Nous sommes d’avis que la défaite de BBY dans la majeure partie des collectivités locales du département de Rufisque, relève uniquement de sa responsabilité du Président Macky Sall. En effet, Rufisque et Bargny attendaient beaucoup de lui, après l’avoir plébiscité avec un taux de 54% des suffrages exprimés dans le département de Rufisque lors des dernières élections présidentielles. Ce score a largement contribué, à la victoire de la coalition présidentielle, dans la région de Dakar. Pourtant malgré tout leur engagement aux côtés de l’actuel Président de la république, durant ces élections, s’en est suivie une grande déception. Car rien dans leur vécu n’a changé d’un seul iota. C’est comme qui dirait, que les populations du département de Rufisque pendant ces élections locales, ont tenu à apporter une réponse éloquente par la voie des urnes à l’indifférence de Macky Sall à leurs préoccupations. On se rappelle qu’à l’époque du magistère du Président Abdou Diouf, la ville de Rufisque comptait un certain nombre de ministres dans le gouvernement tels que les Ibrahima Sall, Ndioro Ndiaye….
Il en est de même de rufisquois nommés aux fonctions de directeur généraux de sociétés nationales, comme Pathé Ndiaye au port autonome de Dakar, Docteur Abdou Rahmane Diouf ancien directeur de SONES, Abdou Rahmane Ndir à la Senelec et Feu Ibrahima Sarr à la Poste.
Également pendant une période de l’histoire ou maitre Abdoulaye Wade était président de la république, on se souvient que maitre Mbaye Jacques Diop avait été nommé président du CRAES et devenait de facto, comme 3ème personnalité de l’Etat. Feue Awa Diop avait été nommée ministre de même que Ngoné Ndoye qui fut la dernière ministre des sénégalais de l’extérieur du gouvernement du Président Abdoulaye Wade.
C’est également pendant cette période de l’histoire du régime de Maitre Wade, que Delco Samb, occupait les fonctions de directeur général de la SONES. Je me souviens que lors d’une audience avec Macky Sall Président de la République, il nous avait recommandés à Abdoulaye Daouda Diallo à l’époque ministre du Budget.
Ce dernier lors de notre rencontre nous avait fait la révélation que c’était sur recommandation du Président Macky Sall à l’époque Président de l’Assemblée nationale que maitre Mbaye Jacques Diop Président du CRAES, l’avait coopté dans son cabinet, comme conseiller technique.
Pour toutes ces raisons, Abdoulaye Daouda Diallo nous avait dit qu’il doit beaucoup à la ville de Rufisque à travers la confiance que Maitre Mbaye Jacques avait eue à son endroit en le nommant aux fonctions de conseiller technique au sein de l’institution qu’il dirigeait à l’époque. Plus tard Abdoulaye Daouda Diallo avait donné instruction aux directeurs des Domaines, du Cadastre et de l’Urbanisme de nous recevoir pour débattre de nos préoccupations au cours d’une séance de travail.
Cette réunion avait été présidée par Monsieur Yatma Gueye conseiller technique du ministre chargé du Budget représentant le ministre. Egalement étaient présents à cette réunion, le directeur des Domaines de l’époque représentant Amadou Ba directeur général des Domaines, Mamadou Mamour Diallo pendant cette période receveur des domaines de Rufisque et Madame Dieng actuelle directrice du Cadastre, à cette époque cheffe du bureau du cadastre de Rufisque.
Et toutes les décisions issues de cette rencontre, n’ont jusqu’à présent été matérialisées et cela, au grand dam de la communauté léboue. Et la situation foncière actuelle qui prévaut au niveau du département de Rufisque, est plus catastrophique qu’auparavant.
Il nous faut aussi souligner, que malgré les immenses services rendus par Feux Alioune Badara Mbengue ministre d’Etat et maitre Mbaye Jacques Diop à leur ville et au Sénégal, aucune infrastructure étatique digne de ce nom, ne leur a été dédiée.
Entre autres éléments qui ont contribué à la défaite de la coalition présidentielle à Rufisque et Bargny, l’inertie des autorités par rapport à l’avancée quotidienne de la mer, qui ne cesse de menacer les populations du littoral de ces deux villes. La RSE des sociétés implantées à Rufisque et Bargny doit être aussi tenu en compte, concernant le mécontentement des populations à l’endroit du président de la république. Car une entreprise comme SOCOCIM INDUSTRIES à qui on a attribué les ¾ des terres de Rufisque et de Bargny, n’a pour autant construit ne serait qu’une case dans ces deux villes. S’agissant d’un certain nombre de fonctionnaires en charge de l’administration foncière, ils continuent de plus bel à spolier nos terres sans pour autant être inquiétés une seule fois malgré le cri de cœur de nos populations depuis plusieurs années.
Pour ce qui relève de nos lieux de culte comme la grande mosquée de Keury Souf qui date de 1840 qui est également la 2ème grande mosquée du Sénégal après celle de pire. Elle est aussi la 3ème grande mosquée la plus ancienne en Afrique noire. Cette grande mosquée, est en passe de s’effondrer sans pour autant que l’Etat n’intervienne pour préserver ce lieu de culte qui est classée patrimoine historique, par l’UNESCO.
Pourtant le président Macky Sall en personne nous avait promis de la restaurer et cela depuis plus de 3 ans et jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait. Cependant, il y’a de cela quelques semaines, le chef de l’Etat vient de procéder à l’inauguration de la grande mosquée de Fatick. Nous saluons à juste titre cette réalisation de même que celles réalisées au niveau d’un certain nombre de foyers religieux aux Sénégal.
Rufisque continue de pleurer Mamadou Cora Fall
Quant au sport rufisquois, on continue de pleurer le rappel à Dieu du Président Mamadou Cora FALL. Et nous sommes d’avis, que si on n’y prend garde, l’ASC le SALTIGUE risque de mourir de sa belle mort.
