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19 juin 2025
PRIMES IMPAYÉES, 14 ANS D’ATTENTE
Le problème des primes des athlètes sénégalais a débuté en 2007. Huit ans après, en 2015, à l’issue des Jeux Africains de Brazzaville, ces primes impayées étaient passées à près de 400 millions Cfa
Le problème des primes des athlètes sénégalais a débuté en 2007. Huit ans après, en 2015, à l’issue des Jeux Africains de Brazzaville, ces primes impayées étaient passées à près de 400 millions Cfa. Face à la presse, tout juste avant le début des Jeux Africains 2015 de Brazzaville, l’ex-Directeur de la Haute compétition (Dhc), Souleymane Boun Daouda Diop, avait fait un aveu de taille : «De 2007 à aujourd’hui, rien n’a été payé concernant les primes. Nous avons fait le recensement de tous les athlètes concernés et le montant à payer s’élève à 355 millions francs Cfa.» Et le Dhc de rappeler dans la même foulée que depuis 2004, un arrêté de Youssoupha Ndiaye, alors ministre des Sports, avait fixé le barème (en hausse) pour récompenser les athlètes médaillés à l’international. Justement au sortir de ces joutes congolaises de 2015, les primes concernaient 36 médaillés de Brazza : 7 en or, 10 en argent et 19 en bronze. Consciente de l’importance de ces récompenses, la Fédération sénégalaise de football avait pris les devants, en prenant sur elle, la décision de primer l’Equipe des U23, vainqueur de la médaille d’Or pour la première fois. C’est ainsi que chaque poulain du coach Serigne Saliou Dia avait reçu globalement 1 million 550 mille francs, soit un total de 31 millions Cfa.
Or : 1 million, Argent : 500 mille, Bronze : 250 mille
Bien que n’ayant pas le même matelas financier que son homologue du foot, la Fédération d’athlétisme avait aussi fait un effort en primant ses 4 médaillés. C’est ainsi que les médaillés d’argent, Ndiss Kaba Badji (saut en longueur), Gnima Faye (100m haies) et Amy Sène (marteau) ont reçu chacun 500 mille francs. Et 250 mille pour Mamadou Guèye, médaillé de bronze. Au retour de Brazza, en 2015, si on s’amuse à faire un petit calcul par rapport aux 36 médailles décrochées par le Sénégal, à raison de 1 million Cfa pour l’Or (y compris toute l’équipe des U23), 500 mille pour l’argent et 250 mille pour le bronze, on a en effet atteint une somme qui avoisine les 400 millions Cfa. La bande à Mame Fatou Thiaw, première sénégalaise médaillée d’Or à Brazza en 2015, attend toujours. Entre-temps, la somme est passée à 600 millions Cfa. Aujourd’hui, 14 ans après, il y a donc espoir avec la décision prise par l’Etat du Sénégal.
LE FREIN AU SECTEUR DE LA PÊCHE À ZIGUINCHOR
«Le secteur souffre du manque d’unités, d’usines, d’industries modernes pouvant absorber les produits pêchés et débarqués à Ziguinchor. Car Pour tirer de la plus-value de la pêche, il est souhaitable de pouvoir transformer sur place»
Les acteurs de la pêche de Ziguinchor, à l’instar de leurs collègues des autres zones, ont célébré dimanche, la Journée mondiale de la pêche. Une occasion pour ces derniers de diagnostiquer les contraintes auxquelles le secteur est confronté, notamment le manque d’unités de transformation de produits halieutiques.
«Le secteur souffre du manque d’unités, d’usines, d’industries modernes pouvant absorber les produits pêchés et débarqués à Ziguinchor. Car Pour tirer de la plus-value de la pêche, il est souhaitable de pouvoir transformer sur place», explique Famara Niassy. Pour l’inspecteur des pêches, la pêche à Ziguinchor se réduit à une pêche de capture suivie de débarquement où tout est embarqué vers d’autres destinations. C’est dire que le produit ne fait, selon lui, que transiter la où il est pêché ; ce qui constitue, à ses yeux, un manque énorme à gagner pour l’économie régionale. Seulement depuis l’année dernière il y a, d’après M. Niassy, quelques promoteurs étrangers qui s’intéressent à la région pour valoriser ses produits. «On aurait préféré des promoteurs nationaux ; mais pour l’heure, ce sont des étrangers. Et la meilleure formule et qu’ils soient un partenariat avec des Sénégalais», plaide-t-il. En effet, explique-t-il, la transformation permet de créer de l’emploi et de la richesse contrairement à l’exportation du produit à l’état brut vers d’autres destinations.
Par rapport aux quantités des débarquements dans la région, les statistiques tournent ces 5 dernières années, selon lui, autour de 75 000 tonnes. Ce qui, à ses yeux, est très important, tout comme la valeur marchande également conséquente. Et sur les principaux centres de débarquement, l’inspecteur régional de la pêche souligne que Kafountine est au 1er rang suivi de Ziguinchor bousculé par le département d’Oussouye qui polarise Elinkine et Cap Skirring. Cap Skirring qui a, dit-il, pris un très bel envol avec des débarquements importants favorisés par l’implantation d’une unité de production de glace depuis l’année dernière et qui a attiré beaucoup de pêcheurs, plus particulièrement ceux de Mbour et de Joal qui ont débarqué dans la zone. Des campagnards qui veulent en outre se rapprocher, selon Famara Niassy, de la Guinée-Bissau qui offre beaucoup d’opportunités à travers le protocole de pêche signé avec le Sénégal.
Interpellé sur le parc piroguier de la région, l’inspecteur régional de la pêche estime que celui-ci est dynamique et est tributaire du niveau des activités de chaque campagne mais également avec la valse des pêcheurs qui migrent vers le Sud d’une campagne à une autre. «Mais selon les statistiques, en 2015, le parc piroguier était estimé à 1554 embarcations, 2669 en 2016, 2035 pirogues en 2017, 2051 embarcations en 2018, 2202 en 2019 et 2054 pirogues en 2020, soit une moyenne d’un peu plus de 2000 embarcations au niveau régional», renseigne-t-il
Sur les potentialités de la région en matière de pêche, l’inspecteur régional des pêches de Ziguinchor estime que la pêche constitue un des segments, voire le segment économique le plus important ces dernières années. «Certes, l’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie régionale ; mais si on analyse le secteur de la pêche en termes de sécurité alimentaire, nutritionnelle et de son rôle économique, il pourrait même bousculer l’agriculture», a indiqué Famara Niassy, qui s’exprimait dans le cadre de la célébration mondiale de la pêche. Selon lui, la région de Ziguinchor occupe presque la 3ème place ces dernières années au niveau national après Dakar et Thiès. Car SaintLouis avec qui elle rivalise dépend étroitement, des possibilités de pêche de la Mauritanie
LA SORTIE DE SONKO CONTRE LA CHARTE DE NON-VIOLENCE FAIT PARLER
Le leader de Pastef a déclaré, dimanche, lors du meeting d’investiture des candidats de Yewwi askan wi, qu’il ne signera aucune charte de non-violence. Les organisations de la Société civile ont diversement accueilli cette sortie
Le leader de Pastef a déclaré, dimanche, lors du meeting d’investiture des candidats de Yewwi askan wi (Yaw), qu’il ne signera aucune charte de non-violence. Les organisations de la Société civile ont diversement accueilli cette sortie à polémique de Ousmane Sonko.
