L’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) organise, depuis hier, un atelier de deux jours sur l’accès des femmes au foncier. Ainsi, la cérémonie de lancement de la campagne dénommée ’’Debout sur sa terre’’, a permis de passer en revue les pesanteurs qui bloquent l’accès des femmes à la terre, afin d’y remédier.
L’accès des femmes au foncier, au Sénégal, constitue toujours une problématique, malgré les nombreux acquis enregistrés. Les différentes organisations qui s'activent dans ce domaine ont jadis mené des actions isolées qui ont rendue inefficace le combat pour l’égalité homme-femme dans l’acquisition des terres.
Ainsi, l’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) en partenariat avec Landesa, a lancé hier, à Dakar, la campagne ’’Debout pour sa terre’’. Le directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) renseigne que des organisations comme Actionaid, Ipar et le Congad ont décidé de mettre sur pied l’Alliance nationale femmes et foncier (ANFF) en 2018.
D’après Amadou Kanouté, cette décision résulte d’un constat qui relève que ces structures agissent toutes pour que les femmes puissent accéder au foncier, mais séparément. ’’On s’est rendu compte qu’il y avait un gab entre le cadre normatif et la réalité du terrain, malgré le fait que notre ordonnancement juridique est parfait. De la Constitution jusqu’aux textes réglementaires, tous reconnaissent que l’homme et la femme sont égaux pour l’accès aux ressources naturelles’’, a indiqué M. Kanouté, par ailleurs Coordonnateur de l’Alliance nationale femmes et foncier.
Ainsi, pour rendre leur plaidoyer plus efficace, ces structures ont jugé nécessaire de mener des actions conjointes, à savoir parler aux mêmes cibles, aux mêmes ministères, mais également développer un plan stratégique dans le cadre de l’alliance, qui permettra de faire en sorte que leur travail puisse aboutir à des résultats. ’’La mise en œuvre en 2018, a permis de donner de la visibilité à l’alliance et à faciliter notre insertion dans les réseaux au plan international. C’est l’objet de la campagne que nous allons lancer à partir de cet atelier. Faire en sorte que la pratique sur le terrain reflète le cadre normatif, c’est ce gab que nous essayons de combler en lançant cette campagne’’, a fait savoir le directeur exécutif du Cicodev Afrique, qui assure par ailleurs la présidence de cette alliance nouvellement constituée.
Après cette synergie, les membres de l’alliance devront faire face aux pesanteurs qui sont de plusieurs ordres et empêchent aux femmes d’accéder à la terre. Concernant ces dernières, Amadou Kanouté liste les contraintes sociales, économiques ou religieuses. Selon lui, dans certaines sociétés, il est difficile, pour la femme, de posséder des terres ou d’obtenir la moitié de l’homme, en cas de partage sur le plan religieux. A cela s’ajoutent les faibles revenus économiques des femmes qui font qu’elles peinent à acheter des terres et s’adonner à des activités agricoles.
’’Les femmes font face à toutes ces difficultés. Il s’agira, pour le projet, de travailler à faire en sorte que ces difficultés puissent être réduites à travers la sensibilisation, l’information et des conversations avec les leaders d’opinion pour qu’ensemble, on puisse dire les lois dans ce pays qui consacrent que l’homme et la femme sont égaux dans l’accès au foncier’’, explique le directeur exécutif du Cicodev.
Il prévoit, dans le même sillage, l’implication des institutions financières pour appuyer les femmes, afin de leur permettre de mettre en valeur ces terres arables. ‘’Cela ne sert à rien de donner une terre à une femme qui peut cultiver, mais qui n’a pas les moyens économiques de garder le contrôle effectif réel de la terre. C’est tout cela qui fait que nous lançons cette campagne avec l’appui de Landesa’’, poursuit-il.
La secrétaire exécutive d’Enda Pronat estime, pour sa part, qu’il s’agit, à travers cette campagne, d’un combat pour le rétablissement de la justice sociale et la légalité des communautés. D’après Mariem Sow, les pesanteurs sont là, mais cela n’empêche en rien les résultats satisfaisants qui sont en train d’être réalisés. ’’Des femmes parviennent, dans la zone des Niayes, à hériter de terres. Avec la parité, le combat se fait par la formation, l’information, le renforcement des capacités de ces femmes qui sont dans les instances locales. Donc, l’espoir est permis au Sénégal’’.
Madame Sow pense néanmoins que quelle que soit la volonté des organisations, tant que les politiques nationales ne s’engagent pas, il restera du chemin à faire. A ses yeux, le combat ne peut être efficace que si l’on trouve des systèmes de financement et d’appui aux femmes, car, fait-elle remarquer, c’est bien d’avoir de la terre, mais c’est encore mieux de pouvoir la mettre en valeur.
A ces préoccupations, la conseillère en genre au ministère de l’Elevage et des Productions animales rassure que l’Etat appuie cette couche de la société par le biais des mécanismes institutionnels. Ndèye Safietou Diop rappelle, à cet effet, la loi agro-sylvopastorale qui, dit-elle, est loin d’être discriminatoire. ’’On se rend compte que les femmes ignorent et vivent des barrières pour accéder aux terres, mais cette loi permet à toutes les femmes de demander la terre pour travailler’’. Toujours dans ces mécanismes, elle cite la stratégie d’égalité et d’équité des genres dans ses composantes, qui encourage les femmes les accompagne pour accéder à la terre et les encadre pour le financement’’, souligne la représentante du ministère de l’Élevage. Pour qui les mécanismes d’accès au financement se sont améliorés avec le dernier-né qu’est la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der).
Il s’agit, selon Ndèye Safiétou Diop, des fonds qui existent dans les différents ministères et qui sont ouverts aux femmes. ’’Je suis venue vous assurer de la main tendue de l'Etat par rapport à cette campagne de plaidoyer. L’Etat vous ouvre ses portes à travers ses différents ministères, institutions et structures pour qu’ensemble, nous atteignions cet objectif qui est d’accéder à la terre de manière pratique. La cause que vous défendez est plus que noble. Vous le faites pour l’Etat’’, se réjouit-elle.
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CONSEQUENCES DE LA CRISE SCOLAIRE ET LE PROCES DANS L'AFFAIRE FAUX PASSEPORTS A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE ZIK FM
Les parutions parvenus à Fabrice Nguéma ce samedi 19 février 2022 mettent en exergue les conséquences de la crise qui secoue le monde scolaire mais aussi le procès des députés impliqués dans l'affaire de faux passeports
Les parutions parvenus à Fabrice Nguéma ce samedi 19 février 2022 mettent en exergue les conséquences de la crise qui secoue le monde scolaire mais aussi le procès des députés impliqués dans l'affaire de faux passeports. Dans cet élement, écoutez l'intégralité de la revue de presse de la Zik Fm.
