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12 août 2025
NOUVELLE DONNE POUR LE MALI EN CAS DE RETRAIT FRANÇAIS
Le retrait des soldats français laisserait le Mali en proie à la propagation jihadiste et une crise humanitaire aiguë, et la junte qui le dirige débarrassée d'un partenaire historique qui contrecarrait ses plans depuis des mois
La question est de savoir si la junte aura les moyens de faire face, au-delà de sa volonté proclamée de "refondation", et à quel avenir est promis un Etat largement considéré comme failli, épicentre de l'instabilité sahélienne depuis 2012.
Parmi les Maliens, le désengagement attendu de la part d'un allié avec lequel les forces nationales ont combattu les jihadistes pendant neuf ans sans enrayer leur progression suscite espoir chez les uns, inquiétude chez les autres.
"Ça va être dur, mais ça va aller Inchallah", si Dieu le veut, sourit Souleymane Diakité, la trentaine, devant sa boutique à Bamako."Ils n'ont pas réussi en neuf ans, on peut bien faire sans eux!", juge-t-il en parlant des soldats français. Un sentiment partagé par de nombreux Bamakois.
A Gao (nord), où est installée la principale base française, un interlocuteur de la société civile assure l'inverse: "Tout va trop vite, c'est pas bon", dit-il faisant référence aux soubresauts des deux dernières années: putsch en 2020, nouveau coup d'Etat en 2021, remise en cause de l'alliance avec la France, confrontation avec une partie de la communauté internationale.
"On entre dans une période d'incertitude", résume un diplomate à Bamako. Nombre d'interlocuteurs s'expriment sous couvert d'anonymat parce que leur position ou leur sécurité l'exige.
Les jihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l'organisation Etat islamique ont la mainmise, militaire et sociale, sur de vastes étendues du territoire. D'autres groupes armés, communautaires ou crapuleux, reconnus ou non, mettent de vastes secteurs en coupe réglée.
- Se "débrouiller" -
Le chef du gouvernement installé par les colonels, Choguel Kokalla Maïga, admet que "80% du territoire" sont en proie à l'insécurité.Le 7 février, il disait l'Etat malien "à terre".
En février 2022, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) chiffre à plus de sept millions (un million de plus qu'en 2021 sur une population d'environ 20 millions) le nombre de Maliens ayant besoin d'aide humanitaire.
Depuis janvier, les frontières de ce pays enclavé, un des plus pauvres au monde, sont fermées avec ses voisins les plus importants commercialement. La communauté des Etats ouest-africains a infligé au Mali un gel des transactions commerciales et financières pour sanctionner le projet déclaré des colonels de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années.
"Personne ne sait la direction que vont prendre les choses dans deux, trois, six mois", s'inquiète un humanitaire, tenu à l'anonymat.
Sur le front militaire, un retrait français "aura un impact sur l'environnement global" du conflit, estime Ornella Moderan, cheffe au Sahel de l'Institut d'études de sécurité (ISS).En plus des opérations de déstabilisation menées au sol avec un soutien aérien ou des frappes ciblées, la présence française avait "un effet de dissuasion dans beaucoup de zones", dit-elle.
Avec un décrochement français, les forces maliennes perdent un soutien quasi permanent: appui aérien, ravitaillement, évacuation sanitaire...
Il va falloir "apprendre à nous débrouiller (...) nous n'avons pas le choix et c'est tant mieux", résume Moussa Mara, ancien Premier ministre.
- "Victoires éclatantes" -
A côté des massacres de civils, l'armée malienne, forte de 15 à 20.000 hommes, sous-équipée et sous-entraînée, a compté ses morts par centaines depuis 2012 des mains des jihadistes.
Mais, depuis trois mois, les pertes humaines annoncées parmi les soldats ou les civils sont minimales.Au contraire, le Premier ministre revendique des "victoires militaires éclatantes" et la neutralisation de jihadistes "par centaines".
Ces proclamations sont difficilement vérifiables.
Leur effet sur les militaires et la population "est certain", dit le chercheur malien Boubacar Haïdara. Mais, pondère-t-il, "le principal problème reste le redéploiement sur le long terme, et aujourd'hui l'armée n'a aucunement les moyens de contrôler les brousses".
Ces déclarations de victoire coïncident avec le durcissement des tensions diplomatiques, mais aussi avec le soupçon, plus fort de semaine en semaine, que la junte a fait appel à la société de mercenaires russes Wagner.
Les autorités maliennes démentent. Mais au moment où la France et ses partenaires européens discutaient les conditions d'un retrait, la crainte que les Russes ne remplissent encore davantage le vide constituait un motif de réticence à un désengagement pur et simple, indique un diplomate européen.
La France a assuré que l'intervention de Wagner était incompatible avec son engagement. Elle s'est aussi constamment opposée à un dialogue avec les jihadistes.Au contraire, les colonels s'y sont dits ouverts, en ligne avec l'ancien pouvoir déchu mais aussi de nombreux Maliens.
Le président Emmanuel Macron tiendra jeudi matin une conférence de presse au sujet de la présence militaire française au Sahel, a indiqué l'Elysée.
