Le réseau ouest-africain Wanetam dont l’objectif est de renforcer les capacités régionales, nationales et institutionnelles en matière de recherche clinique a procédé hier à Diamniadio au lancement de sa troisième phase. Les impératifs sanitaires de l’heure confirment pour ses membres la nécessité de « réussir le pari de la recherche participative ».
La ville nouvelle de Diamniadio est sur le point de devenir une étape obligée pour les acteurs de la recherche scientifique. Après le sommet régional de haut niveau sur le VIH, puis le Forum de coopération sino-africain (Focac) où les questions liées à la santé ont pris une place importante, sans oublier le Prix Galien Afrique, c’est le réseau ouest-africain de recherche sur la tuberculose, le Sida et le Paludisme (Wanetam) qui a posé ses valises pour deux jours dans ce nouveau pôle urbain. Il faut souligner que Wanetam est piloté depuis sa création en 2009 par le Pr Souleymane Mboup en tant que coordonnateur du réseau et par ailleurs, président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). C’est donc dans les murs de son institut de Diamniadio que l’éminent professeur a lancé hier avec ses collègues, la troisième phase de développement de ce réseau qui regroupe à l’heure actuelle quasiment tous les pays de la sous-région (12 au total). Vingt-cinq (25) institutions sous-régionales y sont représentées, appuyées par 5 institutions de 4 pays européens. La genèse la mise sur pied du réseau remonte d’ailleurs au 16 juin 2003 lorsque les pays de l’Union européenne ont initié l’instauration du partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques (EDCTP) par le biais d’un vote du Parlement européen et du Conseil de l’Europe.
Après le succès des deux premières phases, les bailleurs essentiellement européens ont décidé de doter la troisième d’un financement de 4,5 millions d’euros,soit près de trois milliards de francs Cfa sur une durée de trois ans. Parmi les résultats obtenus au cours des deux précédentes phases, le Pr Souleymane Mboup a évoqué notamment « l’accréditation de laboratoires aux normes ISO 15189, l’octroi de financements à des postdoc pour la mise en place et la conduite de microprojets de recherche ou encore l’encadrement de doctorants et de masters ».
Selon le codécouvreur du VIH-2, les analyses des différents problèmes relatifs à l’accès des chercheurs des pays en développement à la connaissance scientifique révèlent deux types d’obstacles à savoir « ceux qui sont inhérents aux processus de la recherche qui ont des effets inhibiteurs particuliers sur les chercheurs des pays en développement et ceux qui sont liés au cadre institutionnel de ces pays, principalement l’insuffisance des ressources allouées à la recherche ». Ce contexte économique se conjugue au fait que 6 des principales causes de mortalité dans les pays à faible revenu soient encore des maladies transmissibles à l’instar du paludisme, la tuberculose et le VIH. Dans ce sens, l’EDCTP entend par le biais de ce type de réseau accélérer le développement clinique de nouveaux outils de diagnostic, de médicaments, de vaccins et de microbicides contre ces trois maladies, mais aussi des études sur les maladies infectieuses négligées (NIDs) et les maladies émergentes et ré-émergentes telles que le SARS COV-2 ou Ebola.
LA PHARMACIE REGIONALE D’APPROVISIONNEMENT DE SAINT-LOUIS RENOVEE
Dans le cadre du projet Global health supply chain-technical Assistance (GHSC-TA) financé par le partenaire américain l’USAID, la Pharmacie régionale d’approvisionnement (PRA) de Saint-Louis a été rénovée et équipée pour permettre une meilleure conservation des produits pharmaceutiques sensibles à la chaleur, annonce un communiqué de l’Ambassade des Etats-Unis au Sénégal.
Ce projet réalisé en un temps record vise à accroitre la capacité de stockage de l’entrepôt du PRA de Saint-Louis qui est maintenant doté de planchés d’entrepôts recouverts de résine époxy pour permettre une meilleure circulation des transpalettes et des chariots et d’un espace pour mieux conserver les produits et renforcer la qualité des services.
Au cours de la cérémonie officielle d’inauguration de la nouvelle PRA de Saint-Louis à laquelle a pris part la directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement le Dr Annette Seck Ndiaye, le directeur de l’USAID Sénégal a rappelé la collaboration entre la PNA et l’USAID qui a permis de rénover deux autres PRA à Fatick et à Diourbel et qui ont couté environ 985 millions de F Cfa.
Jusqu’ici, l’USAID a fourni 2,6 milliards de F Cfa sur 4 ans de 2017 à 2021 pour renforcer les systèmes de la chaîne d’approvisionnement sénégalaise et assurer l’accès en temps opportun à des produits de qualité. L’agence de développement international œuvre aux côtés du ministère de la Santé et de l’action sociale depuis plus de 60 ans et reste l’une des plus grandes pourvoyeuses de ressources pour le secteur de la santé au Sénégal avec une contribution annuel de plus de 60 millions de dollars.
PAR GERVAIS MOUSSONGO
GUINÉE, LE CNRD ENTRE PROMESSES DE RUPTURE, PERSPECTIVE ET CHALLENGE
Le peuple guinéen place des espoirs importants sur ce nouveau gouvernement, mis en place par le CNRD, dirigé par le colonel Mamady Doumbouya, qui a promis une rupture par rapport aux anciennes pratiques politiciennes
La date du 05 septembre 2021 restera dans les annales de l’histoire de la République de Guinée. Ce jour fut marqué par le renversement du régime d’Alpha Condé – au pouvoir depuis décembre 2010 -, par le colonel Mamady Doumbouya. Un coup d’état largement condamné par la communauté internationale, qui d’ailleurs met la pression sur l’actuel président de la transition pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le peuple guinéen place des espoirs importants sur ce nouveau gouvernement, mis en place par le CNRD, dirigé par le colonel Mamady Doumbouya, qui a promis une rupture par rapport aux anciennes pratiques politiciennes. Il souhaite également remettre les populations guinéennes au centre des préoccupations politiques. 100 jours après l’arrivée au pouvoir du CNRD, quel bilan pouvons-nous tirer (même s’il est tôt) ? Quelles sont les perspectives pour ce pays si stratégique ?
Si la nouvelle de la prise de pouvoir par une junte militaire a été accueillie avec scepticisme, l’inquiétude demeure, notamment à cause des souvenirs encore présents du passage de la dernière junte militaire au pouvoir à Conakry (Décembre 2008 à Décembre 2010). Mais très vite, au gré des déclarations, l’inquiétude et la peur ont laissé place à l’euphorie. D’ailleurs, après le coup d’état, on a assisté à des scènes de liesse à Conakry, la capitale guinéenne. Une partie importante de la jeunesse se réjouissait de la chute d’Alpha CONDÉ. De l’espoir pour la jeunesse guinéenne, qui a vécu en 11 ans de gouvernance du Prof Alpha Condé, des périodes ponctuées par des crises socio-politiques, des violences, la dégradation du tissu social, l’instrumentalisation ethnique… La crise de la COVID-19 est venue exacerber les difficultés économiques, plongeant ainsi la majeure partie de la population dans une grande précarité.