LA CRISE SCOLAIRE ET L’AVENIR DE L’ÉCOLE EVOQUE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
Les tractations pour une sortie de la crise scolaire sont au menu de plusieurs quotidiens parvenus à l’APS, dont certains évoquent la rencontre de la dernière chance
Dakar, 19 fév (APS) - Les tractations pour une sortie de la crise scolaire sont au menu de plusieurs quotidiens parvenus à l’APS, dont certains évoquent la rencontre de la dernière chance, lors de laquelle les négociateurs de l’Etat et des syndicats d’enseignants vont tenter samedi de rapprocher leurs positions pour sauver l’année.
’’La dernière rencontre pour résoudre la crise scolaire’’ qui dure depuis plusieurs semaines, pointe Sud Quotidien, au sujet de cette réunion entre l’Etat et les syndicats du secteur, qui se retrouveront ’’pour poursuivre les négociations en vue de sauver l’année scolaire’’.
’’Une rencontre dite de la dernière chance pour trouver une solution de sortie de crise de l’école publique marquée par des perturbations à cause des grèves répétitives des syndicats d’enseignants pour le respect des accords signés’’, lit-on dans les colonnes du même journal.
’’Ce matin (samedi), tous les parents d’élèves du secteur public de l’éducation auront les yeux rivés sur la rencontre entre l’Etat et les syndicats d’enseignants. On ne sait pas encore si un accord sera trouvé, mais les positions se sont rapprochés, indique le journal Le Quotidien.
Il signale à cet effet que "10 milliards de plus’’ a été mis sur la table des négociations par le gouvernement, sans compter les ’’nouvelles concessions’’ faites aux syndicats d’enseignants.
L’Observateur rapporte cependant que même en cas d’accord entre les deux parties, les syndicats ’’préviennent que pour qu’il y ait rattrapage des heures de cours perdues, il faudra que les montants ponctionnés sur les salaires soient remboursés’’.
Vox Populi, également, s’intéresse à cette rencontre de la dernière chance entre l’Etat et les syndicats d’enseignants, mais surtout ce journal donne le ton concernant l’installation progressive depuis quelques semaines des maires élus à l’occasion des élections territoriales du 23 janvier dernier.
Selon le journal, le nouvel édile de la capitale du rail, ’’serviteur’’ de Thiès, se dit convaincu qu’"il n’y aura pas de répit’’, alors qu’à Guédiawaye, "Ahmed Aïdara fait sa passation de service sans Aliou Sall’’, le maire sortant.
A ce sujet et pour ce qui concerne l’élection du bureau municipal de Guédiawaye, l’ancien président Abdoulaye Wade ’’presse les conseillers de Wallu à voter pour les candidats de YAW’’, la grande coalition de l’opposition, souligne Vox Populi.
Et Me Wade menace même de ses foudres ’’les conseillers Wallu récalcitrants’’, indique Walfquotidien, selon lequel l’ancien président ’’vient renforcer la dynamique des leaders de l’opposition qui ont décidé de faire bloc derrière le nouveau maire de Guédiawaye’’.
’’Il a donné des instructions fermes pour un soutien actif, total et sans faille à Ahmed Aïdara. Les contrevenants menacés de sanction interne en cas de désobéissance’’, fait savoir Les Echos.
L’élection du nouveau bureau municipal de Guédiawaye n’a pas pu se faire en raison d’altercations entre élus de différents camps, le camp du nouveau maire accusant le sortant d’achat de consciences.
Les sujets politiques du jour consistent également en une affaire de renouvellement du personnel, avec notamment le quotidien L’As qui parle des potentiels successeurs au secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP), actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse.
’’Après plus de 20 ans d’existence’’, l’AFP ’’va devoir se trouver un nouveau secrétaire général après le départ annoncé de Moustapha Niasse de la tête de cette formation politique’’, souligne L’As.
Le journal ajoute que d’ores et déjà, ’’certains responsables progressistes semblent être en bonne posture pour prendre la tête de ce parti’’ membre de la coalition présidentielle. Il cite Mbaye Dione, Alioune Sarr, Malick Diop, Bouna Mouhamed Seck, Soham el Wardini.
Sur un tout autre sujet, Enquête titre sur la ’’pression étouffante’’ liée au renchérissement des denrées de première nécessité, à la crise scolaire et à la baisse du pouvoir d’achat. ’’Autant la population étouffe, autant le régime est acculé et attendu sur plusieurs fronts sociaux’’, relève le journal.
Le quotidien Bés Bi Le jour ouvre sur un sujet de société relativement peu traité, à savoir l’adoption, en lien avec des problématiques telles que les grossesses non désirées, les abandons d’enfants et les infanticides.
Le Soleil résume le dernier sommet entre l’UE et l’UA, qui a pris fin vendredi, en citant le chef de l’Etat, Macky Sall, président de l’Union africaine. Selon le président Sall, ce sommet a été ’’une occasion historique de poser des actes’’.
COUPE DU MONDE 2022, LA FSF CONFIRME LA TENUE DU BARRAGE RETOUR AU STADE DU SÉNÉGAL
La Fédération sénégalaise de football a confirmé la tenue, le 29 mars prochain, au nouveau stade du Sénégal, du match devant opposer les Lions aux Pharaons d’Egypte pour le compte du barrage retour qualificatif à la Coupe du monde 2022, a appris l’APS
La Fédération sénégalaise de football a confirmé la tenue, le 29 mars prochain, au nouveau stade du Sénégal, du match devant opposer les Lions aux Pharaons d’Egypte pour le compte du barrage retour qualificatif à la Coupe du monde 2022, a appris l’APS de source fédérale.
Cette infrastructure sportive érigée Diamniadio, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, sera inaugurée mardi en présence du président de la FIFA, Gianni Infantino, du chef de l’Etat turc, Recep Tayip Erdogan et plusieurs autres personnalités. La pose de la première pierre de ce stade avait été faite le 22 février 2020. L’entreprise turque Summa a construit le stade doté d’une capacité de 50 000 places.
Le Sénégal et l’Egypte, adversaire de la dernière finale de la Coupe d’Afrique de nations doivent s’affronter le 25 mars, au Caire, dans un match comptant pour la manche aller du barrage qualificatif à la Coupe du monde 2022.
