de la vie sur la mort. Car, comme Jésus l’a dit lui-même, ‘’celui qui croit en moi-même s’il meurt, il vivra’’». Abbé Homère Seck de relever aussi que Pâques, «C’est la victoire également de la vérité sur le mensonge. Comme on le dit bien, le mensonge porte des fleurs, mais il ne porte jamais de fruits, tandis que la vérité porte et des fleurs et des fruits. Pâques, c’est aussi la victoire de la justice sur l’injustice. Et Jésus a été victime d’une injustice ; mais la justice de Dieu a fini par triompher», renseigne le religieux.
«PAQUES, C’EST UNE OCCASION DE SE REMETTRE SUR LA BONNE VOIE ET S’ÉCARTER DE TOUTE TENTATION»
Ainsi, selon lui, cette fête regorge d’une grande sacralité en ce qu’elle témoigne de la souffrance enduré par leur seigneur, pour sauver sa communauté. De plus, il est attendu du chrétien, après le temps sacré du Carême, un dévouement plus intense, loin de tout péché et égarement. «Nous sommes au terme de notre temps de Carême, 40 jours de jeûne, de partage, de prière, de pénitence, d’adoration. Certes, il y en a de ceux qui se réjouissent de la fin du jeûne et qui prévoient de renouer avec leurs vieilles habitudes. Mais ce n’est pas l’idéale ; au contraire, Pâques doit nous pousser à continuer dans le chemin du bien, il doit nous redonner la force pour pouvoir avancer dans nos bonnes actions et de nous départir de toute emprise charnelle. Donc, c’est une occasion de se remettre sur la bonne voie et s’écarter de toute tentation. Nous devons poursuivre cet élan, ce dynamisme de prière car elle fait vivre notre âme, dans la charité, le partage car le chrétien se reconnait par sa charité», a-t-il expliqué, chapelet à la main.
PRIÈRES POUR «LA PAIX DANS LE MONDE, DANS NOS CŒURS, CHEZ TOUS LES ÊTRES HUMAINS»
Sur ce, Abbé Seck qui appelle tous les fidèles à l’entraide et à l’union, prie également pour la paix dans le monde. «Je profite de cette occasion pour souhaiter, en tant que pasteur, une très bonne fête de Paques à tous. Prier également pour la paix dans le monde, surtout en ce temps de crise intense en Europe entre la Russie et l’Ukraine. Mais surtout prier pour que la paix demeure dans nos cœurs, pas seulement chez nous les chrétiens mais chez tous les êtres humains», a-t-il dit. Avant de poursuivre : «Je ne saurais faire fi de cette coïncidence Ramadan/Carême qui symbolise encore une fois la cohésion nationale au Sénégal», s’est-il réjoui.
LES PRÉCISIONS DU MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR SUR L'AFFAIRE IAM-CAPITAINE TOURÉ
Le directeur de l’Enseignement supérieur indique que « les établissements privés d’enseignement supérieur disposent d’un agrément de l’État ». Aussi, a-t-il précisé, « l’enseignement reste une vocation et non un refuge »
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a réagi à l’affaire Seydina Oumar Touré, ex-capitaine de la gendarmerie, licencié par l’IAM où il avait débuté une carrière d’enseignant. En effet, à travers un communiqué, le directeur de l’Enseignement supérieur précise que « les Établissements Privés d’Enseignement supérieur (EPES) sont délégataires d’une mission de service public d’enseignement. A ce titre, ils disposent d’un agrément de l’État ». Aussi, a-t-il précisé, « l’enseignement reste une vocation et non un refuge ».
Dans ledit communiqué, les services de Cheikh Oumar Hann disent être entrés en contact avec la Direction générale de l’établissement. Mais, cette dernière » avoue n’avoir pas été mise au courant, et après vérification, a mis fin au contrat ».
