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21 juin 2025
AUX SOURCES DE LA PLÉTHORE DE PERSONNEL DANS LES MAIRIES
La plupart des municipalités sénégalaises souffrent d’un personnel trop nombreux, parfois même encombrant. Une situation qui a des incidences sur les finances de ces communes, obligées de payer des salaires à des agents au rendement douteux
Maguette NDONG et Oumar NDIAYE |
Publication 16/11/2021
La plupart des municipalités sénégalaises souffrent d’un personnel trop nombreux, parfois même encombrant. Une situation qui a des incidences sur les finances de ces communes, obligées de payer des salaires à des agents au rendement douteux. La raison est imputable aux recrutements politiques que font les maires une fois installés.
Dans l’enceinte de cette mairie dakaroise, deux jeunes sont assis sur un banc à côté du portail. Ils semblent se bronzer sous un soleil clément. Les va-et-vient des usagers au sein de la municipalité ne semblent guère les perturber. Abdou et Salif sont des travailleurs de cette mairie. En tant qu’agents municipaux, les deux jeunes hommes rongent leur frein la plupart du temps. Ils passent la journée dans une oisiveté parfaite. « On m’a affecté au marché central, mais le travail est harassant et cela ressemble à de la routine pour moi. Donc, la plupart du temps, je viens causer ici », fulmine Salif, le sourire au coin des lèvres. Son camarade Abdou devait être, à pareille heure, à son lieu de travail, au centre de santé. Mais il peut rester des jours sans passer à son poste. « Je suis dans le gardiennage là-bas, mais je partage le travail avec quatre autres camarades, nous sommes beaucoup trop nombreux à faire la même chose », explique ce jeune agent de 25 ans. Pourtant, à la fin du mois, ils font partie des premiers agents à se renseigner sur les virements de salaires. « C’est normal mon cher ! J’ai un contrat à durée indéterminée depuis deux ans, donc j’ai droit à un salaire à la fin du mois », assure le jeune Salif.
La situation de ces deux jeunes agents est celle que vivent plusieurs de leurs camarades dans cette municipalité située à l’Est de la capitale dakaroise. Car, une fois recrutés, beaucoup d’agents municipaux sont affectés dans un service. Mais souvent ils préfèrent vaquer à leurs occupations ailleurs. Cela s’explique par la pléthore des recrutements dans la plupart des municipalités sénégalaises. Cet autre agent municipal rencontré au centre-ville confirme cette réalité. « Cela fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds dans mon lieu de travail. Tout simplement parce qu’il n’y a aucun contrôle sur les agents. Beaucoup de travailleurs de la mairie dans laquelle je travaille sont dans cette situation », souligne Alioune Badara. Lui-même trouve du temps à faire une autre activité différente de celle de sa municipalité où il est pourtant embauché. Un peu partout dans les municipalités sénégalaises, le recrutement du personnel se fait, le plus clair du temps, sur des bases opaques et politiques.
L’adjoint au maire de Diourbel, Alioune Tine, donne une explication à une telle situation. « Parfois les maires se font le devoir de recruter les gens de leur propre camp, mais aussi de ceux-là qui les ont accompagnés pendant la campagne électorale. En général, cela se passe comme ça. Ce sont des pratiques qui ont des conséquences fâcheuses sur la municipalité », soutient M. Tine, qui précise, toutefois, que sa municipalité ne vit pas pareille situation. Selon lui, les nouveaux maires sont toujours confrontés à « ce mur » d’agents recrutés par leurs prédécesseurs, sans pour autant qu’ils aient la qualification requise. Le secrétaire municipal de la commune de Diaobé Kabendou (région de Kolda), Ibrahima Sané, signale que c’est souvent le lot du « recrutement politique » qui est à l’origine des difficultés dans les mairies. L’adjoint au maire de Diourbel confirme ces propos de son collègue de Diaobé en affirmant que ces recrutements politiques sont la satisfaction d’une clientèle qui a soutenu la candidature du nouveau maire. « Cette pléthore de personnel dans les mairies est souvent due à la satisfaction d’une clientèle politique qui avait accompagné le maire pendant qu’il était à la conquête de la mairie. Une fois qu’il est élu, les gens attendent d’être servis comme si c’était un gâteau ; ce qui est dommage », soutient Alioune Tine.
