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18 août 2025
Par Papa Massar NDOYE
DU RESPECT POUR MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Macky Sall, en justicier, redresseur de torts, n’a eu de cesse d’enjoindre le gouvernement de finaliser la liquidation de la compagnie Air Afrique. Ces instructions demeurent à ce jour lettre morte
S’il est vrai que la clameur ayant suivi sa disparition s’est tue, il n’en est pas moins vrai que résonne encore dans nos oreilles, l’écho du carnage financier opéré dans le processus de la liquidation des quartiers de sa dépouille par des personnes très éloignées du spectre de la famille aéronautique sous la conduite du prince Ali Baba Wade, entouré d’un cartel de copains et coquins autour d’un festin festif. Tout cela s’est fait bien sûr sous le regard vigilant, intéressé de Père Wade qui, après avoir reçu le mandat de ses pairs à Brazzaville d’élaborer un plan de sauvetage de la compagnie Air Afrique en rapport avec le Gouverneur de la Bceao de l’époque, Konan Banny, a préféré précipiter dans le précipice, la compagnie agonisante pour créer, avec la Ram, une compagnie locale qui a vécu le temps d’une rose. Le moment était véritablement mal choisi car le plus grand marché contributeur dans la production d’Air Afrique, en l’occurrence la République de la Côte d’Ivoire, était en état de dépression liée au conflit interne sous Gbagbo.
Notre propos constitue une piqûre de rappel
Dans un mois, précisément le 25 avril, 262 agents d’Air Afrique, de nationalité sénégalaise, dont le seul tort est d’avoir été au moment de la liquidation, en service hors du Sénégal, auront couru pendant 20 années, soit 7300 jours après, le règlement de leurs droits légaux. Le bilan de cette période de galère est lourd et macabre. Plus d’une centaine d’agents disparus dans la précarité, des ménages disloqués, des enfants déscolarisés, des familles expulsées de leurs maisons faute de paiement. Pourtant, la dépouille n’était pas sans graisse, jugez-en ! Un immeuble sis place de l’indépendance, 12 villas au Point E à Dakar, un important stock de pièces détachées, 2 avions en réparation, un terrain de 9 ha ayant abrité le centre de formation sur le périmètre aéroportuaire. Ce patrimoine extrêmement important fut liquidé dans des conditions opaques, en conflit avec la transparence et l’orthodoxie. Est-il besoin de revenir sur cette Opa exercée par le Prince Wade sur le Handling, véritable biberon nourricier qui, à lui seul, permettait de clore la liquidation en raison de son fort potentiel d’attractivité et de lucrativité, comme l’ont fait tous les autres pays membres. Ici chez nous, au Sénégal, on a décroché la palme, l’oscar de mauvaises pratiques dans la privatisation, en octroyant de façon gratuite, sans ticket d’entrée pendant 10 ans, ce marché juteux avec un quasi-monopole, un personnel qualifié, du matériel bradé, à 2 sociétés écran. Fort heureusement pour les exAir africains, la Justice immanente a prévalu et sonné le glas d’une gestion immonde, mafieuse, captieuse, irriguée par le système Wadien en mars 2012.
Des instructions d’Etat jetées à l’eau !
Depuis lors, le président Macky Sall, en justicier, redresseur de torts, n’a eu de cesse d’enjoindre le gouvernement de finaliser la liquidation de la compagnie Air Afrique. Ces instructions demeurent à ce jour lettre morte. En effet, le gouvernement excelle dans le dilatoire, se réfugiant derrière des arguments de comptoir, alors que le liquidateur dispose de tous les éléments permettant le règlement des droits dus aux ex-travailleurs d’Air Afrique. Nous ne sommes pas dupes ; ce jeu de yoyo, outre son caractère chronophage, obère à terme la capacité d’investissement de nos droits. Il est vraiment temps d’agir car il se fait tard. Nous comprenons difficilement l’inexécution des directives présidentielles, ce qui nuit à l’image de notre Etat et particulièrement à la stature du président Macky Sall, aujourd’hui président en exercice de l’Union africaine. Nos regards se tournent vers le Directeur général du Budget et l’Agent judiciaire de l’Etat.
Papa Massar Ndoey est ancien représentant d’Air Afrique à Dakar
BIEN QUE MACKY SALL AIT ORDONNÉ LE PAIEMENT DES DROITS ET INDEMNITÉS, LES CHOSES BLOQUENT TOUJOURS
Après 20 ans de liquidation d’Air Afrique, le Syndicat des ex-pilotes de ligne dénonce une tentative de torpillage et de chantage sur les 9 milliards CFA
Après 20 ans de liquidation de la défunte compagnie multinationale Air Afrique, le président Macky Sall avait ordonné le paiement des droits des 223 ex-travailleurs sénégalais restants. La plupart d’entre eux étaient des directeurs, des pilotes de ligne, des chefs d’escale et des chefs de département qui couraient derrière leurs droits et autres indemnités officiellement arrêtés à la somme de 09 milliards cfa. Des soldes de tout compte (Stc) qui tardent à être soldés de manière inexplicable. Ce qui pousse le syndicat des ex-pilotes de ligne à accuser le syndic de vouloir saboter voire torpiller le processus de paiement. Confronté à ces accusations par « Le Témoin », le syndic-liquidateur recadre les ayants-droit et rassure que la procédure financière suit son cours sur instruction du président de la République. Une chose est sûre : les ayants droit estiment avoir assez attendu car plus de 20 ans pour rentrer dans ses droits, avouez que c’est quand même plus que long !
Dès son accession à la magistrature suprême en 2012, le président Macky Sall avait manifesté sa volonté de régler définitivement le problème de la liquidation — qui n’en finissait pas de durer — de la défunte compagnie multinationale Air Afrique. C’est pourquoi, il avait ordonné le paiement total des droits et autres indemnités dues aux ex-travailleurs pour qu’on n’en parle plus ! Surtout qu’il ne restait que quelque 223 ex-travailleurs sénégalais à indemniser sur 826 prétendants au début de la liquidation. Les « petites catégories » ont en effet été payées intégralement depuis quelques années, les cadres, eux, ayant été priés de patienter. Hélas, les ayantsdroit qui croyaient voir apparaître le bout du tunnel ou de la piste à la suite des instructions fermes du président de la République, vont sans doute devoir ravaler leur enthousiasme. Car, la procédure de paiement semble être freinée par du « dilatoire » à tous les niveaux ! Las d’attendre, les ex-travailleurs non encore indemnisés sollicitent la bienveillance du chef de l’Etat afin qu’il arbitre et décante la situation. Faute de quoi, pilotes de ligne (actifs et retraités) ainsi que hôtesses et stewards n’excluent pas de porter leur mythique et sacré uniforme de l’air pour s’inviter devant les grilles du Palais. « Pourquoi pas le 1e Mai prochain qui est la Fête du Travail ? En tout cas, nous allons nous arranger pour remettre nos éternels cahiers de doléances au président de la République » confie le plus sérieusement du monde Moussa Dieng, ex-pilote de ligne à Air Afrique. Août 2002-Avril 2022, il y a vingt-ans (20), la compagnie panafricaine Air Afrique déposait son bilan ! Entretemps, les 4.000 exagents et cadres Béninois, Burkinabés, Congolais, Centrafricains, Maliens, Mauritaniens, Nigériens etc. ont tous perçu leurs droits. Et récemment, c’est-à-dire le 03 février 2022, l’Etat de Côte d’Ivoire, par le biais du syndic de la liquidation, a débloqué plusieurs milliards de francs pour désintéresser définitivement les travailleurs ivoiriens de la défunte compagnie Air Afrique. Ce qui fait donc qu’il ne reste qu’une partie des anciens employés sénégalais à courir toujours derrière leurs dus et indemnités arrêtés à la somme de 09 milliards de francs cfa. Un montant validé et signé par le Syndic de la liquidation, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), le Syndicat unique des travailleurs des transports aériens et activités annexes au Sénégal (Suttaaas) et le Syndicat des pilotes de ligne sénégalais (Spls). Contrairement à l’Etat ivoirien qui a puisé dans son budget pour payer ses citoyens, l’Etat du Sénégal, lui, n’est pas obligé d’effectuer des acrobaties budgétaires dès lors qu’un Fonds social (constitués de redevances aéroportuaires et taxes sur le handling) avait été créé au lendemain de la liquidation pour contribuer au désintéressement des travailleurs sénégalais de l’ex-compagnie Air Afrique. Dans un Etat de droit où la bonne gouvernance prévaut, ce Fonds aurait normalement dû faciliter le règlement de cette plus longue liquidation judiciaire de l’histoire mondiale de l’industrie du transport aérien qu’est celle d’Air Afrique. Tel n’a jamais été le cas. C’est le statu quo total ! Et pourtant, nous renseigne-t-on, le Fonds social crée par arrêté ministériel n° 1412 du 27 février 2007, donc sous l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade, continue toujours à être alimenté à coups de milliards. D’ailleurs, la manne financière avait permis de créer, à l’époque, une nouvelle compagnie dénommée Air Sénégal International en partenariat avec le Maroc.
