SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 août 2025
MARCHÉ DU GAZ, L'ALGÉRIE TENTE DE SE POSITIONNER COMME ALTERNATIVE À LA RUSSIE
L'Algérie se rêve en Europe en alternative à l’indispensable gaz russe, menacé d’embargo international. Mais la réalisation de cet objectif se heurte à bien des défis
Réunions avec des officiels de l’Italie – dont elle est l’une des principales fournisseuses –, sorties de Tewfik Hakkar, patron de la Sonatrach (société nationale des hydrocarbures) dans la presse… Les autorités algériennes font montre, depuis quelques semaines, d’un activisme remarqué sur le marché international du gaz. Il faut dire que le contexte s’y prête.
La perspective d’un embargo international sur le gaz russe en raison de la guerre en Ukraine, corrélée à la flambée du prix de ladite ressource énergétique ouvre une brèche pour d’autres places fortes de ce combustible fossile.
L’Europe en particulier et les États-Unis, dans une moindre mesure, étant actuellement à une recherche pressante d’alternative à la Russie, deuxième productrice mondiale.
Nécessité d’un positionnement
C’est donc une occasion à saisir pour l’Algérie dont les revenus à l’exportation dépendent à 90% de la rente pétrogazière. D’autant que bien des producteurs sont aujourd’hui disposés à combler, plus ou moins, le déficit d’offre du fait des sanctions contre la Russie qui voit ses opportunités de ventes fortement endommagées.
Rien qu’en Afrique, le Nigeria, l’Égypte voire la Libye se posent ainsi en concurrents d’Alger, dixième producteur mondial, dans cette reconfiguration internationale annoncée du marché du gaz.
La bataille vient à point nommé, au regard des efforts récemment consentis par le pays d’Afrique du Nord en vue d’une meilleure exploitation de son potentiel gazier.
La Sonatrach a en effet projeté, début janvier 2022, 40 milliards de dollars d’investissements dans le secteur d’ici 2026, dont 8 milliards de dollars prévus cette année. Une initiative encouragée par l’embellie de la filière hydrocarbure du pays en 2021, avec une hausse de 75% des recettes à l’exportation.
Moyens limités
Il en faudra pourtant davantage pour que l’Algérie puisse véritablement se poser en fournisseur privilégié de l’Europe tel que l’a laissé entendre le PDG de la Sonatrach dans la presse locale, le 27 février dernier.
Les 11% de la production de gaz du pays destinée au vieux continent auront du mal à croître significativement en l’état actuel des choses, selon de nombreux observateurs du secteur des hydrocarbures. La récente exploration menée sur place par les États-Unis dans le cadre de ses recherches en approvisionnements s’est d’ailleurs révélée infructueuse.
Alger dispose de plus de 4 504 milliards de m3 de réserve de gaz naturel prouvées, deuxième au classement en Afrique derrière le Nigeria, mais ce potentiel reste encore pour l’essentiel inexploité. La consommation locale est par ailleurs en augmentation de 7% par an, au point de compter pour près de la moitié de la production totale.
Le gaz de schiste pourrait aider à relancer la filière, mais les autorités y sont réticentes depuis la colère sociale relative à ce projet en 2015.
Les ambitions de l’Algérie concernant le gaz sont légitimes du fait de son fort potentiel, mais pour les réaliser elle aura besoin de procéder à d’importants investissements en infrastructures, mais aussi en recherches pour l’expansion de sa capacité de production et de ses moyens de distribution.
TIMBUKTU INSTITUTE VEUT SENSIBILISER LES ACTEURS POLITIQUES
Les élections politiques sont, depuis un certain temps, considérées comme des moments d’anxiété à cause de la violence qui les émaille.
Les élections électorales sont souvent un prétexte, pour la classe politique, de verser dans la violence. Des comportements qui n’honorent pas la démocratie sénégalaise. Pour mettre fin à ces pratiques, Timbuktu institute, en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer, a procédé hier, à Mbour, au lancement national de la première session de dialogue sur l’engagement citoyen et la prévention de la violence politique. Après Mbour, ce projet compte aller dans d’autres régions du pays.
Les élections politiques sont, depuis un certain temps, considérées comme des moments d’anxiété à cause de la violence qui les émaille. Ainsi, en prélude aux élections législatives du 31 juillet 2022, Timbuktu institute, en partenariat avec la fondation allemande Konrad Adenauer, sensibilise les jeunes issus de différents partis politiques, de la Société civile et de la presse pour diagnostiquer la violence politique et l’engagement citoyen à la veille des élections législatives.
Selon Dr Bakary Samb, Directeur régional de Timbuktu institute, cette anticipation se fait par la mobilisation de divers acteurs. «Nous avons convié surtout les jeunes représentants des partis politiques présents au Sénégal, les leaders religieux, les acteurs de la presse, la Société civile et les Forces de sécurité et de défense, pour que nous voyions comment dans notre pays, nous pourrions faire des élections des moments apaisés», a déclaré Dr Samb.
Il souhaite que le Sénégal arrive à avoir cette maturité d’être une démocratie apaisée, en organisant des élections sans violence et transparentes. Mais pour en arriver à ce résultat, il rappelle les préalables : «Il faut deux types de responsabilités, d’abord celle des autorités publiques, de l’Etat, des partis au pouvoir, qui doivent assurer des élections inclusives et transparentes, démocratiques et crédibles. Mais aussi celle de l’opposition, qui doit jouer son rôle de veille, mais également assumer toute sa responsabilité de composante qui doit contribuer à la démocratie, mais aussi à la consolidation de nos acquis», a énuméré le Directeur régional de Timbuktu institute.