Le peuple guinéen nourrit beaucoup d’espoir en ce nouveau régime, qui promet une rupture totale avec les anciennes pratiques politiciennes. Comme le veut la tradition, après 100 jours d’exercice du pouvoir suprême, nous allons marquer un temps d’arrêt, afin de revenir sur les actions entreprises par le nouveau régime, examiner ses orientations sociales, politiques, économiques ou encore diplomatiques. Nous allons nous pencher sur les indicateurs qui permettent d’analyser le contexte et la situation, tout en mettant en exergue les défis qui pointent à l’horizon. Le but ici est de contribuer à aider ce gouvernement, à travers des idées et des pistes d’action. La Guinée est à la croisée de plusieurs chemins, dans un environnement où les dirigeants devront se tenir prêts à faire face aux rapports de force et à d’éventuelles guerres hybrides. La gouvernance d’un Etat n’est pas un long fleuve tranquille.
Démarche d’apaisement et de rupture
Les nouvelles autorités ont multiplié les gestes et décisions symboliques allant dans le sens de l’apaisement, de la réconciliation, de la décrispation sociale ; une façon de recoudre en quelque sorte le tissu social, malmené ces dernières années par les régimes antérieurs. (Libération des prisonniers politiques, retours des exilés, visites des cimetières de Bambeto, consultations populaires, visites des tombes et familles des anciens présidents, baisse du prix du carburant, restitution des biens et droits des anciens présidents, mise en application des textes et dispositions relatifs au départ en retraite des cadres de l’État).
Sur le plan de la gouvernance, le pouvoir en place a présenté sa charte de transition, nommé un Premier ministre et un gouvernement de transition, créé une juridiction d’exception pour juger les crimes économiques… Si toutes ces actions sont à saluer, il reste tout de même quelques interrogations sur la durée de la transition, l’absence de communication concernant les mécanismes le calendrier des réformes structurelles, le retard sur la mise en place du Conseils National de Transition (CNT) - organe majeur dans la mise en œuvre des réformes -, la vision (pour le moment peu explicite) de la politique économique, sociale et diplomatique du pays. Autant de chantiers sur lesquels ce nouveau gouvernement devrait se pencher pour assurer une transition aboutie, susceptible de répondre aux aspirations des populations, ainsi que des institutions telles que la CEDEAO et l’UA.
La gestion sous pression
En tenant compte des décisions prises à l’encontre du régime de Mamady Doumbouya lors du 60e sommet de la CEDEAO qui s’est tenu le 12 décembre dernier, il appartient aux acteurs et aux analystes de la vie sociopolitique et économique guinéenne d’en tirer les conclusions, et d’attirer l’attention des nouvelles autorités sur les mécanismes et dispositifs stratégiques, destinés à mieux anticiper et gérer les rapports de force. Suite à la pression de la CEDEAO, on peut s’accorder sur un fait : quelle que soit la durée de la transition, il faudra trouver des mécanismes de financement propres au pays, afin de disposer d’une marge de manœuvre suffisante pour dérouler la feuille de route et ainsi, mettre en place les réformes structurelles souhaitées.
Si cette transition a pour objectif la refondation de l’État – à travers des réformes structurelles majeures de moyen et long terme -, il faut souligner que la situation socio-économique actuelle est très préoccupante, et qu’elle nécessite d’importantes reformes conjoncturelles à très court terme, afin de soulager les populations durement frappées par la pandémie de la COVID-19, toujours en cours ; les effets de cette crise se traduisent par des pertes de revenus conséquentes, des dépôts de bilan de plusieurs structures… De la même manière, le secteur de l’économie informelle a été durablement touché par cette crise sanitaire, ce qui a accru la vulnérabilité des populations qui étaient déjà dans un état de précarité important.
L’économie et l’incertitude ne font pas bon ménage. Ainsi donc, les nouvelles autorités devront, le plus tôt possible, présenter aux investisseurs une vision claire et le calendrier des réformes économiques et législatives à entreprendre. Pour ne pas voir la bulle sociale se transformer en véritable bombe due à la très sévère crise économique actuelle et à l’état de précarité avancée des populations, les autorités doivent entamer urgemment des reformes conjoncturelles. Il s’agit ici d’initier des actions immédiates, dont les résultats pourront être visibles dans un délai très court. Le but : soulager les populations et faire baisser la pression sociale, afin de permettre aux autorités de mener à bien le train de réformes.
Quelques-unes des actions préconisées à court terme :
Une étude sur l’Impact de la COVID19sur différents secteurs économiques (30 à 60 jours). Ceci permettra de connaître les secteurs les plus touchés, et d’en tirer les conclusions nécessaires à l’élaboration du plan de relance le plus adéquat ;
Un plan massif de relance économique (03 à 12 mois). Le financement des secteurs prioritaires, générateurs de revenus, créateurs d’emplois, producteurs de biens et services dédiés à la consommation nationale
Une diversification économique (06 à 36 mois). La création des pôles économiques par région, afin de subvenir aux besoins de la consommation locale, et réduire ainsi les importations des denrées de première nécessité ; ce qui aura pour conséquence une diminution des besoins en devises étrangères, et donc une réduction de la pression sur le Franc guinéen
Un accès au crédit à un taux incitatif et un gel des remboursements d’au moins 18 mois ; gel égressif en fonction du secteur d’activité
Une refonte du modèle économique basé sur une économie de rente (vente des matières premières.). Il faudra repenser le modèle économique, mettre un accent sur la production de biens, des services et des produits destinés à la consommation locale
Faciliter l’accès aux intrants ; machines pour des PMI et PME locales, productrices de biens et services (dédouanement, accompagnement.)
Revoir à court terme les modèles de formation à travers la formation professionnelle, faciliter la réinsertion professionnelle, avec la réhabilitation et l’adaptation des centres professionnels (6 mois à 36 mois)
Adopter rapidement des reformes conjoncturelles au niveau de la BCRG, afin de lutter contre le phénomène inflationniste
Réguler certains secteurs d’activités (transports, logements, gestion des prix.)
A travers cet exercice, nous tentons de dresser les grandes lignes des réalités politico-économiques guinéennes. Il s’agit aussi de déterminer la position des partenaires multilatéraux et bilatéraux de la Guinée, ainsi que les menaces que font planer diverses institutions sous-régionales, continentales et internationales sur Conakry. Il faut également attirer l’attention des dirigeants actuels sur la nécessité de mettre en place des dispositifs de sécurité économique tels qu’une cellule d’intelligence économique. L’objectif étant d’identifier les risques et les opportunités auxquels le pays pourrait faire face. C’est aussi une façon de faire de la prospective, de l’anticipation et de l’influence. De tels changements permettront d’explorer les marges de manœuvre dont disposent les autorités de transition et par-dessus tout, de gérer les rapports de force, la pression et d’éventuelles sanctions de la communauté internationale.
Gervais MOUSSONGO
Expert- Consultant en Stratégie – Intelligence Économique & Communication d’Influence et de Crise.
