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11 août 2025
par Oumou Wane
LE SÉNÉGAL CHAMPION D’AFRIQUE, C’ÉTAIT LE 6 FÉVRIER 2022
Tous les superlatifs ont été employés, triomphe, apothéose, consécration… Évidemment cette victoire fait « date », mais elle fait aussi « société » car elle ramène un peu d’optimisme à cette génération
Nuit de liesse, jour férié, joueurs décorés par le président Macky Sall, la victoire est totale et le sacre historique. Le Sénégal devient champion d’Afrique des nations pour la première fois de son histoire, de notre histoire et les Lions de la Teranga sont nos héros nationaux.
Une ambiance festive s’est emparée de toute la ville de Dakar et de sa banlieue, de tout le pays. Au milieu des drapeaux du Sénégal, accrochés aux immeubles, sur les véhicules, sur les artères et les trottoirs, dans plusieurs quartiers, l’ambiance est folle. Les gens s’enlacent au milieu des feux de joie, des danses et chansons sont scandées à la gloire de la sélection.
Oui monsieur Aliou Cissé, les échecs "appartiennent au passé". Oui, « une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne ». Confiance et humilité. Vous ne vouliez pas que vos hommes tergiversent sur une "malédiction sénégalaise" après deux finales perdues et ils ont eu les nerfs solides.
Grâce à vous et à eux, dans tout le pays, les Sénégalais s’embrassent, se sautent dans les bras. Tout le monde est heureux d’un bonheur partagé et collectif. Cette équipe nous rend fiers d’être Sénégalais et nous apporte tant d’espoir.
Tous les superlatifs ont été employés, triomphe, apothéose, consécration… Évidemment cette victoire fait « date », mais elle fait aussi « société » car elle ramène un peu d’optimisme à cette génération.
Tout semblait figé dans un contexte socio-économique fermé, comme ce match contre l’Egypte, la nation la plus titrée dans cette CAN avec 7 victoires. Et tout à coup, ce dernier tir au but de Sadio Mané et cette joie libératrice. Des cris, des pleurs, des rires incontrôlés. Ce n'est plus un rêve mais une réalité. Et quelle réalité ! Une première étoile. Il fallait l'avoir vu pour le croire. Une bande de Lions est venue au Cameroun et n’a pas cédé à la pression lors de l’éprouvante séance de tirs au but. Ils ont tenu leur promesse de rentrer avec la coupe à la maison.
Cette étoile, c’est l’espoir qu’on attendait, parce qu’aucun événement n’est capable de rassembler autant de monde dans la joie. Le sport peut faire bien plus que la politique et ses discours. En sport comme en politique, on le sait bien, les erreurs du mauvais casting se payent cash.
Enfin, pour cette génération, vainqueur de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations 2021, c’est l’heure de gloire qui fait souffler un vent d'espoir collectif.
Mais qu'est-ce qu'un collectif ? Nous devons nous interroger sur ce qui fait la richesse de notre société. Profiter de cette euphorie pour réfléchir à ce qui compte vraiment, et ce qu’il faut valoriser en conséquence. Qu’est-ce qui rend les gens heureux ? « Quand ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ».
Comprendre la force du collectif, c’est mettre toutes les chances du côté de son équipe pour lui permettre de s’épanouir et de faire fructifier la société.
Au palais de la République, les champions d’Afrique ne manqueront pas d’inspirer nos dirigeants. Reçus et décorés par le président sénégalais Macky Sall qui n’a pas manqué de féliciter les joueurs, en qualifiant Sadio Mané de « seigneur du football », et qui en grand connaisseur des territoires, sait que ces célébrations ont une saveur particulière dans les fiefs des Lions, à Bambali, village d’où est originaire Sadio Mané, ou encore à SaintLouis, la ville de l’attaquant Ismaïla Sarr. Et que dire de Ziguinchor, où est né Aliou Cissé, l’enfant de la Casamance.
Je me souviens de Macky Sall au début de son premier mandat, quand il joue au foot à Popenguine durant ses vacances. Un président en t-shirt blanc et short noir, pieds nus, si ouvert malgré ses airs austères. Aujourd’hui, je le retrouve léger et lion lui-même, plein de cette fougue enfantine et débarrassé, comme Aliou Cissé, pendant quelques jours de la charge critique quotidienne. Car les sportifs comme les politiques le savent bien, l’euphorie est de courte durée.
Demain, nous devons nous mobiliser pour la suite, car les deux amis et coéquipiers de Liverpool, qui ont chacun remporté le Ballon d’or africain ces dernières années, attendent le match retour qui va arriver très vite. Sénégal et Égypte se retrouveront en mars pour l'affiche des barrages africains de la Coupe du monde. Le duel africain Mané-Salah ne fait que commencer.
LE SENEGAL EVALUÉ PAR L’ONU DEMAIN
Le Sénégal sera demain à Genève, face au Comité des droits de la femme de l’Onu. Il va examiner aussi le Gabon, le Panama, l’Ouganda, l’Ouzbé-kistan, le Pérou, le Liban et la République Dominicaine
Le Sénégal sera auditionné demain à Genève, par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedef). Le comité est composé de 23 experts internationaux sur les droits des femmes, venant du monde entier.
Le Sénégal sera demain à Genève, face au Comité des droits de la femme de l’Onu. Il va examiner aussi le Gabon, le Panama, l’Ouganda, l’Ouzbé-kistan, le Pérou, le Liban et la République Dominicaine. Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (Cedef) ouvre ainsi sa session par ces pays, qui constituent les 189 Etats parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. «Ils sont tenus de se soumettre à des examens réguliers par le comité composé de 23 experts internationaux indépendants, sur la manière dont ils mettent en œuvre la convention», annonce le Haut-commissariat des Nations unies au droit de l’Homme.