Malgré ces pistes pour sortir de cette spirale de violence notée depuis un certain temps dans l’espace politique, Dr Bakary Samb reconnaît que la nature de la violence politique a changé : «Cette violence continue à être une réalité. Nous avons vu maintenant des modes d’engagement politique et des modes d’engagement citoyen qui ne reflètent pas l’esprit démocratique, dans le sens où, traditionnellement, les partis politiques donnaient une certaine importance à la formation dans les écoles de partis, à la culture de l’esprit citoyen et celle du débat démocratique. Mais aujourd’hui, avec la démocratisation de l’accès à l’outil numérique, on assiste à la manifestation d’un nouveau type de violence, qui peut détruire des familles et des réputations. Cela n’honore pas notre démocratie.»
Il a donc invité tous les acteurs à matérialiser cette démocratie par la participation active de tous dans leur rôle de régulation.
Interpellé sur le pouvoir qui ne respecterait pas les règles du jeu démocratique en voulant instaurer le parrainage malgré l’arrêté de la Cedeao, le spécialiste des questions politiques pense que les ressorts de cette violence politique sont à chercher dans «l’absence de transparence dans le processus électoral, l’absence d’exclusivité par des mesures qui peuvent être des obstacles à la pleine participation, et une participation inclusive de toutes les sensibilités. Il y a également l’attitude sélective que nous avons par rapport aux décisions de la Cedeao, lorsque ces dispositifs arrangent et lorsqu’elles dérangent. La crédibilité d’un système démocratique voudrait qu’on ait la même attitude sur le respect de la loi, sur la transparence, sur les principes démocratiques, y compris tous les instruments nationaux comme régionaux, tel que l’arrêté de la Cedeao».
DECES D'ASTOU SOKHA, LES LOUGATOIS DANS LA REVOLTE
Des populations de Louga, regroupées dans un collectif dénommé ‘’Justice pour Astou Sokhna’’, prévoient d’organiser, vendredi, une marche pour exiger la lumière sur la mort de cette femme à la maternité de l’hôpital de cette ville du nord du pays
Louga, 14 avr (APS) – Des populations de Louga, regroupées dans un collectif dénommé ‘’Justice pour Astou Sokhna’’, prévoient d’organiser, vendredi, une marche pour exiger la lumière sur la mort de cette femme à la maternité de l’hôpital de cette ville du nord du pays, a appris l’APS de membres dudit collectif.
La manifestation, prévue à partir de 10 heures, va s’ébranler du quartier Montagne où résidait la défunte femme enceinte pour s’achever à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye.
Les participants entendent, à travers cette marche, protester contre les circonstances de la mort en couches d’Astou Sokhna et exiger que les responsabilités soient situées et que la justice soit faite.
Une vive émotion a parcouru le pays après l’annonce du décès en couches le 31 mars dernier de la femme âgée d’une trentaine d’années à la maternité du centre hospitalier régional de Louga.
La dame était admise dans cet établissement de santé, au terme de sa grossesse. Elle a rendu l’âme plusieurs heures après son arrivée au service de la maternité.
Sa famille met en cause l’hôpital, l’accuse de négligence ayant conduit à son décès et a saisi la justice d’une plainte contre le personnel hospitalier.
Dans la foulée, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a ouvert une enquête administrative à l’hôpital Amadou-Sakhir-Mbaye, dans le but d’élucider les circonstances du décès d’Astou Sokhna.
Mercredi, le parquet près le Tribunal de grande instance de Louga a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire après avoir reçu une plainte du mari de la victime contre les responsables du Centre hospitalier Amadou-Sakhir-Mbaye de Louga pour négligence et non-assistance à une personne en danger.
Dans la soirée, le directeur de l’hôpital Amadou-Sakhir-Mbaye, Amadou Guèye Diouf, a été relevé de ses fonctions et remplacé par Abdallah Guèye, un administrateur hospitalier. Une décision émanant du Conseil des ministres présidée par le chef de l’Etat, Macky Sall.
L’affaire du décès tragique d’Astou Sokhna, survient un an après la mort de quatre nouveau-nés dans un incendie qui s’était déclaré à l’unité de néonatologie de l’hôpital de Linguère, un département de la région de Louga.
LES ARABOPHONES TAPENT DU POING SUR LA TABLE
Ce sont toujours les mêmes complaintes : les arabisants demandent une meilleure prise en charge de leur situation dans les stratégies de gestion des affaires publiques.
Ce sont toujours les mêmes complaintes : les arabisants demandent une meilleure prise en charge de leur situation dans les stratégies de gestion des affaires publiques.
Le Mouvement des arabophones du Sénégal (Mas) interpelle l’Etat sur ses engagements pris à l’encontre de leur structure, qui ne sont pas encore satisfaits. Pr Souleymane Gadiaga, porte-parole du Mas, pressent un manque de considération, voire une ignorance totale des doléances et préoccupations des arabophones du Sénégal. «Le Mas rappelle au chef de l’Etat l’attachement indéfectible des Sénégalais à la langue arabe pour plusieurs facteurs, dont le plus important est lié à la religion. Mais, faut-il le souligner, les arabisants, en plus de la religion, sont des citoyens comme les autres et ont aussi le droit à une promotion socio-économique», expose Pr Gadiaga.
