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17 juin 2025
CAN 2021, LA LISTE DES JOUEURS SELECTIONNES DEVOILEE VENDREDI
La Fédération sénégalaise de football (FSF) annonce que la liste des joueurs sélectionnés pour la CAN 2021 sera connue ce vendredi lors d’une conférence de presse
Dakar, 21 déc (APS) – La Fédération sénégalaise de football (FSF) annonce que la liste des joueurs sélectionnés pour la CAN 2021 sera connue ce vendredi lors d’une conférence de presse
Dans un communiqué transmis ce mardi à l’APS, elle précise que c’est le sélectionneur national, Aliou Cissé qui va animer cette rencontre avec la presse prévue au Good Rade sur la VDN à Dakar.
Ce sera la 3-ème fois que l’ancien capitaine va publier une liste pour la phase finale de CAN après celles de 2017 (Gabon) et de 2019 (Egypte).
Vice-champion d’Afrique, le Sénégal fait partie des favoris de cette édition qui aura lieu du 9 janvier au 6 février au Cameroun.
LA CAF MAINTIENT LA CAN POUR JANVIER
Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, a levé le doute, ce mardi, sur la tenue de la Coupe d’Afrique des nations 2021, qui aura lieu du 9 janvier au 6 février au Cameroun.
Dakar, 21 déc (APS) – Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, a levé le doute, ce mardi, sur la tenue de la Coupe d’Afrique des nations 2021, qui aura lieu du 9 janvier au 6 février au Cameroun.
‘’Je viendrai au Cameroun le 7 janvier 2022, je serai là pour le match d’ouverture [de la CAN 2021] Cameroun – Burkina Faso. Le 9 janvier [2022], nous donnerons le coup d’envoi de la CAN et je serai également là lors de la remise du trophée de vainqueur’’, a déclaré le président de la CAF, au terme d’une audience avec le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya.
Des supputations allaient bon train notamment quand l’ECA (Association des clubs européens) avait déclaré qu’elle ne mettrait pas à la disposition des sélections nationales les joueurs évoluant dans ces championnats, en raison de la recrudescence du Covid-19 favorisée par l’apparition du variant omicron.
Aussi, le président de la Fifa, Gianni Infantino, dans un entretien retranscrit par plusieurs médias, s’est dit favorable à un changement de dates pour la Coupe d’Afrique des nations, la compétition phare en Afrique.
‘’Si nous pouvons rationaliser le calendrier afin de garantir qu’une CAN puisse être jouée dans le cadre d’une fenêtre internationale plus longue, à l’automne plutôt qu’en janvier et février, je pense que nous aurons déjà réalisé quelque chose d’assez important pour qu’il y ait moins de perturbations pour de nombreuses ligues qui ont des joueurs de nationalités africaines dans leurs compétitions’’, avait dit le patron du football mondial.
De Doha (Qatar) où il a pris part à la finale de la Coupe du monde arabe de la Fifa, le président de la CAF a rallié Yaoundé pour rencontrer les autorités gouvernementales et le Comité d’organisation de la CAF.
Lundi, après une visite au stade Olembé qui doit abriter la cérémonie d’ouverture de la CAN, il a rassuré sur la tenue de la compétition au Cameroun avant de le confirmer ce mardi après son audience avec le président Biya.
L'ancien président mort il y a 20 ansfut-il un pont entre deux cultures ou un cheval de Troie ? Revenir aux racines intellectuelles de celui qui co-fonda la négritude, c'est éclairer le contexte d'une cristallisation du côté de la pensée
Senghor, mort il y a 20 ans, fut-il un pont entre deux cultures ou un cheval de Troie ? Revenir aux racines intellectuelles de celui qui co-fonda la négritude, c'est éclairer le contexte d'une cristallisation du côté de la pensée, et aussi une façon de se vivre Noir, à Paris, entre deux guerres.
Voilà vingt ans que Léopold Sédar Senghor est mort. Juste avant Noël, en 2001, et à Verson, en Normandie, c’est-à-dire plus près des bords de Loire, que de Dakar ou du delta du fleuve Saloum, sa région natale. Etudiant, c’est à ces châteaux de l’histoire de France, découverts en randonnant à vélo avec un autre étudiant, Indochinois celui-là, qu’il avait consacré son tout premier périple hexagonal, soixante-dix ans plus tôt. Boursier sénégalais dans la capitale d’un empire colonial sur le tard qui se prenait de passion pour l’exotisme, “les arts nègres”, le jazz et Joséphine Baker (arrivée des Etats-Unis trois ans auparavant dans le casting de la Revue nègre), Senghor avait débarqué à Paris en 1928. Il avait 22 ans. A l’époque, le Sénégal, où il était né en 1906, était encore une colonie française d’Afrique de l’Ouest, où les Pères blancs souvent se chargeaient de l’instruction.
La trajectoire de Léopold Sédar Senghor croise cette présence-là, à la fois coloniale et évangélisatrice, ses préférences et ses hiérarchies. Elle modèlera considérablement son histoire même si, troquant un sacerdoce pour un autre en cours de route, il deviendra finalement agrégé de grammaire - et pas curé comme il l’avait d’abord imaginé. La culture classique, légitime et élitaire, incorporée une fois arrivé à Paris, se chargera du reste de la part majoritaire de celui qui était le tout premier des agrégés littéraires à se trouver né sur le sol africain. Même si, par ailleurs, c’est à Paris aussi, où gravitent et transitent des intellectuels qui seront décisifs dans son élaboration de la négritude, qu’il découvre encore une bibliothèque tout autre, qui l’irrigue à son tour. Toute son histoire sera celle d’une trajectoire en forme de passerelle entre les deux.