INFERTILITÉ OU INFÉCONDITÉ DANS LE COUPLE : LE TERRIBLE CAUCHEMAR DES FEMMES AU SEIN DES MÉNAGES
Beaucoup de couples n’arrivent pas à concevoir d’enfant, ce qui est un fardeau insupportable dans la famille et au-delà la société.
Au Sénégal, le problème d’infertilité touche beaucoup de couples et devient l’élément perturbateur de la quiétude au sein des ménages. Même si ce phénomène peut concerner l’homme comme la femme, cette dernière est souvent blâmée et accusée d’en être la cause. Ainsi tantes, belles-mères, belles-sœurs, mères, cousine et sœur, tout le monde s’y met pour charger la conjointe jugée incapable de procréation. Parfois allant jusqu’à élaborer des plans odieux pour dissoudre le mariage, si on n’incite pas tout bonnement le mari à trouver une autre épouse capable de lui faire des enfants.
«Je veux voir mes petits enfants avant de mourir. Si tu ne peux enfanter, j’amènerai une autre qui pourrait le faire, porteuse de poisse, femme maudite». Ce refrain quasi quotidien venant de dames, belles-mères pour la plupart ou même de belles-sœurs, des femmes ayant la malchance de tomber sur des couples infertiles en sont abreuvées tout le temps. Notamment dès le premier anniversaire de leur mariage sans enfant ni grossesse ou signe de grossesse.
Beaucoup de couples n’arrivent pas à concevoir d’enfant, ce qui est un fardeau insupportable dans la famille et au-delà la société. Le problème peut se situer à plusieurs niveaux entre les deux partenaires, certes. Mais, le plus souvent, la femme est tenue responsable et pointée du doigt, avec toutes sortes d’injures. Parfois, la belle-famille fait tout pour dissoudre ce mariage qu’elle qualifie «d’insignifiant» de «raté», pour ensuite chercher une autre épouse pour leur fils. Conséquence ou psychose de ce fardeau, toute femme songe à enfanter, bercer, entendre les cris de son bébé et faire des nuits blanches.
Mais quand l’infertilité/infécondité, abusivement considéré dès le départ comme une «stérilité», vient s’incruster, c’est le début d’un calvaire dans des ménages sénégalais qui sont caractérisés, dans une certaine mesure, par une sorte de compétition «d’enfantement». Dans les tours de familles ou cérémonies, les tantes, cousines et belles-sœurs ne peuvent s’empêcher de polluer l’air en parlant des sujets qui tournent autour de l’enfant. Tout ça dans le but de mettre mal à l’aise la belle-fille qui tarde à leur donner un neveu ou une nièce.
Mariée depuis 6 ans, cette dame qui se confie sous le couvert de l’anonymat, n’a jamais donné la vie, malgré ses traitements. Pour sa belle-famille, elle porte la poisse ; c’est pour cela qu’elle n’arrive pas à tomber enceinte. «J’ai entendu toutes sortes de propos venant de ma belle-famille. J’ai subi des humiliations dans les rencontres familiales car j’étais souvent sujet de discussions des autres femmes et cousines de mon mari. Ne voulant plus être au centre de l’attention, j’ai arrêté de participer aux tours», raconte-t-elle.
Mamadou Diama Diané, condamne fermement le mauvais traitement que ces femmes subissent dans leur foyer. «Ceux qui osent juger la femme stérile et la mal traité, ils ne croient pas en Dieu. Quand il s’agit d’infécondité, ils ont tendance à faire focus sur la femme, en oubliant que le problème peut venir du mari. Dans cette société, la femme est reléguée au second plan, c’est pour cela qu’on la tient pour responsable de toute mauvaise chose, même si elle est parfois innocente», relève-t-il. Et de renchérir : «Ici, on a vu des femmes encaisser des insultes, alors qu’elles n’ont aucun problème pour donner la vie ; mais c’est plutôt le mari. L’homme, même s’il est viril, peut voir des problèmes pour féconder. Et pourtant, elles font semblant d’être celles qui n’arrivent pas à enfanter, pour couvrir le mari», révèle-t-il.
Quant à Mariame Diakité, elle a failli être répudiée à cause de son infécondité qui a duré 7 ans. «C’était une rude épreuve, mais je remercie le Bon Dieu. Dans mon ménage, je vivais l’enfer au jour le jour. Mes belles-sœurs me traitaient de femme ’’incapable’’. Mais je ne me laissais pas faire. Elles n’avaient aucune considération à mon égard. Du coup, je me battais avec elles, pour me défendre. J’ai failli plusieurs fois être répudiée. Mais les autres membres de la famille intervenaient en nous rappelant l’engagement du mariage. C’est comme ça que je vivais, jusqu’à ce que mon mari épouse une autre femme», dit-elle. Ne pouvant plus supporter cette situation, Mariame a finalement demandé le divorce.
Selon Diama Keita, avoir un enfant dépend de Dieu et non de l’homme. «C’est Dieu qui donne ; donc si l’enfant tarde à venir, pourquoi en faire tout un plat. Si cela ne dépendait que de l’homme, chacun aurait un enfant et n’aurait plus à vivre ce manque. En général, les belles-mères créent le doute chez leur fils et le pousse à épouser une autre. Mais quand Dieu décide, personne n’y peut rien car on a vu des couples vivre sans enfant et, pourtant, ils sont plus à l’aise que ceux qui en ont. A quoi ça sert d’avoir un enfant sans éducation ou qui vit dans la misère, le banditisme… ?», se demande-t-elle.
Ici au Sénégal, la infertilité ou infécondité dans le couple dont les causes sont vite attribuées à la femme considérée hâtivement comme «stérilité» est un véritable problème. Pis, ces femmes vivent l’enfer dans leurs ménages car elles sont tenues pour responsables de ce «malheur» par les belles-familles.