Les différentes communes de Rufisque ne donnent pas de subventions au saltigué, s’y ajoute que Rufisque ne dispose ni de terrain de Basketball de hand Ball ni de celui de volley Ball. Après le rappel à Dieu du maire Ndiawar Touré qui a marqué de son empreinte son passage à la tête de la municipalité de Rufisque, par son soutien constant aux sportifs de la vielle ville. Ndiawar mettait à contribution 300 millions réservés au chapitre budgétaire destiné aux sports. Pour ce faire, il convoquait tout ce que Rufisque compte comme entités sportives, pour procéder au partage de cette manne financière entre les différents clubs de la ville. Les rencontres annuelles que feu Ndiawar Touré avaient avec les clubs de la ville pour leur remettre leurs subventions, se faisaient toujours en présence du doyen Ousmane Séne Blay, qui est un modèle et une référence, au niveau du sport rufisquois. Et la part du lion revenait toujours à l’ASC le Saltigué qui compte le plus grand nombre de disciplines mais qui est aussi le club fanion de ville. Et tout ce qui reste comme espaces que l’APIX n’a pas pris en compte dans la mise en œuvre du TER, sont entrain d’être morcelés et vendus à des tiers au grand dam des sportifs.
Pourtant ils existent des sites dans la Série G ainsi que d’autres sites du même genre, à proximité de la SEN EAU. Mais aussi d’autres titres fonciers d’Etat, que nous avons identifiés et qui pourraient accueillir un complexe sportif pour Teugeuth FC. Teugeuth FC, ce club dont la date de création remonte tout juste à quelques années, joue déjà un rôle de premier plan, dans le championnat professionnel et demeure une fierté bien Rufisquoise. Egalement au niveau du cap des biches on a eu à dénombrer des TF d’Etat qui avaient été transférés à Pikine, mais entretemps ramenés à Rufisque dans l’objectif de procéder de manière illégale à son partage par un certain nombre d’élus locaux et de fonctionnaires. Pour ce qui concerne nos cimetières, actuellement ils accusent le trop plein et nous ne disposons même pas d’espaces, pouvant nous permettre d’enterrer nos morts.
Et les 210 hectares laissés par Feu Ndiawar Touré Ancien maire de Rufisque pour régler ce problème, ont été morcelés et attribués à SOCOCIM Industries. Et les auteurs de ces transactions foncières ne sont autres, qu’un certain nombre, d’élus locaux et de fonctionnaires aux antipodes des missions qui leurs sont assignées. Et nous avons pour conviction, que les dirigeants de la SOCOCIM n’ont pas effectué le déplacement, pour se faire attribuer ce site qui était destiné à accueillir un nouveau cimetière. Nous avions même saisi l’OFNAC problème, d’autant pour dénoncer ce que ces 210 hectares pouvaient servir à aménager d’autres cimetières à même d’être utilisés par tout le département de Rufisque.
L’audit du foncier de Rufisque est incontournable
Il nous faut aussi souligner, que les Imams de Rufisque dirigés par le docteur Bamar Ndiaye Imam de la Grande Mosquée de Rufisque, souhaiteraient être reçus par le président de la république pour débattre de vive voix d’un certain nombre de problèmes. Nous demandons aussi au président Macky Sall de bien vouloir dépêcher une inspection d’Etat au niveau du département de Rufisque, pour procéder à un audit approfondi du foncier depuis la période ou Mamadou Mamour Diallo était le receveur des domaines de Rufisque, jusqu’à nos jours. Pour ce qui relève de la santé et qui constitue une préoccupation majeure pour les populations du département de Rufisque, c’est l’hôpital Youssou Mbargane Diop qui ne dispose même pas de scanner et même la morgue de cet établissement de santé, est dans un piteux état et peut s’écrouler à tout moment. Cette situation est à l’origine de notre implication pour parer aux problèmes les plus urgents, que vit cette structure sanitaire. Notre engagement a permis à l’hôpital de disposer de 60 ventilateurs et de banquettes pour les malades et leurs accompagnants. C’est avec l’appui d’un certain nombre de chefs de services de la ville de Rufisque, que nous avons réussi de régler ces problèmes.
Par Abdoulaye Penda Ndiaye
UNE ÉTOILE POUR L'HISTOIRE OU UNE ÉTOILE POUR METTRE FIN AU SEVRAGE
L’appétit vient en mangeant. Et, on conviendra qu’un appétit de lion n’a rien à voir avec celui d’un moineau. Les Lions ont quitté la véranda, ils sont passés au balcon et se sont installés sur le toit. Sur le toit de l’Afrique
Cette communion, cette hystérie collective et cette euphorie contagieuse qui règnent dans tout le Sénégal depuis le tir au but victorieux de Sadio Mané, en cet inoubliable dimanche 6 février au stade d’Olembe de Yaoundé, traduisent les joies d’une délivrance survenue après une très longue attente.
Une trop longue attente marquée par un cycle de désillusions dans une vallée de larmes où s’évaporent d’énormes et éphémères espoirs de succès. Belle fin de parenthèse et départ d’un nouveau cycle ! En remportant la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et leur tout premier galon dans la liste des pays africains qui comptent en matière de foot, les Lions du Sénégal ont tout simplement mis fin à une anomalie. Difficile de ne pas faire le parallèle avec l’Espagne, dont la sélection n’avait encore rien gagné jusqu’au Mondial 2010 avant de s’imposer depuis lors comme un cador du foot européen et mondial.
L’appétit vient en mangeant. Et, on conviendra qu’un appétit de lion n’a rien à voir avec celui d’un moineau.
Après avoir goûté à l’ivresse du sacre continental, réconcilié un peuple avec lui-même, la classe politique avec elle-même et dessiné un bonheur tricolore auréolé d’une étoile pour l’offrir à 17 millions de Sénégalais, cette équipe doit avoir à l’esprit qu’elle a le devoir de ne pas nous faire déchanter. Ces joueurs au mental d’acier, à l’image de leur entraîneur Aliou Cissé, décrié, critiqué et insulté avant de se voir sanctifié, doivent avoir à l’esprit qu’ils ont bel et bien lancé un nouveau cycle avec ce sacre continental au pays des Lions indomptables. Exit les revers qui donnaient à ces lions des airs de chatons apeurés. Exit les railleries des fans d’autres pays qui les avaient affublés du surnom peu glorieux de «Lions de la véranda».
