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25 juin 2025
CRIMINALISATION DE L'HOMOSEXUALITE, LES SENEGALAIS DANS LA RUE
Plusieurs personnes ont répondu présent ce dimanche à l'appel du collectif And Sam Jikko Yi. Les membres de cette organisation, même si l’Assemblée nationale a rejeté la proposition de loi qu’ils avaient initié, sont déterminés à faire presse sur l’Etat
Plusieurs personnes ont répondu présent ce dimanche à l'appel du collectif And Sam Jikko Yi. Les membres de cette organisation, même si l’Assemblée nationale a rejeté la proposition de loi qu’ils avaient initié, sont déterminés à faire presse sur l’Etat pour la criminalisation de l’homosexualité.
Après le rejet de la proposition de loi déposée à l’Assemblée par certains députés acquis à leur cause, les membres du collectif And Sam Jikko Yi ont organisé un rassemblement, autorisé par le préfet de Dakar, pour faire pression sur l’Etat du Sénégal. Ils veulent coûte que coûte obtenir la criminalisation de l’homosexualité.
L'Imam Alioune Badara Ndao, lors de sa prise de parole, s’est tout simplement adressé au Président de la République qui devrait montrer de bonnes dispositions pour faire voter cette loi qui, selon lui, est une demande sociale.
«Je demande à Macky Sall de respecter la demande de la population. Les homosexuels ne doivent pas être dans la société. Alhamdoulilah, aujourd'hui nous avons une jeunesse qui sait distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Respectons-les !», dit-il.
INAUGURATION DE L'ESS A KOLDA
l’espace Sénégal Services a eu l’honneur de recevoir le ministre de l’économie numérique, Yankhoba Diatara, qui a procédé à son inauguration en présence du préfet et de plusieurs maires.
A Kolda, l’espace Sénégal Services a eu l’honneur de recevoir le ministre de l’économie numérique, Yankhoba Diatara, qui a procédé à son inauguration en présence du préfet et de plusieurs maires. Ces derniers ont signé des conventions de partenariat avec l’ADIE pour la délivrance de services de qualité dans les communes du département.
Yankhoba Diatara a félicité les équipes de l’ADIE pour le travail de qualité abattu dans le cadre du programme Smart Sénégal.
Le DG de l’ADIE, Cheikh Bakhoum, a pour sa part estimé que cet espace implanté dans la capitale du Fouladou va impulser le développement économique du département.
Les maires du département présents à la cérémonie d’inauguration ne disent pas le contraire. Celui de Mampatim affirme que la fibre de l’ADIE a fait entrer sa commune dans l’ère moderne.
Enfin comme le veut la tradition, le Directeur général de l’ADIE a rendu une visite de courtoisie au gouverneur de Kolda dans le cadre de son séjour dans la région pour l'opérationnalisation des ESS des trois départements. Auparavant dans la journée, au petit matin, Cheikh Bakhoum est revenu avec l'équipe de Kenkelibaa sur la télévision nationale en direct de Kolda et en visio sur la tournée dans les régions sud du pays.
PREMIÈRE RÉUNION DU CONSEIL MUNICIPAL DE KAFFRINE
Le conseil municipal de Kaffrine a tenu sa première réunion sous la forme d’une session de formation, en vue de mieux outiller ses membres pour les amener à mieux répondre aux attentes placées en eux.
Saly-Portudal (Mbour), 20 fév (APS) - Le conseil municipal de Kaffrine a tenu sa première réunion sous la forme d’une session de formation, en vue de mieux outiller ses membres pour les amener à mieux répondre aux attentes placées en eux.
"Cette session de formation est la première réunion du conseil municipal de Kaffrine. On a voulu la consacrer à une session de formation sous la direction d’un pôle d’éminents experts", a expliqué le nouveau maire de Kaffrine, Abdoulaye Sow.
"Nous avons pensé que la formation, c’est la porte d’entrée pour aller vers une dynamique de groupe, renforcer" le compétences et capacités des élus "sur ce qui doit être leur rôles et responsabilités", a dit l’édile.
Cette session ouvert dimanche à Saly-Portudal (Mbour) vise à permettre aux membres du conseil municipal de Kaffrine de mieux s’imprégner du fonctionnement des finances locales et d’harmoniser avec leurs collègues des autres coalitions leurs vues sur le programme soumis à l’appréciation des populations de Kaffrine, selon Abdoulaye Sow.
"Je crois fondamentalement que c’est une bonne approche", a-t-il dit, saluant l’esprit qui selon lui est en train de prévaloir au sein du conseil municipal de Kaffine.
Un esprit dit-il fait de liberté, "chacun dans ses convictions propres, un esprit de rassemblement et de convergence autour de ce que nous devons faire pour mériter la confiance des populations de Kaffrine, parce que conseillers dépositaires de leur confiance.
Quelle que soit la volonté du conseil municipal, si la commune ne compte pas de conseillers "à la hauteur, ça ne pourrait pas fonctionner", a indiqué l’édile.
Il a annoncé que le cabinet pris pour cette session de formation va accompagner le conseil municipal durant tout son mandat, "dans un processus de formation continue".
"Cette formation doit être permanente, continue et réajustée en fonction de nos besoins et des ambitions que nous avons", a fait valoir M. Sow, insistant sur la nécessité d’arriver à un conseil municipal "transparent et démocratique".
Cela passe, d’après lui, par des conseillers municipaux "bien formés" et à même de contribuer à la mise en œuvre du programme que la coalition gagnante Benno Bokk Yakaar (BBY, majorité) a soumis aux populations, lequel est intitulé "Kaffrine, une belle ville au cœur du Sénégal".