Absence de qualification
Certaines mairies sont donc ces lieux de recasement de personnel politique et non des institutions qui se soucient des profils des personnes qu’ils embauchent. Une réalité que dénonce Alé Lô, Maire de Taïba Ndiaye (département de Tivaouane). « Vous voyez parfois une commune qui a deux véhicules et qui se retrouve avec 20 chauffeurs, ce n’est pas cohérent. Il y a donc un diagnostic à faire, des négociations aussi pour que la commune ait un poids normal par rapport à son personnel aussi bien en hommes qu’en qualité. Nous avons besoin de qualifications, de techniciens. Nous sommes contraints d’aller vers le budget programme à l’image de l’État et cela nécessite des compétences avérées », soutient l’ancien président de l’Union des associations d’élus locaux du Sénégal.
Bachir Kanouté, secrétaire exécutif d’Enda Ecopop, semble dénoncer cela. « Malheureusement les personnes affectées dans ces collectivités le sont plus par clientélisme politique que pour les ressources humaines de qualité. Souvent, en dehors du secrétaire municipal qui a peut-être le niveau du Bfem, tout le reste du personnel n’a pas de qualification et pourtant ils sont payés chaque mois », regrette-t-il, non sans préciser que cette situation n’est pas le propre des municipalités sénégalaises. « Ce qu’on a constaté au Sénégal, c’est ce qui se passe dans plusieurs pays en Afrique », précise-t-il en donnant l’exemple du Mali où, au moment de partir, certains maires en profitent pour faire signer des contrats à durée indéterminée à l’ensemble du personnel. « Cela fait que vous retrouvez un personnel pléthorique dans une mairie qui n’a même pas 50 millions de FCfa de budget de fonctionnement», soutient Bachir Kanouté. Pour l’heure, cette tendance est loin de changer sous nos cieux, surtout que la plupart des mairies s’apprêtent à changer de locataires. Face à cette peur du lendemain, tout peut arriver.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MÉDIA CULPA
EXCLUSIF SENEPLUS - Le 10 novembre, le CNRA dans son omnipotence, a réussi à domestiquer certains médias traditionnels au point de les réduire à de vils gate-keepers, privant la sphère publique d'une information à laquelle elle a, irrécusablement, droit
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 15/11/2021
Le traitement médiatique que la presse a effectué sur l’affaire concernant le maire coriace Barthélemy Dias convoqué à la Cour d’Appel de Dakar le 10 novembre dernier laisse beaucoup de Sénégalais dubitatifs sur l’honnêteté de plusieurs journalistes de la presse écrite. À lire, le lendemain, certaines unes goguenardes quasi-identiques sur le soi-disant échec de la mobilisation populaire autour de Dias, on se demande si réellement, ils ont vécu et couvert le même événement retransmis en direct par les médias alternatifs que constituent les réseaux sociaux. Mais en termes de malhonnêteté et d’imposture intellectuelles, rien de nouveau sous le soleil médiatique puisqu’il est arrivé le mercredi 3 août 2016 qu’une même interview, signée par chaque rédacteur en chef ou directeur de publication des médias concernés, apparût concomitamment dans quatre quotidiens : « Le Témoin », « Libération », « Le Populaire » et « L’Observateur », avec les mêmes chapeaux, les mêmes titres, les mêmes questions et les mêmes ponctuations. L’écosystème informationnel en était tellement secoué et honni au point que l’alors président du Cored, Bacary Domingo Mané, exaspéré, parlât d’une « affaire gravissime, manipulatrice et suspecte » violant l’éthique et la déontologie journalistiques. « Le Cored ne peut pas comprendre que quatre organes de presse présentent à leurs lecteurs une même interview qui a le même titre et le même contenu et à la virgule près », s’était indigné Mamadou Thior, chargé de la communication du Cored.
