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12 août 2025
BAMAKO POUSSE PARIS DEHORS
« Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies » et les pays ont décidé « le retrait coordonné » du Mali, indiquent les alliés dans un communiqué
Poussés dehors par les "obstructions" de la junte au pouvoir à Bamako, la France et ses partenaires européens ont officialisé jeudi leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste menée par Paris, tout en affirmant vouloir rester engagés auprès des pays sahéliens et du golfe de Guinée
"En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les états européens opérant aux côtés de l'opération (française) Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel (...) au Mali et ont donc décidé d'entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations", soulignent-ils dans une déclaration conjointe.
"Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d'autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés", et qui ont recours à "des mercenaires de la société (russe) Wagner" aux "ambitions prédatrices", a fait valoir le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse aux côtés des présidents sénégélais, ghanéen et du Conseil européen.Les autorités maliennes continuent de nier la présence de ces mercenaires sur leur territoire.
Paris et ses partenaires souhaitent toutefois "rester engagés dans la région" sahélienne et "étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest" pour contenir la menace jihadiste.Les "paramètres" de cette réorganisation seront arrêtés "d'ici juin 2022", selon la déclaration conjointe.
"Nous comprenons cette décision", a déclaré Macky Sall dans une conférence de presse commune avec le président Emmanuel Macron."La lutte contre le terrorisme au Sahel ne saurait être la seule affaire des pays africains (...).Nous sommes heureux que l'engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif", a-t-il ajouté, alors que le départ français risque potentiellement d'ouvrir des perspectives aux jihadistes.
Le Sahel et le Golfe de Guinée sont des "priorités de la stratégie d'expansion" des organisations jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique, a souligné Emmanuel Macron.
- coopérations régionales renforcées -
La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d'autres Etats sahéliens.Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.
Mais malgré des victoires tactiques, le terrain n'a jamais été véritablement repris par l'Etat malien et ses forces armées.
Facteur aggravant, le gouvernement malien a été renversé lors d'un double coup d'Etat en 2020 et en 2021, aboutissant à l'arrivée au pouvoir d'une junte qui refuse d'organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région.
Le chef de l'Etat "récuse complètement" l'idée d'un échec français au Mali, a-t-il réagi jeudi.
"Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir?Vous auriez à coup sûr un effondrement de l'Etat malien", a-t-il fait valoir, en ajoutant qu'"ensuite nos militaires ont obtenu de nombreux succès", dont l'élimination de l'émir d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) en juin 2020.
Quelque 25.000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4.300 Français (2.400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l'Elysée.Le pays accueille aussi 15.000 soldats de l'ONU au sein de la Minusma.
Concrètement, la fermeture des dernières bases françaises au Mali (Gao, Ménaka et Gossi) prendra de "4 à 6 mois" a détaillé Emmanuel Macron.
"Pendant ce temps (...) nous allons continuer d'assurer les missions de sécurisation de la Minusma", qui continuera de bénéficier d'un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens, a-t-il assuré.
Des militaires européens participant au groupement de forces spéciales Takuba "seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali", a-t-il précisé.Le Niger héberge déjà une base aérienne et 800 militaires français.
Le Mali était au cœur du dispositif antiterroriste français et européen au Sahel.Emmanuel Macron avait déjà décidé d'amorcer à l'été 2021 une réduction des effectifs français au profit d'un dispositif régional moins visible, mais ce départ contraint du pays force Paris à accélérer cette réorganisation dans d'autres pays de la région menacés par la contagion jihadiste.En s'efforçant de rendre la présence française moins visible.
"Il s'agit de nous recentrer sur les demandes de nos partenaires là où notre contribution est attendue, toujours en soutien et encore davantage intégrée (...) Nous définirons dans les semaines et mois qui viennent l'appui que nous apporterons à chacun des pays de la région sur la base des besoins qu'ils auront exprimés", et "cet appui pourra inclure de l'aide en matière de formation et d'entraînement, de la fourniture d'équipements, voire un appui à leurs opérations contre le terrorisme", a conclu M. Macron.
Depuis 2013, 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali.