Un second « crash » financier !
Selon le pilote de ligne Bou El Moctar Doukouré, ancien commandant de bord à Air Afrique où il était le doyen des pilotes, rien que le Fonds social pouvait contribuer au règlement définitif des droits légaux de l’ensemble des ex- travailleurs sénégalais. « Car, chaque année, le Fonds social générait des bénéfices estimés des dizaines de milliards cfa. Malheureusement, l’argent s’est volatilisé entre les mains des autorités étatiques de l’ancien président Me Wade. Ensuite, les actuels dignitaires du régime du président Macky Sall ont pris le relais c’est-à-dire se sont invités au festin de la défunte multinationale Air Afrique. D’ailleurs, permettez-moi de remercier le président Macky Sall d’avoir manifesté une volonté inébranlable pour le règlement définitif de cette liquidation. Donc, l’actuel syndic-liquidateur a intérêt à accélérer la procédure de paiement de nos droits et indemnités estimés à près de 09 milliards cfa. Demain ou après demain, en tout cas un jour, tous les syndics vont rendre compte de leur gestion. Un audit de la liquidation et la reddition des comptes vont s’imposer ! Même si nous ne serons plus de ce bas monde, nos enfants et petits-enfants vont mobiliser tous les agents de renseignements, notaires, huissiers et inspecteurs généraux d’Etat (Ige) pour traquer tous ceux qui ont eu à piller le patrimoine d’Air Afrique ou s’enrichir sur le dos des pauvres ex-travailleurs. Avec l’appui de nos avocats conseils, notaires et consultants d’ici et d’ailleurs, nous avons pu rassembler toutes les preuves depuis le début de la liquidation en 2002 » explique, un brin énervé, le président du Syndicat des pilotes de ligne sénégalais (Spl) à propos de ce qu’il qualifie de « second crash » financier d’Air Afrique après celui du dépôt de bilan. En effet, dès l’annonce de la liquidation en août 2002, lors d’une conférence tenue à Brazzaville, se souvient l’ancien commandant de bord Bou El Moctar Doukouré, le Tribunal de commerce d’Abidjan avait désigné un liquidateur judiciaire étranger voire neutre ayant pour mission de recenser tous les logements de fonction (villas), les biens immobiliers, les titres fonciers, les avions, les pièces détachées, les hangars, les dettes, les créances et les fonds afin de faire l’inventaire en vue d’indemniser les 4.000 agents et cadres de l’ex-compagnie panafricaine. Au Sénégal, Air Afrique disposait d’un très riche et vaste patrimoine financier, matériel et foncier comportant deux avions Airbus A300 cloués au sol, un parc de matériels de piste pour l’Assistance en escale (Handling), des pièces de rechange Avions et Servitudes, divers équipements aéronautiques. « Sans oublier dix villas dans le quartier chic du Point E-Dakar, un immeuble à la Place de l’Indépendance (racheté par une banque), un Centre de formation aéronautique (Cefopad), un terrain de 9 hectares dans la zone aéroportuaire de Yoff, des liquidités bancaires, des réserves foncières etc. Regardez bien ces titres fonciers, ces transactions, ces copies de chèques, ces lettres confidentielles etc… Tous ces milliers de documents sont des biens d’Air Afrique pillés, partagés et blanchis… » s’exclame le commandant Doukouré en brandissant des documents d’archives relatifs à la liquidation d’Air Afrique.
Des promesses d’Etat jamais respectées !
Dans un document consensuel signé en 2012 entre l’Etat du Sénégal (Anacim), le Syndic liquidateur et les représentants du personnel, un solde de tout compte (Stc) d’une somme de 10.790.128.159 cfa est arrêté. Sur la base de ce document, près de 400 ex-employés ont été indemnisés sur un total de 631. En 2017, une commission de travail est créée par le Premier ministre d’alors, Mahammad Boun Abdallah Dionne, et comprenant des cadres et experts du ministère du Travail, de l’Anacim, du Syndic et des représentants des ex- travailleurs pour remettre à jour le document ou bon à payer. La même année, ce document financier a été réactualisé et signé d’accord parties sous l’égide du Premier ministre et du ministère du Travail pour un solde tout compte (Stc) restant de 9.217.672.698 cfa. Fort de ce bordereau de paiement, le Premier ministre avait donné rendez-vous le 11 avril 2017 à tous les acteurs pour dresser un calendrier en vue de l’indemnisation définitive des 223 cadres et agents en attente. Le même Premier ministre avait confié aux responsables du collectif que le président Macky Sall lui avait donné des instructions fermes pour procéder à la remise des chèques à tous les ex-travailleurs d’Air Afrique. Ce, en utilisant en priorité l’argent généré par le fonds social. Depuis lors, rien ! Toujours est-il que de report en report, de promesses en promesses, l’élection présidentielle de 2019 sans que le paiement ait eu lieu ! « En février 2021, après moult interventions, nous avons finalement rencontré Me Moussa Bocar Thiam, l’Agent judiciaire de l’Etat (Aje) officiellement désigné pour l’exécution du paiement. A notre grande surprise, Me Thiam nous a fait comprendre que seule une seule somme de 4,5 milliards cfa a été allouée pour le règlement définitif des ex-travailleurs c’est à dire la moitié du solde de tout compte validé par le Premier ministre de l’époque. Non content de cela, il nous fait savoir par un « chantage » sordide que, pour être indemnisé, il faudra que chaque ayantdroit signe une lettre de renoncement à toute poursuite contre l’Etat du Sénégal. C’est grave et inadmissible pour d’anciens travailleurs sénégalais à qui l’Etat doit de l’argent… » se désole Moussa Dieng, membre du Syndicat des pilotes de ligne.