C’est devenu une trivialité de voir quotidiennement des journaux qui affichent les mêmes unes, abstraction faite de toute coïncidence. Mais rien de surprenant si l’on sait que les rédacteurs en chefs et directeurs de publications de plusieurs de ces journaux sont sustentés, voire stipendiés par des affairistes de haut vol flirtant avec le pouvoir politique dominant. Il appert que la presse subit existentiellement les coups et contrecoups d’une crise économique avec les charges multiples relatives aux salaires, à l’impression, au fisc et à la location pour certains organes, mais ce n’est point une raison pour prostituer sa sainte plume. Par conséquent, quand l’on ne peut pas résister aux voluptés enivrantes des espèces sonnantes et trébuchantes, on marchandise son information au plus offrant. Si certains médias sont devenus poreux aux miasmes du gain et au prurit du lucre, c’est parce qu’ils subissent servilement la mainmise et l’emprise des puissances d’argent dont les intérêts sont portés et colportés par certains journalistes bassement véreux et vénaux.
Et le journaliste français Jean-Claude Guillebaud de parler ainsi de « journalisme de révérence, de conformisme et de suivisme progressivement englué dans un réseau de connivence et de sympathie qui habillent de sourires déculpabilisants une corruption new-look ». Ainsi les médias considérés contre-pouvoir, avec de telles pratiques ignobles qui avilissent et discréditent la profession, deviennent un pouvoir du pouvoir pour ne pas dire des médias au service du pouvoir.
Pour beaucoup, si les journalistes traitent invariablement et simultanément la même actualité de la même façon, c’est parce qu’ils sont sous le joug de leurs bailleurs encartés au pouvoir politique dominant leur enjoignant systématiquement l’article qu’il faut publier en une. Souvent après certaines revues de presse, on a le profond sentiment que la majorité des journalistes écrivent dans la même direction. Les politiciens Mohamed Ndiaye Rahma et Habib Niang, à force de faire régulièrement des unes mémifiées, sont devenus les chouchous d’une certaine presse écrite en déliquescence, d’une certaine presse en ligne en décadence et d’une certaine revue presse fortement « griotisée ». Il ne se passe pas une semaine sans que l’un des deux ou les deux en même temps ne bénéficie(nt) d’un article bien ripoliné par la pointe d’une plume suintante exhalant les senteurs fétides d’une encre corrompue. Leur moindre rictus public est survalorisé, surmédiatisé dans les colonnes des journaux et les revues de presse. La désinvolture a atteint son paroxysme.
Ces travers sont symptomatiques de l’état de collapsus économique dans lequel geint la presse sénégalaise. Au Sénégal, le président Sall s’enorgueillit sur certains tréteaux de n’avoir pas dans ses prisons un seul journaliste embastillé pour avoir exprimé ses opinions ou divulgué une vérité factuelle. Pourtant le Sénégal a reculé dans l’édition 2021 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Notre pays occupe la 49e place sur le placement mondial de la liberté de la presse. Il est 7e sur le continent africain perdant ainsi deux places. Une manière de dire que la presse va mal dans ce pays. Aujourd’hui, beaucoup de journalistes végétant dans des organes de presse impécunieux étouffent dans les prisons crasseuses et crapoteuses des difficultés financières asphyxiantes auxquelles ils sont confrontés dans leur tragique quotidienneté. Et pour s’en affranchir, certains sont prêts à mettre à l’encan les deux vertus les plus quintessentielles chez un professionnel des médias : la dignité et l’honnêteté.
Revenant à la convocation du maire de Mermoz-Sacré-Cœur à la Cour d’Appel, il faut aussi noter que les grands médias audiovisuels ont préféré se carapater plutôt que couvrir l’événement en live. Comme une sorte de conspiration tacite, ces médias mainstream ont refusé de retransmettre en direct ce qui constituait l’actualité phare ce jour du 10 novembre. Certains médias télévisuels très suivis pendant ces moments de tension politique ont préféré diffuser des programmes hypnagogiques allant dans le sens d’endormir les sens et d’annihiler toute sensibilité pouvant susciter une forme de révolte individuelle contre toute injustice de la justice inféodée au pouvoir politique dominant. C’est leur liberté éditoriale.
Mais l’on considère que l’oukase du Tsar du CNRA Babacar Diagne prohibant, lors des événements de mars dernier, « toute diffusion d’émissions, de programmes, de contenus ou de propos faisant explicitement ou implicitement l’apologie de la violence » est encore rémanent. Aujourd’hui, la quasi-totalité des médias audiovisuels n’ose plus diffuser les images de manifestations du genre de mars dernier. La censure institutionnelle a laissé place à l’autocensure professionnelle. Ce 10 novembre, le CNRA dans son omnipotence a réussi à domestiquer certains médias traditionnels au point de les réduire à de vils gate-keepers, privant la sphère publique d’une information à laquelle elle a, irrécusablement, droit. Mais comme le dit la Charte de déontologie des journalistes français universalisante « le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre ».
