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18 août 2025
PAR Elgas
À QUOI RESSEMBLERAIENT LES CENT JOURS DE ZEMMOUR
Le candidat de Reconquête croit pouvoir se qualifier pour le second tour de l’élection française, bien que les sondages le donnent perdant. Si les prévisions se trompent, voici ce à quoi on pourrait assister après son arrivée à l’Élysée
Sous-préfecture d’Antony, Hauts-de-Seine, été 2022. Dans le bâtiment que coiffe « République Française », le long du royal parc de Sceaux, le nouveau président de la République Éric Zemmour fait sa première visite officielle pour son plan « 100 jours pour l’immigration zéro ». Presque pas d’étrangers, dans ce qui jadis fut leur fief. Pour une fois, le surnombre est du côté des forces de l’ordre. Quelques sifflets montent provenant de badauds et d’associations de défense des exilés, maintenus à distance.
Mèche chahutée par une légère brise, l’air réjoui et la mâchoire dure, costume sombre un peu grand, accompagné de sa conseillère « démographie », Michèle Tribalat, et de son ministre de l’Immigration et de la Reconquête des territoires perdus de la République, Bernard Lugan, le président français passe en revue ses troupes devant la presse. Crispation, sourires de circonstance, gêne palpable, les employés de l’administration, majoritairement antillais, font allégeance au chef, non sans défiance. Ce jour-là, peu d’étrangers dans la salle d’attente. Une vingtaine, africains pour l’essentiel.
Le référendum comme solution
Le chef de l’État s’enquiert de leur origine, pose des questions sur le motif de leur présence. Conversation heurtée, malaise, silence. Pour toute pédagogie, Éric Zemmour les invite à regagner leur continent, pour y relever les défis locaux. Quand les journalistes l’interroge sur les demandes déjà engagées, en instruction, le président répond, inflexible : ils devront rentrer chez eux. « La France ne peut accueillir la misère du monde, ce n’est pas de moi mais de Rocard », lance-t-il à la presse. La chaîne C News a fait un plateau spécial, Raphaël Enthoven face à Élisabeth Levy : les deux éditorialistes s’écharpent sur la différence entre étranger et immigré, mais leur désaccord n’est que poudre aux yeux.
Pour son fameux plan « 100 jours », Éric Zemmour a mobilisé la police, missionné l’armée, fait construire des centres de rétention pour garder en surveillance les étrangers sans travail, les clandestins et les demandeurs de permis de séjour. Sa majorité à l’Assemblée nationale, menée par Gilbert Collard, s’attèle à détricoter les conventions du droit international sur l’immigration. Et comme ce n’est pas gagné, c’est par voix référendaire que le président tente d’imposer sa loi. À la fin de l’été, moment de vérité : à la stupéfaction et à la sidération générales, Zemmour gagne son référendum, après avoir obtenu l’appui du Rassemblent national.
S’ensuit septembre 2022. Après les 100 jours, le succès est timide et les conséquences lourdes. Fermeture de l’essentiel de représentations diplomatiques françaises en Afrique et rapatriement des Français en Hexagone. Après un été d’expulsions, de traques, de séparation des familles, on a renvoyé des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vers le désert africain, enjoignant leurs présidents de venir les récupérer. Faute de quoi, point de transfert d’argents, d’aide au développement et de sponsor français pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
"Il n'y a jamais eu plus de trois entraineurs africains engagés dans une Coupe du Monde", confirment Babacar Diarra et Emmanuel Coste, tous deux journalistes sportifs à la BBC.
Aliou Cissé (Sénégal), Rigobert Song (Cameroun), Jalel Kadri (Tunisie) et Otto Addo (Ghana) sont donc les quatre premiers entraineurs locaux africains qui ont réussi la prouesse de qualifier leurs sélections nationales à une Coupe du Monde de football.
C'est un exploit exceptionnel pour ces 4 sélectionneurs locaux qui ont traversé le désert pour conduire leur sélection nationale au Mondial prévu au Qatar du 21 novembre au 18 décembre 2022.
Le Maroc, le cinquième représentant de l'Afrique au Mondial, sera conduit par l'ancien joueur de Nantes et du Paris Saint-Germain (France), le Bosniak Vahid Halidlozic.
Les entraineurs du Sénégal, du Cameroun et du Ghana sont d'anciens internationaux ayant défendu les couleurs de leur pays durant leur carrière de footballeurs et aussi tous les trois joué la Coupe du Monde.
Mais qui sont ces "héros" nationaux africains qui ont brisé le mythe des "sorciers blancs" ?
Aliou Cissé, entraineur des Lions de la Téranga (Sénégal)
Né le 24 mars 1976 à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, Aliou Cissé a rejoint la France à l'âge de 9 ans. Durant sa carrière de footballeur, il a évolué au poste de défenseur ou de milieu défensif.
En 1994, à l'âge de 18 ans, il entame sa carrière professionnelle à Lille où il joue son premier match en Ligue 1 le 21 janvier 1995, contre l'AS Monaco (0-0).
Après un passage à Sedan (1997-1998), Aliou Cissé atterrit au Paris Saint-Germain où il est vice-champion de France (1999-2000), avec une participation à la Ligue des Champions où il dispute quatre matchs avec le PSG.
Le 21 novembre 1999, il décroche sa première sélection en équipe nationale du Sénégal en match amical face à la Côte d'Ivoire soldé par une victoire (3-0).
En 2001, il signe à Montpellier pour cause de manque de temps de jeu.
En 2002, il est le capitaine des Lions de la Téranga qui atteignent la finale de la Coupe d'Afrique des nations perdue aux tirs aux buts face aux Lions indomptables du Cameroun, et ensuite les quarts de finale de la Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon, la même année.
Sa riche carrière de footballeur bouclée à Nîmes l'a conduit successivement à Birmingham et Portmouth (Premier League), puis encore à Sedan.