Selon cet organisme onusien, «le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, qui a reçu les rapports nationaux respectifs et les soumissions des organisations non gouvernementales, a commencé depuis lundi ses réunions publiques pour examiner la situation des droits des femmes et de l’égalité des sexes dans ces huit pays». Elles se poursuivront jusqu’au 25 février.
Au Sénégal, le débat sur les violences faites aux femmes est toujours d’actualité. Malgré les efforts des autorités pour améliorer leur sort, comme la criminalisation du viol, il y a encore des défis à relever comme les violences domestiques et aussi l’autorisation de l’avortement médical en cas de viol ou d’inceste.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes est un organe composé d’experts indépendants, qui surveille la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le comité est composé de 23 experts internationaux sur les droits des femmes, venant du monde entier. Les Etats parties à la convention sont tenus de présenter au comité, à intervalles réguliers, des rapports sur la mise en œuvre des droits consacrés par la convention. Lors de ses sessions, le comité examine chaque rapport et fait part de ses préoccupations et recommandations à l’Etat partie, sous la forme d’«observations finales».
En vertu du Protocole facultatif à la convention, le comité est habilité à : examiner des communications émanant de particuliers ou de groupes de particuliers qui se disent victimes d’une violation des droits protégés par la convention, et à mener des enquêtes sur des violations graves ou systématiques des droits de la femme. Ces mécanismes sont facultatifs et ne concernent que les Etats parties au protocole. Le comité émet également des recommandations générales et suggestions. Les recommandations générales s’adressent aux Etats et portent sur des dispositions ou thématiques de la convention.
L’UA DECRETE 2022, ANNEE DE LA NUTRITION
L’Union africaine loue l’action des Leaders africains pour la nutrition de la Banque africaine de développement (Bad) et déclare 2022, «Année de la nutrition de l’Union africaine».
L’Union africaine loue l’action des Leaders africains pour la nutrition de la Banque africaine de développement (Bad) et déclare 2022, «Année de la nutrition de l’Union africaine».
L’initiative des Leaders africains pour la nutrition, placée sous l’égide de la Banque africaine de développement (Bad), a été distinguée, dimanche dernier à Addis Abéba, par l’Union africaine (Ua) pour les progrès accomplis dans la promotion des investissements pour la nutrition, à l’échelle du continent.
A l’issue de sa 35e session ordinaire, l’Ua, à travers une décision succincte, a félicité cette initiative qui a permis de soutenir le plaidoyer en faveur de la nutrition dans le cadre des efforts déployés pour que les Etats membres consacrent des ressources financières adéquates aux interventions nutritionnelles.
L’initiative «Leaders africains pour la nutrition» est une plateforme d’engagement politique de haut niveau pour faire progresser la question nutritionnelle en Afrique. Elle est dirigée par des (anciens) chefs d’Etat, des ministres des Finances et d’éminentes personnalités.
La session de l’Ua a déclaré 2022, «Année de la nutrition de l’Union africaine». Le président du Groupe de la Bad, Dr Akinwumi A. Adesina, a souligné l’importance de faire progresser la question nutritionnelle.
Selon Beth Dunford, vice-présidente de la Banque chargée de l’Agriculture et du développement humain et social, «la reconnaissance des efforts des Leaders africains pour la nutrition intervient au moment où cette initiative capitalise sur la visibilité que la déclaration de l’Année de la nutrition de l’Union africaine apporte à la lutte pour l’éradication de la malnutrition et l’accroissement de la sécurité alimentaire en Afrique».
Les Leaders africains pour la nutrition poursuivent trois objectifs pour l’Année de la nutrition. Il s’agit de garantir les investissements nécessaires à la mise en œuvre d’un plan d’actions pour la nutrition qui permette de réduire la malnutrition sur l’ensemble du continent, d’identifier les interventions rentables qui méritent d’être mises en œuvre et promouvoir la responsabilité, les Etats membres de l’Ua s’efforçant d’atteindre les Objectifs de l’Assemblée mondiale de la santé et les Objectifs de développement durable des Nations unies en matière de nutrition.
L’Année de la nutrition de l’Ua s’articule autour du thème du Renforcement de la résilience nutritionnelle et de la sécurité alimentaire du continent.
Elle vise à renforcer les systèmes fondamentaux tels que les systèmes agroalimentaires, sanitaires et de protection sociale et à accélérer le développement du capital humain, social et économique en Afrique.
Les Leaders africains pour la nutrition aideront la Commission de l’Ua et le gouvernement de la Côte d’Ivoire à réunir les «champions de la nutrition» membres de l’initiative, afin de concevoir des stratégies garantissant la bonne mise en œuvre de la déclaration. L’initiative soutiendra également, la Commission de l’Ua dans son plaidoyer auprès des dirigeants africains pour accroître les investissements dans des interventions soigneusement ciblées et dans le suivi des progrès réalisés.
L’initiative prévoit également d’organiser des réunions consultatives de haut niveau avec les parties prenantes des pays africains, consacrées à la mobilisation de ressources supplémentaires pour investir dans la nutrition. Il est également prévu que les Leaders africains pour la nutrition valident un bilan à mi-parcours qui quantifiera les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la déclaration de l’Année de la nutrition de l’Ua.
«La promotion de la nutrition s’inscrit dans la stratégie “nourrir l’Afrique” de la Banque, qui se déploie à travers nombre de programmes de la Banque, tels que notre programme phare “Techno-logies pour la transformation de l’agriculture africaine”, qui fournit des technologies adaptées au changement climatique à des millions de petits exploitants agricoles africains, les aidant ainsi à produire des denrées alimentaires en plus grande quantité et plus nutritives», a déclaré le directeur pour l’Agriculture et l’Agro-industrie de la Bad, Dr Martin Fregene.
Quelque 61,4 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance en Afrique parmi lesquels 12,1 millions souffrent de cachexie et 10,6 millions sont en surpoids.
