SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
11 août 2025
UN ENVOYÉ SPÉCIAL DE JEUNE AFRIQUE EXPULSÉ DU MALI
La direction de Jeune Afrique considère "cette mesure prise à l'encontre de son collaborateur comme injustifiée et contrevenant à la liberté d'informer"
Un envoyé spécial de "Jeune Afrique" a été "interpellé" puis expulsé du Mali quelques heures après son arrivée à Bamako, a annoncé mardi la direction de ce média français, condamnant une mesure "injustifiée et contrevenant à la liberté d'informer".
"La direction de Jeune Afrique condamne la décision prise par les autorités maliennes de procéder à l'expulsion de son envoyé spécial, Benjamin Roger", a-t-elle écrit dans un communiqué. Selon la direction, l'envoyé spécial "était muni d'un visa d'entrée en règle et n'a pas dissimulé sa profession de journaliste ni le fait qu'il venait l'exercer - en toute impartialité - au Mali". "Arrivé à Bamako dans la nuit du 6 au 7 février, Benjamin Roger a été interpellé à son hôtel par la police ce lundi 7 février vers 11 heures et conduit dans les locaux de la Brigade d'investigation judiciaire, où il a été interrogé, puis dans ceux de la Police de l'air et des frontières, où son expulsion lui a été signifiée", explique-t-elle. La direction de Jeune Afrique considère "cette mesure prise à l'encontre de son collaborateur comme injustifiée et contrevenant à la liberté d'informer".
Le Mali a notifié fin janvier aux correspondants de la presse internationale qu'un nouveau processus d'accréditation allait être mis en place. Cette accréditation est indispensable pour venir travailler pour le compte d'un média international au Mali.
Aucun journaliste de la presse internationale n'a été expulsé ces dernières années au Mali, après le retrait en 2018 de l'accréditation d'un journaliste de Radio France internationale (RFI).
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) ont pris le 9 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années, après deux putschs en août 2020 puis en mai 2021.
VIDEO
ACCUEIL TRIOMPHAL DES CHAMPIONS D'AFRIQUE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE ZIK FM CE MARDI 8 FEVRIER
L'ensemble des journaux parcourus par la radio Zik Fm sont largement revenus sur l'accueil populaire réservé au Lions de la Teranga lundi 7 février 2022.
L'ensemble des journaux parcourus par la radio Zik Fm sont largement revenus sur l'accueil populaire réservé au Lions de la Teranga lundi 7 février 2022. Dans cet élément, écoutez la revue de presse de ce mardi 8 février présenté par Fabrice Nguéma sur Zik Fm.
LA LIESSE AUTOUR DES LIONS A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE MARDI 8 FEVRIER
L’accueil triomphal que le peuple sénégalais a réservé aux Lions du football nouvellement couronnés champions d’Afrique, dans un élan collectif traduite dans une ’’ivresse nationale’’, résume le menu de mardi de la presse quotidienne.
Dakar, 8 fév (APS) - L’accueil triomphal que le peuple sénégalais a réservé aux Lions du football nouvellement couronnés champions d’Afrique, dans un élan collectif traduite dans une ’’ivresse nationale’’, résume le menu de mardi de la presse quotidienne.
’’Ivresse nationale’’, constate le quotidien Enquête, dont la une dont tout de cet engouement populaire que le journal traduit dans un instantané représentant ces milliers de supporteurs sénégalais qui ont pris d’assaut les rues, lundi, pour célébrer l’équipe nationale de football.
’’Une marée humaine a accompagné les Lions de l’aéroport de Yoff au palais de la République’’, alors que les joueurs, leurs familles et le staff technique sont attendus ce mardi au palais de la République, selon Enquête.
Sud Quotidien par le d’une ’’procession de plus de 07 heures de temps de l’aéroport de Yoff au palais présidentiel. ’’Du jamais vu !’’, affirme Vox Populi. ’’C’est une fusion totale entre l’équipe et le peuple. La magie du pouvoir invisible du peuple a opéré’’, écrit le même journal.
’’Jusque tard dans la soirée, le peuple est sorti massivement hier (lundi) pour accueillir ses héros après leur sacre’’, rapporte le quotidien Libération. ’’L’apothéose !’’, s’exclame Le Soleil, qui décrit ’’une ambiance folle à l’accueil des Lions’’.
"Un bonheur intégral’’, selon ce journal. ’’La nation reconnaissante’’ (L’As), d’où cette ’’marée humaine ivre de bonheur (qui) honore ses héros’’, selon Les Echos. ’’Tout un peuple en Lions’’, renchérit le journal Le Quotidien.