En janvier 2012, il est promu adjoint du défunt Karim Séga Diouf, à la tête de l'équipe nationale olympique du Sénégal. Après le limogeage du Français Alain Giresse, Alioune Cissé est nommé sélectionneur des Lions de la Téranga le 4 mars 2015.
En 2017, il atteint les quarts de finale à la Coupe d'Afrique des nations. En 2019 en Egypte, il perd la finale de la même compétition aux dépens de l'Algérie.
En 2022 au Cameroun, il remporte la première Coupe d'Afrique des nations de l'histoire du Sénégal face à l'Egypte, 0-0 (4-2 après les tirs au but).
C'est également face à l'Egypte que le Sénégal s'est qualifié à l'issue des matchs de barrages pour la Coupe du monde au Qatar, 0-1 (3-1 après les tirs au but. Avant Aliou Cissé, le Sénégal n'avait pas encore battu l'Egypte en barrages.
Rigobert Song, entraineur des Lions Indomptables (Cameroun)
Rigobert Song est né le 1er juillet à Nkenglikok, un village dans le centre du Cameroun. C'est après la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis que Song atterrit en France au FC Metz où il reste quatre saisons sous Joël Muller.
Il joue la demi-finale de la Coupe de France avec Metz et décroche la 8e place du championnat. Song est vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1996, puis vice-champion de France en 1998.
Il quitte le FC Metz pour poser ses baluchons à Salerne en Italie où il reste une saison. En 1999, il met le cap en Angleterre et atterrit à Liverpool en Premier League.
Entre 2000 et 2002, il fera de brefs passages à West Ham (Premier League) et au FC Cologne (Bundesliga). Il a remporté la Coupe d'Afrique des nations en 2000 (Nigéria) et en 2002 (Mali).
Le défenseur retrouve le championnat français en 2002 au RC Lens et dispute la Ligue des Champions avec la génération des Daniel Moreira, Papa Bouba Diop, Seydou Keita, Ferdinand Coly, John Utaka, Adama Coulibaly, entre autres.
En 2004, il rejoint le championnat turc avec Galatasaray où il remporte la Coupe de Turquie en 2005 et deux titres de champion de Turquie en 2006 et 2008.
Il quitte Istanbul pour Trabzonspor où il remporte la Coupe de Turquie en 2010 et prend sa retraite professionnelle.
En équipe nationale, Song détient le record de sélections avec 137 apparitions en tant que joueur. Il a participé à quatre coupes du monde avec les Lions indomptables du Cameroun (1994, 1998, 2002 et 2010).
A l'âge de 17 ans en 1994 aux Etats-Unis, il est l'un des plus jeunes joueurs ayant participé à coupe du monde, tout comme son ami Samuel Eto'o, lui aussi âgé de 17 ans au Mondial 1998 en France.
Il est aussi détenteur du record du plus jeune joueur qui a écopé d'un carton rouge en Coupe du monde, lors du match contre le Brésil en 1994 aux Etats-Unis.
Rigobert Song a également joué 36 matchs en huit participations à la Coupe d'Afrique des nations.
Avec Zinedine Zidane, il est le seul joueur à avoir été expulsé dans deux éditions différentes de Coupe du monde.
Le 18 février 2016, Song prend les rênes de l'équipe nationale A' des Lions indomptables du Cameroun.
Le 28 février 2022, Rigobert Song est nommé à la tête des Lions indomptables du Cameroun, en remplacement du Portugais Conceiçao, à l'issue de la CAN.
Le Cameroun a éliminé l'Algérie en s'imposant (2-1 a.p) au match retour à Blida. L'Algérie s'était déjà imposé à l'aller (1-0) à Yaoundé.
LE SYNDROME DU 20 DU MOIS, DE LA TENSION DANS LE PORTEFUILLE
«Le mois est creux». Cette expression entendue parfois traduit la tension que subit le portefeuille à une certaine période du mois. Salarié ou non, on n’est pas à l’abri. Entre popote, loyer, transport, on peut être à court de sous.
Ils sont fonctionnaires, entrepreneurs, étudiants ou autres. Salariés ou à la charge d’un tiers, à une certaine date du mois, ils connaissent de la pression dans leur portefeuille. Entre : loyers, popote, transports, imprévus, sollicitations diverses qu’on ne saurait ignorer en Afrique, ils s’en sortent difficilement.
Malgré la tentative de prévenir cette dèche, la plupart y arrive péniblement quand ils amorcent la deuxième dizaine du mois. Pour les uns, les poches s’assèchent après le 20 du mois en cours, pour les autres dès la première décade du mois, ils perdent leur équilibre financier et doivent se serrer la ceinture pour finir le mois. Dans ce micro-trottoir nous leur avons posé la question sur ce qu’on peut appeler le syndrome du 20 du mois.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
L’OCCIDENT DOIT MOURIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Je ne suis pas certain que Macky Sall, lui-même, ait conscience de la portée de ses décisions d’abstention sur l'Ukraine à l'ONU. Ce n’est en rien une neutralité de type helvétique ou une finlandisation
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 10/04/2022
(La condition sine qua non pour l’avènement de la civilisation senghorienne)
Les 2 mars et 7 avril 2022, le Sénégal, sans être russophile, ne s’est pas fait dicter la loi par l’Alliance occidentale lors du vote à l’ONU sur l’Ukraine. Une fois n’est pas coutume. Macky Sall, marqué pourtant de l’estampille occidentale, n’est jamais là où on l’attend. Au début de la crise du Covid-19, n’avait-il pas plaidé en faveur de l’instauration d’un nouvel ordre mondial post-covid-19, « dans lequel il n’y aurait pas de centre civilisationnel supérieur qui dicte aux autres leur façon d’agir » ?
Qui l’eût cru de ce président à qui j’avais reproché, lors du « DessertGate », de ne respecter ni l’histoire de l’Afrique ni son identité ? Qui l’eût cru de ce président qui suit comme son ombre Emmanuel Macron, sur les dossiers du Mali et de l’Eco ? Le décryptage du sujet Macky Sall et de ses ambiguïtés sur la scène africaine et internationale, c’est faire assurément la psychanalyse de la géopolitique du début du XXIème siècle. C’est décisivement comprendre les embûches à l’accession à la civilisation senghorienne, et a contrario les conditions pour la rendre possible.