Ce programme était celui du candidat Abdoulaye Sow, tête de liste majoritaire de la coalition BBY, note-t-il. "Aujourd’hui, a-t-il ajouté, nous dépassons le cadre du candidat Abdoulaye Sow et celui de la coalition BBY, nous sommes dans un conseil municipal au nom de tous nos concitoyens".
Il a indiqué que ce programme sera mis à jour pour que les autres candidats concurrents puissent y apporter leur touche, de même que la société civile locale.
Au final, "avec l’encadrement des experts", il s’agit d’en faire "un programme de développement municipal qui sera décliné sous la forme d’une planification maîtrisée dans une perspective de cinq ans, mais qui peut évoluer jusqu’à dix à vingt ans", a-t-il fait savoir.
Dans cette perspective, Abdoulaye Sow, également ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, a annoncé que les travaux de réhabilitation du stade municipal de Kaffrine, déjà démarré, seront achevés "d’ici trois mois".
S’y ajoute que dans le programme de réalisation d’infrastructures sportives de l’Etat du Sénégal, il est prévu à Kaffrine un stade régional d’un coût de sept milliards de francs CFA, a-t-il signalé.
L’HÔPITAL THIERNO MANSOUR BARRO DE MBOUR EN GREVE LUNDI
L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital Thierno Mansour Barro de Mbour (ouest), annonce avoir décidé de décréter une grève de deux jours, à partir de lundi.
Mbour, 20 fév (APS) - L’intersyndicale des travailleurs de l’hôpital Thierno Mansour Barro de Mbour (ouest), annonce avoir décidé de décréter une grève de deux jours, à partir de lundi.
Les grévistes comptent par ce biais amener les autorités concernées à finaliser le dossier POLIMED, du nom du centre d’imagerie médicale de cet hôpital, un établissement de santé de niveau 1.
Ils annoncent que "seules les urgences seront prises" lors de ce mouvement de grève initié par l’intersyndicale regroupant le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES), le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (SUTSAS) et le Syndicat national des travailleurs de la santé (SYNTRAS).
Dans une note adressée à la directrice de leur hôpital, l’intersyndicale se dit disponible pour une rencontre de réflexion, malgré son mot d’ordre de grève.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
LA CHUTE DE BAMAKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Le sentiment anti-français, ce n’est pas l’affaire d’un petit groupe sectaire ou d’un Etat « ennemi », c’est bien une lame de fond que la France, elle-même, a alimentée depuis des décennies
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 20/02/2022
C’est fait ! Emmanuel Macron, en tant que chef des armées et président en exercice de l’Union européenne, quitte le Mali. Qui l’eût cru ! Assimi Goïta, depuis le 1er coup d’État, fait tourner en bourrique Emmanuel Macron. Sur le papier, c’était David contre Goliath. Et pourtant ! La chute de Bamako, c’est la petite histoire d’un bras de fer entre deux hommes Macron-Goïta et c’est la grande histoire d’une nouvelle page entre la France et l’Afrique.
Bamako, le Diên Biên Phu sahélien. La bataille de Bamako a bien eu lieu. Elle a duré plus de 17 mois, du 1er coup d’Etat jusqu’à l’annonce du retrait des troupes françaises et européennes, en passant par l’expulsion de l’ambassadeur français du Mali. Cette bataille n’a fait aucun mort ! Elle était avant tout politique et diplomatique sur fond de résultats de lutte contre le djihadisme peu convaincants. Elle a tout de même contribué à la fin provisoire d’une relation historique et amicale entre deux pays, la France et le Mali. Ce n’est pas rien !
Cette bataille de Bamako, la France l’a perdue. Le retrait de Barkhane et de Takuba, même si celui-ci est à l’initiative de Macron, a été précipité par les autorités transitoires maliennes. Contrairement, à la majorité des analyses sur le sujet, la bataille de Bamako, selon moi, n’est pas comparable à l’Afghanistan (retrait « ordonné » des armées occidentales), mais plutôt à notre ancien Diên Biên Phu en termes de conséquences et de symbole (chute d’un empire). Pour Bamako, c’est assurément le prélude de la fin d’une hégémonie française de plus de 60 ans en Afrique.
En effet, la défaite française à proximité du petit village dans le Haut Tonkin avait sifflé le début de la fin de l’Empire colonial français. Certains historiens français l’assimilaient à Alesia (Gaulois) et à Waterloo (Napoléon). Désormais, il faudra ajouter à la liste de nos déroutes, Bamako (Macron). C’est, à n’en pas douter, la fin d’une ère de la France en Afrique, la fin de l’exclusivité dans son pré carré. Même si les armées françaises et européennes trouvent refuge au Niger et dans les pays voisins du golfe de Guinée, ce repli laissera des traces politico-psychologiques. Naguère la défaite de Diên Biên Phu fût fêtée à Alger et Rabat. En Afrique subsaharienne, la France sera dorénavant perçue comme un colosse aux pieds d’argile dont les heures de gendarme d’Afrique sont comptées.
C’est bien l’armée française en Afrique qui est ciblée dans le revers acté par Paris le 17 février. C’est bien les deux piliers de la souveraineté française en Afrique (et a contrario l’absence de souveraineté des États africains) – l’armée et le franc CFA (bientôt Eco), qui sont dans le viseur d’une nouvelle génération d’élite africaine. C’est bien la marche vers l’ultime étape de l’indépendance, jusqu’alors inaccomplie, des pays africains qui est en jeu dans la bataille de Bamako. Elle sera longue encore à se dessiner (l’arrivée de Frontex au Sénégal : partage de souveraineté !). Mais, comme pour Diên Biên Phu, le processus est irréversible. Les jeunes africains veulent une nouvelle Afrique, plus souverainiste, plus patriotique, plus efficace moins corrompue. Et le soutien d’un régime africain à la France peut lui être fatal comme au Burkina Faso, la chute déclenchée par les convois de Barkhane.