Alioune Tine : «J’ai été surpris par sa réaction brutale et sans nuance»
Alioune Tine, qui était l’un des porte-voix de la Plateforme Jammi Rewmi lors de la dernière rencontre avec la presse de ce regroupement des organisations de la Société civile, répond à Sonko : «J’ai été surpris par sa réaction brutale et sans nuance par rapport à la proposition d’une charte de la non-violence proposée par la Société civile. Dans un contexte d’un processus électoral caractérisé par la violence dont ses partisans sont victimes, c’est pour le moins surprenant.» Le fondateur d’Africa Jom Center estime que «dans une société de la défiance, où on n’a pas confiance à l’Administration, à la Justice, aux forces de sécurité, il faut renforcer et crédibiliser les efforts de la Société civile». Et à propos de l’«hypocrisie» de cette Société civile dont parle le leader de Pastef, il regrette ce «jugement de valeur totalement inapproprié quand il s’agit du travail difficile et ingrat de la Société civile». Avant d’ajouter : «Je rappelle aussi que tous ceux qui arrivent au pouvoir par la violence, s’y maintiennent par la violence.» Mais dans tous les cas, l’ancien patron de la Raddho souligne que la Société civile va «mettre tout le monde face à ses responsabilités» et restera mobilisée pour «combattre la violence d’Etat et la violence de l’opposition» pour des élections «transparentes et apaisées»
Moundiaye Cissé : «Regrettable, mais il faut dédramatiser les propos de Sonko»
Si Moundiaye Cissé «regrette» aussi ces propos de Sonko parce que «l’opposition, dans la forme, n’a pas intérêt à fragiliser la Société civile». Cependant, il préfère «dédramatiser» et «dépassionner» cette sortie. En revanche, souligne le président de l’Ong 3D, «rien ni personne ne nous détournera de notre chemin». Il ajoute : «Il faut analyser ces critiques et les intégrer dans la démarche que nous sommes en train de mener. C’est à nous de trouver des mécanismes de régulation. Peut-être qu’en sensibilisant Sonko, il pourrait changer d’avis», a dit ce membre de la Plateforme Jammi Rewmi. Et il souligne que ce n’est pas une première puisqu’il est arrivé que le pouvoir aussi tire sur la Société civile. «Nous avons toujours demandé le respect du Code électoral et c’est le devoir du gouvernement. C’est un message que Sonko nous lance. C’est l’Etat qui doit d’abord garantir la paix, et sous ce rapport, nous sommes d’accord avec lui. Pour autant, il faudra un accord commun entre les parties pour éviter la violence», a ajouté M. Cissé qui n’exclut pas une rencontre entre la Société civile et l’opposant.
Le Cadre unitaire de l’islam n’est «pas surpris»
Le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal, regroupant, entre autres, des représentants des foyers religieux du pays, avait également proposé la semaine dernière, une charte de nonviolence signée par les acteurs politiques. Son président, Cheikh Ahmed Tidiane Sy, n’est pas surpris par cette réaction de Sonko. «Je m’attendais à ce genre de réaction des opposants. Nous savions dès le début que le travail ne sera pas facile. Mais nous sommes toujours dans notre rôle de facilitateurs. Nous serons toujours dans cette logique d’appeler les gens à taire les querelles et les velléités politiques», a-t-il dit à Dakaractu. Tout en soulignant qu’ils avaient souligné que le pouvoir doit «garantir les conditions d’élections libres et transparentes, assurer une justice indépendante». Ledit cadre s’engage à tout mettre en œuvre pour que les différents acteurs politiques ainsi que la Société civile se retrouvent autour d’une table pour prévenir la non-violence.
«IL NE FAUDRAIT PAS QUE LE PAIEMENT CREE DES PROBLEMES AUSSI ENORMES QUE LA DETTE»
Avis d’expert – Souleymane Boun Daouda Diop, sur les primes impayées aux athlètes sénégalais :
Souleymane Boun Daouda Diop salue la mesure prise par l’Etat du Sénégal de régler définitivement le problème des primes dues aux athlètes sénégalais depuis 2007. L’ancien Dhc, qui connaît bien le dossier, donne des pistes pour une meilleure gestion de cette historie de primes qui dure depuis 14 ans.
Le ministre des Sports, Matar Ba, a révélé dimanche, en marge de la troisième édition du Marathon Eiffage Dakar, que le chef de l’Etat a donné des instructions pour le paiement des primes dues aux athlètes sénégalais depuis 2007/2008. «Au niveau de la Loi de finances rectificative (Lfr), l’injustice de 2008 jusqu’à maintenant, va être complétement réglée. Cela veut dire que ce qui est dû aux athlètes depuis 2008 avant l’arrivée du chef de l’Etat, cette injustice va être réglée très bientôt parce que les engagements vont être faits pour que tous ces athlètes puissent recevoir leur dû», a confié le ministre. Qui précise que l’ardoise tourne autour de 600 millions Cfa. «C’est une bonne nouvelle. C’est une injustice, nous l’avons reconnue et avec l’appui du ministre des Finances, sur instruction du chef de l’Etat, cela a été inscrit au niveau de la Lfr et nous allons nous atteler à mobiliser cette somme pour régler cette injustice définitivement.»
«Remettre à jour la liste avant de payer»
Joint par Le Quotidien, l’ancien Directeur de la haute compétition (Dhc), au niveau du ministère des Sports, aujourd’hui à la retraite, qui connaît bien le dossier, donne des pistes pour une meilleure gestion. «Comme vous le savez, c’est 14 ans d’attente et il peut y avoir quelques dysfonctionnements. C’est pourquoi, pour ce que je peux donner comme conseil, c’est qu’il ne faudrait pas que le paiement de ces primes crée des problèmes aussi énormes que la dette. Pour cela, il faudrait avant de payer, rencontrer les fédérations et essayer de remettre à jour la liste», conseille Souleymane Boun Daouda Diop. Avant d’ajouter : «Il faudrait que ceux qui font des réclamations, parce que ça ne manquera pas, puissent amener des preuves de leurs allégations. Il faudrait y aller avec beaucoup de méthode et d’organisation. Mais sur ce plan-là, j’ai confiance aux agents de la Dhc qui ont longtemps travaillé sur ce dossier et qui peuvent, s’ils sont au cœur du dispositif, régler beaucoup de problèmes.»