Le syndic-liquidateur se défend et rassure…
Contacté par « Le Témoin» à propos de ce que les ex- travailleurs qualifient de « tentative de torpillage de la procédure de paiement », l’Agent judicaire de l’Etat (Aje), Me Bocar Thiam, s’est félicité tout d’abord de la volonté du président de la République de régler définitivement les indemnités des anciens travailleurs d’Air Afrique. « Pour les montants arrêtés, il faudra vous adresser au syndic de la liquidation. En ma qualité d’Agent judiciaire, je ne suis qu’un ordonnateur de dépenses voire de paiement dans cette affaire d’Air Afrique. Donc, c’est le Syndic qui me fixe le montant à payer… » a-t-il indiqué tout en nous orientant vers le Syndic Me Pape Moctar Ba. Justement le Syndic-liquidateur, lui aussi, tient à rappeler qu’il n’est qu’un mandataire chargé de régler l’actif et le passif de l’ex-compagnie Air Afrique toujours en liquidation. « Je pose des actes sous le contrôle de la Justice tout en n’exécutant que des décisions de justice » a-t-il déclaré d’emblée avant de regretter le fait que les ex-travailleurs ne lui facilitent pas la tache. « Car, leurs agissements ne font que freiner la procédure alors que la liquidation est presque bouclée. À la date d’aujourd’hui, 603 ex-travailleurs sénégalais sur 826 ont vu leur Solde tout compte (Stc) calculé par Abidjan et entièrement réglé par les syndics. Et l’autre partie réglée par l’Etat du Sénégal, via le Fonds social, sur financement Ahs/Shs, deux sociétés filiales d’Air Afrique avant sa liquidation. Pour les 223 ayants-droit restants, les Stc se montent à 04 milliards cfa 905 millions. C’est Abidjan qui m’a donné ce dû c’est-à-dire les 04 milliards cfa à payer. Et le reste c’est-à-dire les quelques 05 milliards cfa, ce sont des indemnités à négocier avec l’Etat. Il faut le préciser, ce sont des montants hors personnels sénégalais licenciés ou retraités avant la liquidation d’Air Afrique, donc non bénéficiaires des privilèges légaux » a tenu à éclairer le syndic Pape Moctar Ba. Pour tenter de rassurer les travailleurs non encore indemnisés d’Air Afrique, le liquidateur explique qu’à chaque acte posé, il s’adresse directement aux avocats pour éviter toute contestation. Sur certains points spécifiques revendiqués, il y a des sommes non reversées par l’ex-Air Afrique à la société qui gérait les retraites de ses employés : environ 1 milliard 700 millions de francs. Pape Moctar Ba demande que l’expersonnel étranger n’oublie pas non plus les compensations de leurs frais de déménagement et divers pour un montant de 826 millions cfa. Et aussi le fait qu’avant que la liquidation ne soit opérationnelle, l’Etat a financé les premières avances. « Et l’opération a duré 11 mois et confirmée par le directeur du Comité de Gestion des fonds concernés et un rapport d’audit du cabinet Mazars que nous a remis l’Anacim. Ces fonds ne sont pas décomptés dans les Stc de 53 personnes non réquisitionnées. Il y a aussi d’autres points à discuter avec l’Etat. Car l’ex-personnel sénégalais en poste à l’étranger considère qu’il ne doit pas y avoir deux poids et deux mesures et réclame une compensation (traitement dit égalitaire). Vous voyez, c’est une procédure très complexe qui suit son cours ! Bientôt, ils seront payés ! » a rassuré le Syndic. En tout cas, le dossier de liquidation de la compagnie panafricaine est un vrai scandale d’Etat provoqué par l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade. Un dossier dont a hérité le président Macky Sall. Hélas, depuis ce placement sous liquidation judiciaire, il y a plus de 20 ans, les ex-travailleurs décèdent les uns après les autres. De vieillesse, de maladies et aussi et surtout de misère sociale. Ceux d’entre eux encore en vie craignent donc que leurs indemnités n’arrivent trop tard…
Par Abdoul Aly KANE
LES RAISONS POSSIBLES D’UNE SORTIE EN DOUCEUR DE BNP PARIBAS DU PAYSAGE BANCAIRE AFRICAIN
Le Sénégal est l’un des rares pays de l’UEMOA à ne pas compter dans son paysage une banque sénégalaise d’envergure africaine, à capitaux privés sénégalais majoritaires. Le champion bancaire sénégalais reste encore à créer.
Dans sa parution du 02 juin 2019, l’hebdomadaire Jeune Afrique a titré à propos de la BNP (Banque nationale de Pars) - Paribas : « La banque française s’apprête à céder ses filiales africaines au Gabon, en Tunisie, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. En cause, les tensions avec les partenaires locaux et le faible dynamisme de ces marchés ». Une décision qui serait prise à l’issue d’une réflexion stratégique. La BNP est la société mère des BICI africaines dans lesquelles elle veut céder ses participations, mettant fin à une aventure qui date de 1962 pour ce qui concerne la BICIS, sa filiale du Sénégal. Dans sa livraison du 25 mars 2022, le journal Financial Afrik annonce à son tour que « BNP Paribas poursuit son désengagement de l’Afrique ». « Après la vente de ses filiales aux Comores, au Gabon, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et en Tunisie, la première banque en France et dans la zone euro par les actifs envisagerait de céder dans les prochaines semaines un de ses derniers joyaux de la couronne en Afrique francophone (BICIS et BICICI de Cote d’Ivoire), et selon nos informations, le mandat de la cession des parts de BNP Paribas à la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal (BICIS) a été confié à Rothschild & Co ». Selon Financial Afrik du 03 avril 2022, la décision de cession à des privés aurait déjà été prise en Conseil d’Administration. Depuis quelques années, BNP Paribas a entamé une « réflexion stratégique » qui semble avoir abouti à la décision d’un désengagement programmé de ses filiales d’Afrique francophone, au profit d’opérateurs privés. Le retrait annoncé de la BNP de son réseau africain n’est pas anodin ; il se situe en droite ligne de celui du groupe bancaire français BCPE (Banque populaire-Caisse d’épargne) qui a cédé, courant 2019/2021, ses actions de la Banque commerciale internationale (BCI) au Congo, de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), et de la Banque tuniso-koweïtienne (BKB) au groupe marocain Banque Centrale Populaire (BCP).
