SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
19 juin 2025
Par Yoro DIA
LE MONSTRE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
Dans une démocratie comme la nôtre, qui s’enorgueillit d’être une des plus vielles du continent, et qui nous a valu le détour du secrétaire d’Etat Blinken, poser un débat sur la nécessité d’une charte de la non-violence est un recul considérable
Dans ses cahiers de prison, plus précisément le Cahier 3, Antonio Gramsci écrit que la crise intervient quand «le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et, dans ce clair-obscur, surgissent les monstres». Le Monstre de la démocratie sénégalaise est pire que la violence qui, au fond, n’est plus souvent qu’un dégât collatéral des hommes politiques qui, comme de grands enfants, jouent à se faire peur, et finissent par avoir peur, comme chez les enfants. Le monstre de la démocratie sénégalaise est le Dem Dikk (va et vient) insoutenable entre les sommets de la démocratie et les bas-fonds de vallée d’une société en transition démocratique. Notre démocratie est au sommet, quand nous trustons les meilleurs standards démocratiques dans le monde, quand nous élisons un président de la République le 25 mars et l’installons une semaine après (le 1er avril), sans aucune rupture dans la continuité de l’Etat, ce qui est une performance mondiale qui montre la robustesse de notre système démocratique, où les hommes et les régimes passent mais l’Etat demeure.
Nous nous enfonçons dans les bas-fonds de la vallée d’une société en transition démocratique, quand on empêche un opposant de distribuer des flyers dans la rue. La semaine passée, il fallait attacher sa ceinture, tellement le Dem Dikk a été rapide, brutal et violent. Dans une démocratie comme la nôtre, qui s’enorgueillit d’être une des plus vielles du continent, et qui nous a valu le détour du secrétaire d’Etat Blinken, poser un débat sur la nécessité d’une charte de la non-violence est un recul considérable, une plongée anachronique dans les bas-fonds de «l’ère de la démocratie des furies», dont la page a été fermée avec l’alternance de 2000, quand les Sénégalais ont compris que les urnes peuvent être plus efficaces que les furies.
La deuxième alternance de 2012 et les défaites de la majorité à la mairie de la capitale en 2009 et 2014, dans des villes symboles comme Touba depuis 2012 et Ziguinchor en 2019, confirment cette réalité. Dans la même semaine, le Sénégal a tenu son rang de grande démocratie, avec des indicateurs dignes de la Grande Bretagne ou des pays scandinaves, quand l’opposition a saisi les juges pour trancher un litige électoral et a obtenu gain de cause. Donc, en une semaine, le Sénégal a fait un Dem Dik démocratique entre le standard de la Grande Bretagne (recourir à la justice pour trancher les litiges politiques et celui des deux Congo (débat sur une charte de la non-violence).
Une véritable démocratie de Sisyphe, où l’on veut faire coexister la poussière du Colisée, avec ses gladiateurs, et les marbres du Senat. Notre démocratie doit dépasser l’ère des gladiateurs, dont la page ouverte, dans les années 60, a été fermée en 2000.
Depuis 2000, les gladiateurs auraient du être remplacés par une «aristocratie d’orateurs», qui rivalisent en termes d’idées et de projets de société. A ce stade de la démocratie, les conflits électoraux se règlent au Tribunal, mais pas par des rapports de force dans la rue, comme au temps des gladiateurs. Cette zone de turbulence que nous traversons n’est ni institutionnelle, encore moins politique, mais politicienne et réveille un Monstre qui arrange tout le monde : la tension artificielle qui permet à la Société civile d’être dans sa partition favorite de la médiation et aux politiques de ne pas aborder les vraies questions, comme le feu du terrorisme qui nous encercle, ou comment gagner la paix en Casamance, après que l’Armée ait gagné la guerre, ou comment donner des trottoirs à Dakar, la seule capitale au monde à ne pas en avoir.
La Douane saisit des médicaments d’une valeur de 60 millions
11 colis contenant 5230 boîtes de médicaments dont la distribution est frappée de restrictions particulières ont été saisis par le Bureau postal des Douanes de Dakar. Dans une note parvenue hier à «L’As», les soldats de l’économie ont expliqué que ces médicaments rares et chers, composés essentiellement d’antidépresseurs, d’anticoagulants, d’hypolipidémiants et de lasilix, proviennent de la France. D’après les gabelous, les premières investigations révèlent que le réseau ainsi démantelé opérait en introduisant dans le territoire national des médicaments frauduleux par petites quantités. Selon les documents de transport, les médicaments étaient destinés à une officine qui, en réalité, n’est qu’un dépôt clandestin détenu par ce réseau criminel. Pour les douaniers, la valeur totale des médicaments saisis est estimée à 60 millions FCFA. Les soldats de l’économie précisent que l’évaluation a été faite en présence du Dr Madické Diagne de la Direction de la Pharmacie et du Médicament. Ils ont également informé que deux individus impliqués dans ce trafic sont interpellés et que l’enquête se poursuit en collaboration avec les services compétents. La Douane rappelle que parallèlement aux opérations de bouclage des réseaux et couloirs de trafics illicites par voie terrestre, maritime ou aérienne, les unités douanières combattent avec détermination les courants de fraude par infiltration ou dissémination par le biais de courrier postal ou tout autre moyen dé- tourné.
L’ocrtis saisit 137,5 kg de yamba
Les éléments de la Brigade Régionale des Stupéfiants (BRS) de Thiès ont administré un coup fatal à un vaste réseau de trafiquants de chanvre indien. Dans la nuit du samedi au dimanche, les limiers ont, grâce à un renseignement, fait une saisie de 137,5 kg de yamba. Le département de Mbour est un véritable lieu de transit de la drogue qui est acheminée dans la capitale, vers les autres régions du Séné- gal ou même à l’étranger. Après la saisie de 5 colis de yamba d’une quantité de 142 kgs par les gendarmes de Joal, c’est au tour des policiers de leur emboîter le pas. Selon une source policière, les éléments du commissaire Bassirou Ndiaye ont fait la saisie vers 5h du matin. C’est grâce à un renseignement que les limiers spécialisés dans la lutte contre la drogue se sont rendus au village des pêcheurs sis au nord ouest du département de Mbour. En civil, ils avaient pris d’assaut le village de Guereo (commune de Sindia) pour épier tout mouvement suspect. Grâce à la mission de surveillance, ils ont surpris les dealers qui étaient en train de décharger tranquillement le produit. Dès qu’ils se sont montrés, les trafiquants ont pris la poudre d’escampette. Moins chanceux, le propriétaire du matériel, répondant au nom de P. S, a été arrêté. Conduit au commissariat, il a soutenu que la pirogue lui appartient. Toutefois, il ajoute que les propriétaires de la marchandise prohibée ont pris la tangente. Après la durée légale de sa garde à vue, il a été déféré au parquet pour association de malfaiteurs, détention et trafic de chanvre indien. Ainsi, le procureur du tribunal de grande instance va sceller son sort. Quant à la drogue, elle a été mise sous scellés.