L’Année de la nutrition de l’Ua s’étend de février 2022 jusqu’à la prochaine session ordinaire de l’organisation.
Seydina Aboubacar Sadikh NDIAYE
QUELS IMPACTS DE LA VICTOIRE DES LIONS SUR LE TISSU ECONOMIQUE ?
L’économie du sport doit pouvoir y prendre son envol, impulser, créer et développer un véritable tissu économique constitué de Pme-Pmi structurées et formelles, pourvoyeuses d’emplois
Le premier sacre des Lions à la Coupe d’Afrique des nations (Cameroun 2021) a été obtenu après d’âpres luttes, tout au long de la compétition : des éliminatoires à la finale. C’est la raison pour laquelle il faut l’analyser sur tout le processus.
Le premier enseignement que l’on peut tirer, c’est la persévérance dans l’effort et le mental guerrier qui a animé toute l’équipe, à la tête de laquelle le sélectionneur national a eu à jouer un grand rôle. Le deuxième enseignement, c’est qu’il a su créer une véritable équipe où chacun s’est senti fortement impliqué pour l’atteinte de l’objectif tracé par le chef de l’Etat. Comme troisième enseignement et non des moindres, il a su faire adhérer toute son équipe à l’envie de gagner cette Coupe d’Afrique. En atteste, la hargne des joueurs, dont aucun n’a baissé la garde durant la compétition, pour faire entrer le Sénégal dans l’histoire.
Ce résultat historique doit être salué par tous, surtout au vu des retombées qu’il pourrait y avoir sur l’économie nationale.
Le secteur qui en tirera le plus gros avantage est celui du sport, de façon générale. L’économie du sport doit pouvoir y prendre son envol, impulser, créer et développer un véritable tissu économique constitué de Pme-Pmi structurées et formelles, pourvoyeuses d’emplois, au profit des jeunes et des femmes, autour des équipes, dans des secteurs aussi divers, allant de la création d’instituts de sport, à l’installation des salles professionnelles de sport, en passant par la production d’équipements et d’accessoires sportifs, jusque-là très dépendants des importations.
Les autres secteurs qui peuvent tirer parti de cette victoire sont, entre autres, le Tourisme avec tous ses effets induits dans les domaines de la Culture et de l’Artisanat, ainsi que les secteurs du Commerce et les Investissements directs étrangers (Ide). Aujourd’hui, le rayonnement du Sénégal est devenu une réalité, partout dans les cinq continents. Certains investisseurs ou hommes d’affaires chercheront à mieux connaître les forces, atouts et opportunités du Sénégal : sa position géographique, sa culture, la jeunesse de sa population (65% de la population a moins de 25 ans), les idéaux du Peuple sénégalais, le niveau d’avancée de sa démocratie, sa stabilité, la qualité de ses ressources et potentialités économiques, pour probablement venir le visiter ou y investir.
L’économie du sport ne doit pas être seulement l’apanage de l’Etat et des Collectivités territoriales. Il faut une approche inclusive et intégrée de développement des chaînes de valeurs ou filières sportives, avec le concours de tous les acteurs à la base (Fédération nationale, Equipe nationale, Equipes de Divisions 1, 2, Equipes des Nawétanes, Asc, etc.) et des partenaires, y compris les autres acteurs du secteur financier (banques, Sfd, fonds d’investissements, compagnies d’assurances, etc.).
Il faudra, pour cela, une nouvelle vision, avec des équipes-entreprises, où les joueurs perçoivent des salaires et bénéficient d’une protection sociale, avec une couverture maladie et un droit à une pension de retraite, conformément aux dispositions de l’Ohada.
Cette vision pourrait être traduite en une politique intégrée, bien articulée avec les nouveaux défis et opportunités du Pse, dans l’optique de créer un secteur privé beaucoup plus fort, dans le domaine du sport, avec des équipes évoluant en entreprises mieux structurées et formelles.
Ces entreprises du secteur des sports pourront générer des revenus substantiels nécessaires à leur fonctionnement et investissements. En effet, elles pourraient profiter des opportunités et soutiens que leur offre le Pse (Ppp, programmes de formalisation, appuis financiers, accompagnements sectoriels divers), pour diversifier leurs partenariats, étendre leurs activités bien au-delà du sport, dans les secteurs productifs de l’Agriculture, de l’Elevage, de la Pêche, voire dans le marché financier régional, avec l’offre d’un compartiment Pme, au niveau de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm) et les possibilités d’y effectuer des placements financiers divers.
SADIO MANE VEUT QUITTER LIVERPOOL CET ETE
Vainqueur de la Can et meilleur joueur du tournoi, Sadio Mané s’est mis sur le marché des transferts et ouvre la porte à un départ de Liverpool cet été
Vainqueur de la Can et meilleur joueur du tournoi, Sadio Mané s’est mis sur le marché des transferts et ouvre la porte à un départ de Liverpool cet été. L’autre raison qui amène le Sénégalais à penser à un départ est liée à la signature de Luis Díaz qui évoluera au même poste.
Sadio Mané fait clairement partie des meilleurs joueurs de la planète. Quatrième au Ballon d’Or France Football 2019, le Sénégalais a surtout atteint un niveau exceptionnel. Il n’y a plus de challenges pour lui en Angleterre. Puisque le Ballon d’Or africain 2019 a déjà gagné avec Liverpool, la Ligue des Champions, la Premier League et la Supercoupe d’Europe. Après une brillante victoire à la Can 2021 avec le Sénégal, Mané souhaite passer à un niveau supérieur.
Selon le site Goal et repris par Afriquesports, le natif de Bambali s’est mis sur le marché des transferts et ouvre la porte à un départ de Liverpool cet été. Pour le média, Mané a déjà demandé à ses agents de rester à l’écoute des offres venant du Real Madrid et du Fc Barcelone. L’autre raison qui amène le Sénégalais à penser à un départ est la signature de Luis Díaz qui évoluera à son poste de prédilection.