Ils ont quitté la véranda, ils sont passés au balcon et se sont installés sur le toit. Sur le toit de l’Afrique. Comme à chaque jour suffit sa peine, il faut assurément prendre le temps de savourer comme il se doit ce trophée continental. Sans trop tarder à se remettre au travail. Car il faut se préparer aux retrouvailles avec cette équipe égyptienne dont Mohamed Salah demeure l’arbre qui cache la forêt. Incontestablement, les pharaons sont moins talentueux que les Lions, intrinsèquement ils sont moins bons que nos joueurs. Mais, revanchards et roublards, ils vont tout faire pour barrer la route du Qatar aux Lions du Sénégal.
Désormais, après ce sacre continental, le minimum d’ambition qu’on pourrait attendre de cette équipe est qu’elle se fraye le chemin qui mène à la Coupe du Monde. Et pourquoi pas franchir un autre palier dans ce grand rendez-vous mondial : demi-finale ? Voir en 2022 des joueurs du Sénégal qui ressuscitent, tout en chorégraphie, le « dialgati » des beaux jours d’un Sénégal conquérant avec un El Hadj Ousseynou Diouf, Fadiga, Henry Camara ou encore les regrettés Pape Bouba Diop ou Bruno Metsu est le meilleur moyen de faire rêver de nouveau ce peuple heureux d’assister à la fin de son sevrage de trophée. Dans ce pays où l’apparition de la lune a toujours été un facteur de division religieuse, il a fallu une étoile, une seule étoile, pour fédérer et unir les cœurs. Et c’est si beau 17 millions de Sénégalais qui chantent, dansent et sourient.
Abdoulaye Penda Ndiaye
Correspondant en Suisse
LES ENSEIGNANTS APPROUVENT LE GESTE PRÉSIDENTIEL EN FAVEUR DES LIONS MAIS REFUSENT L'INIQUITÉ DANS LA FONCTION PUBLIQUE !
Macky Sall offre 50 millions de francs CFA et deux terrains à chaque Lion - Les syndicalistes enseignants sont clairs dans leur position
Pour les récompenser de leur sacre continental, le chef de l’Etat offre à chaque Lion une prime spéciale de 50 millions de francs, un terrain de 200 mètres carrés à Dakar et un autre de 500 mètres carrés à Diamniadio. Tout en appréciant le geste du président à l’endroit de Kalidou Coulibaly et de ses coéquipiers, les syndicalistes de l’enseignement exigent l’équité dans la Fonction publique. Ils rappellent surtout au président Sall qu’après «le jeu», il y a les «enjeux» liés à l’éducation et à la santé, entre autres.
Les syndicalistes enseignants sont clairs dans leur position. Ils ne veulent aucunement que leurs revendications soient inscrites dans une logique de comparaison ou de rivalité avec les largesses du chef de l’Etat qui a octroyé une prime spéciale de 50 millions et deux terrains à Dakar et à Diamniadio à chaque « Lion ». Ce suite au sacre de l’équipe nationale de football à la Coupe d’Afrique des Nations (Can) 2021 organisée au Cameroun.
Au contraire, ils disent même exprimer leur gratitude à l’endroit des Lions pour cet exploit ainsi que pour la fierté et la dignité procurées à notre pays. « Ce geste du président Sall, on peut l’apprécier positivement vu que les « Lions » ont frappé fort pour avoir réussi à réunir toutes les couches de la société. On le salue et le magnifie. Ils le méritent amplement et même plus. Mais nous ne nous inscrivons pas dans une logique de comparaison ou de rivalité. Nous réclamons juste une reconnaissance et une revalorisation de la fonction enseignante. Cette injustice doit être rectifiée pour une équité. C’est le but de la lutte que nous avons engagée depuis quelques mois. Parce que tout travailleur mérite un traitement digne de sa situation professionnelle. Nous luttons pour une équité. Si les magistrats, les médecins... ont lutté jusqu’à obtenir une satisfaction, c’est mérité ». C’est le point de vue du coordonnateur de l’unité syndicale d’établissement (Use) du lycée Brave Hyppolite de Mont Rolland, Saliou Mbaye. Il considère que les enseignants luttent pour obtenir «ce qu’ils méritent».
Et ce qu’ils méritent, ‘’c’est l’équité», dixit son camarade syndicaliste Ndongo Sarr du Cusems. «Nous exigeons l’équité. On ne demande aucune faveur. Bien avant ce geste envers les « Lions », vous avez tous vu les arrêtés signés par le chef de l’Etat et qui revalorisent le statut de certains agents de l’administration. C’est d’ailleurs à saluer. Mais on refuse le deux-poids, deux mesures. Or, c’est ce deux poids deux mesures qui est à l’origine de notre colère » explique Ndongo Sarr. Lui aussi estime que le pays tout entier est en train de célébrer une victoire méritée. Cela dit, il indique qu’on est juste dans une «bulle» et que, d’ici deux à trois jours, tout le monde se réveillera pour se rendre compte de la réalité liée au coût de la vie, à la situation de l’Ecole et celle qui prévaut dans les hôpitaux... Car, estime M. Sarr, ce n’est pas cette victoire des « Lions » qui va régler les problèmes économiques, sanitaires et sociaux des sénégalais. Il précise n’avoir aucun… relativement au geste de Macky parce que, dit-il, ce sont des Sénégalais. Ce que le syndicaliste qu’il est exige au nom de ses collègues, c’est tout simplement que l’Etat traite avec équité tous les travailleurs de la Fonction publique. «Ce qu’on fait pour certains Sénégalais, qu’on le fasse pour tout le monde. Ces « Lions » sont-ils plus méritants que les enseignants?
Certes, nous en convenons, le sport est très important du fait de son pouvoir fédérateur. Mais il y a des secteurs qui sont autant sinon plus importants. Les joueurs le comprennent si bien que certains d’entre eux comme Sadio Mané ont construit des écoles et des hôpitaux dans leurs villages. Donc, sous ce rapport, on n’a pas de problème à ce qu’ils soient primés. Qu’on le fasse d’ailleurs pour tous les gens méritants», estime Ndongo Sarr du Cusems tout en soulignant que les urgences sont toujours là. «Car après le jeu, nous devons faire face aux enjeux de l’Education, de la Santé, des Forces armées, des secteurs formel et informel», renchérit Saourou Sène, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss). Selon lui, le malaise enseignant est une réalité. Des enseignants qui, selon le patron du Saemss, ne demandent pas des augmentations de salaires, mais des corrections à apporter sur le système de rémunération des agents de l’Etat.