Deux nouveaux décès liés au coronavirus
Le Sénégal a enregistré une nouvelle contamination liée au coronavirus. Sur 692 tests réalisés dans le bilan du jour d’hier, 01 est revenu positif, soit un taux de positivité de 0,14%.Détecté dans la région de Ziguinchor, le seul cas signalé est issu de la transmission communautaire. Selon les autorités sanitaires, deux cas de décès ont été enregistrés lundi dernier. Si aucun patient n’a été contrôlé négatif et déclaré guéri ce mardi, 02 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation. Depuis l’apparition de la pandémie dans le pays, 73.970 cas de Covid-19 ont été décelés sur l’étendue du territoire national dont 72.078 guéris. Le pays compte actuellement 1.885 morts causés par la maladie et 06 patients sous traitement. S’agissant de la campagne de vaccination, 1830 personnes ont été vaccinées, portant le nombre total à 1.318 231.
Macky Sall nomme Serigne Bassirou Guèye ministre conseiller
L’ancien procureur de la République du Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Dakar n’a chômé que quelques heures, après son remplacement lundi dernier. Serigne Bassirou Guèye a été nommé hier ministre conseiller en charge des affaires juridiques par le Président Macky Sall. Il remplace à ce poste le nouveau Médiateur de la Ré- publique, le juge Demba Kandji.
Yaw va recevoir le Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal
Suite à sa demande, une délégation du Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal(Cudis) sera reçue aujourd’hui par la conférence des leaders de Yewwi Askan Wi (Yaw). D’après le communiqué signé par le mandataire national de Yaw, Déthié Fall, la rencontre doit se tenir à 17h au siège du Parti Républicain pour le Peuple (Prp) sur la Vdn. D’après le document, l’ordre du jour portera sur deux points : échange général sur la situation du Sénégal et discussion sur le projet de charte de non-violence. A l’issue de la rencontre, une importante déclaration sera faite, selon Déthié Fall.
1227 policiers, gendarmes, douaniers, auxiliaires de justice formés
Le Sénégal s’est renforcé dans la lutte contre la traite des personnes et de trafic de migrants. En partenariat avec l’Union Européenne, 1227 policiers, gendarmes, douaniers et auxiliaires de justice sénégalais ont été formés sur les questions de traite des personnes et de trafic de migrants. Dans le but de faire le bilan, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, et l’ambassadrice de l’Union Européenne ont co-présidé, hier, le 2e Comité de pilotage de ce projet intitulé Partenariat Opérationnel Conjoint (POC), financé par l’Union Européenne pour un montant de 9 millions d’euros et mis en œuvre par Civipol. Ce programme a ainsi permis de réaliser 47 actions de formation, 14 actions de mentorat auprès de la Division de Lutte contre le Trafic de Migrants et Pratiques assimilées (DNLT) et à l’aéroport de Dakar, 5 voyages d’étude par les personnels de la Direction de la Police de l’Air et des Frontières (DPAF) en Espagne et en France, 6 ateliers/séminaires dont un à caractère régional entre autres.
Les potaches de Dahra iront à l’école finalement
La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe. Mais finalement, l’organisation de la Journée de l’Elevage ne va pas priver les élèves de Dahra Djolof de l’école. En effet, dans une note de service, l’inspecteur de l’académie de Louga a décidé de lever la suspension des cours initialement prévue du jeudi 25 au samedi 27 novembre 2021. Cela fait suite au CRD tenu à Dahra, le 22 novembre 2021, et en rapport avec le comité d’organisation. Ainsi, des solutions d’ajustement ont été trouvées pour abriter les délégations d’organisations d’éleveurs dans d’autres sites autres que les établissements scolaires de la commune de Dahra. Enfin, l’inspecteur Mamadou Alioune Diallo dit attacher du prix à l’exécution correcte de cette directive. C’est dire que l’inspecteur de l’Académie de Louga, qui avait pourtant pris la décision de suspendre les cours, a retrouvé ses esprits.
Délocalisation du commissariat de Police de Golf sud
Le Commissariat d’arrondissement de Golf Sud établi près du Service départemental des Impôts et Domaines et de la Perception Municipale de Guédiawaye est maintenant délocalisé à la Cité Aliou Sow dans un nouveau bâtiment réalisé à hauteur de 200 millions Fcfa par l’Etat du Sénégal. La cérémonie d’inauguration des locaux du commissariat a été présidée hier par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome en présence des autorités municipales de Golf Sud, de la Ville de Guédiawaye, mais aussi préfectorales. Dans son propos, le ministre de l’Intérieur a invité les populations à collaborer avec les forces de l’ordre. Il a exhorté les policiers d’améliorer les conditions d’accueil des citoyens dans leur service. Antoine Diome promet également, dans le cadre de la croisade contre l’insécurité, de transformer l’ancien local du Commissariat d’arrondissement de Golf Sud en cantonnement du Groupement d’intervention mobile (Gmi).
Sécurité aux Parcelles Assainies
Restons avec la Police pour dire que la sécurité est renforcée dans la Commune des Parcelles Assainies. Elle va connaître une nette amélioration avec l’inauguration la semaine passée du poste de Police à l’Unité 15 des Parcelles Assainies. Car, il était difficile pour les quelques éléments du Commissariat de Police d’assurer la sécurité de plus de 350.000 habitants
Justice pour le prof de philosophie agressé
Des professeurs de philosophie se sont constitués en collectif pour défendre leur camarade officiant au lycée de la Zone de Recasement de Keur Massar, Mor Fall, agressé par un groupe de charretiers. Ils ont tenu hier, un point de presse au lycée Seydina Limamou Laye pour exiger que justice soit faite dans cette affaire. Puisque leur camarade agressé n’a fait que défendre leur outil de travail à travers les ré- seaux sociaux en dénonçant l’infiltration dans leur profession de personnes n’ayant pas le profil pour dispenser des cours de philosophie. Ils demandent d’ailleurs à toute la communauté éducative, la société civile et aux autorités à se joindre à leur lutte pour la défense de l’intérêt de l’école sénégalaise.