«Une décision à saluer»
Quant à la traçabilité des athlè- tes, M. Diop estime que «ce sont des internationaux et on peut les localiser facilement. Cela ne doit pas poser de problème. Il y a peut-être, certains athlètes qui sont décédés, je ne le souhaite pas, si c’est le cas, il faut donner ça aux ayants droit». L’ancien Dhc ne manque pas de saluer la décision prise par les autorités sénégalaises. «Il faut saluer la mesure parce que c’est une mesure très importante qui a été prise. Quand des jeunes consentent énormément de sacrifices pour porter haut les couleurs nationales, que leur sacrifice est sanctionné par une médaille et que nos textes disent que celui qui remporte une médaille pour le Sénégal a droit à telle indemnité, il faut agir. Et je pense qu’aujourd’hui, si l’autorité prend la décision de payer ces dettes, il faut vraiment saluer cette mesure», souligne-t-il. Quid du nombre d’athlètes concernés ? Sur ce chapitre, M. Diop estime qu’«il est difficile, en tous cas, à mon niveau, de donner le nombre d’athlètes concernés. Ce que je peux dire, c’est que le ministère des Sports détient les documents. Depuis 2015, le ministre Matar Ba avait donné des instructions pour qu’on puisse avoir le nombre réel des ayants droit». D’ailleurs, souligne-t-il, «c’est ainsi qu’en 2019, nous avions estimé l’enveloppe à 500 millions Cfa. Mais comme vous le savez, c’est une enveloppe qui évolue chaque année. Il y a donc, au niveau du ministère, les documents qu’il faut. On avait demandé aux présidents de Fédération, dans un premier temps, de donner la liste des ayants droit. Et nous avions confronté cette liste aux archives du ministère des Sports. Comme vous le savez, chaque année, la tutelle met en place la liste des médaillés de l’année. Et nous avions, à l’é- poque, confronté les données des fédérations et les données du ministère des Sports».
DES DIFFICULTÉS À PERCEVOIR LA BOURSE DE SECURITE FAMILIALE À SEDHIOU
Pour percevoir la bourse de sécurité familiale, c’est la croix et la bannière pour bon nombre de bénéficiaires originaires de la région de Sédhiou. C’est le constat qui a été fait en interrogeant certaines parmi ces personnes qui content leur calvaire et crient à la discrimination dans le traitement qui leur est réservé.
Rester depuis plus de deux mois sans percevoir leur bourse sociale, les femmes de la capitale du Pakao avaient reçu des informations que leur dû était disponible. Ayant pris d’assaut les alentours de La Poste de Sédhiou, ces femmes, qui ont l’habitude de retirer les bourses familiales, éprouvent des difficultés qui font que centaines passent des jours sans rien avoir.
Mathieu Diamd, un bénéficiaire, explique les difficultés que ces dames endurent pour percevoir cette bourse. «Il y a des femmes qui passent la journée ici. Et parmi elles, il y a celles qui quittent les communes environnantes et passent aussi la journée sans percevoir», renseigne M. Diamd. Qui ajoute : «Il y a des femmes qui payent les billets aller-retour dans le vide avant de percevoir les 25 mille francs.» Notre interlocuteur demande à l’Etat de revoir la manière de payer les bourses afin de mieux aider ces familles en situation défavorable.
Fatou Faty, une femme âgée de la quarantaine, fatiguée et découragée en apparence, livre aussi son calvaire. «Depuis la semaine passée, nous passons presque la journée ici. Nous venons ici aux environs de 5h matin et c’est presque vers les coups de 18 h qu’ils nous informent que l’argent n’est pas disponible. On laisse tout ce qu’on a à faire à la maison pour venir ici. Parmi nous, il y a des femmes âgées. Et souvent, il y a des personnes qui passent par la fenêtre derrière et récupèrent leur argent alors que nous sommes dans l’attente depuis tôt le matin», explique Mme Faty. Qui ajoute : «Jeudi passé, une jeune femme nous a dépassées devant la porte de La Poste et s’est mise près de la fenêtre, c’est là où elle a remis sa carte pour ensuite recevoir sa bourse. Elle s’est tenue devant nous et a compté l’argent avant de mettre les cinquante mille francs dans sa pochette. Vous imaginez qu’il y a des personnes âgées qui passent presque la journée à attendre malgré tout cela, nous ne sommes pas considérées ici et ils ne donnent que de mauvaises réponses quand on leur demande.» «C’est vrai que cet argent c’est l’Etat qui nous le donne, mais avant de l’avoir on souffre réellement. Quand le moment de percevoir la bourse s’approche, on a même peur, tellement qu’on souffre avant de le récupérer. Puisque ceux qui nous payent notre bourse ne travaillent pas dans la transparence. Car s’il n’y a pas d’argent pour nous, pourquoi certaines nous dépassent pour recevoir leur somme par la fenêtre ?», s’interroge notre interlocutrice. Pour les bénéficiaires, la meilleure solution c’est de faire le paiement via Orange money ou Wave.
Fily Mane, une femme âgée assise à la devanture de La Poste, raconte également comment elle vit cette situation. «Ça fait deux semaines que je cours après cette bourse. A chaque fois que nous venons, on nous dit de revenir. Si on revient encore, c’est la même chose qu’ils nous disent et pourtant on paye notre transport aller-retour», indique-t-elle. Avant d’avouer : «Vraiment nous sommes fatiguées et nous ne savons plus quoi faire. Nous constatons que beaucoup de personnes ont reçu leur somme en secret. Nous demandons de l’aide à l’Etat. Se lever à 5h matin pour rentrer à la maison avec les mains vides, c’est vraiment horrible cette histoire de bourse sociale.»
Par Hamidou ANNE
CHEIKH MAHI NIASS, SAVANT ET POLITIQUE
Notre société vit sous le joug non pas de la pensée, mais de l’opinion polarisée, visant à promouvoir l’affrontement politique sur des aspects moralisateurs, religieux ou identitaires au lieu de poursuivre notre structuration en tant que Nation
Cheikh Mahi Ibrahim Niass vient d’effectuer une visite historique à Dakar. Ce séjour du calife de la Fayda recèle un grand sens, car il arrive dans la capitale sénégalaise au moment où de profondes déchirures menacent notre tissu social. Le Sénégal fait face à des tensions qui dépassent le cadre politicien, même si ce volet attire les médias et les observateurs. Le mal du pays est plus profond, et il a trait à notre commun, à la survie de la Nation en tant qu’entité fédératrice de nos différences qui ont toujours fait notre richesse. Notre pays subit ce que le sociologue Jérôme Fourquet appelle l’archipellisation, qui est un processus de fragmentation par lequel une société perd le sens des communs au profit d’une montée des individualismes, des communautés et des particularités sociales.
Cheikh Mahi Niass, intellectuel puissant, voyageur infatigable et fin connaisseur des arcanes politiques, a compris les enjeux actuels. Dans son interview accordée au quotidien Le Soleil, il touche à la racine du mal sénégalais : la perte progressive du sens collectif. Il précise inscrire sa visite dans la volonté de contribuer à réparer les communs dans un pays en crise, lui-même logé dans un monde assailli par des tensions diverses. Ainsi, souligne-t-il : «Nous devons nous connaître, créer des liens fraternels pour faire face aux défis de notre temps. Il est important que nous sachions ce qui nous unit et ce que nous devons et voulons faire de cette communauté de sentiments et d’idées, au-delà même des appartenances. Agissons en synergie, mobilisons nos énergies et nos intelligences en créant des cadres d’échanges.» Notre société vit sous le joug non pas de la pensée, mais de l’opinion de plus en plus polarisée, visant à promouvoir l’affrontement politique sur des aspects moralisateurs, religieux ou identitaires au lieu de poursuivre notre structuration en tant que Nation politique au dessein commun.