AVEC LE DÉPART DE BARKHANE, L'OPTION D'UNE NÉGOCIATION AVEC LES DJIHADISTES RELANCÉE AU MALI
Alors que le retrait des troupes françaises du Mali se précise, les autorités de transition ont désormais les mains libres pour négocier directement avec les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda
France 24 |
Grégoire SAUVAGE |
Publication 16/02/2022
C’est une question au cœur des désaccords entre la France et les autorités de transition : faut-il négocier avec les groupes jihadistes qui sévissent dans le nord et le centre du Mali ? Bamako y est favorable, tandis que Paris y voit une ligne rouge à ne pas franchir.
"On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission", avait résumé Emmanuel Macron, lors de l’annonce en juin du recalibrage de l’opération Barkhane.
Mais avec la fin annoncée de la présence française, un nouveau chapitre pourrait s’ouvrir dans ces négociations. Le contexte n’a en tout cas jamais été aussi favorable à une accélération de ce processus, que de nombreux experts jugent inévitable.
"Actuellement, il y a un alignement d’intérêts entre la junte, les jihadistes et les Russes qui veulent tous le départ des Français", analyse le spécialiste des mouvements jihadistes, Wassim Nasr, présent la semaine dernière à une conférence pour la paix à Nouakchott, en Mauritanie, à laquelle participaient plusieurs hauts responsables maliens, comme le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Mahamadou Koné, ou encore l’influent imam Mahmoud Dicko.
"Tout porte à croire que dans les couloirs de cette conférence, des contacts ont été établis en vue d’aller plus loin dans cette option des négociations", glisse le chroniqueur de France 24.
Négociations secrètes
L’idée de dialoguer avec les groupes jihadistes est loin d’être nouvelle. Depuis le président Ibrahim Boubacar Keïta, les autorités qui se sont succédé à Bamako ont toujours souhaité appliquer les recommandations formulées par la Conférence nationale d’entente en 2017, puis par le Dialogue national inclusif en 2019.
Ces recommandations suggéraient notamment d’entamer des pourparlers avec les chefs jihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali. Le premier dirige le groupe Katiba Macina, tandis que le second est à la tête du GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda.
La junte malienne s’inscrit donc dans le droit fil de ses prédécesseurs, estimant que les armes seules ne parviendront pas à mettre un frein à la spirale de la violence jihadiste. Fin octobre, plusieurs médias avaient d’ailleurs annoncé l’ouverture de négociations sous l’égide du Haut Conseil islamique (HCIM), mandaté par le gouvernement de Bamako, qui avait finalement démenti l’information.
"Les Maliens ont toujours continué à négocier secrètement avec le GSIM, ne serait-ce que pour mettre en place des accords locaux", explique Wassim Nasr.
En mars 2021, un accord intercommunautaire avait défrayé la chronique dans le cercle de Niono, dans le centre du Mali. En échange du port du voile pour les femmes et de la permission de prêcher dans les villages, les jihadistes avaient accepté de libérer les prisonniers et de laisser les chasseurs circuler avec leurs armes.
Cependant, signe de la fragilité de ce type d’accord, le cessez-le-feu a volé en éclats durant l’été. La semaine dernière, un important convoi de militaires maliens a même été déployé pour sécuriser la zone et apporter une aide humanitaire à la population, rapporte RFI.
"Dernière carte à jouer" pour la junte
Soumise à une forte pression internationale, plombée par des sanctions massives de la Cédéao, la junte, qui contrôle à peine un tiers du territoire malien, aurait tout intérêt à passer à la vitesse supérieure. Son objectif premier pourrait être d’obtenir une période de trêve.
Le principe d’un cessez-le-feu avait d’ailleurs déjà été accepté en avril 2020 par la branche locale d’Al-Qaida sous l’impulsion de l’imam Dicko, l’ancien président du Haut Conseil islamique malien.
Pour la junte, il s’agirait de faire baisser rapidement le niveau de violences au moment même où l’opération Barkhane plie bagages.
"Ce serait un dernier pied de nez à la France et dans le contexte actuel, c’est leur dernière carte à jouer", estime Wassim Nasr. "Même si les négociations échouent, la junte pourra se targuer d’avoir favorisé le retour de populations déplacées ou d’avoir permis que tel ou tel village ne soit plus encerclé par les jihadistes et c’est ce qui compte pour les populations locales".
Le départ des Français et de leurs alliés du Mali pourrait être acté mercredi, à la veille d’un sommet Union européenne-Union africaine à Bruxelles. Le Niger voisin devrait jouer un rôle central dans le nouveau dispositif militaire. Paris pourrait également proposer ses services à d'autres pays d'Afrique de l'Ouest pour les aider à contrer la propagation du jihadisme vers le golfe de Guinée.
MACKY SALL, UN PRÉSIDENT PERDU
Comme à son habitude, le chef de l'État se fait toujours désirer pour la nomination de son Premier ministre, alors que le poste est restauré depuis le 10 décembre 2020. Une tergiversation diversement appréciée
Comme à son habitude, le président de la République, Macky Sall, se fait toujours désirer pour la nomination de son Premier ministre, alors que le poste est restauré depuis le 10 décembre 2020. Si les uns parlent de la violation de la norme constitutionnelle, d’autres pensent que le Président n’est pas tenu par les délais.