Enlèvement des enfants du maire de Keur Massar
C’était la panique hier au quartier Grand Médine de la commune de Keur Massar. A l’origine de cette panique : la disparition des sœurs jumelles, filles du dé- puté-maire de Keur Massar, Moustapha Mbengue en voyage au pays d’Erdogan. La nouvelle s’est vite répandue comme une traînée de poudre dans la localité. Une dame du nom de Coumba Dème qui s’est invitée lors d’une fête dans la maison de l’édile de Keur Massar lundi dernier a profité de l’inattention des gens pour prendre les petites et partir avec elles. Dès que la nouvelle est tombée, les proches du maire ont investi les plateaux des médias pour demander secours. Ayant eu vent de la recherche des filles, Coumba Dème habitant le quartier Alioune Ndiaye a ramené les enfants. Elle a d’ailleurs échappé au lynchage. La Gendarmerie a investi les lieux pour essayer de calmer la situation avant d’auditionner Coumba Dème. D’aucuns se demandent si Coumba Dème jouit de toutes ses facultés mentales. En tout cas, l’enquête ouverte par les pandores nous édifiera sur les raisons qui ont poussé Coumba Dème à partir avec les deux filles.
LUTTE CONTRE LES CAPTURES ACCIDENTELLES DES TORTUES ET OISEAUX DE MER
Les décideurs invités à renforcer les mesures réglementaires
La Journée mondiale des Pêches célébrée le 22 novembre a servi de cadre aux organisations de protection des tortues et oiseaux de mer pour rappeler l’urgence de faire évoluer les législations en faveur de ces espèces emblématiques pour la biodiversité. Selon Ahmed Diamé, coordonnateur du projet Bycatch à BirdLife International, il est urgent de mettre en place des mesures d’atténuation pour contribuer à endiguer le fléau que constituent les captures accidentelles.
Les organisations qui militent pour la bonne gouvernance des pêcheries ont invité les gouvernements à renforcer les mesures réglementaires de protection de ces espèces emblématiques de la biodiversité afin d’éviter leur capture par les navires de pêche.
En effet, les captures accidentelles des espèces vulnérables comme les oiseaux et les tortues de mer sont considérées comme l’un des principaux facteurs qui menacent la rentabilité et la durabilité des écosystèmes marins. A ce titre, elles sont, à ce jour, l’un des grands sujets de préoccupation des organisations de gestion des pêches. Elles constituent non seulement une menace pour la biodiversité marine, mais elles affectent également les moyens de subsistance des pêcheurs. « Si nous saluons les efforts de protection des oiseaux et tortues de mer dans la plupart des pays membres de la Commission sous-régionale des pêches (CSRP), nous déplorons néanmoins l’absence de réglementation visant à pré- venir leur capture accidentelle lors des opérations de pêche industrielle aussi bien des flottes nationales que celles de longue distance. Il est important d’encourager ces Etats à améliorer leurs législations. C’est là le principal plaidoyer que nous entendons lancer », a indiqué Ahmed Diamé, coordonnateur du projet Bycatch à BirdLife International, à l’occasion de la journée de sensibilisation sur l’importance de lutter contre les prises accidentelles, qui s’est tenue avant-hier, mardi 22 novembre, au port de Dakar.
« A travers le projet Bycatch et pour la première fois dans la région, les captures accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pêcheries industrielles sont systématiquement collectées et traitées grâce au réseau d’observateurs formés et équipés, dans les différents pays de la CSRP. Ceci permettra bientôt, de déterminer les captures accidentelles dans les principales pêcheries de la région », ajoute M Diamé.
Selon lui, il est donc urgent de mettre en place des mesures d’atténuation pour contribuer à endiguer le fléau que constituent les captures accidentelles. Et pour cela, dit-t-il, les Etats doivent jouer un rôle fondamental en faisant évoluer les règlementations tant nationales que régionales. Lancé en 2017, avec l’appui financier de la Fondation MAVA, le projet « Réduction des prises accidentelles d’oiseaux et de tortues de mer dans les pêcheries industrielles en Afrique de l’Ouest » ou « Projet Bycatch », est la première initiative, dans l’espace CSRP, à aborder la problématique des prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pêcheries industrielles de la région en proposant des solutions techniques et légales.
Son objectif vise à établir un cadre opérationnel pour la réduction des prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pê- cheries industrielles en Afrique de l’Ouest et le mettre en œuvre dans 7 pays de la région dont le Cap Vert, la République de Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Sénégal, la Sierra Leone et la Gambie.
«L’adoption d’une politique migratoire permettra d’améliorer la gouvernance de la migration. Des initiatives existent mais sont dispersées et ne garantissent une bonne conduite des politiques d’où la nécessité de créer un cadre ministériel pour fédérer l’ensemble des activités sur la migration».
L’avis est de l’enseignant chercheur au département de Sociologie de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, par ailleurs expert en migration, Mamadou Dimé. Il prenait part hier, mardi 23 novembre 2021, à l’atelier de Concertation et de Validation de la Note contributive sur la Gouvernance migratoire au Sénégal, organisé par la fondation Heinrich Boll.
Pour Mamadou Dimé, la politique migratoire doit être adossée aux stratégies de développement et aux exigences internationales du Sénégal. Mieux, elle devra aussi tenir compte des exigences nouvelles. Le Document de politique migratoire, validé en 2018 et qui n’est toujours pas appliqué, doit être ré- formé pour tenir compte de l’exploitation future du pétrole et du gaz, mais également l’impact de facteurs comme la Covid-19. Pour une bonne conduite de la politique migratoire, Mamadou Dimé juge aussi qu’il est nécessaire de se doter de statistiques fiables qui aideront à la prise de décisions.
Les défis liés à la mobilité interne mais aussi ceux externes devront être étudiés. Le Sénégal doit aussi avoir une réponse coordonnée avec certains pays de la sous-région. La migration qui, ces dernières années, voit la présence des femmes, doit aussi être reconsidérée. «Les motivations féminines doivent faire l’objet d’une étude sérieuse», juge-t-il.
Par ailleurs, Mamadou Dimé pense aussi que le Sénégal doit développer un leadership dans la gestion de la migration. Une structure de coordination rattachée à la Présidence de la République doit être également érigée.
«CERTAINS LEADERS PENSENT À TORT OU À RAISON QUE SEUL L’EQUILIBRE DE LA PEUR PEUT LES SAUVER»
Alioune Tine, le président fondateur d’Afrikajom center passe en revue dans cet entretien les différents mécanismes qui ont conduit aujourd’hui à cette montée des tensions à la veille des locales
Convaincu qu’au Sénégal, la démocratie s’est exclusivement réduite à une « démocratie électorale », Alioune Tine, le président fondateur d’Afrikajom center passe en revue dans cet entretien les différents mécanismes qui ont conduit aujourd’hui à cette montée des tensions à la veille des Locales. Non sans inviter le pouvoir et l’opposition au sens des responsabilités pour asseoir au Sénégal une démocratie apaisée.