Fils d’un commerçant plutôt à l’aise dans la région atlantique de Mbour, il avait en effet été envoyé à l’école des Pères blancs en 1913. D’abord dans sa petite ville côtière, puis à la mission de la ville plus importante ; et au collège à Dakar, enfin, à 130 kilomètres de son lieu de naissance, qui l’accueille en élève particulièrement doué à la scolarité fulgurante. Avant l’école catholique, il racontera qu’il avait seulement connu “un milieu animiste à cent pour cent”. Devenu entre-temps l’un des piliers de la négritude puis le premier chef de l’Etat du Sénégal rendu indépendant en 1960, et auteur prolixe, Senghor a en effet souvent détaillé son itinéraire dans des livres. C’est cette trame qu’on peut suivre pour arpenter son histoire et décomposer une façon tempérée de s’acclimater entre deux pays, deux cultures, jusqu’à sa mort voilà deux décennies.
Passeur métis ou idiot utile ?
En fait, la trajectoire de Senghor fut un pont, bien plus souvent, que cette posture de rupture à quoi une image trop figée, et simpliste, de ce que fut la négritude, tendrait à le figer. D’ailleurs, à trop ménager Paris en devenant l’un des vecteurs de sa culture, et en même temps son avocat, ses adversaires lui reprocheront d’avoir exonéré le colonialisme, et parfois d’avoir carrément incarné le néo-colonialisme. Au point que ce sont souvent des Blancs qui en tressent les louanges... à l’heure où il s’agit aussi, désormais, de faire l’inventaire de cette histoire-là, pour les intellectuels ouest-africains issus des générations qui lui ont succédé. Car Senghor fut à la fois le premier chef d’Etat d’un grand pays d’Afrique de l’Ouest devenu indépendant en 1960 et, durant toute la deuxième moitié du XXe siècle, celui sur qui la France s’appuiera durablement pour prolonger son empreinte, une fois l’empire défait.
La vie de Senghor permet d’éclairer sa place. Et, en particulier, ses débuts, de son arrivée à Paris à la fin des années 1920 et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale - où il sera libéré après avoir été fait brièvement prisonnier. Car celui que les médias français aiment de longue date instituer en chantre de la fierté noire fut sans doute un homme de rupture. Une rupture qui fut littéraire, épistémologique. Mais assez peu, à vrai dire, une rupture avec le centre névralgique du monde colonial, ses lieux de pouvoir politique, culturel, et symbolique. Parce qu'il fut notamment un intellectuel qui arrimait d’abord le continent noir du côté des élans, des émotions, et même de la féminité - “Sa faiblesse, est d’être émotion, élan d’amour plus que volonté réfléchie. Comme la Femme”, écrit Senghor. Et, aussi, parce qu’il forgera et défendra une “civilisation de l’universel” moins heurtée, ou frontale, que ce qu’on en a parfois retenu - aussi parce que Césaire, auquel il reste associé, était, lui, communiste et davantage révolté.
Premier académicien né sur le sol africain, il faut lire le discours - à la fois très long et très personnel - que lui offre en 1983 son ami Edgar Faure pour comprendre la place que Senghor occupe, à son élection à l’Académie française. Et depuis bien longtemps. Faure est celui qui avait fait de Senghor son secrétaire d’Etat, en 1955, sous la Quatrième République (“Le gouvernement qui se forme à la veille dela conférence de Bandoungne va pas commettre la folie de ne pas faire appel à vous”, justifiera-t-il a posteriori, trente ans plus tard).
Le rappeur, membre du mouvement de contestation "Y'en a marre", inculpé pour corruption et tentative de trafic de migrants, a été remis en liberté, mardi, et placé sous contrôle judiciaire, après trois mois de détention provisoire
C’est l’une des figures phares du mouvement de contestation "Y'en a marre" au Sénégal. Le rappeur Kilifeu, inculpé pour association de malfaiteurs, tentative de trafic de migrants ainsi que corruption, a été remis en liberté, mardi 21 décembre, et placé sous contrôle judiciaire, a annoncé l’un de ses avocats. Il était en détention provisoire depuis le 15 septembre.
Landing Bessane Seck, dit Kilifeu, a bénéficié d'une mesure de "liberté provisoire", a déclaré à l'AFP Me Ciré Clédor Ly. Le juge l'a "placé sous contrôle judiciaire et il doit se présenter (à la justice) chaque mois", a-t-il ajouté.
Une manifestation à l'appel du mouvement "Y'en a marre" avait eu lieu, vendredi, à Dakar, pour réclamer la libération de Kilifeu, arrêté le 15 septembre avec un autre rappeur et membre de la même organisation citoyenne, Simon Kouka.
Ce dernier, poursuivi dans le même dossier que Kilifeu, a été remis en liberté provisoire et placé sous contrôle judiciaire le 16 novembre, après, selon la presse, des ennuis de santé en prison.
Une affaire de trafic de visa
Le 15 septembre, un juge d'instruction avait inculpé les deux hommes, entre autres, d'association de malfaiteurs et de tentative de trafic de migrants, et les avait placés en détention provisoire.
Notamment accusé d'avoir facilité, moyennant finances, l'obtention de visas, Kilifeu est également inculpé de "tentative de faux dans un document administratif" et de "corruption".
Simon Kouka, soupçonné d'avoir loué son passeport français, est en outre inculpé de "complicité d'usage de faux".
En août, une vidéo montrant Kilifeu en train de recevoir une somme d'argent pour l'obtention d'un visa avait été diffusée sur un site internet.
Les deux rappeurs sont des membres fondateurs du mouvement "Y'en a marre", qui vise à inciter les citoyens à voter et qui milite pour le renouvellement de la classe politique et la lutte contre la corruption.
"Y'en a marre" a participé activement à la contestation politique, mêlée d'exaspération sociale et économique aggravée par la pandémie de Covid-19, qui a secoué en mars le Sénégal.
par Khadim Ndiaye
SENGHOR, CHANTRE DU (NEO)COLONIALISME FRANÇAIS EN AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Son amour pour la France ne s’arrête pas aux inspirations littéraires. N’a-t-elle pas pour louable dessein de "greffer le rameau latin sur le sauvageon africain" ? Le "génie" belge n’a "pas fait autre chose au Congo", dira-t-il en 1951
Ce texte du chercheur en histoire Khadim Ndiaye (Québec, Canada) est tiré du livre L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (Seuil, 2021). Nous le reproduisons ici avec l’accord de l'éditeur et de l’auteur.