C’est l’impression d’un président de la République qui se perd dans ses propres schémas. Le 24 novembre 2021, il fait adopter le projet de loi constitutionnel relatif au rétablissement du poste de Premier ministre. Comme s’il était très pressé, le Président Sall choisit la procédure d’urgence pour activer sa majorité mécanique à l’Assemblée nationale, dans les plus brefs délais. Laquelle ne va pas tarder à se mettre en branle. Le 10 décembre, environ 15 jours seulement plus tard, le vœu du chef de l’Etat devient réalité. Le poste de Premier ministre est à nouveau restauré dans l’architecture institutionnelle du Sénégal. Mais, alors que tout le pays s’en félicite et attend qu’il soit pourvu, le Président en décide autrement. Il donne la nouvelle à travers RFI et France 24. ‘’Le Premier ministre sera nommé après les locales…’’, disait-il sans ambages.
C’était déjà quelque chose. Les météos politiques et autres devinettes sur tel ou tel autre choix se sont un peu estompées. Dès cette sortie du Président Sall, beaucoup de Sénégalais avaient un peu oublié le sujet, prenant leur mal en patience. Le 23 janvier dernier, les Sénégalais ont choisi leurs élus locaux. Depuis, l’agenda politique ne bruit plus que du futur gouvernement, en sus de l’analyse des résultats des élections territoriales. Près d’un mois plus tard, le Président Macky Sall n’a toujours pas dit au peuple qui il a choisi pour diriger son gouvernement. Pourtant, dans son entretien avec RFI et France 24, il avait répondu à la question: ‘’Certainement, dans la tête, mais vous savez tant que le décret n’est pas signé, rien n’est fait.’’
Ouverture ou resserrement
Mais de décembre à février, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Outre les élections territoriales qui ont balayé pas mal de certitudes, il y a aussi la Coupe d’Afrique des nations avec ses nombreuses implications dans le landerneau politico-social. Depuis, beaucoup se demandent si, pour tenter de préserver cet élan d’unité, le président Sall ne va pas choisir de mettre en place un gouvernement d’ouverture annoncé depuis le dialogue national. En tous les cas, dans les différents états-majors, ce sujet relève plutôt du tabou. Pas pour le député Monteil qui donne son point de vue. ‘’Il ne faut jamais dire jamais, mais, je ne pense pas qu’on ira dans ce sens. Malgré cette liesse autour de la victoire des lions, je ne suis pas sûr qu’on puisse dépasser les lignes de fracture entre l’opposition et le pouvoir pour former un gouvernement d’union nationale. Les lignes sont encore trop parallèles, après les élections territoriales. Je ne vois rien qui puisse faire que ces lignes bougent.’’
A l’instar de monsieur Monteil, le maire réélu de la Médina, Bamba Fall, ne s’est pas fait prier pour témoigner au président sa disponibilité. Pour lui, toute l’opposition devrait accepter de travailler avec le président de la République. Dans une sortie largement relayée par la presse, il dit : ‘’A partir de maintenant, je vais travailler pour le président et je ferai mon possible pour que tous ceux que je pourrais convaincre travaillent pour le président Sall’’. Et de justifier sa nouvelle posture : ‘’Je vais rejoindre le Président et travailler à ses côtés, parce que c’est le moment… Je pense qu’il y a un moment pour la politique et un moment pour travailler. On ne peut pas travailler sans que le Président nous accompagne et on a vu que le sacre des lions n’a été possible que parce que tout le peuple sénégalais a fait bloc autour des champions d’Afrique.’’
Le cheval de Troie
Ouverture ou pas, Théodore Monteil invite le président de la République à mettre l’accent sur les compétences et non plus sur la politique. Interpellé sur ses attentes, voici sa réponse : ‘’Le problème, c’est surtout les ministres que le Premier ministre. Depuis son accession au pouvoir, le président de la République a fait énormément de choses. Mais souvent, c’est dans la mise en exécution, que les gens ne sont pas contents. Avec des délais qui ne sont pas respectés, des dépassements budgétaires à n’en plus finir. Il y a vraiment des efforts à faire à ce niveau et cela passe par les hommes et les femmes qui composent le gouvernement. Il faudrait des technocrates compétents qui sont là pour travailler et non des gens pour faire la politique’’.
Pour ce qui est du poste de Premier ministre, chacun y va de son pronostic. Tandis que certains parlent d’un Premier ministre technocrate pour mener à bien ce qui doit être, selon eux, un mandat de transition, d’autres n’imaginent pas Macky Sall faire confiance à un non politique. ‘’Le poste de PM, confie Monteil, est éminemment politique. Il doit être un homme ouvert d’esprit, qui a des capacités managériales avérées. Je pense qu’il doit être un homme politique, parce qu’il doit avoir une certaine légitimité, un véritable leader pour coordonner tout ça.’’