À y regarder de près, ce principe sacro-saint du journalisme ne parvient pas encore à franchir la porte de certaines rédactions. L’actualité doit rythmer le tempo et la couverture médiatique des faits. Mais pour la journée du 10 novembre, c’est la pétoche ou la poche qui sont passées par là. Et cela au grand dam des téléspectateurs qui, en pareille occurrence, restent scotchés à leur petit écran pour être au parfum de l’événement du jour. En cette ère numérique révolutionnaire où les médiawebs font tomber les Bastilles médiatiques naguère inexpugnables, il serait salutaire pour les médias dominants réputés pour leur rétivité et leur disruption de ne pas se laisser intimider par un CNRA déphasé dont la mission première est d’anesthésier ou de museler leur grande gueule puante de vérité dérangeante. Faute de quoi, l’opinion se détournera d’eux sans barguigner. Et la remontada, en cas de perte d’audience, risque d’être pénible.
''La mort frappe toujours sans prévenir'', voici le refrain de la nouvelle chanson de Lass que nous vous proposons d'écouter.
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COMMENT SURMONTER LES CRISES DÉMOCRATIQUES
Qu’est-ce qui explique la difficulté des pays africains à établir des systèmes de gouvernance démocratique ? Quels rôles pour les organisations régionales et les mouvements citoyens face aux aux conflits ? Réponse avec Abdoulaye Bathily
L’on assiste à une recrudescence de coups d’Etat civiles et militaires et un rétrécissement de l’espace civique dans un nombre grandissant de pays d’Afrique depuis quelques années, alors même que les graves crises institutionnelles et politiques que connaissent certains pays du continent depuis plusieurs années sont encore loin d’être résolues. Qu’est-ce qui explique la difficulté qu’ont beaucoup de pays du continent à établir ou consolider des systèmes de gouvernance démocratique ? Quels rôles les organisations régionales et les mouvements citoyens peuvent-ils jouer pour mettre fin aux crises et conflits et consolider la démocratie ? Comment assurer un avenir meilleur dans la dignité sur le continent aux jeunes générations d’Africains ?
Une conférence publique organisée par TrustAfrica et animée par l'Historien et panafricaniste de renom, le Professeur Abdoulaye Bathily.
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DIARY SOW SUSCITE LE TOLLÉ
L'étudiante et autrice dont la disparition a tenu le Sénégal en haleine début 2021, a cette fois provoqué l'indignation en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ
L'étudiante et autrice sénégalaise Diary Sow, dont la disparition a tenu son pays en haleine début 2021, a cette fois causé un tollé en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ.
L'étudiante de 20 ans inscrite dans un prestigieux établissement français vient de publier "Je pars", un roman inspiré de son histoire. Dans un entretien accordé à l'AFP, elle a expliqué avoir "écrit ce bouquin pour régler quelques comptes", avec ceux qui lui avaient reproché sa disparition et l'avaient, pour certains, durement attaquée, lui déniant selon elle le droit de vivre sa vie.
"Le livre au complet est une façon de dire: +je vous emmerde+", a-t-elle dit.
Ces propos ont déclenché un torrent de réactions défavorables. Le mot-dièse Diary Sow est devenu viral au Sénégal, la vidéo a été abondamment partagée sur les réseaux sociaux en français et en ouolof, et ses mots ont fait la une de certains journaux.
Les mots choisis passent très mal au Sénégal, où de telles paroles sont considérées comme beaucoup plus offensantes qu'en France et susceptibles de dégénérer en violences. Ils y sont encore plus difficiles à accepter de la part d'une jeune femme.
Mais c'est aussi la teneur du message qui a choqué, valant à Diary Sow les reproches d'ingratitude et d'insolence.
"Quel culot!", s'est étranglée Aminata Banel sur Twitter, "dans quelle société est-il normal de disparaître sans prévenir et laisser les gens te chercher des jours durant, ensuite revenir au pays sans les remercier de leurs efforts, et pour finir sortir un livre pour leur dire: +je vous emmerde+?".
