Revue de Presse (Français) du Jeudi 13 Janvier 2022 de Zik Fm présentée Fabrice Nguema
LE MALI ET LE SÉNÉGAL, TOUS PERDANTS
68,2% des marchandises maliennes transitent par le port de Dakar. Le Mali est le premier client du Sénégal. Autant dire que les sanctions infligées par la Cedeao à Bamako auront des conséquences néfastes pour les deux pays
68,2% des marchandises maliennes transitent par le port de Dakar. À l’autre sens, le Mali est le premier client du Sénégal. Ces chiffres montrent combien les deux économies sont imbriquées. Autant dire, les sanctions infligées par la Cedeao au Mali auront des conséquences néfastes pour les deux pays. Dans cet entretien, le Directeur des entrepôts maliens au Sénégal livre son analyse de la situation, notamment les contrecoups pour les opérateurs maliens.
Quelle a été votre réaction après les sanctions infligées par la Cedeao au Mali ?
Ma réaction va dans le sens de celle des autorités maliennes. C’est une décision regrettable, vu la position du Mali qui se trouve confrontée à une crise sécuritaire multidimensionnelle, à laquelle s’ajoute une crise sanitaire et économique depuis un certain moment.
Entre le Sénégal et le Mali, qui est le plus grand perdant dans cette affaire ?
Nous sommes tous perdants dans cette affaire, étant donné que nous avons fait le choix de faire du port de Dakar le port naturel du Mali. Avant la crise ivoirienne de 2000, plus de 65.000 tonnes de marchandises maliennes passaient par le corridor du Sénégal. Aujourd’hui, nous sommes à quatre millions de tonnes, soit 68,2% de notre trafic. Ce n’est pas négligeable. L’enjeu est de taille aussi bien pour le Mali qui subit les conséquences, que le Sénégal, parce qu’au-delà du transit portuaire, le Mali importe du Sénégal du ciment, des produits pétroliers, etc. Côté malien, avec la pénurie, les prix vont grimper. Donc, ce sont les économies des deux pays qui vont en pâtir.
Les mesures sont à effet immédiat. Est-ce à dire qu’il n’y a plus de camions maliens qui quittent le port de Dakar, excepté ceux transportant les produits non visés par les sanctions ?
Effectivement, nous constatons depuis hier (lundi), qu’il n’y a plus de mouvement au niveau portuaire et sur le corridor. Même les véhicules chargés qui étaient pratiquement à la frontière ont été bloqués. Je profite de cette occasion pour préciser que même les produits non visés par les sanctions, à l’exception des produits pharmaceutiques, sont bloqués à la frontière. Des produits de première nécessité, comme le riz, ne sont pas autorisés à passer.
Quelles sont les justifications données par les autorités sénégalaises ?
À ce stade, on ne connaît pas encore les raisons.
Peut-on quantifier le manque à gagner par jour pour les opérateurs économiques maliens ?
Ce n’est pas moins de 300 millions de FCfa par jour. C’est aussi un manque à gagner pour le Sénégal, parce que même si les produits en transit sont exemptés de droits de douane, on paie des droits de passage. Pareil pour le Sénégal en ce qui concerne les produits maliens destinés à l’exportation.
Quels sont les produits maliens qui transitent par le port de Dakar ?
Les produits d’hydrocarbures dominent. En 2021, à peu près 1.650.000 tonnes de carburant ont transité par le port de Dakar. Ce qui est un record. Pour le ciment, on est à peu près à un million de tonnes, viennent ensuite l’engrais et les autres produits. Dans le sens inverse, environ 60% du coton, deuxième produit d’exportation du Mali après l’or, transitent par le port de Dakar.
Combien de camions maliens empruntent par jour le corridor Dakar-Bamako ?
Environ 1 000 camions dans les deux sens, sur les deux corridors (Kidira et Moussala). L’importateur malien a choisi le port de Dakar parce que le Sénégal offre beaucoup de facilités. Malheureusement, cette situation va négativement impacter l’économie des deux pays.