Il y avait bien sûr le président de la République Macky Sall, à l’accueil des Lions, mais aussi des responsables de l’opposition à l’occasion, le sacre des Lions ayant permis de faire oublier pour quelques jours la férocité de l’adversité politique.
’’Des Lions fédérateurs’’, souligne Bés Bi Le jour, au sujet de ces ’’retrouvailles inattendues’’ entre le président Sall et son opposition. Les Echos note que la classe politique ’’tait ses divergences le temps’’ de rendre les honneurs aux Lions.
’’Les Lions font mieux que le Dialogue national, en termes d’union des cœurs", puisque ’’même Ousmane Sonko, éternel homme du refus, a non seulement accepté, hier, l’invitation du chef de l’Etat’’, mais le nouveau maire de Ziguinchor a appelé, à travers un post, Macky Sall, président de la République’’, écrit Source A.
Kritik’, à propos, titre : ’’Récupérations tous azimuts’’. ’’Toutes les obédiences politiques se sont confondues, les divergences les plus profondes ont été tues pour célébrer en symbiose la belle victoire des Lions".
Et ce journal de poursuivre : ’’Les querelles et recours aux oubliettes (....), c’est toute la classe politique en unisson qui a tenu à fêter l’évènement. Sans rancune, pour la première fois, les ennemis se sont embrassés et les ennemis politiques les plus irréductibles ont accepté d’aller à Canossa pour ne pas gâcher la fête’’.
C’est "ce Sénégal que nous aimons’’, pointe Tribune, là où Walfquotidien s’intéresse au sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, dont il détaille le bilan en Coupe d’Afrique des nations : 11 victoires, 5 nuls et seulement 2 défaites.
’’Critiqué de toute part par les observateurs, Aliou Cissé a pris sa revanche sur ses nombreux détracteurs, indique le journal, parlant d’un ’’mal aimé’’ devenu ’’bien aimé’’.
Son départ avait été agité après l’échec du Sénégal devant l’Algérie en finale de la CAN 2019. Mais selon L’Observateur, sa réponse à ses proches avait été de dire : ’’C’aurait été une trahison de partir sans gagner la coupe’’.
Par Dr Thierno Thioune
CONSÉQUENCES EN TERMES DE PERTE ÉCONOMIQUE DU CÔTÉ DE L'ETAT AINSI QUE DU PRIVÉ
Faudrait-il examiner cette journée chômée et payée, décrétée par le Président de la République, Monsieur Macky SALL, après le sacre historique du Sénégal en coupe d’Afrique, en termes de perte économique pour l’État et le privé ?
Faudrait-il examiner cette journée chômée et payée, décrétée par le Président de la République, Monsieur Macky SALL, après le sacre historique du Sénégal en coupe d’Afrique, en termes de perte économique pour l’État et le privé ? Non, je ne le pense pas ! C'est surtout, un gain considérable de patriotisme, de la fierté, un capital inestimable pour un pays grand comme le Sénégal.
Est-il vrai que le Sénégal enregistre une quinzaine (15) de jours fériés dans l’année et que le pays en perd environs près de 3% de la production et presque 0,01% de croissance économique. Toutefois, l'impact économique des jours fériés dépend de beaucoup de paramètres à la fois multiples et multi variés. S’il est vrai que beaucoup d’études ont montré que les fériés impactent négativement l’économie de certains pays, il n’en demeure pas moins qu’il existe, selon le contexte, des jours fériés qui ont un impact significatif sur l'activité économique avec plus d'activité économique. C’est pourquoi un jour férié peut avoir un impact positif ou négatif sur l’économie (particulièrement sur l’Etat et le secteur Privé) … mais tout dépend du contexte….
Donc, les jours fériés n’ont pas seulement des effets négatifs sur l’économie du pays. Il arrive parfois que des effets positifs soient notés. Et je pense que c’est le cas, dans le cas d’espèce, avec cette finale remportée qui consacre cette première étoile de champion d’Afrique au Sénégal. Car, au-delà du symbolique, le football a des dimensions géopolitiques et géostratégiques et à travers ces canaux il irrigue l’économie en soutenant une hausse de l’activité économique en raison des dépenses de consommation subséquentes. Avec, aujourd’hui cette grande mobilisation à travers tout l’étendu du pays, c’est un apport de plus, même si beaucoup d’activités sont au ralenti. C’est une grande fête du football et à cet effet en termes de festivités des effets dynamisants peuvent être enregistrés dans les activités telles que le commerce, les transports et les télécommunications ainsi que sur l’activité du secteur informel d’une manière générale (traduit en achat de maillots, de drapeaux, de fanions, d’écharpes et de tous autres objets qui symbolisent les couleurs du Sénégal).