Nous sommes très préoccupés par la situation politique et les dysfonctionnements récurrents et structurels de la démocratie sénégalaise qui s’expliquent par plusieurs crises connectées. La démocratie s’est réduite à la démocratie électorale.
Avec l’inflation des partis politiques, la stratégie consiste à construire une coalition dont l’objectif premier est de conquérir et de se partager le pouvoir, de partager les postes et les ressources. Une fois le pouvoir conquis, les autres sont exclus. On crée ainsi un Etat partisan, un Etat clanique, un Etat technique, voire un Etat familial. On assiste à ces logiques qui accouchent d’alternance sans alternative, à la mal gouvernance, à l’absence de redevabilité, au deuil du sens politique et surtout à la crise du leadership politique.
«LES MEMES CAUSES QUI ONT POUSSE LE PRESIDENT WADE A VOULOIR FAIRE UN TROISIEME MANDAT N’ONT PAS DISPARU.»
Ce qui aggrave la crise de la démocratie au Sénégal, c’est la découverte d’immenses ressources naturelles qui ont accentué les enjeux de pouvoir depuis 2011. Les mêmes causes qui ont poussé le Président Wade à vouloir faire un troisième mandat n’ont pas disparu et ça ajoute à la dé- fiance de l’opposition et d’une bonne partie de l’opinion vis-à- vis des institutions de l’Etat. Le pré-contentieux lourd aujourd’hui concernant la participation de Karim Wade, de Khalifa Sall et d’Ousmane Sonko doit être résolu par des voies politiques par le Président Macky Sall. C’est ce que tout le monde attendait du dialogue politique. D’autre part, il est bon que le Président manifeste sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat. Toutes ces questions politiques stratégiques irrésolues sont des facteurs d’angoisse, de dé- fiance et de tension pour une bonne partie de la représentation nationale et non des moindres. Les répercussions de ces tensions sont très fortes sur les élections locales et sont exacerbées par l’implication personnelle du Président de la Ré- publique. Si bien que les Locales et les prochaines élections législatives vont être des élections à enjeux politiques très élevés. Pour certains leaders politiques, c’est une question de vie ou de mort politique. C’est ce qui explique que certains leaders pensent à tort ou à raison que seul l’équilibre de la peur peut les sauver. Ce sont là les signes évidents d’une démocratie malade et qui dysfonctionne gravement.
«LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE (..), DOIT PRENDRE DES INITIATIVES POLITIQUES AUDACIEUSES..., L’OPPOSITION DOIT S’ABSTENIR D’APPELER A LA VIOLENCE...»
Pour rétablir le calme, le Président de la République gardien de la Constitution et garant de la paix civile doit prendre des initiatives politiques audacieuses allant dans le sens d’assurer la neutralité de l’administration, de la justice et des organes de régulation des élections. Si on a connu l’alternance en 2000, c’est grâce aux initiatives de cette nature prises par le Président Diouf. L’opposition doit s’abstenir d’appeler à la violence, d’affaiblir les efforts de la société civile dans sa mission de régulation de la violence électorale. La Charte de la non-violence que la société civile propose doit être élargie aux autres composantes de la société comme les journalistes, les syndicats, les juristes, etc. Si chaque citoyen prend la question de la paix, de la sécurité, d’élections transparentes et pacifiques comme sa propre affaire, on ira vers des élections dans la sérénité ».
LOCALES SOUS HAUTE TENSION
Regain de violences politiques, Cena hors mandat, bras de fer préfets-Cours d’appel, le climat politique reste plus que jamais tendu.
Le processus électoral en cours pour les prochaines joutes municipales et départementales n’a assurément rien de rassurant pour une démocratie qui se veut apaisée. En effet, à moins de trois mois du 23 janvier 2022, date fixée par le décret n° 2021-562 du 10 mai 2021 pour la tenue du scrutin local, la tension semble avoir atteint un niveau plus qu’inquiétant à cause de la détérioration du climat politico-social. A cela s’ajoute un sentiment de rupture de confiance vis-à-vis de certain organes essentiels dans le bon déroulement des élections. Zoom sur ces divers dysfonctionnements qui annoncent un cocktail explosif pour les locales de janvier.
L es prochaines élections municipales et départementales constituent un véritable défi pour la démocratie sénégalaise. A moins de deux mois de la date du 23 janvier, le climat politique reste plus que jamais tendu. Depuis quelques temps, l’environnement politique est marqué par une escalade de la tension, sous fond d’invectives et de propos va-t’en guerre. Dernière en date, l’arrestation débridée suivie de la libération de l’opposant et maire sortant de la commune de Mermoz Sacré-Cœur, Barthélémy Toye Dias, non moins candidat tête de liste de Yewwi Askan Wi pour la mairie de Dakar, le mercredi 17 novembre, dans la matinée. Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre ses partisans avec qui il avait prévu une caravane de distribution de flyers relativement au meeting de son investiture pré- vue le dimanche 21 novembre, Barthélémy Dias a été a interpellé près de chez lui par des éléments de la police de Dieuppeul qui, visiblement, surveillaient ses mouvements.
Cette arrestation avait poussé ses partisans à prendre d’assaut les alentours de ce commissariat pour réclamer la libé- ration immédiate de leur candidat. Une situation qui avait obligé les forces de l’ordre à faire usage des grenades lacrymogènes pour les disperser. Cet évènement intervenait quelques jours après la guérira urbaine qui a opposé le même Barthé- lémy Toye Dias aux forces de l’ordre dans certaines artères de Dakar, le 10 novembre dernier. Convoqué au tribunal dans le cadre de son appel devant la Cour d’appel de Dakar dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, Barthélémy Toye Dias qui voulait faire une caravane avec certains leaders de la coalition Yewwi askan wi dont Ousmane Sonko de Pastef Les Patriotes et Malick Gakou du Grand Parti s’est vu refuser cette promenade par l’important dispositif policier placé aux alentours de sa maison. Face à son refus d’obtempérer, il s’en est suivi une confrontation entre ses partisans et les forces de la Police dans les rues de la capitale.