Le risque est grand de voir les communautés qui composent la Nation se fissurer, ensuite se faire face du fait d’une instrumentalisation de l’ethnie, de la religion aux fins d’accès ou de maintien au pouvoir. Le brin d’allumette qui fera tout flamber a de grandes chances d’être la matière électorale, notamment dans un contexte où les institutions -en premier lieu la Justice sont l’objet d’une défiance extrême. Il s’y ajoute une classe politique à la médiocrité sidérante, qui ne sacralise plus des choses essentielles comme la République, et une extrême pauvreté qui sévit dans les villes et les campagnes.
La première cause du mal sénégalais est le sabotage de l’école comme moteur de fabrication de l’humain et espace de socialisation de l’individu. La crise du savoir qui suinte de l’observation du débat public est la conséquence d’un niveau calamiteux d’une large frange de ceux qui nous gouvernent ou aspirent à nous gouverner. Un pays qui désacralise le savoir est en proie à de graves dangers qui menacent sa survie en tant que Peuple. Car l’ignorance qui s’allie à la précarité, sont des leviers d’accélération de la faillite d’un pays. Sur la nécessité de réhabiliter le savoir, le propos de Cheikh Mahi Niass est limpide. Il appelle à un sursaut vers le logos dans la lignée de son père Baye Niass, qui «conseillait d’aller à la quête du savoir pour que le colonisateur quitte notre Patrie sans qu’on ait besoin de le combattre». Cheikh Mahi nous invite à aller «à la quête du savoir pour être des hommes libres prenant leur destin en main».
Cheikh Mahi Niass est enfin un internationaliste convaincu, à l’image de son vénéré père qui a parcouru le monde pour tisser les liens d’une humanité au service de la tolérance et du dialogue des cultures et des peuples. La visite du calife de Médina Baye a pour moi un sens profond, car elle est une réponse éloquente aux fondamentalistes, aux identitaires aux idées rabougries qui rêvent d’une ghettoïsation de notre société, loin du bouillonnement intellectuel et culturel du monde. Elle constitue aussi un message de fraternité universelle que l’un de nos plus éminents savants, une figure exceptionnelle de la lignée de la tijania, adresse au monde au moment où les islamophobes et les racistes ailleurs, indexent l’islam comme la cause de leur effondrement moral.
Cheikh Mahi Niass n’est pas un religieux enfermé dans sa mosquée en train de prêcher un islam reclus sur lui-même. Il n’est pas non plus un censeur qui promeut, au nom de la religion, un obscurantisme contraire à l’islam des lumières, notamment dans sa voie soufie. Il appelle à la sacralisation du savoir qui enrichit et libère l’homme, surtout les fidèles d’une religion dont le premier précepte est la recherche du savoir contenu dans le Livre. Dakar a reçu un calife profondément moderne, un homme de culture et de livres, qui montre que la foi qui imbibe le cœur de millions de Sénégalais est en phase avec la modernité ; qu’elle fait corps avec l’époque pour être la gardienne de la mémoire de notre Peuple. La mémoire sans laquelle, selon le sage de Kaolack, un homme n’a «ni repère ni référence».
Par Seybani SOUGOU
LE PUTSCH PRE-ELECTORAL DE MACKY SALL
Depuis son accession au pouvoir, il a mis en place une stratégie inédite de fraudes (directes et indirectes), lui permettant, d’organiser des scrutins faussés, de fabriquer ses résultats et de publier ses taux fantaisistes de victoire
Ceux qui croient à l’organisation d’élections libres, transparentes, sincères et démocratiques sous le magistère de Macky SALL en seront pour leurs frais. Depuis son accession au pouvoir en 2012, Macky SALL a mis en place une stratégie inédite de fraudes (directes et indirectes), lui permettant, d’organiser des scrutins faussés, de fabriquer ses résultats et de publier ses « taux fantaisistes de victoire, des taux auxquels personne ne croit, y compris ses propres partisans ». La liste impressionnante de pratiques frauduleuses mises en place par Macky Sall, entre 2014 et 2019 pour contourner la volonté populaire, donne le tournis :
Les Locales de 2014 et l’inversion spectaculaire des résultats à Saint Louis
Lors des élections locales de 2014, la fraude la plus flagrante et la plus spectaculaire est l’inversion des résultats à Saint louis (placée en état de siège), pour permettre à Mansour FAYE, beau-frère de Macky Sall de proclamer une victoire usurpée, alors que les résultats donnaient une victoire nette et limpide à Ahmet Fall BRAYA.
La création de 1213 bureaux fictifs lors du référendum de 2016
Création de 1213 bureaux fictifs confirmée par les écarts considérables relevés entre les chiffres donnés par le Ministre de l’Intérieur (12 381 bureaux de vote) et les chiffres officiels du Président de la Commission Nationale de Recensement des Votes (13 594 bureaux de vote), Annulation des résultats de plus de 50 bureaux de vote à Touba
Le chaos électoral de 2017 (sabotage organisé des législatives)
Rétention de centaines de milliers de cartes d’électeurs de citoyens sénégalais, Eviction de la CENA, écartée des phases essentielles du processus électoral (édition des bulletins), Sabotage du vote à Touba : refus d’acheminer dans les délais, le matériel de vote de l’une des villes les plus peuplées du pays, privant des centaines de milliers de citoyens du droit de vote, et occasionnant une révolte sans précédent (plus de 96 bureaux de votes ont été vandalisés), Modification des lieux de vote pour des dizaines de milliers d’inscrits, qui, le jour du scrutin, ont été désorientés, et empêchés, de fait, d’accomplir leur devoir civique, Transferts illégaux de dizaines de milliers d’électeurs vers de nouveaux bureaux de vote, Profusion des ordres de mission déversés massivement (par milliers) à Dakar, pour inverser nuitamment, à 2 heures du matin, le résultat du vote dans la capitale, Publication de résultats frauduleux avec la complicité d’un responsable d’un site internet proche du régime, qui a publié à 2 heures du matin, un article selon lequel Dakar était tombé dans l’escarcelle d’Amadou BA, ministre, tête de liste de la coalition au pouvoir, Edition en nombre insuffisant des bulletins de l’opposition, dans de nombreuses localités (ce qui fait que du point de vue arithmétique, le nombre de bulletins des partis d’opposition est systématiquement inférieur à celui du camp du pouvoir).
Le taux fantaisiste de 58% préfabriqué lors des présidentielles de 2019
Loi scélérate N°14-2018 instituant le parrainage intégral et instrumentalisation de la justice pour éliminer des candidats, Organisation de campagnes clandestines de confection des dizaines de milliers de cartes d’électeurs (dans des maisons, des écoles ou des locaux privés) pour des militants de l’APR, dans de nombreuses localités, Rétention de centaines de milliers de cartes d’électeurs, Gonflement des listes électorales dans les fiefs du NEDOUKO BANDOUM, dont le nombre de naissance atteint des niveaux records et où le nombre de personnes inscrites en âge de voter, dépasse l’entendement et double quasiment d’une élection à une autre, Ouverture tardive des bureaux de vote dans les zones où l’opposition est susceptible de gagner, Achat massif des consciences, avec une corruption inégalée (des milliards de FCFA ont été déversés, pour acheter le vote de certains électeurs), Le 24 février 2019, en pleine matinée, au moment où les sénégalais se ruaient massivement dans les centres de vote pour accomplir leur devoir civique, la Direction Générale des Elections du Ministère de l’Intérieur, adressait 2 notes estampillées «TRES URGENT» aux gouverneurs, aux préfets, et aux sous-préfets dont l’une autorisait le vote des électeurs, même en cas de non-conformité entre carte d’électeur et liste d’émargement. Tous les présidents de bureaux de vote disposent d’un bréviaire avec la liste limitative des électeurs pouvant voter dans un bureau lorsque que leur nom ne figure pas sur la liste d’émargement « il s’agit des membres du bureau de vote inscrits sur une liste électorale, des délégués de la Cour d’Appel, des journalistes et chauffeurs de l’Administration en mission, des militaires et paramilitaires en opérations (ils doivent être munis d’un ordre de mission spécial), des autorités administratives affectées, des contrôleurs et superviseurs de la CENA». L’élection présidentielle de 2019 est un simulacre d’élection digne d’une république bananière.