En plus, certains secteurs sont les plus grands bénéficiaires des jours fériées notamment les secteurs du loisir, du tourisme ou de la restauration. C’est ce qui est d’ailleurs constaté puisque ce jour férié occasionne un week-end prolongé, qui selon de nombreuses études pousse les consommateurs à consommer plus de loisirs, de restaurants ou d’hôtels. Cette augmentation inopinée de la consommation des ménages peut avoir un impact positif sur la croissance de la production. Au-delà, faudrait-il considérer autant l’impact de ce sacre sur la visibilité du Sénégal en dehors de nos frontières d’abord en termes d’attractivité pour les potentiels investisseurs étrangers.
A présent, avec cette belle opportunité, le Sénégal ne sera plus regardé de la même manière. Il s’y ajoute que le Sénégal, vainqueur du tournoi, empoche une prime de 5 millions de dollars, plus de 2,5 milliards de FCFA soit la plus grosse prime jamais octroyée dans l’histoire de la compétition de la CAN. Ne pas également perdre de vue qu’en générale à la suite d’un jour férié, ce qui est perdu le jour J pourrait être rattrapé le lendemain : c’est l’effet de « délai » même s’il est difficile de l’estimer. C’est pourquoi il est difficile de quantifier avec précision l’impact économique car malgré certains jours fériés, une partie de l’économie continue à tourner malgré tout. On peut dire sans risque de se tromper, que ce jour février de ce lundi 7 février, au vu de la ferveur au tour de cette victoire, constitue une occasion qui va créer des consommations nouvelles. Dès lors, est-il toujours pertinent de continuer de considérer les jours fériés comme mauvais pour l’économie ? That is the question ! En attendant, c’est le temps de la fête…
Dr Thierno Thioune
Directeur du Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA)
Par Bounama Dieye
L’ETOILE TANT RÊVÉE !
Quelle belle étoile! Que de sacrifices consentis. Que de désillusions, de frustrations, de déceptions endurées par le peuple sénégalais. Mais comme le dit l'adage wolof "ku yaag ci pind ten bi, baag fekk la fa".
Enfin! La voilà, l'étoile tant rêvée. Elle est aussi brillante que Sirius, l'astre principal de la constellation du Grand Chien. Notre maillot national sera donc maintenant frappé, à gauche, sur le cœur des lions, d'une étoile.
Quelle belle étoile! Que de sacrifices consentis. Que de désillusions, de frustrations, de déceptions endurées par le peuple sénégalais. Mais comme le dit l'adage wolof "ku yaag ci pind ten bi, baag fekk la fa".
Ils sont nombreux aujourd'hui ceux qui dorment à l'au-delà, qui ont souri avant de se rendormir tranquillement. Je citerai le Vice Président Demba Sall Niang le Président Mbaye Ndoye, le Viceprésident Badara Maya Sene le Secrétaire Général Oumar Ndiaye Coach Bruno Metsu, Jules François BOCANDE. L’entraîneur des gardiens de but Mansour Wade l'inoubliable Pape Bouba Diop...Ils sont dirigeants, joueurs, supporteurs.
Bref, des amoureux du football qui sont partis avec cette plaie au cœur, que les Lions viennent de cicatriser. Les qualifications, les parcours honorables à la coupe du monde et à la Can, les ballons d'or de Elhadj Diouf et Sadio Mane, le titre de meilleur gardien du monde décerné récemment à Édouard Mendy ne pouvaient plus rassasier un peuple affamé de trophée. "Coupe Rekk mo gnou saf" était la réponse de tous. D'aucuns n'ont pas hésité à dire que c'était devenu une demande sociale. "Vous n'avez jamais rien gagné" était la gifle à nous administrée à chaque fois qu'on se glorifiait de notre ranking de première équipe africaine au classement FIFA.
Même chez nous, les autres fédérations pour revendiquer un financement équitable du sport, nous administrait la même baffle. Donc " gathe ngalama aux Lions" de nous avoir permis de nous asseoir à la table du banquet des grandes nations africaines de football sans que personne ne nous regarde du coin de l'œil comme un intrus.
C'est le moment de rendre à Dieu, ce qui lui appartient "alhamdoulila" et rendre un vibrant hommage à tous ceux qui ont encouragé, félicité et même critiqué parfois durement les Lions. " Qui aime bien châtie bien" C'est ça la force du peuple sénégalais. "Un peuple, un but, une foi" n'est-il pas notre devise ? Restons donc unis dans la victoire. Ce "manko" qui a permis au Sénégal de gagner la coupe doit être entretenu, arrosé par le seul amour que nous avons pour le pays. Chapeau bas à l'état du Sénégal, à la fsf , à l'encadrement administratif technique et médical et aux Lions du Sénégal. Aujourd'hui, avec cette épine que cette génération de talentueux joueurs nous a enlevée du pied, chacun d'entre nous peut dire" je peux mourir en paix."