Auparavant, c’est dans la région de Ziguinchor que s’est manifestée la tension politique opposant des partisans du leader de Pastef, Ousmane Sonko, par ailleurs candidat de Yewwi Askan Wi pour la mairie de Ziguinchor à ceux de Doudou Ka, directeur de campagne de Benoît Samba et Seydou Sané, respectivement tê- tes de liste de la majorité aux élections municipales et départementales. Cette situation de tension entre acteurs politiques eux-mêmes, et forces de l’ordre par ailleurs, est d’autant plus inquiétante que le chef de l’Etat ne semble pas encore être dans les dispositions de siffler la fin de la récréation. Et pour cause, s’exprimant depuis Paris où il séjournait dans le cadre du Forum de Paris sur la paix, le président Macky Sall a profité d’une rencontre avec ses militants établis dans la capitale française pour mettre en garde ses opposants. « Ceux qui s’agitent pour profiter de certaines situations afin de mener leur manipulation, qu’ils se le tiennent pour dit : je ne laisserai personne s’y aventurer car j’ai le devoir de protéger ce pays ». Et le chef de l’Etat, que ses adversaires soupçonnent de pré- parer un troisième mandat, d’insister : « Quand j’ai été dans l’opposition, je n’ai jamais eu peur. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais céder face à ces campagnes inutiles d’intimidation».
CENA, UN GENDARME HORS-LA-LOI
Outre cette escalade de la tension entre partisans du pouvoir et ceux de l’opposition, le processus électoral en cours pour les prochaines joutes locales souffre également de l’absence de confiance des acteurs vis-à- vis de certains acteurs essentiels dans le bon déroulement de ces élections. Chargée ainsi d’assurer le respect par toutes les parties prenantes au processus électoral dont le ministère de l’Intérieur, l’administration territoriale (préfets et souspréfets) de même que les partis politiques et les candidats mais aussi du contrôle et de la supervision des toutes les opérations électorales, la Cena qui joue un rôle essentiel dans le dispositif électoral fait aujourd’hui face à un sérieux problème de conformité à la Loi. En effet, sur les 12 membres qui la composent, pas moins de quatre ont bouclé leur mandat de 6 ans depuis fort longtemps. Parmi eux, se trouvent le Président Doudou Ndir, en poste depuis 2009. La conséquence de cette situation est que ces retraités de la Cena maintenus en fonction par le chef de l’Etat ne sont plus protégés par le principe de l’inamovibilité qui régit le personnel de cet organe. Autrement dit, le chef de l’Etat pourrait à tout moment décider de les débarquer à tout va, notamment si ces derniers s’aventuraient à prendre des décisions contraires aux intérêts de sa coalition Benno Bokk Yaakaar dans le cadre du processus électoral en cours.
BRAS DE FER INEDIT PRE- FETS CONTRE PRESIDENTS DE COURS D’APPELS
La guéguerre entre fonctionnaires de la Justice et leurs collè- gues de l’Administration territoriale autour de l’annulation des décisions de rejet des listes de candidatures de l’opposition est tout autant un fait assez inédit qui participe à raviver la tension autour des élections locales de 2022. En effet, suite à l’annulation des décisions prises par les préfets et les sous-préfets relativement aux listes de l’opposition, le ministre de l’Intérieur, Antoine Felix Diome, après avoir publiquement témoigné tout son soutien à l’administration territoriale lors de l’inauguration du Commissariat d’Arrondissement des Parcelles assainies aurait, selon nos confrères du jour « Enquête », «demandé de ne pas intégrer les listes supposées validées par la Cour d’appel, aucune notification officielle n’étant encore faite ». Loin de s’en tenir là, l’actuel ministre de l’Intérieur, magistrat de fonction, a également demandé, toujours selon nos confrères, aux préfets et sous-préfets de se pourvoir en cassation. Autrement dit, d’attaquer à leur tour le jugement rendu par les présidents des Cour d’appel. Il faut dire que cette injonction faite aux administrateurs civils pose un sérieux problème en ce sens que cela pourrait conforter le sentiment de leur subordination au régime en place. Ces différents impairs qui environnement le processus électoral vers les élections locales de janvier prochain ont fini, à dire vrai, de susciter moult appré- hensions de la part de certains observateurs. Lesquels redoutent que le jeu de la démocratie en finisse par être biaisé et reléguer le Sénégal dans des lendemains post-électoraux lourds de conséquences. Alors même que les élections législatives sont en principe programmées pour la même année 2022.
LA PUNITION DES INSOUMIS
La marche de la justice montre que, de temps à autres, la promotion, l’affectation ou le relèvement d’un magistrat de ses fonctions, est vu comme une réponse à la «servilité» ou la désobéissance à la tutelle
La décision d’affecter l’ancien président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) à la Cour d’appel de Tambacounda est perçue comme une sanction par certains. Elle n’est pas la seule mesure à être perçue comme telle. La marche de la justice montre que, de temps à autres, la promotion, l’affectation ou le relèvement d’un magistrat de ses fonctions, est vu comme une réponse à la «servilité» ou la désobéissance à la tutelle.
AFFECTE A LA COUR D’APPEL DE TAMBA EN GARDANT LE MÊME POSTE DE PRESIDENT DE CHAMBRE : Téliko paye pour… son «indépendance»
L’ancien président de l’Union des magistrats Sénégalais (Ums) n’a pas bénéficié d’une promotion lors du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) tenu avant-hier, lundi 22 novembre 2021 au Palais de République. Il quitte la Cour d’Appel de Thiés pour celle Tambacounda avec le même poste : président de Chambre (de cette Cour d’Appel).
Selon la livraison d’hier, mardi 23 décembre de certains quotidiens, Souleymane Téliko qui siège, au même titre que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, au Conseil supérieur de la magistrature, a pris la décision comme une sanction. D’après le quotidien Les Echos, il a qualifié la décision «d’injustifiable», en s’adressant à son ministre de tutelle qui n’est autre que le Garde des Sceaux, Me Malick Sall. L’affectation à Tambacounda reste, si l’on en croit ce quotidien, une décision que le magistrat Souleymane Téliko perçoit comme une épreuve à surmonter.
Pour l’ancien Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et magistrat à la retraite, Aliou Ndao, amener Souleymane Téliko à Tambacounda n’est ni plus ni moins qu’une sanction. «La presse a fait état de l’incident qu’il y’a eu au cours de la réunion du Conseil supérieur. Tout le monde sait qu’entre le juge Téliko et l’actuel ministre de la justice, le torchon brule depuis longtemps. Le fait de l’affecter à Tambacounda, pour moi, constitue une affectation-sanction. La mesure n’est aucunement une promotion parce qu’il est affecté au Tribunal de Tambacounda qui n’est pas d’ailleurs fonctionnel et avec le même statut de président de chambre», a-t-il dit dans son analyse des décisions issues du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), sur la Radios futurs médias (Rfm).
Mieux, selon Aliou Ndao, «ce n’est pas du tout une promotion ; c’est une sanction déguisée en affectation parce qu’il était président de Chambre et c’est lui qui avait jugé le problème des faux médicaments, dont l’auteur avait été gracié par le président Macky Sall alors que le dossier était en cours». Et, à son avis, le fait de l’affecter à Tambacounda, dans une juridiction qui n’est pas encore effective, reste une décision avec l’intention de sanctionner.