Ceo, ADVALYS Consulting Group
SÉNÉGALAIS MORTS DANS LA DIASPORA, UN BILAN MACABRE
À l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant, Horizon Sans Frontières a dressé hier, le bilan des Sénégalais décédés dans la diaspora en 2021
À l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant, prévue demain (aujourd’hui), Horizon Sans Frontières a dressé hier, le bilan des Sénégalais décédés dans la diaspora en 2021. La rencontre a permis aussi de discuter d’autres sujets relatifs aux questions migratoires
Les révélations ont indigné plus d’un. Les chiffres donnés par Boubacar Séye constituent un choc terrible ! Lors d’une conférence de presse organisée hier, le Président d’Horizon Sans Frontières (HSF) a fait savoir qu’en 2021, vingt-cinq de nos compatriotes ont été assassinés ou sont morts dans des circonstances troubles. C’est presque deux morts par mois. Et pour préciser, il estime que 60% de ces victimes ont été enregistrées en Europe et 24% aux États-Unis. Tandis qu’en Afrique, on a noté 16% de cas.
Pour M. Séye, ce taux élevé de morts survenues en Europe peut s’expliquer par le bouleversement du monde causé par la pandémie de COVID-19. Il donne les détails : ‘’Nous avions déjà alerté que l’ère post coronavirus risque d’être marquée par des tensions géopolitiques liées à la migration, parce qu’il y aurait la théorie de remplacement. Et on l’a vu aujourd’hui, avec ce qui se passe. Toute l’Europe est en train de glisser vers l’Extrême droite. En France, par exemple, la migration est devenue un enjeu électoral, une marchandise de commerce pour les dirigeants qui ont malheureusement tous échoué dans leur idéologie classique’’.
L’indifférence de l’État vis-à-vis de cette situation n’a pas plu au chercheur en migrations internationales. ‘’Quand de telles circonstances se produisent, on aurait souhaité que l’État du Sénégal se constitue en partie civile, ne serait-ce que diligenter une enquête. Mais hélas, ce n’est pas le cas’’. Il est d’autant plus indigné que, l’année passée, 28 morts ont été enregistrés sans aucune communication de la part des autorités étatiques, à l’en croire. ‘’La moindre des choses à faire dans de pareilles circonstances, c’est de protester’’.
Plus de 1100 morts dans la Méditerranée, dans le premier semestre de 2021
Au premier semestre de 2021, renseigne-t-il, on parle de plus de 1100 morts dans la Méditerranée et plus de 15.300 personnes renvoyées en Lybie. ‘’Ces chiffres nous interpellent. La migration continue de dévoiler dans nos sociétés en situation de vulnérabilité chronique, des conséquences incalculables. Des jeunes souffrent dans le désert du Niger et sont toujours en attente d’être rapatriés. Actuellement, selon les informations reçues, vingt-neuf jeunes Sénégalais sont rentrés et quinze sont toujours à Agadès, au Niger.
Une situation qui le pousse à conseiller l’État d’avoir une oreille attentive pour les jeunes. ‘’Il faut faire de la jeunesse une priorité’’, lance-t-il, avant d’enfoncer le clou. ‘’Aujourd’hui, cette priorité, dans un pays comme le nôtre, c’est l’emploi des jeunes. Mais la mauvaise gouvernance obstrue sans cesse les perspectives d’épanouissement des couches les plus vulnérables. Ainsi, il faut lutter contre les inégalités. Il nous faut une justice sociale pour éviter le chaos’’.
Les questions identitaires constituent, de nos jours, une problématique pour la mondialisation et surtout pour la migration. Des pays sont même en train de pousser plus loin. Selon M. Séye, on discute déjà de ces questions avec, par exemple, la probable création d’un ministère de l’Identité en France. ‘’En France, terre de migration, qui a un statut social particulier par rapport aux autres pays européens, on parle de la création d’un ministère des Migrations et de l’Identité. C’est extrêmement grave ! C’est un véritable danger qui nous guette’’.
‘’C’est l’esclavage dans le désert’’
Les témoignages des migrants renvoyés dans le désert sont unanimes. C’est l’horreur dans ce lieu. Leur représentant, en l’occurrence Modou Thiaw, 38 ans, fustige l’irresponsabilité de l’État. ‘’Il n’écoutait pas nos cris, quand on nous a retenu dans le désert. C’est grâce à Boubacar que notre situation est entendue et connue des Sénégalais. À partir d’Algérie, on a confisqué tout ce que nous avions avec nous, on nous a malmenés et jetés à la frontière. L’Ambassade du Sénégal, quant à elle, est restée les bras croisés’’.
Pour aller plus loin, il révèle : ‘’L’Organisation Internationale pour la Migration avait promis de nous soutenir, dans nos pays d’origine. Mais, arrivés à l’aéroport de chez nous, aux environs de 19h, certains de ses membres nous ont retenus encore, et nous étions là jusqu’à 22h, sans tenir ses promesses, d’ailleurs. Parmi nous, des gens avaient fini par avoir des troubles mentaux. Malheureusement, personne ne les a soutenus. Je me rappelle, c’était au mois d’Aout, une grande pluie s’abattait sur nous. Les uns devaient rentrer en Casamance, les autres dans des endroits très reculés. C’était très difficile. Il y en eu parmi nous, quelqu’un dont nous avons plus de ces nouvelles depuis qu’il a quitté l’aéroport. Nous sommes vraiment tristes pour le traitement réservé aux jeunes de ce pays !’’.
Amadou Diagne fait partie des jeunes Sénégalais renvoyés au Niger. Ce jeune homme de vingt-neuf ans a été intercepté en Algérie puis renvoyé au Niger. Il revient sur les péripéties du voyage : ‘’Je suis passé par le désert pour arriver en Algérie avant d’être conduit au Niger. Mais, à vrai dire, ‘’c’est inhumain ce qui s’y passe. Les Algériens nous ont expulsés. Arrivés au Niger, nous avons trouvé sur place des membres de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM). Ils nous ont confinés pendant quatorze jours. On ne mangeait pas bien. Les conditions sont vraiment déplorables. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont les Européens qui donnent de l’argent quand les migrants sont expulsés. Tout ce que nous mangions était donc financé par eux. Il y a une petite tante en guise d’abris. Arrivé, on te donne des chaussures, du savon… Parfois, il n’y a même pas de toilettes. Dans certains lieux, pour faire ses besoins, les gens se dispersent dans la nature. On nous amenait d’une ville à l’autre avec des enregistrements en a plus finir. Là-bas, les migrants sont comme des esclaves. C’est inexplicable. Dans tout cela, ils gagnent de l’argent. La corruption y est grande’’.
‘’Il faut créer un ministère plein pour gérer la question’’
Le chercheur préconise une diplomatie beaucoup plus forte pour une meilleure protection des Sénégalais de l’extérieur. Pour cela, il faut ‘’une diplomatie plus acteur, non étatique’’, avec la création d’un ministère plein. Et ce, pour mieux gérer le phénomène migratoire qui, selon lui, est transversale. ‘’La migration concerne l’économie, l’éducation, la santé, l’environnement… On l’a vu avec la maladie. Nous étions les premiers à parler de pandémie à travers le monde, parce que le principal vecteur de propagation de la COVID était la migration du fait de la mobilité croissante de populations’’, fait-il savoir.