VERS LA PARALYSIE DU SYSTÈME SANITAIRE
Les partisans de Mballo Dia Thiam ont décidé de perturber les soins à partir de ce lundi par des sit-in avec port de brassards rouges suivi d’une marche départementale et nationale. Ils l’ont fait savoir hier, au cours d’un point de presse à Dakar
L’Alliance des syndicats autonomes de la santé (ASAS) AND GUEUSSEUM a constaté, pour le déplorer, hier, mercredi 16 février, «l’immobilisme du Gouvernement et l'inertie du Ministère de la Santé et de l’Action sociale quant à la signature du protocole d'accords Gouvernement-AND Gueusseum ». Des accords faits selon les camarades de MBallo Dia Thiam, à la suite des négociations ministérielles sectorielles entamées depuis le 21 mai 21 et qui ont connu leur épilogue à la veille des élections municipales avec des accords enregistrés sur plusieurs points de la plateforme minimale déposée le 12 mars 2021. Face à ce qu’il considère comme, le statuquo inacceptable, l’alliance a annoncé au cours d’un point de presse un nouveau plan d’actions allant de sit-in dans les régions à une marche nationale.
Un nouveau plan d’actions a été annoncé par l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas). Les partisans de Mballo Dia Thiam ont décidé de perturber les soins à partir de ce lundi par des sit-in avec port de brassards rouges suivi d’une marche départementale et nationale. Ils l’ont fait savoir hier, mercredi au cours d’un point de presse à Dakar.
Pour And Gueusseum, «étant arrivée aux confins de la limite de la patience face à un ministre des finances absent durant tout le processus de négociation et subitement prêt à satisfaire les revendications d'autres catégories d'agents du public qui ne sont pas plus méritants que ceux de la santé et de l'Action Sociale, informe du dépôt, de mercredi 16 février 2022, de préavis de grève couvrant la période du 16 mars au 17 septembre 2022».
Pour l’ASAS, elle exige du gouvernement la concrétisation de 16 points dont l’octroi d’une indemnité de spécialisation pour les techniciens supérieurs de santé; de représentation médicale pour les paramédicaux; de responsabilité pour les paramédicaux; de logement pour l’ensemble du personnel de la santé et de l’action sociale; du relèvement de l'indemnité de risque à 100.000 FCFA et son intégration dans la liquidation de la pension de retraite; la revalorisation du traitement salarial des Conseillers en Action sociale; l'octroi de Prêts DMC et leur extension aux contractuels des EPS jouissant d'un contrat à durée indéterminée; le parachèvement de la Fonction publique locale entre autres. «Le gouvernement et le ministère de la santé et de l’action sociale sont restés silencieux à la suite des négociations ministérielles sectorielles entamées depuis le 21 mai et qui ont connu leur épilogue à la veille des élections municipales avec des accords enregistrés sur plusieurs points de la plateforme minimale déposée le 12 mars 2021», a déclaré M. Thiam.
Selon l’Asas, ce statuquo est «inacceptable, inadmissible» n'ayant de leur point de vue aucune justification technique ou républicaine. Les partisans de Mballo Dia Thiam ont déclaré : «ça nous pousse à commencer à douter de la bonne foi de nos interlocuteurs malgré la réception de signaux forts qu'ils nous ont naguère envoyés». And Gueusseum a aussi soutenu : «nous avons suffisamment donné du temps au temps en évitant d’en rajouter aux calvaires des populations largement éprouvées par la vie chère et les nombreuses privations liées à la pandémie de la Covid en faisant preuve de patience et de sérénité dans l'espoir de voir les actes sanctionnant l'issue de ces longues négociations».
Et de poursuivre : «prenant à témoin l'opinion publique nationale et internationale et devant le favoritisme de l’Etat pour certaines catégories d’agents et la discrimination négative à l’égard des agents de la santé et de l’action sociale particulièrement les paramédicaux, parents pauvres du système de santé.»
Par Alassane THIAM
A CONTRE- COURANT, VIVE LA CEDEAO
La décision de la CEDEAO est à soutenir avec force car le régime malien nous rappelle que les chefs militaires n’ont jamais été des partisans de la démocratie
La prise de pouvoir par les militaires en Guinée m’avait conduit à intituler ma chronique : «Coup d’état en Guinée, des applaudissements inquiétants». Le Mali a été le théâtre de deux coups d’état depuis 2020 et les militaires sont toujours accueillis en héros. Le peuple malien se morfond et reste en quête de repères.