La Bicis dans le top 6 des banques du Sénégal
Pour ce qui concerne le Sénégal, rappelons que la BICIS, qui fait partie du top 6 des banques, appartient à BNP Paribas à hauteur de 54,11% et à l’Etat du Sénégal pour 24,89 %. Elle totalise environ 20 agences à Dakar et 12 agences régionales, et son bilan consolidé est de 483, 639 milliards de fcfa à fin 2020. Cette décision de cession, si elle venait à être confirmée, marquerait sans doute la fin des banques commerciales de détail (appelées ainsi pour les distinguer des banques d’investissements ou d’affaires) filiales de banques françaises dont le business model était centré sur la réalisation de marges entre le taux moyen des dépôts de la clientèle et le taux des prêts accordés aux demandeurs de crédit, principalement en charge des comptes des grandes entreprises françaises. Quelles pourraient être les raisons essentielles d’une telle décision concernant notre pays, si l’on sait qu’elle fait suite à la cession voici quelques années de banques comme le Crédit du Sénégal par le Crédit Lyonnais, et la BIAOS (Banque internationale pour Afrique occidentale – Sénégal) par la même BNP au groupe bancaire « Attijaari Bank » du Maroc ? Nous avons souvenance pour la BIAOS, que le principal motif avancé par la BNP était qu’elle n’avait pas vocation à entretenir deux réseaux bancaires concurrents (BICIS/BIAO). Cette décision de cession était intervenue après que la Banque de France lui eut intimé l’ordre d’acquérir (contre son gré) la majorité les actions de la COFIFA, société mère de la BIAOS. La cession de la BIAOS s’était réalisée dans des conditions spéciales. En effet, elle avait été cédée au franc symbolique à l’Etat du Sénégal après sa mise à neuf (apurement des créances douteuses par apport d’argent frais). Pour ce qui concerne les cessions déjà effectuées par la BNP depuis 2019, le groupe bancaire a parlé de recentrage d’activités au détriment du retail, et la concentration sur le portefeuille des grandes entreprises. D’autres raisons apparaissent en filigrane, à la lecture des rapports annuels d’activité. Dans son rapport annuel 2020, la BICIS évoque la très forte concurrence entre les banques de la place dans le segment des particuliers, avec des pratiques de surenchère notamment les rachats de crédits. Cette concurrence serait le fait des établissements de taille moyenne, et aurait tendance à effriter les parts de marchés des plus grandes banques. Elle devrait s’accentuer à l’avenir avec les nouveaux projets d’installation de banques annoncés. Au-delà de la concurrence des établissements moyens, il faut à notre sens rajouter celle relative à la révolution technologique ayant bouleversé le cœur de métier des banques traditionnelles. On assiste, en effet, à l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché, du fait de l’introduction du digital rendant plus souples, plus accessibles et moins coûteux les services bancaires et financiers.
Quand les FINTECH bousculent les banques traditionnelles
Ces opérateurs de type nouveau, ce sont les FINTECH, plus souples, peu consommatrices de ressources humaines et plus rapides dans les prestations de services comme les dépôts de fonds, les ordres de paiement divers et les transferts de fonds. Avec un smartphone, les utilisateurs peuvent, à partir d’applications simples, recevoir de la monnaie électronique, se la faire payer en monnaie fiduciaire et transférer des fonds vers un destinataire de leur choix, y compris à l’international pour des frais de transferts modiques. Les banques classiques ont des services spécifiquement dédiés aux opérations de caisse et de transfert ; mais ceux-ci sont désormais désertés, du moins pour ce qui concerne les petites opérations, au profit des FINTECH. Conscientes des effets dommageables de la non prise en compte de la révolution digitale, que d’aucuns caractérisent de nouvelle révolution industrielle, certaines banques organisent des partenariats avec les Fintech. C’est le cas de la FINTECH Wave en collaboration avec la Banque nigériane UBA au Sénégal. Le Nigeria, l’un des pays les plus engagés en Afrique en matière de FINTECH, attire les capitaux d’investisseurs mondiaux de premier plan notamment des États-Unis, d’Europe et d’Asie. Dans le rapport Harnessing Nigeria’s fintech potential, il est fait état des circonstances favorables au développement des FINTECH liées notamment à l’augmentation du taux de pénétration des smartphones en lien avec la jeunesse de la population, le tout sous-tendu par la volonté des autorités réglementaires d’accroître l’inclusion financière et le paiement sans cash.
Le Nigeria compte aujourd’hui plus de 200 sociétés de FINTECH.
Au-delà des FINTECH, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), les néobanques (établissements financiers 100 % en ligne et non reliées à une banque traditionnelle) et autres acteurs prennent de plus en plus de place dans le secteur et remettent ainsi en question le rôle des banques traditionnelles sur certains segments d’activités. Avec l’arrivée de banques africaines depuis une vingtaine d’années, la concurrence s’accroît davantage avec comme conséquences une surenchère sur les taux et sur le prix des services entrainant la compression des marges d’intermédiation, et des commissions perçues sur les services connexes. De surcroît, les banques classiques, disposant de réseaux d’agences plus denses, subissent un poids de charges d’exploitation plus lourd par rapport aux banques panafricaines et aux établissements moyens à effectifs plus réduits et autres FINTECH. Ainsi, dans un contexte de changement rapide induit par des avancées en matière de technologie financière, et faute de pouvoir opérer sans frais des restructurations drastiques d’effectifs et de fonds de commerce alors que le produit net bancaire résulte aujourd’hui des revenus sur titres (souverains en particulier), des crédits aux particuliers (salariés) et beaucoup moins des produits perçus sur la clientèle commerciale, on peut comprendre que les banques classiques puissent envisager d’opérer un retrait du paysage actuel et changer de business model. Pour conclure, il faut préciser que la cession des actions de la BNP Paribas détenues sur la BICIS, va entraîner ipso facto un changement d’actionnaire de référence, lequel aura la charge de la gestion. Par conséquent, cette opération suscite légitimement quelques interrogations. Concernant les futurs acquéreurs, s’agit-il de groupes exerçant des activités de banques, ont-ils des réseaux de correspondants leur permettant de mener des opérations de commerce international ? Quels sont les engagements pris en termes de développement de l’activité sur une durée à définir ? L’Etat a-t-il exercé son droit de préemption ? Il s’agit d’apporter des éclairages sur les modalités de la cession pour que nul n’en ignore. La BICIS est une banque de très bonne réputation qui n’a connu depuis près de 60 ans aucune crise notable touchant à son intégrité. En cela, la nouvelle structure de substitution devrait pouvoir servir le développement du Sénégal et non faire l’objet de spéculation à moyen terme consistant à la céder dans un second temps à un autre réseau bancaire au détriment des Sénégalais. Le Sénégal est l’un des rares pays de l’UEMOA à ne pas compter dans son paysage une banque sénégalaise d’envergure africaine, à capitaux privés sénégalais majoritaires. Le champion bancaire sénégalais reste encore à créer.
SEULEMENT 350 ADMIS AU CONCOURS DIRECT D'ÉLEVES-MAITRES (CREM) 2021, CONTRE 5000 «REPÊCHÉS» L'ANNÉE DERNIÈRE
Les leaders syndicaux de l'élémentaire s'indignent et comptent engager la lutte pour, disent-ils, protéger le système éducatif national.
Sur les quelque 30 000 candidats au concours de recrutement d’élèves-maitres (CREM) 2021, seuls 275 enseignants «option français» et 75 arabisants ont été recrutés dans la Fonction publique. Soit 350 concurrents admis par voie de concours contre 5000 enseignants recrutés sur demande l’année dernière. Les leaders syndicaux d’enseignants de l’élémentaire à l’instar des secrétaires généraux du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal) / Authentique, Abdou Faty, du Sels, Hamidou Diédhiou, et Mouhamou Moustapha Ségnane du SNELAS (Syndicat national des enseignants en langue arabe) FC, se disent à la fois surpris et déçus de ces résultats. Aussi, ils comptent engager la lutte pour un enseignement de qualité au Sénégal.
Pour la première fois, depuis 2015, les résultats du concours de recrutement d’élèves-maitres (Crem) ont fait réagir presque tous les acteurs de l’élémentaire qui jugent « catastrophique » le très faible quota de cette année. Sur 34 103 candidats sélectionnés, seuls 350 ont réussi à l’examen. Soit un taux de réussite d’environ 1 % aussi bien pour le français que pour l’arabe. Ces futurs enseignants sont au total 275 élèves-maitres français et 75 arabisants qui viennent s’ajouter aux 5000 enseignants recrutés l’année dernière sur demande du ministère de l’Education nationale. Interpelés sur le sujet, les enseignants en rigolent même pour dire que la tutelle a certes permis à 350 Sénégalais d’embrasser le métier d’enseignants par la voie légale. Cela dit, ils dénoncent le fait qu’en parallèle, les autorités aient fait aussi dans le «clientélisme politique» en repêchant 5000 autres.