L’armée française, par des traités de coopération opaques, était présente dans la région sahélienne depuis le début des indépendances africaines. Parfois, elle faisait la pluie et le beau temps pour le maintien des régimes autoritaires à l’instar de Ndjamena en 2008. Barkhane avait posé ses quartiers depuis 9 ans au Mali, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La zone des « trois frontières » est devenue la cuvette-piège de Diên Biên Phu : l’armée française s’enlise. Le duo choc militaire-civil, Goïta-Maïga, est la bête noire de la France, comme Hô Chi Min-Giap. Ils incarnent la résistance face aux dernières reliques du passé colonial : le franc CFA et l’armée. Un vent de libération souffle partout dans les anciennes colonies françaises, c’est ainsi qu’une partie de la population des pays en question perçoit le départ de la France.
La Russie a bon dos. Diên Biên Phu, ce fut aussi le constat amer d’hommes politiques français irresponsables qui n’ont pas voulu voir la vérité en face : l’ère de la décolonisation débutait. Bis repetita avec Bamako ! Le sentiment anti-français a été imputable à quelques hérétiques africains, soutenus par « l’armée de l’ombre » de Poutine. Emmanuel Macron, en la présence de Macky Sall, le 17 février, à l’Élysée, accuse les Maliens et la Russie. Tout comme à Diên Biên Phu, les autorités françaises ne maîtrisent plus l’analyse des évolutions géopolitiques en cours. Le sentiment anti-français, ce n’est pas l’affaire d’un petit groupe sectaire ou d’un État « ennemi », c’est bien une lame de fond que la France, elle-même, a alimentée depuis des décennies.
La France diabolise les Maliens et Russes. Pourtant, à y regarder de près, c’est la politique néocoloniale de la France qui est en cause dans la bataille de Bamako. Et rien d’autre ! Les gouvernants français qui se sont succédé depuis 1958 en sont les principaux responsables. La France, au Mali, se rêvait encore en communauté française du Général de Gaulle. Ce pays étranger interdisait l’armée malienne d’entrer à Kidal. Ce pays étranger s’opposait à la négociation avec certains groupes armés alors que les Touaregs furent invités aux négociations d’Alger par la France. Ce pays étranger favorisait le découpage politique territorial, préparant un fédéralisme honni par Bamako. Ce pays étranger soutenait le régime IBK aux abois. Ce pays étranger balayait d’un revers de main l’enquête des Nations Unies faisant suite à un bombardement d’un mariage. Ce pays étranger a foulé le protocole diplomatique dont le chef des armées et sa première visite à Gao (IBK est parti à la rencontre de Macron). Les présidents récalcitrants, trop compréhensifs avec leur opinion anti-française, furent rappelés à l’ordre par le protocole de Pau.
La France joue la politique de l’autruche. Pourtant, à y regarder de près, la France se comportait au Mali comme un État ultra dominateur sous prétexte que ses militaires se sacrifiaient. La France a abusé de ce sentiment de culpabilisation d’un État ayant demandé l’aide à son ancienne puissance coloniale, via les réseaux socialistes. Le Drian est le symbole d’une Françafrique qui ne meurt jamais. L’affaire des passeports et la « Bretagne connexion » soulèvent la question des conflits d’intérêts et celle des contreparties de l’assistance militaire française. Une commission parlementaire devrait enquêter sur ces agissements. La présence française, en Afrique, n’est pas fortuite. Elle a toujours eu pour objectif de protéger ses intérêts dont sa politique d’indépendance énergétique en faveur de laquelle Emmanuel Macron vient d’annoncer un nouveau programme nucléaire.
Emmanuel Macron s’égare dans ses explications de retrait de l’armée française. La vérité de la bataille de Bamako, c’est que nous n’avons pas vu venir les coups d’État, pourtant très prévisibles. Nous étions sûrs de nos acquis, de nos soutiens et de notre force au Mali. Là fut la principale difficulté ! Les nouveaux hommes forts du Mali n’étaient plus nos marionnettes. Les élections présidentielles de fin février 2022, sur un territoire à peine 25 % contrôlé par les autorités maliennes, n’étaient qu’un prétexte pour l’arrivée de nouveaux politiques civils dans le giron de la France. La tentative de reprise en main d’Emmanuel Macron avait déjà échoué avec le second coup d’État.
Il est facile de mesurer l’hypocrisie de Paris et sa fuite en avant. Emmanuel Macron dénie toute défaite en dépit du départ de l’armée française. Le président, à quelques mois de la présidentielle, se dépatouille tant bien que mal en montrant du doigt la junte militaire et Wagner. Pourtant, en 2008, la France n’a pas été gênée de soutenir Idriss Déby alors que son palais était protégé par des mercenaires de l’Europe de l’Est. Plus récemment, Emmanuel Macron a loué la négociation dans la résolution des crises internationales. Il s’exprimait sur l’Ukraine. Emmanuel Macron n’a jamais accordé une telle indulgence au Mali : il a voulu imposer la loi du plus fort. Il s’en mord les doigts.
Les premiers lendemains de la chute de Bamako (hors Mali). La France a commis trop de fautes politiques et diplomatiques dans le dossier malien. C’est presque un cas d’école ! Les diatribes de Le Drian et de Parly ont démontré que la France perdait ses nerfs. Ces deux ministres ont donné du grain à moudre à la junte militaire pour revigorer sa population. Ils ne devraient plus faire partie du prochain gouvernement si Emmanuel Macron est réélu. Et une enquête parlementaire devrait être créée pour comprendre le fiasco de Barkhane et en tirer des enseignements. La justice française devrait être saisie sur des conflits d’intérêts si cela est avéré en l’espèce.