A cet effet, le chef de l’Etat est donc fortement attendu par les enseignants qui considèrent qu’il va falloir trouver des solutions à l’actuelle crise scolaire pour qu’il puisse y avoir «une stabilité pour quelques années». « C’est pourquoi, même si nous félicitons les « Lions », nous rappelons aussi nos exigences fondamentales. A savoir qu’il faut apporter des correctifs au système de rémunération de la Fonction publique. On ne peut plus accepter de demeurer les parents pauvres des agents de l’Etat. Personne ne peut dire non aux « Lions ». Mais un lion du football, c’est un jeu. A côté, il y a des enjeux. Le football est une industrie touristique, nous le reconnaissons, mais n’oublions pas qu’il y a des secteurs comme l’Education qui souffrent. Maintenant, comme le Sénégal est suffisamment riche pour donner 50 millions et des terrains, nous ne demandons que justice par rapport à notre situation salariale », a martelé Saourou Sène.
Les salaires des enseignants, des bourses améliorées
C’est aussi le point de vue de Dame Mbodj du Cusems (Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen) Authentique qui, se prononçant sur les salaires des enseignants, affirme que «ce ne sont que des bourses améliorées». «L’Etat doit payer l’argent des enseignants. Nous réclamons une augmentation des salaires qui ne sont que des bourses améliorées. Aujourd’hui, les enseignants ne peuvent pas s’acquitter normalement de leurs dépenses quotidiennes, de leurs loyers ou encore de leurs factures d’eau et d’électricité. Il faut que leurs salaires soient augmentés conformément à ce qui a été fait au niveau des autres secteurs de la Fonction publique aux ministères du Travail, de l’Agriculture, de la Justice et du Commerce avec des arrêtés qui leur ont permis de bénéficier d’une augmentation de salaire pour leurs agents. Maintenant, pourquoi Mamadou Talla (Ndlr, le ministre de l’Education nationale) ne peut-il pas faire de même pour nous ? Nous demandons l’équité. Que la même chose puisse être faite au niveau de l’Education. Que les dernières indemnités octroyées par l’Etat soient élargies aux autres», a plaidé Dame Mbodj tout en précisant n’avoir aucun problème à propos des largesses de Macky Sall. «J’apprécie positivement tout cadeau fait à nos « Lions ». C’est mérité d’autant que l’argent appartient à tous les Sénégalais. C’est moins de 2 milliards.
Macky Sall a fait moins que Diouf et Me Wade
C’est normal. Les terrains aussi, pour Dakar et Diamniadio, cela va nous permettre d’arrêter cette boulimie foncière», a dit M. Mbodj qui trouve «insignifiant même» le geste du chef de l’Etat comparé à ce que faisaient ses prédécesseurs. «Il a fait moins que Abdou Diouf qui avait octroyé des maisons, de même que Wade. Pour les « Lions », je m’attendais à ce que le chef de l’Etat, de façon symbolique, donne une cité déjà construite, une cité symbolique des « Lions » à contracter avec des promoteurs immobiliers pour qu’ils la construisent sur une durée de 4 mois. Les Lions ne vont pas construire dans la banlieue à Diamniadio. Ils ne vont pas s’organiser pour construire. Je conseille au président d’améliorer son offre, son cadeau, en donnant les terrains à Dakar. Mais pour Diamniadio, il faut qu’il améliore et construise des maisons pour chaque membre de l’encadrement technique et pour chaque « Lion ». Dans la symbolique, c’est important». Ce qui, selon Dame Mbodj, sera une source de motivation pour les autres Sénégalais». Revenant sur la situation de l’école, le patron du Cusems Authentique rappelle que leurs revendications n’ont aucun rapport avec l’argent donné aux Lions. «Le Président nous doit plus de 100 milliards, si on fait le calcul global. Ce qu’il a donné ne fait pas 10 milliards. Il n’y a aucun link, aucun rapport par rapport à ce qui nous est dû. Il n’a qu’à payer l’argent des enseignants !»La sortie de la bulle euphorique provoquée par la victoire des « Lions » risque d’être mouvementée !
LA MALÉDICTION VAINCUE
Ils avaient faim. Faim de gloire. Faim de convaincre après deux finales perdues à Bamako en 2002 et au Caire en 2019...
Ils avaient faim. Faim de gloire. Faim de convaincre après deux finales perdues à Bamako en 2002 et au Caire en 2019. Ils avaient faim de venger plusieurs générations de footballeurs aussi talentueux les unes que les autres mais au palmarès continental encore vierge. Ils avaient surtout faim de trophée. Les «Lions» du Sénégal, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont donc rugi, ce dimanche 06 février 2022, dans un magnifique stade d’Olembé, avant de monter sur la plus haute marche du podium devant les mythiques «Pharaons» d’Égypte, septuples vainqueurs de la joute la plus prestigieuse du continent (1957, 1959, 1986, 1988, 2006, 2008 et 2010) qui plus est, au pays des «Lions indomptables». Tout un symbole pour les intrépides Rois-lions.
Note d’histoire
Dans les années 1960, les compétitions phares en Afrique étaient les «Jeux du Commonwealth» côté britannique et les «Jeux de la Communauté», chez les francophones. La première édition des Jeux de la communauté à Tananarive, Madagascar, mobilise 19 pays dont 02 territoires d’outre-mer (Côte française des Somalis et Nouvelle Calédonie) et 04 départements d’outre-mer (Réunion, Guyane, Martinique et Guadeloupe).Y ont pris part 800 athlètes dans huit (08) disciplines (athlétisme, boxe, cyclisme, haltérophilie, basket-ball, hand-ball, volley-ball et football).