Saloum Sonko dit ne toujours pas comprendre qu’»avec tout ce déficit criard d’enseignants à l’école, on prenne à la volée 5000 enseignants et seulement 350 par voie de concours». Une manière, pour lui et ses collègues, de fustiger ce qu’ils qualifient de promotion de la médiocrité à l’école. Ce qui ne saurait prospérer, selon le secrétaire général du Sels Authentique, Abdou Faty. «Ce quota ne présage rien de bon. C’est du n’importe quoi ! Le Sénégal a des impératifs de recruter des élèves-maitres parce que le déficit est criard. L’année dernière, les autorités ont fait des efforts en recrutant 5000 enseignants. Au lieu de s’inscrire dans cette dynamique pour de bons résultats à l’école, ils essayent de nous conduire à travers un recrutement «yaama nekh». Ils veulent fouler au pied les règles du recrutement pour prendre la voie des enrôlements farfelus. Nous ne pouvons pas tirer toutes les conséquences de cet état de fait parce que nous n’en connaissons pas encore les soubassements. Mais une chose est sûre.
Le profil d’entrée de l’enseignement est important. Des ministres comme Serigne Mbaye Thiam se sont battus pour un profil d’entrée sélectif, si les services de Mamadou Talla veulent maintenant se mettre dans une autre dynamique d’entrée, ce serait tout simplement catastrophique. Ce que nous n’accepterons pas. Nous appelons d’ailleurs tous les parents d’élèves à faire face. Nous comptons même organiser une marche pour qu’on ne tue pas l’école sénégalaise», nous confie cet enseignant. Le secrétaire général du Sels, Hamidou Diédhiou, s’inscrit lui aussi dans la même dynamique et entend même interpeler ses camarades du G7 (Groupe des sept syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation) pour, dit-il, résister afin de protéger le système. Ne mâchant pas ses mots, il estime que l’intrant le plus important, c’est-à-dire l’enseignant, doit être recruté sur la base de la qualité. C’est pourquoi, et revenant sur la faiblesse du quota relatif au recrutement des élèves-maitres, il affiche d’emblée un sentiment de déception. «Je suis déçu d’autant que le recrutement ne se fait pas sur la base de sentiment ou d’humeur mais selon un besoin exprimé et connu. Le besoin est estimé à plus de 35 000 enseignants. Partout, dans toutes les académies, les enseignants comme les autorités académiques reconnaissent le déficit. Ce même si l’Etat n’avait pas reconnu ce déficit avant. Mais maintenant, ils ont la bonne information et le reconnaissent avec le recrutement de 5000 enseignants l’année dernière. Aujourd’hui, ils reviennent pour ne prendre que 350 dont 75 dans l’arabe pour ensuite faire un autre recrutement spécial sous des allures politiciennes. Ça pose problème. J’ai des craintes parce que le ministère n’a pas communiqué sur le nombre. En tant que syndicat, nous n’avons pas été associés et nous ne connaissons pas les soubassements de cette diminution du nombre des admis. Au moins 2500 enseignants étaient attendus. C’est le minimum. Si on théorise, c’est parce qu’on veut mettre en avant un clientélisme politique et fouler au pied la qualité. Or le recrutement, basé sur les diplômes et le niveau, c’est ce qui va positivement impacter sur la qualité de l’enseignement. Nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous, du Sels, allons le partager avec nos camarades du G7. Il faudra résister. Ce système, nous devons le protéger».
Aliou Sadia Sall de la plateforme «Forum des Enseignants et Enseignantes du Sénégal» emboite le pas à Hamidou Diédhiou pour dire que le mode de recrutement pose problème, et qu’il sera difficile pour les jeunes Sénégalais d’avoir un emploi par voie de concours. «Des concours sont organisés pour donner des chances au maximum de Sénégalais. Mais voilà qu’en parallèle, le ministre emprunte d’autres voies alors que le recrutement normal, ça donne le droit à toutes les personnes de se présenter. Le concours, c’est la voie normale pour accéder à la fonction enseignante. Mais aujourd’hui, on recrute des gens sur demande. Et la majeure partie de ces nouvelles recrues sur demande n’aura pas le niveau. Pour ces 350 dont 75 arabisants, c’est un nombre insignifiant par rapport aux candidats et au déficit d’enseignants à l’école», a-t-il fustigé. Par rapport au quota d’enseignants, option arabe, le secrétaire général du Snelas Fc, Mouhamadou Moustapha Ségnane, affiche également un sentiment de déception. «D’après ses dires, le ministère aurait justifié la baisse du nombre par le recrutement de 5000 enseignants fait l’année dernière. C’est la justification du ministère. Mais comparativement à la situation sur le terrain, le nombre ne devrait pas connaitre une baisse. Au contraire, il devait augmenter d’autant que les classes multigrades et les doubles flux sont toujours là encore qu’on a déjà affecté tous les 5000 enseignants recrutés l’année dernière. En tout cas, pour ce qui est des enseignants d’arabe, si on avait besoin de 100 enseignants, on en a pris que 20 nouveaux. Or, chaque école de six classes doit avoir un enseignant arabe. Et chaque école de 12 classes, deux enseignants pour 24 heures de cours dans la semaine voire 30 heures si on y ajoute les cellules pédagogiques...».
MIMI, UN RETOUR À LA PUISSANCE MILLE
Après une traversée du désert de quelques mois, Aminata Touré semble retrouver la confiance totale du président de la République qui l’a même réintégrée au plus haut niveau dans son dispositif politique
Au lendemain de son départ du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), c’est de notoriété publique qu’elle n’était plus dans les plans de Macky Sall. Mais, après une traversée du désert de quelques mois, Aminata Touré semble retrouver la confiance totale du président de la République qui l’a même réintégrée au plus haut niveau dans son dispositif politique en lui confiant, comme ce fut le cas lors de la présidentielle de 2019n la fonction de coordinatrice du pôle parrainage de sa coalition Benno Book Yaakar (BBY)... Un poste plus que stratégique !
Le dimanche 1er novembre 2020, Aminata Touré était remplacée, contre toute attente, par un des opposants les plus critiques jusque-là du régime du président Macky Sall, Idrissa Seck en l’occurrence. Ce coup de Jarnac donné à une dame qui avait, à son arrivée au Cese au mois de mai 2019, mis cette institution au-devant de la scène, était considéré par beaucoup d’observateurs comme une liquidation politique. Toutefois, l’intéressée ne s’était pas laissée faire. Elle avait pris du recul pour sans doute mieux revenir. Sur le plan international, elle avait entrepris de participer à des conférences internationales. Au niveau national, elle ne se privait pas de donne ses avis sur les sujets qui faisaient l’actualité sans prendre des gants. Des sorties qui semblaient gêner certains souteneurs du président de la République comme Samuel Sarr qui n’avait pas hésité à monter au créneau pour l’attaquer. La réplique des proches de l’ancien Premier ministre n’avait pas tardé. Bassirou Dieng, qui était son conseiller en communication lorsqu’elle était présidente du CESE, était monté au créneau pour remettre à sa place l’ancien ministre de l’Energie du président Abdoulaye Wade. Imperturbable, Mimi avait continué son bonhomme au sein de la mouvance présidentielle. Malgré ses positions parfois dérangeantes, elle était montée en première ligne lors des manifestations meurtrières du mois de mars 2021 suite à l’arrestation de Ousmane Sonko pour parler à « son » frère Macky Sall après les sorties malheureuses des ministres de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, et du Président du CESE Idrissa Seck. Avec conviction et courage, elle avait « recommandé » au président de la République de s’adresser à la Jeunesse de son pays afin que celle-ci comprenne qu’il l’a comprise. « Je suggère aussi au président de la République d’opérer dans l’urgence toutes les économies budgétaires possibles pour mettre en place un programme spécial d’urgence pour la Jeunesse avec la participation effective et transparente des organisations de jeunes et la société civile en veillant à son exécution effective au niveau le plus décentralisé que sont les quartiers ». Une sortie qui avait été bien entendue par Macky Sall qui, finalement, avait décidé de s’adresser à son peuple.