Mais avant de penser à la transition prévue en 2024, le président devra certainement penser aux législatives qui se profilent à l’horizon, juste au mois de juillet et qui devront permettre de clarifier le débat politique. Qui pour conduire la barque de la majorité aux prochaines élections législatives ? Est-ce le futur Premier ministre ou une tierce personne que Macky va garder secrète ? Si Abdoulaye Wade était réputé signaler à gauche et tourner à droite, Macky Sall, lui, a pour habitude de ne donner aucun signe dans le choix de ses hommes. Depuis 2012, rarement ses choix se sont retrouvés sur la place publique avant l’heure qu’il ait lui-même choisi.
Jusque-là, le président Macky Sall a nommé pour le poste de Premier ministre deux technocrates, Abdoul Mbaye (avril 2012-septembre 2013à et Mahammed Boun Abdallah Dionne (juillet 2014-mai 2019). La troisième étant une politique en la personne d’Aminata Touré. Elle a le moins duré au poste, avec moins d’un an.
LA RÉBELLION CASAMANÇAISE SE LIVRE À DES ACTIONS CRIMINELLES POUR SURVIVRE
Où en est la rébellion casamançaise et pourquoi aucune solution n'a pu être trouvée en près de quarante ans ? Le chercheur Jean-Claude Marut, spécialiste de ce conflit, est l’invité de RFI
Sept soldats sénégalais qui étaient retenus prisonniers par les rebelles casamançais ont été libérés, lundi 14 février. Ils avaient été capturés par l'une des ailes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), celle dirigée par Salif Sadio.
La crise casamançaise, qui a commencé en 1982 sur la base de revendications indépendantistes, fait partie de ces conflits non réglés qui se sont délités au fil des décennies et qui ressurgissent de manière ponctuelle. Où en est la rébellion casamançaise et pourquoi aucune solution n'a pu être trouvée en près de quarante ans ? Le chercheur Jean-Claude Marut, spécialiste de ce conflit, est l’invité de Laurent Correau.
NOUS NE DEVONS PAS OUBLIER QUE NOTRE PARTENAIRE STRATÉGIQUE EST LA FRANCE
L’imam Mahmoud Dicko fer de lance de la contestation de 2020 – qui a conduit au renversement de l’ex président Keïta – critique la stratégie de la junte au pouvoir à Bamako, notamment à l’égard de la France qui n’a pourtant jamais été tendre avec lui
Présent au Forum d’Abu Dhabi pour la paix organisé du 8 au 10 février à Nouakchott, l’imam Mahmoud Dicko jouit d’une aura spirituelle qui fait de lui une superstar à chacun de ses déplacements. Le leader religieux, président de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS, lieu de rassemblement de ses fidèles au Mali), a longuement rencontré le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, des diplomates étrangers, les dignitaires musulmans. A 67 ans, le fer de lance de la contestation de 2020 – qui a conduit au renversement de l’ex président Keïta – critique la stratégie de la junte au pouvoir à Bamako, notamment à l’égard de la France qui n’a pourtant jamais été tendre avec lui.
Les autorités de transition se sont mis à dos une partie de la communauté internationale et sont engagées dans un bras de fer avec la France. Que faire ?
Nous sommes dans une impasse. Je l’ai vu venir. J’ai essayé d’initier une concertation avec les représentants des différentes confessions et les autorités coutumières. L’objectif est de mettre en place un collège des sages pour essayer de raisonner les autorités de transition. Les choses se sont arrêtées à mi-chemin. Il y a des difficultés mais nous avons intérêt à nous mettre ensemble. L’opposition ne reconnaîtra plus la légitimité des autorités à partir du 25 mars. La relation se dégrade avec la France. Est-ce notre intérêt ? Des centaines de milliers de Maliens vivent sur le territoire français. La langue officielle du pays est le français. Notre relation n’est pas banale. Elle est historique et stratégique. Il faut être réaliste même si certaines personnes proches du pouvoir ne souhaitent plus entendre parler de la France et veulent mettre fin à nos relations de manière brutale.
Êtes-vous pour la poursuite de la coopération avec la France ?
On ne peut pas vivre isolé alors que nous appartenons à des organisations régionales comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine et avons un lien monétaire avec la France à travers le Franc CFA, ce qui lie nos administrations.
La France s’apprête pourtant à retirer ses troupes du Mali…
Certains ont agi, en coulisse, pour dénoncer l’action de la France et revendiquer une intervention de la Russie. Ces campagnes ont un réel impact sur l’opinion publique. La population n’est pas suffisamment informée des efforts fournis par notre partenaire, malgré le sacrifice des soldats français. Elle a l’impression que rien n’a été fait pour résoudre la situation. Ce n’est donc pas une mauvaise chose en soi que les Français se retirent pour que les Maliens se rendent compte qu’ils n’ont pas opté pour le bon choix. Si le pouvoir sent que l’étau se resserre autour de lui, il devrait reconsidérer son choix. Toutefois, il faut aussi repenser notre manière d’opérer. Les opérations militaires sont dans une impasse. Il faut réfléchir à la dimension politique et sociale de nos problèmes.