Quelles solutions préconisez-vous pour éviter le genre de drame qui s’est produit à Kaolack en août dernier avec l’accident ayant occasionné cinq victimes sénégalaises ?
La crise a été gérée avec responsabilité par les deux pays. Mais je crois qu’il y a un travail de fond à faire. En effet, c’est un corridor de 1 350 km, sans parkings, ni d’aires de repos, en dehors de celle de Sandiara. Donc, il faut prévoir des aires de stationnement pour que les conducteurs puissent se reposer. Il faut aussi des voies de contournement des grandes villes et la création d’une autorité de gestion du corridor. Je crois que les réflexions sont en cours au niveau de la Communauté des acteurs portuaires (Cap-Sénégal) pour trouver une solution globale.
Quelles sont les alternatives qui s’offrent aujourd’hui au Mali pour continuer à s’approvisionner ?
On n’est marié à personne. Si dans un pays ça ne va pas, on va se rabattre sur d’autres. À titre d’exemple, à l’instar du Sénégal, il y a les entrepôts maliens en Mauritanie. Cette situation malheureuse va nous pousser à scruter d’autres horizons, parce que nous n’avons pas le choix.
Qu’est-ce qui est prévu pour les marchandises déjà arrivées au port de Dakar et qui sont frappées par les sanctions ?
Cela va poser énormément de problèmes, parce qu’un port, ce n’est pas une zone de stockage. Il y aura forcément des frais supplémentaires, notamment à cause des pénalités des armateurs. Les conteneurs qui sont déjà au Mali et qui devaient normalement rentrer à Dakar ne pourront pas franchir la frontière. Il y aura là aussi des frais de détention. Bref, nous n’avons pas de solution visible, parce que mêmes les procédures douanières (l’enlèvement) sont bloquées. Cela va créer une situation de congestion au port de Dakar.
Quel est le rôle des Entrepôts maliens au Sénégal ?
Nous sommes une structure d’appui qui a deux missions essentielles : la coordination des activités de transport et de transit et le conseil aux opérateurs maliens. Nous veillons aussi au suivi de l’application des conventions qui nous lient au Sénégal. Par exemple, pour tout le fret en transit maritime, les deux-tiers doivent être transportés par les camions maliens et le tiers par les camions sénégalais ? Et pour ce qui concerne le fret local généré au Sénégal, c’est 50-50. Ce document définit aussi l’itinéraire douanier sur les deux axes. Nous gérons aussi les installations que l’Etat du Sénégal a bien voulu mettre à notre disposition.
CAN AU CAMEROUN, POURQUOI LES STADES RESTENT VIDES
L’ambiance exceptionnelle du match d’ouverture de la CAN est retombée et le pays hôte peine à remplir ses gradins. Plusieurs obstacles ont douché l’enthousiasme des supporters…
Jeune Afrique |
Franck Foute |
Publication 12/01/2022
Des enceintes sportives flambant neuves, des pelouses praticables, des affiches alléchantes… et des gradins qui sonnent creux. Les premières journées de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 offrent une image contrastée, qui ne laisse pas les autorités camerounaises indifférentes. Passée la mobilisation exceptionnelle du match d’ouverture du 9 janvier autour de l’équipe nationale du Cameroun, le pays hôte, la température est redescendue, notamment en raison de l’absence de public dans les différents stades.
Une heure après la rencontre entre Lions indomptables et les Étalons burkinabè, les tribunes du stade Olembe s’étaient déjà pratiquement vidées quand les joueurs éthiopiens et capverdiens sont entrés en scène. Le stade de Bafoussam, où se jouent les rencontres de l’un des favoris, le Sénégal, celui de Mfandena, où est logé le Maroc, celui de Douala Japoma, dans lequel l’Algérie a disputé ce 11 janvier son premier match… Aucun n’a pu relever le pari de la mobilisation. Seul exception, jusqu’à présent : le duel entre le Nigeria et l’Égypte, qui s’est joué au stade Roumde Adja de Garoua, rempli pour l’occasion à hauteur des 60% autorisés par la Confédération africaine de football (CAF).