Lorsque Léopold Sédar Senghor naît en 1906, le Sénégal est l’un des joyaux de l’Empire colonial français. Le territoire, qui abrite le siège du gouverneur de l’Afrique occidentale française (AOF), a été organisé au siècle précédent autour des « Quatre Communes » – Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar –, vieilles colonies héritées de l’Ancien Régime dont les habitants, imprégnés de culture et de valeurs françaises, jouissent de droits politiques particuliers. De 1848 à 1852, puis de nouveau à partir de 1879, ces quatre communes sont représentées à l’Assemblée nationale, d’abord par des Blancs, puis par des métis. En 1914, au seuil de la Grande Guerre, un Africain noir, Blaise Diagne, représente pour la première fois ces territoires singuliers, dont les habitants obtiennent deux ans plus tard la citoyenneté française. Né à Joal, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Dakar, Senghor ne jouit pas de ce privilège : il reste un « sujet » français, soumis au Code de l’indigénat. Mais le désir de devenir pleinement français habite déjà son jeune esprit.
Une fierté française
Soucieux d’« élever ses fils à l’européenne », le père de Senghor confie en 1913 son éducation au Père Léon Dubois, d’origine normande, chef de la mission catholique de Joal, puis en 1914, à la mission Saint-Joseph de Ngasobil tenue par les Pères du Saint-Esprit où, en plus d’un enseignement religieux, on lui inculque l’amour des auteurs classiques français. Après le cycle primaire, le jeune Léopold est pris en charge, au collège Libermann de Dakar, par le père Albert Lalouse, un Sarthois convaincu de la supériorité de la civilisation occidentale et déterminé à transformer les jeunes Africains en « Français à peau noire[1] ». C’est finalement au Cours secondaire officiel et laïque, devenu lycée Van Vollenhoven, à Dakar, qu’il obtient son baccalauréat.
Baigné très tôt dans la culture française, suivi par l’administration coloniale qui se félicite de son parcours et qui lui accorde une bourse, Senghor fait partie de la petite minorité d’élèves destinée à constituer l’élite noire de la colonie. Conservant son siège de député jusqu’à sa mort en 1934, fonction qu’il cumule avec celle de maire de Dakar et, pendant un an, celle de sous-secrétaire d’État aux Colonies, Blaise Diagne est le porte-parole de cette élite et le défenseur attitré de la France, à partir des années 1920, alors que les idées d’émancipation, lancées notamment par le panafricaniste Marcus Garvey, se propagent en Afrique de l’Ouest. Lorsque, nanti de sa bourse coloniale, Senghor débarque à Paris en 1928, il bénéficie de l’appui de Diagne. C’est grâce à l’intervention de ce dernier qu’il obtient, de façon dérogatoire, la naturalisation française en 1933.
« Le type de ces élites indigènes dont la France a le droit d’être fière »
À Paris, l’admiration de Senghor pour la France et sa littérature se renforce. Élève d’hypokhâgne puis de khâgne au prestigieux lycée Louis-Le-Grand, il s’y forge des amitiés durables, notamment avec Georges Pompidou, futur président de la République, et Aimé Césaire, avec qui il fondera en 1935 une éphémère revue, L’Étudiant noir. Premier Africain lauréat de l’agrégation de grammaire, Senghor, qui enseigne alors dans divers lycées et publie ses premiers poèmes dans le magazine littéraire Cahiers du Sud, sort de l’anonymat en septembre 1937 : invité par les autorités coloniales à prononcer deux discours, un à Dakar, un à Paris, il éblouit son auditoire. Quelques jours plus tard, le 4 octobre, le quotidien d’extrême droite L’Action française lui consacre un article louangeur. Senghor est « le type de ces élites indigènes dont la France a le droit d’être fière », note le journal maurassien[2]. Il publie poèmes et articles dans des revues littéraires réputées : Volontés, Charpentes.
Ainsi s’ouvre une longue tradition. Pendant des décennies, les élites françaises verront en Senghor le reflet de leurs propres fantasmes. Amoureux de l’Hexagone, le poète sénégalais apparaît aux uns comme la preuve vivante du génie colonial français. Chantre de la « négritude », aux côtés de la femme de lettres martiniquaise Paulette Nardal ou d’Aimé Césaire, Senghor est décrit par d’autres comme l’incarnation de la renaissance culturelle africaine. C’est cette ambiguïté que l’on retrouvera tout au long de sa carrière.
Éloge du « métissage » colonial
Pour comprendre l’ambivalence de Senghor, il faut garder en tête que son amour pour la France ne s’arrête pas aux inspirations littéraires qui ont fait de lui l’un des grands poètes d’expression française. Il voue également une admiration ambiguë aux idéologues de la suprématie occidentale. Sous prétexte de valoriser la culture « nègre », il tend à donner une définition essentialiste des « Noirs » et des « Africains » que ne renieraient ni Maurice Barrès, dont Senghor est un disciple revendiqué, ni même Arthur de Gobineau, auteur en 1853 de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, auquel le poète sénégalais se réfère explicitement.
La même ambivalence apparaît dans son attitude à l’égard des grandes figures de la colonisation, comme Faidherbe ou Lyautey, dont la stratégie consistait à valoriser certains éléments des sociétés africaines pour mieux asservir les masses indigènes. Passant sous silence les massacres qui ont ponctué la conquête du Sénégal, Senghor célèbre les « vertus » du conquérant : « Faidherbe s’est fait nègre avec les Nègres[3]. » Allusion aux efforts du gouverneur du Sénégal pour soumettre les sociétés africaines. Allusion aussi, sans doute, au fils métis que le même gouverneur eut avec une adolescente sénégalaise. « Si je parle de Faidherbe c’est avec la plus haute estime, jusqu’à l’amitié, parce qu’il a appris à nous connaître », affirmera Senghor en 1969[4].