Ce nouveau ministère dont il parle pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans un pays comme le Sénégal qui est marqué aujourd’hui par la découverte d’hydrocarbures. Et dans ses propositions, il va même plus loin. ‘’Avec la découverte du pétrole et du gaz dans notre pays, celui-ci rentre dans une nouvelle ère géopolitique. C’est pourquoi, nous avons estimé qu’il faut créer ce ministère plein chargé des migrations internationales ou même une agence autonome reliée directement à la Présidence. C’est cette agence qui va alors traiter les questions migratoires dans leurs diversité, complexité, et transversalité’’.
‘’Le ministère des Sénégalais de l’extérieur est caduc’’
Bien que le ministère des Affaires Étrangères s’occupe de ce dossier, Boubacar Séye propose une idée pour une protection des Sénégalais de l’extérieur, lesquels rencontrent parfois des difficultés et sont exposés à de nombreux risques. ‘’Aujourd’hui, il faudra une nouvelle cartographie de la diplomatie sénégalaise, avec de nouvelles juridictions pour une meilleure assistance à nos compatriotes qui sont souvent tués ou torturés dans des circonstances flous’’, laisse-t-il entendre.
À l’en croire, le Ministère des Sénégalais de l’extérieur n’a plus sa raison d’exister. Ce, pour une raison simple, elle ne fait pas son travail. Il explique : ‘’Ce ministère est caduc. Il ne prend pas en charge la dimension migratoire dans sa diversité et sa complexité. Pour l’exemple, quand des jeunes ont été bloqués dans le cadre de leurs projets migratoires, il n’y avait pas d’interlocuteur. Le ministère n’avait pas joué son rôle’’.
Par conséquent, en lieu et place de ce celui-ci, il faudra plutôt parler ‘’de ministère des Migrations internationales’’. En se référant aux explications de M. Séye, il y aura forcément un dumping migratoire au Sénégal, avec la découverte du pétrole. Les enjeux sont sécuritaires, géopolitiques et géostratégiques. ‘’D’où l’importance de mettre en place ce nouveau ministère’’ qui permettra ainsi, de savoir ‘’qui rentre dans notre pays’’, parce que, dit-il, le pétrole et le gaz font l’objet de beaucoup de convoitises.
Le chercheur en appelle à la vigilance. Ainsi, il avance : ‘’Il faut légiférer, il faudrait toute une jurisprudence aujourd’hui pour protéger les Sénégalais, parce que les risques et dangers ne manquent pas avec l’exploitation de ces hydrocarbures. L’intérêt du Sénégal doit être mis en avant’’.
Le scandale des passeports diplomatiques
Si l’on s’en tient aux propos de M. Séye, il n’y a plus de règles orthodoxes dans l’obtention et la délivrance du passeport diplomatique. C’est pourquoi, on assiste aujourd’hui à la surproduction, à la surexploitation de ce document. ‘’Ce qui se passe avec les passeports diplomatiques est extrêmement grave !’’, fulmine-t-il. Pour le chercheur, il y va de l’intérêt du Sénégal et de notre appareil judiciaire de régler ce problème.
Il rappelle qu’il y a deux ans de cela, l’Union Européenne avait interpellé le Sénégal sur ces questions liées aux passeports. À ce sujet, il déclare : ‘’Nous estimons qu’il faudra une enquête très sérieuse pour régler définitivement ce problème-là. Sinon, les conséquences sont majeures. Ce, même en termes de migration régulière, parce que d’honnêtes citoyens sénégalais pourraient être malmenés dans des aéroports européens’’. Pour lui, le passeport diplomatique ne remplit plus sa mission qui est d’assurer la fluidité des actions de l’État dans les relations internationales. Par conséquent, on ne sait plus qui assure une mission de l’État, qui devrait bénéficier de ce document.
Dans cette ‘’chaine de corruption’’, des institutions comme l’Assemblée Nationale sont indexées. Pour cela, M. Séye propose la suspension provisoire des passeports diplomatiques. Il avance : ‘’L’État du Sénégal devrait sortir un communiqué pour suspendre tous les passeports diplomatiques, en attendant qu’une enquête sérieuse soit menée pour combattre la corruption. Il faut régler ce problème qui risque de créer du populisme’’. Entre temps, il préconise le passeport de service pour ceux qui sont dans l’urgence.
Le blocage du prix Immigration Paix et Sécurité
D’après M. Séye, leur organisation travaille sur une nouvelle stratégie dans la gestion du triptyque : Immigration, Paix et Sécurité (IPS), depuis 2006. Une production d’Horizon Sans Frontières (HSF). Selon toujours ses explications, ça a été même protégé en Europe. Cette nouvelle stratégie prend en compte les évolutions récentes de l’environnement dans le contexte géopolitique actuel. Elle met en lumière les dangers multiformes que traversent les États et les peuples.
Pour lui, la migration est un élément essentiel de la géopolitique mondiale. C’est pourquoi, pour une paix durable en vue d’un développement humain, HFS a créé le prix international Immigration Paix et Sécurité Cheikh Mourtada Khadim Rassoul (IPS). Malheureusement, ça n’a jusque-là pas décollé par manque de soutien.
Il revient sur le sujet : ‘’Ce prix récompense l’homme qui s’est distingué le plus sur le triptyque : Immigration Paix et Sécurité. Nous avons écrit à beaucoup de chefs d’États du monde que nous allons lancer le prix IPS Cheikh Mourtada. Mais, aucun soutien de la part de nos États, car, ce qu’il faut savoir, ce prix est international. Hélas, les Africains ne se sont jusque-là pas intéressés. Et on sait que les Européens ne le seront n’ont plus. Ce que nous voulons, c’est que ce prix soit inscrit sur l’agenda international pour que, chaque année, il y ait un lauréat. Nous n’avons pas besoin d’un prix Goncourt, ni un prix Nobel. Nous avons nos idoles et nos grands hommes’’.
THIÈS : MARCHE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Des femmes de diverses catégories socioprofessionnelles ont marché dimanche à Thiès pour dénoncer les violences faites contre elles, à l’appel d’un collectif, dénommé ‘’la Marche blanche des femmes’’ (MBDF), a constaté l’APS.
Des femmes de diverses catégories socioprofessionnelles ont marché dimanche à Thiès pour dénoncer les violences faites contre elles, à l’appel d’un collectif, dénommé ‘’la Marche blanche des femmes’’ (MBDF), a constaté l’APS.
Les participantes, toutes de blanc vêtues, sont parties du foyer des femmes sis au quartier Carrière, pour prendre la direction de la Gouvernance, en passant devant le marché central.
Abibatou Fall, présidente de l’association ‘’Rafet Kar’’, a au nom du collectif, lu devant l’adjoint au gouverneur, Djiby Guèye Diongue, un mémorandum dans lequel, elle a évoqué, la nécessité de reformuler plusieurs dispositions juridiques jugées ’’discriminatoires’’ à l’égard des femmes.
Le mémorandum cite aussi entre autres, la Loi interdisant la recherche de paternité, ou encore celle relative à la puissance paternelle.
Les femmes ont également demandé que soit mis en exergue, la place des violences comme cause de divorce, tout comme l’extension du harcèlement sexuel au-delà de la sphère professionnelle.