La prédiction d’Ibar Der Thiam. À l’occasion du 3ème Festival du mondial des Arts Nègres de décembre 2010, le regretté professeur Iba Der Thiam avait dit la bonne aventure à notre monde contemporain : « Un nouveau siècle vient de commencer. Il sera, contrairement à ce que beaucoup pensent, un siècle de déconstruction et de reconstruction. » Avec le Mali et l’Ukraine, deux conflits récents, nous y sommes dans cette reconfiguration, voire conflagration, du cadrage géopolitique de notre planète, avec son lot de tragédies humaines. Et cela n’est qu’un prélude !
Des ensembles civilisationnels (Afrique, Asie, Amérique du Sud…), multimillénaires, bousculent l’équilibre actuel du monde, issu des grandes découvertes européennes et des Conférences de Berlin (1884-1885) et de Yalta (1945), de la chute du mur de Berlin (1989) et du 11 septembre 2001. C’est « notre ordre international » comme l’a confessé le président français, façonné par l’Occident, qui est débattu, voire combattu. En effet, Emmanuel Macron, lors de la conférence des ambassadeurs, d’août 2021, avait acté la corrélation entre la fin de l’hégémonie occidentale et l’émergence de nouvelles puissances mondiales.
Semblable au jeu des plaques tectoniques et de leurs collisions prédéterminées, la tragédie ukrainienne était inévitable. Edgar Morin, adorateur du dialogue des civilisations, abonde dans ce sens avec le croisement du retour de la puissance russe et l’élargissement de l’Otan.
L’apport d’une nouvelle discipline : la psychologie des États (sur le modèle de la théorie freudienne des foules). Est-ce un changement de paradigme diplomatique de la part du Sénégal ? Je ne suis pas certain que Macky Sall, lui-même, ait conscience de la portée de ses décisions d’abstention du 2 mars et 7 avril 2022. Il parle d’une neutralité héritée de l’histoire du Sénégal. Il évoque un non-alignement pour peser dans le dialogue. Ce n’est en rien une neutralité de type helvétique ou une finlandisation, encore moins un non-alignement du temps de la guerre froide.
Cet acte revêt un engagement géopolitique d’un genre nouveau. Macky Sall ignore que son subconscient est compénétré par l’identité de l’État sénégalais. Le président sénégalais ignore que, les 2 mars et 7avril 2022, il vient de poser un acte fondateur en faveur de la renaissance africaine et de la civilisation de l’universel. En effet, ces deux décisions historiques s’inscrivent dans le droit-fil des affirmations identitaires de tous les peuples et de la diversité des expressions culturelles, se substituant selon Iba Der Thiam à « l’ère d’une vision ethnocentrique parée des atours d’une supériorité immanente. »
Comment Macky Sall n’a-t-il pas conscience de cette part mystique propre à l’Etat sénégalais (comme l’atteste aussi la réponse d’Amadou Latif Coulibaly à mon édito : « Pour un nouvel ordre politique sénégalais ») ? En réalité, le problème vient du fait que les États sont perçus comme des entités abstraites. On leur dénie la possibilité de former un corps vivant, un être nouveau, avec leurs propres cellules distinctes de celles de ses sujets. Il est aussi à observer que l’État se confond avec son chef, surtout dans les régimes hyper-présidentiels comme celui du Sénégal. Enfin, sans doute le Sénégal n’a-t-il pas fait l’effort de conceptualiser sa doctrine politique depuis l’indépendance.
L’émotion est hellène, la raison est noire ! À travers la guerre en Ukraine, les experts occidentaux appréhendent les États, organisations supra-individuelles, selon leurs chefs, des individus nous ressemblant, somme toute, avec leurs troubles de personnalité, et leur part d’héroïsme. Ils occultent que, sans méconnaître le magnétisme du chef, l’État est pourvu d’une âme collective, aboutissement d’un long processus historique et transcendant les individus et leurs chefs (je vais plus loin que la théorie freudienne). C’est cette erreur d’interprétation qui nous a conduits droit à la guerre russo-ukrainienne.
Dans les décisions du 2 mars et 7 avril 2022, ce n’est donc pas Macky Sall qui a agi ; c’est l’âme collective de l’État sénégalais, une force invisible qui s’est extériorisée sous l’effet de combinaison et recomposition de plusieurs variantes politiques (Senghor, Anta Diop, Wade…), parachevant la formation d’un être unique : l’État sénégalais. « Rien n’est possible sans les hommes, rien n’est durable sans les institutions », proférait jean Monnet.
Le monde unipolaire ou bipolaire, c’est kif kif bourricot ! Les décisions du 2 mars et 7 avril 2022, c’est faire valoir sa différence, son indépendance. Ces décisions rejoignent dans leur forme le discours de Dominique de Villepin à l’ONU (influencé par la pensée Gaulliste). Ce sont des décisions symboliques pour marquer les frontières spirituelles du continent africain au regard des autres civilisations. Il ne s’agit en aucun cas de renier le droit international et encore moins la souveraineté des États.
Iba Der Thiam avait prophétisé le passage d’un monde unipolaire à un monde multipolaire par l’effet de la montée en puissance d’expressions identitaires de toutes les civilisations. Avec une forme de candeur dans la droite ligne du concept de civilisation de l’universel de Senghor, il imaginait que le face-à-face ne serait pas nécessairement conflictuel. Il a mésestimé la résistance de l’Occident.
L’Occident n’en veut pas de ce nouvel ordre mondial, présupposant une égalité entre les civilisations et un dialogue. La preuve la plus flagrante nous vient de l’UNESCO. À l’élection de Joe Biden, la communauté internationale s’était réjouie, à juste titre, du retour des États-Unis dans les Accords de Paris. Rien toutefois sur la réintégration de la première puissance économique à l’UNESCO où l’avenir de nos enfants s’y décide ! Et pour cause ! C’est la seule agence onusienne, rebelle, où les États, anciennement tiers-mondistes, revendiquent leurs concepts. L’influence des États-Unis n’y est pas dominante. L’UNESCO, c’est l’embryon de la civilisation de l’universel.