Le ministère de l’Enseignement supérieur affirme, dans la foulée, qu’en ce qui concerne le personnel enseignant de tous les établissements publics comme privés, « veiller à leur profil, à leur probité et au strict respect des institutions de la République ».
D’ailleurs, il est rappelé dans ce document que « le gouvernement du Sénégal s’est volontairement doté d’un système d’enseignement supérieur de qualité, basé sur les exigences de performance applicables au public et au privé ».
S’agissant du privé, le ministère indique que les cahiers de charge relatifs à leurs activités accordent une importance particulière aux infrastructures et surtout aux profils de leur personnel enseignant.
Il rappelle enfin que « le Sénégal dispose de plus de deux mille (2000) docteurs, disponibles sur le marché du travail, parfaitement bien formés pour assurer tous types de cours magistraux et d’encadrement ».
IL FAUT REPENSER L'ACCOUCHEMENT
Socio-anthropologue, Cheikh Ibrahima Niang a participé à plusieurs études sur la maternité et la santé néo-natale au Sénégal et en Afrique. Il plaide, dans cet entretien, pour repenser la gestion de la grossesse en tenant compte du patrimoine culturel
Socio-anthropologue, Dr Cheikh Ibrahima Niang a participé à plusieurs études sur la maternité et la santé néo-natale au Sénégal et en Afrique. Il plaide, dans cet entretien, pour repenser l’accouchement et la gestion de la grossesse en tenant compte de notre patrimoine historique et culturel.
Beaucoup de plaintes et de complaintes sont notées à chaque fois venant des femmes qui accouchent sur les sages-femmes. En tant que socio-anthropologue, comment analysez-vous ces faits ?
L’accouchement, la gestion de la grossesse, le fait de donner naissance, tout cela s’intègre dans des cultures, des valeurs, des sociétés. Cela a une dimension sociale et culturelle très importante qu’il faut prendre en considération. Nous avons hérité d’un système colonial de gestion de la maternité avec des rapports de pouvoir au profit du monde médical avec l’utilisation de la force, l’intimidation, les attitudes autoritaires. Tout cela est hérité de la colonisation. Si nous regardons bien comment cela se fait dans le système traditionnel d’accouchement, la femme est accompagnée et suivie. Il y a surtout un partage d’empathie entre la femme et sa belle-mère, ou sa mère et les femmes les plus âgées. Si nous regardons comment cela marche avec des moments où la femme récite les « Ya Latif », ce sont des moments d’empathie, de solidarité très forts qui sont culturellement enracinés avec des valeurs spirituelles extrêmement importantes. Donc il faut tenir compte de ce patrimoine historique et culturel pour repenser l’accouchement, la gestion de la grossesse.
Comment faire pour en arriver là ?
Apparemment là, il y a un déficit d’empathie, d’humanisme, de relations humaines, du sens humain à partir desquels il faut reconstruire et analyser. Il faudrait introduire ces dimensions de manière très forte dans le système de santé. Cela va supposer qu’il y ait des formations continues sur ces questions-là et les recherches en sciences sociales alimentent la production de cette empathie, de la transformation de nos structures de santé en des structures amicales avec la disparation de la confidentialité et de la solidarité. C’est cette révolution, tant dans les approches et des connaissances au plan de la manière de voir des choses, c’est à niveau qu’il faut sécréter le débat pour éviter la répétition de ce phénomène, parce que cela fait longtemps qu’on le dénonce et assez de fois. On revient sur les mêmes dénonciations alors des solutions et approches ont été proposées par les sciences sociales. Améliorer les plateaux techniques, équiper les structures de santé, c’est bien, mais nous avons vu avec ce cas que c’est un facteur humain qui est important. C’est donc peut-être le déficit de ressources humaines techniquement disponibles. C’est aussi le stress du personnel de santé. C’est aussi les problèmes que les sages-femmes rencontrent dans leurs maisons et qu’elles transposent souvent dans les espaces professionnels. C’est aussi les situations de stress qu’elles vivent à l’intérieur du système et elles n’ont pas d’espace cathartique où elles puissent parler, libérer ce qu’elles ont dans le cœur. Il n’y a pas d’espaces pour les amener à se réconcilier avec les exigences sociales, culturelles, empathiques de notre société. Il n’y a pas de discussions, de forums où elles peuvent se lamenter. Dans la population aussi, les femmes qui sont confrontées à ces problèmes n’ont pas d’espaces d’expression et de revendications de leurs droits. Être bien accueilli, avoir une bonne prise en charge dans une maternité, c’est un droit. Si ce droit est violé, il n’y a pas d’espaces pour se plaindre et anticiper. Ce n’est pas à partir des évènements malheureux qu’il faut se plaindre, mais dès le départ quand il y a des manquements. Mais on ne trouve pas à qui s’adresser. C’est l’ensemble de ces questions qui nous amènent à imaginer d’autres systèmes de prise en charge et d’accompagnement de la grossesse à la naissance.