«Il l’a fait savoir à ses agents»
«Comme nous l’avons appris, Sadio Mané est prêt à quitter Liverpool si Madrid ou Barcelone frappent à sa porte cet été et il l’a fait savoir à ses agents. La situation est cohérente, puisque le contrat se termine en 2023. Et Liverpool, s’il veut tirer profit de sa vente, devra le vendre sur le prochain marché. (…) L’une des raisons qui l’ont poussé à vouloir changer de décor est de pouvoir entrer dans le combat pour être le meilleur joueur africain de l’histoire», peut-on lire.
Salah déjà à Liverpool, Mané attendu jeudi
Finalistes de la Coupe d’Afrique des nations, dimanche, respectivement avec l’Egypte et le Sénégal, vainqueur de la compétition, Mohamed Salah et Sadio Mané ne devraient pas rejouer en même temps avec Liverpool.
Battu avec l’Egypte en finale de la Can, Salah, qui est rentré depuis lundi, pourrait rejouer dès ce jeudi avec Liverpool contre Leicester en Premier League. Par contre son coéquipier sénégalais sera encore absent. Leur entraîneur Jürgen Klopp a donné de leurs nouvelles, ce mardi en conférence de presse.
«J’ai discuté avec lui et la première chose que Mo m‘a dite, c’est : «Je suis prêt»», informe le coach des Reds. En revanche, Mané n’est pas encore rentré en Angleterre. Après avoir fêté le sacre des Lions au pays, l’enfant de Bambali, qui a été décoré hier avec ses coéquipiers, est attendu justement jeudi à Liverpool.
Mané et Mendy dans le cercle fermé des vainqueurs de Can et Ldc
Historique, tel un guide, Sadio Mané a conduit le Sénégal vers son premier sacre continental ce dimanche en battant l’Egypte en finale de la Can 2021.
A noter qu’avec ce sacre, Sadio Mané et Edouard Mendy rentrent dans le cercle restreint des joueurs africains qui ont décroché à la fois la Can et la Ligue des Champions (Ldc). On peut citer : Rabah Madjer (Algérie), Abedi Pelé (Ghana), Samuel Eto’o (Cameroun), Yaya Touré (Côte d’Ivoire), John Obi Mikel et Finidi George (Nigeria), Salomon Kalou (Côte d’Ivoire), Geremi Njitap (Cameroun).
LE FOOT, CIMENT DE LA NATION
Malgré deux dialogues nationaux et des concertations sur le processus électoral, les acteurs politiques n’étaient d’accord que sur leurs désaccords. Le sacre de l’équipe nationale du Sénégal à la Can a fédéré toute une nation
Malgré deux dialogues nationaux et des concertations sur le processus électoral, les acteurs politiques n’étaient d’accord que sur leurs désaccords. Le sacre de l’équipe nationale du Sénégal à la Can a fédéré toute une Nation.
La scène paraît surréaliste : Barthélemy Dias et Khalifa Sall serrant la main du Président Macky Sall dans une bonne ambiance. Le football est magique et les images de l’aéroport militaire de Yoff l’ont rappelé. Macky Sall, Abdoul Mbaye, Bougane Guèye Dany, Barthélemy Dias, Khalifa Sall, Déthié Fall, Mayoro Faye, qui se congratulent… La politique a certes ses surprises et retournements, mais les antagonismes étaient tellement abyssaux que ces faits relevaient pratiquement de l’impossible à court terme. Pour l’histoire, le Covid-19, dès son apparition au Sénégal en mars 2020, avait pu réunir la classe politique dans des circonstances tristes. Il y a eu des séances de dialogue national, d’appels de chefs religieux, des concertations sur le processus électoral, des ateliers nationaux sur les questions de pétrole et de gaz et même des victoires de sportifs (basket féminin, beach soccer,…). Jamais les politiciens n’ont été aussi réunis.
Cet élan fédérateur, le président de la République doit être le premier à s’en réjouir. Lui qui a institué la journée du 28 mai, comme celle du dialogue national. Il a déjà organisé deux dialogues sans jamais avoir l’adhésion de tous les acteurs politiques. Le premier est organisé le 28 mai 2016, au sortir d’un référendum qui a divisé le pays et lors duquel le camp du «Non» a obtenu 37%, un record national pour un scrutin de ce type. A la table des discussions, il n’y aura ni Khalifa Sall, ni Ousmane Sonko, ni Idrissa Seck, alors que le Pds était parti avec l’intention de négocier la libération de Karim Wade, finalement élargi moins d’un mois plus tard (24 juin 2016). Lors du dialogue post-réélection de Macky Sall du 28 mai 2019, le Pds décide de boycotter comme Ousmane Sonko, alors que Idrissa Seck s’était fait représenter par Mamadou Diop Decroix. Oumar Sarr, en disgrâce dans le parti libéral, avait fait fi de la directive de Me Abdoulaye Wade pour se présenter au Palais.
A l’époque, Ousmane Sonko déclarait à propos de ces concertations dirigées par Famara Ibrahima Sagna : «Les Sénégalais doivent désormais parler du gouvernement de Famara Ibrahima Sagna. Car sa mission, c’est de fabriquer un programme parce que quand un exercice de ce genre englobe les questions politiques, économiques et sociales, il s’agit carrément de fabriquer un programme à la place de ‘‘Ligueyal euleuk’’ et du Pse. Donc, nous devrons considérer que la manœuvre qui consistait à supprimer le poste de Premier ministre, devait aboutir à désigner un gouvernement informel qui sera un panier à salade.»
Unité jusqu’à quand ?