Mimi, de la cadence à la décadence puis à la remontada !
Deux mois plus tard, exactement le 7 juin 2021, Macky Sall et Mimi se retrouvent encore, arrondissent les angles et mettent leurs divergences de côté. Bien qu’elle ne se soit pas présentée aux élections locales du 23 janvier dernier, Aminata Touré s’est donnée corps et âme pour soutenir ses frères et sœurs de coalition qui briguaient les suffrages de leurs compatriotes. Elle avait notamment été aperçue dans certaines communes de Kaolack et de Dakar. Au lendemain des élections, elle a été désignée coordinatrice nationale du pôle parrainage de Benno Book Yaakar par Macky Sall. Une revanche dans la mesure où beaucoup d’autres responsables politiques de la mouvance présidentielle auraient bien voulu être propulsés à cette « station » stratégique. Bien dans sa peau de « patronne » du pôle parrainage, Mimi Touré semble prendre encore des galons. Lors de la conférence de presse des leaders de la majorité présidentielle tenue le 16 mars 2022, c’est Mimi Touré qui est choisie pour porter leur parole. Une sortie payante du fait que, depuis les émeutes de mars 2021, aucune voix n’avait été aussi percutante dans la réponse aux attaques de l’adversaire — pour ne pas dire ennemi — politique numéro 1 du régime que celle de ce jour-là. Jusque-là, les partisans du président ravalaient leur langue de peur de se faire lyncher par les fédayins d’Ousmane Sonko sur la toile. Certains craignaient pour leur maison ou leur voiture qui pourrait brûler du jour au lendemain s’ils portaient la contradiction au leader de Pastef. D’autres redoutaient des agressions physiques. Tous sauf l’ancien Premier ministre, Mimi Touré, qui venait de porter un uppercut au « redoutable » Sonko. Elle ne s’en était pas arrêtée là, la coordinatrice du pôle parrainage de Benno Aminata Touré avait aussi invité les militants de Benno à « rester fermes face aux provocations » de l’opposition avant de jeter un pavé dans la mare du plus virulent opposant. Mimi Touré avait interpelé Sonko sur ce qu’il qualifie de « complot » contre lui depuis mars 2021. Il avait fallu quelques secondes seulement à Mimi Touré pour faire ce qu’aucun membre de la mouvance présidentielle n’a fait depuis les émeutes de mars 2021 qui ont fait 13 morts. Elle avait renvoyé Ousmane Sonko dans le salon de massage Sweet Beauty — où se seraient déroulés les faits supposés de viols répétés — plus précisément dans l’agenda et le carnet de rendez-vous dudit salon : « Benno ne détient pas le carnet de rendezvous du Sweet beauty »… Une uppercut qui continue de faire les choux gras des réseaux sociaux et de la presse.
Une décoration synonyme de revanche...
Quelques jours auparavant, Mimi Touré s’était prononcé sur la nomination du poste de Premier ministre pour conseiller au président de la République d’attendre l’après-élections législatives pour nommer celui ou celle qui doit occuper en poste. Un conseil qui semble avoir été décrypté 5/5 par son destinataire dans la mesure où, depuis lors, Macky n’a toujours pas encore nommé quelqu’un à ce poste. Nos sources soutiennent d’ailleurs que le président de la République ne compte pas nommer un Pm d’ici les législatives prochaines. De la décadence, Mimi Touré accélère depuis un bout de temps la cadence en sa faveur et a le vent en poupe. Sa décoration par le chef de l’Etat au grade de Commandeur de l’Ordre national du « Lion » le prouve bien quand on sait que de gros bonnets de la mouvance n’ont pas bénéficié de cet honneur de la part du Président. Pourquoi pensez-vous donc à une autre Aminata, prédécesseure justement de « Mimi » au poste de présidente du CESE ? Une autre victoire sur ses détracteurs qui poussent d’ailleurs beaucoup à penser qu’elle a le meilleur profil pour diriger la liste nationale de Benno Book Yaakar et espérer succéder à Moustapha Niasse au perchoir comme future présidente de l’Assemblée nationale...
YOUSSOU NDOYE ABSENT POUR PLUSIEURS SEMAINES
À la lutte pour le maintien en Betclic Élite, Orléans a enregistré un coup dur. En effet, le club français va devoir se passer des services de l’international sénégalais Youssou Ndoye. victime d’une fracture à la main
Les nouvelles ne sont pas bonnes pour Youssou Ndoye et Orléans. Considéré comme un atout majeur cette saison, le capitaine des Lions est victime d’une fracture à la main. L’annonce a été faite par son club. Avec cette blessure, le pivot des Lions sera éloigné des parquets pour plusieurs semaines.
À la lutte pour le maintien en Betclic Élite, Orléans a enregistré un coup dur. En effet, le club français va devoir se passer des services de l’international sénégalais Youssou Ndoye. Le capitaine des Lions est victime d’une fracture à la main. «Victime d'une fracture de la main lors de la rencontre face à Monaco, notre pivot sera tenu éloigné des parquets pour un bon moment», peut-on lire sur le site du club. Cette blessure du joueur de 30 ans aura sans doute des répercussions sur le club du Loiret qui est en mauvaise posture (16ème avec 8 victoires et 17 défaites depuis l’ouverture de la saison. Même si le club ne s’est pas prononcé sur la durée de son indisponibilité, le capitaine des Lions sera absent pour un bon moment. D’ailleurs, le club est en train même de rechercher un joueur capable de remplacer son pivot. «Le club est actuellement à la recherche d'un pigiste ».
Agé de 30 ans, le joueur est considéré comme le quatrième meilleur marqueur (17,2 pts) et le meilleur rebondeur (8 prises) de Betclic Élite. Avec cette blessure, le géant sénégalais (2m 13) aura besoin de force pour revenir avec la sélection sénégalaise en vue de la dernière phase des éliminatoires de la Coupe du monde 2023 qui va se jouer en Egypte en début juillet.
Leader du groupe D, le Sénégal va défendre son fauteuil devant la RD Congo, l’Égypte et le Kenya. Les Lions auront sans doute des renforts de taille avec les probables renforts. Les Lions n’auront besoin que d’une seule victoire en Égypte pour passer au second tour. Le Sénégal vise une 3ème qualification de rang en Coupe du monde après 2014 et 2019.