Abibatou Fall a en outre appelé à l’unité de tous les acteurs, y compris les hommes pour venir à bout des violences faites aux femmes.
En plus du document, Julie Cissé, représentante des femmes de développement, a insisté sur la question de l’accès des femmes au foncier, aux intrants agricoles et aux financements.
L’adjoint au gouverneur, Djiby Guèye Diongue, a pour sa part, salué la démarche de sensibilisation des femmes sur ces violences, un fléau qui, selon lui, ‘’n’est pas conforme aux valeurs sénégalaises".
Il a assuré que le mémorandum sera exploité à Thiès, avant d’être transféré au président de la République et aux plus hautes autorités concernées.
Les femmes, munies de pancartes prônant le respect de leurs droits ont ensuite rallié l’hôtel de ville de Thiès, devant lequel un représentant du maire les a reçues.
ADI/SG
LA 29ÈME FIDAK A ENREGISTRÉ 428 EXPOSANTS DIRECTS ET 1222 AUTRES INDIRECTS (DG CICES)
La 29eme édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) a vu la participation de 428 exposants directs et 1222 autres indirects, a révélé dimanche, le directeur général du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), Salihou Keita
La 29eme édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) a vu la participation de 428 exposants directs et 1222 autres indirects, a révélé dimanche, le directeur général du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), Salihou Keita.
’’Au total, nous avons enregistré 428 exposants directs et 1222 exposants indirects qui ont pris part à cette 29 eme édition de la FIDAK’’, a-t-il indiqué lors d’un point de presse, consacré, au bilan de cette 29 ème FIDAK.
Placée sous le thème : ‘’Promouvoir l’Agrobusiness pour un développement économique et social durable’’, elle avait choisi le Pakistan, pays invité d’honneur.
La FIDAK est organisée en même temps que la 17eme Foire commerciale des Etats membres de l’OCI (Organisation de la coopération islamique), une manifestation que le Sénégal a eu à abriter en 2007.
Selon Salihou Keita, cette foire organisée après deux années d’interruption en raison notamment de la Covid-19, ‘’est celle de tous les records.’’
A ce propos, il a indiqué que ’’près de 16 036m2 ont été vendus par le CICES’’, avec 12 participations officielles, composée de délégations gouvernementales, ainsi que 31 nationalités de pays différents ont pris part à cette grande rencontre d’exposition et de vente de Dakar.
Salihou Keita a par ailleurs précisé que contrairement aux années précédentes, cette 29eme édition qui prendra officiellement fin, lundi ‘’ne sera pas prolongée’’.
Il a par contre, assuré aux vendeurs qui le souhaitent de pouvoir rester pour participer à la foire du consommer local, prévue au CICES, du 23 au 6 janvier prochain.
‘’L’objectif, c’est d’aller vers une professionnalisation de la foire’’, a-t-il soutenu, avant de saluer les premiers jalons posés par la direction du CICES pour aller dans ce sens qui lui ont déjà valu ’’beaucoup de satisfaction’’.
MK/SG
Si le poète s’abreuve à la source du terroir et exhale des voluptés toutes de rythmes, de couleurs, de sonorités et de formes, l’homme politique a structuré une démarche que ne renierait pas Machiavel
Quand Abdoulaye Ndiaga Sylla m’a demandé un éditorial sur Senghor l’occasion de son 90ème anniversaire, j’ai cru pouvoir m’en tirer en faisant, comme d’habitude. C’est-à-dire attendre d’être tiraillé, pris en tenaille entre le couperet du «deadline» et l’exigence de dégager une perspective à la fois pour l’événement et le traitement qui sera réservé par votre journal. En réalité, je ne faisais pas comme d’habitude. Je me dérobais tout simplement car, je ne savais pas –que dire, quoi dire sur Senghor- tant l’homme multidimensionnel est un nœud de contradiction. Au point qu’il devient insaisissable.
En effet, si le poète s’abreuve à la source du terroir et exhale des voluptés toutes de rythmes, de couleurs, de sonorités et de formes, l’homme politique a structuré une démarche que ne renierait pas Machiavel.
L’influence de la culture gréco-latine mâtinée un zeste d’orientalisme ou pêle-mêle s’entrelacent le Tigre et l’Euphrate, les oracles de Delphes et les Pangols du Sine, la Muse et Cerbère Paradoxes. J’éviterai de m’attarder sur l’homme d’Etat a mis un coup d’arrêt brutal au projet Diaiste d’une libération économique par une politique s’appuyant sur un communalisme inspiré de la civilisation agraire. Je me tairai sur celui qui, combattant d’une main la balkanisation de l’Afrique, a œuvré de tout son être pour arrimer le Sénégal au char de la France. Donné en civilisationnel sénégalais à la civilisation de l’Universel. Raté un certain rendez-vous du donner et du recevoir qui évoque, pour l’essentiel, l’alliance du cavalier et du cheval. Qu’avions-nous besoin de prouver à l’Occident, en particulier à la France que nous les nègres, n’étions nègre que par assimilation, c’est-à-dire par le pouvoir absorbant d’une célébration culturelle proche du Culte ? Exagération. Certes. Pour un adolescent pétri d’idéaux communautaires et piqué par le rêve d’un grand soir rendu pratiquement cauchemardesque par la furia d’un régime répressif à volonté, Senghor et l’Union progressiste sénégalaise (UPS) étaient voué aux gémonies. Des images.
La répression et l’interdiction du Parti africain de l’indépendance (PAI), l’éclatement de la Fédération du Mali, les fusillades des allées du Centenaire qui virent les forces de l’ordre de tirer sur la foule, tuant des manifestants, le quasi bannissement de certaines formation politiques et de leurs leaders dont le professeur Cheikh Anta Diop, la dure répression du mouvement social en 1968 et 1969, puis en 1971 et 1973 avec l’arrestation des animateurs de « Xarebi », organe de And Jëf, alors contraint comme le Pai et la Ligue démocratique, entre autres, à la clandestinité. L’agrégé en grammaire réglait parfois les querelles de l’homme politique avec les opposants Cheikh Anta Diop a été contraint de changer le titre du journal du Rassemblement national démocratique (RND) « Siggi » (relever la tête) contre « Taxaw (debout) parce que « Moussé » Léopold lui disputait la lettre « g » qu’il estimait être de trop. Sembène Ousmane, écrivain et cinéaste, mais surtout critique inspiré de la bourgeoisie bureaucratique et compradore et de l’obscurantisme, n’a pu montrer son film « Ceddo » à ses compatriotes qu’une fois le gardien du temple (sic) parti dans sa douce Normandie. Motif, le Ceddo de Sembène devait immoler un « d » sur l’autel de l’orthographe senghorienne. Trônant entre César et Démosthène, il a voulu bâtir Athènes, Rome et Persepolis alors que la jeunesse réclamait Sapartes et Dèkheulé, illuminée par les leurres des soviets et bruissant de la cadence des gardes rouges. Le socialiste qui a voulu tout encadrer, intimant à l’Etat un rôle pionnier de bâtisseur et de promoteur n’a pu empêcher de naufrage d’une économie de traite, servie par la logique des comptoirs (post) coloniaux.