L’ancien Procureur spécial de la Crei explique aussi le départ de Souleymane Téliko du Tribunal de Thiés par une mésentente, connue de tous, avec Me Malick Sall. «Tous les acteurs de la justice savent qu’entre Souleymane Téliko et le Garde des Sceaux ministre de la Justice, le torchon brule depuis longtemps. Tout le monde le sait», insiste-t-il.
Pour rappel, outre ce procès sur les faux médicaments avec la grâce «inexpliquée» accordée au cerveau Mamadou Woury Diallo, le juge Souleymane Téliko a eu des antagonismes connus avec sa tutelle. Sa sortie, dans la presse, sur l’affaire Khalifa Sall lui a valu la traduction devant le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature ; une procédure qui a eu comme résultat, un blâme.
Il y a aussi son engagement affiché pour une Justice indépendante, sans la présence de l’exécutif (Président de la République et Garde des Sceaux) dans le Csm. Souleymane Téliko avait fortement porté le combat du magistrat Ngor Diop, après son refus de libérer un guide religieux sur demande d’une autorité, alors qu’il était président par intérim du Tribunal d’instance de Podor. Le différend Yaya Amadou Dia et le juge Ousmane Kane a aussi mis le juge Souleymane Téliko au-devant de la scène. Alors président de l’Ums, des communiqués de presse relatifs à la position du Bureau de l’organe de défense des intérêts des magistrats sur cette affaire ont été largement diffusés dans la presse.
ALIOU NDAO, YAYA AMADOU DIA, MOUSTAPHA KA, SAMBA NDIAYE SECK ET NGOR DIOP : Des cas qui en cachent d’autres
Mardi 11 novembre 2014, c’est par un décret présidentiel que Macky Sall a démis le magistrat Aliou Ndao de ses fonctions à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Alors qu’il s’était présenté à procès, le président de ladite juridiction avait suspendu l’audience après que la décision de la tutelle lui avait été envoyée par message. Aliou Ndao venait ainsi d’être remplacé par Cheikh Tidiane Mara. La faute reprochée à Aliou Ndao est le non-respect des décisions de la hiérarchie sur les poursuites à engager.
Revenant sur cette éjection, en mars dernier lors d’un séminaire sur l’indépendance de la justice organisé par l’Ums, Aliou Ndao l’avait qualifié d’un «mépris» de la justice. «Je peux revenir sur cette parenthèse pour dire simplement qu’elle est la preuve du mépris du pouvoir exécutif à l’endroit du pouvoir judiciaire. Je n’en ai jamais parlé et je n’en parle pas avec rancœur», avait-il dit.
Avant de se demander : «comment peut-on relever un Procureur en pleine audience ? Parce que simplement celui-ci était en train de faire son travail correctement. Donc, cela est révélateur d’un manque d’indépendance et du peu de respect que le pouvoir exécutif a à l’endroit du pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif n’a aucun respect pour le pouvoir judiciaire. Le pouvoir exécutif ne veut pas d’une justice indépendante. Les tenants du pouvoir ont peur d’une justice indépendante».
Ce procès de Karim Wade avait été aussi marqué par un autre incident qui avait valu à son auteur une affectation. Suite à un différend avec le président Henry Grégoire Diop, le juge Yaya Amadou Dia avait quitté l’audience. Il n’a plus siégé à la Crei. Convoqué par le Conseil de discipline du Csm, le magistrat sera affecté par la suite à la Cour d’appel de Kaolack comme conseiller, ce qui était perçu comme une sanction par certains de ses collègues.
Les magistrats Moustapha Ka et Samba Ndiaye Seck ont été démis de leur fonction suite à leur sortie, au Comité des droits de l’Homme des Nations-Unies, annonçant une possible réhabilitation de Karim Wade. Considéré comme une sanction, l’Ums avait, dans un communiqué, fustigé «la brutalité et la médiatisation de cette affaire». Aussi avait-elle déploré «le non-respect du parallélisme des formes» dans ce limogeage, en estimant Moustapha Ka «ne peut être démis que par un décret puisqu’il a été nommé par décret n°2017-228 du 6 décembre 2017, après avis du Conseil supérieur de la magistrature». Elle avait invité le gouvernement «au respect strict de ce principe», tout en reconnaissant à l’autorité politique sa liberté de se «séparer, à tout moment de tout collaborateur». L’autre regret de l’Ums c’était également d’avoir jeté, à travers cet évincement médiatisé par l’autorité, «en pâture deux valeureux magistrats dont la bonne foi n’est pas discutée».
Le magistrat Ngor Diop, juge et président par intérim du Tribunal d’instance de Podor avait été nommé Conseiller à la Cour d’appel de Thiès, suite à son refus de libérer un guide religieux. L’affaire est toujours pendante devant la Cour Suprême puisque lui-même avait saisi la haute juridiction pour contester son affectation. A signaler que c’est le président de la République, président du Conseil Supérieur de la magistrature, qui procède aux nominations, sur avis du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et du Conseil supérieur de la magistrature.
TRANSFERT D’ARGENT, LA FÉROCE BATAILLE ENTRE OPÉRATEURS RELANCEE
Malmenée et dépassée par le géant américain Wave, Orange Finance Mobile Sénégal va désormais prélever une commission de 0,8 % seulement sur chaque transaction, larguant Wave qui campe toujours sur son 1%
Orange veut reprendre son leadership dans le segment du transfert d’argent. Malmenée et dépassée par le géant américain Wave, Orange Finance Mobile Sénégal va désormais prélever une commission de 0,8 % seulement sur chaque transaction, larguant Wave qui campe toujours sur son 1%. La bataille des transferts d’argent se trouve donc relancée avec ce nouveau but marqué par l’opérateur français !