MACRON ET MACKY EN RÉFLEXION SUR L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT
Ce mercredi 16 février, le président français sera aux côtés de son homologue sénégalais, président en exercice de l’Union africaine. Ils vont participer ensemble, à Paris, à un événement de l'Agence française de développement (AFD)
Cet événement, une série de table ronde sur « comment investir » pour « une nouvelle alliance entre l’Afrique et l’Europe », entre dans le cadre de la réflexion engagée sur les questions liées à l’aide au développement. Du côté de l’Élysée, on parle de « refondation du logiciel », c’est-à-dire de revoir la relation au continent africain à la fois dans « les termes, les méthodes et les objectifs », assure-t-on.
Cette recherche doit aussi mener à une réflexion sur le fond. Comment mieux répondre aux besoins sur le continent, notamment dans le domaine des infrastructures ou du soutien aux PME ?
L’organe de la coopération française fait face à différents défis souvent mis en avant comme les lenteurs, le manque de souplesse ainsi que la complexité des mécanismes. Des écueils difficiles à dépasser comme cela a été rappelé ce mercredi matin par des entrepreneurs africains qui ont rencontré le ministre français en charge du Commerce extérieur, Franck Riester.
L’ONP NOTE UNE PERCÉE DES FEMMES À LA TÊTE DES CONSEILS DÉPARTEMENTAUX ET MUNICIPAUX
L’Observatoire national de la parité (ONP) a déclaré mardi noter une hausse du nombre de femmes maires et de présidentes de conseil départemental, au fur et à mesure que les élus des élections locales du 23 janvier prennent fonctions.
Dakar, 15 fév (APS) – L’Observatoire national de la parité (ONP) a déclaré mardi noter une hausse du nombre de femmes maires et de présidentes de conseil départemental, au fur et à mesure que les élus des élections locales du 23 janvier prennent fonctions.
‘’Nous avons noté (…) une progression du nombre de femmes maires, 18 contre 15 à la veille des élections. Il y a trois présidentes de conseil départemental contre deux en 2014’’, a indiqué Fatou Kiné Diop, la présidente de l’ONP, lors d’un point de presse.
Elle a salué le ‘’remarquable’’ travail de terrain du Réseau national de veille et d’alerte pour le respect de la loi sur la parité aux élections départementales et municipales de 2022, créé par l’ONP et dirigé par des organisations de la société civile.
Ne sachant pas encore combien de femmes ont été élues à la tête d’une municipalité, l’Observatoire national de la parité continue de faire le décompte, afin d’analyser plus tard les données, selon sa présidente.
Mais l’ONP n’est pas satisfait du niveau d’application de la loi sur la parité entre les hommes et les femmes au sein des conseils départementaux et municipaux.
‘’Nous avons répertorié beaucoup de cas de violation de la loi dans la constitution des bureaux des conseils départementaux et municipaux déjà mis en place’’, a-t-elle signalé.
Selon Mme Diop, la loi sur la parité n’a pas été respectée, soit à cause de sa ‘’méconnaissance’’ par les élus, soit par ‘’refus’’.
Au moins sept cas de violation de ladite loi ont été répertoriés dans les conseils départementaux, et plus de 80 cas dans les conseils municipaux, a indiqué la présidente de l’ONP.
Elle a identifié trois catégories de violation : l’absence d’alternance des genres entre le maire et le premier adjoint, entre le président du conseil départemental et le premier vice-président, l’absence d’alternance femme/homme entre les adjoints du maire, les vice-présidents et les secrétaires élus, et un troisième cas consistant à ne désigner aucune femme parmi les membres du bureau du conseil départemental ou municipal.
‘’Le premier adjoint du maire doit être de sexe opposé que lui (…) jusqu’à l’épuisement du nombre de postes’’ à pourvoir pour le bureau, a rappelé Fatou Kiné Diop, se basant sur la loi instituant depuis 2010 la parité entre les hommes et les femmes dans les fonctions électives au Sénégal.
Elle invite les préfets et les sous-préfets chargés de superviser l’installation des conseillers élus à veiller au strict respect des dispositions législatives et réglementaires sur la parité, pour les bureaux non encore constitués dans les conseils départementaux et municipaux.
ELECTIONS LEGISLATIVES 2022, UN TOILETTAGE DES LISTES ELECTORALES PREVU
Une période de révision exceptionnelle des listes électorales est ouverte du 07 mars au jeudi 31 mars en vue des prochaines élections législatives, a a t-on appris de source officielle.
Dakar, 16 fev (APS) – Une période de révision exceptionnelle des listes électorales est ouverte du 07 mars au jeudi 31 mars en vue des prochaines élections législatives, a a t-on appris de source officielle.
’’Il est institué une révision exceptionnelle des listes électorales, en vue des élections législatives du 31 juillet. Cette révision se déroule du lundi 07 mars au jeudi 31 mars 2022 sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger pour le vote des Sénégalais de l’extérieur’’, selon un décret rendu public, mardi.
Le texte précise que cette révision concerne les citoyens qui auront 18 ans le jour du scrutin, les changements de circonscription ou d’adresse électorales.
Il indique que cette révision concerne aussi le changement de statut d’un militaire ou paramilitaire redevenu civil ou inversement, la radiation d’électeurs décédés, frappés d’incapacité du fait de la loi ou ceux ne désirant plus figurer sur les listes électorales.