Le leader de Pastef qui citait toujours Macky Sall par son nom, a félicité lundi le président de la République après le succès des Lions du football. «Depuis Porokhane où je me trouve actuellement pour une ziarra en prélude au Magal prévu ce 10 février, date qui coïncide avec celle de mon installation à la mairie de Ziguinchor, je viens de recevoir un appel du doyen Habib Sy m’informant que le Président Macky Sall, par le biais du ministre de l’Intérieur, nous a fait l’honneur de convier la coalition Yewwi askan wi à l’accueil populaire des Lions, champions d’Afrique 2021. Je remercie vivement le président de la République pour cette invitation, à laquelle répondront les leaders de la coalition présents à Dakar, et le félicite pour cette victoire qu’il a tant souhaitée et à laquelle il a beaucoup œuvré», a déclaré Sonko sur Facebook. C’est le contraire de ses déclarations à la suite des évènements tragiques de mars 2021, lorsqu’il soutenait même que Macky Sall est un «Président légal mais illégitime». Il disait : «Vous ne m’entendez jamais l’appeler Président Macky Sall, je ne l’appelle que par Macky Sall parce que je ne reconnais pas sa légitimité.» Le 17 novembre 2021, à l’émission Faram facce de la Tfm, Barthélemy Dias qualifiait Macky Sall «d’homme pas bien», qu’il ne veut «pas rencontrer». Les dernières élections n’ont pas raffermi les angles entre les acteurs politiques. Echéance au cours de laquelle la question de l’homosexualité a été agitée contre le pouvoir en place.
Un an après le déclenchement de l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr débouchant sur des émeutes (14 morts), les hommes politiques se sont retrouvés à l’aéroport de Yoff lundi et hier, au palais de la République.
Justement, lors de cette cérémonie de décoration des Lions, il y avait Macky Sall, Aïda Mbodj, Barthélemy Dias, Khalifa Sall, Déthié Fall, Abdourahmane Diouf, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo, Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye, Habib Sy, le gouvernement… bref, toute la République. L’unité de la classe politique est saluée de tous. La question est de savoir jusqu’à quand peut-elle demeurer ?
PAR Yoro Dia
VICTOIRE DES LIONS, DE LA VOLONTÉ PLUS QUE DE LA CHANCE
L’ardeur patriotique actuelle peut déplacer des montagnes si on parvient à la mobiliser pour d’autres grandes causes comme l’émergence économique. Le «Senegaal dou dem» résulte de l’écart entre les potentialités du pays et sa situation réelle
La victoire des Lions du Sénégal, même si elle a été arrachée aux tirs au but, est loin d’être le fait de la chance. Elle est le fruit de la volonté, un «triomphe de la volonté». Cette volonté qui en 2019, a poussé les Sénégalais à descendre dans les rues pour accueillir les Lions malgré la défaite, alors que personne ne s’y attendait. Ce n’était pas pour célébrer une défaite glorieuse, mais un encouragement à persévérer, c’est-à-dire qu’à force de volonté, on y parviendrait. Car ce jour-là, le Peuple a voulu rappeler aux Lions que «les nations qui tombent les armes à la main se relèvent toujours, alors que celles qui capitulent ne se relèvent jamais». En 2019, face à l’Algérie, le Sénégal est tombé les armes à la main, et l’accueil populaire était une injonction aux Lions et aux autorités à ne pas capituler, car la tentation était forte de laisser la superstition ensevelir la volonté.
L’accueil populaire de 2019 malgré la défaite, a permis de fermer rapidement la page du cycle des désillusions (Caire 86, Bamako 2002 et Caire 2019) et concentrer toutes les énergies vers l’avenir, en faisant comme Guillaume d’Orange qui disait : «Je n’ai pas d’espoir pour entreprendre ni de réussite pour persévérer.» Dans l’histoire, la volonté est ce déclic qui permet de mobiliser les énergies individuelles vers un projet collectif. Gagner la coupe qui nous fuyait depuis des années, alors que sur le papier nous étions la meilleure équipe, a été un véritable projet collectif qui a mobilisé toutes les énergies individuelles, car comme le dit si bien Gustave Lebon, «à vrai dire pourtant, les maîtres du monde, les fondateurs de religion ou d’empires, les apôtres de toutes les croyances, les hommes simples, chefs de petites collectivités humaines ont toujours été des psychologues inconscients, ayant de l’âme des foules une connaissance instinctive souvent très sure. La connaissant bien, ils en sont facilement devenus maîtres». En disant clairement aux Lions cette année, qu’il fallait amener la Coupe, le président Macky Sall a traduit en quelques mots, la psychologie des foules sénégalaises, en mettant une pression supplémentaire sur les Lions, comme le fit le Général Bonaparte quand il s’empara du drapeau pour se lancer sur le pont d’Arcole. Les soldats ne pouvaient que le suivre.
Cette année, le Sénégal ne pouvait que gagner, car la volonté a été plus forte que le hasard de la chance. La volonté a aussi pour corolaire, une confiance en soi qui nous fait cruellement défaut. Aliou Cissé a été victime le plus souvent, de la haine de soi qui nous pousse vers la préférence étrangère que de la critique sportive rationnelle. Cette haine de soi qui n’est pas seulement sportive mais aussi économique, et qui fait que l’opinion accepte qu’on paie le double à des sorciers blancs qui n’ont rien gagné plutôt qu’à un national, même s’il fait des résultats. L’Algérie qui a gagné en 2019 et le Sénégal en 2022, sont les rares équipes à avoir des nationaux à la tête de leurs équipes nationales. En 2019, face à la défaite, le coach Cissé s’était comporté en véritable chef, en se transformant en «marchand d’espérance» devant ses joueurs effondrés, ce qui m’avait fait écrire à l’époque, que les Lions n’ont pas eu la chance mais ont quelque chose de bien supérieure : la volonté (Le Quotidien du 24 juillet 2019). L’ardeur patriotique qui a déferlé avant-hier sur le pays, peut déplacer des montagnes si on parvient à la mobiliser pour d’autres grandes causes comme l’Emergence économique, parce que j’ai toujours cru que le «Senegaal dou dem» qui est devenu un réflexe populaire, n’est au fond qu’un dépit amoureux qui résulte de l’écart entre les Sénégalais qui croient en l’exceptionnalisme de leur pays et sa situation économique.