ABBE ROGER GOMIS, ARCHIDIOCÈSE DE DAKAR : «Pour les catholiques, le mariage est ouvert à la vie, à la procréation, mais…»
"Il faut d'abord reconnaître qu'il s'agit parfois d'une terrible épreuve pour les femmes qui vivent une telle situation, à cause, bien sûr, des pesanteurs sociales. Nous sommes, en effet, dans une société qui vide la femme mariée sans enfant de toute sa dignité. Beaucoup considèrent que c'est la honte, le déshonneur et même un malheur. Nous devons arriver à la conversion des mentalités. En tant que croyants, nous savons que c'est Dieu qui accorde la grâce de l'enfantement. C'est Lui l'auteur de toute vie. Sa grâce, Il l'accorde à qui il veut et sous des formes variées. Ensuite, pour les catholiques, le mariage est ouvert à la vie, à la procréation. Mais cela ne se limite pas seulement à la naissance des enfants. Cette grâce peut également se manifester par l'adoption. Voilà pourquoi, dans l'Église catholique, la stérilité ou l'infertilité n’est pas en soi un empêchement de mariage. Par contre, s’il est prouvé que quelqu’un a dissimulé volontairement (dol) sa stérilité, le mariage peut être déclaré nul pour défaut de consentement pour dol."
MAME BOCAR DIALLO, IMAM CITE FADIA : «La reproduction est certes encouragée dans l’Islam, mais…»
"L'Islam est contre le fait de causer du tort à son prochain. La religion musulmane est intransigeante sur ce point. La reproduction est certes encouragée dans l’Islam, mais il ne faut jamais omettre que tout ce qui arrive est de la Volonté Divine. C’est Dieu qui donne un ou des enfants à qui Il veut et au moment voulu. Il faut être ignorant pour oser tenir des propos désobligeants envers une femme qui ne peut pas avoir ou qui n’a pas eu d'enfant(s). Nous rappelons que la religion musulmane incite, aux sujets des malades, la «nécessité de se faire soigner». Il y a d'ailleurs un Hadith (tradition du Prophète - PSL) selon lequel : «Dieu n’a pas fait descendre sur terre une maladie sans avoir fait descendre en même temps son remède». Donc, il faut être tolérant envers ces femmes car la femme est très valorisée dans l'Islam et y occupe une place de premier choix."
PORTRAIT - STERILITE D’UNE FEMME AU FOYER : L’histoire bouleversante de Ndeye Awa Sambou
Au moment où certaines femmes étouffent leurs bébés, abandonnent leurs nouveau-nés dans une décharge, poubelle ou fosse septique, etc. d’autres donneraient tout l’or du monde pour connaitre le «bonheur de l’enfantement». Mais, malheureusement, infertiles ou stériles, ces dernières vivent véritable quotidien d’enfer au sein des ménages familiaux ou dans leur couple. C’est le cas de Ndeye Awa Sambou qui n’a même pas connu une fausse couche, après 10 ans de mariage. Entre calomnie, souffrance et humiliation de la part de sa belle-famille, cette brave dame nous raconte sa tumultueuse histoire.
Agée de 39 ans, Ndeye Awa Sambou est une femme d’origine casamançaise qui loge dans un quartier de Colobane, chez sa belle-famille. Mariée depuis belles lurettes, avec son amour d’enfance, S.N., cette femme aux formes généreuse rêvait d’être mère, comme la plupart des mariées. Mais, c’était sans compter avec le coup d’un destin cruel qui fera capoter ses beaux rêves. Pour comprendre son mal intérieur, il faudra remonter en 2012, l’année, à laquelle elle a appris sa stérilité. Meurtrie, perdue, Ndeye Awa se croyait être dans un cauchemar. «Après quelques années de mariage, je n’ai même pas connu une fausse couche. J’ai commencé à m’inquiéter car tout le monde me demandait ce que j’attendais encore pour tomber enceinte. J’en ai parlé avec mon mari et nous sommes partis faire des analyses, tous les deux, pour voir ou se situe le problème», raconte-t-elle. Avant d’ajouter : «A ma plus grande surprise, j’étais celle qui avait des problèmes pour enfanter car mes trompes étaient bouchées», se remémore-t-elle, sous un ton triste. Cependant, ces révélations ne l’ont pas empêché de garder espoir car, dit-elle, «je me disais que, parfois, il arrive que les médecins se trompent. Mon mari était aussi très affecté par cette nouvelle ; par contre, il le camouflait et m’a soutenu dans ce combat. Mon médecin m’a demandé de faire un traitement», explique Ndeye Awa. Après une année de traitement et de diagnostic, sans succès, elle a arrêté car, selon elle, c’était couteux. Ainsi, elle s’est retournée vers les marabouts de la Casamance qui «sont connus pour leur don de guérir une femme stérile». Après 2 ans de traitement traditionnel, elle espérait donner la vie. «Quand je partais en Casamance, j’avais vraiment de l’espoir. Je suis allée de marabout en marabout et j’ai fait toute sorte de rituels, j’ai pris des bains et bu des mélanges de racines et d’écorces, pendant deux (2) années», narre-t-elle. Malgré tous ces efforts, cette tentative s’est soldée par un échec.
«POUR EVACUER MON MAL, JE PLEURAIS CHAQUE NUIT ET…»
Et Ndeye Awa Sambou n’avait que ses yeux pour pleurer. «Pour évacuer mon mal, je pleurais chaque nuit et mon mari me consolait. C’était une étape difficile pour nous deux. Chaque jour, je voyais les enfants de mes beaux-frères jouer et courir dans toute la maison. Cela me mettait mal à l’aise», révèle Ndeye Awa. Selon elle son ménage est devenu, tout d’un coup, fade. Ainsi elle a commencé à vivre le calvaire dans son ménage. «Ma belle-mère plaçait toujours ses autres belles-filles au-dessus de moi. Et pourtant, je suis la belle-fille ainée de la famille. Elle n’hésitait pas à me rappeler indirectement que je n’ai pas encore enfanté et que je prive son fils le bonheur d’être père.» Face à ces piques, Ndeye Awa ne supportait plus le mal qui la consumait à petit feu. Après les assauts de sa belle-mère, viennent ceux de sa belle-sœur avec qui elle s’était battue. «Elle m’avait traité de ‘’femme stérile’’ ouvrant par la même occasion cette plaie qui ne s’était pas encore cicatrisée. Ce jour-là, je ne voyais que la mort», explique-telle. Dans cette maison, Ndeye Awa vivait le calvaire au quotidien. Mais sa misère s’est accentuée lorsqu’elle a amené sa nièce pour l’élever. «Quand j’ai amené ma nièce, avec l’accord de mon mari, je n’ai pas eu de répit. Les piques se multipliaient et ma belle-mère m’a demandé de la retourner (chez ses parents, ndlr) car elle n’était pas la bienvenue. J’ai abdiqué, j’ai ramené ma nièce (chez son père, ndlr) et ma famille était très compréhensive vis-à-vis de ma situation», lâche Ndeye Awa, d’une voix teintée de tristesse. Et comme si le destin s’acharnait sur elle, son mari a épousé une deuxième femme, sous l’ordre de dame belle-mère. «Ce fut le plus terrible jour de ma vie, même si mon mari m’avait fait part de sa décision» avant, fait-elle savoir. Anéantie, se sentant trahie, meurtrie, elle a quitté la maison conjugale, le temps de souffler. A son retour, sa belle-mère ne lui faisait plus la misère car, selon Ndeye Awa, elle avait obtenu ce qu’elle voulait. «Elle chantait les éloges de ma coépouse qui avait donné naissance à un petit garçon, après une année de mariage. Quant à mon mari, je ne dirai pas qu’il ne m’aime plus ; mais je ne sens plus cette flamme entre nous», confie-t-elle, la gorge nouée. Aujourd’hui, avec toutes les mauvaises passes qu’elle a traversées, Ndeye Awa Sambou a su surmonter cette épreuve qui, selon elle, est devenue moins poignante car le temps a su apaiser sa douleur.