LES PERFORMANCES D’UN BON ARBITRE ÉLECTORAL NOMMÉ THIENDELLA FALL
Elections locales du 23 janvier 2022 avec 7 millions d’électeurs, 100 millions de bulletins et 3149 listes au bout du sifflet
Si les élections locales 2022 n’ont pas connu de lendemains de violences et de contestations majeures, c’est parce qu’elles se sont déroulées de façon libre, équitable et transparente. Sur le terrain, 07 millions d’électeurs, 100 millions de bulletins et 3149 listes pour 661 circonscriptions, 553 communes, 46 départements et 05 villes à arbitrer. Derrière ce match électoral plein d’éthique sportive et de fair-play se cache un bon arbitre de l’ombre : Général de police Tanor Thiendella Fall, Directeur général des Elections (Dge) dont l’expertise en matière d’organisation électorale a été exportée vers plusieurs pays africains comme modèle de réussite.
Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays africains, les juridictions constitutionnelles sont au cœur de la plupart des crises postélectorales. En amont comme en aval, ces juridictions dont beaucoup de membres sont au service de l’exécutif cautionnent les manipulations de textes, les fraudes massives, l’éviction de candidats indésirables par les pouvoirs en place…etc. Mais heureusement qu’au Sénégal, la Direction générale des Elections (Dge) conduite par le général de police Thiendella Fall est en passe de réussir là où le Conseil constitutionnel a échoué par le passé.
Une réussite qui réside dans la prouesse d’être parvenue à procéder à un décloisonnement entre les parties prenantes et mettre en place une coopération étroite entre les différents acteurs pour une organisation matérielle des élections dans la transparence. Exactement comme ce qui s’est passé lors des dernières élections locales où les performances du général Thiendella Fall, ou « Monsieur élections » si vous préférez, ont été saluées par tous les acteurs. Pour preuve, en recevant une association d’imams et d’oulémas au lendemain de ces élections locales où la mouvance présidentielle a perdu les mairies de grandes villes comme Dakar, le président de la République Macky Sall s’est félicité de la bonne organisation du scrutin. « Je tiens à me féliciter et à féliciter toute la nation pour le bon déroulement de ces élections locales que nous venons de boucler. Elles ont été bien organisées et le peuple est sorti massivement voter dans la paix et la sérénité » s’était réjoui le chef de l’État avant de clarifier ce qu’il qualifie de faux débat relatif au fichier électoral. « Ici, on ne peut truquer les résultats issus des élections. Nous qui faisons partie du gouvernement, on ne nous a pas entendu fustiger les résultats de qui que ce soit. Nous avons également félicité l’opposition pour ses résultats. C’est cela la démocratie » avait-il magnifié, histoire de vouloir expliquer que si ces récentes élections territoriales n’ont pas provoqué de lendemains de violences et de contestations majeures, c’est parce qu’elles se sont déroulées dans la transparence.
Derrière ce match électoral plein d’éthique sportive et de fair-play se cache un bon arbitre de l’ombre : Général de police Tanor Thiendella Fall, directeur général des élections (Dge) dont l’expertise en matière d’organisation électorale est à ce point reconnue qu’elle s’est exportée vers plusieurs pays africains où elle est saluée comme modèle de réussite. Les commentateurs sportifs vous le diront, plus un arbitre s’efface et brille par sa discrétion, plus cela signifie qu’il a bien fait son travail.
Pour ce qui concerne le général Thiendella Fall, cela veut dire qu’il a su agir en merveilleux chef d’orchestre du jeu électoral en prenant les bonnes décisions : la tenue régulière des fichiers électoraux ; l’organisation et le suivi de la distribution des cartes d’électeurs ; le contrôle des conditions d’impression des bulletins de vote ; l’appui aux autorités judiciaires dans l’exercice de leurs missions relevant du Code électoral etc. Conséquence : au lendemain de la proclamation officielle des résultats des Locales 2022, la plupart des auteurs et acteurs du processus électoral ont homologué l’excellent travail de Thiendella Fall.
Que de records !
Et pourtant, certains experts nous expliquent que ces locales 2022 restent et demeurent les élections les plus complexes et les plus difficiles que le Sénégal a eu à organiser. Il est vrai que l’on se plaisait toujours auparavant à rappeler les élections de 2014 avec 2700 listes, mais celles de 2022 ont mis en lice 3149 listes pour 661 circonscriptions, 553 communes, 46 départements et 05 villes. Le tout avec un double vote et parfois triple vote dans certains départements comme Rufisque et Thiès. En plus de ces chiffres record, le fichier était presque à 07 millions d’électeurs devant voter dans 15066 bureaux répartis sur l’ensemble du territoire national. Ces élections territoriales ont nécessité l’impression de plus de 100 millions de bulletins pour plus de 40 coalitions et partis politiques en compétition. Encore un record ! Heureusement qu’on a une administration rodée qui n’a rien à envier aux administrations électorales des grandes démocraties. En effet, la Dge du Sénégal du général de police Thiendella Fall a encore fait un remake de la présidentielle de 2019 mais avec une qualité d’organisation égale ou supérieure. Il ne pouvait en être autrement compte tenu du contexte politique dans lequel évoluent des acteurs très exigeants qui ne laissent aucune place à l’amateurisme. Encore moins à des possibilités de fraudes.