A partir de ce 23 novembre, les clients d’Orange ne paieront plus que 40 frs pour un transfert d’argent de 5.000 francs et 80 francs pour 10.000 frs. Soit une commission de 0,8 %. Quant aux retraits de transferts envoyés par Orange Money, ils sont maintenant gratuits. Orange Sénégal a surpris puisqu’elle est parvenue à cacher cette annonce préparée depuis quelques semaines pour riposter contre le géant américain Wave qui a fini de déstabiliser complètement un segment dominé depuis de longues années par le géant français. Lequel avec ses tarifs attractifs, avait réussi à envoyer sur le tapis l’opérateur « Wari » dont le nom avait d’ailleurs fini par se confondre avec l’envoi d’argent. De même, Orange avait réussi à se défaire sans beaucoup de peine de l’opérateur « Joni-Joni ». Et voilà que la multinationale française se faisait surprendre sur son propre terrain de compétitivité des tarifs par l’Américain Wave qui prélevait une commission plus basse encore que celle que prenait Orange puisque se situant à 1 % seulement ! Du coup, on a assisté à un transfert (sans jeu de mots !) massif de clientèle vers le nouveau venu, Orange perdant d’importantes parts de marchés. Pour les usagers, en effet, surtout en ces temps de crise économique aggravée par la pandémie de covid-19, un franc est un franc et le gain que leur permettait de réaliser Wave n’était pas mince ! D’où le succès fulgurant de l’opérateur américain. Naturellement, la marque commerciale de France Télécom ne pouvait pas rester sans réagir face au défi que lui lançait la concurrence. En décidant d’opérer une commission moins élevée encore que celle de Wave ! Et hier, lors de la présentation de sa nouvelle offre, Orange a parlé d’une volonté de faciliter l’inclusion financière. Le but est de faire du numérique un moyen financier et inclusif.
Selon M. Cheikh Tidiane Sarr, directeur général de Orange Finance Mobile, «Orange Money veut révolutionner le quotidien des Sénégalais en leur facilitant leurs opérations de transfert d’argent et en répondant à leurs besoins en termes de mobile Money». Au-delà des nouveaux tarifs, le client et les distributeurs peuvent désormais effectuer leurs opérations de dépôts et retraits d’argent via leur QR code. « Avec cette nouvelle offre, le client a la possibilité de corriger les erreurs de transfert d’argent, de déplafonner son compte, le réinitialiser ou le débloquer via son téléphone, tout cela en un clic», a expliqué M. Sarr.
A l’en croire, Orange Money va également faciliter encore plus les transactions en élargissant l’utilisation du QR code sur le paiement marchand au dépôt et au retrait d’argent partout au Sénégal. « La troisième nouveauté est que tous les clients qui n’ont pas de Smartphone pour un usage plus simple peuvent utiliser une carte QR pour faciliter leurs transactions. Il y a également une possibilité que nous donnons à chacun de pouvoir épargner de l’argent dans son Kalpé Orange Money et d’être payé pour cela », dit-il.
Concernant les transferts vers l’international, Cheikh Tidiane Sarr annonce que « le transfert vers le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée-Bissau est à 1,5 % avec des frais de retraits gratuits en envoi et en réception ». Curieusement, lors de la présentation des nouvelles offres hier, le DG de Orange Finance Mobile a totalement ignoré le concurrent Wave qui, depuis son installation au Sénégal en 2016, puis à Abidjan en 2020 a totalement déstructuré le marché des transferts.
En partenariat avec la Banque UBA et soutenu par des investisseurs mondialement réputés tels que Founders Fund, Y Combinator, Partech Africa et Stripe, Wave a réussi à lever des fonds pour financer ses activités en Afrique. Contrairement aux acteurs traditionnels qui taxaient tous les services liés au mobile money, Wave s’est spécialisé dans les transactions à bas coût (seulement 1% pour les transferts d’argent) et gratuits pour le reste des prestations (factures, dépôt et retrait d’argent, achat de crédit téléphonique, etc.).
ALIOUNE NDIAYE ORANGE : « Wave est d’une violence inouïe »
En octobre dernier, à travers les colonnes des Echos.fr, Alioune Ndiaye, le patron d’Orange Afrique soulignait que l’arrivée récente de Wave, une start-up américaine qui a cassé les prix en divisant les commissions par trois, obligeait l’opérateur français à une riposte vigoureuse. « Leur modèle rend gratuit ce qui faisait 80 % de nos revenus, c’est forcément violent », avait reconnu tout en le déplorant Alioune Ndiaye, le patron d’Orange Afrique, en réponse à une question posée par les salariés du groupe. « Notre riposte doit être rapide et efficace. Il faut changer notre modèle économique. Nous n’avons plus le choix. Le modèle qui fait payer au client le retrait de son argent ne peut vivre longtemps. Il faut adapter nos tarifs en conséquence » ajoutait l’ancien patron de Sonatel. Et depuis hier, la riposte est devenue effective, l’opérateur français sortant l’artillerie lourde pour écraser le pingouin Wave qui avait entrepris de le déstabiliser…
DIFFEREND POLIMED–EPS 1 DE MBOUR
L’intersyndicale 3S suspend son mot d’ordre après la révision du contrat
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 24/11/2021
Le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale a finalement convoqué une réunion de médiation sur le conflit opposant l’EPS 1 de Mbour à la société Polimed à propos de la gestion du centre d’imagerie médicale de la structure hospitalière. Le principal enseignement de la rencontre de médiation, c’est une révision incluant la possibilité de cession de Polimed à l’EPS 1 de Mbour. C’est pourquoi, après cinq mois de mouvements d’humeur (grève, sit-in…) l’intersyndicale 3 S (Sames –Sutsas-Syntras)-CNTS regroupant les travailleurs de l’Hôpital de Mbour qui a fait face à la presse, a annoncé sa décision de suspendre pour trois semaines son mot d’ordre, le temps de permettre à la commission technique mise en place de concrétiser cette révision. Toutefois, les syndicalistes restent encore mobilisés pour obtenir le paiement de trois mois d’arriérés de primes et d’indemnités dus par la direction de l’établissement.
Après 5 mois de mouvement d’humeur (grève, sit-in ...) l’Intersyndicale 3S, qui avait annoncé sa volonté d’organiser une marche de protestation contre Polimed, ce mardi 23 novembre 2021, a finalement décidé de fumer le calumet de la paix. Et ce, à travers une déclaration faite par le coordonnateur des 3S, Dr Mohammar Koudous Mama. Ce revirement s’explique selon lui, par les démarches entreprises par les autorités et qui ont favorisé, le vendredi 19 novembre 2021, la convocation, par la tutelle de l’Eps 1 de Mbour, d’une réunion au sein du Ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) afin de voir comment résoudre le problème Polimed.
Une rencontre de 3 heures, à laquelle les membres de l’intersyndicale 3 S ont été conviés et qui s’est finalement tenue hier lundi 22 novembre 2021. Et c’était sous la présence du président de Polimed et de son administration, la directrice de l’hôpital, le médecin-chef de région et les différents services (ressources humaines et juridiques) le conseiller technique du Msas, les partenaires sociaux, entre autres, a précisé le Dr Mama. « Cette rencontre convoquée et présidée par le Directeur de cabinet (Dc) du ministre de la santé, a trouvé son épilogue par une proposition de la révision complète de la convention Eps1 Mbour/Polimed. Cette révision inclut la possibilité de cession de Polimed à l’Eps 1 de Mbour. Les travaux techniques, par rapport, à cette révision doivent se tenir dans un délai de trois (3) semaines à compter du lundi 22 novembre 2021 » a indiqué le coordonnateur des 3 S qui rappelle que « ces trois semaines représentent le délai durant lequel l’intersyndicale 3S a accepté après insistance du Dc de suspendre temporairement les actions syndicales tout en participant aux différents travaux de révision et veillant ainsi au grain ». .