Le président français a tiré sur la corde de la victimisation relayée par la presse française. C’est à se demander si Wagner et la junte militaire n’étaient pas l’excuse toute trouvée pour se débarrasser d’un lourd fardeau dont il a hérité en 2017. Pendant 5 ans, le président français n’a jamais su trop quoi faire de cette patate chaude de Barkhane. Il y a donc beaucoup de bluff de la part d’Emmanuel Macron dans l’annonce du retrait. À vrai dire, il est plutôt soulagé, cela va même libérer des énergies pour se consacrer au rêve Eurafricain de Macron. Ce n’est pas un militaire, mais un financier.
La victimisation d’Emmanuel Macron interpelle sur ses vraies responsabilités. Pendant 5 ans, il n’y a eu aucune stratégie, aucune vision. Son amende honorable de ces derniers jours où il reconnaît tardivement, après la chute de Bamako, que les sensibilités des opinions publiques ont évolué ne saurait l’absoudre de nos soldats morts au Mali. Emmanuel Macron, depuis le Général de Gaulle, a été le président le plus actif sur la scène africaine. Sans doute a-t-il été séquestré par la Françafrique (qui se transforme, s’adapte, mais ne disparaît pas), par son ministre des Affaires étrangères, par le lobbying militaire et son industrie.
À vouloir trop en faire, Emmanuel Macron a montré aussi ses limites : il nous a fait perdre notre relation historique avec le Mali ! Malgré ce mauvais bilan, la chute de Bamako n’aura aucune incidence sur la présidentielle à venir pour deux raisons : d’une part, les états-majors de ses opposants ne sauront pas en tirer profit ; d’autre part, comme pour Diên Biên Phu, l’opinion publique française, malgré une forte présence de la diaspora africaine, s’intéresse peu à ce qui est lointain : l’Afrique en fait partie à plusieurs égards !
Pour la politique africaine de la France, elle vivra encore des jours heureux. Les deux chiens de garde de la Françafrique – Macky Sall et Alassane Ouattara, ont réitéré leur soutien à Emmanuel Macron. Ces deux derniers se renforceront et obtiendront plus de garantie et de financement de la part de Paris (via l’Union européenne si nécessaire). Mais que la France prenne garde ! La chute de Bamako aura un effet domino. Dont la bataille de Dakar dans deux ans !
La France a vécu avec l’Afrique des relations monopolistiques. Les monopoles, à force de durer, finissent par créer un confort chez celui qui en bénéficie, et une forme plus ou moins ouverte de défiance, chez celui qui les subit
Au chronogramme annoncé par Paris pour le retrait de ses troupes du Mali, la junte de Bamako répond par une injonction à vider les lieux immédiatement, la junte se promettant de superviser l’état des lieux. Ce à quoi Emmanuel Macron rétorque que ce départ se fera en bon ordre, dans le respect de la sécurité des militaires. Pourquoi donc cette rupture ne peut-elle se faire dans le calme, en bonne intelligence ?
Sans doute parce que ces accrochages verbaux entre les deux capitales sont devenus un fonds de commerce qui sert sûrement la popularité de quelques-uns. Ce retrait était annoncé, attendu. Et l’on aurait cru que ceux qui parlent au nom de la junte se contenteraient d’un tonitruant : « bon débarras ! ». Mais, ç’aurait été trop simple. Le communiqué de la junte laisse la désagréable impression qu’il faut à tout prix désigner un coupable, qui aurait violé ses engagements. Comme pour instaurer une tension supplémentaire, susceptible de dégénérer à la moindre petite étincelle. Cela devient épuisant de voir ceux qui ont un Etat à diriger, et des devoirs vis-à-vis de leurs peuples, regarder le doigt, pendant que le sage montre la lune.
En politique, la popularité auprès de son peuple est toujours plus saine et plus durable, lorsqu’elle se fonde sur l’adhésion à une vision, incarnée par un leader, plutôt que sur la détestation d’un ennemi extérieur opportunément trouvé.
Les Français, mal-aimés, veulent partir. Cela ne peut-il pas se comprendre ?
Justement ! Laissez-les s’en aller, et occupez-vous de votre peuple ! A quoi servent des injonctions adressées à quelqu’un qui vous ignore, et qui fera comme il a prévu, en évitant de faciliter la tâche à vos véritables ennemis, les djihadistes ? Les dirigeants maliens peuvent donc oublier un peu les Français, pour montrer à leur peuple en détresse, qu’ils ont mieux à lui offrir que des slogans et des communiqués enflammés. Ce serait un cuisant échec, pour cette junte, de transformer le peuple malien en paria des nations ouest-africaines.
UN DOCUMENTAIRE PLONGE DANS LE FONCTIONNEMENT DU GROUPE PARAMILITAIRE WAGNER
« Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine » est un documentaire diffusé ce dimanche soir sur France 5 et accessible sur son site internet. Une plongée dans le fonctionnement du groupe paramilitaire russe qui fait du continent africain son nouveau terrain
« Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine » est un documentaire diffusé ce dimanche soir sur la chaine publique française France 5 et accessible sur son site internet. Une plongée dans le fonctionnement du groupe paramilitaire russe qui fait du continent africain son nouveau terrain d’action. En Libye, en Centrafrique, au Mali désormais, et peut-être bientôt dans d’autres pays selon des documents internes révélés par le documentaire.