Raymond Aron a cerné l’ambiguïté de cette civilisation : « L’Occident ne sait plus s’il préfère ce qu’il apporte à ce qu’il détruit ». Aujourd’hui, toutes les contradictions occidentales sont relevées par la Var africaine. Le traitement des étudiants africains en Ukraine, dans l’indifférence des Occidentaux, a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux. Décembre 2021, le déplacement d’Emmanuel Macron chez le prince saoudien dépeceur de journalistes brouilla la visite effectuée quelques jours après aux parents de Samuel Paty. C’est le Janus des temps modernes. Au début de la crise ukrainienne, le président français revêt les habits pacifiques de Neville Chamberlain. Quelques jours plus tard, une photographe le surprend (!) en pose Kennedy-fusées à cuba !
L’Occident a besoin de faire face à une autre puissance, pour révéler sa force (l’Institut Thomas More exhorte une nouvelle politique chinoise de la France centrée sur la multiplication des visites à Taïwan pour titiller l’ogre asiatique). L’Occident a besoin de se nourrir de la dichotomie (Occident-Anti-Occident), pour que tout se ramène à sa civilisation magistrale, à l’exemple du sommet virtuel pour la démocratie début décembre 2021 à Washington contre les autocraties russe et chinoise. Que ce soit l’unipolaire ou le bipolaire, l’Occident, dans ces deux contextes géopolitiques, exerce sa suprématie. C’est consubstantiel à ses gènes, depuis l’Empire Romain où tout ce qui y est extérieur est assimilé à la barbarie ou à la sous-civilisation.
« Dessine-moi un mouton. » (C’est quoi un modèle de civilisation ?). Au salon international des start-up Viva Teck à Paris, le 16 mai 2019, Emmanuel Macron exaltait un public branché high teck. Selon lui, face aux modèles chinois et américains, l’un limité à cause des droits de l’homme, l’autre ayant sa démocratie aux mains de grandes entreprises, l’Europe aurait trouvé sa nouvelle voie : la tech démocratique basée sur le double respect de l’écologie et de la vie privée !
Cela pourrait prêter à sourire, mais l’enjeu est bien là : être en quête d’un modèle (on peut toujours discuter de son contenu !) pour que chaque civilisation donne sa part de contribution. Emmanuel Macron, avec sa tech démocratique, sans le savoir, milite pour la civilisation senghorienne. Il estime les défauts des uns et des autres pour trouver une nouvelle place à l’Europe dans le concert des États. Malheureusement, la guerre russo-ukrainienne l’a ramené à la realpolitik et à l’impossibilité pour l’Union européenne de constituer un modèle détaché de l’Occident américain.
Par ailleurs, l’affaire du cabinet McKinsey révèle que le modèle anglo-saxon domine l’Occident, et influence Emmanuel Macron. Cette affaire confirme que notre démocratie est sous l’emprise des financiers, des grands groupes et que, in fine, le pouvoir échappe aux peuples. Jacques Attali tire souvent la sonnette d’alarme, mais ses griefs sonnent creux face à l’égoïsme et au cynisme de l’Occident dénoncé jadis par Alexandre Soljenitsyne.
Iba Der Thiam recommandait pour l’Afrique de ne pas recopier la renaissance occidentale pour la simple raison que l’Afrique n’est pas l’Europe. L’idée vient d’être lancée. La créativité doit être le fer de lance des modèles : sortir de la référence occidentale du développement (Felwine Sarr et Afrotopia), arrêter d’imiter les institutions occidentales en inadéquation avec la réalité socio-politique, revendiquer le respect de l’identité africaine (l’affaire des lasers au stade Abdoulaye Wade marque la fin de la Teranga « banania »), plaider pour un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication plus équitable. À l’UNESCO, Amadou-Mahtar M’Bow avait déjà mené un combat difficile contre les Occidentaux sur ce sujet crucial. L’Afrique doit avoir des médias puissants et influents. Le continent africain est dépendant de médias occidentaux, à l’exemple de la BBC, de RFI ou de France 24. Ces derniers décident ce qui est une bonne information ou pas, et participent au soft power de l’Occident sur le continent africain. À l’instar de la Chine, l’Afrique doit aussi concevoir des alternatifs aux géants numériques.
Le continent africain est appelé à construire son modèle, suffisamment indépendant (nourriture, énergie, monnaie, armée…) et s’appuyant sur le rayonnement du passé (Macky Sall a posé une première pierre à l’édifice avec l’Histoire Générale du Sénégal), et à se débarrasser de ses amis qui vous veulent du bien : ils vous renferment dans une relation de succursale. Macky Sall et ses successeurs ont une mission sacrée, celle d’être le chef de file de la renaissance africaine. Ont-ils conscience de cet héritage ? Peuvent-ils l’incarner et abandonner leur capacité gestionnaire (dévolue au gouvernement) au profit d’une intelligence plus visionnaire de l’Afrique de demain ?
La crise du Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne ont montré les interdépendances malsaines de la mondialisation. Sans doute passerons-nous par une remise à plat de la civilisation universelle et fordiste héritée de l’Occident. Un temps de pause, avec des épisodes de repli et de conflits, sera nécessaire pour la consécration de la civilisation de l’universel (qui implique des modèles forts et indépendants). Pendant cette période de flottement, un constat devra être établi :
L’Occident doit mourir ! Pas parce que cette civilisation serait plus décadente que d’autres ! Pas parce que certains intellectuels européens se complaisent à annoncer sa mort à cause du wokisme et de l’Islam ! Car imaginer sa mort d’un point de vue lexique et culturel, c’est enfin envisager la naissance de la civilisation senghorienne, c’est reconceptualiser de nouveaux modèles de civilisation forts, égaux et indépendants (Afrique, Asie, Europe, Amérique) et c’est fonder un ordre international plus juste. À défaut, en Europe et en Afrique, nous serons toujours condamnés à vivre avec la thèse et l’antithèse occidentale (sur fond de domination américaine).