La structure demande à l’Etat d’organiser des Assises nationales pour diagnostiquer et solutionner tous les problèmes liés à l’enseignement arabo-islamique dans tous les niveaux académiques. «Nous souhaitons la construction d’une université islamique publique, dotée des filières scientifiques. Ceci, pour mettre fin aux nombreuses difficultés rencontrées chaque année pour orienter les nouveaux bacheliers en arabe, désengorger le département arabe de l’Ucad et offrir à notre pays un outil de formation qui répond aux exigences de notre société», suggère le porte-parole du Mas.
Si le problème de la formation est une dure réalité, l’insertion est plus ardue pour les diplômés en langue arabe. Pr Gadiaga a plaidé pour que le concours direct et professionnel de l’Ena soit ouvert aux arabisants. Ce n’est pas tout. «Il faut organiser des concours d’entrée qui prennent en compte la spécificité des arabisants pour les écoles nationales suivantes : Cesti, Ecole nationale des arts, Entss, Cfj, entre autres», plaide Pr Souleymane Gadiaga.
Le chemin est encore long pour changer la situation, mais il demande à ses collègues de tenir bon. «Le Mas incite tous les arabisants à incarner les qualités de leadership et de tout faire pour être présents dans les espaces de prise de décision. De la même manière, nous en appelons à l’union autour des questions essentielles visant à résoudre tous les problèmes des arabisants», note Pr Gadiaga.
Sans doute, leur appel a été entendu par Macky Sall ? En Conseil des ministres hier, il a insisté sur la nécessité d’accompagner l’émergence de l’enseignement universitaire en langue arabe et de soutenir les initiatives de formation professionnelle et d’insertion socio-économique des diplômés en langue arabe.
JE NE REGRETTE PAS D’AVOIR FAIT CE CHOIX-LÀ
Interrogé sur son choix de rejoindre Marseille, le joueur de 23 ans indique qu’il a fait le bon choix de rejoindre l’effectif d’André Villas Boas, remplacé par Jorge Sampaoli
Pape Guèye s'est engagé librement avec l’Olympique de Marseille depuis l’été 2020. Performant depuis son arrivée, le milieu de terrain ne cesse de progresser dans l’entrejeu du club phocéen. Interrogé sur son choix de rejoindre Marseille, le joueur de 23 ans indique qu’il a fait le bon choix de rejoindre l’effectif d’André Villas Boas, remplacé par Jorge Sampaoli.
Recruté à l’été 2020 au terme de son contrat avec le Havre AC, Pape Guèye fait partie des hommes forts du système de jeu prôné par Jorge Sampaoli. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des joueurs les plus importants du dispositif du technicien argentin. Agé de 23 ans, l’international sénégalais s’est rapidement imposé comme une alternative sérieuse pour le poste de milieu de terrain. Avec 21 matchs joués sur 31 possibles en Ligue 1, le garçon de 23 ans bénéficie d’un temps de jeu assez conséquent.
Présent sur le plateau de l’émission Le vestiaire de «RMC Sport», le champion d’Afrique est revenu sur les coulisses de sa signature au sein de l’écurie phocéenne. «C’est un club où, étant plus jeune, je rêvais de jouer. Tout le monde connaît l’OM, que ce soit en France ou dans le monde entier, ça fait rêver. Quand l’OM t’appelle, il faut être fou pour refuser. On connaît les supporters, le Stade Vélodrome, il y a beaucoup de choses à dire sur ce club», a soutenu le milieu de terrain. Performant dans l’entrejeu, Pape Guèye bénéficie d’un temps de jeu assez conséquent.
Par conséquent, il ne regrette pas son choix de rejoindre le club phocéen. «Je ne regrette pas d’avoir fait ce choix-là, je suis très content d’être dans ce club avec ce type de joueurs». Même si sa venue fait toujours l’objet d’une bataille judiciaire entre l’OM et Watford (par rapport à un pré contrat signé par Guèye avec les Hornets), le choix de l’OM a nettement fait basculer le joueur dans une autre dimension.
PAR Malick Sy
ET SI LE DRAME DE L’HOPITAL DE LOUGA AVAIT RÉVELÉ LE NOUVEAU MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - C’est la deuxième fois en un peu plus d’un mois que le président réplique fort en limogeant quasi instantanément deux hauts fonctionnaires aux positions intenables. Et s'il avait mué pour enfin habiter la fonction présidentielle ?
Le statu quo n’était guère plus tenable après l’immense vague de tristesse et la rage qui ont accompagnées la mort tragique d’une femme enceinte à l’hôpital régional de Louga. Après donc l'émotion et l'indignation, l'action et la réaction. Face au choc et à l’onde de choc qui s’est propagée à travers tout le pays, le chef de l’État a procédé au limogeage express du patron de l’institution sanitaire et à la suspension de l’ensemble du personnel mis en cause dans cette histoire tragique.
Une vie sacrifiée sur l’autel de la négligence imbécile
La colère et surtout l’effet de souffle provoqués par les accusations de dysfonctionnement d’une rare gravité qui ont abouti à la mort dans une atroce agonie de Sokhna Astou ont poussé Macky Sall à réagir avec une célérité qu’on ne lui connaissait pas. Après avoir exigé un rapport d’enquête détaillé dans un délai de 48 heures, le président de la République n’a pas tremblé ni traîné pour limoger en personne, le directeur de l’hôpital dont de nombreux Sénégalais avaient réclamé la démission en clamant haut et fort, « plus jamais ça ! ».