Exécutions sommaires, viols, accaparement des ressources, les griefs contre Wagner exposés dans le documentaire sont nombreux. A Bangui, s’y ajoute l’espionnage politique selon un ancien employé du Bureau information et communication, au sein de la présidence centrafricaine
« Les Russes nous ont déjà appris comment il fallait pirater. Il suffisait simplement de prendre contact avec le concerné sur Facebook. Tout ce qu’il faisait du lever au coucher du soleil, on le récoltait puis on le mettait dans des classeurs qu’on envoyait directement au président Touadéra… »
« Il serait temps que les Français comprennent pourquoi leurs dirigeants, qu’ils soient de droite ou de gauche, sont si attachés à l’Afrique depuis des décennies ! Pourquoi ils y entretiennent des garnisons et y envoient des expéditions militaires coûteuses, alors qu’ils disent qu’ils n’ont plus le sou. Il leur est même arrivé de faire croire que nous leur coûtons cher (…) Nous avons besoin de notre souveraineté, nous y avons droit, et ne pas nous laisser la conquérir ne pourra que faire naître sans cesse des frustrations au sein des nouvelles générations, et des drames.[1]»
Après un faux suspense entretenu pendant près de deux semaines et demie, plus que le délai de quinze jours qu’elle s’était fixé pour statuer sur sa présence militaire au Mali – à la suite de l’expulsion du pays de son ambassadeur, Joël Meyer -, la France a décidé d’y retirer ses troupes. Cette décision est d’autant moins surprenante que le grand souci de laver cet affront suprême avait rendu l’éventail de son choix très restreint. Nombre d’observateurs pensent même qu’elle a été prise tardivement. Car ils l’avaient attendue après que Bamako a franchi quelques lignes rouges tracées par Paris avec le double coup d’État et la venue du groupe Wagner dans le pays. Mais leur attente a été vaine. Ils la voyaient venir, au mois de septembre dernier, après le fameux discours du premier ministre, Choguel Maïga, parlant de lâchage en plein vol, lors de la 76e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. Mais ce ne fut qu’une illusion d’optique. Ils la pensaient inévitable après les nombreuses marches populaires organisées dans son pays, soutenant la junte militaire au pouvoir et réclamant le départ des troupes françaises, et ce, malgré les multiples pertes humaines dans leurs rangs et les sommes colossales dépensées annuellement pour les entretenir. Mais ce fut une erreur de jugement : la France y avait encore et toujours maintenu ses troupes. Elle s’était cramponnée à son ancienne colonie comme un naufragé à sa bouée de sauvetage. Si bien qu’on eût pensé que c’était elle qui avait besoin de son soutien. Il a finalement fallu qu’elle soit touchée dans son amour-propre, avec le renvoi de son ambassadeur, pour qu’elle décide enfin de retirer ses troupes du pays. Ces quelques situations - si l’on met de côté la demande d’aide qui lui avait été adressée par le gouvernement intérimaire de Dioncounda Traoré - devraient pousser quiconque doué d’un soupçon de raison et doté d’esprit critique à se demander les véritables raisons ayant poussé la France à intervenir au Mali puis à vouloir y rester malgré tous les obstacles auxquels elle a eu à faire face. Cette question est d’autant plus légitime que, s’il faut en croire les deux journalistes du journal Le Figaro, Isabelle Lasserre et Thierry Oberlé, cette intervention a été programmée bien avant la demande d’aide du gouvernement malien, qui n’a été qu’un catalyseur : « (…) Un plan d’intervention est même élaboré dès 2009 : il est refusé par Nicolas Sarkozy mais validé par François Hollande. Ne reste plus qu’à trouver le moment opportun[2]. »
Parler de quelques-unes des principales raisons ayant poussé l’ancienne puissance coloniale à intervenir au Mali et à vouloir y à rester ensuite à tout prix demanderait certainement de remonter un peu dans le temps. Lorsqu’elle a senti un vent d’émancipation souffler en Afrique, à la fin des années 50 et au début des années 60 – surtout avec la violente guerre d’Algérie - la France a jugé nécessaire d’anticiper l’accession à l’indépendance de ses colonies et les nombreuses pertes de ressources de toutes sortes que celle-ci entrainerait. Dès lors, avec la loi du 10 janvier 1957, elle mit sur pied l’OCRS (l’Organisation Commune des Républiques Sahariennes), l’objectif étant de détacher des espaces de l’Algérie, du Mali, Niger et du Tchad pour constituer une nouvelle entité territoriale et politique[3]. Quelques mois plus tard, en juin 1957, un ministère du Sahara fut même créé. L’emplacement de ce nouveau territoire idéal n’était pas choisi à l’aveuglette. Car, outre son immensité, le sous-sol, très riche en pétrole, regorge aussi de gaz et de minerais de toutes sortes tels que le fer, l’uranium et tutti quanti. Mais ce fut sans compter avec le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et Modibo Keita, qui douchèrent rapidement les espoirs français en refusant catégoriquement que leurs territoires fussent découpés pour créer quelque nouvel État que ce fût. Ces refus poussèrent la France à mettre au placard le projet en attendant qu’une nouvelle occasion se présentât pour l’en sortir. Celle-ci lui fut offerte sur le plat en partie par le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), qui était toujours mû par des sentiments irrédentistes. L’on se souvient des notables touaregs du Mali et du Niger, qui avaient envoyé une pétition au général de Gaulle pour lui faire part de leur désir de ne pas faire partie d’un futur État malien[4] et des troubles qu’il y a eu depuis l’indépendance de celui-ci. Aussi la France n’a-elle pas hésité d’un iota à saisir la balle au rebond lorsqu’elle fut lancée par le MNLA, qui a lui manifesté très ouvertement sa volonté d’indépendance en octobre 2011, par la voix du président de son bureau politique, Mahmoud Ag Ghaly. Par conséquent, l’ancienne métropole lui offrit toute son soutien. Ce faisant, elle espérait non seulement avoir une grande influence sur un nouvel État qu’elle aurait contribué à faire éclore, mais encore se maintenir dans un territoire malien affaibli et divisé. Qui plus est, cela aurait renforcé sa présence dans cette zone névralgique, un