Que faut-il de plus pour que ces problèmes ne reviennent plus ?
Si énormément d’argent est investi pour améliorer les plateaux techniques, rendre les césariennes disponibles, il faudrait améliorer les ressources humaines en qualité et en disponibilité. Ensuite, améliorer la communication et accompagner les processus d’appropriation de tout cela par les femmes. Il faut que les femmes sachent que la maternité, c’est pour elles. Donc elles ont le droit d’exiger un accompagnement et des soins de qualité qui soient concertés. Il faut que les femmes soient intégrées dans les discussions du début de la constitution de la maternité. Quelques fois, les maternités sont conçues dans des espaces qui font peur aux femmes. Elles n’y vont pas parce qu’il n’y a pas de « sutura » (discrétion). Cela pose problème. Il y a des moments où les femmes attendent jusqu’au dernier moment pour aller dans la maternité. Ce n’est pas le cas de la défunte Astou Sokhna. Apparemment, elle est venue très tôt. Il faut qu’on se rende compte que le facteur humain et la perception sont extrêmement importants dans la résolution de ce problème. Le même phénomène se retrouve aussi dans plusieurs pays africains où il y a les mêmes types de comportements. Il faut réactualiser les travaux de l’Organisation mondiale de la Santé, les études sur les santé néonatale et maternelle réalisées, il y a une dizaine années, avec le Professeur Anta Tal Dia et une équipe d’anthropologues. On ne tient pas compte des recommandations, des réponses qui ont été suggérées par les sciences sociales, les sociologues, les psychologues, les anthropologues. Cette dimension n’est pas prise en compte et on ne voit que les aspects techniques, matériels, institutionnels dans le sens de comment fonctionne l’institution et tout cela est élaboré en dehors des femmes. Quand on vous dit que celui qui doit faire l’opération n’est pas venue, etc., vous n’y pouvez rien. On n’adapte pas l’offre au temps des femmes et à leur propre disponibilité. Les femmes sont déjà surchargées à la maison et elles viennent à des heures qui ne correspondent pas. Il y a des améliorations qui ont été faites, mais cela reste encore. C’est ce travail-là qui est, à mon sens, aussi important que le fait de chercher un équipement technique pour faire le suivi de la grossesse ou réaliser des césariennes. C’est aussi important que les réponses techniques.