Alors, savourons ce nouveau goût, pinçons les koras, frappons les balafonds, les Lions ont rugi au bon moment. Demain, c'est l'inauguration du "Stade du Sénégal", mais aussi le dernier tour pour la qualification au mondial Quatar 2022. Se remettre rapidement au travail! And wutiwat ndam.
Bounama Dieye
Ancien Premier Vice Président Fsf.
Par Henri ASSOGBA
VAGUE DE COUPS D’ÉTAT EN AFRIQUE, ON LES APPELLE DÉSORMAIS DES «RÉINTERPRÉTATIONS CONSTITUTIONNELLES»
Les coups d’État se succèdent à un rythme soutenu en Afrique, et surtout en Afrique de l’Ouest.
THECONVERSATION.COM |
Henri ASSOGBA |
Publication 08/02/2022
Les coups d’État se succèdent à un rythme soutenu en Afrique, et surtout en Afrique de l’Ouest. Le dernier en date, qui aurait échoué, est survenu mardi en Guinée-Bissau, et visait à renverser le président Umaro Sissoco Embalo. Il aurait fait de nombreux morts. Un coup d’État est survenu le 24 janvier au Burkina Faso, précédé d’un autre au Soudan à la fin octobre, et en Guinée en septembre. À ceux-là s’ajoutent, au courant de la dernière année seulement, la Tunisie, le Mali et le Tchad, sans compter les tentatives avortées en Centrafrique et au Niger.
Plusieurs de ces pays sont aussi aux prises avec un terrorisme islamiste meurtrier, qui vient justifier, dans certains cas, ces coups de force. Mais ce qui est vraiment nouveau dans ces événements, c’est la manière dont ils sont qualifiés. Les nouveaux hommes forts tentent de camoufler leurs actions en nommant la réalité différemment. En Guinée, la « farce » a atteint un sommet, comme en fait foi ce communiqué diffusé sur les réseaux sociaux et signé du nouvel homme fort de la Guinée, le colonel Mamady Doumbouya. “Ce geste que nous posons aujourd’hui n’est pas un coup d’État mais une action inaugurale permettant de créer les conditions d’un État. Plus précisément un État de droit […].”
UN COUP D’ÉTAT ? QUEL COUP D’ÉTAT ?
Cette tentative de qualification de leur action militaire par l’expression « une action inaugurale » n’a pas eu l’effet escompté. La plupart des médias d’information ont plutôt retenu la tournure « coup d’État » pour qualifier et rendre compte de ce qui venait de se passer en Guinée. La même tactique a été utilisée également au Mali voisin qui s’est tristement illustré par un double coup d’État militaire en moins d’un an (août 2020 et mai 2021). Le président de la commission des lois du Conseil national de transition (CNT) Souleymane Dé a justifié l’amnistie accordée aux putschistes en niant l’existence d’un coup d’État. “Ce qu’il faudra que tout le monde comprenne, c’est que ce n’était pas un coup d’État. Il n’y a pas eu de coup d’État parce que la Constitution n’a pas été suspendue et que le président a démissionné. Il n’y a pas eu de démission sous pression, il n’y a pas de démission forcée, ça n’existe pas.” Une telle mauvaise foi ferait sourire si le sujet n’était pas aussi sérieux et tragique pour la gouvernance démocratique en Afrique. Car dans les faits, un coup d’État est bien défini comme une prise de pouvoir illégale par un individu ou un groupe qui exerce des fonctions à l’intérieur de l’appareil étatique. Chercheur régulier au sein du Centre interdisciplinaire de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient (CIRAM) de l’Université Laval, mes recherches portent, entre autres, sur la démocratie et les médias en Afrique. Je reprends les trois principales questions généralement utilisées par des chercheurs comme Jonathan M. Powell et Clayton L. Thyne pour juger si une insurrection est un coup d’État : - Les auteurs de ces actes sont-ils des agents de l’État, tels que des militaires ou des agents gouvernementaux en rupture de ban ? - La cible de l’insurrection est-elle le chef du pouvoir exécutif ? - Les comploteurs utilisent-ils des méthodes illégales et anticonstitutionnelles pour s’emparer du pouvoir exécutif ?
LE COUP D’ÉTAT CONSTITUTIONNEL EN VOGUE EN AFRIQUE
À la lumière de ces définitions, la Guinée a bel et bien connu un coup d’État. Et pourtant, cette mise à l’écart du président guinéen Alpha Condé a suscité peu d’indignation sur le continent africain. Sa présidence n’a pas été un exemple de réussite en matière de gouvernance démocratique. Certains observateurs ont parlé d’un « coup d’État militaire » (l’équivalent d’un putsch) venu rectifier un « coup d’État constitutionnel » qu’aurait exécuté l’ancien président Alpha Condé en modifiant la Constitution pour s’offrir un troisième mandat en 2020. Cette notion de « coup d’État constitutionnel » qui renvoie à l’action de renverser l’ordre constitutionnel existant fait florès ces dernières années sur le continent africain dans des contextes aussi divers que la Tunisie, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin, etc. En Tunisie, le président Kaïs Saïed affirme se baser sur une disposition constitutionnelle en cas de « péril imminent » pour geler les activités du Parlement. Sans suspendre la Constitution, il en a profité toutefois pour prendre une série de mesures d’exception qualifiée par les partis d’opposition comme un « coup d’État contre la Constitution ».
En la matière, le Togo apparaît comme un cas d’école avec une prise de pouvoir dynastique du président Faure Gnassingbé en 2005, geste que la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qualifiait déjà à l’époque de « coup d’État constitutionnel». En Côte d’Ivoire, la mort subite du candidat désigné par le parti au pouvoir, a « forcé » la réinterprétation des règles constitutionnelles pour permettre à Alassane Dramane Ouattara de briguer un troisième mandat présidentiel en 2020.
Au Bénin, le projet d’instauration d’un mandat présidentiel unique a été abandonné. Depuis, les acquis démocratiques de ce pays, longtemps considéré comme modèle en la matière, sont remis en cause avec des modifications constitutionnelles non consensuelles.
Tout récemment, au Tchad, n’eût été la mort au front du maréchal-président Idriss Déby Itno, un cinquième mandat présidentiel de six ans lui était offert, avec 79,32 % des suffrages officiels exprimés en sa faveur au premier tour. Dès lors, au mépris des règles constitutionnelles en vigueur (dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement), un conseil militaire transitoire dirigé par le fils du défunt président, Mahamat Déby Itno, s’est emparé du pouvoir pour une période transitoire de dixhuit (18) mois.
EN PÉRIODE DE TRANSITION, LES PAYS BASCULENT
Ainsi, les « transitions démocratiques » en Afrique ne conduisent pas, dans la plupart des cas, à une consolidation démocratique. En témoigne, par exemple, le deuxième coup d’État militaire intervenu au Mali durant la transition (en mai 2021). Mieux, la foisonnante littérature scientifique sur les transitions démocratiques en Afrique subsaharienne a même donné lieu à un véritable champ disciplinaire dénommé « la transitologie ». Les transitions démocratiques en Afrique conduisent souvent à des réformes constitutionnelles donnant naissance à de « nouvelles républiques » avec un renouvellement des institutions censées garantir de meilleures pratiques. Ces réformes devraient favoriser un fonctionnement adéquat de l’État de droit et des alternances démocratiques du pouvoir exécutif dans un système politique multipartiste. Mais une fois créées, ces institutions sont vite détournées de leur mission initiale. Dans plusieurs pays africains, les cours constitutionnelles ont pris de nombreuses décisions infondées, voire farfelues, alors qu’elles se devaient d’être le dernier recours dans un régime démocratique. Un seul exemple suffit à prendre la mesure de la situation : au Gabon, Marie Madeleine Mborantsuo est en poste depuis 1991 grâce à un décret présidentiel qui a supprimé de manière rétroactive la limitation de deux mandats.
COMMENT REDONNER DE LA FORCE AUX INSTITUTIONS ?
Le président Barack Obama, lors de son discours d’Accra devant des parlementaires ghanéens en juillet 2009, affirmait avec le sens de la formule qu’on lui connait que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes ». Mais beaucoup de dirigeants africains ne retiennent que le mot « fort » et non pas « droit ». Or, de nombreux chercheurs préconisent l’édification préalable d’un État fort comme une condition indispensable au bon fonctionnement d’une société démocratique, fondée sur l’État de droit. Un tel processus de monopolisation du pouvoir ne peut reposer sur le consentement et la légitimité. C’est pourquoi les propositions visant à repenser la légitimité de l’État africain à l’ère de la gouvernance partagée nous semblent porteuses. La gouvernance partagée mise plus sur l’horizontalité que la verticalité dans les prises de décision. Faisant appel au consentement des parties prenantes, elle se distingue d’une gouvernance imposée ou contrainte. Le développement et la démocratie ne sont pas deux notions antinomiques. Mieux, les deux notions peuvent et devraient être menées de pair dans les pays africains. Cela est d’autant plus vrai qu’au lendemain des indépendances dans les années 1960, l’Afrique a déjà essayé, sans succès, l’expérience de privilégier le développement au détriment de la démocratie et des libertés individuelles. Une expérience qui a conduit à l’instauration des régimes dictatoriaux et une gouvernance calamiteuse encouragée par les programmes d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI). Il importe donc d’apprendre de nos erreurs et de sortir de l’impasse actuelle.
DIOCÈSE DE TAMBACOUNDA, MONSEIGNEUR PAUL ABEL MAMBA INTRONISE
C’est sous un soleil de plomb que les fidèles catholiques des régions administratives de Tambacounda et de Kédougou, et de la sous-région ont fait le déplacement pour assister à l’installation de monseigneur Paul Abel Mamba comme évêque de Tambacounda
Ce dimanche 6 février 2022, monseigneur Paul Abel Mamba a été intronisé par le représentant du Vatican au Sénégal, Michael W. Banach, comme nouvel évêque du diocèse de Tambacounda.
C’est sous un soleil de plomb que les fidèles catholiques des régions administratives de Tambacounda et de Kédougou, et de la sous-région ont fait le déplacement pour assister à l’installation de monseigneur Paul Abel Mamba comme nouveau pasteur du diocèse de Tambacounda.
En effet, la forte chaleur qui sévit depuis quelques jours dans la région du Sénégal oriental n’a pas dissuadé la communauté chrétienne venue nombreuse participer à l’intronisation de son nouvel évêque. Le diocèse de Tambacounda compte trois doyennés et neuf paroisses. Cette cérémonie d’intronisation a été présidée par le nonce apostolique, représentant du Vatican au Sénégal, Monseigneur Michael W. Banach.
Monseigneur Paul Abel Mamba devient ainsi le deuxième évêque du diocèse de Tambacounda. Le ci-devant évêque du diocèse de Ziguinchor succède à Jean-Noël Diouf qui a démissionné, après 28 ans d’administration, du diocèse de Tambacounda. Après sa démission, monseigneur Bassène, par ailleurs Évêque du diocèse de Kolda, avait été désigné, le 5 août 2017, par le Vatican, comme administrateur apostolique du diocèse de Tambacounda. Il a assuré l’administration de ces deux diocèses (Tamba et Kolda) pendant quatre ans. Lors de son allocution, Mgr Bassène n’a pas manqué de remercier la haute sainteté pour la confiance accordée à sa modeste personne. Il a également remercié les diocésains de Kolda qui ont accepté de le partager avec ceux de Tambacounda durant ces quatre années. Il a aussi souhaité une bonne attente avec beaucoup bonheur aux diocésains de Ziguinchor.
Le gouverneur de la région, Oumar Mamadou Baldé, après avoir rassuré le nouveau pasteur sur l’accompagnement et la disponibilité de l’Exécutif régional en faveur du diocèse, a magnifié le comportement exemplaire de la communauté catholique à Tambacounda et sa participation active à la stabilité de la région. ‘’C’est une occasion de magnifier le comportement exemplaire de la communauté chrétienne ici à Tambacounda qui est un comportement de renommée. Une communauté qui séduit de par sa discipline, sa rigueur dans le travail, mais également par son grand patriotisme et son apport conséquent dans la sauvegarde de la stabilité et de la coexistence pacifique entre les différentes religions de notre pays’’, témoigne-t-il.
Le gouverneur estime que la vie publique au Sénégal est caractérisée par l’esprit de tolérance et de compréhension mutuelle entre les différentes communautés religieuses. C’est pourquoi il dit garder espoir pour le bon devenir du pays, car il a les ressources culturelles spirituelles, sociales qui nous permettent de dépasser les crises temporaires. Ainsi, il relève l’importance des religieux qui est à valoriser non seulement en termes d’appels au dialogue, lorsque de grandes crises se profilent, mais en matière de prévention et d’anticipation.
Le chef de l’Exécutif régional a demandé au nouvel évêque d’être au côté de la République. Il lui demande aussi de faire don de sa sagesse, de son engagement et de sa piété aux régions de Tambacounda et de Kédougou dans la lutte contre la précarité des couches vulnérables de la population, dans le but de la sauvegarde de la dignité humaine et du Sénégal.
Le nouvel évêque, Monseigneur Mamba, nommé par le pape François comme administrateur apostolique du diocèse de Tamba, le 4 novembre 2021, n’est pas en terre inconnue. En effet, il y a vécu quinze ans d’expérience, en tant que prêtre. Selon lui, cette nomination sonne comme un retour à sa maison, à son église. Il garde la même devise épiscopale : ‘’Rien n’est impossible à Dieu’’ prononcée lors de son intronisation, le 25 janvier 2012, comme évêque de Ziguinchor. Cette devise illustre nettement cette situation et le sentiment qu’il ressent. ‘’J’étais loin de m’imaginer qu’un jour, monseigneur Jean Noël, qui était à l’époque notre évêque, me passerait aujourd’hui le témoin pour continuer avec d’autres l’œuvre entreprise.’’
Le nouveau pasteur veut ainsi s’inscrire dans la mouvance de la prière du scout qui demande de ‘’donner sans compter’', pour mener le combat pour les laissés-pour-compte, afin de leur rendre leur dignité. Le pasteur assure que lui et ses collaborateurs seront toujours aux côtés des administrateurs pour aider à développer la région.
Avant de conclure, monseigneur Mamba a remercié tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de l’événement. Il a également lancé un appel au Vatican pour la nomination d’un nouvel évêque pour le remplacer au diocèse de Ziguinchor.
MACKY SALL ENTRE CONTINUITE POLITICIENNE ET REVOLUTION TECHNOCRATIQUE
La nomination du futur Premier ministre suivi d’un nouveau gouvernement devrait donner le ton, en ce qui concerne la future configuration du régime de Macky Sall.
Le président de la République doit nommer un nouveau Premier ministre et une nouvelle équipe gouvernementale, après le Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba (5 et 6 février) afin de donner une nouvelle orientation à l’action gouvernementale. Ainsi, le choix entre technocrates et politiques se pose dans la prochaine équipe gouvernementale qui aura la double mission d’élargir sa base et de mener à bien les réformes liées à la demande sociale. De ce fait, l’option d’un gouvernement technocratique ou politicien servira de grille de lecture pour connaitre la réponse du président face à la percée de Yaw.
La nomination du futur Premier ministre suivi d’un nouveau gouvernement devrait donner le ton, en ce qui concerne future configuration du régime de Macky Sall. Le président de la République doit prendre sa décision au retour du Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba (5 et 6 février). Et éviter le scénario des élections locales de 2009 qui ont préfiguré la chute de Me Abdoulaye Wade en 2012.
En effet, la défaite dans de grands centres urbains comme Dakar, Thiès, Ziguinchor et Kaolack, pose un certain nombre de questions concernant la prochaine structure gouvernementale. Quelle est la meilleure formule (technocrates ou politiques) pour entourer le Premier ministre ? Quels sont les meilleurs profils de ministres pour prendre en charge la demande sociale ? Un prochain gouvernement resserré ou une équipe élargie en vue des Législatives de juillet 2022 ? Autant d’interrogations qui risquent de secouer le ‘’Macky’’ dans les prochains jours.
Le président Sall s’est illustré, depuis son accession au pouvoir, à conjuguer efficacité dans l’action gouvernementale et légitimité politique pour ses principaux collaborateurs.
Ainsi, différents profils se sont succédé à la tête du gouvernement. À côté de vrais technocrates Abdoul Mbaye (2012-2013), Mahammad Boun Abdallah Dionne (2014-2019), on dénombre aussi une vraie politique, avec Aminata Touré (2013-2014).
Après sa réélection, le président Macky Sall a opté pour une gouvernance plus directe, avec la suppression du poste de Premier ministre en novembre 2020. Le chef de l’État a mis en place un gouvernement très politique, avec une coalition élargie : Rewmi, Parti des libéraux et démocrates/And Suqali (PLD/AS) et Osez l’avenir. Les quelques survivances de la technocratie avec Amadou Hott, Ismaël Madior Fall ont été obligés de mouiller le maillot sur le terrain politique.
L’échec de plusieurs ministres occupant des postes stratégiques : Abdoulaye Diouf Sarr, Omar Guèye, Assome Diatta, Yankhoba Diattara complique l’équation pour Macky Sall. D’autant que la majorité, dans un contexte de cherté de la vie et de pénuries, risque aussi d’être confrontée à un ennemi plus implacable : un parti sans leader, sans idéologie, sans siège social, sans cartes de membre pour ses adhérents : le PVD, c’est-à-dire "Parti de la vie", d’après Maodo Malick Mbaye, responsable politique à Thiès.
Selon le DG de l'Anem, si le gouvernement ne prend pas de mesures d’atténuation des effets découlant de la hausse des prix et de la pénurie de certaines denrées, le mécontentement des populations risque de retentir lourdement dans les urnes. En vue des prochaines législatives, le profil et le parcours du quatrième Premier ministre sera décisif pour conduire les troupes de la majorité face à la dynamique de Yewwi Askan Wi qui a surfé sur un large mécontentement populaire.