carrefour énergétique très convoité par d’autres grandes puissances étrangères, qui est à la fois l’accès aux lieux de production et de contrôle des voies d’acheminement. La géopolitique des tubes est passée par là. Ce n’est pas un hasard si le MNLA a témoigné toute sa gratitude aux autorités françaises dans un communiqué du 8 février 2012 : « Le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) exprime ses vifs remerciements aux autorités françaises pour l’intérêt qu’elles accordent à la révolution du peuple de l’Azawad. Le bureau exécutif salue l’initiative de la France, telle exprimée par son ministre des Affaires étrangères, Son excellence Alain Juppé, face au Sénat français ce mardi 7 février 2012, soutenant que la question de la révolution du peuple de l’Azawad mérite d’être traitée au fond pour une issue définitive, étant donné que militairement, le Mali a échoué face aux combattants du MNLA[5]». Le double jeu de l’État français et ses visées inavouées, dont nombre de Maliens se sont rendu compte sur le tard, apparaissent plus clairement dans les propos de l’ancien responsable des Affaires extérieures du Conseil Transitoire de l’État de l’Azawad, Hama Ag Mahmoud, dans une interview accordée au Courrier du Sahara : « Tout le monde sait aujourd’hui qu’il y a un agenda caché derrière cette intervention. (…) Au départ, on avait dit à la France faites attention. Vous tenez les deux bouts. C’est vous qui nous avez incité à revenir dans l’Azawad. C’est vous aussi qui détenez le pouvoir à Bamako. Arrangez les problèmes avant qu’il ne soit trop tard (…) Le France ne l’a pas fait. La France a demandé au MNLA de l’aider à faire déserter tous les combattants de l’Azawad qui étaient dans l’armée libyenne, pendant la guerre de Libye. Ensuite de bloquer le recrutement des Libyens dans l’Azawad et dans l’Aïr du Niger. (…) Et en contrepartie, elle nous avait donné son feu vert pour l’indépendance de l’Azawad. C’est l’accord qui a été conclu avant la guerre entre MNLA et la France. Et immédiatement la guerre gagnée par le MNLA, la France a changé complètement de politique. Elle a mis tout son dispositif diplomatique contre le MNLA. Alors conclusion, l’objectif de la France était tout simplement d’affaiblir le gouvernement malien et je peux vous assurer que ce n’était pas pour donner raison au MNLA. (…) Tout le monde convoite notre territoire. Il y a une guerre pour les ressources minières. La France a pris les devants pour obliger le Mali à signer un accord de défense et ensuite s’octroyer des concessions minières et protéger celles qui existent déjà. C’est l’essence de cette guerre. Les autres puissances ne sont pas dupes.[6]»
D’autre part, les enlèvements de Michel Germaneau en juillet 2010 et surtout de plusieurs travailleurs du groupe Areva – aujourd’hui Orano – deux mois plus tard sont restés en travers de la gorge de Paris, qui a y certainement vu une menace pour sa souveraineté énergétique puisqu’une très une grande partie de son uranium provient du Niger voisin. Donc, pour sécuriser cette zone, la meilleure manière est d’avoir des troupes proches et toujours prêtes à intervenir. Aussi le COS (Commandement des Opérations Spéciales) installa-t-il une base permanente du côté du Burkina Faso le mois suivant. En outre, ce n’est pas un hasard si la France a joué des pieds et des mains pour avoir aussi une base à Tessalit. Ce que lui avait refusé Amadou Toumani Touré. Une tribune collective, dont le titre est pour le moins évocateur – Chronique d’une recolonisation programmée - avait même été signée, entre autres, par Aminata Traoré, essayiste et ancienne ministre de la Culture du Mali, rappelle l’importance de Tessalit : « La France espère obtenir de la future République laïque et démocratique de l’Azawad ce que le Président malien Amadou Toumani Touré (ATT) n’a pas su ou voulu lui accorder : la base de Tessalit hautement stratégique au plan économique et militaire[7].» Cela prouve que le Nord du Mali a été toujours un objectif fondamental pour l’ancienne métropole. Ce n’est dès lors pas étonnant que de nombreuses manœuvres y aient été faites pour le séparer du pays.
En affirmant à Strasbourg, le 19 janvier dernier, au Conseil de l’Union européenne que : « C'est en Afrique que se joue une partie du bouleversement du monde, une partie de l'avenir de ce continent et de sa jeunesse, mais de notre avenir », Emmanuel Macron n’a fait que suivre les pas de l’un de ses prédécesseurs au pouvoir, à savoir François Mitterrand, qui disait, il y a plusieurs décennies déjà, que : « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de France au XXIe siècle[8] » ; il n’a fait que reprendre autrement le titre du livre d’un ancien ministre de la Coopération de son pays, Jacques Godfrain – L’Afrique, notre avenir – où l’auteur reconnait l’importance économique, politique…du continent noir pour son pays : « C’est ainsi : grâce à ce lien avec l’Afrique, la France ne sera ni le Liechtenstein ni même l’Allemagne. Nous sommes un pays à part en Europe. Aux Nations-Unies, grâce à l’Afrique, nous pesons plus lourd que notre population, notre superficie ou notre produit intérieur brut. L’Afrique est pour nous un levier formidable. Petit pays, avec une petite force, nous pouvons soulever la planète parce que nous sommes en relations d’amitié et d’intimité avec quinze ou vingt pays africains[9]» ; Il n’a fait que répéter le titre du Rapport d’information no 104 (2013-2014) de Jeanney Lorgeoux et Jean-Marie Bockel : L’Afrique est notre avenir[10] ; il a juste repris l’esprit du rapport Gaymard même s’il n’a pas utilisé les mêmes lettres : « Relancer la présence économique française en Afrique : l’urgence d’une ambition collective à long terme[11]. » Donc, il apparaît très clairement que l’Afrique reste une obsession pour la France. Elle est omniprésente dans ses ambitions géostratégiques, économiques et politiques. C’est certainement pourquoi elle préfère occulter les véritables raisons ayant motivé sa longue intervention militaire dans le Sahel en général et au Mali en particulier pour se cacher derrière le manteau de la lutte contre le terrorisme afin d’y perpétuer sa présence, bien qu’on ne puisse pas nier l’existence de terroristes.