La tentative maladroite du docteur Amadou Gueye Diouf de sauver sa peau et son poste n’y feront rien, face à une opinion publique complètement remontée pour qui, toutes les explications du monde ne pourront justifier qu’on ait pu sacrifier la vie d’une jeune femme de 30 ans et celle de son bébé sur l’autel de la négligence imbécile et la tragique inconscience coupable d’une petite bande de personnes totalement déshumanisée, dont la place n'est décidément pas dans un hôpital public. Parce que Sokhna Astou aurait pu être sauvée si elle avait été correctement prise en charge, leur responsabilité est absolument engagée.
Le message de Macky Sall à la haute administration sénégalaise
À travers ce drame, c’est tout l’hôpital sénégalais qui est aujourd’hui directement pointé du doigt et injustement mis en accusation. Car n’oublions pas que le système sanitaire sénégalais que nous envie de nombreux pays de la sous-région compte en son sein, une majorité de vaillants serviteurs de la santé publique dont nous nous devons de saluer le dévouement et le courage.
Seulement voilà, nos concitoyens n’en peuvent plus d’être négligés, maltraités, humiliés, harcelés, invectivés dans certaines structures sanitaires publiques où la cupidité et l’arrogance de certains personnels ont fini d’obscurcir l’image de tout un secteur. D’où l’urgence, au-delà du drame de l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, de passer au scanner comme l’a ordonné le chef de l’État, l’ensemble du système hospitalier national.
La célérité avec laquelle le président a réagi en relevant de ses fonctions le directeur de l’hôpital est un premier pas qui est à saluer. C’est la deuxième fois en un peu plus d’un mois que le président réplique vite, fort, et ferme en limogeant quasi instantanément deux hauts fonctionnaires dont les positions n’étaient plus tenables.
Le signe que Macky Sall est en train de démontrer qu’il ne transige plus avec sur les écarts avérés dans la haute administration. Une première détonation avait retenti le 9 mars dernier avec le débarquement brutal de Pape Amadou Sarr, tout puissant ex-Délégué Général à l’Entrepreneuriat des Femmes et des Jeunes. En virant sans ménagement et presque coup sur coup deux hauts responsables de l’administration sénégalaise, Macky Sall veut envoyer un message clair. Plus question de protéger ceux qui ont une responsabilité politique et morale dans l’exercice de leur fonction. Comme s’il avait à cœur, à deux ans de la prochaine élection présidentielle, d’effacer cette image partisane, cette perception d’homme d’un parti, d’un clan et d’une clique au-dessus des lois et des exigences d’exemplarité républicaine.
Les habits neufs du président
Alors question. Et si Macky Sall avait mué pour enfin habiter la fonction présidentielle. En intervenant directement dans le scandale tragique de l’hôpital de Louga impliquant une « modeste » femme, épouse d’un « simple » chauffeur de taxi dans une région loin de la capitale, le chef de l’État veut se reconnecter au Sénégal d’en bas, au pays réel. Fini le président autoritaire, psychorigide, vertical, austère. Place au Macky Sall, transgressif pour célébrer les victoires sénégalaises, humain, proche de son peuple et résolument placé au-dessus de la ligne de flottaison partisane. Place au père de la Nation rassembleur, au président du peuple au chevet des Sénégalais, au chef qui fait désormais montre d’une extrême attention sur le sort de la troupe. Cette stratégie de l’émotion, maillon manquant de 10 ans d’une gouvernance tout en muscles, a tout l’air d’un nouveau contrat de confiance que le chef de l’exécutif tente de réécrire avec les Sénégalais.
Le président aura passé un mandat et demi avant d'enfin trouver le chemin qui pourrait le mener dans le cœur des Sénégalais. Un mandat et demi pour comprendre que ses concitoyens ont changé et qu’ils sont de plus en plus exigeants dans la gouvernance de leur pays. Que la donne a surtout changé dans ce que les Sénégalais jugent comme immoral et inacceptable, supportable et tolérable.
Il suffit de voir leurs réactions outrées et indignées à la diffusion sur les réseaux sociaux, d’images de « l’hôtel particulier » de l'ancien ministre Amadou Ba, un « simple fonctionnaire » dont la maison pourrait être classée au rang de patrimoine insolent et historique de luxe dans un pays où beaucoup de nos concitoyens ont du mal à joindre les deux bouts, pour comprendre qu’il y a des choses qui ne passent plus dans l’opinion.
Et ça, le président de la République semble l’avoir enfin compris. Son mode de gouvernance, son rapport aux citoyens, son apparence et sa communication ont incontestablement changé depuis quelque temps. Derrière ce « Macky Sall nouveau » semble se profiler et pardon pour l’outrance, l'allégorie d'un Abdoulaye Wade à l’apogée de son pouvoir et dans son rapport fait de proximité et d’empathie envers le peuple du Sénégal. Alors, à l’attention de tous ceux qui en doutaient encore, Macky Sall a bel et bien changé de costume. Comme s’il s’apprêtait pour un nouveau rendez-vous.
Malick Sy est journaliste
RETOUR SUR LA ROCAMBOLESQUE AFFAIRE DE RADIATION DE 6665 POLICIERS
Il y a 35 ans, le Sénégal se réveillait sans police
Les 13 et 14 avril 1987 sont deux dates qui marquent à jamais la Police nationale du Sénégal. En effet, il y a 35 ans jour pour jour, le président de la République d’alors, Abdou Diouf, avait pris la décision de radier tous les éléments de la Police nationale, soit 6665 agents. Aujourd’hui, le pays se souvient notamment du commissaire divisionnaire Cheikh Saad Bou Ndiaye mort dans des circonstances douteuses.