Protocole sanitaire trop strict ?
Plusieurs raisons expliquent le fait que les supporters boudent ainsi les stades, et la principale est sans nul doute la lourdeur du protocole sanitaire adopté par la CAF et le comité d’organisation pour limiter la propagation du Covid-19. Des règles particulièrement strictes, exigées par de nombreux clubs – européens notamment – avant d’autoriser la participation de leurs joueurs à cette compétition. Ne peuvent assister aux matchs que les personnes dûment vaccinées, qui doivent en outre présenter un test négatif datant de moins de 48 heures.
Dans un pays où moins de 2,5 % de la population avait reçu ses doses une semaine avant le coup d’envoi de la CAN, l’obligation vaccinale exclut une large partie des supporters potentiels. « Il faut que la CAF revienne sur certaines dispositions. On peut maintenir les test anti-covid et les masques, mais se passer de l’obligation vaccinale, juge Landry, un supporteur de Yaoundé. Il en va de la qualité du spectacle. »
L'EUROPE PRÉPARE DES SANCTIONS CONTRE LA JUNTE MALIENNE
Sous impulsion française, l'UE va prendre des sanctions contre le Mali, dans la lignée des mesures économiques et diplomatiques vigoureuses décidées par les dirigeants ouest-africains pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir
Sous impulsion française, l'Union européenne va prendre des sanctions contre le Mali, dans la lignée des mesures économiques et diplomatiques vigoureuses décidées par les dirigeants ouest-africains pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir, a assuré mercredi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
"Nous allons proposer de soutenir les décisions africaines, de les reprendre pour une partie d'entre elles", a déclaré le chef de la diplomatie française dans un entretien à l'AFP."Nous allons en débattre à Brest (nord-ouest de la France) demain" lors d'une réunion informelle des ministres européens de la défense et des Affaires étrangères "mais l'hypothèse la plus vraisembable est que cela sera suivi", a-t-il assuré, alors que la France assure depuis le 1er janvier la présidence semestrielle tournante de l'Union européenne.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années, au lieu d'organiser comme promis le 27 février des élections présidentielle et législatives.
La junte a appelé mardi les Maliens à manifester vendredi contre ces sanctions, tout en se disant ouverte au dialogue.
"La situation au Mali et au Sahel est une affaire africaine et européenne, ce n'est plus une affaire franco-malienne, a fait valoir M. Le Drian, en référence à la participation de 10 pays européens au groupement de forces spéciales Takuba déployé au Mali à l'initiative de la France.
Le président Emmanuel Macron avait affirmé mardi que la France et l'UE soutenaient les "sanctions inédites" prises dimanche par les dirigeants ouest-africains contre la junte au pouvoir au Mali, et avait entrouvert la voie à des sanctions européennes.
- jeu de dupes "inacceptable" -
Outre les dirigeants ouest-africains et les Européens, le voisin algérien a également encouragé les militaires maliens à "une attitude responsable et constructive".
"L'Algérie prend une position modérée, de facilitateur, nous le notons avec interêt", a réagi M. Le Drian, qui a par ailleurs rappelé la réunion "dans les prochaines semaines" de la soixantaine de membres de la Coalition pour le Sahel "pour prendre une position collective".
"La junte essaie de duper l'ensemble de ses partenaires.Il y a une fuite en avant, un appel confirmé à une milice extérieure (des mercenaires russes de la société paramilitaire Wagner, ndr), et le calendrier de transition est tout à fait inacceptable", a insisté Jean-Yves Le Drian."C'est maintenant à la junte de prendre ses responsabilités.Sinon elle prend le risque de voir ce pays être asphyxié".