Heureusement que l’alors commissaire de la Brigade des affaires criminelles (Bac) de la Dic Thiendella Fall est un grand professionnel rompu à la tache des processus électoraux. D’ailleurs ce n’est pour rien qu’on lui a confié les rênes de la présidence des administrations électorales francophones. Une présidence à laquelle il a été élu à l’unanimité et par acclamation par tous les pays membres lors de l’assemblée générale de cette organisation tenue au mois de novembre dernier. Sans surprise, depuis plus de vingt-ans, Thiendella Fall, qui symbolise l’expertise sénégalaise en matière électorale, a été sollicité dans plusieurs pays d’Afrique pour aider à l’organisation d’élections. Au sortir de ces élections locales, il n’est plus question de parler de fichier électoral et de manque de neutralité de l’administration. Par contre, la bataille de l’opposition doit plutôt concerner les transferts massifs et arbitraires d’électeurs. Pour ce qui le concerne, le général Thiendella Fall a réalisé de belles performances sauvant notre pays du chaos et de la terre brûlée provoqués souvent, sous d’autres cieux, par des fraudes électorales.
Par Serigne Saliou GUÈYE
BAMBA FALL, POSTURE ET IMPOSTURE
En transhumant officiellement cette fois-ci, le maire de la Médina ne fait que confirmer tout le travail mené pour Macky Sall depuis 2017 en sa qualité de cheval de Troie du pouvoir au sein de l’opposition
Décidément, la victoire des Lions à la Coupe d’Afrique des Nations est un bon prétexte pour assouvir des appétits mal étouffés. Si certains fédéraux ont glissé des proches dans la liste officielle de la délégation au Cameroun pour leur faire bénéficier des primes et autres terrains offerts par le président de la République, d’autres en profitent pour faire le grand saut et se rapprocher du pouvoir.
Bamba Fall, élu maire de la Médina le 23 janvier dernier, a saisi la balle de la victoire et de l’euphorie pour déclarer sa flamme politique au chef de l’Etat. « La Coupe d’Afrique des nations a fini de regrouper toutes les sensibilités du pays. Je m’en félicite vivement et je profite de cette occasion pour lancer un appel solennel à toute l’opposition sénégalaise.
Les élections sont derrière nous, j’invite tous les leaders à rejoindre le président Macky Sall pour l’intérêt supérieur de la nation. Car je suis persuadé que chacun de nous a un rôle à jouer pour la construction du pays. Qu’on arrête alors d’instrumentaliser les jeunes. Soyons tous unis derrière nos élus, d’opposition comme du pouvoir, pour la construction du pays. Je vais rejoindre le Président et travailler à ses côtés parce que c’est le moment. On fait de la politique depuis des mois, et il y a un moment pour cela et un moment pour travailler. Et on nous a élus pour cela. On ne peut pas travailler sans que le président nous accompagne et on a vu que le sacre des Lions n’a été possible que parce que tout le peuple sénégalais a fait bloc autour des futurs champions d’Afrique... » a déclaré Bamba Fall le jour de la victoire des « Lions ».
Ces propos annonciateurs d’une transhumance sans vergogne ont été suivis d’effet. Le 14 février — jour de la saint-Valentin ! —, un peu avant minuit, l’édile de la Médina a brandi à tout vent le décret le nommant ministre conseiller auprès du président de la République. Ce rapprochement soudain a surpris beaucoup de Sénégalais alors qu’en réalité, Bamba n’a jamais été éloigné du camp présidentiel depuis qu’il est sorti de prison le 25 avril 2017. Quelques jours après son élargissement, il avait organisé un meeting de condoléances à la suite du décès de son oncle.
Devant le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne venu avec une forte délégation présenter les condoléances du chef de l’Etat à cette occasion, le maire de la Médina s’était extasié en ces termes qui fleuraient don déjà la transhumance : « monsieur le Premier ministre, je vous demande de passer mes salutations à mon grand frère le président de la République, Macky Sall. C’est un homme bon. Certains ne savent pas faire la distinction et ils disent « est-ce qu’il ne veut pas transhumer ? » Moi je serai un socialiste à vie, mais je ne rabaisserai pas celui qui fait un acte d’une si haute portée à mon endroit. J’ai eu un décès, certains membres de mon parti ne sont même venus ici, alors que quelqu’un d’autre, qui n’est même pas du même parti que moi, vient compatir à ma douleur. Et on veut que je les mette au même pied. Non, je ne le ferai jamais ! » s’était-il extasié.
Voulant témoigner au président Sall toute sa gratitude pour cet « acte de haute portée et haute signification » — surtout que le Premier ministre était venu avec une énorme enveloppe contenant un « diakhal » consistant —, l’édile de la Médina avait renchéri en ces termes : « Que le président de la République, avec tous mes mots acerbes que je lui envoie dans le cadre de la politique, m’envoie son premier ministre, cet homme qui lui est si cher, pour venir me témoigner sa compassion, je salue vraiment cet acte. Te teranga dinako fay (Je le lui revaudrai, en wolof). Moi je n’ai pas de maître en politique. Ce que le président vient de faire, si cela ne suffit pas à quelqu’un, rien ne lui suffira. Car c’est très fort. Dis au Président que c’est un acte fort, je suis comblé. Je lui rendrai la monnaie de sa pièce ». Eh bien, il vient de la lui rendre, cette monnaie de la pièce du président Macky Sall ! Mieux, lors du Festival international Soninké qui s’était tenu le 21 février 2018, au stade Iba Mar Diop, le maire de la Médina n’avait pas tari d’éloges obséquieux à l’endroit du président de la République : « Vous êtes un Président généreux, un président très proche de sa population.»