Toutes les finales collectives avaient été alors remportées par la France qui, au football, domine le Cameroun invité des joutes sur le score de 3 buts à 1. Les Jeux de la communauté deviennent l’année suivante «Les Jeux de l’Amitié» et mobilisent 1070 athlètes de 20 pays dont deux anglophones (Liberia et Nigeria) dans 11 disciplines. Le cyclisme, la natation et le judo étoffant la liste déjà existante. Encore une fois, la France remporte tous les titres collectifs et bat en finale du football, la Côte d’Ivoire, sur la marque de 3 buts à 2.
En 1963, les Jeux de l’Amitié sont alors ouverts à des pays arabes (Algérie, Tunisie et République Arabe Unie). Par contre, lors de cette édition-là, qui devait être la dernière en fait, les territoires et départements d’outre-mer ne sont plus représentés et concourent sous les couleurs françaises. 2500 athlètes de 25 pays dont 16 nations de football regroupées en 04 poules se sont affrontés dans neuf disciplines. Le Sénégal de Raoul Diagne sort la France en demi-finales sur le score de 2 buts à 0 et s’impose en finale devant la Tunisie. C’est le premier succès «continental» des «Lions». Un succès d’autant plus retentissant que la Coupe d’Afrique des Nations d’alors, dans ses deux premières éditions de 1957 et 1959 remportées justement par les «Pharaons» d’Égypte, ne regroupait guère plus de six nations. La première édition s’étant jouée à 3 et les deux suivantes à 6. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour le football sénégalais qui a connu une longue traversée du désert. Des générations talentueuses se sont succédé mais n’ont jamais pu inscrire leurs noms dans le panthéon du football continental.
De la génération des Abdoulaye Diallo et Ousmane Camara à celle du regretté Jules François Bocandé, du maestro Oumar Gueye Sène, en passant par celle des El Hadj Ousseynou Diouf, Amdy Moustapha Faye, Henry Camara, Khalilou Fadiga et Pape Bouba Diop qui ont fait rêver tout un peuple, le Sénégal, malgré l’immense talent de ses joueurs, a rarement franchi le dernier carré lors de cette joute la plus prestigieuse du continent africain. Il a échoué deux fois en finale à Bamako, en 2002, devant les «Lions indomptables» du Cameroun et au Caire, en 2019, face aux Fennecs d’Algérie. Comme si la scoumoune nous poursuivait. Les poulains d’Aliou Cissé, à l’instar des générations précédentes, étaient toujours frappés par cette terrible malédiction. Et c’est au pays des «Lions indomptables» du Cameroun, lors de cette 33ème édition de la CAN, que les «Lions» du Sénégal, toutes griffes dehors, ont enfin remporté le trophée africain en venant à bout de l’ogre égyptien. Une sélection qui, sur 12 confrontations contre nos «Lions», avait pris le dessus sur eux au moins 6 fois, concédé le nul à 2 reprises et dont la dernière défaite aux tirs au but remonte à...1984.
Des Lions héroïques
Au sortir de ces joutes africaines qui consacrent le Sénégal, Sadio Mané et Édouard Mendy remportent respectivement les trophées de meilleur joueur et meilleur gardien de la compétition. Pour avoir remporté le titre continental, notre pays voit tomber dans son escarcelle la faramineuse somme de 2 857 578 000 F CFA réservée au vainqueur contre 1 571 667 900 F CFA pour l’autre finaliste malheureux.
En plus de cette manne financière générée par leur victoire finale, les «Lions» ont fait vibrer les cœurs à l’unisson. Le président Macky Sall, qui a saisi la balle au rebond, a convié l’opposition à l’accueil des héros. Une belle image pour notre pays qui reste encore une vitrine de la démocratie en Afrique subsaharienne. Surtout que le sacre de la bande à Sadio Mané a coïncidé avec l’installation de Macky Sall comme nouveau président de l’Union africaine jusqu’en 2023. D’ailleurs, dans cette optique et profitant de ce premier trophée africain remporté par le Sénégal et salué un peu partout dans le monde, il importe aussi que la main tendue du président de la République se prolonge jusqu’en Casamance où certains de nos braves soldats sont retenus en otages par le chef rebelle Aboudia. Lequel, dans l’optique d’une attaque imminente de nos soldats sur ses bases, a confié les prisonniers à son mentor Salif Sadio afin d’organiser la riposte.
De la même manière que pouvoir et opposition se sont donné la main, nos braves soldats et les rebelles qui sévissent au sud du pays doivent fumer le calumet de la paix et privilégier des négociations pour une solution définitive à cette crise dont notre pays et l’Afrique se passeraient volontiers. Ceux qui avaient véritablement négocié, en toute discrétion, la libération des soldats détenus par le Mfdc sous le régime du président Wade — et sans tambour ni trompettes s’il vous plait —, peuvent encore rééditer cette prouesse, sans effusion de sang et loin des manœuvres souterraines de délinquants à col blanc, champions de la récupération et qui ont fait de cette crise un fonds de commerce sur le sang de pauvres innocents.
Pour en revenir à nos héroïques «Lions», décorés de l’Ordre national du Lion, ils méritent tous les honneurs de la nation et l’accueil qui leurs a été réservé est tout simplement à la dimension de leur exploit. Félicitations donc au coach Aliou Cissé qui, malgré les critiques de tous bords, a offert au Sénégal son premier sacre continental. Félicitations au capitaine Kalidou Koulibaly et à ses coéquipiers qui ont vaincu la malédiction et offert sa première étoile au Sénégal. Félicitations au chef de l’État et à son gouvernement pour avoir tout mis en œuvre afin de mettre les «Lions» dans les meilleures conditions.
Félicitations aux fédéraux et à tout le staff de Aliou Cissé pour le travail abattu. Congratulations au peuple sénégalais qui, comme un seul homme, a parlé le même langage dans l’union des cœurs pour pousser les «Lions» à la victoire finale.
Enfin, félicitations à Krépin Diatta et tous les «Lions» qui ont débuté l’aventure avec Aliou Cissé et qui, pour une raison ou une autre, n’ont pas été présents au Cameroun. Ce Sénégal peut continuer à rêver grand et n’a plus qu’à pérenniser ses efforts. Cette génération peut nous valoir toutes les satisfactions. Même celle d’un sacre mondial. Elle n’a plus qu’à durer. C’est notre intime conviction !