LE CETUD HÉRITE DE LA CIRCULATION ET DU STATIONNEMENT DANS DAKAR
Depuis hier, le “D” dans Cetud ne signifie plus Dakar. Dorénavant, il est devenu “Durable”. Cette mutation intervient dans un contexte où le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar a déjà manifesté des limites objectives d’ordre institutionnel
Les députés ont adopté hier à l’unanimité le projet de loi portant création du Conseil exécutif des transports urbains durables. En effet, avec ce nouvel organe de gestion et de régulation du transport urbain, le Cetud s’étend au-delà de la capitale et hérite de la gestion de la circulation et du stationnement, faisant ainsi écho à une cohérence entre aménagement urbain et gestion de la mobilité.
Depuis hier, le “D” dans Cetud ne signifie plus Dakar. Dorénavant, il est devenu “Durable”. Cette mutation intervient dans un contexte où le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar a déjà manifesté des limites objectives d’ordre institutionnel et financier. Qui plus est, Dakar étouffe à cause d’absence d’une autorité chargée de la gestion de la circulation ou même du stationnement dévolu aux collectivités locales qui malheureusement, la plupart du temps, ne disposaient pas de l’expertise qui sied. C’est donc pourquoi il était nécessaire de procéder à cette mutation pour assurer une prise en compte effective des enjeux de développement durable. Cette évolution institutionnelle est devenue incontournable dans la conception et la mise en œuvre des politiques de transport.
D’après Mansour Faye qui défendait le projet de loi, cette volonté d’inscrire la durabilité au cœur des actions du CETUD est en droite ligne avec les engagements du Sénégal pour l’atteinte des objectifs de développement durable devant permettre de concilier la croissance économique, la préservation de l’environnement et l’équité sociale. “Le Cetud avait son rayon d’action au niveau de la région de Dakar. Aujourd’hui, avec ce nouveau projet de loi, le Cetud étale son assiette au niveau de la région de Thiès et va lui permettre de jouer son rôle d’organisation et de régulation du système de transport au niveau du triangle Dakar-Mbour-Thiès”, s’est félicité le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement qui fait savoir également que des mesures sont en train d’être prises pour des localités comme SaintLouis-Diourbel-Touba.
Par ailleurs, l’adoption de ce projet de loi englobe d’autres innovations à savoir la mise à la disposition de la nouvelle structure de ressources financières pérennes et adaptées à ses nouvelles missions. En outre, il intervient désormais dans le processus de planification urbaine pour une meilleure prise en compte des problématiques de mobilité urbaine entraînant aussi l’élargissement de son périmètre d’actions, à travers notamment l’extension de son ressort territorial à la région de Thiès, pour anticiper la conurbation de l’espace Dakar-Mbour-Thiès et assurer, en particulier, la prise charge correcte de la desserte des grandes plateformes multimodales comme l’Aéroport International Blaise Diagne, les zones économiques spéciales et les pôles touristiques.
Le Cetud aura enfin la possibilité d’accompagner les collectivités territoriales, autres que celles des régions de Dakar et Thiès, dans la définition de stratégies de mobilité urbaine. D’ailleurs, un Plan national de Mobilité urbaine sera défini dans ce cadre. Les innovations de ce projet s’articuleront autour des missions déclinées : élaborer, en rapport avec les services concernés, des stratégies de mobilité urbaine durable ; œuvrer à la modernisation des systèmes de transports publics urbains de voyageurs ; assurer la régulation des transports publics urbains de voyageurs, y compris les taxis urbains ; veiller à l’organisation de la circulation et du stationnement ; assurer un rôle de soutien à l’aménagement urbain.
Le Conseil exécutif des Transports urbains durables (CETUD) contribuera ainsi à faire évoluer la politique des déplacements urbains vers davantage de cohérence entre aménagement urbain et gestion de la mobilité, par une meilleure prise en compte de leurs interactions. Ses organes de gouvernance sont désormais constitués par un Conseil d’Administration (organe délibérant, à la place d’une Assemblée plénière) et une Direction générale (organe exécutif).
LE PARRAINAGE VAUT MIEUX QUE LE FILTRAGE PAR CAUTION
Fadel Barro, ancien coordonnateur de «y en a marre», se veut formel
L’ancien coordonnateur du mouvement «Y en a Marre» a annoncé hier sa candidature pour les élections législatives prévues en juillet 2022. Revenant par ailleurs sur le système du parrainage, Fadel Barro trouve que ce mécanisme vaut mieux que le filtrage par caution.
Fadel Barro se veut formel. Selon l’ancien coordonnateur du citoyen «Y en a marre», la collecte de parrains vaut mieux que le filtrage par argent dans une démocratie. Il estime en effet que le filtrage par caution est une méthode qui vise à écarter certaines couches sociales du terrain politique. «Depuis l’indépendance, on nous a fait croire que pour faire de la politique, il faut de l’argent. C’est une tromperie, parce que faire de la politique, c’est avoir des idées pour son pays et de les défendre sur le terrain», a indiqué le journaliste lors du lancement de la campagne de collecte de parrainage de leur coalition «Jammi Gox yi».
Toutefois, Fadel Barro a déploré l’objectif visé par Macky Sall à travers ce nouveau système de filtrage. Il estime en effet que le Président Macky Sall et son régime utilisent le parrainage pour éliminer de potentiels candidats. «Or, dans une démocratie, la meilleure manière d’arbitrer, c’est de retourner la parole au peuple. Si le nombre de signatures doit désigner le nombre de peuples, on ne peut être que souteneur. Mais quand l’enjeu est de choisir ses candidats, il y a un problème. C’est pourquoi, il faut interroger Macky Sall sur les mécanismes qu’il utilise pour exécuter son parrainage», peste le journaliste qui invite les jeunes à se battre contre le pouvoir de l’argent.
«LES DEPUTES ONT FAILLI A LEURS MISSIONS»
Revenant par ailleurs sur sa candidature aux élections législatives de juillet 2022, Fadel Barro indique que celle-ci s’explique par son ambition de faire entendre la voix du Sénégal des territoires ignorés, marginalisés et négligés par des décennies de politiques publiques. «Cette candidature est celle d’un projet de ruptures et de configuration d’une nouvelle manière de prendre les préoccupations des sénégalais», affirme l’ex-coordonnateur de «Y en a marre» qui pense que les députés ont failli à leurs missions de contrôle de l’action publique. A ses yeux, ces derniers sont à la solde des partis politiques et non de la Nation. «Les parlementaires représentent des intérêts de clans partis au lieu de répondre aux préoccupations des citoyens dont ils sont les délégataires de suffrages», se désole Fadel Barro. Concernant le nombre de signatures pour le parrainage, lui et ses camarades rassurent et se fixent un objectif de 60.000 signatures. «Le terrain n’est pas facile, mais nous allons faire de notre mieux pour atteindre notre objectif, parce que nous travaillons assez sérieusement pour collecter le maximum de signatures», souligne-t-il. A noter que Jammi Gox Yi est une coalition composée de mouvements tels que Jammi Kaolack, Daara Djolof, Thiès, et le mouvement Goudomp Debout.
NOUS N’ACCEPTERONS PAS D’ÊTRE LES AGNEAUX DU SACRIFICE AU SEIN DE BBY
Birahim Camara, secrétaire général de la coordination du PS en France, estime que les investitures ne doivent pas être faites en catimini sans que le parti y mette les formes
Très remontés contre le secrétariat exécutif de leur formation politique, les cadres et responsables du Parti Socialiste (Ps) ont lancé hier l’Initiative de Réflexion et d’Action Socialiste (Iras) pour étendre la réflexion et poser des actes concrets. Selon le secrétaire général chargé de la coordination du Ps en France, Birahim Camara, les socialistes n‘accepteront pas d’être les agneaux du sacrifice au sein de Benno Bokk Yaakaar (Bby).