IL FAUT DÉPLORER UNE DÉSHUMANISATION COMPLÈTE DANS L'OFFRE DE SOINS
Libéralisation des écoles de formation des sages-femmes, pléthore des effectifs, non-respect des normes… La sage-femme d’État Marième Fall passe en revue une profession dont les comportements de certaines actrices sont de plus en plus décriés
Pendant longtemps, la gynécologie-obstétrique a travaillé sur les trois retards causes de mortalités maternelle et néonatale au moment de la grossesse et de l’accouchement. Marième Fall, sage-femme d’État et ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal (Ansfes), rappelle que le premier est relatif à « la décision de la femme enceinte ou en travail d’aller consulter en cas de problème du fait qu’elle subit les décisions plus qu’elle ne les prend ». Le deuxième retard concerne « la disponibilité des moyens logistiques pour se rendre dans la structure sanitaire. Il s’y ajoute que l’itinéraire thérapeutique liée à la tradition et aux croyances impacte ce deuxième retard », ajoute Mme Fall, par ailleurs ancienne présidente de la Fédération des associations des sages-femmes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Fasfaco). À son avis, le cas de la dame Astou Sokhna, décédée au Centre hospitalier régional de Louga, alors qu’elle y était pour accoucher, relève du troisième retard et qui a trait à la prise en charge à l’hôpital. En effet, cette parturiente est restée dans cet Établissement public de santé (Eps) pendant 20h (de 9h à 5h du matin). Plusieurs facteurs combinés sont à l’origine de ce drame, lance la sage-femme d’État Marième Fall. En effet, « il est à noter une négligence inacceptable de la part des soignants », déplore-t-elle. À cela s’ajoute « une déshumanisation complète dans l’offre de soins ». De l’avis de Marième Fall, « la sage-femme doit être empathique, elle doit offrir des soins bienveillants et disposer d’une compétence notoire des gestes qui sauvent des vies ». Elle ajoute que c’est aux responsables des structures d’apprécier les besoins en agents de santé qui doivent être affectés et d’assurer le renforcement continu des compétences de ces derniers. « Il faut aussi des supervisions formatives », préconise-t-elle.
Par ailleurs, Marième Fall souligne que « ne pas disposer d’une équipe complète de garde dans une maternité d’un hôpital régional reste inadmissible. Plus grave encore est « l’incapacité de détecter des signes d’alerte et d’en aviser son supérieur ». Il était impensable, où moment elle exerçait, de ne pas avoir une équipe complète de garde pour assurer le travail dans les maternités. « En plus de la sage-femme, l’équipe était constituée du médecin de spécialité en gynécologie, d’un interne des hôpitaux, d’un anesthésiste, de l’assistant du professeur agrégé et des gynécologues », souligne l’ancienne présidente de l’Ansfes qui fait constater que « maintenant on ne trouve, dans la plupart des maternités, que la sage-femme et le médecin de garde ». Et dans la majorité des cas, ce personnel est constitué de stagiaires, regrette-t-elle. « Ceci atteste de la dégradation de la chaîne de soins dans les structures sanitaires, particulièrement en maternité », estime Marième Fall. Toutefois, la sage-femme d’État se réjouit qu’à l’Institut d’hygiène sociale (ex-Polyclinique) et de l’hôpital Dalam Diam de Guédiawaye, on trouve encore des équipes complètes de garde. En outre, la sage-femme d’État et ancienne présidente de l’Ansfes et de la Fasfaco estime qu’il y a aujourd’hui « une carence dans la communication aidante qui permet de soulager la patiente, mais aussi les accompagnants et d’améliorer la relation interpersonnelle ».
Formation et incidents notés dans les maternités
Existe-t-il une corrélation entre ce qu’il s’est passé à Louga et la formation reçue par les sages-femmes ? Sur ce point, l’ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal est d’avis que la corrélation pourrait être faite entre la formation et les nombreux incidents notés dans les maternités. Marième Fall estime cependant qu’une évolution a été notée dans la formation. En effet du point de vue de leur admission, il faut maintenant avoir le Bac, suivi de trois années de formation ; contrairement aux premières professionnelles à qui on exigeait le Bfem+3. « Le contenu de la formation a aussi évolué », précise-t-elle, soulignant que c’est le curricula de l’Organisation ouest-africaine de la santé (Ooas) qui est appliqué dans tous les pays de la zone Cedeao.