CONTINUITE DES SERVICES DE SANTE, L’OMS PARLE DE RUPTURE
Deux ans après le début de la pandémie, les systèmes de santé sont toujours confrontés à des défis importants pour fournir des services de santé essentiels
Des milliards sont injectés dans la prise en charge des cas de Covid-19 dans plusieurs pays d’Afrique. Malgré ces gros investissements, la continuité des services de santé reste à désirer dans plus de 90 % des pays interrogés lors du troisième cycle de l’enquête mondiale de l’OMS pendant la pandémie de Covid-19.
Deux ans après le début de la pandémie, les systèmes de santé sont toujours confrontés à des défis importants pour fournir des services de santé essentiels. L’Organisation mondiale de la santé dans une de ces enquêtes, a noté des perturbations continues dans plus de 90 % des pays interrogés lors de son troisième cycle de l’enquête mondiale pendant la pandémie de Covid-19.
Selon le rapport, les pays ont signalé des perturbations dans les services pour tous les principaux domaines de santé. Plus de la moitié des pays étudiés, de nombreuses personnes n’ont toujours pas accès aux soins primaires et aux soins communautaires. Des perturbations importantes qui ont également été signalées selon l’Oms dans les soins d’urgence, particulièrement préoccupantes compte tenu de l’impact sur les personnes ayant des besoins de santé urgents. « Trente-six pour cent des pays ont signalé des perturbations des services d’ambulance ; 32 % aux services d’urgence 24 heures sur 24 et 23 % aux chirurgies d’urgence » souligne le rapport de l’Oms.
Et de poursuivre : « les chirurgies électives ont également été interrompues dans 59 % des pays, ce qui peut avoir des conséquences cumulées sur la santé et le bien-être à mesure que la pandémie se poursuit. Des perturbations des soins de réadaptation et des soins palliatifs ont également été signalées dans environ la moitié des pays étudiés ». Des défis en matière de personnel de santé ont été signalés.
Selon l’Oms, 56 % des pays pour les diagnostics ont été recensés et les tests 64 % pour les thérapeutiques et traitements COVID-19, et 36 % pour la distribution et l’utilisation des EPI. « Les défis du côté de la demande, tels que le manque d’acceptation, d’accès et d’abordabilité par la communauté, sont les goulots d’étranglement les plus fréquemment signalés pour la vaccination contre la COVID-19. Cinquante-huit pour cent des pays ont signalé des difficultés du côté de la demande comme principal goulet d’étranglement à l’accès au vaccin contre la COVID-19 et 35 % ont signalé des difficultés pour les personnels de santé » fait savoir le rapport.
D’autres obstacles incluent le manque de financement; les pénuries d’approvisionnement et d’équipement; et le manque de données, d’informations, de stratégies et d’orientations. Les principaux obstacles au rétablissement des services de santé comprennent aussi selon l’Oms les problèmes préexistants des systèmes de santé qui ont été « exacerbés » par la pandémie ainsi que la diminution de la demande de soins.
Les résultats de cette dernière enquête, menée en fin 2021, suggèrent que les systèmes de santé dans toutes les régions et dans les pays de tous les niveaux de revenu continuent d’être gravement touchés, avec peu ou pas d’amélioration depuis le début de 2021, lorsque l’enquête précédente a été menée.
«LA DÉMARCHE DU GOUVERNEMENT A CRISTALLISÉ LES FRUSTRATIONS ET EXACERBÉ LE SENTIMENT D’INJUSTICE»
El Cantara SARR, Sg du siens, analyse la crise actuelle que traverse l’école sénégalaise et situe les responsabilités
Le système éducatif connait des perturbations depuis le début de l’année scolaire 2021-2022. Les syndicats d’enseignants continuent de paralyser l’école, à travers des débrayages et des grèves, pour exiger la matérialisation des accords signés avec le gouvernement. Cette situation a fini d’inquiéter les parents et les élèves qui ont manifesté un peu partout dans le pays pour réclamer la reprise des cours. Dans cet entretien, le Secrétaire général (SG) national du Syndicat des inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale du Sénégal (SIENS), El Cantara Sarr, analyse la crise actuelle que traverse l’école sénégalaise et situe les responsabilités.
Depuis le début de l’année, le système éducatif est paralysé à cause des grèves des enseignants qui se sont enchaînées ces dernières semaines. Comment comprenez-vous cette pression des syndicalistes ?