Le malaise paysan et le saupoudrage, aux pesticides des agriculteurs agressés à la fois par la sécheresse et l’Oncad (Organisme d’encadrement du monde rural : Ndr) pour leur refus de s’acquitter de l’impôt, autant de souvenirs que la mémoire collective a inscrit au passif des proches collaborateurs du président-poète qui n’a jamais pu tenir sa promesse de faire porte le prix au producteur d’arachides à 5000 f cfa la tonne (Barigot juni) Cependant, il faut être juste, rendre à Sédar, ce qui appartient à Senghor. L’image de ce vieux jeune homme, vêtu de kaki, le chef protégé d’un chapeau parcourant sous un soleil de plomb les campagnes sénégalaises est resté indélébile dans les mémoires Senghor affectionnait particulièrement les tournées économiques, ponctuées de mesures incitatives et de remises de dettes en faveur des paysans. Ce paysans qui, à deux reprises, sauront gré à ce fils du terroir, d’être des leurs, d’avoir une fibre paysanne. Contre Lamine Guèye l’urbain, le citoyen des quatre communes, à l’orée de l’indépendance. Contre le mouvement social et estudiantin ensuite, en mai 1968. Aujourd’hui encore, les hameaux les plus reculés du pays ont gardé en mémoire, la voix chantonnant du fils de Diogoye, le «traitant».
Mieux encore, ceux qui l’ont connu gardent le souvenir d’un mentor attentionné ayant eu, au moins, pour dessein de prendre sa société parla main, pour guider ses premiers pas vers des objectifs clairement définis. Il en est, au plan comportemental, de cette fixation sur l’esprit d’organisation et de méthode, sans lequel rien de grand et de durable ne se réalise, autant de cet encadrement de l’activité économique, à la limite de l’étouffement afin que les différences de revenus et de ressource ne dépassent jamais des indices à un chiffre. Dessein, identifié également que ces lois majeures sur le domaine national (1964), le Code de la femme, pardon de la famille (1972) et l’ouverture démocratique, avec l’étape des courants de pensée qui constituent toutes autant de challenges conscients pour une société en mouvement.
Mais, le père de «Leuk le lièvre» dont les roueries ont peuplé l’imaginaire des « enfants de l’indépendance » s’était-il mépris au point de n’avoir pas saisi le levier économique arrivé à la doctrine et à l’éthique mouride du travail ? Il est vrai que le catholique si cher au second khalif des Mourides Serigne Falilou Mbacké et à Thierno Seydou Nourou Tall, Khalife et famille d’El Hadj Oumar ne s’est pas rendu compte de la parenté doctrinale entre les préceptes de Bamba et les prémisses de Calvin (cf l’éthique protestante du Capitalisme). Sans doute, aurions-nous, tel Prométhée, volé le feu, à l’instar des Japonais et autres dragons, Asie dont certains n’étaient à l’époque-guère mieux lotis que nous. Mais, puisque sous le régime du Parti-unifié pas unique-l’Union progressiste sénégalais, ni Aline Jaata Sitoé, ni Lamine Senghor, encore moins les femmes de Nder n’avaient droit de cité, le terreau culturel, comme le ferment spirituel, rampes de lancement de toute économie, souffriront de relégation sous les coups de boutoir de l’élite senghorrienne.
Paradoxes toujours. C’est pourtant ce même Senghor qui a fait de Mme Caroline Diop, la première femme député et ministre d’un gouvernement d’Afrique de l’Ouest. Ses rapports avec la presse étaient plus ou moins ambigus. Pendant la période où les libertés étaient sous haute surveillance et les partis d’opposition en hibernation légale, les titres de la presse politique faisaient fureur.
Seuls les journaux «Promotion» et « Le politicien » tenaient le haut du pavé de la presse indépendante de l’époque, à côté du mensuel « Africa international ». Si le poète-président préférait s’adresser directement à ses compatriotes à travers des allocutions radiotélévisées, la presse étrangère avait ses faveurs. Senghor n’hésitait pas non plus à sévir contre certains patrons de la presse privée. Ce fut le cas quand il a envoyé Mame Less Dia, fondateur du premier hebdomadaire satirique africain et Boubacar Diop, Directeur de « Promotion », en prison. Sans parler du code de la presse adoptée en 1979, véritable corset que le pouvoir utilisera au besoin, couplé des dispositions inique du code de procédure pénale. Autres images. Le peloton d’exécution pour Abdou Ndaffkhé Faye et Moustapha Lô. Le premier accusé du meurtre du député Demba Diop.
Le second, de tentative d’assassinat sur la personne du président Senghor. Justice sévère, mais justice quand même, comme il en a été convenu, dans le discours officiel, pour justifier le verdict de 1962 contre le président Mamadou Dia et ses amis. Ce ne sera pas l’un des moindres paradoxes que vivra le « président-poète-humaniste », chantre de la Négritude et apôtre de la Civilisation de l’Universel qui se retrouvera contraint de publier un livre blanc-qu’il n’aimera certainement pas voir figurer dans une bibliothèque-sur la mort, en détention, d’Omar Blondin Diop, intellectuel révolutionnaire qui, à bien des égards, se présentait en antithèse de Senghor. Il n’empêche ! Nombre de ses opposants, surtout parmi les intellectuels iront-non pas à Canossa, mais à rebrousse-poil de leur propre critique. L’académicien, premier chef d’Etat démissionnaire de son propre gré ( ?!) aura tôt fait de détourner le regard impertinent de ceux qui, entre Lagos et Alger, avaient eu l’outrecuidance de chercher à effacer le 1er festival mondial des arts nègres (indigènes et diaspora).
Evacuée la critique «cryptopersonnelle» d’un Soyinka revenu à de meilleurs sentiments. Le tigre pourra désormais crier à tue-tête sa tigritude, et même esquiver sa proie. Paradoxe encore. Senghor rassasié par tout ce festin, semble se détacher de plus en plus de ces joutes. Il ne professe plus. Il ne revendique plus. Il observe, constate et se fait à son « ce que je crois » qu’il redevient ce qu’il a peut-être toujours rêvé et qui s’offre à lui au moment même où les ténèbres planent sur sa mémoire et que son Ebène de corps subit les assauts du temps et de l’espace, un honnête homme, un citoyen du monde. C’est ce Senghor là que j’ai approché. Cette première rencontre avec Senghor, simple, courtoise, agréable, fit naître en moi un regret. Que ne l’ai-je rencontré plus tôt ? Quelle stature, quelle exquise personnalité ! Ondoyante, certes, mais rassurante. Un confort. Une heure et demi avec cet homme, passionné, curieux du monde, éblouissant de vivacité, mais aussi capable d’humour et d’espièglerie. Précis comme un métronome sur l’horaire de ses audiences, généreusement abstrait dans la déclinaison de ses thèmes favoris qui ont rythmé l’élan du poète et innervé les réflexions du penseur. Je me rappelle, un jour, il nous fit de grandes déclarations en nous présentant les tableaux ornant le vestibule de sa villa. Et Senghor avocat de l’Eurafrique, conservateur de cette trinité-oh pardon de la trilogie des peuples souffrants-juifs, arabes et nègres-nous fit découvrir une facette de sa personnalité, que nous étions loin de soupçonner. Un matin de décembre.