Pléthore d’écoles de formation pas toutes aux normes
La sage-femme d’État Marième Fall regrette la libéralisation des écoles de formation des sages-femmes, avec une pléthore d’établissements qui ne respectent pas souvent les normes dans le profil des enseignants, le ratio étudiant/encadreur et la quasi inexistence de missions d’inspection. Ce faisant, l’ancienne présidente de l’Association nationale des sages-femmes d’État du Sénégal (Ansfes) estime nécessaire de « revoir le système de recrutement pour qu’il soit basé sur les compétences ». Elle plaide aussi pour qu’à chaque niveau, les responsabilités puissent être situées. Selon Marième Fall, le premier élément sur lequel il faut agir est le recrutement du personnel qui doit être basé sur « des tests techniques et psychologiques ».
Ensuite, elle est d’avis qu’il faut assurer le renforcement continu des capacités des compétences en cours. Elle estime aussi qu’il faut évaluer le travail fait et assurer le suivi de la performance des sages-femmes. Marième Fall milite également pour une « supervision régulière afin d’identifier les gaps et d’appréhender des solutions ». « Aujourd’hui il y a une pléthore d’écoles de formation de sages-femmes », dénonce-t-elle, soulignant que parmi ces instituts, « moins de 5% seulement sont reconnus par l’Anaq-Sup (Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, Ndlr) ».
"LA GUERRE EST PARTOUT", DÉPLORE LE PAPE FRANÇOIS
"Nous vivons avec ce plan démoniaque, [qui dit] de s'entre-tuer par désir de pouvoir, par désir de sécurité, par désir de tant de choses", a-t-il dénoncé
"La guerre est partout", a déclaré vendredi le pape François, qui présidera dans la soirée le "Chemin de Croix" au Colisée, à Rome, pour la première fois depuis 2019, marqué par un message de paix face à la guerre en Ukraine.
"En ce moment, en Europe, cette guerre nous touche beaucoup. Mais regardons un peu plus loin. Le monde est en guerre, le monde est en guerre ! Syrie, Yémen, puis pensez aux Rohingyas expulsés, sans patrie. Il y a la guerre partout", a déclaré le pape lors d'une interview à la chaîne de télévision italienne Rai 1.
"Je comprends les gouvernants qui achètent des armes. Je ne les justifie pas, mais je les comprends. Parce que nous devons nous défendre", a également affirmé le souverain pontife, évoquant la présence d'un "plan de guerre caïniste". "Nous vivons avec ce plan démoniaque, [qui dit] de s'entre-tuer par désir de pouvoir, par désir de sécurité, par désir de tant de choses", a-t-il dénoncé.
Ferme opposant à l'usage des armes, Jorge Bergoglio a déjà fait référence au personnage biblique, fils aîné d'Adam et Eve, ayant tué son cadet, notamment dans ses multiples dénonciations de la guerre en Ukraine.
Dans l'après-midi, le pape de 85 ans présidera à la basilique Saint-Pierre la messe de la passion du Christ, point d'orgue du Vendredi Saint, avant de se rendre au Colisée où débutera à 21H15 (19H15 GMT) le traditionnel Chemin de Croix, pour la première fois depuis 2019.
Temps fort de la semaine sainte dans la tradition chrétienne, le parcours de la "Via Crucis" fait revivre le calvaire de Jésus, de sa condamnation à mort à sa crucifixion, sa mort et sa mise au tombeau.
Lors de cette cérémonie, deux femmes, russe et ukrainienne, ont été invitées à porter la croix ensemble sur l'une des 14 stations, une initiative qui a soulevé les réserves de l'ambassadeur ukrainien près le Saint-Siège et des autorités religieuses dans ce pays.
Jeudi, le Saint-Père s'est rendu à la prison de Civitavecchia, au nord de Rome, où il a lavé les pieds de 12 détenus.
Samedi soir, il présidera la veillée pascale à la basilique Saint-Pierre, puis la messe de Pâques dimanche matin sur la place homonyme, à l'issue de laquelle il effectuera la traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi".