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19 juin 2025
BASSIROU GUEYE EJECTE DU FAUTEIL DE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE
Serigne Bassirou Gueye qui incarné le visage du Parquet pendant presque une décennie quitte ses fonctions. Le Procureur de la République a été démis de ses fonctions par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Serigne Bassirou Gueye qui incarné le visage du Parquet pendant presque une décennie quitte ses fonctions. Le Procureur de la République a été démis de ses fonctions par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Bassirou Gueye était en poste depuis 2014. Il a été au coeur de grandes affaires politico judiciaires telles que le dossier Khalifa Sall, condamné pour détournement de deniers publics, ou l’accusation de viol à l’encontre du Député Ousmane Sonko. Il était également en charge de l’affaire de l’attribution controversée des marchés pétroliers du pays à la firme britannique BP, British Petroleum. Le frère du président Macky Sall, Aliou Sall, et un homme d’affaires roumain, Franck Timis, étaient notamment cités dans cette affaire, révélée par la BBC
Ces dernières années, Bassirou Gueye était devenu la tête de turc de l’opposition qui le dépeignait comme un magistrat aux ordres du pouvoir.
Ascension par étapes
Sorti du Centre de Formation Judiciaire (CFJ) en 1998, le successeur de Ousmane Diagne est titulaire d’un Diplôme d’études appliquées (DEA) de droit, option "droit public" . Originaire de Tchilmakha dans la région de Thiès, Serigne Bassirou Guèye a été, tour à tour, Substitut du Procureur de Dakar, Auditeur à la Cour Suprême, Substitut général à la Cour d’Appel de Dakar, Procureur de Tambacounda.
Il reviendra plus tard à Dakar pour occuper le poste de Substitut du Procureur à la Cour d’Appel, avant d’intégrer le Cabinet de l’ancienne Garde des Sceaux, Aminata Touré, en qualité de Conseiller technique n°1, avant d’être nommé Procureur de la République.
FESTIVAL DU FILM, SAINT LOUIS AU COULEUR DU CINEMA
La 12ème édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis (nord) va projeter 30 films provenant de 17 pays, dont 14 seront en compétition officielle, a annoncé Souleymane Kébé
Dakar, 22 nov (APS) – La 12ème édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis (nord) va projeter 30 films provenant de 17 pays, dont 14 seront en compétition officielle, a annoncé Souleymane Kébé, un des organisateurs de cet évènement culturel (14-18 décembre prochain).
’’Les projections se feront en plein air dans les quartiers de la ville tricentenaire et au centre Aminata de Gandiol’’, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. Selon lui, ces films viennent du Sénégal, de l’Afrique du Sud, du Burkina Faso, du Lesotho, de la Suisse, de la Tunisie, entre autres.
Kébé, de ’’Sunù films’’, l’une des structures organisatrices du festival, précise qu’ils seront projetés dans 15 lieux différents, à Saint-Louis.
Il a ajouté que pour cette édition, le réalisateur, chef opérateur burkinabè, Mickel Zongo, sera honoré ‘’pour l’ensemble de sa carrière’’, riche d’une quinzaine de films. Souleymane Kébé a aussi dit que trois longs métrages, réalisés par Michel Zongo et deux films dont il a participé à la production, seront projetés durant le festival du film documentaire de Saint-Louis.
Il a précisé que le réalisateur burkinabè animera un master class, pour expliquer sa démarche artistique et ses choix cinématographiques.
Kébé a aussi annoncé qu’un ‘’sargal’’ (récompense) sera organisé en son honneur, le 18 décembre prochain.
Lors de ce Festival du film documentaire de Saint-Louis, a-t-il fait savoir, trois ‘’café conférences’’ de cinéastes invités sont aussi inscrits dans le programme, qui prévoit aussi une résidence d’écriture. ‘’La résidence d’écriture va accompagner le développement de six projets de films algériens et sénégalais’’, précise Kébé, qui avait à ces côtés Mounirou Baro de la direction de la cinématographie.
Il était aussi en compagnie de Mélanie Sadio de la délégation Wallonie-Bruxelles à Dakar, qui a doté le prix court métrage de la compétition d’un montant de 2000 euros.
Souleymane Kébé a indiqué que le prix du long métrage, dont le montant n’a pas été divulgué, sera lui soutenu par TV5 Monde.
Le jury de la 12ème édition du festival international du film documentaire de Saint-Louis sera présidé par la réalisatrice et productrice sénégalaise, Angèle Diabang.
Elle aura à ses côtés, les réalisateurs Toumani Sangaré (Mali/ Sénégal/France) et Aïcha Thiam (Sénégal), le critique d’art sénégalais Sylvain Sankalé et son compatriote le photographe, Massow Ka.
Le festival documentaire de Saint-Louis va accueillir pour la première fois, un jury de la critique africaine. Ses membres Théodora Sy Sambou, Massiga Faye et Mamadou Oumar Kamara, journalistes et critiques de cinéma, font partie de l’association sénégalaise de la critique cinématographique (ASCC).
EDOUARD MENDY NOMINÉ AU TITRE DE MEILLEUR GARDIEN DE LA SAISON
Le gardien de but sénégalais Edouard figure dans le top 5 des nominés pour le trophée ’’The Best’’ de la Fifa pour la saison 2020-2021, indique l’instance dirigeante du football mondial
Dakar, 22 nov (APS) – Le gardien de but sénégalais Edouard figure dans le top 5 des nominés pour le trophée ’’The Best’’ de la Fifa pour la saison 2020-2021, indique l’instance dirigeante du football mondial dans un communiqué.
Le portier sénégalais, victorieux de la Ligue des champions avec Chelsea, est en compagnie de l’Italien du PSG, Gianluigi Donnaruma, d’Alisson Becker (Brésil, Liverpool), de Manuel Neuer (Allemagne, Bayern) et de Kasper Schmeichel (Danemark, Leicester).
Mendy, élu meilleur gardien de la Ligue des champions
2021, est aussi nominé pour le prix Lev Yachin du magazine français, France Football.
Un seul Africain, l’Egyptien Mohamed Salah (Egypte) est nominé pour le titre de ’’ The Best’’ du meilleur footballeur de la même saison.
Au contraire des prix de France Football dont le jury est composé des journalistes, celui de The Best comprend, en plus de ces derniers, les amateurs de football, les capitaines et sélectionneurs nationaux.
BARRAGE QATAR 2022, LE SENEGAL ADVERSAIRE IDEAL POUR LE CAMEROUN
Dakar, 22 nov (APS) – L’équipe du Sénégal est l’adversaire ‘’idéal’’ pour celle du Cameroun aux barrages de la Coupe du monde 2022, a affirmé son vice-capitaine Michael Ngadeu, invité du magazine "Talents d’Afrique’’ de la chaîne française, Canal Plus. ‘
Dakar, 22 nov (APS) – L’équipe du Sénégal est l’adversaire ‘’idéal’’ pour celle du Cameroun aux barrages de la Coupe du monde 2022, a affirmé son vice-capitaine Michael Ngadeu, invité du magazine "Talents d’Afrique’’ de la chaîne française, Canal Plus.
‘’L’adversaire idéal, c’est le Sénégal’’, a répondu le défenseur camerounais, interrogé à propos de la sélection contre laquelle devraient jouer les Lions Indomptables du Cameroun aux barrages de la Coupe du monde.
En ballottage défavorable, l’équipe du Cameroun a battu celle de la Côte d’Ivoire 1-0, mardi dernier, pour se qualifier aux barrages,
alors que les Eléphants n’avaient besoin que d’un nul.
Le Sénégal, placé dans le groupe du Togo, du Congo et de la Namibie, trois équipes éliminées de la CAN 2021 reportée à janvier prochain, a signé cinq victoires et un nul.
La Confédération africaine de football (CAF) a annoncé dans
un communiqué les dates du tirage au sort pour les barrages du prochain Mondial.
S’il y a une équipe que le Cameroun ne souhaite pas rencontrer lors de ces barrages, c’est celle de l’Algérie, championne d’Afrique
en titre qui a fait match nul 2-2 contre celle du Burkina Faso pour valider sa qualification aux barrages.
La dernière confrontation Sénégal-Cameroun, qui remonte à la CAN 2017, s’était soldée par une victoire des Lions Indomptables aux tirs au but. Après 120 minutes de jeu, les deux équipes étaient à égalité 0-0.
VIDEO
ME BASSIROU NGOM UTILISE LE FOOT POUR CALMER LES ARDEURS
Honoré par les jeunes de Niakhar après le tournoi de l’amitié, Me Bassirou fait le portrait-robot d’un jeune modèle et énumérant quelques valeurs que doivent porter les jeunes. C’est l’occasion pour lui de porter le message de fair-play, de paix, de respect et de bon comportement. Il doit avoir parler à tous les acteurs.
Dans contexte politique tendu alors que le pays se dirige vers des locales très disputées, marqué par la violence ici et là, l’avocat pense avoir de raisons suffisantes de parler à la jeunesse et il a utilisé ce tournoi de football pour réussir sa mission. Suivez sa réaction dans cette vidéo.
PAR Philippe D'Almaeida
AURAIT-ON SU ?
Il faut légitimement s'interroger sur ce qui serait advenu des réalités sur le comité Miss Sénégal, si Fatima Dionne avait tout eu au lendemain de son sacre : voiture, voyages, bijoux et j'en passe...
Meurtrie par un puissant sentiment d'humiliation, submergée par l'auto-culpabilisation, l'impuissance et la colère, Miss Sénégal 2020, Ndèye Fatima Dionne, a fini par ouvrir les égouts de l'univers Miss Sénégal, dont elle fut, le temps d'une soirée mondaine, la tête couronnée, révélant, au passage, l'information d'une grossesse dont elle ignore la paternité. Ce qui veut tout dire ou presque, de la fange dont elle se fait la contemptrice soudaine et dans laquelle elle a dû baigner un instant, volontairement ou involontairement, attirée par les lumières d'un monde qui lui promettait célébrité et richesses.
Captive désormais libre, mais captive brisée et désabusée d'un miroir aux alouettes qui lui a emprunté sa beauté le temps d'un weekend, pour sublimer les lustres et les strass d'une salle de festivités et qui l'a, depuis, laissée les mains vides.
A ce niveau, il faut légitimement s'interroger sur ce qui serait advenu des réalités sur le comité Miss Sénégal, si Fatima Dionne avait tout eu au lendemain de son sacre : voiture, voyages, bijoux et j'en passe... Aurait-on jamais su ? Aurait-on jamais su l'humiliation des fins de sacre quand les lumières s'éteignent et que s'allument celles, tamisées, des chambres de luxure où hurle la chair avide ? Aurait-on jamais su la traite des filles transformées en serveuses de plaisir pour des hommes fortunés, déréglés par leurs fantasmes et par ce sentiment de toute-puissance et d'invulnérabilité que seul sait inoculer l'argent ? Aurait-on su le machiavélisme d'Aminata Badiane, grande prêtresse du proxénétisme de luxe, esclavagiste de la chair de femme pour qui le viol est banal et le sexe une marchandise... comme une autre ?
Non, on n'aurait pas su. Privation bienheureuse ? En tout cas, sa frustration indigérée aura permis d'ouvrir les yeux sur l'univers glauque de la mondanité dakaroise qui célèbre les miss et intronise leurs reines, qui chante la beauté et qui détruit celles qui la portent, qui sacre la chair et saccage l'âme. La déception de Fatima Dionne aura surtout permis de libérer la parole de toutes les autres exploitées de ces nuits de lucre et de stupre que l'on a bafouées, violées et que la peur a murées dans le silence, menottées dans les murs d'une omerta que pilotait Madame Badiane avec ses logiciels déshumanisants ; de ceux qui produisent cette surréaliste assertion : " Si on te viole, c'est que tu es consentante !" L'offense de trop.
L'Association des juristes du Sénégal crie au scandale, dans la fusion des émotions et en profite pour dénoncer la violence plus globale faite aux femmes par le viol, sujet presque tabou dans ce pays, mais réalité quotidienne de centaines de femmes et d'enfants au pays des Serignes... La plateforme Ladies club Sénégal a lancé une pétition pour exiger la dissolution du comité Miss Sénégal ou qu’Aminata Badiane s'en écarte. L'indignation légitime qui a suivi les propos de Mme Badiane et la découverte des marécages au-dessus desquels elle commande à la citadelle miss, semblent être générales. Elle renseigne sur la réprobation d'une opinion à juste titre révoltée et pose la question de la pertinence et de l'opportunité de l'organisation de cet événement annuel que celui de Miss Sénégal.
Certes, arrimé à un événement planétaire de même nature et dont il dépend, l'on ne saurait le proscrire. Mais il est urgent de l'assainir. Aussi est-il tout urgent que le procureur de la République s'autosaisisse de ce dossier de viol, y fasse la lumière, situe les responsabilités et inflige, par l'exercice de la justice, des peines. La crédibilité de ce qui est devenue, au fil du temps, l'institution par excellence de la beauté sénégalaise, dépend de ce minimum ; de la transparence dans cette affaire dont le spectre de délitement sociétal s'etend peut-être bien plus loin qu'on ne l'imagine et toucherait des sommets que l'on aurait pu croire inaccessibles aux faiblesses d'ici-bas...
Mais tous les procès du monde, toutes les pétitions en cours, le retrait de tous les sponsors de Miss Sénégal ne remplaceront pas, pour l'exemple et pour la morale publique, ce qu'Aminata Badiane aurait dû faire dès le début de cette affaire et la publication de sa sinistre bourde : démissionner. Et il est loin d'être tard pour qu'elle le fasse pour les nécessités de la transparence et les besoins de la vérité.
A moins qu'elle soit si à l'aise dans la nécrose de ses propres plaies, qu’elle s'en fiche que ce soit autrui qui décide de son amputation !
par Felwine Sarr
ÉCRIRE AU MILIEU DES CRIS
EXCLUSIF SENEPLUS ET SUD QUOTIDIEN - La parole nécessaire de Mbougar Sarr face à ceux qui ferment les yeux sur la maltraitance des enfants, sur les violences conjugales et qui se piquent quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains
Il fallait attendre que la clameur s’apaise quelque peu et que les cris stridents qui avaient irrité nos oreilles s’estompent, pour que nous prenions la parole.
De quoi s’agit-il ? Un jeune écrivain sénégalais de 31 ans qui écrit un roman majestueux, La Plus Secrète Mémoire des Hommes, qui est son quatrième opus, qui reçoit le plus prestigieux prix littéraire en langue française, le prix Goncourt, un siècle après le Guyanais René Maran en 1921. Après une première salve de félicitations unanimes, mâtinées de fierté nationale, les cris d’orfraie d’une frange de nos concitoyens qui l’accusent de tous les maux de Nubie, retirent leurs félicitations, le vouent aux gémonies en ressortant des placards son précèdent roman, De purs hommes, qui n’avait pourtant pas fait débat à sa parution en 2018, ainsi qu’une satire de jeunesse qu’il avait écrite, et prétendent qu’il a obtenu ce prix pour s’être fait le chantre de l’homosexualité, de l’aliénation culturelle et je ne sais quelle autre supposée plaie d’Égypte…, bref le charivari habituel. Ces derniers entretiennent savamment une confusion sur le livre primé, par des collages de textes destinés à nourrir les amalgames, mais surtout, par un procédé désormais connu, évacuent son travail littéraire et le sens de celui-ci, pour ramener leurs obsessions complotistes et leurs complexes victimaires au cœur de ce que l’on ne pourrait qualifier de débat tellement la parole qui la porte est indigente, fausse, mensongère et superficielle.
Une éthique dégradée de la parole semble hélas être le signe de nos temps. Les nouveaux lieux d’une expression censée être ouverte, libre et démocratique, que sont les réseaux dits sociaux, sont devenus dans leur versant obscur, des dépotoirs de la haine ordinaire, des espaces de procès sans appels et des lieux d’exécutions sommaires. Une cohorte de bourreaux en mal d’emploi y organise la vindicte populaire et la lapidation jouissive ; souvent y règle leurs comptes avec la société ou avec le vacuum de leur propre existence.
Faut-il répondre sur le fond, expliquer que le Goncourt ne prime pas une œuvre littéraire ni un parcours, mais un livre, que les jurés dudit prix pour la plupart ignoraient les précédents romans de Mbougar, que leur géopolitique était surtout littéraire. Allons-nous primer un roman classique ? Un texte complexe aux récits enchevêtrés ? Quels imaginaires nouveaux ces textes finalistes véhiculent-ils, sont-ils écrits dans une langue singulière, que disent-ils aux temps qui sont les nôtres ? Tels étaient leurs questionnements.
Faut-il expliquer tout ceci aux oreilles qui n’entendent pas et opposer des arguments rationnels et des faits à ceux dont les motivations profondes se logent hors de la raison et de la réalité nue ?
Il se joue au sein de notre société une bataille culturelle, menée par ceux qui estiment détenir la clef d’une authenticité sénégalaise sinon africaine ; chantres d’un récit, d’une eschatologie, d’un costume, d’une langue, d’un oratorio, d’une vision monochrome et souvent dichotomique du monde avec d’un côté les bons, et les méchants de l’autre. Ceux-là sont rejoints par une horde de nativistes identitaires qui refusent aux autres les inculturations qu’ils ont pourtant eux-mêmes opérées avec les éléments d’une culture venue d’ailleurs. S’y ajoutent, agglutinés et hallucinés, une foule de poujadistes qui réduisent le réel à la surface de leur propre dimension et demandent à tous d’habiter ce monde étriqué qu’ils proposent.
Les peuples du monde pratiquent pourtant depuis l’aube de l’humanité l’assimilation créatrice d’éléments venus d’ailleurs tout en restant eux-mêmes, en se métamorphosant et en se réinventant. Et les gardiens d’un temple longtemps défraîchi voudraient nous empêcher de faire notre miel de tous nos héritages, y compris parfois par une étrange haine de soi, de notre part négro-africaine. Cette même haine de soi rend suspecte toute reconnaissance de l’un des nôtres, venue d’ailleurs. Celle-ci ne peut-être le fait simple du talent du récipiendaire, celui-ci aurait forcement vendu son âme au diable.
Voici une société qui ferme les yeux sur la maltraitance de sa petite enfance, sur ses violences conjugales, ses incestes, sur l’exploitation et le piétinement du plus faible, sa fureur et sa violence quotidienne, et qui se pique quand quelqu’un ose affirmer l’inaltérable dignité des humains.
De tous ces maux, nous avons notre part de responsabilité. Pour avoir laissé pendant des années le champ libre à la propagande furieuse, à la réduction du réel et à la non-pensée. Pour avoir assisté sans rien faire à la dégradation de la parole, notamment plurielle. Pour avoir laissé dépérir les lieux d’éducation, d’édification et de culture de l’âme et de l’esprit. Pour n’avoir rien dit lorsque des censeurs autoproclamés se sont permis de nous dicter que voir, que lire, que comprendre, …. Pour avoir passivement assisté au désarmement moral de la société.
Depuis quelque temps, sous nos cieux, des censeurs prétendent indiquer le partage du visible, du sensible, de l’intelligible, de ce qui de nos vies est montrable ou pas. Du haut de leur monticule, ils tentent d’ériger leurs frayeurs en normes pour le grand nombre. C’est toujours ainsi que les fascismes commencent. Quelques individus terrorisent la foule et on les laisse faire. Sidérés, paresseux, trop occupés, on retarde le moment d’affronter la bête qui deviendra immonde un jour si on ne l’arrête pas à temps. Le désastre qui nous guette et qui déjà projette son ombre, est celui de la démission de la pensée et de la créativité, lorsque celle-ci, intimidée par la violence verbale et symbolique, déserte nos espaces quotidiens. C’est à cette nuit-là qu’il ne faudra pas consentir.
La littérature n’est pas la littéralité ; elle est écart. C’est une cérémonie qui initie les lecteurs aux secrets de l’existence. Un écrivain est quelqu’un qui décide de prendre la parole pour révéler ses mondes intérieurs, la réalité telle qu’elle est et non telle que certains aimeraient qu’elle soit. S’adresser à ses semblables dans l’intimité de leur solitude, révéler les mondes que portent les individus dans leurs contrastes, leurs tensions existentielles, leur casuistique intime, et dire ce qui fait de nous des humains ; ni anges ni démons, mais oscillant entre lucidité et ferveur. Un écrivain n’est pas là pour conforter l’ordre établi ou la moraline dominante, il révèle les infinis possibles de la vie et de l’existence, qu’il fait advenir à notre conscience et ainsi, élargit notre réalité et nous fais habiter un monde plus vaste.
Qu’un écrivain de 31 ans ait eu le courage et la lucidité, dans l’un de ses ouvrages, de tendre un miroir à une société qui se dit pieuse et pétrie de valeurs, mais qui déterre les corps d’individus accusés ou suspectés d’homosexualité, les profane, violente leurs cadavres, les traîne dans la rue et refuse l’ultime dignité d’une sépulture à un être désormais défunt, oubliant qu’enterrer nos morts, c’est ce qui fait de nous des humains, est salutaire pour nous tous. Écrire c’est rendre proche nos semblables, en reconnaissant leur humanité. Écrire, c’est parfois rappeler aux humains leur part lumineuse.
Que répondre aux cris, aux éructations d’individus qui n’ont pas lu, ne savent lire, ne veulent lire et n’ont pas besoin de lire pour clouer au pilori, et qui craignent de se laisser habiter par l’inquiétude de la pensée et le tremblement (vacillement) de leurs certitudes. Que répondre à ceux qui ne savent pas passer du cri à la parole ?
Répondre serait reconnaître la légitimité de leur tribunal auto-institué d’inquisiteurs aux passions tristes. Ne peuvent réellement converser que ceux qui ont creusé dans la solitude de leur antre et y ont trouvé quelques lueurs à partager. Autrement le dialogue est sans poids. Comment alors parler sans affaiblir la parole ?
Nous écrivons pour éviter que par saturation de l’espace, la mauvaise parole ne finisse par définitivement chasser la bonne. Il y a dans ce pays et ce continent des jeunes gens qui rêvent d’écrire, de créer, de penser la vie et le monde, d’en explorer les richesses infinies. C’est à eux que s’adresse ce texte. Que nul n’effraie leur esprit et n’inhibe leur génie créateur.
On ne préserve pas les valeurs d’une société. Il n’y a que les valeurs fragiles (pas assez ancrées en nous) qui réclament qu’on les défende. Les valeurs justes se vivent, s’incarnent, silencieusement se donnent en exemple ; elles inspirent. Et là les humains les imitent et tentent de se les incorporer, éclairés et éblouis par leur sillage lumineux. Parce qu’au fond, si ces thuriféraires étaient assez ancrés dans la part lumineuse de leurs héritages, ils ne craindraient pas les autres cultures, y compris leur part ombrageuse. Leur lumière serait dévoreuse d’ombre. On ne défend que les valeurs que l’on a déjà perdues. Celles-ci ne hurlent pas au cœur de la nuit. Elles parlent délicatement à nos oreilles.
Ici, que l’on ne s’y trompe pas, la vertu se trouve du côté de Mbougar Sarr. Heureusement pour ce pays que demeurent des foyers ardents de production d’éthique et d’excellence. Les valeurs de jom, de fulla et de dëggu du pays profond et l’excellence et la rigueur du Prytanée militaire de Saint-Louis, ont trouvé à s’incarner chez ce jeune homme de 31 ans, droit dans ses bottes, lucide, talentueux et courageux. Il nous rappelle à nos honneurs perdus et à nos rêves longtemps désertés. Il s’agit pour nous de nous déterminer en toute conscience et de choisir le versant de l’humanité que l’on souhaite habiter. Nous n’avons pas besoin d’être nombreux pour cela, il nous faut juste être résolus et peut-être sauverons-nous ce pays de l’obscurité qui le guette. Il s’agit de tenir ferme le front de la liberté de créer, d’imaginer, de penser et de dire.
Qu’il est important pour une jeunesse d’avoir des figures de l’excellence ! Lorsque nous étions adolescents et que nous rêvions de l’esprit, nous avions comme modèles des ainé(e)s qui réussissaient brillamment dans les humanités et les sciences dures partout dans le monde. La rumeur nous faisait parvenir leurs noms et leurs cursus, nous savions qu’untel était major de sa classe préparatoire, un autre de Polytechnique ou de l’EPT de Thiès, d’autres excellaient au MIT, au Japon, à L’École militaire de santé, untel encore avait raflé tous les prix au concours général, un autre était champion de Génies en herbes. Ils venaient de nos villes, de nos campagnes et de nos quartiers, et avaient humé les mêmes saisons que nous et, par analogie et métonymie, nous pouvions donc faire comme eux et rien ne nous était interdit.
Dans la circulation des représentations du monde, l’Afrique a souvent eu la part congrue. Ce roman contribue à la dissémination de nos imaginaires et de nos élans existentiels aux quatre coins du monde. La Plus Secrète Mémoire des Hommes sera traduit en une quarantaine de langues. Aujourd’hui, il est en tête des ventes dans tout l’espace francophone. Pour les lettres sénégalaises et africaines, pour la circulation de nos imaginaires et leur capacité à affecter le monde (pas seulement à être affecté par lui), c’est une bonne nouvelle, qui en augure d’autres.
Dans La Plus Secrète Mémoire des Hommes, TC Élimane après avoir longtemps erré et cherché sa vérité dans l’écriture et dans le monde, revient en pays sérère à la fin de sa vie et y trouve la paix, en y reprenant sa place et y jouant son rôle d’ancien et de Yaal Mbin. Cet épilogue dit tout sur la matrice de sens et de sérénité existentielle que constitue ce lieu pour l’auteur et la place qu’il accorde au pays natal dans le commerce des imaginaires, et comme lieu d’élection. Il faudrait pour cela avoir lu et compris (ou deviné) les 460 pages du roman.
Mbougar n’a ni à se justifier ni à clarifier quoi que ce soit. L’élevé ne défère pas à la barre de l’inférieur. Écrire est une aristocratie de l’esprit et une forge incessante de notre humanité, et ce pays en a grandement besoin.
BASSIROU GUÈYE DÉTACHÉ AU PALAIS, OUMAR MAHAM DIALLO, NOUVEAU DOYEN DES JUGES
Après huit années à la tête du parquet, Serigne Bassirou Guèye est remplacé à ce poste par Amady Diouf, jusque-là, président de la Chambre d’accusation à la Cour d’Appel de Dakar
C’est l’une des décisions phares prises lors du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) de ce lundi 22 novembre 2021. Serigne Bassirou Guèye n’est plus le Procureur de la République du Tribunal de grande instance (Tgi) hors classe de Dakar. Il est en détachement à la Présidence de la République. Après huit années à la tête du parquet de la très stratégique juridiction, il est remplacé à ce poste par Amady Diouf, qui était jusque-là, président de la Chambre d’accusation à la Cour d’Appel de Dakar. Ce dernier a déjà bouclé 30 ans d’ancienneté au sein de la magistrature.
Parquetier pur et dur, Serigne Bassirou Guèye est peint comme un magistrat rigoureux, compétent, « soumis » au principe de la hiérarchie, mais intraitable contre les pourfendeurs de la loi. Sorti de l’Ecole nationale d’administration et de la Magistrature en 1997, il a durant toute sa carrière servi la République en tant que magistrat debout. A sa sortie, il a été affecté au tribunal de Dakar, puis Tamba, avant de retourner à Dakar.
Oumar Maham Diallo, Doyen des juges d’instruction
Le magistrat a été au cœur de grandes affaires politico-judiciaires telles que le dossier Khalifa Sall, condamné pour détournement de deniers publics, ou l’accusation de viol à l’encontre du député Ousmane Sonko, entre autres.
Le 22 avril 2013, il prend la place de « l’inamovible » Ousmane Diagne. Après sept longues années passées à ce poste stratégique, ce dernier venait d’être débarqué sur fond de vives polémiques. Aujourd’hui, il revenu aux commandes, en tant que Procureur général, selon toujours des informations.
L’autre information phare de cette réunion du Csm, c’est la nomination de Oumar Maham Diallo, jusqu’ici, président de la Cour d’Appel de Ziguinchor, comme Doyen des juges d’instruction, poste vacant, depuis le rappelé à Dieu de Samba Sall, il y a, aujourd’hui, plus de sept mois.
A noter que la magistrate Habibatou Babou Wade, qui était jusque-là directrice des Affaires civiles et des Sceaux au ministère de la Justice, est portée à la tête de la Cour d’appel de Thiès, juridiction dont Assane Ndiaye a été nommé procureur général.
Pour la Cour d’appel de Ziguinchor, c’est Mamadou Dème qui est devenu le nouveau président.
A Tamba, Waly Faye est nommé premier président de la Cour d’appel de Tambacounda et Djiby Ba, le nouveau procureur général de la localité.
A Louga, c’est Oumar Sall, précédemment président de Chambre à la Cour d’Appel, qui est devenu le nouveau président du Tribunal de grande instance.