Locales du 23 janvier 2022 : les préfets au service du plan machiavélique de Macky
Le rejet massif de nombreuses listes de l’opposition par des préfets et sous-préfets zélés, pour des motifs fallacieux, et la corruption de certains mandataires, s’inscrit dans le cadre d’un putsch pré-électoral. Tous les ingrédients d’un nouvel hold-up électoral le 23 janvier 2022, sont réunis. Tout le monde le sait, depuis 2012, aucune élection ne s’est déroulée de manière libre, transparente, sincère et démocratique au Sénégal. Tous les scrutins de 2014 à 2019 ont été totalement faussés du fait de fraudes massives, et industrielles. Lorsque les partisans du régime entonnent le refrain « depuis 2012, nous avons remporté, toutes les élections, cela prête à sourire car ils oublient de mentionner la seule formule qui sied « depuis 2012, BENNO BOK YAKAAR a volé toutes les élections ». La seule élection remportée par Macky SALL est l’élection présidentielle de 2012 organisée par Abdoulaye WADE. Pour le reste, aucune crédibilité ne peut être donnée à ses déclarations de victoire. Pour empêcher que la volonté du peuple soit détournée lors du scrutin du 23 janvier 2022 (comme les précédents), les citoyens sénégalais doivent se mobiliser, investir massivement la rue et faire face de manière résolue au régime moribond de Macky SALL. L’heure n’est plus aux tergiversations : il faut une détermination totale pour arrêter Macky SALL.
Par Abdoulaye SaKHO
CHANGER L’APPROCHE DANS LA FORMATION ET LA RECHERCHE EN DROIT
Je persiste et je signe… La formation et la recherche en droit ne sont pas seulement un apprentissage de matières mais aussi une acquisition de capacités et de compétences pour celui qui sort de l’université à quelque niveau que ce soit
Au Sénégal, comme dans la plupart des anciennes colonies en Afrique, le choc des civilisations, le choc des cultures a engendré une situation qui a rendu très complexes nos relations avec notre environnement économique et social. C’est le cas de notre rapport au droit. Les normes juridiques (de droit positif) qui régissent notre société ne sont pas univoques. Elles sont la résultante d’une cristallisation. Celle de la tentative d’osmose, à un moment donné de notre histoire, du droit du colonisateur avec les pratiques et normes locales très souvent dédaigneusement baptisées « droit indigène » ou « autochtone ». Par ailleurs, les règles issues de ces pratiques sont juridiquement qualifiées de « coutume » ou « usage». Il faut toutefois avouer que la mayonnaise pour réaliser cette osmose n’a pas pris, pour au moins deux raisons à mon avis : • soit la norme d’origine coloniale s’est imposée et le droit local a disparu. Ou bien, ce dernier est tout simplement toléré. On va alors « professer », de manière docte, en toute ignorance ou innocence, dans nos facultés de droit africaines, parmi les sources du droit, les notions de coutumes ou d’usages notamment « contra legem» ou « praeter legem » pour désigner des normes de comportement pourtant majoritairement suivies par la population ; • soit alors, on tente de consacrer une norme de synthèse. Mais le risque est de voir cette norme rejetée de tous car ne satisfaisant personne (V. la mise en place du code de la famille dont certaines dispositions peuvent être source de discordes sociales).
Sur ce, on mesure la tâche qui interpelle le juriste africain.
Plus que partout ailleurs, il nous appartient de mettre en avant ce qu’on pourrait appeler « la fonction structurante du droit » par opposition à sa « fonction normative ». Cette dernière postule, par exemple, que la loi est une norme d’origine extérieure à l’homme, de nature purement éthique, voire religieuse. Or pour la fonction structurante, la loi est une règle que les hommes décrètent parce que leur communauté sociale l’a secrétée. Sous le bénéfice de cette précision, on doit pouvoir, avec les juristes de droit économique, retenir les deux assertions suivantes : • premièrement, la règle de droit est non pas une finalité mais une technique au service de l’Homme ; • deuxièmement, l’étude du droit doit être induite de la réalité concrète et non déduite de postulats théoriques. C’est une démarche reposant sur ces deux assertions qu’il nous faut adopter en Afrique. Si nous voulons que notre droit conserve un minimum d’intérêt aux yeux du décideur politique et économique, aux yeux des autres membres de la communauté des chercheurs, aux yeux de toutes les professions qui, de près ou de loin, font du droit leur centre d’intérêt, voire même aux yeux du citoyen tout court, il nous faut, non pas systématiquement emprunter notre droit, mais plutôt le créer, à partir de l’observation de notre société.
Le rôle de l’université est fondamental dans ce sens
Et, relativement aux exigences de l’Afrique juridique contemporaine, cette démarche est particulièrement actuelle à un triple point de vue.
Du point de vue de la formation universitaire en droit tout d’abord.
Partout dans le monde contemporain, la formation universitaire fait l’objet de réflexions ciblées en vue d’une amé- lioration substantielle permettant une réelle acquisition de compétences et non un simple apprentissage de matières. Il est vrai que l’apprentissage des matières n’est plus d’une très grande pertinence pédagogique car, sous la poussée des faits socio-économiques et des progrès technologiques, les matières juridiques évoluent de manière exponentielle aussi bien dans leur contenu que dans leur présentation. Avec la magie de l’internet, un citoyen un tout petit peu curieux peut acquérir toutes les connaissances qu’il désire. Il est ré- volu le temps où le « maitre » était l’unique source du savoir dans la classe. Aussi privilégie-t-on de plus en plus l’acquisition de compétences en pédagogie. En droit, l’unanimité est faite « pour considérer que le juriste doit avant tout être capable de mener une construction, une argumentation à partir de faits et de règles » qu’il lui faut certes connaitre, mais dans le but précis de prendre une décision. Pour l’adepte de l’analyse substantielle qui est la méthodologie opératoire du droit économique, les faits sont de même importance que les normes. (V. notre article en hommage aux fondateurs de l’Ecole de droit économique de Nice publiée à la Revue Internationale de Droit Economique intitulée, Analyse substantielle et relation de pouvoir. http://www.cairn.info/revue-internationale-de-droiteconomique-2013-4-pag... ).