Tiraillé entre deux aspirations – « ma vie intérieure a été trop tôt écartelée entre l’appel des Ancêtres et l’appel de l’Europe », écrit-il[5], Senghor fait l’éloge du métissage. L’Europe et l’Afrique, parce qu’elles sont en tout point opposées, dit-il, sont « deux mondes complémentaires ». Dans cette complémentarité, l’Europe, incarnant l’élément masculin, représente la raison et la volonté. Le continent africain tient pour sa part le rôle féminin : « Sa faiblesse, est d’être émotion, élan d’amour plus que volonté réfléchie. Comme la femme. » Un clin d’œil évident à Gobineau, pour qui la « variété mélanienne », espèce sensuelle par essence, est dotée de la « personnalité féminine » qui a besoin de l’« élément blanc » fécondant qui, seul, pourra l’élever.
Pour Senghor, la colonisation n’a rien, en soi, de condamnable. N’a-t-elle pas pour louable dessein de « greffer le rameau latin sur le sauvageon africain » ? Le « génie » belge n’a « pas fait autre chose au Congo », dira-t-il le 5 février 1951 devant un parterre d’écrivains belges[6]. À l’en croire, la pénétration européenne dans la psyché africaine est la matrice d’une nouvelle civilisation « afro-latine ». L’Europe, répète-t-il à l’envi, a pour mission de « féconder » l’Afrique, et de cette fécondation doit naître « un grand type métis culturel ».
« Nous ne sommes pas des séparatistes »
Incorporé dans un régiment d’infanterie coloniale en 1939, prisonnier des Allemands en 1940, il est transféré de camp en camp en France pendant plusieurs mois. Libéré début 1942 pour raisons de santé, il reprend sa carrière d’enseignant tout en participant à la résistance. Repéré par Robert Delavignette, directeur de l’École nationale de la France d’outre-mer (ENFOM), Senghor obtient en novembre 1944 la chaire de langues négro-africaines de cette prestigieuse institution.
Les questions soulevées à cette période par la Conférence de Brazzaville – dont les conclusions sont selon lui « un chef-d’œuvre qui fera date dans l’histoire mondiale[7] » – l’incitent à s’impliquer dans les débats publics[8]. C’est à cette période qu’il rédige son premier texte théorique sur les institutions franco-africaines. Ses propositions sont publiées début janvier 1945 dans un ouvrage intitulé La Communauté impériale française. Comme d’autres réformateurs coloniaux, Senghor prône un système fédéral capable d’articuler, et même de transcender, les concepts d’association et d’assimilation. Tout en s’appuyant sur les réflexions de Lyautey et de Delavignette, défenseurs du premier concept, le poète sénégalais défend l’« assimilation active et judicieuse » des Africains. Les colonisés, note-t-il, doivent « s’assimiler l’esprit de la civilisation française », pour que celle-ci « féconde les civilisations autochtones et les fasse sortir de leur stagnation ou renaître de leur décadence ». « Il s’agit d’une assimilation qui permette l’association, résume-t-il. C’est à cette seule condition qu’il y aura “un idéal commun” et “une commune raison de vivre”, à cette seule condition un Empire français[9]. »
Le 20 février 1945, suivant une recommandation du congrès de Brazzaville, une commission spéciale présidée par Gaston Monnerville est créée, chargée d’étudier la représentation des territoires d’outre-mer à l’Assemblée constituante. Les colonies africaines y sont représentées par Senghor, dont le nom a été proposé par Delavignette, et par le Dahoméen Sourou Migan Apithy. Mais les deux hommes déchantent en consultant les documents préparatoires de la commission : les territoires africains, constatent-ils, seront soumis au système discriminatoire du double collège qui confère aux colons un poids politique démesuré. Malgré leurs tentatives pour rééquilibrer les choses, Senghor et Apithy sont la cible de quelques étudiants africains établis à Paris, comme le Sénégalais Abdoulaye Ly et le Dahoméen Louis Béhanzin, qui critiquent leur « docilité ».
Senghor est échaudé par cette première expérience politique. Alors que la commission Monnerville rend son rapport à l’été 1945, il publie dans la revue Esprit un article offensif : « Défense de l’Afrique noire ». « Nous sommes rassasiés de bonnes paroles – jusqu’à la nausée –, de sympathie méprisante, lance-t-il ; ce qu’il nous faut, ce sont des actes de justice. Comme le disait un journal sénégalais : nous ne sommes pas des séparatistes, mais nous voulons l’égalité dans la cité[10]. » Il ne sera pas entendu : le gouvernement valide le système du double collège et toutes les dispositions qui marginalisent les « sujets » coloniaux.
L’Union française : une « maison familiale »
Cette première défaite ne l’empêche pas de se porter candidat aux élections du 21 octobre 1945. La colonie Sénégal-Mauritanie se voit attribuer deux sièges à l’Assemblée constituante : un pour le collège des citoyens, un pour le collège des non-citoyens. Lamine Gueye, candidat au siège des citoyens et représentant du parti socialiste, fait de Senghor son colistier pour le siège des sujets, à l’occasion d’un séjour de ce dernier au Sénégal. Tous les deux réaffirment dans leur manifeste électoral leur attachement à la France : « Enfants du Sénégal, totalement dévoués aux destins de ces vieilles terres françaises, notre seule ambition est de servir avec le maximum d’efficacité dans le cadre d’une République qui saura donner un peu de réalité à sa belle devise Liberté-Égalité-Fraternité. Vive la France ! Vive l’Afrique socialiste ! Vive la République[11] ! »
Victorieux, les deux députés s’installent à l’Assemblée constituante en janvier 1946. Senghor, membre de la commission chargée d’élaborer une nouvelle Constitution, approfondit ses réflexions sur les institutions impériales. Le rapport qu’il présente à la commission le 11 avril propose de compenser la sous-représentation des territoires d’outre-mer dans les institutions métropolitaines en dotant leurs assemblées locales de pouvoirs substantiels. Mais ses espoirs, pourtant modestes, sont douchés par le référendum du 5 mai, qui rejette le texte constitutionnel préparé par les députés.