DR SOULEYMANE LO, SOCIOLOGUE : «Malheureusement, dans cette pénible épreuve de stérilité, c’est toujours à la femme à qui la société demande des comptes»
«Dans la religion musulmane, diton souvent, que la finalité du mariage n’est point exclusivement la procréation mais plutôt le moyen par lequel la famille se fonde. Parlant de famille, on entend l’idée d’un ensemble de personnes issues de l’union d’un couple entre l’homme et la femme dont l’élément multiplicateur demeure la maternité. En effet, sans la maternité, c’est-àdire la naissance de l’enfant devant symboliser le gage de la perpétuité de la famille, le mariage qui ne s’en sote pas ainsi, devient, au regard de la société, un désespoir voire une malédiction à la survie de la société. C’est dans cette perspective que l’enfant est appréhendé comme une bénédiction qui confère à ses géniteurs la place qu’ils sont censés occuper dans la sphère sociale où le respect surtout dû à une femme est fonction de sa capacité à enfanter. Parce que c’est la femme qui enfante que, naturellement, il est admis de croire, même à tort, que toute infertilité lui incombe sans partage. En effet, cette infertilité est synonyme de culpabilité chez la femme qui n’arrive pas à faire preuve de maternité pendant un certain temps de son mariage. Au Sénégal, la tradition tient tellement à cette preuve de lendemain meilleur qu’on pense que l’anniversaire du mariage doit se fêter à trois, sous présidence de l’enfant, le prince ou la princesse qui témoigne de la virilité du père et de la capacité de procréation de la mère. En sus, l’héritage le mieux réussi est évidemment celui qui s’adresse aux enfants et non aux parents du couple. Ainsi, l’enfant est de tout ce qui fait valeur au sein d’un couple autant qu’il constitue la caution de la femme pour son entrée dans le cercle restreint des femmes ayant droit à la parole. C’est également pour l’homme une fierté d’être admis parmi les paires et d’espérer d’être relevé des corvées une fois à l’âge adulte.
«L’ESPRIT ORDINAIRE PENSE SOUVENT QUE LA VIRILITE DE L’HOMME FAIT FOI DE FERTILITE, OR…)
Malheureusement, dans cette pénible épreuve de stérilité, c’est toujours à la femme à qui la société demande des comptes. En effet, l’homme, sauf s’il ne démontre pas d’une impuissance physiquement sexuelle, est à l’abri des questionnements et de l’inquisition des proches quant à l’absence de nouveau-né dans le couple. L’esprit ordinaire pense souvent que la virilité de l’homme fait foi de fertilité. Et par conséquent, dès qu’il est attesté que l’homme tienne une bonne et solide érection, c’est alors la femme qui n’est pas apte à répondre par l’ovulation aux jets des coups de reins dignement reçus. Or, aujourd’hui, avec la science, être viril ne signifie pas forcément être fertile. Malheureusement, pour l’homme, ce serait une honte voire une humiliation que d’aller se faire soigner dès qu’il pense jouir de la capacité de ses entrejambes. Dans un contexte de stérilité, c’est évidemment la femme qui en souffre plus. Cette souffrance n’est que le résultat de la pression familiale aussi bien sa belle-famille que sa propre famille elle-même. C’est parce que la société attend d’elle la délivrance qu’elle se sent davantage responsable de l’absence de maternité dont elle est implicitement accusée coupable. Ainsi, sur le plan social, elle s’inscrit à fuir les regards qu’elle juge menant en violation de son intégrité et de sa dignité de femme devenue moins valeureuse que le contenu d’une poubelle. Sous ce regard et du point de vue psychosociale, cela peut conduire une femme victime de la stérilité à adopter des comportements extrêmes tels que le suicide dans l’espoir de se soulager de ce fardeau dont elle n’est pourtant directement responsable. Souvent, faute de choisir d’être parmi les excusés de la vie, une telle femme peut se transformer bilieuse et acariâtre au point qu’elle finisse par détester l’enfant d’autrui car celui-ci lui rappelle son infertilité.»
DR DAOUDA CISS, ANCIEN INTERNE DES HOPITAUX DE DAKAR, GYNECOLOGUE-OBSTETRICIEN A L’HOPITAL IDRISSA POUYE DE DAKAR (EX-CTO) : «De plus en plus les gens commencent à comprendre que l’infertilité, c’est un problème de couple»
C’est un abus de langage que de parler très tôt de stérilité d’une femme ou d’un homme ou dans un couple parce que la stérilité est irréversible. Alors que l’infertilité dans le couple ou de l’un des membres est réversible. Donc ce sont deux choses différentes. La mise au point est du Dr Daouda Ciss, ancien interne des hôpitaux de Dakar, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Idrissa Pouye de Dakar (ex-CTO). Tout en revenant sur les causes connues et inconnues et les remèdes, il souligne que de plus en plus les gens commencent à comprendre que l’infertilité est un «problème de couple».
C’est quoi la stérilité ?
Je crois que c’est un abus de langage que les gens disent stérilité parce que la stérilité c’est une chose qui est définitive dans un couple, qui n’est pas réversible. Alors que l’infertilité c’est une chose qui est réversible. Il y a deux choses différentes : la première chose, c’est la stérilité qui est donc irréversible et, la seconde, l’infertilité qui est réversible.
C’est quoi une infertilité dans un couple ?