Il me semble important de rappeler avec insistance que devant un Colonel, un Capitaine ou un Général, on ne discute pas, on répond : oui mon Colonel, oui mon Capitaine, oui mon Général. Tous les régimes militaires en Afrique sont devenus des dictatures car l’armée n’a pas de culture démocratique. Les putschistes deviennent des présidents de transition qui s’éternisent pendant plusieurs années et ne laissant aucune place aux constatations.
Peut-être, c’est à contre-courant, que j’applaudis avec force les sanctions prises par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) contre le Mali : fermeture des frontières avec le Mali, suspension des échanges commerciaux, arrêt des aides financières, gel des avoirs maliens. Je ne suis pas partisan de l’apologie des coups d’Etat. Depuis le coup d’éclat des militaires (donc la prise en otage de la démocratie), l’armée malienne fait la pluie et le beau temps au gré de ses humeurs. Le colonel Goita, Homme fort du Mali s’est octroyé le titre de président de transition «dictatoriale» à vie. Il a également décidé que l’élection présidentielle aura lieu en 2026, peut- être plus tard, car les élections, la liberté et la démocratie font peur. Le peuple n’a pas son mot à dire et ne sera jamais souverain. Il a installé des mercenaires russes qui vont sécuriser son pays, surtout son palais où il s’est retiré dans son bunker. A l’instar des dictateurs, il convoque le nationalisme pour raffermir son pouvoir.
La fonction de l’armée qui est avant tout de défendre le territoire national est mise aux oubliettes. L’armée malienne ou ce qu’il en reste, n’a pu sécuriser son pays durant douze longues années. Il a fallu une intervention extérieure, notamment française, pour empêcher les terroristes djihadistes d’occuper la capitale malienne. Quel triste événement de voir une foule malienne en transe accueillir l’ancien président de la République Française en sauveur ! C’est le retour avec force de l’ancien pays colonisateur qui nous rappelle que l’indépendance du Mali est très relative et que sans lui, ce pays se disloquerait.
Ce «drame» malien a conduit quelques activistes sénégalais à manifester pour dénoncer les mesures prises par la CEDEAO et soutenir le Mali. Ce droit légitime ne peut s’activer que dans un pays démocratique, et c’est bien ainsi. Si j’étais au Mali, ma chronique ne pourrait pas être publiée car les risques sont énormes : arrestation, fermeture du journal, condamnation. La démocratie ne peut pas respirer dans un régime militaire dictatorial.
Accepterions-nous un coup d’Etat au Sénégal ? Saurions-nous tolérer qu’un économiste soit arrêté parce qu’il indique que son pays risque de sombrer financièrement ? La règle dans une démocratie ne peut pas être négociable et les coups d’Etat permanents font disparaitre l’état de droit au profit des tyrans qui s’enrichissent très rapidement au détriment des peuples.
La décision de la CEDEAO est à soutenir avec force car le régime malien nous rappelle que les chefs militaires n’ont jamais été des partisans de la démocratie. La junte malienne commence à mater toutes les voix discordantes et déterre le vieux jargon des dictateurs : le nationalisme. Le colonel n’est pas au pouvoir pour soigner les maux des maliens mais pour s’installer pour longtemps, à moins qu’un plus fort que lui vienne lui chiper sa place. C’est la démocratie militaire : la chaise musicale… surtout avec des armes.
Il est important de se convaincre que la démocratie n’est pas suffisante pour résoudre tous les malheurs des peuples, elle permet néanmoins aux citoyens de choisir librement ses représentants et de les «démettre» à leur guise. Nous souhaitons entendre les bruits des bottes du Colonel au nord du Mali, plutôt qu’aux alentours du palais présidentiel.
MOI MACRON, L'AFRIQUE, JE L'AIME, JE NE LA QUITTE PAS
EXCLUSIF SENEPLUS - Honte à ces faiseurs de coups d'Etat et en première ligne, l'homme adoubé par son peuple, se nommant le Thomas Sankara du Mali, Assimi que je n'aime même pas voir en peinture. Le continent, tel mon ami Bolloré, je l'ai dans la peau
Pourquoi quitter l'Afrique alors que je suis un africain pur sang et de pure souche? Rire sous cape. N'en déplaise à mes contempteurs, à celles et à ceux qui me haïssent ? Et faisant cette haine envers moi, envers ma douce France, leur fonds de commerce ! M'en fichtre ! Hourra à cette meute qui veut ma peau ! Honte à ces faiseurs de coups d'Etat et en première ligne, l'homme adoubé par son peuple, se nommant le Thomas Sankara du Mali, Assimi que je n'aime même pas voir en peinture. Ah le Mali, ce doux pays à la lignée de guerriers dogons et sa belle musique des touaregs des sables.