"Les gens se sont mobilisés, se sont inquiétés, ont cru au pire, ont prié pour un +je vous emmerde+", s'est indigné Yang, un autre internaute.
Alioune Tine, ancien professeur de français à l'Université de Dakar et éminent défenseur des droits, a été l'un des rares à prendre le parti de la jeune femme.
"Elle a un sacré culot, cette femme qui s'affirme et s'émancipe en toute tranquillité", a-t-il réagi sur Twitter. Il a noté sa "précocité intellectuelle dans une société très conservatrice et patriarcale où l'on infantilise la femme".
Diary Sow a assuré dimanche sur Twitter que ses mots s'adressaient à "tous ceux qui m'ont injuriée dans la lâcheté de l'anonymat, allant jusqu'à me traiter de +pute+", et qu'aux autres elle vouait "remerciements et reconnaissance".
Etudiante en classe préparatoire au lycée parisien Louis-le-Grand, Diary Sow, connue dans son pays pour y avoir été distinguée deux fois meilleure élève, avait provoqué un vif émoi en ne se présentant pas à la reprise des cours en janvier. Une enquête ouverte pour "disparition inquiétante" avait finalement été refermée quand la jeune femme était réapparue au Sénégal en février, après plus d'un mois de mystère et de spéculations.
L'OPOSITION ENRAGE CONTRE MACKY SALL
La sortie du chef de l’Etat à Paris soutenant que personne ne peut l’intimider, a fait réagir nombre de ses opposants. De Sonko à Abdoul Mbaye sans oublier Bougane Guèye, florilège de ces réactions indignées
La sortie du chef de l’Etat à Paris soutenant que personne ne peut l’intimider, n’a pas échappé aux leaders de l’opposition. Certains comme Ousmane Sonko, Bougane Guèye, Abdoul Mbaye n’ont pas tardé à réagir à cette attaque faite à l’opposition en cette période de pré-campagne pour les Locales. Quand Sonko fait état de la peur du président Sall, Bougane et l’ex-Pm invitent respectivement Macky à l’humilité et à résoudre les difficultés auxquelles ses compatriotes font face.
«Personne ne peut m’intimider. C’était impossible avant que je ne sois chef d’Etat, a fortiori aujourd’hui que Dieu m’a mis au pouvoir. Il y a des gens qui, si vous les suivez dans leur logique, vous poussent à poser des actes regrettables.» Ces propos tenus par le Président Macky Sall à Paris, lors d’une rencontre avec la communauté sénégalaise en France, ont provoqué la colère de certains leaders de l’opposition. Et ces derniers n’ont pas hésité à lui répondre à travers les réseaux sociaux.
Commentant les propos du chef de l’Etat, Ousmane Sonko, leader du Pastef et membre de la coalition électorale Yewwi askan wi, fait savoir que «ce passage d’une posture offensive, arrogante et méprisante à une attitude défensive et nerveuse en dit très long sur l’état d’esprit de notre «champion» national, qui devrait certainement intéresser les psycho-politistes».
Pour le leader de Pastef, cette attitude montre que le président de la République a peur. «Il (Macky Sall) confirme, du moins, ce que tous les Sénégalais savaient déjà : borom «O Fañin Fañin fañ fañ fañ ta watiatia» a dorénavant peur», a-t-il écrit. Et d’ajouter : «Chers concitoyens, ce n’est pas le moment de relâcher la pression, mais plutôt de l’accentuer pour en finir avec ce régime de tous les maux. Nous n’en sommes plus loin, Inchallah. Mais rappelez-vous : les félidés ne sont jamais aussi dangereux que quand ils ont peur, a fortiori lorsqu’ils paniquent !»
Réagissant à cette sortie de M. Sall, Abdoul Mbaye a quant à lui rappelé «qu’un tigre ne crie pas sa tigritude». Raillant le chef de l’Etat, le leader d’Act soutient qu’il «était plus discret en mars dernier». Et d’avertir : «Qu’il comprenne plutôt que sa vraie protection est la solution aux problèmes des Sénégalais et non en se tapant la poitrine parce que ses Forces de l’ordre ont brutalement maîtrisé 100 manifestants. Qu’il se méfie de la baisse constante du pouvoir d’achat des Sénégalais et de leur appauvrissement régulier face aux scandales et pratiques illicites qui se multiplient.»