Le match choc de la 16e journée de la Ligue 1 sénégalaise s’est terminé par une victoire du Casa Sports sur Génération Foot, 1-0, qui permet aux Ziguinchorois de prendre la première place du classement.
Dakar, 9 avr (APS) – Le match choc de la 16e journée de la Ligue 1 sénégalaise s’est terminé par une victoire du Casa Sports sur Génération Foot, 1-0, qui permet aux Ziguinchorois de prendre la première place du classement.
Le Casa Sports a désormais 32 points, sa victime du jour en compte deux de moins.
Dans les autres matchs de ce samedi, l’AS Douanes a battu Mbour Petite-Côte, la Linguère de Saint-Louis a dominé le CNEPS de Thiès, Guédiawaye FC l’emporte sur l’US Gorée, Diambars a fait de même aux dépens de Dakar Sacré-Cœur. Tous ces matchs se sont terminés sur le même score, 1-0
La 16e journée de la Ligue 1 se poursuivra dimanche, avec les matchs AS Pikine-Jaraaf et Ndiambour-Teungueth FC.
BEACH SOCCER, LE COACH DES LIONS REJOINT LA SELECTION MAROCAINE
Fin de l’aventure pour Ngalla Sylla en équipe nationale Sénégal de beach soccer. A la tête des lions depuis 2016, il rejoint une autre tanière africaine : les lions de l’Atlas.
Fin de l’aventure pour Ngalla Sylla en équipe nationale Sénégal de beach soccer. A la tête des lions depuis 2016, il rejoint une autre tanière africaine : les lions de l’Atlas.
La nouvelle a été donnée ce samedi par l’instance dirigeante du football marocain sur son site : « La Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) annonce la nomination de M. Oumar Sylla au poste de nouvel entraineur de l’Equipe Nationale de Beach-Soccer en remplacement de M.Mustapha El Haddaoui ».
Ngalla Sylla à la tête de l’équipe nationale de beach soccer du Sénégal c’est : 3 coupes d’Afrique des nations, une demie finale de Coupe du Monde, deux quarts de finale de coupe du monde et plusieurs nominations pour le titre de meilleur entraîneur au monde (2017, 2019, 2020).
EN GUINÉE, LE RÉGIME MILITAIRE DE DOUMBOUYA EST UNE MAUVAISE SOLUTION À UN VRAI PROBLÈME
Ancien représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, le diplomate algérien Saïd Djinnit jette un regard sans complaisance sur les transitions militaires de la région
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 09/04/2022
La Guinée pourrait-elle à nouveau bénéficier du soutien d’un médiateur international ? C’est du moins le souhait d’une partie de l’opposition, qui a sollicité plus d’ouverture de la part de la junte au pouvoir depuis le 5 septembre dernier, et l’envoi d’un médiateur chargé de faciliter le dialogue. La méfiance est grandissante entre les civils et les militaires dans le pays, où les leaders politiques s’inquiètent de l’opacité qui entourent la pratique du pouvoir par Mamadi Doumbouya et ses hommes.
Représentant spécial et chef du bureau des Nations unies de 2008 à 2014, le diplomate algérien Saïd Djinnit voit d’un bon œil cette possibilité de nommer un médiateur. Il a lui-même endossé ce rôle de facilitateur du dialogue inter-guinéen en 2013, à la veille d’élections législatives explosives. Il fut ainsi l’artisan de l’accord du 3 juillet 2013 entre l’opposition, menée alors par Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré etLansana Kouyaté et le régime d’Alpha Condé, dont c’était le premier mandat.
Le haut fonctionnaire onusien, qui avait pris part aux négociations qui ont mené au retour de l’ordre constitutionnel après le coup d’État de Dadis Camara en 2008, voit dans le putsch du 5 septembre un « retour à la case départ » pour la Guinée, et s’inquiète d’un recul démocratique dans l’ensemble de la sous-région.
Jeune Afrique : Quelle a été votre première réaction à l’annonce du coup d’État contre Alpha Condé ?
Saïd Djinnit : Je me suis dit « retour à la case départ ». Mais chaque fois qu’un dirigeant manipule la Constitution pour rester au pouvoir, il prend le risque d’un coup d’État ou un risque tout court. Ce fut le cas lors de la tentative d’Abdoulaye Wade d’effectuer un troisième mandat en 2011 au Sénégal [sa candidature donna lieu à de violentes manifestations à travers le pays], ou lorsque le Nigérien Mamadou Tandja a tenté de modifier la Constitution en 2009 [il sera déposé par les militaires quelques mois plus tard, le 18 février 2010]. Hélas, les leçons du passé, dans le pays et dans la région, n’ont pas été apprises.
Comment expliquez-vous sa décision de briguer un troisième mandat ?
Je pense qu’il avait cessé d’écouter ses partisans, dont il avait eu besoin pour ses deux premiers mandats. Il s’est isolé de sa base et de ses amis qui lui conseillaient de renoncer. C’est surprenant quand on connaît son itinéraire, son combat pour la démocratie.
Quel regard portez-vous sur la transition menée par le colonel Mamadi Doumbouya ?
Je note qu’il n’y a pas de visibilité quant à la transition, pas de feuille de route. L’équipe au pouvoir semble vouloir se pérenniser. Ce régime militaire est une mauvaise solution à un vrai problème. Pour moi, la transition doit être la plus courte possible.
La junte estime que la transition doit prendre le temps de refonder les institutions…
Je n’accepte pas cet argument. Pourquoi ce travail ne pourrait pas être fait par un président élu ? Ce n’est pas la vocation de l’armée de traiter ces questions éminemment politiques. C’est aux partis, à la société civile, d’activer ce genre de réformes. Le cas contraire revient à prendre la démocratie en otage.