Ce pays, ça me connait un peu mais je préfère le Nigeria, Lagos, ses bars, ses différents styles de musique, ses belles filles élancées, ses beaux hommes musclés tels des athlètes de l'empire Shongaï.
L'Afrique, tel mon ami Bolloré, je l'aime, je l'ai dans la peau. Oh que j'aimais être dans l'ancien empire, tel un Vasco de Gama ou un Magellan, défiant les mers et bravant les dangers de ce continent sauvage rempli de gens dépourvus de culture. Prière de m'excuser de cette intempérance de langage, mais la civilisation et moi ne faisons qu'un seul bloc. Et oui européen je le suis et européen je le resterai toujours. J'ai le plein droit, tel un enfant du pays des lumières, d'apporter la potion civilisatrice à ce beau continent sauvage et doux où le risque zéro n'existe pas.
Parler de l'Afrique m'a fallu un apprentissage auprès de mon mentor en politique que j'ai trahi sur l'autel d'une pseudo amitié mais il en fallait parce qu'il était mort cérébralement. Mon ami, François et dont je tais le nom, pour ne point m'attirer foudres et quolibets, était devenu méconnaissable à la fin de son règne. Et je l'ai achevé mais aidé de quelques amis qui me sont restés fidèles.
Fidélité et loyauté en politique, deux mots vides de sens. Moi Macron, je rime avec intérêts et surtout ceux français. Parler de ce beau continent où vit un bon nombre de mes semblables équivaut à parler de ses nombreuses richesses matérielles et immatérielles. Ce continent plein de vie et assis sur des trésors incommensurables.
Energies, matières premières agricoles et minières sont l'Afrique. Il se dit qu'elle est le berceau de l'humanité. Oups, j'en doute parce qu'elle n'est pas assez civilisée, mon ami Sarkozy me l’avait chuchoté à l’oreille. Ma civilisation à moi, moi fils de gaulois, fils de Bonaparte. Comprenez-moi, chers africains, je ne peux vous quitter et vous laisser au milieu du gué parce que sans moi, que nenni et vous le savez pertinemment même si parmi vous, beaucoup disent que je mens. En effet, en politique, il faut savoir mentir et faire valser les coeurs et les esprits. Il n'est qu'un seul intérêt qui prime. Prendre le dessus sur les gens et les piller. Avancer ou périr a toujours été l'adage de ce peuple de conquérants qu'est cette France que certains africains de quelque bord détestent. Insultes et mensonges à tire-larigot jonchent mon chemin. Le chemin de ma France que je porte en bandoulière.
Calomnies à la pelle. Mais qu'on me calomnie, qu'on me traîne dans la boue, qu'on me tire la peau, j'aime l'Afrique et je ne la quitte pas sinon le désastre serait le lit de la France. Si j'étais le roi de cette terre bénie et immensément riche, je dirais, du haut de la tribune et à la plèbe, panem et circenses à vous, peuple d'Afrique ! Mission impossible parce que l’éveil semble poindre de cette Afrique déjà debout dont sa jeunesse est déjà le fer de lance, sagaies à la main et prête au combat.
JOUR J POUR LA PRÉSENCE MILITAIRE FRANÇAISE AU MALI
Poussés dehors par la junte au pouvoir à Bamako, la France et ses partenaires européens devraient officialiser jeudi matin leur retrait militaire du Mali au terme de neuf ans de lutte antijihadiste menée par Paris
Emmanuel Macron doit tenir à l'Elysée une conférence de presse à 08H00 GMT, notamment aux côtés du président du conseil européen Charles Michel pour annoncer les décisions actées mercredi soir lors d'un sommet réunissant plusieurs dirigeants européens et africains.
La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes jihadistes qui sévissent aussi dans d'autres Etats sahéliens.Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération antijihadiste régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.