Bougane Guèye Dany et Dethié Fall ont aussi répondu au président de la République. Le leader de Gueum sa bopp l’a invité à faire preuve d’humilité. «La grandeur d’un homme se mesure à son degré d’humilité (…) Alors M. le Président, vous détenez le pouvoir temporel certes, mais la force et la puissance appartiennent à Allah Subhaana Wa Taala.»
Evoquant les manifestations à Dakar mercredi dernier, suite au renvoi du procès de Barthélemy Dias, Dethié Fall estime que le Président Sall «n’a tiré aucun enseignement de ce qui s’est passé le 10 novembre 2021 dans les rues de Dakar». Selon lui, «un chef d’Etat qui se laisse éblouir par tous les pouvoirs qu’il a entre ses mains jusqu’à les rappeler, est juste pitoyable».
«NOUS N'AVONS JAMAIS DISCUTÉ AVEC QUELQUE AUTORITÉ QUE CE SOIT SUR NOTRE DECISION D'ETRE CANDIDAT OU PAS»
Tête de liste majoritaire du Parti de l'Espoir et du Progrès (Pep) et candidat à la mairie de Saint Louis, Mary Teuw Niane a présenté son programme
Tête de liste majoritaire du Parti de l'Espoir et du Progrès (Pep) et candidat à la mairie de Saint Louis, le Pr Mary Teuw Niane a présenté son programme. En marge de cette activité, il a fait beaucoup de révélations sur sa liste qu'il qualifie d'indépendante. Il jure que sa liste n'a pas eu d'autorisation de qui que ce soit. Insistant, il souligne qu’il n’a pas eu à en "discuter avec le président Macky Sall" qui a annoncé avoir autorisé certaines listes parallèles, notamment à Kolda et à Bignona.
Moins de vingt-quatre (24) heures après la publication des listes pour les Locales du 23 janvier 2022, le Pr Mary Teuw Niane a présenté son programme pour Saint-Louis. C'est dans une salle archi comble qu'il s'est adressé aux Saint-Louisiens en soutenant que les propos du Président Macky Sall selon lesquels il a autorisé certaines listes ne le concernent pas. «Ce que je peux vous dire sur ma liste, c'est qu'elle n'a pas eu d'autorisation venue de qui que ce soit, puisque je n'ai jamais parlé avec le Président sur les questions liées aux élections locales, au récépissé d'un parti. C'est clair», a déclaré le candidat du PEP.
Très en verve, il a indiqué que le point de départ de sa liste coïncide avec le 12 janvier 2020. «A l'époque, personne ne parlait de liste de parti ou de quelque coalition que ce soit. Nous n'avons jamais eu à discuter avec quelque autorité que ce soit sur notre décision d'être candidat à la mairie de Saint-Louis ou de ne pas l'être. Nous n'avons pas besoin d'être parrainé par quelqu'un pour aller à la conquête des suffrages des doomu Ndar», affirme l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Et ce dernier de seriner : «Nous n'avons besoin pas d'autorisation pour être candidat aux élections locales du 23 janvier 2022. Ce qui nous intéresse, c'est notre chère ville Saint-Louis. Nous avons un ambitieux programme. Nous sommes Saint-louisien et voulons quelque chose de mieux pour notre ville et notre département. Nous sommes convaincu que si nous sommes élu, ces projets seront réalisés et Saint-Louis aura un visage beaucoup plus rayonnant », a soutenu l’un des challengers de Mansour Faye à la mairie de Saint Louis. S’agissant de son programme, Pr Mary Teuw Niane indique qu’il «prend en compte toutes les préoccupations de la ville de Saint-Louis».
PRÉVALENCE DU DIABETE, LA REGION DE SAINT-LOUIS AFFICHE UN TAUX DE PLUS DE 10%
Le président de l’Association Sénégalaise de Soutien et d’Assistance aux diabétiques (Assad), Baye Omar Gaye, invite les populations à se faire dépister et à pratiquer du sport
Le diabète est très présent à Saint-Louis où le taux de prévalence s’élève à plus de 10% contre 3,4% pour les autres régions. C’est dire que cette maladie fait des ravages dans le nord du pays. C’est pourquoi le président de l’Association Sénégalaise de Soutien et d’Assistance aux diabétiques (Assad), Baye Omar Gaye, invite les populations à se faire dépister et à pratiquer du sport.