La France, dont des milliers de militaires se battent contre les jihadistes au Sahel, a cherché en vain à dissuader Bamako de faire appel aux services du groupe russe Wagner.
De plus en plus nombreux, des instructeurs russes ont été déployés ces dernières semaines, notamment à Tombouctou, selon des responsables militaires maliens.
Au terme de près de neuf ans de présence, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso.Ce plan prévoit une réduction des effectifs, de 5.000 actuellement, à 2.500/3.000 d'ici 2023.
Interrogé sur la capacité de l'armée française à poursuivre son activité au Mali dans ce contexte tendu et incertain, M. Le Drian a botté en touche."C'est au Mali de prendre les mesures nécessaires pour que la transition puisse se faire dans les plus brefs délais et que nous puissions continuer ensemble à combattre le terrorisme".
CAN2021, LE MALI S’IMPOSE FACE À LA TUNISIE
Le Mali s’est imposé d’une courte tête contre la Tunisie ce mercredi (1-0) après une fin de match insensée. Arbitre de la rencontre, Janny Sikazwe a donné le coup de sifflet final avant la fin du temps réglementaire et sans sans laisser de temps additionn
Le Mali s’est imposé d’une courte tête contre la Tunisie ce mercredi (1-0) après une fin de match insensée. Arbitre de la rencontre, Janny Sikazwe a donné le coup de sifflet final avant la fin du temps réglementaire et sans sans laisser de temps additionnel.
Le Mali a gagné grâce à un penalty transformé par Ibrahima Koné (48e).
La Tunisie a eu l’occasion de recoller au score. Mais, Wahbi Khazri a loupé son face-à-face avec Ibrahim Mounkoro, qui est, d’ailleurs, élu homme du match.
Mais l’homme du match reste bien l’arbitre Janny Sikazwe qui s’est tristement illustré. Il a du son salut aux forces de sécurité, devant le mécontentement des Tunisiens. Le coup de sifflet final n’est pas intervenu à la 90e minute. Il restait au moins quinze secondes à jouer. Du coup, le temps additionnel n’a pas été décompté. Peu avant, alors qu’il restait cinq minutes à jouer, il avait volontairement interrompu le match. Ce qui a suscité l’ire des Aigles du Carthage, une première fois.
La CAF a bien tenté de faire rejouer les dernières minutes du match, mais les joueurs tunisiens ne sont pas revenus sur la pelouse contrairement aux Maliens.
LOCALES 2022, TROIS PRETENDANTS POUR LA MAIRIE DE PODOR
A Podor, trois candidats ambitionnent de succéder à Me Aissata Tall Sall, présidente du mouvement ’’Oser l’Avenir" et actuelle ministre des Affaires Etrangères, qui n’est pas candidate pour un troisième mandat à la tête du conseil municipal de la commune.
Podor, 12 jan (APS) – A Podor, trois candidats ambitionnent de succéder à Me Aissata Tall Sall, présidente du mouvement ’’Oser l’Avenir" et actuelle ministre des Affaires Etrangères, qui n’est pas candidate pour un troisième mandat à la tête du conseil municipal de la commune.
Cependant, Mme Sall soutient son adversaire lors des municipales de 2014, Mamadou Racine Sy, candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. Lequel bénéficie également du ralliement de Rougui Ly, membre du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), et d’Aminata dite Astel Sall, ancienne député libérale (2007-2012).
Face au candidat du pouvoir, la coalition Yewwi Askan wi conduite par Me Moussa Diop, l’ex-Directeur général de Dakar Dem Dikk, ne veut rien céder. Il affiche son optimisme de remporter le scrutin au soir du 23 janvier.
L’autre prétendant Saër Niang, est un gendarme à la retraite. Il prône une gestion rigoureuse des finances publiques, déclarant n’appartenir à aucune chapelle politique.