C’est un couple qui entretient au moins des relations sexuelles régulières pendant au moins un an sans contraception préalable. C’est ça la définition donc de l’infertilité du couple. Qu’est-ce qui explique l’absence d’enfants dans un couple ? L’absence d’enfants, ça peut être causée par beaucoup de choses. Ça peut être une cause masculine ou bien une cause féminine ou bien une cause du couple (les deux partenaires) ou bien parfois il n’y a pas de cause retrouvée. Presque dans un (1) cas sur cinq (5), il n’y a pas de cause retrouvée ; donc dans 20% des cas, la cause ne parvient pas à être retrouvée. Mais la plupart des cas, c’est soit une cause féminine ou une cause masculine chez l’homme ou bien une cause des deux partenaires. Chaque partenaire a une cause bien déterminée. Mais parfois il n’y a pas de cause.
Comment remédier à l’infertilité ?
Pour remédier à ça, il faudra déjà faire un bilan du couple. Parce que quand on dit infertilité, ce n’est pas une seule personne, c’est un couple. Ça concerne aussi bien l’homme que la femme. Même si, le plus souvent, ce qu’on pense, c’est d’abord les femmes qui viennent en consultation ; mais secondairement on peut voir les hommes en consultation bien sûr si le bilan féminin est normal. Par rapport aux causes féminines, il y en a plusieurs. Par exemple, ça peut être une cause hormonale, une femme qui n’ovule pas ou bien une ovulation qui n’a pas de bonne qualité. Ça peut être une cause due aux organes de la femme. Par exemple si les trompes sont obstruées ou bouchées ou bien s’il y a des fibromes dans l’utérus qui empêchent l’œuf fécondé de s’implanter dans l’utérus ou bien s’il y a des malformations utérines, voilà entre autres causes utérines. Ou bien parfois c’est chez l’homme. Un homme qui a eu des antécédents de chirurgies au niveau des testicules ou bien au niveau des Hernies inguinales ou bien un homme parfois qui a ce qu’on appelle les boules qui ne sont pas descendus, les testicule ne sont pas descendus dans les bourses par exemple. On appelle ça la Cryptorchidie. Tout ceci va entraîner des troubles du Spermocytogramme. Sans oublier les causes infectieuses qui peuvent toucher aussi bien l’homme que la femme. Maintenant ça peut être des causes qui intéressent le couple comme une incompatible parfois. Après chaque relation, il n’y a pas d’implantation des œufs et ça se sont des anticorps qui peuvent l’expliquer. Ce sont les principales causes des infertilités du couple.
Qu’est-ce qui explique la réticence des hommes à aller voir les gynécos ?
Au fait, de plus en plus les gens commencent à comprendre que c’est un problème de couple. En tout cas moi, dans mes consultations, de plus en plus, je commence à convoquer les hommes en deuxième intention. Parce que si je n’ai pas d’autres causes chez la femme, je convoque les hommes pour faire au moins les spermogrammes pour voir s’il n’y a pas des anomalies. Et dans la plupart des cas, il y a au moins une semaine, j’ai eu trois couples, il y a eu l’homme qui a eu des soucis. L’un a été opéré avant-hier (mardi, ndlr). Il avait une varicocèle bilatérale. Ce matin (jeudi, ndlr) j’ai eu le même cas, hydrocèle bilatérale, qui explique la cause de l’infertilité. Il y a beaucoup de cas, parfois c’est des infections ou bien des anomalies de la forme des spermatozoïdes ou bien du nombre des spermatozoïdes, ainsi de suite, qui peuvent être liés à des infections. Et dans la plupart des cas, si on donne de la vitamine E et des antibiotiques, ça règle le problème. Maintenant, de plus, les hommes viennent en consultation. Pourquoi ? Parce que c’est différent d’être viril et d’être infertile. On peut être viril, parce que les gens croient que quand ils sont virils, ils sont fertiles, alors que c’est deux choses différentes. La virilité est une chose et la fertilité en est une autre. On peut être viril, on peut faire des relations sexuelles normalement, sans être fécond. Maintenant, c’est ça le fait de ne pas être fécond. Chez l’homme, c’est ça l’infertilité masculine. Alors, maintenant, le plus souvent, les hommes commencent à venir. On commence à prendre ces hommes là en consultation et en intervention chirurgicale s’il y a besoin, ainsi de suite. Mais, dans la plupart des cas, on constate que dans le cas d’une famille, c’est la femme qui commence d’abord à venir. Pourquoi ? Parce qu’il y a la belle-mère, il y a la belle-sœur, donc il y a les tantes par-ci, il y a le voisinage, le social qui font qu’on indexe d’abord la femme. C’est pour ça que c’est la femme qui vient en premier en consultation. Mais là, si on fait les investigations de bases et qu’on constate que la femme n’a pas de soucis, moi c’est en ce moment que je convoque le mari. Mais parfois c’est le couple qui vient en première intention, d’emblée. Et dans ces cas-là tu peux t’autoriser à demander le bilan du couple, s’il y a une cohabitation régulière avec des rapports sexuels réguliers pendant au moins un a
SUPPRESSION DU GUICHET UNIQUE DE LA CBAO : L’ACSIF DÉNONCE UNE «FORFAITURE»
La Cbao Sénégal a décidé de supprimer le guichet unique. Une décision que l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif) qualifie de «forfaiture».
L’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) a dénoncé avec la dernière énergie la mesure prise par la Cbao Sénégal, filiale du Groupe Attijariwafa Bank, consistant à supprimer le guichet unique. Face à la presse hier, vendredi 18 février, le président de l’ACSIF, Famara Ibrahima Cissé a qualifié cette décision de «forfaiture». Si rien n’est fait pour contre carrer cette mesure «unilatérale», l’ACSIF compte à partir de la semaine prochaine bloquer toutes les agences de la Cbao.
La Cbao Sénégal a décidé de supprimer le guichet unique. Une décision que l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif) qualifie de «forfaiture».
«Aucun client de la Cbao n’a désormais la possibilité de retirer au-delà de 200 mille francs sur une agence, autre que l’agence dans laquelle il a ouvert son compte. Aucun client de la Cbao n’a non plus la possibilité d’émettre un chèque endossé par un autre particulier et que ce denier puisse retirer le chèque dans une autre agence. Aucun client de la Cbao, en ce qui concerne son compte d’épargne, n’a la possibilité de retirer dans une autre agence n’importe quelle somme. Ce qui est une forfaiture, un manque de respect et un manque de considération vis-à-vis des usagers de cette institution financière», a dénoncé le président de l’Acsif Famara Ibrahima Cissé lors d’une conférence de presse hier, vendredi 18 février.