Réélu à la deuxième Assemblée constituante, Senghor réitère ses propositions. Fort de sa théorie de la complémentarité et inspiré par les principes fédéralistes, il veut, dit-il, faire de l’Union française un « mariage plutôt qu’une association[12] ». Mais le débat entre les élus d’outre-mer et les membres du « Parti colonial » se durcit. Alors que les premiers réclament la liberté de gérer localement leurs propres affaires, les forces conservatrices s’insurgent contre l’idée d’une « fédération acéphale et anarchique ». La tension est à son comble. En août 1946, le député sénégalais s’emporte au cours d’un entretien donné à l’hebdomadaire socialiste Gavroche. « Nous sommes prêts s’il le fallait en dernier recours, à conquérir la liberté par tous les moyens, fussent-ils violents », tonne-t-il[13]. Cette surprenante interview, qui passe inaperçue, contient les déclarations les plus radicales qu’il ait jamais prononcées.
Lors des débats parlementaires de septembre 1946 sur les futures institutions de l’Union française, le député sénégalais revient à des sentiments plus conformes à sa modération habituelle. L’Union française, plaide-t-il, doit rejeter toute « prime à la sécession », pour devenir plutôt « une maison familiale, où il y aura sans doute un aîné, mais où les frères et les sœurs vivront vraiment dans l’égalité »[14]. Cette sage position, qui dissout l’égalité dans quelques « généralités culturelles », comme le remarque l’historien Yves Benot, esquive la question des « droits politiques réels »[15]. Le député sénégalais demeure donc fidèle aux directives de son parti, la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), qui refuse l’égalité politique aux colonisés. On est loin du panache d’Aimé Césaire, député de la Martinique alors proche du Parti communiste français (PCF), fustigeant en plein hémicycle l’hypocrisie des dirigeants français qui craignent, fulmine-t-il, « que le vin de la démocratie ne soit trop fort pour nos têtes exotiques[16] ».
« Si Senghor avait été à Bamako… »
Dix jours avant le vote du nouveau texte constitutionnel par l’Assemblée, le 28 septembre 1946, plusieurs députés africains signent un « Manifeste » convoquant les parlementaires des territoires africains sous administration française à un congrès au mois d’octobre à Bamako. Objectif : créer un grand mouvement politique africain capable de contrer les offensives conservatrices du lobby colonial.
Cet appel au rassemblement place les députés africains affiliés à la SFIO, donc au gouvernement, dans une position inconfortable. Soumis à d’intenses pressions de leurs « amis » socialistes français, et notamment de Marius Moutet, ministre de la France d’outre-mer, Lamine Gueye, Léopold Sédar Senghor, Yacine Diallo et Fily Dabo Sissoko, pourtant signataires du manifeste[17], décident de boycotter le congrès de Bamako. Selon l’historien Pierre Kipré, des chèques auraient été distribués par Moutet pour inciter ses « camarades » africains à se désolidariser du manifeste. Seul Sourou Migan Apithy, député socialiste du Dahomey-Togo, résiste aux pressions et participe au congrès, qui se tient du 19 au 21 octobre 1946[18].
Pensé au départ comme une alliance des forces politiques et syndicales d’Afrique française, le Rassemblement démocratique africain (RDA), le mouvement créé à Bamako et placé sous la présidence du député ivoirien Félix Houphouët-Boigny, est dès sa naissance privé du soutien d’un nombre important de députés africains et décide de compenser cette faiblesse par une alliance stratégique avec le groupe communiste au parlement français.
Senghor évoquera à plusieurs reprises cet épisode dans les décennies suivantes, incriminant alternativement le communisme de la direction du RDA et l’autoritarisme de la direction de la SFIO. « Mais je dois en toute modestie faire mon autocritique jusqu’au bout, avouera-t-il en 1957. Mon tort a été d’obéir aux ordres qui m’étaient imposés de l’extérieur[19] ». « Si Lamine [Gueye] et Senghor avaient été à Bamako, nous aurions écrit une autre page d’histoire », regrettera pour sa part Houphouët-Boigny[20].
En délicatesse avec la direction du parti, Senghor quitte la SFIO en 1948. Dans sa lettre de démission envoyée à Guy Mollet, il reproche aux dirigeants socialistes d’user de « pression administrative, de corruption, d’espionnage et de délation » dans les territoires d’outre-mer. Mais le député sénégalais s’abstient de dénoncer la répression qui s’abat sur les militants anticolonialistes, comme c’est notamment le cas à cette période à Madagascar et lors de la grève des cheminots en 1947.
Dans la foulée de sa démission, Senghor participe à la création d’un nouveau parti, le Bloc démocratique sénégalais (BDS), et se rapproche de Louis-Paul Aujoulat, député du Cameroun, qui quitte de son côté le Mouvement républicain populaire (MRP), pour constituer avec lui un nouveau groupe parlementaire : les Indépendants d’Outre-Mer (IOM).
Fort d’une dizaine de députés, ce groupe vient directement concurrencer les députés RDA. Il sert aussi de marchepied politique à Aujoulat, nommé secrétaire d’État à la France d’outre-mer en 1949, poste qu’il conservera jusqu’en 1953. Ce dernier, farouche adversaire de l’indépendance des colonies, notamment au Cameroun, crée en 1951 le Bloc démocratique camerounais (BDC), sur le modèle du parti frère sénégalais. Fervent catholique, et partisan comme lui de la « symbiose franco-africaine », Aujoulat est l’alter ego blanc de Senghor. « Ma peau est peut-être blanche, mais mon cœur est plus noir que celui de l’homme noir lui-même », assure-t-il[21].
Malgré les pourparlers engagés en 1950 par les IOM avec le RDA – alors en plein retournement stratégique – en vue de constituer un « Bloc africain » à l’Assemblée, aucune alliance n’est scellée entre Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny.
« Senghor est un homme loyal »
L’occasion manquée en 1946 à Bamako de créer un grand parti unifié ne sera pas rattrapée. Les rivalités personnelles et les manipulations gouvernementales, observe l’historienne Janet Vaillant, se sont combinées pour maintenir le clivage entre les deux hommes[22]. Les manœuvres des partis politiques pour contrôler des élus africains exacerbent les divisions.