Les Lions ont su créer ce déclic qui permet de mobiliser des énergies individuelles vers un projet collectif. Créer ce déclic est le premier devoir et la première mission des hommes politiques des pays émergents comme Mahatir en Malaisie, Lee Kwan Yew à Singapour et Deng Xiaoping en Chine, et bien avant eux, Moïse sur la montagne, indiquant la terre promise aux Hébreux. L’histoire de l’Emergence est par conséquent plus la victoire de la volonté que de conditions ou de richesses naturelles.
Ma culture sportive est squelettique et je ne suis pas du tout passionné de foot, mais avec la ferveur patriotique que j’ai vue dans les rues, le Sénégal doit avoir l’audace de lancer la Remontada avec la volonté de gagner la prochaine Coupe d’Afrique, car avec de la volonté rien n’est impossible, parce que rien ne lui résiste.
LA BELLE REVANCHE DU REVENANT NAMPALYS MENDY
Vainqueur de la CAN 2021 avec le Sénégal, Nampalys Mendy a su s'imposer comme un élément essentiel du collectif d'Aliou Cissé. Le milieu de terrain de Leicester n'a pourtant (pratiquement) pas joué de la saison en Angleterre.
Mamadou THIAM, El Hadj Abdoulaye GAYE et Vieux NDIAYE envoyés spéciaux au Cameroun |
Publication 09/02/2022
Vainqueur de la CAN 2021 avec le Sénégal, Nampalys Mendy a su s'imposer comme un élément essentiel du collectif d'Aliou Cissé. Le milieu de terrain de Leicester n'a pourtant (pratiquement) pas joué de la saison en Angleterre.
C'est l'une des très belles histoires de la CAN 2021, et peut-être même de cette saison 2021-2022 plus globalement. « C'est quelque chose de grandiose. On a fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là et c'est fait ! On a marqué l'histoire de notre pays. » Par ces paroles, Nampalys Mendy (29 ans) se félicitait du sacre du Sénégal dimanche face à l'Égypte (0-0, 4-3 aux t.a.b.) en finale de la Coupe d'Afrique des Nations 2021.
Ce triomphe, le premier dans l'histoire des Lions de la Teranga, lie étroitement le Sénégal et le milieu de terrain de Leicester, sans qui Sadio Mané n'aurait peut-être pas remporté cette 33ème édition de la CAN. Car oui, celui que l'on surnomme Papy Mendy fait partie des grands artisans de cette victoire historique sénégalaise. Et pourtant, difficile d'imaginer cela il y a encore quelques semaines. Celui qui compte désormais 13 capes avec le Sénégal n'a en effet disputé que 33 minutes avec les Foxes depuis le début de la saison, en 8e de finale de la League Cup contre Brighton (2-2, 4-2 aux t.a.b.)le 27 octobre dernier. La faute à une blessure à l'aine l'ayant éloigné des terrainspendantplusieurs semaines, mais aussi aux choix de BrendanRodgers, qui a préféré se passerde luipendanttoute lapremière partie de l'exercice 21-22.
NAMPALYS, L'AUTRE MENDY INDISPENSABLE DU SÉNÉGAL
C'est donc en manque de rythme et avec peu de certitudes dans le jeu qu'Aliou Cissé a décidé de convoquer l'ancien joueur de l'OGC Nice, acheté 15,5 M€ par Leicester à l'été 2016, pour cette CAN 2021. Nampalys Mendy a d'ailleurs vu de loin sa sélection patiner lors des deux premières rencontres au Cameroun (1-0 contre le Zimbabwe, puis 0-0 face à la Guinée). Ce n'est qu'au troisième match du Sénégal (0-0 contre le Malawi) que Nampalys Mendy a intégré le XI, pour ne plus jamais en sortir et ne plus manquer une seule minute de la compétition.
Brillant dans l'entrejeu aux côtés d'Idrissa Gueye et de Cheikhou Kouyaté et affichant un niveau de forme à la limite de l'invraisemblable pour un joueur qui n'a presque pas joué cette saison, le natif de La Seyne-sur-Mer a surpris tout son monde. Et surtout conquis tout un peuple, tombé sous le charme de "la nouvelle sentinelle" du Sénégal. Sa technique a fait beaucoup de bien devant la défense, tout comme son volume de jeu a pesé dans le collectif des Lions de la Teranga. Le rythme effréné imposé à ses adversaires a laissé des séquelles à ceux qui ont croisé sa route.
DANS L'ÉQUIPE TYPE DE LA CAN 2021, MENDY POURRAIT REVENIR TRÈS FORT EN ANGLETERRE
« Je connaissais très bien ma situation en club. C'est très compliqué, très difficile. Mentalement... je suis un passionné de football. Quand on me prive de ce que j'aime, c'est compliqué. J'ai toujours gardé ça en tête, cet objectif, je savais qu'il y avait la sélection et la CAN. J'ai eu le bonheur d'être sélectionné malgré ma situation. J'ai travaillé très dur durant la période où je ne jouais pas. Aujourd'hui, ça paye. Je suis ravi et j’espère que ça va continuer comme ça », confiait le principal intéressé le 31 janvier dernier, lors d'un jeu de questions/réponses avec des fans pour la Fédération sénégalaise de football. Et ce juste après un quart de finale face à la Guinée Équatoriale (3-1) qui lui aura valu le titre de "Man of the match".