Les 13 avril et 14 avril 1987, un véritable séisme a secoué la Police nationale du Sénégal, avec l’enclenchement d’une série de sanctions par le gouvernement socialiste du Président Abdou Diouf, qui avait finalement abouti à la radiation de 6665 agents, tous corps confondus. C’était à la suite d’une marche organisée à Dakar, Thiès et Diourbel par des policiers pour dénoncer le traitement subi par certains des leurs, consécutivement à la mort d’une personne en garde-à-vue. A la suite des journées des 13 et 14 avril, le gouvernement a décidé de suspendre tous les personnels de la Police nationale, avant que ne tombe le 28 avril de la même année la loi 87-14 portant radiation de tous les agents de police. Cheikhna Keita, brigadier-chef des gardiens de la paix à la retraite et président du Mouvement national des policiers à la retraite tous corps confondus, estime que les raisons de cette mesure sont incompréhensibles. «Tous les policiers ont été jetés dans la rue, humiliés, injuriés. Des familles ont volé en éclats, des divorces consommés», dit-il. Pour survivre, il révèle que des policiers ont eu à exercer le métier de vidange de fosses septiques, tandis que d’autres erraient dans les rues pour avoir de quoi manger. Leurs enfants se sont retrouvés à la rue, parce qu’ils n’étaient plus acceptés dans les classes. «Dans les quartiers, les boutiquiers ne faisaient plus confiance aux familles des policiers, la situation était intenable et les voisins se moquaient parfois d’elles», se souvient Cheikhna Keita. A l’en croire, la date des 13 et 14 avril doit être dédiée au commissaire divisionnaire Cheikh Saad Bou Ndiaye, Directeur de la Sécurité Publique à l’époque. Il avait clairement indiqué au tout puissant Jean Collin et au Président Abdou Diouf que la décision était inacceptable. Revenant sur les circonstances qui avaient occasionné l’ire des policiers, Monsieur Keita souligne que sous le diktat du Fonds Monétaire International (FMI), le gouvernement était dans un projet de diminution des effectifs de la fonction publique. Ne sachant pas quoi faire, le Président Abdou Diouf avait commencé par une politique de départs volontaires. Mais comme les fonctionnaires n’étaient plus tentés par ce mécanisme, il y avait un gap de 1 000 agents à combler. «C’est ainsi que le gouvernement a d’abord visé la douane, mais les agents ont menacé en disant que si un seul élément du corps est touché par un quelconque dégraissage, la douane ne participera plus au budget. Devant une telle situation, le Président Abdou Diouf a reculé et Jean Collin a pris le dossier en main. Cela a coïncidé avec l’affaire Bara Ndiaye, connu comme un grand délinquant qui s’attaquait aux bijouteries et les plaintes s’accumulaient contre lui, à la sécurité urbaine. Il a été interpellé après une traque de 45 jours. Entendu et déféré au parquet en 1982, il est malheureusement décédé 15 jours après. Et les gens ont dit qu’il a été victime de sévices», explique Cheikhna Keita. Il souligne que la victime était un colosse et s’était battue avec les policiers et le médecin commis pour statuer sur les circonstances de la mort avait clairement établi la cause d’un malaise. Malgré cela, les éléments qui l’avaient interpellé et les enquêteurs ont été entendus, et justice avait été rendue par un non-lieu. Pour tendre un piège à la police, ditil, l’ordre a été donné à la justice en 1987 de remettre le dossier judiciaire au goût du jour
LE COMMISSAIRE CHEIKH SAAD BOU NDIAYE, LA CONVOCATION AU PALAIS ET LA MORT
Ce qui avait entraîné la marche de certains éléments du commissariat central de Dakar, quelques éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) de Thiès et du commissariat de Diourbel. Des esprits malsains au sein de l’élite dirigeante ont fait croire que les policiers ont voulu faire un coup d’Etat. C’est ainsi que la décision de suspension a été prise les 13 et 14 avril, et le 28 avril, la loi portant radiation est tombée. Ce jour-là, il indique qu’il y a eu même des heurts entre policiers et gendarmes quand les policiers ont voulu se rendre au Palais de justice et le pire a été évité de justesse du fait de l’intervention du Colonel Mbaye Guèye. Pour Cheikhna Keita, le commissaire Cheikh Saad Bou Ndiaye, qui n’était pas d’accord sur les mesures prises par le gouvernement, s’apprêtait à aller faire ses approvisionnements avec son épouse quand il a été appelé d’urgence à la Présidence de la République pour trouver des solutions définitives. Il s’est aussitôt rendu ce dimanche-là au Palais et, selon lui, il n’est plus revenu. Il souligne que son véhicule a été retrouvé après dans les falaises, pour faire croire à un accident ou un suicide mais en réalité, sa tête portait trois blessures qui semblaient provenir de coups de feu. Tel est le sort réservé à un commissaire de renom, qui s’est sacrifié pour la bonne cause des policiers et c’est pourquoi, ajoute-t-il, le jour de l’inhumation, les autorités ont été éconduites par son fils. « Les policiers tous corps confondus, qu’ils soient en exercice ou à la retraite, sont interpellés pour dédier ces journées des 13 et 14 avril à la mémoire de ce commissaire divisionnaire émérite, Cheikh Saad Bou Ndiaye. Il s’y ajoute qu’une correspondance a été adressée au Chef de l’Etat pour lui demander de le réhabiliter. Et dans ce cadre, il serait logique que le Commissariat Central de Dakar puisse porter désormais son nom », plaide Cheikhna Keita.