Dans un rapport présenté au président de la République Vincent Auriol au lendemain des élections législatives de juin 1951, François Mitterrand, alors ministre de la France d’outre-mer, dresse un tableau optimiste des résultats électoraux en Afrique : « Tous les députés d’AOF, sauf deux hommes de valeur qui peuvent être inquiétants et qui sont Senghor au Sénégal et Houphouët en Côte d’Ivoire, sont pro-gouvernementaux[23]. » Houphouët est sous contrôle, précise-t-il, car les députés du RDA sont peu nombreux et inoffensifs. Quant à Senghor, il est « remarquable », estime Mitterrand : « Dans dix ans, il sera la principale personnalité du Sénégal. » Il faut donc « lui enlever ses armes » en manœuvrant le groupe des IOM auquel il appartient « de telle sorte qu’il n’ait pas de puissance parlementaire. »
Reçu à l’Élysée un an plus tard, le nouveau ministre de la France d’outre-mer, Pierre Pflimlin, peut rassurer le président de la République. « Senghor est un homme loyal, juge-t-il. Sa pensée est parfois ondoyante mais, à mon avis, il n’est pas dangereux au point de vue français. »
Le fédéralisme contre l’indépendance
S’il affectionne le concept de « liberté » et celui d’« autonomie », Senghor n’emploie jamais le mot « indépendance » dans les années 1950. Sauf pour en dénoncer les promoteurs. Car l’indépendance nationale est pour lui, comme pour beaucoup de ses contemporains, une « illusion », un « piège », une « notion périmée ». D’où son attrait pour une réforme fédéraliste de l’Union française, qui permettrait d’octroyer quelque liberté aux territoires d’outre-mer tout en renforçant leurs liens avec la métropole.
Dans La Communauté impériale française, publié en 1945, Senghor prône déjà un système institutionnel fédéraliste : les territoires français d’outre-mer seraient regroupés en six fédérations (dirigées par des gouverneurs métropolitains), qui seraient elles-mêmes représentées à Paris, à parité avec la métropole, dans un « parlement impérial » chargé des questions communes (défense, affaires extérieures, etc.). « Ce système, insiste-t-il, loin d’affaiblir l’autorité de la métropole, ne ferait que la renforcer puisqu’il la fonderait sur le consentement et l’amour d’hommes libérés, d’hommes libres ; loin d’affaiblir l’unité de l’Empire, il la souderait puisque le chef d’orchestre aurait pour mission non d’étouffer, en les couvrant de sa voix, les voix des différents instruments, mais de les diriger dans l’unité et de permettre à la moindre flûte de brousse de jouer son rôle. »
Senghor restera fidèle à cet idéal fédéraliste, seul antidote selon lui aux nationalismes qui persistent en Europe et s’éveillent en Afrique. Cet idéal inspire ses réflexions sur l’Eurafrique, dont il est un promoteur enthousiaste, et qui irrigue sa vision de l’Union française, dont la réforme est l’objet d’intenses débats dans les années 1950. Pris d’angoisse devant la montée des mouvements anticolonialistes, les revues et les journaux français ouvrent largement leurs colonnes au député du Sénégal, qui décrit la fédération comme l’unique solution pour prévenir en Afrique noire des insurrections comparables à celles qui ensanglantent l’Indochine et le Maghreb. « Le fédéralisme est la vérité du xxe siècle et l’avenir de l’Union française », écrit-il au mois de septembre 1955[24]. Sous la plume senghorienne, l’idéal fédéraliste apparaît donc comme la clé des grands défis de l’époque : il permettra à la France, cœur vibrant d’une civilisation eurafricaine en gestation, de tenir son rang sur la scène internationale en résistant aux « courants centrifuges » qu’alimentent conjointement le capitalisme et le communisme.
Le « masque » du néocolonialisme
Appelé pour la première fois au gouvernement en mars 1955, comme secrétaire d’État auprès du président du Conseil Edgar Faure, Senghor peut désormais sonner l’alarme depuis le sommet du pouvoir. « Il faut rebâtir l’Union française, réclame-t-il le 5 avril 1955. Dans dix ans, il sera trop tard. Le réveil du nationalisme aura alors tout disloqué. Chez les jeunes Africains encadrés par les communistes ce n’est plus de fédéralisme qu’on parle mais d’indépendance[25]. » Quelques jours plus tard, plusieurs projets de réformes du titre VIII de la Constitution, consacré à l’Union française, sont initiés.
Alors que la Conférence des nations afro-asiatiques se réunit fin avril 1955 à Bandung, le secrétaire d’État revient à la charge. C’est la prestigieuse revue La Nef – dirigée par l’épouse du président du Conseil, Lucie Faure – qui lui en donne l’occasion dans un numéro spécial sur l’Union française auquel est conviée la fine fleur du « réformisme » colonial (Gaston Monnerville, François Mitterrand, Maurice Duverger, Claude Cheysson, etc.). « Je ressens, comme beaucoup de Français, l’injustice commise à l’égard de la France, dont on a voulu faire le bouc émissaire de la conférence [de Bandung] », écrit Senghor, car « la France n’a jamais été raciste » et est « la moins “colonialiste” des puissances coloniales ». Face à la « gravité de la menace », insiste-t-il, la France doit accélérer les réformes fédérales en octroyant l’« autonomie interne » aux territoires d’outre-mer pour leur éviter d’avoir à choisir « entre l’uniforme de l’assimilation et le carcan de l’indépendance totale »[26].
Pareilles prises de position suscitent de vives réactions dans les milieux anticolonialistes. Invité par son ami « camerounais » Aujoulat pour une conférence à Douala sur l’avenir de l’Union française, Senghor est publiquement pris à partie en septembre 1953 par le vice-président de l’Union des populations du Cameroun (UPC), Ernest Ouandié, ulcéré par les odes pro-françaises du poète-député sénégalais. Invité en décembre 1954 au Ve congrès de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), Senghor est interrompu en plein discours par les huées des étudiants. Et la scène se répète en février 1955 : invité à discourir sur « Le fédéralisme et la jeunesse » à la Cité universitaire de Paris, il est accueilli par les cris et les insultes de plus de deux cents étudiants.