A Saint-Louis, plus de 10% des populations sont diabétiques. La révélation a été faite par le président des diabétiques de Saint-Louis, Doudou Diop. «La situation de la région est préoccupante. En 2010, le taux de prévalence était de 10,4% alors que la moyenne nationale n’était que de 3,4%. C’est inquiétant », s’émeut le président Doudou Diop qui estime que plusieurs facteurs expliquent cet accroissement de la maladie. A l’en croire, la sédentarité favorise l’obésité qui constitue l’un des facteurs de risque de la maladie, en sus de l’hypertension artérielle. «L’obésité occupe presque 48%. Ces résultats ont été facilités par le Pr Abdou Kane. La sédentarité était estimée à 56,2%. Ce sont des facteurs qui poussent vers cette maladie qui fait véritablement des ravages dans la région de Saint-Louis », affirme-t-il.
UNE UNITE DE PRISE EN CHARGE RECLAMEE A SAINT-LOUIS
Evidemment, cette situation préoccupe fortement les associations des diabétiques ainsi que les populations qui se mobilisent pour tirer la sonnette d’alarme. Ainsi, Baye Omar Guèye est monté au créneau pour inviter les populations à respecter les conseils nutritionnistes, se faire dépister et pratiquer le sport. “La sédentarité, l’obésité et le surpoids sont des facteurs de diabète », a indiqué le président de l’Assad lors de la randonnée pédestre organisée ce week-end à Saint-Louis qui abritait la journée nationale de lutte contre le diabète. Du fait de la recrudescence de la maladie dans la région, les malades réclament une unité de prise en charge des patients. Car, ces derniers se déplacent parfois jusqu’à Dakar pour y subir des soins. Pis, chaque semaine, trois amputations sont dénombrées dans la région. D’où l’alerte lancée par les malades.
Par Daro KANE
ANGE OU DEMON ?
Insoutenable. Atroce. Tragique. Aucun qualificatif ne peut nommer l’innommable. Un triple infanticide suivi du suicide du père, auteur des crimes
Insoutenable. Atroce. Tragique. Aucun qualificatif ne peut nommer l’innommable. Un triple infanticide suivi du suicide du père, auteur des crimes. Choquante et traumatisante, la tragédie a été rapportée dans les moindres détails par les médias. Le compte-rendu macabre a continué à heurter, encore et encore, l’opinion publique, soutenue et illustrée par les photos des enfants, victimes de la folie meurtrière de leur père dont la souffrance et le mal-être ont fini par avoir raison de lui. En mettant un visage sur le nom de chaque enfant, la réalité du drame devient insoutenable. Ce qui est devenu plus qu’un fait divers alimente les discussions et les commentaires sur les réseaux sociaux. Deux camps s’opposent et s’érigent en avocats de l’une ou de l’autre partie : le mari, meurtrier, et la femme, meurtrie, sont défendus à coups de plaidoiries dignes de ténors du barreau.
La lettre de dix pages, rédigée par le mari, dentiste de profession et adressée à son ex-épouse, revient sur la chronologie d’un mariage où tous les ingrédients étaient présents sauf l’essentiel : l’amour, ou plutôt son absence de réciprocité. Le médecin donne sa version d’une union d’une quinzaine d’années qui ne célébrera pas ses noces de saphir. La séparation sonne le glas d’un ménage dont sont issues trois vies, autant de victimes innocentes éternellement figées dans l’enfance. Une grande partie de la presse reproduit in extenso la lettre accusatrice aux relents de désespoir et de tristesse d’un père brisé.
Mais qu’en est-il de la mère ? La violence du drame constitue le premier choc. Aussitôt suivi d’un autre : celui de la lettre d’un ex-mari dont la colère et la rancune transparaissent dans cette comptabilité de la souffrance, la sienne, tenue dès le début, avant le mariage, déjà. Une vie et une famille toute entière jetée en pâture par un homme dont le foyer s’est disloqué suite à son divorce. Pour la mère, la douleur devient une double peine au point de porter plainte auprès de la Commission de Protection des données personnelles (CDP) suite à la publication de ses photos, de celles de ses enfants et de la lettre « jugée diffamatoire » et « portant atteinte à sa vie privée, son honneur et sa réputation ».