Devant lancer le 1er numéro de « Sud Hebdo », en cette veillée préélectorale de l’après hivernage 1987, nous étions à la recherche d’un sujet accrocheur, un sujet de lancement. Sept ans plus tôt, en janvier 1981, Senghor avait lâché la bride et passé la main à son Premier ministre Abdou Diouf qui, après avoir achevé le mandat du démissionnaire, affrontera, pour la première fois, les électeurs en 1983. Les élections mouvementées de février 1988 pointaient à l’horizon. C’est à quelques encablures de ce rendez-vous avec l’histoire se faisant, que Senghor nous reçut, mon collègue Ibrahima Baaxum et moi, en sa résidence dakaroise baptisée par quelque esprit chahuteur, « les dents de la mer », évocation du haut du mur de la villa, conçue en dents de scie, face à l’océan, le film « jaws » ou (« les dents de la mer ») était passé par là, et l’imagination (de Senghor ?) a fait le reste. Alors qu’il s’extasiait devant ses tableaux et se pâmait des délices de l’Amérique et de ses musées, de son dynamisme et du «melting-pot», sitôt ses hôtes américains partis, fascinés et conquis, Senghor me fit un clin d’œil complice et lâcha, d’un ton enjoué «Tu sais Babacar, il m’a bien fallu sortir le grand jeu car ils (les occidentaux : Ndlr) nous prennent tous pour des sauvages ». Mon collègue Pape Ndoye, qui officiait ce jour comme photographe faillit s’étrangler ; tellement cette sortie de Senghor était inattendue. Alors, faut-il aujourd’hui brûler ce qu’on a adoré hier ou faut-il adorer aujourd’hui ce qu’on a brûlé naguère ? La célébration du 90ème anniversaire de Léopold Sédar Senghor, l’enfant de Joal, le retraité de Verson, pose de manière ciselée la dialectique, de l’osmose. Des influences réciproques. Positives comme négatives. Cela, c’est aussi Senghor. Du moins, croyons-nous.
Texte paru pour la première fois en 2001
PRESERVATION DE LA PAIX LORS DES ELECTIONS TERRITORIALES, « L’APPEL DE ZIGUINCHOR » LANCÉ
Le Gradec est parvenu à rassembler les acteurs politiques, les représentants de la société civile, les mouvements de jeunes, de femmes, les « Badienou gokk » pour amener chacun à jouer sa partition dans la consolidation et la préservation de la paix
Echanger autour des solutions susceptibles de maintenir la dynamique de paix, c’estle pari que se fixe le Gradec qui a rassemblé le temps d’un week-end les acteurs politiques, les mouvements de jeunes, de femmes, de la société civile de Ziguinchor pour la préservation de la paix lors des élections territoriales du 23 janvier 2022. L’appel de Ziguinchor lancé a été paraphé par les différents acteurs impliqués dans ces élections.
La dynamique de paix enclenchée dans la région Sud avec des lueurs d’espoirs ne devrait pas être perturbée par des velléités de violences électorales, c’est toute la pertinence d’une rencontre d’échange qui a réuni à Ziguinchor différents acteurs impliqués dans le processus électoral.
Le Groupe de Recherche d’Appui Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (GRADEC) est parvenu à rassembler les acteurs politiques, les représentants de la société civile, les mouvements de jeunes, de femmes, les « badienou gokk » pour amener chacun à jouer sa partition dans la consolidation et la préservation de la paix. « Les élections sont un moment de tension, de compétition politique mais nous pensons que cette compétition doit se faire de façon saine, de façon pacifique parce que les élections, c’est un jour, et le Sénégal va continuer après ces élections. Il apparait dès lors pour tout le monde un devoir de responsabilité pour que les élections puissent se dérouler dans le calme et la transparence …», a laissé entendre Babacar Fall, secrétaire Général du Gradec qui lance également un appel à l’administration pour qu’elle soit à équidistance des partis politiques. « Parce que s’il n’y a pas de transparence, cela peut amener des suspicions et cela peut faire ressurgir des velléités de violences préjudiciables à la région», martèle toujours le chef de projet « Promouvoir la participation pacifique aux élections territoriales du 23 janvier 2022 ».
Apres les débats et les échanges, « l’appel de Ziguinchor » lancé depuis la capitale du sud proposé par le Gradec a été paraphé par les différents acteurs pour la préservation de la paix au sortir des élections territoriales du 23 janvier 2022. Ce projet déroulé par le Gradec cible trois communes de Dakar dont Grand Yoff, Parcelles Assainies et Golf Sud en plus de la commune de Ziguinchor en rapport de leur densité électorale et des enjeux qu’elles représentent. «La bataille de Dakar » et « la bataille de Ziguinchor » auront lieu, lance M. Fall qui se fixe, avec le Gradec, le pari de minimiser les risques de violences.
SENGHOR, CHRONIQUE D’UNE GOUVERNANCE FORCÉE
Retour sur certains événements politiques ayant marqué le parcours de cet homme multidimensionnel dont la carrière politique a débuté en 1945 pour prendre fin en 1981
En prélude à la commémoration des vingt ans après la disparition du poète président Léopold Sédar Senghor, Sud quotidien revient sur certains événements sur le plan politique qui ont marqué le parcours de cet homme multidimensionnel dont la carrière politique a débuté en 1945 pour prendre fin en 1981.
L’entrée de Léopold Sédar Senghor dans l’arène politique s’est fait progressivement entre les années 1930 et 1940. Brillant intellectuel noir très influent dans le milieu universitaire Parisien, ce professeur de lettres classiques semblait au départ destiner à une carrière exclusivement universitaire. Mais, l’avènement des deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939- 1945) est venu basculer cette trajectoire du fils de Basile Diogoye Senghor et de Gnilane Ndiémé Bakhoum.
Coopté au sein de la Commission Monnerville, mise sur pied en 1945 par le ministère des Colonies pour réfléchir sur les modalités de représentation des colonies dans les futures Assemblées de la France d’après seconde guerre mondiale, Léopold Sédar Senghor qui n’était pas auparavant connu des milieux politiques et administratifs, entama le début d’un long et riche parcours politique qui s’est terminé par sa démission en décembre 1980 de la présidence de la République du Sénégal au profit de son Premier ministre d’alors, Abdou Diouf en vertu de l’article 35 de la Constitution du Sénégal. En effet, de député à l’Assemblée nationale constituante en 1945, Senghor va par la suite être élu à l’Assemblée Nationale et conserver son siège jusqu’a la fin de la quatrième République (4 octobre 1958). Parallèlement à cette présence à l’Assemblée nationale française, l’ancien professeur de lettres classiques au Lycée Descartes à Tours, en fin stratège, va également se construire une forte image et une grande personnalité politique au plan local grâce à une stratégie politique orientée non seulement vers l’électorat rural avec comme partenaire les autorités religieuses et coutumières. Mais aussi en s’appuyant sur son propre appareil politique, le Bloc démocratique sénégalais (Bds) fondé en 1948 avec Mamadou Dia et Ibrahima Seydou Ndao. C’est cette formation politique devenue par la suite au gré des jeux d’alliances et autres fusions, l’Union progressiste sénégalais (Ups) puis le Parti socialiste (Ps) en décembre 1976 qui va d’ailleurs propulser le couple Senghor et Dia au sommet du nouvel Etat du Sénégal indépendant après l’éclatement de la fédération du Mali.