Après la sortie musclée des socialistes de Thiès pour tirer la sonnette d’alarme sur la léthargie notée au sein de la formation verte depuis le rappel à Dieu de leur secrétaire général, c’est au tour des cadres et responsables du Ps établis à Dakar de lancer l’Initiative de Réflexion et d’Action Socialiste (Iras). Selon le secrétaire général de la coordination socialiste en France, le PS doit retrouver pleinement son choix, loin des accords d’appareils. En effet, Birahim Camara estime que les investitures ne doivent pas être faites en catimini sans que le parti y mette les formes.
Ainsi, il insiste sur le fait que le Ps publie les noms des candidats qu’il doit investir pour qu’ils soient connus des militants même s’ils sont sur la liste proportionnelle. «II ne faut pas que le Ps impose ses candidats au sein de Benno, mais au moins que les candidats qui doivent être investis soient connus des militants et qu’on les formalise même s’ils sont sur la liste proportionnelle. L’important, c’est que le choix émane des militants». Pour ce faire, il estime qu’une rencontre entre le secrétariat exécutif et la base est nécessaire pour décider de la conduite à tenir, c’est-à-dire aller dans Benno ou sous les couleurs socialistes. «Nous demandons que les choses soient clarifiées au sein des instances du parti, car nous n’accepterons pas d’être les agneaux du sacrifice au sein de Benno», avertit-il.
Et d’ajouter que l’Apr se taille la grande part sous le regard impuissant des partis qui la composent et qui ont donné carte blanche au Président Macky Sall d’élire qui il veut, quand il veut. «Cela était valable en 2012 en 2017, mais ça ne peut pas l’être pour toujours. Et on a besoin de représentants du Parti Socialiste comme les figures de l’Apr. Nous n’accepterons pas la gourmandise de l’Apr», fulmine toujours le responsable socialiste. Il annonce dans la foulée que si le Bureau politique n’organise pas le parti, cela va affaiblir Bby, parce que les frustrés vont voter contre les candidats de Bby. «Cette fois, en terme de boycott des partisans du conformisme et des militants nostalgiques du Parti Socialiste des années 80, nous fermons, parce que nous ne serons pas avec une nouvelle majorité qui ne serait unie que sous la bannière des renouvellements d’instances sans une vraie cohérence», tranchent-ils.
UNE RÉUNION D’URGENCE CONVOQUÉE, CE SAMEDI
Selon Birahim Camara, toutes les instances du Ps sont amorphes depuis le décès de Ousmane Tanor Dieng. Du comité villageois jusqu’au secrétariat exécutif national, il révèle qu’aucune instance ne respecte le calendrier socialiste, les réunions ne se font pas en temps normal. Et de poursuivre : «Le comité central qui est le parlement du parti et où toutes les décisions sont prises ne tient plus ses rencontres trimestrielles. Idem pour le bureau politique qui doit se réunir une fois par mois».
En outre, il renseigne que Aminata Mbengue Ndiaye a convoqué une réunion d’urgence samedi dernier, quand elle a senti que le coup venait. «C’est elle qui a le droit de vie ou de mort sur le parti ; nous ne pouvons pas l’accepter. Nous allons descendre dans les coordinations et partager notre offre politique aux militants et sympathisants du parti. Nous allons exiger un congrès extraordinaire avant les Législatives. Parce que nous avions élu Tanor et Dieu l’a arraché à notre affection. Il faut que notre secrétaire général soit légitime. Nous voulons aussi sortir de cette situation d’intérim et aller vers la légitimation», affirme-t-il.
MACKY SALL CHANTE SES RÉALISATIONS DANS LE SECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Le chef de l’Etat a reçu hier au Palais de la République la communauté universitaire. Macky Sall a réuni les recteurs d’université et autres directeurs d’instituts pour échanger, réfléchir et orienter les prises de décision pour améliorer le système d’ens
Le chef de l’Etat a reçu hier au Palais de la République la communauté universitaire. Macky Sall a réuni les recteurs d’université et autres directeurs d’instituts pour échanger, réfléchir et orienter les prises de décision pour améliorer le système d’enseignement.
Le Président Sall a prononcé hier au Palais de la République une leçon inaugurale devant les recteurs d’universités et autres directeurs d’instituts. Il s’agit, selon lui, d’examiner avec eux les voies et moyens d’améliorer le système d’enseignement supérieur et de recherche pour qu’il reste à la hauteur des ambitions et au plus près des réalités de notre temps. Profitant de l’occasion, le chef de l’Etat est revenu sur ses actions en faveur du système. Ainsi, il indique que les dotations budgétaires du secteur de l’Enseignement supérieur sont passées de 117 milliards en 2012 à 241 milliards en 2022 soit plus du double en dix ans.
A l’en croire, cet effort budgétaire a permis entre autres réalisations l’élargissement de la carte universitaire avec l’ouverture des universités du Sine Saloum à Kaolack et d’Amadou Moctar Mbow de Diamniadio. Mais aussi, ajoute-t-il, des instituts supérieurs d’enseignement professionnel ; sans compter l’innovation majeure en l’occurrence l’université virtuelle du Sénégal. Faisant toujours son bilan, il rappelle que l’évolution du nombre d’enseignants chercheurs est passée de 2 027 enseignants en 2015 à 2 348 en 2021. Quant aux personnels administratifs et techniques (PATS) dans les œuvres sociales, ils sont passés de 2745 en 2012 à 6225 agents en 2021. Il se réjouit également de la construction et de l’équipement de 100 laboratoires ; et de la mise en service du supercalculateur, du microscope électronique et des équipements de biotechnologies dernière génération.
En ce qui concerne les actions envers les étudiants, le Président Sall a évoqué la construction de nouveaux pavillons pour une meilleure prise en charge des besoins en logement des étudiants. Un investissement, dit-il, de plus de 79 milliards de francs CFA. «Je dois rappeler que le nombre de lits d’étudiants était de 6 030 en 2012. Aujourd’hui, ce nombre est passé à 43 375 lits. Donc, c’est une multiplication par sept en dix ans », explique-t-il. Poursuivant, il soutient que la moitié des budgets des œuvres sociales est destinée aux bourses et aides. «Je dois rappeler que le nombre de boursiers est passé de 77 924 étudiants en 2011-2012 à 122 778 étudiants boursiers et aidés en 2020- 2021. Et les ressources allouées aux bourses et aides ont presque doublé, passant de 40 milliards en 2012 à 70 milliards en 2021 », souligne-t-il.
Le président de la République estime en définitive que même s’il y a aujourd’hui des chantiers à construire ou à parfaire, il n’y a pas de quoi rougir de nos universités et instituts. «Nous pouvons être fiers du bilan réalisé. Nous, tous réunis ici, sommes la preuve vivante de la qualité des ressources de nos établissements publics. Pour l’essentiel, nous sommes diplômés des universités sénégalaises. Je suis fier et heureux de dire que j’ai fait mes humanités à l’UCAD», se glorifie l’actuel président de l’Union Africaine (UA).
De plus, note-t-il, si l’université sénégalaise accueille toujours des étudiants et chercheurs d’autres pays, c’est bien parce qu’elle continue de répondre à sa vocation de pôle de diffusion de savoir et de savoir-faire.