Le terme «pression» renverse la perspective et semble placer la responsabilité de la crise actuelle sur les syndicats d’enseignants qui, depuis 2019, malgré les retards enregistrés dans les différents échéanciers définis avec le gouvernement pour la matérialisation des accords et l’exigence de leurs bases, se sont inscrits dans la perspective nationale de résilience face à la pandémie du Covid-19 en faisant un immense effort de décentration mû par la nécessité de préserver l’intégrité du système d’éducation et de formation. Parallèlement, ils ont développé, avec quelques organisations de la société civile, une campagne de plaidoyer qui a mis en exergue les nombreux sacrifices consentis, en allant au «front» malgré la pandémie et les risques liés à un dispositif de prévention et un protocole sanitaire inadéquats, tout en appelant le gouvernement à réactiver le mécanisme de dialogue et de négociation que constitue le monitoring des accords qui a finalement été confié au ministère de la Fonction publique et du Renouveau du service public, consacrant ainsi un retour à l’orthodoxie après une longue période d’errements. Ce dispositif qui est à saluer, maintient le lien du dialogue et permet de faire, à échéance régulière, le point sur le niveau de réalisation des engagements du gouvernement et de corriger, le cas échéant, les dysfonctionnements enregistrés. C’est ainsi que depuis la reprise de ces séances, le 04 octobre 2021, des rencontres sectorielles ont permis de faire un focus sur les difficultés spécifiques et de procéder à des arbitrages et régulations. Au terme de la première séquence clôturée par une plénière de restitution des conclusions, il a été enregistré des avancées et constaté quelques biais d’ordre méthodologique et un statu quo sur certaines questions. De manière spécifique, il s’agit notamment : 1) de l’absence d’un document de synthèse des travaux, 2) de la non prise en charge du passif avec le syndicat des inspecteurs, 3) d’un manque de transparence de la convention Etat/Banques pour l’externalisation des prêts DMC, 4) de l’absence d’avancées sur la question de la correction des iniquités dans e système de rémunération des agents de l’Etat, ainsi que sur celle 5) de la création du corps des administrateurs scolaires, et globalement 6) d’un retard inquiétant sur l’agenda des engagements, pouvant laisser penser à un manque de volonté et à du dilatoire de la part du gouvernement. Cette situation a engendré des recommandations fortes allant dans le sens du traitement du passif avec les inspecteurs de l’enseignement par une réunion sectorielle avec le ministère de l’Education nationale et la tenue d’un atelier pour avancer sur la correction des iniquités du système de rémunération et stabiliser une option définitive sur la demande de création de corps d’administrateurs scolaires dans le secteur public de l’éducation et de la formation. Il faut comprendre que l’incohérence de la stratégie du gouvernement en ce qui concerne la correction des iniquités dans le système de rémunération a été illustrée dans la période par la prise d’actes administratifs attribuant de nouvelles indemnités ou en relevant d’autres pour des corps d’autres secteurs, tout en ignorant les demandes légitimes exprimées par les corps évoluant dans le secteur de l’éducation et de la formation et en contradiction flagrante avec l’option qui avait été annoncée pour une résolution globale. Cette démarche a cristallisé les frustrations et exacerbé le sentiment d’injustice, ce qui ne pouvait qu’engendrer des perturbations qui vont malheureusement, si rien n’est fait, aller crescendo au détriment du système éducatif.
Le gouvernement semble passif par rapport aux mouvements d’humeur des enseignants. Quelle lecture faites-vous de ce dialogue de sourds entre syndicats et gouvernement ?
Les mécanismes de dialogue et de négociations existent (HCDS, CDS/SEF, Monitoring, régulateurs et médiateurs… ). Cependant, il semble que ces dispositifs manquent d’efficacité, car ne s’activant souvent que dans l’urgence, ce qui ne produit que des solutions à court terme pour «sauver l’année scolaire». Alors que les problématiques soulevées par les syndicats d’enseignants sont complexes et profonds car questionnant nos choix sociétaux (l’égalité des citoyens, la légitimité axiologique de la hiérarchisation de fait des professions, la redistribution des richesses du pays, l’âge de la retraire dans un contexte où e travail évolue et change de nature…), et doivent de ce fait impérativement trouver des réponses intelligentes et durables intégrant systématiquement la nécessité impérieuse de préserver l’institution scolaire, socle de production du capital humain moteur de notre politique de développement. C’est ce qui justifie, pour préserver l’équilibre de la société et la cohésion sociale, qu’un consensus fort doit être bâti autour de la nature des réponses apportées aux revendications syndicales récurrentes, ainsi que la matérialisation des accords signés avec les syndicats d’enseignants, notamment en ce qui concerne le système de rémunération des agents de la fonction publique. De ce point de vue, il semble essentiel, au-delà de la tenue de rencontres et de production de narratifs, d’impulser une dynamique génératrice d’un nouveau contrat social sur les questions à forts enjeux comme l’équité sociale, le respect des engagements pris, la sincérité dans le dialogue et les interactions entre acteurs. Et pour cela, il est nécessaire de sortir des jeux d’acteurs et de travailler résolument à mettre en place des conditions de sortie de crise durables, afin d’entrer dans un cycle plus vertueux pour le système d’éducation et de formation.
Les élèves et leurs parents en ont rasle-bol de ces grèves. Beaucoup d’élèves sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontentement. Qu’estce que cela vous inspire ?
Les élèves et les parents sont effectivement les victimes collatérales de cette situation volontairement maintenue par les pouvoirs publics qui semblent plus préoccupés par d’autres priorités que celle d’éduquer et de former notre jeunesse, dans un monde de plus en plus exigeant en matière d’expertise et de compétence. D’ailleurs, la crise du Covid-19 a suffisamment révélé que les pays qui n’investissent pas prioritairement en volume et en qualité dans l’éducation et la formation, sont les moins aptes à se réinventer et à trouver les solutions pertinentes aux algorithmes complexes qu’engendre la pandémie en termes de réflexion, de production, de reconfiguration, d’actualisation et de résilience. Le cri du cœur de ces élèves et parents doit donc être appréhendé dans cette problématique qui requiert, au-delà de l’émotion, une réflexion collective de fond pour requalifier et resituer l’Ecole dans notre société et l’interpellation de l’Etat sur ses responsabilités en tant que garant des droits. A partir de ce moment, tous les acteurs, y compris les syndicats d’enseignants, devront œuvrer à une réconciliation de l’Ecole et de la société, en faisant notamment le lien avec les enseignements et recommandations des Assises Nationales de l’Education et de la Formation (ANEF) et les conclusions des Concertations Nationales sur l’Avenir de l’Enseignement Supérieur (CNAES).
Quelles seront les répercussions de ces grèves sur le quantum horaire et la qualité des enseignements ?
Il est évident que depuis quelques années le quantum horaire est sérieusement agressé non pas seulement par les grèves, mais aussi par diverses perturbations (démarrage tardif des enseignements, non apprêtement des écoles et établissements surtout en milieu rural avec la pléthore d’abris provisoires, anticipation des fêtes…). Ce phénomène est devenu quasi structurel et sédimente les seuils autour d’environ 900 heures, en lieu et place des 1200 heures (en moyenne) poursuivies annuellement. Cela est d’autant plus dommageable aux acquisitions et à la rentabilité du système que les apprentissages se font dans une langue étrangère ou seconde et que le temps de présence de l’enseignant dans l’établissement ou l’école n’est pas forcément équivalent au temps d’apprentissage réel de l’élève. Cette situation questionne ainsi notre professionnalisme, mais aussi les mécanismes et dispositifs de collecte de données relativement au quantum horaire, la motivation des enseignants, les conditions de travail… Et il est évident que les répercussions négatives sur l’efficacité et la rentabilité du système d’éducation et de formation sont réelles. De ce point de vue, les taux d’achèvement à l’Elémentaire (60%) et au Moyen (37%), de même que l’élément factuel qui est que sur «plus de 450.000 inscrits au CI, à peu près 50.000 réussissent au Baccalauréat», soit 11% de la cohorte, tout en sachant que quelques-uns d’entre eux auront décroché avant et que d’autres auront fait d’autres options, sont suffisamment éloquents.