Aujourd’hui, Bamba rend la pièce de la monnaie à Macky Sall en s’accointant avec lui. Depuis qu’il est sorti de prison, Bamba ne s’est plus investi comme un opposant au président Macky. Sa seule opposition, c’est à Cheikh Ba et au souspréfet Djibril Diallo. Une opposition qui ne sera plus d’ailleurs qu’un mauvais souvenir puisque l’honorable Bamba vient de rejoint le Mbourou ak Sow qui a pris du plomb dans l’aile depuis les élections locales du 23 janvier dernier. D’ailleurs quand Taxawu Dakar avait perdu les législatives de juillet 2017 au niveau de Dakar à cause du renversement de la situation aux Parcelles assainies, d’un côté, certains khalifistes avaient reproché au maire de la Médina d’avoir fait du tape-à-l’œil pour appuyer souterrainement la victoire frauduleuse de Bennoo aux Parcelles assainies. Ainsi, en transhumant officiellement cette fois-ci, Bamba ne fait que confirmer tout le travail qu’il a eu à mener pour le président Macky Sall depuis 2017 en sa qualité de cheval de Troie du pouvoir au sein de l’opposition. D’un autre côté, des responsables politiques disent que le pouvoir détient des preuves de scandale dans la gestion de la mairie de la Médina. Et que Bamba est obligé de transhumer sous peine d’être traduit en justice.
En décembre 2017, invité de Pape Alé Niang dans l’émission « Autour du micro », le maire de la Médina, évoquant l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, avait balancé que Yakham Mbaye, alors dirpub du journal le Populaire, recevait un million de Khalifa Sall à chaque fête de Tabaski. Dans une réplique publiée par le journal L’Observateur, Yakham Mbaye s’était indigné des « mensonges » du maire de la Médina en déclarant ceci : « Lorsque je m’exprimerai, selon mon tempo, et en profondeur, dans les prochaines heures, il s’agira simplement de livrer des faits cimentés par des dates, en des lieux et avec des témoins précis ». Et Yakham de menacer l’édile de la Médina en ces termes : « Lorsque j’en finirai avec Bamba Fall, il est clair que les Sénégalais sauront qui est le vrai ripoux.»
Mais lors du meeting de condoléances du 15 février 2018, Bamba et Yakham se sont réconciliés façon bisounours et les menaces de déballage ont été enterrées au nom de la transhumance qui pointait déjà à l’horizon. Tout cela se passait au moment où son « ami » Khalifa Sall, alors maire de Dakar, était en procès. La décence morale et l’éthique de l’amitié auraient réprouvé les remerciements intéressés de l’édile en ces moments douloureux où Khalifa Sall, enveloppé dans un linceul judiciaire taillé par Macky Sall, « bienfaiteur » de Bamba Fall, était au bord l’enterrement politique. Et à la présidentielle de février 2019, Bamba a déclaré que Médina vote neutre puisque tous les candidats sont ses amis. Ce qui a soulevé l’ire des khalifistes qui assimilaient à juste titre une telle posture à une imposture qui ne faisait que renforcer Macky Sall.
Trahison politique
Dire que « je vais travailler pour le président de la République » est une façon de trahir et de détourner les suffrages des Médinois qui se sont démarqués de son rival Cheikh Ba pour l’élire. Etre dépositaire d’un mandat électif est un acte par lequel des mandants invitent un responsable politique à se mettre au service des populations par le travail. Donc dire que « je vais travailler pour le Président de la République », c’est faire preuve soit d’ignorance de ses responsabilités de maire, soit être dans une position mystificatrice pour tourner casaque. Et si dans sa station actuelle, Bamba ne comprend pas encore que les populations de la Médina lui ont signifié, le 23 janvier passé par un acte citoyen appelé vote, de travailler pour le bien de leur collectivité, le réveil risque d’être brutal pour lui aux prochaines législatives s’il est investi dans la liste majoritaire de Dakar.
Maintenant il appartient à Bougane Gueye Danny, leader de Gëm Sa Bopp, qui s’est beaucoup extasié de la victoire de Bamba Fall de clarifier sa position par rapport à la transhumance du maire de la Médina investi sous la bannière de son mouvement. Sans cela, il risque de donner raison à ceux qui supputent que le leader de GSB travaille aussi pour Macky Sall. Une chose est sûre : les militants « Takhawou Dakar » de la Médina avaient eu raison de s’opposer vigoureusement à une investiture de Bamba Fall sur les listes de Yewwi Askan Wi en disant que s’il était candidat, ils voteraient contre lui car c’est un traitre. Comme ils avaient raison !