L’ACSIF lance ainsi un appel à l’Etat du Sénégal et à la Bceao pour qu’ils prennent leurs responsabilités sur cette question. «Nous n’accepterons pas que d’autres tracasseries viennent s’ajouter aux tracasseries que les usagers sont en train de vivre. Nous allons combattre cette mesure par tous les moyens, parce qu’elle a un but purement lucratif. C’est un gain de 3 milliards de francs Cfa que la Cbao va faire avec l’effectivité de cette mesure. Si cette mesure passe, toutes les autres banques vont l’appliquer», prévient M. Cissé. Si cette mesure n’est pas retirée, l’ACSIF compte à partir de la semaine prochaine bloquer, sur l’ensemble du territoire national, toutes les agences de la Cbao Sénégal.
Réparer les dysfonctionnements causés aux usagers par les opérateurs de téléphonie
Sur un autre registre, l’Acsif se réjouit des sanctions punitives et pécuniaires que l’autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a pris contre Orange, à hauteur de 16,7 milliards de francs Cfa, Expresso 1 milliard Fcfa et Free à plus de 2,5 milliards Fcfa. Ainsi Famara Cissé et ses collègues demandent-ils à ce qu’une partie de cette manne financière serve à soulager les populations qui ont été victimes des disfonctionnements de la qualité des services de ces opérateurs de téléphonie.
«Nous voulons aussi que l’Etat du Sénégal utilise une partie de cette somme pour améliorer la qualité de service du réseau dans les zones où le fonctionnement est défectueux pour permettre à ces populations d’être à chance égale aux autres qui sont à Dakar», a-t-il ajouté.
NÉGOCIATIONS ENTRE ÉTAT ET SYNDICATS CE SAMEDI : ELÈVES ET PARENTS D’ÉLÈVES RETIENNENT LEUR SOUFFLE
Elèves et parents sont dans l’expectative d’une issue positive pour sauver l’année scolaire.
Le gouvernement et les syndicats d’enseignants se retrouvent à nouveau ce samedi 19 février pour poursuivre les négociations en vue de sauver l’année scolaire. Une rencontre dite de dernière chance pour trouver une solution de sortie de crise de l’école publique marquée par des perturbations à cause des grèves répétitives des syndicats d’enseignants pour le respect des accords signés.
Elèves et parents sont dans l’expectative d’une issue positive pour sauver l’année scolaire. Ce samedi 19 février, le gouvernement et les syndicats d’enseignants vont se remettre autour de la table après l’échec des négociations, la semaine dernière. Il s’agira, sans doute, de la réunion de la dernière chance, qui pourrait permettre de trouver un compromis pour lever le mot d’ordre de grève et apaiser l’espace scolaire qui n’est, à cette heure, pas garanti.
En effet, les deux parties achoppent sur deux principales revendications des enseignants qui concernent la correction du système de rémunération et la demande de création de corps d’administrateurs scolaires dans le secteur public de l’éducation et de la formation. A la sortie de la rencontre de samedi, le gouvernement avait annoncé avoir fait huit propositions pour un impact budgétaire de 69 milliards de F Cfa aux syndicats d’enseignants qui les jugent insatisfaisantes. Toutefois, ces dernières avaient campé sur leur position. Résultat, la grève a continué pendant toute la semaine.
Parmi les propositions du gouvernement, il y a, entre autres, la «défiscalisation de l’indemnité de logement à 100%», «l’augmentation de 100% de la prime scolaire», «l’augmentation de l’indemnité de contrôle et d’encadrement», le «relèvement de 100% de l’indemnité de recherche documentaire et de surcharge horaire». Depuis quelques semaines, une profonde crise liée aux mouvements de grève des enseignants sévit dans le secteur de l’éducation et inquiète plus d’un.
Alors que chaque partie attend un «pas» de l’autre et que les négociations s’accélèrent, la durée des grèves était devenue très pénalisante pour les élèves. Craignant désormais pour leur année scolaire, les élèves ont manifesté leur colère en organisant des marches un peu partout dans le pays pour réclamer la reprise des cours. L’inquiétude grandit aussi chez les parents d’élèves qui craignent pour l’avenir de leurs enfants.
Dans ce cadre, des acteurs de l’éducation comme la Cosydep (Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique) et la Coalition nationale pour l’éducation pour tous du Sénégal (Cnept) ont invité les syndicats d’enseignants et le gouvernement à très vite trouver un consensus pour la reprise des cours, surtout au vu des effets de la covid-19 sur le secteur de l’éducation.
«NOUS RÉCLAMONS DE LA PART DU GOUVERNEMENT À 90%, UNE ENTRÉE PAR LES INDEMNITÉS»
Dans cet entretien, le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), Hamidou Diédhiou se dit optimiste pour une solution de sortie de crise de l’école
Le gouvernement rencontre pour la deuxième fois, en l’espace d’une semaine, les organisations syndicales du système éducatif en vue de trouver un consensus pour un apaisement de l’espace scolaire fortement perturbé par des grèves. Cette rencontre très attendue aura lieu ce samedi 19 février. Dans cet entretien, le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), Hamidou Diédhiou se dit optimiste pour une solution de sortie de crise de l’école. Toutefois, il prône l’entrée par les indemnités afin de donner à l’enseignant le statut qu’il devrait, selon lui, avoir depuis longtemps.
Le G7 rencontre ce samedi le gouvernement pour la deuxième fois consécutive après l’ouverture des négociations. A quoi doit-on s’attendre ?
Je précise que ce samedi, nous rencontrons le gouvernement pour recevoir, de sa part, la deuxième proposition après la première réunion qui s’est déroulée la semaine dernière. Depuis 2018, les revendications des enseignants sont là. Le protocole est signé entre les deux parties. Les syndicalistes attentent toujours une proposition concrète de la part du gouvernement sur le système de rémunération et également sur la question des administrateurs scolaires. Et depuis 2018, c’est la première fois que le gouvernement a accepté de faire des propositions tangibles sur ces deux questions. Ce samedi, nous allons le rencontrer pour la deuxième fois.
Le gouvernement a fait des propositions lors de la première réunion. Toutefois, vous êtes restés sur votre faim ?
Les propositions ont été faites. Nous, partie syndicale, avons eu des contre-propositions et nous avons estimé que l’offre du gouvernement était à la limite en deçà des attentes des revendications syndicales. Nous réclamons de la part du gouvernement, à 90% une entrée par les indemnités. Ce sont sur ces allocations que le gouvernement doit agir à notre faveur. Il doit beaucoup les augmenter, parce que pour la plupart, ce sont des indemnités qui datent de très longtemps. Si on prend l’indemnité de résidence, celle d’enseignement, de classe spéciale et toutes autres, sont là depuis longtemps et ont été rattrapées par le cours de la vie. Par conséquent, il faut ramener les indemnités à la hausse.