C’est fort de tout cela, que les 3S disent avoir décidé de suspendre la marche initialement prévue hier et de lever « temporairement, le mot d’ordre de grève pour les 3 semaines à venir ». Cependant, ladite intersyndicale continue d’exiger le paiement des 3 mois d’arriérés de motivations et d’indemnités au plus tard le mardi 30 novembre 2021. Moussa Ndiaye, secrétaire administratif de l’intersyndicale locale des travailleurs, a martelé que c’est tout le personnel fixe de l’Hôpital qui est touché par ce retard de paiement de primes de motivation et d’indemnités. En lieu et place de cette marche, le Sames, le Sutsas et le Syntras, appuyés par le Cnts disent avoir tenu une Assemblée générale pour informer la base.
DIASS, LES LAMPADAIRES DE LA DISCORDE
Diass, malgré sa proximité avec d’infrastructures d’envergure comme l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) et aussi avec des unités industrielles comme Kirène entre autres, est confrontée à un problème d’éclairage public latent
La tension politique est à son comble dans la commune de Diass. Alors que la campagne électorale n’est pas encore lancée, deux coalitions en lice pour briguer la mairie polluent le climat social et s’échangent des propos aigres-doux. À l’origine de cette atmosphère délétère, des lampadaires acquis par Djiby Ciss, le leader de la coalition Tawfeex, qui a commencé à les installer sans l’autorisation du maire Cheikh Tidiane Diouf par ailleurs tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).
Il faut dire que la commune de Diass, malgré sa proximité avec d’infrastructures d’envergure comme l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) et aussi avec des unités industrielles comme Kirène entre autres, est confrontée à un problème d’éclairage public latent. Dès le crépuscule, Diass est, en effet, plongée dans les ténèbres.
Candidat de la coalition Tawfeex, Djiby Ciss, le fils du défunt maire Alioune Samba Ciss, a voulu profiter de la situation pour faire du populisme en cette veillée d’armes pré-électorale. Même si son initiative est noble. Ainsi le dimanche 21 novembre 2021, en réunion publique, à Packy, Djiby Ciss, ignorant manifestement comment fonctionne une institution municipale, a informé ses partisans de l’acquisition de 600 lampadaires dont 200 déjà disponibles auprès de partenaires. Le lendemain, Djiby Ciss et ses hommes ont commencé à installer des lampadaires sur les poteaux électriques publics défectueux. Une initiative qui n’a pas eu l’heur de plaire au maire Cheikh Tidiane Diouf, d’autant plus que le généreux donateur n’a pas eu l’élégance encore moins l’intelligence d’y mettre les formes afin que les services concernés accordent leurs violons relativement aux coûts que devraient engendrer de telles installations pour la commune. Informée de cette initiative solitaire, la Senelec a immédiatement arrêté le processus.
Selon Djiby Ciss et ses partisans, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le maire Cheikh Tidiane Diouf est à l’origine de l’arrêt des travaux d’installation de lampadaires. «Nous disons sans détours que, toute honte bue, à défaut de s’inscrire dans la philosophie de l’équité territoriale cultivée par le chef de l’Etat et son gouvernement et aussi dans la dynamique de démocratisation de l’accès à l’électricité tant chantée dans notre pays, au moment où on parle d’un accès universel à l’électricité, ces autorités de la Senelec devraient s’abstenir, quelles que soient les raisons invoquées, de bloquer une action citoyenne aussi salutaire !», fulmine le directoire du groupe Solution (présidé par Djiby Ciss) dans sa page Facebook.
En colère contre les autorités municipales
Ne décolérant pas à l’endroit des autorités municipales, le directoire de Solution écrit : «Après avoir fait face à la presse, nous venons de constater que monsieur le Maire Cheikh Tidiane Diouf a dit qu’il n’était mêlé ni de près ni de loin à cette intervention de Senelec ! Nous prenons acte des déclarations du maire que nous avons tous entendues ! Mais nous le jugerons sur les faits ! Qu’est ce à dire ! ? Simplement que, Senelec étant une société nationale à vocation commerciale et comme le règlement de la facture de l’éclairage public est du ressort exclusif de la mairie, eh bien nous attendons du maire qu’il entre immédiatement en contact avec les autorités de Senelec pour endosser le projet et donner les garanties nécessaires pour que ces lampes destinées à améliorer la qualité de vie de L’ENSEMBLE des 17 villages de la commune soient montées partout où de besoin !» Et de poursuivre : «Dans le cas contraire, personne ne nous fera avaler des couleuvres ! Nous aurons alors considéré que le coup de poignard donné aux populations de Batadji à propos du projet nourri, démarché et obtenu gratuitement sans frais ! auprès des autorités de Ofor pour le branchement avec toutes les commodités - pompes solaires pour augmenter le débit, robinets dans toutes les maisons, construction du château d’eau - qui fut sabordé par ces mêmes autorités municipales est en train de se répéter dans le secteur de L’ÉLECTRICITÉ !
« Pour sa part, interpellé par Diasactu, le maire Cheikh Tidiane Diouf a dégagé toutes responsabilités dans ces événements. Cependant, son directeur de campagne, Mamadou Diouf, est monté au créneau devant la presse locale pour dénoncer une manipulation de l’opinion en invitant Djiby Ciss qui veut prendre les commandes de la mairie à apprendre d’abord à respecter les procédures idoines qui doivent précéder toute initiative citoyenne dans une institution. «Ainsi, avec le concours des autorités municipales, il pourra installer autant de lampadaires qu’il le souhaite. Même si le maire s’oppose alors à une telle initiative, nous condamnerons alors son comportement» soutient le directeur de campagne du maire sortant. Autant le dire ici et maintenant, entre Cheikh Tidiane Diouf, le maire sortant et successeur du défunt père de Djiby Ciss, et ce dernier, les comptes sont loin d’être soldés. Les populations s’attendent à des déballages d’envergure notamment sur ce que d’aucuns appellent le scandale de l’enfouissement technique de Diass et la prédation foncière, qui serait le fait d’une certaine oligarchie installée dans la commune. Bref, campagne électorale pour les prochaines élections locales risque d’être électrique dans le pays saafi.