Sans jamais flancher, Nampalys Mendy aura ainsi conservé une constance déconcertante tout au long du tournoi au Cameroun. Un fait qui n'a d'ailleurs pas échappé à la CAF. L'ancien protégé du Gym figure en effet dans l'équipe type de la CAN2021, composant le milieu de terrain à trois avec Blati Touré (Burkina Faso) et Mohamed Elneny (Égypte).
Une belle et juste récompense pour un homme à qui rien ne promettait tout cela il y a peu. Désormais, l'ex-international Espoirs français aura à cœur de regagner sa place à Leicester, qui l'a inscrit sur la liste des joueurs éligibles pour la deuxième partie de saison en Premier League. Papy Mendy s'apprête en tout cas à revenir au King Power Stadium avec des arguments de poids qui pourraient bien faire pencher la balance en sa faveur.
VIDEO
YOUSSOU NDOUR ENFLAMME L'UCAD EN L'HONNEUR DES LIONS
En l'honneur de la victoire des lions de la Teranga, l'artiste chanteur Youssou Ndour a offert une prestation tout feu, toute flamme aux étudiants de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.
En l'honneur de la victoire des lions de la Teranga, l'artiste chanteur Youssou Ndour a offert une prestation tout feu, toute flamme aux étudiants de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. suivez dans cette vidéo les temps forts de sa présence scénique.
par l'éditorialiste de seneplus, tidiane sow
LES TRIBULATIONS DE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - La coalition BBY a fait son temps. Celui qui voulait remettre au goût du jour un Premier ministre pour s’occuper du quotidien des Sénégalais, est rappelé à l’ordre
La démocratie moderne place au coeur de sa problématique, l’engagement citoyen et la nécessité de rendre compte. Les peuples, principalement ceux des villes, ont fait montre de leur haute capacité à déceler les énoncés par lesquels on veut les duper. Faute d’avoir ignoré cela lors de ces élections locales, la coalition BBY au pouvoir, a subi des déroutes dans les circonscriptions importantes du pays.
Nonobstant l’argent qui a coulé à flot à travers tout le pays, les citoyens des principales villes du pays ont voté contre la majorité présidentielle. L’argent ne fait plus la différence, en tout cas pas partout. Dakar, Yeumbeul et de Yoff en sont une parfaite illustration. Ceci est une bonne nouvelle. L’assainissement de la vie politique passe par là.
Les polémistes du pouvoir, aveuglés par le biais de normalité, ont pris le parti d’arpenter les télés et les radios et de se complaire dans la jacasserie ignorant les coups de semonce des électeurs. Perclus de dissonance cognitive, ils peuvent continuer à jouer au renard futé tant qu’ils voudront mais, ils n’auront pas pour autant les raisins que représentent Dakar, Ziguinchor, Thiès, Guédiawaye et j’en passe.
L’ampleur de la défaite à Dakar et à Ziguinchor, gagnés par les plus farouches opposants au président, explique l’ampleur du rebond que BBY s’est efforcé d’afficher dès le lendemain de la déroute. On retrouve là l’effet bien connu du principe d’Archimède.
C’est le président lui même qui a campé le discours : « Nous avons gagné à 80% ». Se réfugier dans cette novlangue* où les phrases ânonnées “Nous avons gagné à l’échelle nationale” ou “nous ne pouvons pas perdre ce que nous n’avions pas “ n’aideront, hélas pas, à redresser la barque BBY pour faire meilleure figure lors des législatives à venir. Dans la bataille à trois que se livraient Sall, Sonko et Diaz, c’est bien le président qui a perdu.
Les raisons de cette déroute annoncée sont nombreuses :
Tout d’abord le troisième mandat, pour lequel le président Sall a continué d’entretenir une ambiguïté soutenue, a déclenché un vote sanction contre sa personne et précipiter la perte de ces grandes villes. Son ministre conseiller politique a cru bon de rajouter une couche en distillant une confusion subtile entre élections locales et quitus pour un troisième mandat. L’effet boomerang n’a pas raté. Au lieu d’élire leur maire, certains ont voté contre le troisième mandat.
Mener des investitures, menacer ceux qui s’écarteraient des directives présidentielles et parrainer en même temps des listes parallèles tel fut le challenge « orwelien »* que le président s’est imposé et a imposé à ses ouailles. Il leur a demandé de concilier pendant un moment ces deux choses contradictoires. Ce clair obscur a dérouté ses propres partisans avant de sonner le glas de ses troupes dans les urnes. Le président a abusé de son côté ingénieur, en jouant trop dans le paramétrique, il a plutôt semé la zizanie dans ses rangs. Ce fut la deuxième raison de son échec.
La guerre des egos a fait le reste. Tout le monde fut candidat à tout, car chacun y voyait le moyen de se distinguer, de se positionner pour les prochaines nominations, et de parvenir à réaliser son “pourquoi”*. Le président a libéré les ambitions et dès lors, les listes parallèles fleurirent ça et là.
Le casting mal exécuté a vu des pseudo leaders auto proclamés, commettre des maladresses, révélant leur incapacité à comprendre les vrais enjeux du moment et leur difficulté à imaginer des solutions louables.
On pressentait une défaite que seule l’arlésienne du fichier électoral aurait empêchée.
En dépit des ponts, des stades, des TER, BRT et des ports inaugurés en grandes pompes, et dont le président s’est bruyamment fait l’écho lors de son discours de fin d’année, il a été sanctionné. Le message est clair.
Le prochain président sera jugé assurément sur ce qu’il aura sauvé en termes de valeurs et non sur les infrastructures mises en place. Les locales ont donné le ton. Le peuple n’accepte plus les scandales financiers impunis.
Malgré la présence de ses alliés, Macky apparait comme un homme désespérément seul. Il a toujours eu un goût prononcé pour une pratique solitaire et présidentialiste du pouvoir. Il n’en fait qu’à sa tête. Quelle idée de vouloir désigner les investitures dans les locales ! Cela devra changer.