EMBARGO CONTRE LE MALI, UNE PREMIERE REPLIQUE DE ASSIMI GOITA
Sess Soukou Mohamed, dit Ben Souk, avait été arrêté au Mali en août dernier après l’émission d’un mandat d’arrêt international par Abidjan. Au lendemain des sanctions de la Cedeao contre Bamako, il a été remis en liberté.
Sess Soukou Mohamed, dit Ben Souk, avait été arrêté au Mali en août dernier après l’émission d’un mandat d’arrêt international par Abidjan. Au lendemain des sanctions de la Cedeao contre Bamako, il a été remis en liberté.
Une audience était prévue ce mardi 11 janvier à 10 heures devant la chambre d’accusation. Mais Ben Souk a finalement été libéré plus tôt et plus discrètement. Lundi dans la nuit, l’ex-député de Dabou a quitté les locaux de la gendarmerie, au Camp n° 1, à Bamako, qu’il occupait depuis son arrestation le 10 août dernier.
« Nous avons constaté sa mise en liberté d’office et la chambre d’accusation a prorogé le délibéré à la semaine prochaine », confie un connaisseur du dossier, sans plus d’explications. « Il y aurait un ordre de remise en liberté d’office. Le procureur a demandé qu’on lui communique cette pièce. Nous attendons mardi prochain pour en savoir plus sur les conditions de sa mise en liberté et pour la régularisation de sa situation », ajoute cette source.
Une réponse à la Cedeao
Le lendemain de l’arrestation, la justice malienne avait annoncé dans un communiqué que cette interpellation faisait suite à un mandat d’arrêt international émis le 16 novembre 2020 par Abidjan. La justice ivoirienne accuse en effet ce proche de Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne en conflit ouvert avec les autorités de son pays, « d’actes subversifs pouvant admettre une qualification pénale, commis sur le territoire national ».
Mais depuis, les relations entre Bamako et Abidjan se sont dégradées, Alassane Ouattara étant, comme la plupart des chefs d’État de la sous-région, partisan d’une ligne ferme à l’égard d’Assimi Goïta et de la junte malienne. Selon un proche de Ben Souk, sa libération est la conséquence directe des sanctions dures adoptées par la Cedeao contre le Mali, dimanche 9 janvier. « Il a été libéré sur décision politique, sans attendre l’avis des autorités judiciaires », assure-t-il. Autrement dit, la libération de Ben Souk serait une réponse de la junte aux autorités ivoiriennes.
Vieux camarade de Soro
Depuis l’interpellation de Ben Souk, ses proches dénonçaient une arrestation politique et le manque de transparence de la procédure. Son avocat, Me Khalifa Yaro, avait alors introduit un recours devant la chambre d’accusation afin de demander sa remise en liberté et l’annulation de tous les actes initiés dans le cadre de cette affaire.
Ben Souk fait l’objet d’une condamnation à vingt ans de prison en Côte d’Ivoire, dans le cadre de l’affaire du retour avorté de Guillaume Soro en 2019. C’est l’un des plus anciens camarades de ce dernier, qu’il a rencontré au temps où celui-ci dirigeait la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Il est aussi membre de Générations et Peuples solidaires (GPS), le mouvement que dirige l’ancien président de l’Assemblée nationale. Marié à une Malienne, il devrait dans un premier temps rester à Bamako.
VIOLENCES SEXUELLES EN RDC, LE CRI DE DETRESSE DU DOCTEUR MUKWEGE
Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege exhorte la France à "s'impliquer" dans la lutte contre "l'impunité" des auteurs de violences sexuelles en RDC, jugeant que les autorités de son pays n'agissent pas assez contre ce fléau
Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege exhorte la France à "s'impliquer" dans la lutte contre "l'impunité" des auteurs de violences sexuelles en RDC, jugeant que les autorités de son pays n'agissent pas assez contre ce fléau et que les "criminels" en poste dans l'appareil d'Etat "étouffent la vérité".
Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix a reçu ce mardi le titre de membre Honoris Causa de l'Académie de médecine de France, l'une des plus prestigieuses distinctions. À l'issue de sa conférence à Paris, l’homme qui répare les femmes a profité de l’occasion pour rappeler son combat et celui de toutes femmes victimes de violences sexuels en République démocratique du Congo.
"_Nous pensons que l'implication de la France peut faire une grande différence; nous comptons sur la France pour faire avancer la question de la justice transitionnell_e", a lancé le médecin congolais dans un entretien mardi avec l'AFP, à l'issue de sa conférence à Paris.
"La France connaît mieux le Congo que tous les autres pays, à part la Belgique, qui n'est pas au Conseil de sécurité", a affirmé M. Mukwege.
"Le Congo, c'est le plus grand pays francophone (...) la France a une histoire commune avec le Congo, de la langue, de la connaissance de la question congolaise".
Le gynécologue et chirurgien, fondateur de l'hôpital de Panzi, au Sud-Kivu, dans l'est de la RDC, a reçu en 2018 le prix Nobel de la paix pour son action en faveur des femmes victimes de viols utilisés comme armes de guerre.
Violences sexuelles au Kivu
Le Kivu, en proie aux violences armées depuis plus de 25 ans, restent l'épicentre des violences sexuelles dans l'ex-Zaïre, contre lesquelles Denis Mukwege, 66 ans, tente inlassablement de mobiliser, estimant à "120 le nombre de groupes armés dans l'est du Congo". Lors de son discours devant l'Académie, le docteur a rappelé que ces viols étaient souvent perpétrés par les hommes en armes contre des femmes devant leurs maris, enfants et communauté pour jeter encore plus l'opprobre sur elles.
"Le corps des femmes et des jeunes filles, parfois même des bébés, est devenu un champ de bataille", a-t-il lancé à propos de l'est du Congo, qualifiant le viol comme arme de guerre de "crime absolu" qui vise à la "destruction de la femme, de la famille et de toute une communauté".
Dans son hôpital, le gynécologue, connu dans le monde entier comme "l'homme qui répare les femmes", soigne des patientes "dont l'appareil génital a été déchiqueté" par des balles tirées par leurs bourreaux après qu'elles aient été violées. Certaines sont aussi mutilées par "des objets tranchants ou contondants" ou brûlées au niveau de leur appareil génital.
Il précise avoir eu à soigner des femmes ayant subi ces atrocités plusieurs fois dans leur vie.
"Il y a eu tellement de crimes, et malheureusement les criminels sont aux postes de commandement dans l'armée, dans la police, ils occupent aussi des postes politiques. Et le fait qu'ils occupent ces postes, vous comprendrez qu'ils font tout pour étouffer la vérité, ça veut dire aussi que tous les criminels continuent à commettre des crimes (...) en toute impunité", a-t-il fustigé.
"Cette justice transitionnelle doit passer par la réforme des institutions, de l'armée, de la police; ceux qui ont commis des crimes, leur place n'est pas dans l'appareil de l'Etat"
Concernant la situation sécuritaire récente au Nord-Kivu, qui est depuis début mai sous état de siège,Denis Mukwege a estimé que cela "n'a pas amené la paix, au contraire".
Dans cette province, les armées congolaise et ougandaise mènent depuis le 30 novembre des opérations militaires conjointes contre des positions des rebelles du groupe Forces démocratiques alliées (ADF). Groupe le plus meurtrier en RDC, les ADF sont accusées par l'Ouganda d'être responsables d'attentats sur son sol. La RDC entretient des relations en dents de scie avec ses voisins du Rwanda et de l'Ouganda.