Mais malgré des victoires tactiques, le terrain n'a jamais été véritablement repris par l'Etat malien et ses forces armées.
Facteur aggravant, le gouvernement malien a été renversé lors d'un double coup d'Etat en 2020 et en 2021, aboutissant à l'arrivée au pouvoir d'une junte qui refuse d'organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région.
Mises au ban par les Etats ouest-africains, les autorités maliennes fustigent la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon les Européens, aux mercenaires russes de la société Wagner.
Quelque 25.000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4.300 Français (2.400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l'Elysée. Le pays accueille aussi 15.000 soldats de l'ONU au sein de la Minusma, dont l'avenir est désormais en suspens puisqu'elle comptait sur un large soutien de Barkhane.
- "Vide" sécuritaire -
Le Mali était au coeur du dispositif antiterroriste français et européen au Sahel.Emmanuel Macron avait déjà décidé d'amorcer à l'été 2021 une réduction des effectifs français au profit d'un dispositif régional moins visible, mais ce départ contraint du pays va forcer Paris à accélérer cette réorganisation dans d'autres pays de la région menacés par la contagion jihadiste, notamment dans le golfe de Guinée.
"Nous considérons que la lutte contre le terrorisme est quelque chose d'essentiel pour le Mali, pour le Burkina, pour le Niger et pour les pays côtiers", a assuré le président ivoirien Alassane Ouattara mercredi sur RFI et France 24.
"Le départ de Barkhane et de Takuba (groupement de forces spéciales européennes, NDLR) crée un vide.Nous serons obligés d'acheter des armes, d'avoir une plus grande professionnalisation mais c'est notre devoir aussi.Les armées nationales doivent régler les problèmes sur nos territoires nationaux et c'est cela notre philosophie", a-t-il estimé.
"Nous avons besoin de réinventer notre partenariat militaire avec ces pays", a souligné mardi la présidence française."Il ne s'agit pas de déplacer ce qui se fait au Mali ailleurs, mais de renforcer ce qu'on fait au Niger et de soutenir davantage le flanc sud", a-t-elle ajouté.
Selon une source proche de l'Elysée, la France a promis de coordonner son retrait avec la mission de l'ONU au Mali et la Mission de formation de l'Union européenne au Mali (EUTM), qui continueront de bénéficier d'un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens.
Hors du Mali, Paris compte poursuivre la lutte antijihadiste dans la région, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs.
Outre un possible renforcement de sa présence au Niger voisin, qui héberge déjà une base aérienne française et 800 militaires, Paris ambitionne de proposer ses services à d'autres pays d'Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire, Sénégal, Bénin...) pour les aider à contrer la propagation du jihadisme vers le golfe de Guinée.
Depuis 2013, 53 soldats français ont été tués au Sahel, dont 48 au Mali.
VIDEO
LE DÉPART DE BARKHANE LAISSE UN GRAND VIDE
Dans une interview exclusive à RFI et France 24, le président ivoirien Alassane Ouattara ne cache pas son inquiétude devant le départ annoncé des forces militaires françaises et européennes du Mali
Marc Perelman, Christophe Boisbouvier |
Publication 17/02/2022
« Le départ de Barkhane et Takuba crée un vide, affirme Alassane Ouattara. Nous serons obligés d'augmenter nos forces de défense et d'accroître la protection de nos frontières. »
Sur les lourdes sanctions décidées par la Cédéao contre le Mali, le 9 janvier, le chef de l'État ivoirien affirme : « Nous n'avons pas cherché à punir le peuple malien, mais la Cédéao a des règles. Nous attendons que le gouvernement et la junte nous préparent un calendrier raisonnable et qu'on puisse lever graduellement les sanctions ».
Interrogé sur sa candidature ou non à la présidentielle ivoirienne en 2025, Alassane Ouattara réplique : « Je ne suis pas à la recherche d'un job à 80 ans. Je souhaite que les Ivoiriens choisissent en 2025 quelqu'un de plus jeune que moi et mes prédécesseurs ». Interrogé sur l'hostilité de Laurent Gbagbo à un projet de loi instaurant une limite d'âge aux candidats à la présidentielle, il réplique : « Laurent Gbagbo, ce n'est pas la République ».