Ses décisions de ces dernières années ont beaucoup surpris : se séparer de ses ténors après une campagne de législatives menée tambour battant et remportée de haute main ; copter des gens en fin de parcours dans une stratégie de pie voleuse ; virer son Premier ministre sans crier gare ; prendre un décret en urgence pour rétablir le poste de Premier ministre ; décider finalement que le poste ne sera pourvu qu’après les élections locales, etc. Tels furent les actes cryptiques posés par le président qui interrogent sur sa hauteur de vue.
Le président Sall apparait de plus en plus comme un président de toutes les fractures même dans son propre camp, lui qui prônait pourtant dans ses discours le « vivre-ensemble », la « paix dans le pays ».
On s’attendait à ce que Doudou Ka, Mame Boye Diao et Mame Mbaye Niang jouent aux rapporteurs d’affaires, aux rabatteurs d’électeurs pour le compte de BBY. Il n’en fut rien, ils flinguèrent plutôt en plein vol les investis du président, leurs collègues de parti. Ils s’écharpèrent si fort entre eux que les plaies ouvertes ne vont pas se refermer de sitôt, tant les mots échangés furent virulents.
Ses autres alliés eurent des fortunes diverses et on peut légitimement se demander ce qu’ils lui apportent.
Idy n’était plus audible depuis longtemps. Il continuait de vivre de sa réputation. En rejoignant le « Macky », il s’était mis dans un angle mort. Sa défaite cinglante, pour acquise qu’on la devinait, personne ne l’imaginait de cette ampleur. Il a perdu jusque dans son propre bureau de vote. Grandeur et décadence d’un damel ! Sa survie politique ne dépend plus que de Macky. Et pourtant cette servitude volontaire, dont parlait La Boétie, est profondément ancrée dans l’esprit de Macky Sall vis-à-vis de son mbeurr Idrissa Seck. Ce dernier a cessé d’être une menace pour lui depuis longtemps. L’image qu’il garde du chef de Rewmi du temps de sa splendeur alors que lui, l’actuel président n’était qu’un simple grimpion au palais de la République, manigançant de petites combines et commettant des meurtres avec des amis au profit du puissant Idrissa, devrait s’estomper.
Rewmi ne représente plus rien depuis fort longtemps. Les jeunes loups qui faisaient sa force, ont quitté le navire un à un pour chasser en solo. Son dernier pion, Diatara, ministre de la République a mordu la poussière dans la campagne de Thiès.
Idy n’apporte plus rien à Macky. Il rejoint le cimetière des éléphants qui entourent le président.
L’AFP n’existe plus depuis que son patron Niasse s’est installé dans son confort à l’Assemblée nationale. Même à Keur Madiabel, son fief de toujours, son poulain a été battu.
Niasse n’apporte plus rien à Macky et depuis longtemps.
On se pose encore la question lancinante de ce qu’apporte Aminata Mbengue Ndiaye dans le Ndiambour et à quoi sert son institution le HCCT. Depuis le décès de Tanor, (paix à son âme) le PS n’existe plus.
En clair ceux qui avaient permis à Macky de remporter la donne face à Wade en 2012 ne sont plus que des boulets à son pouvoir aujourd’hui. La coalition BBY a fait son temps. A force de ne pas vouloir gêner le président, ses membres se sont mis hors jeu tous seuls. Le réveil est douloureux. Elle a été mise en charpie dans ces élections locales principalement dans les grosses agglomérations du pays. Elle était restée dans son ronron tant que l’opposition était désorganisée, tant que les issues des élections précédentes lui restaient favorables. Ce n’est plus le cas. La tendance commence à s’inverser dangereusement pour la majorité quoiqu’elle en dise. Il faut la réinventer.
Celui qui voulait remettre au goût du jour un Premier ministre pour s’occuper du quotidien des Sénégalais, est rappelé à l’ordre. Il faudra qu’il mette les mains dans le cambouis et réponde lui-même aux attentes des siens : créer des conditions pour faire éclore des emplois pour les jeunes en créant des industries, punir sévèrement ceux qui sont mouillés dans des scandales financiers, faire que la loi soit la même pour tous et la République, la demeure de tous.
Il ne pourra pas le faire avec l’attelage actuel. Il devra donc nommer un Premier ministre et un nouveau gouvernement. C‘est un choix important car un Premier ministre doit savoir appliquer votre politique. C’est une décision qui se murit, s’analyse et se discute dans le secret de cabinet restreint. On consulte beaucoup à ce propos et parfois même en dehors du pays. Quand Senghor voulut “confier" le pouvoir à un de ses ministres avant de se retirer, il avait consulté ...Houphouët. Abdou Diouf décrocha le gros lot devant Babacar Bâ.
Qui Macky consulte-t-il?
Qui mettra-t-il ? Un poids lourd - genre Amadou Ba - ce qui voudrait dire qu’il renoncerait au troisième mandat et préparerait son dauphin ? ou un haut fonctionnaire sans ambitions politiques – ce qui est plus conforme à l’idée qu’il se fait d’un Premier ministre – technocrate et travailleur ?
Dans tous les cas, il devra montrer qu’il a compris les messages de ces élections locales et qu’il prend le parti de travailler pour redresser le pays. C’est là où on l’attend. Le temps presse.
Dr Tidiane Sow est coach en Communication politique
Pourquoi* est un concept développé par Simon Sinek, auteur américain : « Start with Why »
Orwell : G. Orwell, Romancier anglais. Concept de doublethink capacité de tenir 2 pensées totalement contradictoires en croyant qu’elles sont vraies toutes les 2 en même temps.
Novlangue : un langage imaginaire. George Orwell. 1984
Biais de normalité est un biais cognitif qui conduit les gens à nier ou minimiser des avertissements relatifs à un danger
Dissonance cognitive : Si quelqu’un désire quelque chose mais qu’il la trouve inatteignable, il réduit sa dissonance en le critiquant.