Or il se trouve qu’en Afrique et particulièrement au Sénégal, on travaille beaucoup sur la base d’approximations empiriques, sur de « l’à peu près ». Nous ne maitrisons pas bien notre environnement économique et social. Aussi cette démarche à laquelle nous appelons de nos vœux, nous aidera non seulement à combler une partie de ce gap, mais aussi et surtout, au plan pédagogique, elle doit mettre l’étudiant en situation de proposer une décision. Cela implique de présenter le droit aux étudiants davantage comme un art ou une science de la décision que comme un art ou une science du contentieux. En conséquence, au plan de l’évaluation, beaucoup moins que le sempiternel commentaire d’arrêt cher aux facultés de droit de tradition juridique francophone, une telle démarche aidera dans la résolution des problèmes contenus dans les exercices assez prisés des techniques contemporaines d’évaluation : études de dossiers, cas pratiques et autres exercices du genre notes de synthèses. Une perspective pluridisciplinaire permettra aux étudiants de situer la décision dans son contexte comme un élément de management public ou privé. En définitive plus que des connaissances, l’étudiant acquiert surtout des compétences.
Du point de vue de la recherche ensuite
Il est vrai que la recherche actuelle dans les universités africaines vacille entre les impératifs de la recherche commanditée et celle faite en vue de préoccupations de carrières. Il me parait donc impératif de travailler à l’émergence d’une recherche universitaire efficace et ne dépendant pas des seules préoccupations de recherches de certains intérêts privés. Le rôle de l’université, en dehors de la traditionnelle transmission de connaissances, consiste à ouvrir des pistes pour faciliter la prise de décision politique dans le sens du développement de nos pays. Sur ce plan précis, la recherche africaine a un gap énorme car elle a pendant longtemps vécu dans l’ombre tutélaire de la recherche d’autres pays. Du coup, notre propre recherche s’en ressent jusqu’à présent. Nos meilleurs « think tank » sont un peu trop portés vers la recherche commanditée. Il manque certainement de l’audace intellectuelle dans l’approche de nos besoins. Ce n’est pas du tout hérétique car, c’est de plus en plus dans les préoccupations des « partenaires au développement ». La Banque Mondiale invite souvent les intellectuels africains à produire des idées pour booster la croissance sur le continent. De même, le rapport du Bureau indépendant d’évaluation du FMI, publié en Mai 2011, une semaine après l’éclatement de l’affaire DSK, montre que la recherche dans cette institution pose problème quand il s’agit de l’Afrique. Ce rapport nous dit qu’il s’agit d’une « recherche institutionnellement orientée », qu’il y a des « biais idéologiques », que des « conclusions sont préconçues », que certaines études reposent sur un « cadre analytique inapproprié aux réalités des pays étudiés » et mieux qu’il y a dans les recherches du FMI, une « incapacité répétée à citer les travaux des chercheurs locaux ». Aussi des démarches comme celle que nous préconisons sont précieuses car nous fournissent le matériau de base pour une recherche objective et de qualité. Aujourd’hui que les juristes commencent à comprendre ce que signifie le travail en équipe dans des laboratoires, que les facultés comprennent qu’il n’y a aucune pertinence à distinguer officiellement le doctorat ou le master académique et la thèse ou le master professionnel, le rôle des professionnels non universitaires devient absolument nécessaire. C’est la troisième dimension des présents propos
Concernant la dimension professionnelle enfin
La dé- marche intéresse toutes les professions qui gravitent de près ou de loin autour du droit qui doivent éviter de se « victimiser » avec des arguments du genre « l’université ne nous associe pas ». Je crois que l’université n’est ni la propriété des enseignants ni celle des étudiants. Elle appartient à la société et donc à toutes les couches de la population. Ces professions doivent se rapprocher aussi et de ne pas attendre une éventuelle invitation. Parallèlement, la démarche se révèle également une invite des universitaires à l’association des professionnels à la formation et à la recherche. On doit songer à la présence de professionnels non universitaires dans les équipes de recherche. On les a imposés comme membre du corps professoral (une exigence de qualité pour certains diplômes) et de plus en plus, comme membre dans les jurys de thèse. Il faut aller plus loin, les associer dans la détermination des sujets de thèse et leur ouvrir la possibilité d’accéder au grade de docteur sur la base de la soutenance sur travaux pour ceux d’entre eux qui publient …, et souvent plus que les universitaires.
Cette dimension m’amène d’ailleurs vers une « réflexion à haute voix » sur deux questions qui ne suscitent pas beaucoup de réflexions mais ne sont pas neutres dans le développement de la pensée juridique africaine : les critères recrutement des professeurs et la méthode d’analyse dominante que j’appelle « positivisme descriptif »
Les critères de recrutement des enseignants hérités du système de l’enseignement supérieur français sont-ils encore pertinents pour les besoins de l’enseignement supérieur chez nous et plus globalement pour le continent Africain ? Ne sont-ils pas quelque peu restrictif ?
En tout cas, de plus en plus de voix s’élèvent mettant en cause la pertinence du recrutement des professeurs sur la base du concours d’agrégation. Par exemple dans un pays comme la France qui nous sert de modèle, analysant les raisons de la domination de la doctrine économique néoclassique dans les facultés d’économie de l’université française, un article du Monde diplomatique citant un Maitre de conférence de Paris I considère que « les néoclassiques ne se sont pas imposés par la force ou la justesse de leurs idées, mais par des stratégies de colonisation institutionnelle » reposant essentiellement sur le concours d’agrégation qualifié par l’article de « vestige du 19°siécle qui ne subsiste plus que dans 6 sections sur 77 et qui se caractérise par son conservatisme, son entre soi et son absence d’autonomie… » (V. l’article intitulé, Police de la pensée économique à l’université, une enquête de Laura Raim, Le Monde diplomatique, Juillet 2015)
Le positivisme descriptif : exemple du discours universitaire sur l’OHADA
Le discours sur le droit OHADA demeure à un haut degré d’abstraction, loin des réalités locales. Par exemple, très peu de recherches sont menées sur les interactions entre le droit OHADA et le secteur informel. (Un récent colloque intitulé « Pour une nouvelle orientation des recherches sur le droit OHADA » accueilli par David Hiez et Séverine Menétrey de l’Université du Luxembourg, le constate à nouveau. Les développements qui suivent sont inspirés des actes de ce colloque à paraitre prochainement). Au début, les universitaires et praticiens, africains et européens, se sont livrés à des commentaires des nouveaux textes dans la plus pure tradition de la dogmatique juridique : description du fonctionne ment des institutions et présentation des dispositions des actes uniformes. A la fin de la décennie 2000-2010, des voix plus critiques se sont fait entendre. Ces critiques résident notamment dans l’aléa juridictionnel qui nuit à la prévisibilité du droit unifié et se focalisent sur certaines décisions. D’autres raisons juridiques sont avancées pour expliquer les faiblesses structurelles du droit OHADA, faiblesses qui conduisent à son ineffectivité : la structure juridictionnelle et notamment la résistance de certains juges nationaux des juridictions suprêmes, l’articulation difficile avec les droits nationaux, la cohabitation avec d’autres droits supranationaux sous régionaux, la circulation et l’exécution des jugements, … Ces critiques demeurent centrées sur des seuls aspects juridiques et s’appuient généralement sur le droit européen (principalement le droit français). Le défaut d’application ou la mauvaise application du droit OHADA n’est plus occulté, mais sa critique demeure centrée sur l’aléa judiciaire. Rares sont les études qui s’interrogent sur la pénétration du droit OHADA dans la société. Et lorsqu’elles s’y attèlent, elles se limitent à promouvoir une meilleure formation et information des acteurs juridiques et judiciaires. Les raisons sociales liées à l’inadéquation des instruments formels de droit aux réalités sociales ne sont pratiquement jamais évoquées. Tout s’opère comme si le droit formel était le seul modèle de régulation des rapports sociaux ou, à tout le moins, le seul modèle digne de l’attention des juristes. Globalement, les débats théoriques passionnés qui s’installent dans le monde du droit semblent encore sans effet sur les juristes techniciens, sur la dogmatique juridique. Ceux-ci s’adonnent toujours exclusivement à l’étude des lois, avec au mieux quelques incartades dans des sources parallèles auxquelles le droit étatique conférerait explicitement une place, laissant ces autres normes pour l’essentiel aux bons soins des sociologues et des anthropologues. Notre tâche à nous universitaires africains d’aujourd’hui, c’est de contribuer à donner corps au droit, particulièrement au droit africain, dont l’abstraction et l’ineffectivité endémique le privent de son aptitude à réguler efficacement la société, fonction que tous s’accordent pourtant à lui attribuer. C’est donc une rupture par rapport au positivisme juridique qui a phagocyté la doctrine depuis un siècle, tout particulièrement la doctrine africaine. Mais pour être fidèle à cette ambition, il convient de ne pas se payer de mots et de mettre la main à la pâte. L’une des raisons de la persistance du dogmatisme juridique réside dans la spécialisation des juristes dans des exercices comme le commentaire des textes et le commentaire d’arrêts, et conséquemment leur manque d’outillage pour s’aventurer dans l’appréhension des faits. Pour beaucoup, sortir de cette routine constituerait au sens propre une aventure. Pourtant, il ne s’agit que d’une mutation qui consiste à prendre ses distances avec le positivisme descriptif qui peuple beaucoup d’ouvrages sur le droit français.
De tout ce qui précède, il ressort qu’un changement de paradigme est nécessaire si on veut, d’abord comprendre les mécanismes juridiques à l’œuvre en Afrique, ensuite participer à l’élaboration d’un droit africain plus effectif.
Je persiste et je signe… La formation et la recherche en droit ne sont pas seulement un apprentissage de matières mais aussi une acquisition de capacités et de compétences pour celui qui sort de l’université à quelque niveau que ce soit. N’est-ce pas le fondement de la réforme LMD qui nous incite à enseigner et à évaluer autrement ? Bref à changer la pédagogie universitaire. C’est « ce que dire le droit, veut dire » en ce début de siècle… Pour paraphraser le titre d’un célèbre article du Professeur Kader Boye. Merci Kader !
Abdoulaye SAKHO
Agrégé des facultés de droit, Cres/Ucad Au Professeur Abd El Kader Boye
EDUCATION ROUTIERE À L’ECOLE, LA SORTIE DE PISTE DE MACKY SALL
Des enseignants assimilent les propos du chef de l’Etat sur la nécessité de renforcer l’éducation routière dans les programmes scolaires à de simples «mots» tenus pour noyer les véritables «maux» de l’école
Des enseignants interrogés par « le Témoin » assimilent les propos du chef de l’Etat Macky Sall sur la nécessité de renforcer l’éducation routière dans les programmes scolaires à de simples «mots» tenus pour noyer les véritables «maux» de l’école tels que le passif social, les abris provisoires, le déficit d’enseignants, les effectifs pléthoriques... Ils disent aussi refuser de cohabiter avec des forces de l’ordre dans les établissements scolaires.
Vendredi dernier, trois lycéennes de la commune de Gamadji Sarré, à hauteur du village de Doubangué, ont péri sur la route dans un accident de la circulation. Plongeant ainsi la communauté éducative sénégalaise dans le deuil. Le chef de l’Etat, Macky Sall, qui a présenté ses condoléances en Conseil des ministres, en a profité pour rappeler la nécessité de renforcer l’éducation routière dans les programmes scolaires et dans les établissements d’enseignement. Il a même demandé le concours des services compétents comme la Nouvelle agence de sécurité routière afin, dit-il, de mieux prévenir les accidents de la circulation chez les élèves. Le président Sall a proposé ainsi l’introduction d’un module relatif à la conduite routière dans les programmes scolaires « déjà très chargés », selon les enseignants. « Nous avons déjà un programme très lourd à l’école. Au lieu de prendre des programmes sur la conduite routière, je crois qu’à l’élémentaire, il y a la matière intitulée : «Vivre dans son milieu» qui apprend aux élèves les questions morales et de vie sociale », confie le secrétaire national à la presse et à la communication du Syndicat Autonome des Enseignants du Moyen et Secondaire du Sénégal (Saemss). A son avis, le gouvernement devrait plutôt aller dans le sens d’appuyer les établissements scolaires, particulièrement ceux du moyen-secondaire, avec un budget conséquent qui pourrait leur permettre de prendre en charge les questions sécuritaires. Tamsir Bakhoum, donnant son point de vue sur le discours de Macky Sall, demande à ce que cette décision sur les questions sécuritaires dans les environnements immédiats des établissements scolaires, avec le projet de renforcement des programmes sur la conduite routière, ne soit pas une déclaration politique pour gagner la sympathie des parents des trois lycéennes décédées alors qu’elles se rendaient à l’école.
Une « diversion » selon les syndicalistes... !
Pour son camarade du même syndicat, El Hadj Malick Youm, il faut surtout éviter de trouver de fausses solutions à de vrais problèmes avec des mots qui ne peuvent malheureusement point soigner les véritables maux dont souffre le système éducatif sénégalais. C’est également l’avis de Ndongo Sarr du Cadre unitaire des Syndicats du Moyen et Secondaire du Sénégal (Cusems) selon qui le discours « de circonstance » du président Sall sur l’environnement immédiat des écoles, ne serait ni plus ni moins que de la «diversion’’. « Personne ne nous divertira avec l’environnement immédiat des écoles », a-t-il martelé. A en croire ces syndicalistes, les priorités de l’école sénégalaise, c’est surtout le règlement du passif social avec les syndicats d’enseignants, l’éradication des abris provisoires, la résorption du déficit d’enseignants, la question des effectifs pléthoriques dans les classes... Ndongo Sarr du Cusems considère que le problème ne se trouve pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de l’école où il manque de tout avec des déficits en tout genre liés surtout aux infrastructures, aux mobiliers, aux ressources humaines, aux conditions d’apprentissage avec les effectifs pléthoriques. Ce, notamment en sixième et en seconde. Il y a aussi la question du non-respect des accords sur le système de rémunération des enseignants... Pour lui, l’école sénégalaise, principalement son système, souffre d’un problème d’orientation et de pilotage. C’est pourquoi, il invite à faire les choses dans les règles en procédant par priorités.
...qui demandent des ralentisseurs...
Concernant l’environnement immédiat, M. Bakhoum rappelle que, dans les zones rurales comme urbaines, les élèves et les parents souffrent du coût élevé du transport et du très mauvais état des axes routiers. Il considère ainsi que c’est à l’Etat de sécuriser les environs immédiats des écoles par la construction de ralentisseurs et de dos d’ânes. « Quand nous sommes en mission dans les profondeurs du Sénégal, nous avons l’habitude de voir des voitures qui roulent à des vitesses excessives aux environs des écoles sans qu’aucune disposition sécuritaire n’ait été prise contre cette pratique par nos autorités. C’est surtout valable dans les grands axes qui font face aux écoles ou aux lycées. Il faudra que le gouvernement mette en place des dos d’âne pour obliger les véhicules à ralentir pendant tous ces trajets », a-t-il plaidé. Un point déjà évoqué en partie dans le dernier communiqué du Conseil des ministres par le président de la République qui a demandé au ministre en charge des Transports terrestres d’engager une réflexion sur les modalités d’amélioration du système de transport des élèves et étudiants dans les centres urbains et périurbains notamment. Ce dans la perspective de la «mise en service prochaine» du Train express régional (Ter) et des Bus rapid transfert (Brt). Au-delà de cette question du transport des apprenants, il a surtout demandé au trio de ministres en charge de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur de collaborer avec leurs homologues des Forces armées et de l’Intérieur afin de prendre les mesures de sauvegarde appropriées pour un meilleur encadrement de l’occupation de l’environnement immédiat des établissements scolaires et universitaires. De même que la question des activités commerciales autour de ces structures publiques à caractère éducatif
...et qui «chassent» les forces de l’ordre des écoles!
Sauf que ces instructions de Macky Sall risquent de créer un climat tendu à l’école. Les syndicalistes d’enseignants disent niet à une cohabitation avec des éléments des forces de sécurité dans l’enceinte des établissements scolaires. «J’ignore l’intention nourrie. Mais il est bon de dire au gouvernement que nous n’accepterons jamais que les enseignants cohabitent avec les forces de l’ordre dans les établissements. Le gouvernement a certes l’obligation de sécuriser les personnes et les biens, mais nous n’accepterons pas un déploiement des forces de sécurité dans nos établissements scolaires. Le Saemss sera très intransigeant et très vigilant pour ne pas vivre cet état de fait », déclare Tamsir Bakhoum, le très bouillant syndicaliste du Saemss chargé des activités de communication et les relations avec la presse. Celui-là même qui a été, une fois, brutalisé et gazé par les agents des forces de sécurité à Ziguinchor au cours d’une marche nationale organisée par ses collègues enseignants et camarades syndicaux. Il y a un adage qui dit que «chat échaudé craint l’eau froide»! Sur ce point, le secrétaire général adjoint dudit syndicat, El Hadj Malick Youm, invite le gouvernement à « cesser de tourner autour du pot et à prendre le taureau par les cornes». Il se demande si le problème des accidents routiers concerne les élèves ou les conducteurs avant de rappeler à l’Etat que « toute demi-mesure n’est qu’une contre-mesure» dans un Sénégal où l’indiscipline est érigée en règle dans tous les domaines à cause de l’impunité », dit-il.
LE MONDE RURAL VEUT VENDRE LE KG D’ARACHIDE A 350 FRANCS !
Kaolack : contestant le prix d’achat au producteur fixé par le Gouvernement
Alioune Badara Diallo (Correspondant à Kaolack) |
Publication 23/11/2021
C’est devenu routinier. Comme la saison dernière, après la fixation du prix au producteur du kg d’arachide, les paysans du Bassin arachidier dénoncent la décision du Conseil des ministres de maintenir à 250 frs le kg d’arachide. Ils proposent 350 francs, prix que le kilogramme d’arachide a atteint l’année dernière à mi- campagne. Quant au Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), il estime que la seule issue qui s’offre aux paysans c’est d’avoir la possibilité de céder leurs graines à un prix plus élevé aux acheteurs qui sont prêts à mettre le prix étant donné que les 250 francs sont un prix plancher.
En effet, ces pauvres paysans qui n’ont que leurs cultures comme source de survie, jugent le prix officiel fixé par les autorités très en deçà de ce qu’ils espéraient. C’est l’Association des agriculteurs du bassin arachidier qui donne le ton. Selon son secrétaire général, Cheikh Tidiane Cissé, « les paysans espéraient mieux que ce prix mais le gouvernement est passé outre leurs doléances ». Un manque à gagner qui va encore dégrader les conditions d’existence des travailleurs de la terre. Cheikh Tidiane Cissé soutient que ce prix vient porter le coup de grâce aux paysans n’ont pas reçu l’engrais à temps — à supposer qu’ils en aient reçu —, et n’ont pratiquement pas disposé de semences de qualité cette année. Autant de choses qui font que beaucoup d’organisations paysannes contactées parlent d’ores et déjà d’échec de la campagne agricole. Et de prédire le même scénario que la saison dernière en ce sens que, d’après Tamsir Ndiaye du Syndicat national des paysans sénégalais, « les plus forts vont encore dévorer les plus faibles », pour dire que les récoltes seront vendues à de vils prix au moment où les acheteurs étrangers, notamment les Chinois, vont envahir le marché avec leurs mallettes remplies d’argent « pour obliger le paysan à leur céder ses graines à de mauvais prix pour sauver sa production ».
Marché libre et ouvert…
Poursuivant, Tamsir Ndiaye indique qu’audelà de cette donne, au regard de la crise sanitaire, « nous sommes obligés de bazarder le stock semencier qui devrait nous servir de dé- part pour la prochaine saison parce que la quantité de graine récoltée est très en deçà de ce que nous espérions et, avec le peu d’’argent que l’on gagne (250 frs/Kg), nous sommes obligés de tout vendre pour au moins obtenir une somme d’argent raisonnable pour vivre ». Selon les responsables des organisations paysannes, leur seul salut serait de voir le prix du Kg d’arachide fixé à 350 francs, ce qui va leur permettre de combler le mauvais rendement agricole enregistré cette année. Toutefois, du côté du Conseil national de concertation et de coopé- ration des ruraux (CNCR), par la voix de son chargé de communication, Sidy Ba, on fait valoir que « les paysans peuvent, malgré le prix officiel de 250 francs, céder leurs graines aux plus offrants puisque la loi ne l’interdit pas en ce sens que le prix officiel est un prix plancher ». Pour couronner le tout, Tamsir Ndiaye fustige le fait que « la Sonacos achète sur le marché le kg d’arachide à 210 frs alors pourtant que le démarrage de la campagne est prévu le 25 novembre ».
Un deux poids deux mesures souligné par Amath Diakhaté Niass, président du Cadre local de concertation des organisations de producteurs de Taïba Niassène. A ses yeux, ce qu’il qualifie de « discrimination flagrante au détriment du monde paysan » serait la preuve que nos autorités ne tiennent pas un langage de vérité aux populations. Pis, estime-t-il, cette politique vise simplement à anticiper les conséquences désastreuses qu’avait connues la Sonacos qui n’avait presque pas de graines à triturer la semaine dernière. Selon les paysans interrogés comme ceux affiliés à la Fédération nationale des femmes rurales, l’Etat est très sûr d’une chose à savoir que « le paysan préfère vendre sa production aux opérateurs étrangers qui proposent jusqu’à 300 frs/Kg là où la Sonacos achète entre 210 et 25 frs ». Donc, pour protéger la Sonacos, l’Etat a permis à l’huiler national de violer le principe du marché. A vrai dire, c’est reparti pour une saison arachidière marquée par grands manquements, surtout avec cette pandémie qui laisse des séquelles partout même, et surtout, dans les champs.