LE RENDEZ-VOUS MANQUE ENTRE DABAKH ET LE PRESIDENT ABDOU DIOUF
Avec cette radiation, dit-il, le Président Abdou Diouf a commis la plus grosse erreur de sa vie. A l’époque, il rappelle que le regretté Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh avait reçu les policiers qui lui avaient expliqué de fond en comble ce dossier et c’est ainsi qu’il avait pris un rendez-vous avec le Président Abdou Diouf pour discuter avec lui sur ce dossier. Mais l’entourage du Président Abdou Diouf a fait en sorte qu’il ne puisse pas voir le Chef de l’Etat. En lieu et place, une audience avec Jean Collin lui avait été proposée, ce qu’il avait catégoriquement décliné. Il est d’avis qu’avec cette donne totalement créée par le pouvoir d’alors, les policiers ont été humiliés, injuriés à longueur de journée dans la rue et les voisinages et cela a été d’ailleurs le point de départ de l’insécurité, des agressions qui se comptent aujourd’hui à la pelle. C’est parce qu’avant, les policiers étaient totalement respectés et même parfois craints, mais tout cela s’est écroulé comme un château de cartes. « Aucun Président dans ce monde ne peut gouverner son pays sans la police et Abdou Diouf l’a su à ses dépens », note-t-il. C’est pourquoi, une semaine après la radiation, il a demandé à la BMS de reprendre service, parce qu’il n’avait plus de renseignements et de ce point de vue, il gouvernait les yeux fermés. A l’en croire, même Thomas Sankaré, alors Président du Faso, lui avait demandé de revenir sur cette décision. Et en voulant faire la même chose en 1962, car ayant eu des bisbilles avec Mamadou Dia alors que les décisions sécuritaires venaient de Valdiodio Ndiaye ministre de l’Intérieur, il avait été empêché par le Général De Gaulle.
LA FÊTE DE TABASKI LA PLUS TRISTE
Même après la décision de radiation, les 6 665 policiers percevaient le salaire à la fin du mois, mais la tabaski de 1987 a été la plus triste pour les policiers sénégalais. En effet, le salaire de ce mois avait coïncidé avec le versement de l’avance tabaski et tous les policiers qui ont perçu étaient ceux qui étaient retenus ; les autres ont été radiés définitivement sans aucune notification. Et finalement, 1 265 policiers ont subi ce sort et ont passé ainsi leur première fête de tabaski de malheur. De l’avis de Cheikhna Keita, c’est quelques années après, précisément en 1993, et sachant qu’il avait eu tort, que le Président Abdou Diouf a mis en place la police municipale pour caser les radiés, et les mairies étaient incapables d’assurer les salaires car certains agents restaient plusieurs mois sans salaires. Durant son règne, indique Monsieur Keita, le Président Me Abdoulaye Wade n’a rien fait pour les policiers radiés. Au moment de prendre en charge cette question, se désole-t-il, le pouvoir libéral ait pris l’option de l’admission en lieu et place de la réintégration. Par contre, il soutient que le Président Macky Sall a posé un acte historique, allant dans le sens d’une indemnisation à hauteur de 2 milliards de Fcfa. Il s’y ajoute la décision de faire en sorte que ces policiers aient une pension complète. «C’est un courage historique et nous demandons au Président Macky Sall d’avoir ce même courage, pour baptiser le commissariat central de Dakar au nom du Commissaire Divisionnaire Cheikh Saad Bou Ndiaye. Et à défaut du commissariat central, que la cité Malick Sy où il habitait avec sa famille et d’où il est parti ce fameux dimanche pour aller répondre à une convocation au Palais pour ne jamais revenir, puisse porter son nom », plaide Cheikhna Keita.
LES INJONCTIONS DE MACKY SALL À CHEIKH OUMAR HANNE
Le chef de l’État a demandé hier à Cheikh Oumar Hanne de mettre en œuvre les 13 décisions retenues lors de sa rencontre avec les acteurs de l’enseignement supérieur.
Le chef de l’État a demandé hier à Cheikh Oumar Hanne de mettre en œuvre les 13 décisions retenues lors de sa rencontre avec les acteurs de l’enseignement supérieur. Macky Sall a également souligné la nécessité, pour le gouvernement, d’accompagner l’émergence de l’enseignement universitaire en langue arabe.
Pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur, le Président Macky Sall a donné des instructions fermes à Cheikh Oumar Hanne, lors du conseil des ministres d’hier. « Le Chef de l’Etat demande, dès lors, au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de mettre en œuvre les treize (13) décisions qu’il a retenues à l’issue de cette rencontre. Le président de la République souligne particulièrement la nécessité de procéder à l’évaluation de l’application du système LMD et de renforcer la fonction de régulation de l’ANAQ SUP, pour assurer la qualité académique du secteur », renseigne le communiqué faisant état de la rencontre entre le locataire du Palais et son gouvernement.
Selon le document, Macky Sall a invité le ministre de l’Enseignement supérieur et son collègue chargé des Finances et du Budget à accélérer la finalisation de toutes les infrastructures pédagogiques et sociales en cours ou programmées, afin d’améliorer les capacités d’accueil et le cadre de vie des Universités.