"Inviter l'Ouganda dans le conflit actuel pour essayer de le résoudre, je parle de +pyromane pompier+ (...) Je ne vois pas comment les pays qui soutiennent les groupes armés, qui sont très actifs dans l'exploitation illégale des ressources de la RDC, on peut les appeler pour sécuriser la RDC... Pour moi, c'est une aberration", a-t-il conclu.
LOCALES, QUI S'EMPARERA DE ZIGUINCHOR ?
La capitale de la Basse-Casamance est très convoitée. Parmi les candidats, trois hommes tiennent la corde : le sortant Abdoulaye Baldé, Benoît Sambou, investi par Macky Sall, et l’opposant Ousmane Sonko. Chacun y joue son avenir politique
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 12/01/2022
Pour le meilleur ou pour le pire, Ousmane Sonko sait toujours faire parler de lui. Fin décembre, à quelques jours du début officiel de la campagne pour les élections locales, le président du parti Pastef dévoilait l’une de ses propositions pour sa région d’origine : la mise en place d’une monnaie locale complémentaire, indexée sur le F CFA, censée faciliter les échanges commerciaux.
Ousmane Sonko n’entend pas supprimer le F CFA à brève échéance – il aspire à une sortie progressive et ne s’en cache pas – ni faire de la Casamance une région à part, mais sa proposition a été vivement critiquée et assimilée à une provocation. Une de plus, diront les détracteurs de l’opposant.
L’ancien député de la majorité Moustapha Diakhaté a ainsi évoqué une « ineptie indépendantiste monétaire ». Réponse de Djibril Sonko, le coordinateur de Pastef dans le département (qui n’est pas un parent direct du député) : « Il suffit qu’un fils de Casamance évoque une ambition pour sa région pour que l’opinion le taxe d’irrédentiste ou de rebelle. » Djibril Sonko évoque la « stigmatisation » et la « violence gratuite » dont est, selon lui, victime l’opposant. « La Casamance subit une situation difficile, certes, mais cette monnaie locale n’a pas pour objet de l’isoler du reste du pays. L’idée est simplement de développer les échanges et le commerce entre les acteurs économiques de la zone. »
Cette situation difficile, c’est le conflit larvé qui oppose depuis près de quarante ans les séparatistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) et l’État du Sénégal. D’ailleurs, en mars 2021, lorsque le pays s’embrase à la suite de l’arrestation d’Ousmane Sonko, accusé de viol, il est aussitôt soupçonné d’avoir recruté des rebelles du MFDC pour participer aux émeutes. Et dans la région, à Bignona notamment, le bilan des débordements sera particulièrement lourd – au moins quatre morts.
Préparer 2024
Populaire dans sa région d’origine, Ousmane Sonko a été désigné tête de liste de sa coalition Yewwi Askan Wi pour Ziguinchor. Et il n’a pas le droit à l’erreur : pour son parti, ces élections seront le premier scrutin local – le dernier remonte à 2014, année de création de sa formation politique. Le jeune inspecteur des impôts était alors inconnu du grand public.
La surenchère entre le Mali et la Cedeao fait oublier l’essentiel dont dépend la survie du Mali : le temps. Ce temps, qui est l’allié le plus précieux des jihadistes et l’ennemi le plus redoutable de la survie du pays
«Tout ce qui est excessif est insignifiant», disait Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le plus grand diplomate français de tous les temps. Autant les putschistes maliens, qui se sont comportés comme des syndicalistes en faisant monter les enchères pour demander une transition de cinq ans, ont été excessifs, autant les sanctions de la Cedeao ont été elles aussi, excessives. En réagissant avec excès, la Cedeao est train de tomber dans le piège des putschistes, qui attendaient et voulaient cette réaction, afin de prendre le peuple malien en otage et l’utiliser comme bouclier, pour combler leur absence de légitimité.