SENGHOR ET DIA, DE LA COLLABORATION À L’ANTAGONISTE DE 1962
Propulsés au sommet du jeune Etat du Sénégal à la suite de la crise du 18 août 1960 qui a scellé définitivement le sort de la fédération du Mali, Léopold Sédar Senghor qui occupait jusqu’ici le poste de Président de cette fédération et Mamadou Dia, celui de vice-président du gouvernement fédéral opte pour un régime parlementaire bicéphale de type quatrième République française. En sa qualité de nouveau président de la République du Sénégal, Senghor avait pour mission de représenter la République et d’incarner l’unité nationale et garantir la continuité de l’Etat mais aussi jouer à l’arbitre en cas de crise. Pour sa part, Mamadou Dia en tant que nouveau président du Conseil des ministres et Secrétaire général du parti au pouvoir avait la charge de définir la politique de la Nation, rendre compte a l’Assemblée nationale, dont il tenait son investiture. Seulement, après deux ans de mise en œuvre, ce système politique va à son tour connaitre une grave crise institutionnelle le 14 décembre 1962 suite à une motion de censure contre le gouvernement dirige par Mamadou Dia introduite par le députe Théophile James au nom de ses 41 collègues. La suite des événements sera marquée par la dissolution du gouvernement et l’arrestation de Mamadou Dia accusé par Senghor de tentative de « coup d’Etat ». Au centre de ce divorce entre les deux hommes dont la collaboration a commencé avec la création du Bloc démocratique sénégalais, se trouvait une profonde divergence au sujet de la place de la France dans la nouvelle politique de développement du Sénégal. En effet, spécialiste des questions économiques, Mamadou Dia militait pour une rupture plus nette avec la France et une sortie progressive planifiée de l’économie arachidière. Position que ne partageait par le président Senghor. La conséquence directe de cette crise est l’adoption d’une Constitution qui prône un régime politique hyper présidentialiste avec la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du président de la République que nous connaissons aujourd’hui. Prévu dans le nouveau texte fondamental, les fonctions de Premier ministre ont été cependant drastiquement encadrées. En effet, désormais le Premier ministre ne tient plus son investiture de l’Assemblée nationale mais plutôt du décret de nomination du président de la République qui peut à tout moment mettre fin à ses fonctions.
SENGHOR OÙ UNE VISION SINGULIÈRE DE LA DÉMOCRATIE AVEC LE RÈGNE DU PARTI UNIQUE
S’il avait farouchement dénoncé la centralisation de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) au point de quitter cette formation pour fonder le Bloc démocratique sénégalais, l’ancien député à l’Assemblée nationale française, Léopold Sédar Senghor, optera tout de même pour une démarche similaire après son élection à la présidence de la République du Sénégal. En effet, après la crise de 1962, le nouveau président va instaurer un système de règne sans partage du pouvoir et de l’espace politique Sénégalais. Toutes les formations politiques d’opposition créées par ses anciens camarades avec qui il était en désaccord idéologique sont interdites obligeant ainsi leurs leaders à prendre le chemin de la clandestinité au nom de l’unité nationale. De 1966 jusqu’en 1974, cette gestion autocratique du pouvoir et de l’espace politique sénégalais sera ainsi érigée en règle de gouvernance au Sénégal. Mais à partir de 1974, l’adoption de la Loi n° 76-01 du 19 mars 1976 portant révision de la Constitution instaurant un pluralisme politique limité à trois courants politiques va progressivement évoluer d’abord en 1978 vers la création d’un quatrième parti politique (la loi n° 78-60 du 28 décembre 1978) puis vers un multipartisme intégral avec la loi 81-17 du 6 mai 1981 après son départ et l’arrivée au pouvoir du président Abdou Diouf.
SENGHOR OU L’ART DELA CONSTRUCTION D’UN ETAT NATION
Père de l’indépendance du Sénégal, le président Léopold Sédar Senghor a grandement contribué à la construction et la consolidation de l’Etat nation du Sénégal. Si le Sénégal a pu traverser les graves crises de 1962 et de 1968, c’est grâce à son esprit d’ingéniosité. D’ailleurs, parlant de la capacité managériale de l’homme, feu Assane Seck, son ancien ministre d’Etat témoignera à ces termes. « Il savait, en expert, tout en déjouant les pièges têtus des intérêts personnels ou de groupes, distinguer dans l’écheveau emmêle des faits quotidiens d’importance nationale ou internationale, l’essentiel a réaliser coûte que coûte » . Sur le plan de la rigueur dans le travail administratif, le président Senghor a également beaucoup fait avec son ancien dauphin, Mamadou Dia, père de l’administration sénégalaise. Adepte d’un travail raffiné et bien fait, l’ancien chef de l’Etat ne laissait rien passer. « Mes fonctions de secrétaire général nous mettaient, plusieurs fois par semaine, en présence des représentants de l’industrie et du commerce, des syndicats et des milieux professionnels. Nous entrions en mouvement pour changer l’Etat de choses dont nous héritions de la colonisation. « Le mouvement réel qui doit supprimer l’Etat de choses actuel» disait Senghor, reprenant Marx », ajoutait encore feu Assane Seck. Il faut souligner également que le président Senghor ne s’est pas seulement contenté à veiller personnellement à la construction et à la consolidation de notre appareil administratif. En effet, prenant très au sérieux les crises identitaires que les indépendances ont réveillé dans certains pays africains, le président Senghor s’est fortement impliqué à la consolidation de la cohésion nationale. Et ce, allant même jusqu’à instituer le cousinage à plaisanterie entre certains groupes ethniques au Sénégal. Il s’agit entre autres, des Sérères, des Diolas et des Al Pulaar pour raffermir les liens entre les membres de ces différentes communautés
LE RETRAIT DELA SCÈNE POLITIQUE PAR LA GRANDE PORTE EN 1981.
Le retrait de Léopold Sédar Senghor de ses fonctions de président de la République du Sénégal est sans doute l’un des évènements politiques phares de l’actualité politique africaine des années 1980. En effet, après avoir réussi, contre tout attente à se maintenir au pouvoir dans un environnement politique africain marqué par un vent de coups d’état militaire qui a balayé plusieurs chefs d’Etat, le président Senghor dont le règne n’avait pourtant rien d’un long fleuve tranquille a réussi tout de même à quitter le pouvoir par la grande porte après vingt ans de règne. Mieux, le poète président a même eu le temps de choisir et préparer son successeur en la personne du président Abdou Diouf pendant environ dix ans avant de lui transmettre pacifiquement le pouvoir. Ce retrait volontaire du pouvoir à l’âge de 74 ans, intervenant à un moment où sa cote de popularité est à un niveau pourtant très élevé puisqu’il venait d’être réélu avec 82 % des suffrages, lors de la présidentielle du 26 février 1978, marquée pour la première fois dans l’histoire du pays, par une participation de plusieurs candidats, a surpris plus d’un.