Soupçonnez-vous les militaires de vouloir se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible ?
Tous les leaders qui ont émergé des coups d’État à qui j’ai eu affaire dans ma vie veulent rester le plus longtemps possible au pouvoir avant d’organiser les élections. Ils ont tous leurs arguments, mais je ne suis pas dupe. Vous faites un coup d’État, et vous voulez créer vous-même les conditions pour qu’il n’y ait plus jamais de coup d’État dans votre pays ? C’est le serpent qui se mord la queue. Un non-sens politique.
Sans parrainage, impossible d’organiser une élection nationale sérieuse. L’opposition a un discours côté cour et un discours jardin. Ceux qui ne peuvent pas collecter 37 000 parrainages peuvent se mettre ensemble - ENTRETIEN AVEC MIMI TOURÉ
Coordonnateur national du parrainage de « Benno Bokk Yaakaar » (Bby), Aminata Touré explique comment la coalition de la majorité présidentielle travaille pour remporter les prochaines élections législatives.
Le président de la République, Macky Sall, vous a désigné Coordonnateur national du parrainage de « Benno Bokk Yaakaar » (Bby). Quelle est la stratégie que vous avez mise en œuvre pour recueillir le nombre de signatures requises ?
Vous comprendrez que notre stratégie ne soit pas discutée publiquement, mais ce que je peux vous dire, c’est que c’est un moment de mobilisation collective pour notre coalition qui a tourné la page des municipales pour s’engager sur le chemin d’une autre victoire. Sans prétention ni arrogance, nous allons à la rencontre de nos concitoyens pour leur expliquer qu’une large majorité parlementaire permettra au Président Macky Sall d’aller encore plus loin dans les programmes de mise à niveau de nos infrastructures, dans la mise en œuvre des programmes sociaux et de la relance économique en s’appuyant sur les femmes et les jeunes. Nous discutons aussi des contraintes et choses à améliorer. Le parrainage, c’est aussi un moment de grande écoute pour davantage affiner nos programmes en direction des populations.
Même si l’opposition est sur le terrain pour la collecte des parrains, elle continue de dénoncer ce système qu’elle juge antidémocratique. Quelle analyse en faites-vous ?
Ceci est assez paradoxal ! D’ailleurs en 2019, l’opposition était descendue sur le terrain chercher les parrainages ; ce qui veut dire qu’elle a appliqué la loi. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? L’opposition assiste à toutes les réunions du Ministère de l’Intérieur sur la question. Elle dénonce publiquement le parrainage, mais en ce moment, elle collecte le parrainage. Sans parrainage, il est impossible d’organiser une élection nationale sérieuse. C’est le cas dans toutes les démocraties majeures où les candidats ancrés comme ceux peu ancrés sont nombreux à vouloir être élus. Franchement, collecter 37 500 parrains sur un électorat de 6,8 millions, celui qui ne peut pas le faire doit rejoindre une coalition où les efforts seraient peut-être mutualisés.
Pourquoi le pouvoir insiste à maintenir le parrainage ? Est-ce qu’il ne devrait pas écouter l’opposition afin de trouver une solution consensuelle ?
Comme je vous l’ai dit, l’opposition a un discours côté cour et un discours jardin. Elle dénonce publiquement le parrainage et, en même temps, demande à ses militants de collecter le parrainage dans les quartiers. Le jour du dépôt, vous verrez l’opposition qui sera là. S’opposer, ce n’est pas être un abonné du « non ». Quand une réforme est consolidante pour notre démocratie, il faut que les acteurs politiques l’embrassent, car c’est dans l’intérêt de tous que des élections soient bien organisées. C’est comme cela que toutes les avancées démocratiques se sont faites dans notre pays. J’appelle l’opposition à ne pas être dans le double langage parce que nos concitoyens attendent de nous tous, majorité comme opposition, des discours responsables. Encore une fois, ceux qui ne peuvent pas collecter 37 000 parrainages sur 6,8 millions peuvent se mettre ensemble. Ça sera peut-être plus facile. Donc, personne n’est exclu en réalité.
La Direction générale des élections a présenté, mercredi dernier, le logiciel devant contrôler les fiches de parrainage pour les prochaines élections législatives. Comment appréciez-vous cet outil ?
Je ne sais pas grand-chose de ce logiciel. Il y a des experts au ministère de l’Intérieur qui connaissent leur job depuis le temps qu’ils organisent des élections régulières. Personne n’a contesté les dernières élections de janvier dernier ni celles de 2019, de 2017, de 2012 et même de 2000. Ce sont les mêmes fonctionnaires qui sont chargés des élections législatives à venir. Ils ont déjà donné la preuve parce qu’ils savent faire leur boulot en toute impartialité.
Quel rôle comptez-vous jouer aux prochaines échéances électorales ?
Nous n’en sommes pas encore là. Des élections, c’est un jeu collectif avec un entraîneur, le président de notre coalition. Ce n’est pas un jeu individuel ou individualiste. Cela sera discuté et décidé ailleurs que dans les colonnes des journaux.
Est-ce que vous serez sur les listes de « Benno » aux prochaines élections législatives ?
J’ai déjà répondu à la question, je pense. Nous travaillons à resserrer nos rangs et à élargir notre victoire de janvier dernier. Nous serons encore plus performants dans cette élection nationale à venir ; j’en suis sûre. Pas par prétention, mais parce que le bilan de notre régime et du Président Macky Sall sera largement partagé et récompensé par les électeurs. C’est mon souhait que ces joutent soient des élections de propositions, loin des insultes et invectives que certains veulent ériger en programme d’action.
Avez-vous des ambitions pour diriger la présidence de l’Assemblée nationale du Sénégal ?
On en reparlera quand on aura gagné. C’est cela notre objectif collectif du moment.
Quel est votre avis sur le retard relatif à la nomination du poste de Premier ministre ?