La nécessité du statu quo et le risque de décrochage de la base militante
Selon Momar Dieng, journaliste et analyste politique, au regard du discours officiel tenu par la majorité présidentielle qui parle d’une large victoire lors des Locales du 23 janvier 2022, on risque de s’acheminer vers un statu quo. Mais en tant que leader de la majorité, Macky Sall doit aussi faire une lecture plus approfondie, au regard des déconvenues des ministres et directeurs des entreprises publiques et parapubliques lors de ces Locales. Un choix cornélien pour le chef d’État qui doit ménager sa base militante qui réclame la tête des responsables de la majorité battus à l’occasion des Locales, mais aussi qui est aussi tenté de répondre au message envoyé par les électeurs.
‘’Quand on n’arrive pas à gagner Dakar, Rufisque, Guédiawaye, Thiès et Ziguinchor, on peut se poser des questions. Je pense que le président Macky Sall est un politique. Donc, en principe, il doit tenir compte du message envoyé par les électeurs. Mais cette fois, le président Sall, contrairement à 2014 n’a pas précisé que ceux qui perdront leur base seront sanctionnés. De plus, il me parait problématique de bouder tous les ministres et directeurs généraux qui ont perdu’’, soutient l’ancien rédacteur en chef du journal ‘’EnQuête’’.
D’après Momar Dieng, le prochain Exécutif avec un remaniement plus politique ou plus technocratique se fera en fonction des appréciations du président Macky Sall qui doit aussi consolider sa majorité, sans oublier la quête d’un bilan en vue de la Présidentielle de 2024. ‘’Le président a dit qu’il a un mandat à terminer. Sur ce plan, on pourrait dire qu’il peut maintenir un certain statu quo, s’il décide de ne pas être candidat ; il doit penser à un successeur pour 2024. La proximité de ce scrutin peut le pousser à ne pas changer la cartographie électorale du pays. D’autant plus que les élections législatives n'entraînent pas de grands bouleversements politiques, du fait que le système électoral actuel qui favorise la majorité qui a largement les moyens de les remporter”, affirme-t-il.
Le profil du Premier ministre, baromètre d’un virage politique ou social du régime
Dans la même foulée, Momar Diongue, politologue, soutient que tout bouleversement majeur du gouvernement avec des sanctions contre les ministres battus, indiquera aux Sénégalais que Macky Sall n’a pas compris le message envoyé par les électeurs et sympathisants du ‘’Parti de la demande sociale’’.
‘’Si le Macky Sall sanctionne des ministres perdants, ça voudra dire qu’il reste dans son optique d’une orientation très politique de son action. Cela voudra dire que le seul critère de performance qui compte à ses yeux, demeure les résultats électoraux. Ainsi, il va envoyer un mauvais signal aux Sénégalais en indiquant aux responsables de sa majorité que le seul critère pour faire partie de l’équipe gouvernementale, c’est d’obtenir des résultats électoraux. Ça serait une meilleure façon de dire aux Sénégalais qu’il n’a pas fait une bonne lecture des résultats de Yaw’’, indique-t-il.
Avant de poursuivre : ‘’La coalition de l’opposition doit ses résultats à la demande sociale qui est restée insatisfaite. On a élu des maires de Yaw que les populations ne connaissaient même pas, parce qu’on était dans une logique de sanctions. Aujourd’hui, l’école est en crise, les secteurs des transports, de la santé sont aussi dans la tourmente. Ainsi, s’il ne répond pas à ces exigences, ça veut dire qu’il n’est pas prêt à prendre en charge les requêtes du ‘Parti de la demande sociale’. S’il ne le fait pas, il va vers un renforcement de l’opposition et de Yaw, en vue des prochaines législatives’’, déclare-t-il.
Selon le journaliste politique, la nomination du futur Premier ministre indiquera la nouvelle configuration que Macky Sall va donner au prochain gouvernement. ‘’Si Macky Sall estime que la priorité est de répondre à la demande sociale, il mettra un Premier ministre technocrate qui ne va pas perdre son temps à faire de la politique politicienne, mais qui sera là pour booster l’action gouvernementale. Néanmoins, s’il considère que la demande sociale n’est pas essentielle et que l’importance se trouve à massifier sa coalition, il va choisir un politique et il fera fausse route, car il n’a pas compris le message adressé par les Sénégalais au mois de mars dernier et qui a été renouvelé, en partie, le 23 janvier dernier. Les Sénégalais l’attendent sur la satisfaction de leurs besoins pressants et non dans la politique politicienne permanente’’, conclut-il.