D’après le texte, le chef de l’État a aussi souligné « l’importance de lancer, cette année, les classes préparatoires aux grandes écoles, et d’assurer la fonctionnalité des Ecoles supérieures et des ISEP (Institut supérieur d’Enseignement professionnel), entités essentielles pour favoriser l’employabilité des étudiants et le dynamisme du marché du travail». «Le Chef de l’Etat indique également la nécessité d’accompagner l’émergence de l’Enseignement universitaire en langue arabe et de soutenir les initiatives de formation professionnelle et d’insertion socioéconomique des diplômés en langue arabe.
Le Chef de l’Etat insiste, par ailleurs, sur l’importance de faire de la recherche et de l’innovation un catalyseur de l’industrialisation du Sénégal », souligne le communiqué. Le document fait savoir aussi que Macky Sall a demandé « à ce titre, au ministre de la Recherche et de l’Innovation, de finaliser, avant le 30 juin 2022, la stratégie nationale de développement de la Recherche et de l’Innovation, intégrant la préfiguration d’un Fonds national de la Recherche et la mise en place d’un Conseil national de la Recherche et de l’Innovation ».
DJIBRIL WADE VOUÉ AUX GÉMONIES PAR LE PDS BISCUITERIE
La Section communale du Parti démocratique du Sénégal (PDS) de Biscuiterie vit mal le ralliement de Djibril Wade à la mouvance présidentielle. Dans tous ses états, elle a tiré à boulets rouges sur le maire de la commune.
La Section communale du Parti démocratique du Sénégal (PDS) de Biscuiterie vit mal le ralliement de Djibril Wade à la mouvance présidentielle. Dans tous ses états, elle a tiré à boulets rouges sur le maire de la commune.
Le Pds Biscuiterie n’est ni de près ni de loin impliqué à la décision de sa tête de liste lors des élections locales du 23 janvier dernier de rejoindre les prairies marrons beiges. Assimilant le ralliement de Djibril Wade à l’Alliance Pour la République (Apr) comme un couteau dans le dos, les Libéraux de Biscuiterie se sentent trahis.
Dans une déclaration reçue à «L’As», la section communale du Pds de biscuiterie a indiqué que « le ralliement du maire de la commune de Biscuiterie élu sur la liste de la Grande coalition Wallu Sénégal lors des élections locales du 23 janvier 2022, à l’Apr, a suscité un véritable émoi et une grande déception au niveau des populations, militants et sympathisants du PDS et de ses alliés, qui avaient bien l’opportunité de porter leur choix sur les listes du pouvoir en place, mais qui, ont préféré celle de l’opposition incarnée par M. Mouhamed Djibril Wade».
Cette décision du maire de Biscuiterie, au-delà du caractère répréhensible de sa décision, fulminent les membres de la section communale de Biscuiterie du Pds, «remet au goût du jour la question de l’éthique des hommes politiques qui, à peine élus, et sans se soucier de la volonté exprimée par les électeurs retournent leurs vestes, au gré de leurs intérêts. «Les militants et sympathisants de la section communale du Parti Démocratique Sénégalais de Biscuiterie, conscients de la gravité de la situation, réaffirment leur attachement et leur fidélité sans faille, au secrétaire général national du Parti, Me Abdoulaye Wade et s’engagent résolument à reconquérir les bases fidèles au parti, pour porter la candidature de notre frère Karim Wade, à la magistrature suprême de notre pays aux prochaines élections présidentielles de 2024».
Par conséquent, les militants et sympathisants du Pds de Biscuiterie ont lancé un appel à tous ceux qui sont attachés aux principes et valeurs incarnés par leur leader charismatique, Me Abdoulaye Wade, de se mobiliser et de faire bloc, pour relever le défi des parrainages, en vue de la préparation des élections législatives du 31 juillet 2022. «Les militants et sympathisants du Pds de Biscuiterie informent les populations qu’une assemblée générale extraordinaire est programmée dès la fin du Ramadan, pour renouveler leur engagement de fidélité au Pds et à son secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade», ont indiqué les membres de la section communale du Pds de Biscuiterie.
XAAR YALLA, LE RENDEZ-VOUS DES CHERCHEURS D’EMPLOIS JOURNALIERS
A Keur Massar, dans la banlieue dakaroise, des jeunes ont rendu célèbre un coin dénommé Xaar Yalla (Attendre Dieu). Ils s’y regroupent tous les matins, nourrissant l’espoir de décrocher un travail journalier dans les métiers du bâtiment.
Au moment où beaucoup de jeunes déposent des demandes au niveau des entreprises ou dans l’administration avec l’espoir d’étrenner leur premier emploi bien rémunéré, certains d’entre eux se regroupent quelque part dans un coin perdu de la capitale et sa banlieue pour chercher de quoi vivre ou survivre. La préférence de ces jeunes porte sur des secteurs dont la réputation est d’employer des journaliers qui seront payés au terme d’une journée de labeur. A Keur Massar, dans la banlieue dakaroise, des jeunes ont rendu célèbre un coin dénommé Xaar Yalla (Attendre Dieu). Ils s’y regroupent tous les matins, nourrissant l’espoir de décrocher un travail journalier dans les métiers du bâtiment.