Quelques mois plus tard, en août 1955, François Sengat Kuo, étudiant camerounais membre de la FEANF, tranche le cas Senghor dans les colonnes de la revue Présence africaine. Son fédéralisme, comme celui de Mitterrand et de quelques autres, explique l’auteur, « n’est qu’un masque, et un masque n’a jamais rien changé au visage de celui qui le porte ». Ce que Sengat-Kuo qualifie de « néo-colonialisme »[27]. Terme rare à l’époque, mais promis à un bel avenir.
[1] Joseph-Roger de Benoist, Léopold Sédar Senghor, Beauchesne, Paris, 1998, p. 17.
[2] Claude Queveney, « Les élites indigènes et la culture », Action française, 4 octobre 1937.
[4] Senghor prononces ces paroles le jeudi 4 avril 1969 dans son message à la nation à Saint-Louis du Sénégal à l'occasion de la célébration du 9e anniversaire de l'indépendance.
[5] Cité in Joseph-Roger de Benoist, op. cit., p. 19.
[6] Discours devant le Pen Club des écrivains belges de langue française, 5 février 1951, in Liberté I. Négritude et Humanisme, Seuil, Paris, 1964, p. 122-125.
[7] Lettre adressée à Raymond Postal, citée in Ernest Milcent et Monique Sordet, Léopold Sédar Senghor et la naissance de l’Afrique moderne, Seghers, Paris,1969, p. 78.
[8] La conférence de Brazzaville est organisée par le gouvernement provisoire de la France libre (Comité français de la libération nationale) entre le 30 janvier et 8 février 1944. Réunissant les gouverneurs des territoires coloniaux d’Afrique, elle pose les fondations d’une modernisation des structures coloniales. L’idée étant d’éviter l’effritement de l’Empire français, fragilisé par les concurrences étrangères et les revendications des colonisés.
[9] Robert Lemaignen, Léopold Sédar Senghor et Sisowath Youtevong, La Communauté impériale française, Alsatia, Paris, 1945.
[10] Léopold Sédar Senghor, « Défense de l’Afrique noire », Esprit, juillet 1945.
[11] Cité in Abdoulaye Ly, Les Regroupements politiques au Sénégal (1956-1970), Kartala, Paris, 1992.
[12] Cité in Joseph-Roger de Benoist, op. cit., p. 47.
[13] Entretien avec Gavroche, 8 août 1946, in Liberté II. Nation et voie africaine du socialisme, Seuil, Paris, 1971, p. 17-18.
[17] La présence de Senghor parmi les signataires est sujette à caution. Selon l’historien Joseph-Roger de Benoist, Senghor a transmis sa signature par télégramme : marié le 12 septembre 1946 avec Ginette Éboué (fille de Félix), il était en voyage de noces, loin de Paris, au moment où le manifeste est élaboré.
[18] Pierre Kipré, Le Congrès de Bamako ou La naissance du RDA en 1946, Chaka, Paris-Dakar, 1989.
[19]Cité in Joseph-Roger de Benoist, op. cit., p. 49.
[20] Cité in Ernest Milcent, L’AOF entre en scène, Éditions Témoignage chrétien, Paris, 1958, p. 86.
[21] Cité in Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun !, La Découverte, Paris, 2011, p. 125.
[22] Janet Vaillant, Vie de Léopold Sédar Senghor. Noir, Français et Africain, Karthala, Paris, 2006.
[24]Marchés Coloniaux du monde, n° 514, 17 septembre 1955.
[25] In Afrique-Nouvelle, n° 400, 5 avril 1955, cité in Joseph-Roger de Benoist, op. cit., p. 68.
[26] Léopold Sédar Senghor, « Pour une solution fédéraliste », La Nef, n°9, juin 1955.
[27] François Sengat-Kuo, « La France fait son examen de conscience ou “le fédéralisme sauvera-t-il l’Union française” ? », Présence africaine, août-septembre 1955, p. 94.
LE COUP DE COLÈRE DE SAMUEL ETO'O SUR LE POSSIBLE REPORT DE LA CAN
Fraîchement élu à la tête de la Fédération camerounaise de football, l’ancien international affirme qu’il « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations »
Alors que les rumeurs sur un possible report de la CAN ne cessent d’enfler sous la pression de la Fifa, Samuel Eto’o dit son exaspération. Fraîchement élu à la tête de la Fédération camerounaise de football, l’ancien international affirme qu’il « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations ».
« Nous sommes très clairs en ce qui concerne notre engagement à faire [de la Coupe d’Afrique des nations] un succès au Cameroun. […] Nous serons tous présents au Cameroun dans quelques semaines », a assuré Patrice Motsepe lundi soir. Alors que les rumeurs sur un nouveau report de la CAN, qui doit se tenir au Cameroun du 9 janvier au 6 février, ne cessent d’enfler, le patron de la Confédération africaine de football (CAF) s’est voulu rassurant.
« On peut se rendre compte de l’ampleur des engagements pris pour que les problèmes évoqués ces derniers jours soient réglés, a-t-il ajouté. Nous allons organiser cette CAN, en partenariat avec le gouvernement du Cameroun, le peuple du Cameroun, la CAF et le nouveau président de la Fédération camerounaise, Samuel Eto’o. Ce sera une CAN réussie, la plus réussie de toutes ! »
Des déclarations qui interviennent alors que Samuel Eto’o, tout récemment élu à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a poussé un véritable coup de gueule, lundi. « Je ne vois pas pourquoi elle n’aurait pas lieu », a-t-il lâché, interrogé par nos confrères de Canal+ Sport Afrique sur l’éventualité d’un nouveau report de la CAN. Le ton posé, mais animé d’une colère froide, l’ancien international de football a affirmé que la Fecafoot « défendra avec la dernière énergie la tenue de cette Coupe d’Afrique des nations ».