Je ne considère pas qu’il s’agisse de retard, mais plutôt de logique. Un Premier ministre doit présenter son programme à l’Assemblée nationale. N’est-ce pas plus logique d’attendre d’avoir une nouvelle Assemblée, dans quatre mois, avec une majorité franche et fraîche ? Ce n’est pas comme si le Gouvernement avait suspendu sa respiration en attendant les prochaines élections. À ce que je vois, son travail se poursuit normalement.
La Cour de justice de la Cedeao a ordonné l’abrogation de l’arrêté Ousmane Ngom. Quel est votre commentaire sur cette décision ?
D’une manière générale, je voudrais dire que la Cour de justice de la Cedeao a vraiment des dossiers plus sérieux que le Sénégal, vous ne pensez pas ? Entre les coups d’Etat anticonstitutionnels du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, qu’elle revoie son programme de travail pour s’atteler à ces urgences démocratiques. De tout l’espace Cedeao, et même en Afrique, la Cour sait très bien qu’il n’y pas une démocratie plus avancée que le Sénégal dont elle semble se préoccuper tout particulièrement. Que la Cour sache également qu’elle n’est pas au-dessus des Constitutions que se sont choisis les pays. Je pense que les juges ont besoin de connaître les limites et frontières de leurs missions. Ce ne sont pas des supers chérifs qui, lasso en main et revolver au colt, tirent sur tout ce qui bouge. Qu’ils aient raison gardée.
Pensez-vous que cette décision sera exécutée par l’État du Sénégal ?
Comme je l’ai dit tantôt, la Cour n’a qu’à s’autosaisir et statuer sur les violations constitutionnelles flagrantes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Au Sénégal, le droit est entre les mains de nos magistrats qui connaissent aussi leur boulot. À vouloir faire dans l’activisme débordant et tendancieux, la Cour risque de perdre en crédibilité.
Poursuivi pour viol présumé, Ousmane Sonko doit faire face au magistrat instructeur très prochainement. Il a soutenu qu’il ira répondre et a demandé à ses militants de rester chez eux. Comment jugez-vous son message ?
Il n’y a pas de commentaire particulier à faire. Tous les jours, des justiciables répondent à des convocations de juges sans qu’ils en fassent tout un plat.
Que répondez-vous à ceux qui disent que cette affaire est un complot politique contre Ousmane Sonko ?
Comment cela le serait-il ? Qui complote contre qui ? C’est une affaire strictement privée entre deux citoyens qui se sont rencontrés dans un espace privé. Leur contentieux est strictement privé. Il n’y a absolument rien de politique ni de complotiste dans cette affaire.
PEUR SUR LA GRANDE CÔTE
Sous la hantise d’un délogement imminent à cause de l’exploitation du zircon, les habitants sont confrontés à la mévente de l’oignon, au moment où les pêcheurs refusent d’aller en mer à cause des bateaux de pêche qui détruisent leur filet
Les habitants de la Grande Côte, communément appelés «Le peuple de l’eau», sont en train de traverser des moments pénibles. Vivant sous la hantise d’un délogement imminent à cause de l’exploitation du zircon par la société Gco, ils sont également face à la mévente de l’oignon local qu’ils avaient produit en grande quantité, au moment où les pêcheurs refusent d’aller en mer à cause des bateaux de pêche qui détruisent leur filet dormant.
Voix nasillarde, la rage au cœur, visage grave, Mamadou Bâ hurle à se rompre les cordes vocales : «Nous ferons face aux envahisseurs. Nous n’accepterons jamais d’être délogés par des étrangers dans notre propre pays. Nous sommes prêts à laisser nos vies dans ce combat. Les bulldozers passeront par nos cadavres avant de raser nos villages vieux de plus de 300 ans…», a-t-il d’emblée averti, la mort dans l’âme. Applaudi par la foule massée sur la place du village de Thiokhmate (dans la commune de Darou Khoudoss, département de Tivaouane) où se tenait une Assemblée générale d’informations réunissant une bonne partie des habitants de la Grande Côte, communément appelés «le peuple de l’eau», il campe l’objet de cette rencontre : «Des villages se situant sur le Littoral sont en train d’être délogés par les responsables de la société Gco qui exploite le zircon.
Des localités des communes de Darou Khoudoss (région de Thiès) Cab Gaye, Thieppe, Léona (Louga) et Ndiabène Gandiol (Saint-Louis), seront toutes déplacées par la société minière qui exploite le zircon. Les populations seront relogées ailleurs, très loin de la mer et de leur périmètre maraicher, alors qu’elles gagnaient leur vie grâce à la pêche et la culture horticole. Les villages qui ont accepté de se déplacer sont en train de le regretter. Les maisons construites pour eux (leur toit est en ardoise, elles sont équipées en solaire et font trois chambres, un salon…) sont très étroites et elles ressemblent plus à des poulaillers. Pis, ils n’ont plus de champs où ils pourront travailler, alors qu’ils gagnaient des millions avec le maraichage.» Plus radical, Aliou Sow, membre du Collectif des associations pour la défense et la protection de la Grande Côte, cache mal sa colère. Il cogne sans sommation : «De Cambérène à Gandiole, en passant par les régions de Thiès et de Louga, tout «le peuple de l’eau» s’est levé pour dire non à la délocalisation au profit des sociétés minières. Des écoles, des cimetières et même des mosquées seront démolis. Nous n’allons jamais abandonner les terres de nos ancêtres. Nous lançons un appel à l’endroit de nos autorités. Elles ne doivent pas accepter que des étrangers nous chassent de nos propres terres. Des villages comme Mbétel 1 et 2, Fodad et Diourmel sont désormais rayés de la carte. Les envahisseurs qui longent la Grande Côte sont à nos portes (à moins de deux kilomètres de Thiokhemate). Nous les attendons de pied ferme. Nous ne reculerons d’un iota. Et nous allons résister. Pour rien au monde, nos terres se seront dépossédées.»