En définitive, il est indéniable qu’une nouvelle page, sonnant peut-être prochainement le glas de la Françafrique de papa, est en train d’être écrite sur les relations entre la France et nombre de ses ex-colonies en Afrique. Pour preuve : qui aurait pu imaginer, il y a juste quelque temps, qu’un pays parmi ceux du pré carré français, oserait chasser l’ambassadeur de l’ancienne métropole ; qui aurait pu penser, qu’au péril de leur vie, que des civils bloqueraient des convois de militaires français, comme ce fut le cas au Niger et au Burkina Faso ; qui eût pu se douter, il y a juste très peu d’années, même dans ses rêves les plus fous, qu’une ministre africaine, en l’occurrence Sylvie Mbaipo-Temon - ministre centrafricaine des Affaires étrangères – oserait traiter ouvertement de menteur son homologue français, si l’on sait que, par le passé, d’autres politiciens africains avaient été punis très sévèrement sinon mortellement pour moins que cela. Et, qu’il y a juste quelques années, lors de la Conférence Internationale sur l’Émergence de l’Afrique en 2017, quand Alpha Condé a parlé de la nécessité de couper le cordon ombilical avec la France, Alassane Ouattara, un parmi les sous-fifres de Paris, lui a rappelé qu’il semblait avoir oublié qu’ils étaient en direct[12]. C’est dire à quel point nos dirigeants, surtout les plus dociles, évitent de dire ou de faire quelque chose que l’on pourrait qualifier d’offensant du côté de Paris où, engoncé dans son arrogance et son complexe de supériorité habituels, l’élite politique du pays regarde encore de haut les populations des anciennes colonies en Afrique. Ce qui fait que, pour expliquer le sentiment dit anti-français qui ne cesse d’y croître, elle jette son regard ailleurs pour parler de complots fomentés par des puissances étrangères concurrentes qui jouent sur le ressentiment colonial plutôt que de faire une autocritique sans complaisance. Mais en tout état de cause, nous autres africains, devons apprendre du bras de fer ayant opposé le Mali à la France la leçon de réalisme et de solidarité démontrée par l’Union européenne. Cette dernière a soutenu l’ancienne métropole à travers la force Takuba, dans les sanctions infligées au Mali et quelques-uns de ses dirigeants et même dans le retrait de ses troupes du pays. Pendant ce temps, les pays de la CEDEAO poignardent leurs frères Maliens dans le dos. Cette posture de l’Union européenne n’est pas inhabituelle avec les puissances occidentales. Elles taisent souvent leurs divergences, quelques grandes soient-elles, lorsque leurs intérêts sont menacés, pour agir de concert, fût-ce dans l’injustice et l’illégalité. Alors que les pays Africains parlent rarement d’une même voix même pour défendre leurs intérêts le plus vitaux. En outre, si la France, par amnésie volontaire, a oublié tous les maux qu’elle a causés en Afrique depuis plusieurs décennies, voire des siècles, ceux-ci sont restés encore frais dans les mémoires sur le continent. Et si elle attend qu’on lui y tresse des lauriers, comme elle l’a cherché au Mali, elle se met le doigt dans l’œil. Elle ferait mieux de méditer ces mots de Mélédouman – prince du royaume de Bettié – adressés à l’administrateur colonial français Kakatika, surnom du commandant Lapine : « Je vois que vous avez de la facilité pour ces beaux rôles faciles ; la générosité gratuite : vous mettez le feu chez les autres, ensuite, vous venez jouer les pompiers humanistes pour l’éteindre. Et vous être surpris, désagréablement surpris de lire dans les regards non la gratitude souhaitée mais une légitime colère, la légitime fierté. [13]» En dernier lieu, pour parler comme Frantz Fanon dans son fameux texte : La mort de Lumumba : pouvions-nous faire autrement[14] –, c’est notre sort à tous - anciennes colonies françaises en Afrique noire – qui se joue actuellement au Mali. Car si la France et ses collaborateurs européens, après leur départ, parviennent à asphyxier le pays économiquement et politiquement, comme l’ancienne puissance coloniale avait essayé de le faire avec la Guinée Conakry après le NON de Sékou Touré, et avant elle avec Haïti après son indépendance acquise dans douleur, ils n’hésiteraient pas à répéter l’expérience dans d’autres pays africains qui refusent toute soumission et exploitation. Mais s’ils y trouvent une résistance farouche, leur montrant que le temps des colonies est révolu, ils y regarderont à deux fois avant de tramer leurs politiques cyniques et maléfiques. Il ne faut perdre de vue que la France ne veut avoir affaire qu’à des laquais. Ceux qui résistent et luttent pour la souveraineté de leurs pays la dérangent comme peuvent l’attester d’Henri Emmanuelli, parlant de l’ancien président ivoirien : « Laurent Gbagbo a eu depuis le début des soucis, faire de la Cote d’Ivoire un pays indépendant. C’est cela qui ne lui a pas été pardonné.[15]» Donc, les maitres-mots restent l’union, la solidarité et la résistance. Seule une Afrique unie et forte pourra faire face aux appétits gargantuesques des puissances néocoloniales prédatrices.