L’un des bus de la marque Tata vient juste de stationner devant une boulangerie de Keur Massar. Beaucoup de passagers sont ainsi obligés de descendre et poursuivre le trajet à pieds. En effet, à cause des travaux de construction de l’autopont de Keur Massar, ce bus qui quitte Liberté 6 pour ce populeux département, doit changer d’itinéraire. Tout ce beau monde est ainsi obligé de longer une étroite ruelle dont des zincs protègent les piétons et les magasins qui font face à d’éventuels dangers du chantier. Il faut marcher à la queue leu leu ou bousculer des gens pour se frayer un passage. Élèves, ouvriers, commerçants et autres sont devenus des habitués de ce long tronçon de plus d’un kilomètre. A quelques mètres de l’un des tunnels qui jalonnent cette infrastructure devant rendre la circulation plus fluide dans cette ville très fréquentée, le piéton doit se résoudre à marcher lentement. Un véritable embouteillage humain s’y crée, le passage étant trop étroit. Juste à droite de ce couloir, un groupe de jeunes a pris possession d’un espace de ce périmètre. C’est le lieu de rendez-vous d’une quarantaine d’ouvriers évoluant dans tous les secteurs du bâtiment. Ils sont menuisiers, maçons, ferrailleurs, plombiers etc., D’autres cependant sont sans qualification. Tous s’y retrouvent pour avoir un travail journalier dans un chantier de la zone ou ailleurs dans la capitale. Sac noir sur le dos, les yeux rivés sur les voitures qui circulent devant lui, Khadim Top fait partie de ces ouvriers qui squattent les lieux tous les matins avec l’espoir de trouver un boulot. Ici, c’est Xaar Yalla (on attend Dieu). Un haut lieu de recrutement d’ouvriers prêts à travailler dans des chantiers partout dans la capitale. « Chaque matin, je quitte Médina Fass Mbao dans la commune de Diamaguène Sicap Mbao pour ce coin perdu de la ville dénommé Xaar Yalla avec l’espoir de trouver un emploi journalier et régler mes besoin et ceux de ma famille », a expliqué cet adulte au visage juvénile que trahissent des cheveux blancs sur une partie qui couvre la tête.
Rémunération comprise entre 8 500 et 10 000 francs CFA
Dans un brouhaha énorme, toutes les langues y sont presque parlées. Le sac à presque le sol pour certains, et au dos pour d’autres, ils sont tous prêts pour n’importe quel boulot. Devant son matériel, composé d’une puissante cisaille et d’un marteau, Abdoulaye Seck attend comme tous les autres un entrepreneur à la recherche d’ouvriers. « Je viens ici depuis plusieurs années en quête d’un travail dans un chantier. Notre métier n’est pas aussi structuré au point d’avoir un contrat avec un entrepreneur. C’est pour cette raison que nous venons tous les jours en espérant être embauché par les nombreux gérants de chantiers qui cherchent de la main d’œuvre », explique cet ouvrier ferrailleur. Dans cet endroit, le principe est simple. Les personnes détentrices de chantiers viennent pour embaucher des ouvriers en mesure de servir dans des domaines précis. Alors que la fraîcheur s’accentuait en cette veille du mois de ramadan, les premières voitures, avec à leur bord des chefs de chantier, débutent leur défilé. Les discussions se font à partir des fenêtres des véhicules. Elles sont sont souvent longues, chacun cherchant à tirer parti de cette collaboration. Ce qui ait que les négociations tirent en longueur. Moustapha Diop tient un chantier aux Almadies. Xaar Yalla est son lieu préféré pour trouver des travailleurs motivés et qualifiés. « C’est un endroit bien réputé qui répond aux critères que nous cherchons pour le bon déroulement de nos chantiers », a-t-il lancé dans une ambiance indescriptible. Selon lui, les offres sont souvent chères. Les habitués de Xaar Yalla ne cessent de faire monter les prix. « Souvent, un ouvrier peut décliner une paie journalière de 8 000 francs CFA. Certains exigent une journée de travail moyennant 10 000 francs CFA », nous confie Top, toujours dans l’attente de trouver un ouvrier. Avec les travaux sur l’autopont, ce lieu de rendez-vous a été délocalisé du rondpoint de Keur Massar, juste en face du centre commercial, pour le bas du tunnel de ce chantier. Peu avant dix heures, la presque moitié du groupe avait déjà trouvé un point de chute dans différents chantiers de la ville. Quant à Moustapha Seck, il va devoir patienter encore. A défaut d’être pris, il devra rentrer jusqu’au lendemain.
Solidarité
« Cela arrive souvent qu’on ne trouve pas de boulot parce que ce n’est pas notre jour de chance. Parfois aussi, on nous prend sans même avoir passé une heure ici », souligne le jeune homme habillé d’un blouson de couleur bleu, une tasse de café à la main. En plus de se réunir dans le but de trouver un travail, les habitués bénéficient souvent d’un grand élan de solidarité. Rares sont ceux qui achètent à manger le petit déjeuner. Pour Khadim Top, il arrive que de bonnes volontés viennent leur offrir du café, du pain ou encore des beignets pour ceux qui restent à attendre. Il ajoute que dans la plupart des cas, le bienfaiteur se veut anonyme. Ce qui renseigne, selon le jeune Adbou Sagna de Malika, sur la solidarité et la générosité qui règnent à Xaar Yalla. Pour lui, ce ne sont pas seulement des maçons ou autres ouvriers qui squattent cet endroit. « Nous y rencontrons des élèves et des étudiants en quête d’un petit boulot pour pouvoir gérer certaines dépenses comme se procurer des livres fournitures », a expliqué Abdou. Ce jour n’étant pas son jour de chance, il devra rentrer bredouille. Il n’a pas voulu la somme que lui proposait un chef de chantier. « La tendance, c’est minimum 8 500 F Cfa la journée de travail, mail il n’a pas accepté de payer cette somme », se justifie-t-il. Demain, il sera encore au rendez-vous souhaitant une journée meilleure à Xaar Yalla.