Tout le monde le sait, avec cette punition collective qu’on inflige au peuple malien, les membres de la junte sont les derniers et les moins touchés par ces sanctions. Ainsi, la Cedeao utilise la même arme que la junte : le peuple du Mali, qu’il prend aussi en otage afin qu’il mette la pression sur la junte. Comme dit le proverbe africain : «Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui en souffre.» Le peuple du Mali est aujourd’hui entre l’enclume des putschistes et le marteau de la Cedeao, qui avait une belle et juste cause mais est en train d’être un mauvais avocat, en risquant de perdre son soutien le plus essentiel : le peuple malien.
Pour réussir, la Cedeao doit déconnecter ce Peuple, des putschistes qui le prennent en otage. Les militaires sont en train de passer de coupables (coup d’Etat, non-respect de leur parole et des engagements) à victimes, en se faisant passer pour des défenseurs du Mali contre ces sanctions excessives et contre un complot international. La polémique sur les sanctions crée un brouillage politique qui masque et éloigne de l’essentiel ; la transition vers un pouvoir légitime. Pour gagner la bataille, il faut que la Cedeao ait le Peuple du Mali de son côté, et il ne va pas l’avoir avec la punition collective des sanctions. Avoir le soutien du Peuple, c’est lui expliquer le véritable dessein des putschistes, dont l’objectif n’a jamais été une transition, mais se maintenir au pouvoir. Une transition, c’est un pont entre deux régimes, comme les ponts qui relient les deux rives du Djoliba. Et le pont n’est pas la destination, il permet juste de passer d’une rive à l’autre, d’un régime légitime à l’autre. Et Goïta est en train de saborder l’esprit de la transition, en voulant être la destination.
Avoir le soutien du Peuple, c’est lui dire que la junte le couvre de honte en estimant avoir besoin de 5 ans pour faire des élections, alors que le pays, dans les années 90, était l’un des symboles de la démocratie en Afrique, avec des alternances exemplaires. C’est pourquoi, après l’intermède du coup d’Etat de Sanogo, le Mali avait rapidement retrouvé ses réflexes et traditions démocratiques, comme la Gambie après Jammeh. Malgré le cycle des coups d’Etat, le Mali n’a pas perdu ses traditions et reflexes démocratiques. Et il appartient avant tout au Peuple malien, de rappeler Goïta à l’ordre. Il avait d’ailleurs commencé à le faire, car les Maliens, la Société civile et surtout les hommes politiques maliens, qui pensaient utiliser Goïta comme raccourci vers le pouvoir, avaient commencé à se réveiller avant que les excès de la Cedeao n’arrêtent la lame de fond démocratique qui se préparait.
Aujourd’hui, la Cedeao est devenu le rempart de Goïta, car ni la Société civile, ni encore moins l’opposition, n’a plus de marge de manœuvre, à cause d’un manichéisme qui arrange la junte, qui fera naturellement croire qu’être contre Goïta, c’est forcément être pour la punition collective du Mali avec les sanctions. C’est ce que fait le régime des Mollahs au pouvoir en Iran, depuis 1979. Et ça leur réussit très bien. Depuis que le Burkina a lancé la deuxième vague démocratique en Afrique, en chassant Blaise Compaoré, la survie ou le progrès démocratique dépend plus des causes endogènes que celles exogènes, comme ce fut le cas avec la première vague lancée à la Conférence de la Baule. Sur ce plan, on peut faire confiance au Mali, qui a des traditions démocratiques très fortes et avait réussi à faire partir Moussa Traoré le tyran, à faire abdiquer IBK le fainéant, avant que les putschistes ne confisquent le fruit mûr qui allait tomber de lui-même.
La tragédie dans la surenchère entre le Mali et la Cedeao, est qu’elle éloigne, fait oublier l’essentiel dont dépend la survie du Mali : le temps. Ce temps, qui est l’allié le plus précieux des jihadistes et l’ennemi le plus redoutable de la survie du Mali. IBK en a fait perdre, des précieuses années au Mali. Goïta est sur la même voie, ce qui fait que ses coups d’Etat sont plus dans la continuité que dans la rupture.