[1] Laurent Gbagbo, Laurent Gbagbo et François Mattei, Libre pour la vérité et la justice, p.64
[2] Raphael Granvaud, extrait de L’empire qui ne veut pas mourir, une histoire de la Françafrique, œuvre collective sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari-Yabara, Benoît Collombat, Thomas Deltombe p.840
[3]Saïd Bouamama, Manuel stratégique de l’Afrique, tome : 2, p.22
[8] François Mitterrand : Présence française et abandon, Plon, Paris, p. 237, cité par Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine de Kenyatta à Sankara, p.129
[15] Henri Emmanuelli, cité par François Mattei, Laurent Gbagbo et François Mattei, Libre pour la vérité et la justice, p.71
L'AMBITIEUX BARTHÉLÉMY DIAS CREUSE SON SILLON
Le nouveau maire de Dakar incarne une génération de responsables politiques qui séduisent une partie de la jeunesse, excédée par l’usure des partis traditionnels et l’absence de perspectives dans le pays
Le Monde Afrique |
Théa Olivier |
Publication 20/02/2022
Dans la salle des délibérations de l’hôtel de ville de Dakar, sous le lustre et les moulures, le préfet glisse l’écharpe aux couleurs du Sénégal autour de la taille de Barthélémy Dias, jeudi 17 février. Le moment n’est pas seulement solennel pour celui qui a remporté il y a trois semaines les élections locales dans la capitale sénégalaise. Il est aussi une belle revanche pour l’un des principaux opposants au président Macky Sall.
A 46 ans, Barthélémy Dias incarne une nouvelle génération politique qui a su mobiliser une jeunesse excédée par l’absence de perspectives et par l’usure des partis traditionnels. Khalifa Sall, très populaire ancien maire de Dakar, mais aussi Ousmane Sonko, nouveau maire de Ziguinchor et arrivé en troisième position à la présidentielle de 2019, en sont d’autres visages. Barthélémy Dias ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Ses premiers mots de maire sont pour celui qu’il décrit comme son mentor. « J’envisage de proposer au conseil municipal de conférer à M. Khalifa Ababacar Sall le statut de maire honoraire de la ville de Dakar », a-t-il déclaré sous les applaudissements de l’audience venue en masse.
Fils de fonctionnaires, il se définit lui-même comme un « pur produit du socialisme ». Son père, Jean-Paul Dias, a été conseiller technique à la présidence sous Léopold Sédar Senghor, ministre sous les régimes d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade, et aujourd’hui envoyé spécial du président Macky Sall. « Son père lui a transmis sa fibre politique et militante », observe Cheikh Khoureychi Ba, avocat et proche du chef de famille.
Sa carrière politique a démarré en 2000 en battant campagne pour l’ancien président Abdou Diouf depuis les Etats-Unis, où il avait déménagé dix ans plus tôt pour faire ses études. Les socialistes perdent l’élection mais il poursuit son engagement pour combattre le nouveau président, Abdoulaye Wade, du Parti démocratique sénégalais (PDS). Il rentre au pays en 2004. « Je suis revenu avec un esprit conquérant, combattant et persévérant », assure celui que la presse qualifie souvent d’« enfant terrible », « bouillonnant », « va-t-en guerre ».
Image tenace de cow-boy
Entré au Parti socialiste l’année suivante, il y gravit petit à petit les échelons jusqu’à devenir le secrétaire général du mouvement de la jeunesse. En 2009, âgé de 33 ans, il est élu maire de la commune dakaroise Mermoz-Sacré-Cœur. « A l’époque, le Parti socialiste, au pouvoir depuis l’indépendance, n’avait pas l’expérience de l’opposition. Barthélémy Dias a émergé en résistant au régime libéral d’Abdoulaye Wade », analyse Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de science politique à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis. « Il a montré que les jeunes peuvent mener le combat dans la rue », ajoute l’universitaire.
Le mot « combat » n’est pas usurpé. En décembre 2011, il est filmé devant sa mairie, un pistolet dans chaque main, blouson de cuir et larges lunettes de soleil sur le nez, tirant sur ceux qu’il accuse d’être des nervis du PDS, le parti d’Abdoulaye Wade, alors au pouvoir. L’un d’eux est tué par balle. « Ce jour-là, j’ai sauvé ma vie alors que le pouvoir voulait me liquider », se défend-il encore aujourd’hui. L’altercation se produit dans un contexte politique tendu : Abdoulaye Wade veut se présenter à un troisième mandat. La rue s’y oppose, en vain. Il sera finalement battu dans les urnes par Macky Sall.
Le G7, coalition regroupant des syndicats les principaux syndicats du secteur de l’enseignement, a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève depuis quelques semaines, samedi, au sortir d’une rencontre avec le gouvernement
Le G7, coalition regroupant des syndicats les principaux syndicats du secteur de l’enseignement au Sénégal, a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève depuis quelques semaines, samedi, au sortir d’une rencontre avec le gouvernement, a-t-on appris de source médiatique.
A l’issue de cette rencontre qualifiée par la presse comme celle de la dernière chance, les deux parties ont décidé de se rencontrer une nouvelle fois jeudi, pour tenter de rapprocher leurs différentes positions, rapporte Radio Sénégal (publique).
Les syndicalistes ont d’ores et déjà enregistré plusieurs propositions du gouvernement, des mesures dont l’impact sur les finances de l’Etat s’élève au total à 90 milliards de francs CFA, selon le ministre du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo.
L’année scolaire 2021-2022 est marqué par plusieurs semaines de perturbations liées à des grèves déclenchées par les syndicats du G 7, pour amener le gouvernement à appliquer le protocole d’accord signé en 2018 avec les syndicats d’enseignants.
Les points d’accords à appliquer portent notamment sur le relèvement du montant de plusieurs indemnités (logement, indemnité d’enseignement ou de contrôle et d’encadrement).
Le G7, ou Groupe des sept, est une organisation intersyndicale regroupant les sept principaux syndicats d’enseignement du pays, dont le Saemss et le Cusems, des centrales du moyen secondaire.