Pourquoi alors avez-vous maintenu votre plan d’actions avec des séances de débrayage et grèves ?
Il y a eu un semblant de propositions de la part de gouvernement qui a été fait. Nous avons dit qu’il faut agir sur cette indemnité. Nous avons estimé qu’il y a eu deux indemnités qui ont été omises. Ce qui devait par conséquent être intégré dans les propositions. Nous avons aussi estimé que ce que le gouvernement a proposé par moment et pour la plupart, est insignifiant. Insignifiant au regard de la forte demande, insignifiant par le fait que pour nous, la philosophie, le principe doit être la correction totale de ces injustices des agents de la fonction publique.
Au-delà des indemnités, il y a la question de la défiscalisation sur le salaire ?
Pour nous, le gouvernement doit aller dans le sens défiscaliser les salaires. Le caractère de cette fiscalité sur nos revenus est lourd et va dans le sens de tirer les salaires vers le bas. Il faut que l’Etat y travaille afin que le salaire ne soit non seulement dégarni, mais aussi puisse permettre à l’enseignant de vivre décemment de son gain. Donc fondamentalement, il s’agit d’entrée par les indemnités, de les augmenter d’abord et de les défiscaliser pour certains. L’approche que nous avons eue, c’est cette proposition que nous avons faite au gouvernement. Nous attendons que la date de ce samedi puisse être historique, qu’il soit le jour où le gouvernement du Sénégal aura choisi pour que de manière historique, nous puissions arriver à réviser ce qu’il y a aujourd’hui et à corriger les disparités, les inégalités et les injustices que nous notons dans ce système de rémunération des agents de la fonction publique.
Quelle est votre position par rapport à la hiérarchisation des indemnités de logement ?
L’indemnité de logement doit être augmentée, défiscalisée. On ne doit pas commettre cette erreur selon laquelle, il faut la hiérarchiser. Nous sommes contre, nous syndicat du G7 qui regroupe le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), le (Sels) authentique, le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), le Cadre unitaire des enseignants du moyen secondaire (Cusems), l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden), le Syndicat National des Enseignants en Langue arabe du Sénégal (Snelas/Fc) et le Syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale (Siens). Il faut se dire que cette indemnité de logement a une histoire. Elle était préalablement accordée aux enseignants de l’élémentaire par le défunt Président Léopold Senghor, qui pour lui, l’enseignant de l’élémentaire fait 80% de sa tâche à la maison. Cette indemnité a par conséquent un fondement pédagogique.
Le deuxième aspect, quand on parle de loyer, il n’est pas modulé, il ne connait pas de hiérarchie, et le troisième, on ne peut pas parler de correction et apporter une autre incorrection à cette indemnité en parlant de hiérarchisation. C’est pourquoi pour nous, au niveau de l’élémentaire, cette indemnité ne doit pas du tout être l’objet de hiérarchisation. Nous sommes contre et nous nous opposerons à toute tentative.
Les revendications syndicales sont récurrentes mais la qualité d’enseignement laisse à désirer ?
Nous sommes de ceux qui pensent que l’Etat a fait des efforts relativement aux financements de l’éducation. Cependant, comparés à ce que l’éducation représente pour notre pays, aux attentes de l’Etat dans ce domaine, nous considérons qu’ils sont insignifiants. Ce qui doit être investi dans le système si c’est fait, doit permettre d’arriver dans le panier de l’écolier lamda par un enseignement de qualité.
Que répondez-vous aux parents d’élèves qui demandent aux enseignants d’observer une trêve après les premières propositions de l’Etat ?
Nous les comprenons ainsi que leur demande. Les parents d’élèves n’ont pas fait par moment le rôle que nous attendions d’eux. Pour nous, en tant que parents d’élèves, nous devons travailler à être à équidistants entre le gouvernement et les organisations syndicales. On ne doit pas faire dans ce parti pris. On ne doit pas être partial. Quand on doit trancher, il faut dire la vérité. L’association des parents d’élèves, ce qu’elle devait demander, c’est d’aller dans le sens de la mise en œuvre des accords. Il ne s’agit pas de revendications mais plutôt de respect des accords. Nous ne sommes pas contre la suspension du mot d’ordre. Nous, syndicat, nous n’avons que l’école qui est inscrite dans nos prérogatives. Il nous faut nous aussi, se battre pour une école publique sénégalaise de qualité parce que, pour nous, c’est cette école-là qui doit assurer l’équité des citoyens sénégalais, le fils du pauvre et du riche à se mouvoir. Si l’Etat travaille à corriger ces injustices, nous allons aussi le faire, à ce que l’enseignant soit motivé dans la tâche quotidienne de classe. Nous attendons aussi que les parents d’élèves puissent porter les revendications chaque fois que de besoin se fait sentir et à temps réel.
Quelle est votre réaction face à la perturbation de l’école privée par les élèves du public ?
L’Etat doit prendre ces responsabilités. Il a le devoir régalien de protéger ces établissements. L’école publique sénégalaise a sa place dans la société tout comme l’enseignement privé. Ce dernier vient en appoint, en accompagnement mais au complément du système éducatif sénégalais. Par conséquent, il doit avoir un dispositif d’accompagnement et de protection de ces écoles-là. Il faut aussi que les parents travaillent à encadrer leurs enfants. En amont, nous devons les mettre sur les rangs de l’enseignement à l’école, le respect des valeurs, de l’enseignement au civisme afin que chacun puisse comprendre que dans ce pays, il ne sert à rien de casser, de perturber. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut à chaque grève, aller déloger les écoles privés. En définitif, le privé n’a rien à avoir dans cette affaire de la perturbation de l’école publique.
Quelle est votre position pour cette deuxième rencontre avec le gouvernement ?
C’est une position d’optimisme. Nous espérons que nos appels ont été suffisamment entendus, que le gouvernement arrivera à faire des propositions à la taille des attentes des organisations syndicales. Ce sont des propositions qui vont corroborer le statut de l’enseignant qu’il devrait avoir au Sénégal. Ce sont des propositions qui rassurent, assurent et qui mettent en confiance l’ensemble des parties en conflit pour que l’école sénégalaise retrouve sa quiétude, retrouve sa stabilité.