« Certains Africains sont encore complices »
« Pourquoi la Coupe d’Afrique des nations ne se jouerait pas ? Donnez-moi une seule raison valable ! Ou alors, on est en train de nous traiter, comme on nous a toujours traités : nous sommes des moins que rien et nous devons toujours subir », a-t-il martelé, pointant la différence de traitement entre l’Europe et l’Afrique : « L’Euro s’est joué alors que nous étions en pleine pandémie, avec des stades pleins. Il n’y a pas eu d’incidents, et nous avons joué dans plusieurs villes en Europe. »
LES REVENUS DU PÉTROLE NE SERVIRONT PAS À AUGMENTER LES SALAIRES
Dans son discours tenu lors du Conseil présidentiel sur le projet de loi relatif à l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures en cours au Cicad, ce 21 décembre 2021, Macky Sall a averti les syndicalistes
Le chef de l’Etat, Macky Sall, se veut clair: les revenus qui seront tirés de l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz ne vont pas servir à augmenter les salaires. Dans son discours lors du Conseil présidentiel élargi sur le projet de loi relatif à la répartition et à l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures qui se tient à Cicad, ce 21 décembre 2021, il a averti les syndicalistes.
‘’Ce n’est pas parce que l’on va commencer l’exploitation du pétrole et du gaz que chacun va demander le dédoublement de son salaire. Des syndicats vont poser des préavis. Mais ce n’est pas du tout ce qui est prévu. Il faut bien le comprendre », a notamment précisé le président de la République. Macky Sall ajoute que « ces ressources, d’abord, ne nous appartiennent pas seuls, mais l’impact que l’on en tirera va améliorer le profil économique du pays, mais ça ne sera pas certainement pas pour aller acheter des équipes de football ailleurs ou pour distribuer de l’argent comme ça et augmenter des revenus des travailleurs. Il faudrait bien mettre ça dans la tête des gens’’.
Aussi, a-t-il rassuré, ces fonds n’appartiennent pas uniquement à la présente génération, mais à la future, aussi. Mais, d’après Macky Sall, « il ne s’agira pas de leur réserver des montants qui vont dormir dans des caisses. Des investissements et réalisations, qui vont transcender des générations, sont prévus ».
LE DÉPUTÉ EL HADJI MAMADOU SALL EN PRISON
Le parlementaire a été inculpé et écroué mardi à Dakar pour notamment "escroquerie et association de malfaiteurs" dans l'affaire de trafic présumé de passeports diplomatiques
Un député sénégalais a été inculpé et écroué mardi à Dakar pour notamment "escroquerie et association de malfaiteurs" dans une affaire de trafic présumé de passeports diplomatiques, a-t-on appris auprès de son avocat.
El Hadji Mamadou Sall, député membre de l'Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, a été convoqué mardi par un juge d'instruction du tribunal de grande instance de Dakar qui "lui a notifié son inculpation pour association de malfaiteurs, escroquerie, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux et décerné un mandat de dépôt", a affirmé à l'AFP Me Antoine Mbengue.
M. Sall et un autre député, Boubacar Biaye, également membre du parti au pouvoir, sont soupçonné d'avoir monnayé leurs services pour permettre à des individus d'obtenir des passeports diplomatiques. A la demande du juge, l'Assemblée nationale avait levé le 9 novembre leur immunité parlementaire. "Seul M. Sall a été convoqué ce matin par le juge d'instruction qui continue de mener l'instruction pour ce qui concerne M. Biaye", a indiqué à l'AFP Me Mbengue, qui défend également ce dernier.
Les détenteurs d'un passeport diplomatique sont, entre autres avantages, dispensés de visa pour se rendre dans les pays qui ont signé un accord de dispense de visa avec le Sénégal. Parmi ces pays figurent plusieurs pays membres de l'Union européenne.
Selon des éléments de l'enquête publiés dans la presse, les deux députés sont soupçonnés d'avoir joué les époux ou les pères grâce à des pièces d'état civil frauduleuses, permettant à leurs conjointes ou leurs enfants fictifs d'obtenir eux aussi un passeport.
Un commerçant présenté comme le cerveau présumé de ce réseau est en prison depuis le 13 septembre.
SOMMET UE-AFRIQUE, MACRON MISE SUR MACKY SALL ET PAUL KAGAMÉ
Emmanuel Macron s’est entretenu lundi avec les présidents rwandais Paul Kagame et sénégalais Macky Sall pour préparer le sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA) des 17 et 18 février à Bruxelles, un des points forts de la présidence française
Emmanuel Macron s’est entretenu lundi avec les présidents rwandais Paul Kagame et sénégalais Macky Sall pour préparer le sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA) des 17 et 18 février à Bruxelles, un des points forts de la présidence française du Conseil européen. Les dirigeants sénégalais et rwandais sont, pour Paris, « deux interlocuteurs clés dans la préparation de ce sommet » car le Sénégal assurera la présidence tournante de l’UA pour 2022-2023, tandis que Paul Kagame « a longtemps présidé l’agence du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) », a expliqué l’Élysée.
Ils ont tous deux participé dimanche à Bruxelles à une réunion préparatoire de ce sommet, qui vise à « renouveler en profondeur le partenariat entre les deux continents en faveur de la stabilité et de la prospérité », selon la présidence.
Avec Paul Kagame, reçu à déjeuner à l’Élysée, et Macky Sall, joint par téléphone, Emmanuel Macron a évoqué la crise du Covid-19. En revenant sur « l’intensification des dons de doses vaccin par la France » vers l’Afrique, « qui a permis la livraison de 485 000 doses au Sénégal et 960 000 au Rwanda ». « Après avoir déjà partagé 75,6 millions de doses cette année, la France s’est engagée à en donner 120 millions d’ici mi-2022 », rappelle l’Élysée, en soulignant l’urgence d’une « accélération des campagnes de vaccination dans chacun des pays africains ».