A ce rythme des perturbations, quel est l’avenir du système éducatif sénégalais, quand on sait l’impact de la Covid-19 avec près de 07 mois de vacances forcées est toujours là ?
Dans ces conditions, l’avenir du système est hypothéqué et son effondrement progressif se perçoit à travers la place de plus en plus importante qu’occupe l’initiative privée en matière d’offre éducative et de formation et ce, dans un contexte de pauvreté. Il est donc essentiel que le gouvernement travaille à inverser la dynamique, en confortant les éléments consolidants en termes de dotations (budget, infrastructures, équipement, ressources humaines…) et de mise en place de conditions de performances. Mais aussi et surtout, en corrigeant les iniquités et en restaurant la justice dans le traitement des agents de l’administration publique ; ce qui pourrait déboucher sur une meilleure motivation des agents, avec un impact positif sur les rendements et éventuellement faire passer l’idée d’un pacte de stabilité qui permettrait à l’Ecole publique de «respirer» et d’entamer un processus de guérison salvateur pour le pays.
«IL SERA DIFFICILE DE RÉUNIR AUTOUR D’UNE COALITION TOUTE L’OPPOSITION MÊME SI...»
Jean Charles Biagui, enseignant chercheur en science politique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, analyse les tenants et aboutissants de cette main tendue de Wallu Sénégal pour une grande coalition de l’opposition.
Au lendemain des résultats des élections territoriales, la Grande coalition Wallu Sénégal dirigée par le Pds de Me Abdoulaye Wade a lancé un vibrant appel à l’opposition de manière générale pour mettre sur pied, en perspective des Législatives, un large front uni contre le pouvoir en place. Histoire d’installer une cohabitation politique au «Macky», en faisant pencher la balance à l’Assemblée nationale. Cette main tendue de Wade et Cie a-t-elle cependant une chance d’aboutir, compte tenu des contradictions entre les divers leaders de l’opposition et les coalitions de l’opposition. Interpellé par Sud Quotidien, Jean Charles Biagui, enseignant chercheur en science politique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, analyse les tenants et aboutissants de cette main tendue de Wallu Sénégal pour une grande coalition de l’opposition. Non sans manquer de revenir sur les avantages et inconvénients d’une telle union.
La main tendue de la Grande coalition Wallu Sénégal envers l’opposition pour un front uni aux Législatives peut-elle prospérer ?
« L’histoire nous le dira, mais déjà on est pratiquement sûr d’une chose. Il était difficile de réunir autour d’une coalition toute l’opposition dans le cadre des élections territoriales. Il le sera encore plus avec les législatives même s’il y a des vœux pieux, il y a des déclarations d’intentions. Mais la realpolitik va certainement rattraper la plupart de ceux qui sont pour cette voie. En sachant que les largesses qu’on pouvait faire pour que tout le monde soit servi au niveau des élections territoriales. Je ne suis pas sûr que cette largesse puisse prospérer dans le cadre des législatives, où il y a moins de places. Il est vrai qu’une opposition unie est probablement beaucoup plus armée pour imposer, comme le dit le Pds, une cohabitation au gouvernement. Mais est-ce que cela va prospérer, j’en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr qu’il y aura une seule coalition de l’opposition. Il me semble que même si l’opposition souhaite aller ensemble mais très vite, cette opposition va être confrontée à la realpolitik, c’est-à-dire qu’il y aura probablement des tiraillements en fonction des zones. Et il est presque impossible de mon point de vue de réunir l’opposition autour d’une seule coalition. Peut-être il y aura différentes coalitions. Il y aura peut-être une opposition importante de l’opposition, c’est-àdire une opposition significative autour d’un bloc comme on l’a vu dernièrement avec Yewwi Askan Wi. Mais en tout état de cause on s’achemine, il me semble, vers plusieurs coalitions.
Quels pourraient être les avantages d’une union de l’opposition ?
Les avantages d’une grande coalition, c’est qu’en face du pouvoir, il y a pratiquement un seul interlocuteur. Et si vous regardez l’échiquier politique du Sénégal, à part quelques partis, mais la plupart des partis politiques ne sont pas significatifs, ils ne sont pas des partis de masse. C’est des partis faiblement structurés. C’est des partis qui n’ont pas une assise nationale. Il est vrai qu’une coalition est une aubaine pour pouvoir occuper des postes, pour pouvoir être député, pour pouvoir s’imposer au niveau de l’échiquier national à moindre coup. L’autre avantage, c’est qu’il y a une opposition. Et une opposition effectivement, elle est beaucoup plus forte quand elle n’est pas divisée.
Quid des risques que pourrait induire une coalition unifiée de l’opposition ?
Maintenant, c’est vrai, il n’y a pas que des avantages, il y a beaucoup d’inconvénients. Parce qu’en réussissant cette coalition, où on met en veilleuse beaucoup d’ambitions, parce que tout le monde ne pourra pas être candidat, ça peut résulter à des dislocations. D’ailleurs, c’est souvent le cas au Sénégal. Un autre inconvénient que beaucoup d’analystes ne relèvent pas souvent, c’est que la question des coalitions pose aussi problème, il faut le reconnaitre en démocratie. Parce que vous avez souvent des formations politiques qui sont très différentes dans leurs modes d’actions probablement dans leurs idéologies et qui proposent des programmes qui vont dans tous les sens, en définitive qui nous proposent surtout des programmes et pas de projets politiques. Parce qu’on ne peut pas avoir des projets politiques lorsqu’il y a un effritement, un éclatement, des divergences quant à la vision politique. Et ça, aussi c’est un inconvénient de mon point de vue pour la démocratie ».