Potou : la psychose de la mévente de l’oignon local
Cette grande détresse à laquelle sont confrontés les habitants des villages de la commune de Darou Khoudoss, menacés de disparition, n’épargne pas ceux de la zone de Potou. Ces derniers qui avaient investi de fortes sommes d’argent dans la production de l’oignon local, sont aussi confrontés à une mévente de leur produit. En effet, il suffit de faire un tour au Centre de groupage de Potou, communément appelé «Park Macky Sall», pour toucher du doigt l’ampleur de ce problème qui empêche désormais les exploitants agricoles du coin de dormir à poings fermés. Des sacs remplis d’oignon jonchent un peu partout dans cet endroit qui s’étend à perte de vue. Seuls quelques camions sont stationnés sur l’unique porte de sortie. Levant ses mains en signe de désespoir, El Hadji Ndiogou Ka, qui faisait face à la presse samedi dernier en compagnie de ses camarades d’infortune, piaffe d’impatience de lister les difficultés auxquelles, ils sont confrontés. Il dénonce : «L’année dernière nous avions enterré une partie de nos productions, car elle avait pourri entre nos mains. Nous risquons de vivre cette année la même situation. Le marché est aujourd’hui inondé, c’est pourquoi le kilogramme d’oignon est bradé à 150 FCfa. Nous vendons à perte. Pis, les camions se font désirer. Nous avons pris des engagements auprès des banques avec des taux d’intérêt très élevés. Nous sommes obligés de les rembourser. Si, rien n’est fait pour nous soutenir, nous vivrons les pires moments de notre existence. Vraiment, nous risquons de mettre un terme à nos activités parce que nous ne pouvons plus continuer de vivre dans la détresse à cause de la mévente de nos productions. Des milliers de pères de famille vivent cette situation désastreuse, car nous sommes concurrencés déloyalement par l’agro-business et l’importation…»
Lompoul : Les bateaux de pêche sèment le désordre dans la mer
Les pêcheurs et les mareyeurs de Lompoul ne sont pas mieux lotis que les agriculteurs de la zone de Potou. Eux aussi sont en train de vivre la détresse dans la mesure où, leurs activités sont au ralenti depuis bientôt quatre mois. Réunis à la plage de leur localité où un impressionnant nombre de pirogues est amarré, ils ont dénoncé avec la dernière énergie les nuisances que les bateaux de pêche les causent. Aliou Sow, responsable des mareyeurs, par ailleurs président du comité ad hoc du quai de pêche, crache le feu : «On dirait que nous sommes des étrangers chez nous. Aujourd’hui, nous n’osons plus envoyer nos pirogues en mer à cause des bateaux de pêche. Ils détruisent nos filets comme bon leur semble. Ils ne respectent pas les 6 000 miles qui leur sont imposés. Ils violent, au vu et au su de tous, cette disposition légale. De ce fait, ils nous trouvent là où nous pêchons (7 km de la terre ferme) pour emporter avec eux nos files. N’en pouvant plus, nous avons décidé de ne plus aller en mer. Nous dépensons plus de 5 millions pour chaque pirogue, pour nous retrouver enfin avec des dettes parce que nos pêcheurs rentrent les mains vides à cause des bateaux qui font tout ce qu’ils veulent sans jamais être inquiétés. Le service de surveillance de la mer n’est pas doté de moyens matériels pour assurer sa mission. Aujourd’hui, les 500 personnes qui dépendent directement de la mer pour survivre, sont dans le désarroi total, sans compter les plus 1 000 individus qui gagnent indirectement leurs revenus à partir des produits halieutiques. Des familles entières sont en train de vivre un drame social. C’est une bombe à retardement. Si rien n’est fait, nous allons affronter en mer les bateaux de pêche comme nous le faisions. Nous allons nous organiser pour prendre en charge cette question, puisque nos autorités fuient leurs responsabilités…»
PENURIE DE CARBURANT A ZIGUINCHOR
Depuis presque 48 heures, rares sont les stations de la capitale Sud à disposer de carburant. Les motocyclistes et autres automobilistes font le tour des stations à la recherche de ce liquide vitale pour leurs engins.
Depuis presque 48 heures, rares sont les stations de la capitale Sud à disposer de carburant. Les motocyclistes et autres automobilistes font le tour des stations à la recherche de ce liquide vitale pour leurs engins. Les rares stations à disposer de ce liquide sont pris d’assaut par les Jakartamen et autres motocyclistes qui font dans le business avec leurs motos.
Abdoulaye et Babacar, deux jeunes qui ont abandonné les classes pour devenir conducteurs de motos Jakarta à Ziguinchor nous racontent leurs calvaire durant ces quarante voire soixante douze heures. Selon Abdoulaye, depuis ces deux jours, il peine à trouver ce jus pour renforcer son réservoir. « Je suis presque à sec en ce moment et depuis le matin, je fais le tour des stations en vain. C’est un ami que m’a demandé de voir vers la station sise vers le camp militaire, là-bas, il a de l’essence. Et depuis presque deux heures je fais la queue pour espérer remplir mon réservoir ».
Son camarade Babacar d'emboucher la même trompette. « J’ai fait la station qui s trouve vers le marché Saint Maures ou marché Boucotte : pas d’essence. Vers le rond-point Aline Sitoé Diatta, idem. À la station qui se trouve au niveau du rond-point Jean Paul 2, il y a une file trop longue. J’ai donc décidé de venir vers le camp militaire. Et cette situation perdure, nous risquons d’augmenter le prix de la course, qui est de trois cent pour l’instant à Ziguinchor ». Conséquence, ces Jakartamen ne peuvent effectuer complètement leurs courses; beaucoup sont à l’arrêt. Les usagers en subissent les conséquences
Nous aussi avons subi cette longue marche pénible à la recherche de carburant, du diesel précisément ; après deux stations parcourues, nous pu trouver afin ce carburant.
Le risque de pénurie ou même la pénurie de carburant s’annonce à Ziguinchor, les utilisateurs de ce liquide, espèrent le retour à la normale avant le début de la semaine prochaine pour éviter le pire.