Dans sa note d’information, la CDP déclare avoir saisi Meta (le nouveau nom de Facebook) et le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les médias (CORED) « pour instruire la plainte ». Pour sa part, le CORED « invite les journalistes à plus de vigilance et à veiller au respect des règles d’éthique et de déontologie en matière de traitement d’image ». Certaines publications avaient choisi de flouter les images des victimes et de ne pas publier la lettre « explicative », d’autres n’ont pas pris cette précaution. Mais qu’importe ! Le mal est déjà fait. L’identité de la mère, tout comme celle des victimes, est connue et certains soi-disant « proches » vont même jusqu’à y aller de leurs témoignages sur l’une ou de l’autre partie.
Quid encore des raisons de ce drame ? Les sociologues, anthropologues, psychothérapeutes et autres spécialistes de sciences humaines ou de santé mentale pointent du doigt le mariage moderne et les couples qui s’isolent dans leur appartement dont les problèmes, inévitables, restent insolvables en l’absence des médiateurs que sont les autres membres de la famille. La dépression, cause de suicides, chiffres à l’appui, est aussi indexée. A la recherche d’une cause, même mystique, qui pourrait apaiser cette douleur, il est à reconvoquer cette proposition de « ndëpp » national proposée par le psychologue Serigne Mor Mbaye, pour une société malade, car souffrant de maux dont elle ne trouve pas les mots. Ce qui n’est certainement pas le cas de Diary Sow qui déclare, dans son deuxième roman intitulé « Je pars », que le livre au complet est une façon de dire : « je vous emmerde ». Une réplique bien impertinente adressée à ses détracteurs pour une étudiante dont la disparition avait inquiété et mobilisé tout un pays, jusqu’à sa réapparition. « Sous le visage d’un ange » était le titre de son premier roman. Ce deuxième opus serait-il celui de ses démons intérieurs ? Par la plume ou la lame (ou les deux !) chacun tente de combattre les siens.
VIOLENCES PREELECTORALES, FGTS/B PRONE LA PRESERVATION DE LA PAIX ET DE LA STABILITE SOCIALE
La Fédération Générale des travailleurs du Sénégal (Fgts/B) alerte la classe politique et l’opinion sénégalaise sur le climat de tension propice à la violence préélectorale.
La Fédération Générale des travailleurs du Sénégal (Fgts/B) alerte la classe politique et l’opinion sénégalaise sur le climat de tension propice à la violence préélectorale. Se basant sur l’affaire Barthélemy Dias, le secrétaire général de la Fgts-B, Sidiya Ndiaye prône la non-violence.
Les nombreux cas de violences notés dernièrement dans le landerneau politique inquiètent une bonne partie de l’opinion publique sénégalaise. En effet, les membres de la Fédération Générale des Travailleurs du Sénégal (Fgts-B), soucieux de la préservation de la paix et de la stabilité sociale, sont montés au créneau pour tirer la sonnette d’alarme et prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, au regard des récents développements observés dans le paysage politique, en perspective des élections locales du 23 janvier 2022.
Dans un communiqué reçu hier par «L’As», le secrétaire général de la Fgts-B, Sidiya Ndiaye, s’indigne de la tournure des événements relatifs au dossier Ndiaga Diouf du nom de ce nervi tué en 2011 lors de l’attaque de la mairie de Mermoz Sacré-Cœur. «Une affaire pendante devant la justice et qui concerne un citoyen sénégalais et responsable politique suit son cours. Ce dernier devait donc tout naturellement aller répondre à une convocation de la justice suite à un appel qu’il avait lui-même fait, en plus de celui également fait par le procureur. Ce faisant, ne demande-t-il pas lui-même que la justice soit rendue et que le droit soit dit ? En tout état de cause, cela ne doit aucunement constituer un prétexte pour provoquer des turbulences inutiles», martèle le syndicaliste avant de s’interroger dans la foulée : «Pourquoi vouloir politiser une affaire qui relève de la justice ? Laissons à nos braves acteurs du système judiciaire qui sont aussi des travailleurs faire leur travail sereinement. Et c’est cette même sérénité que la Fgts-B réclame aux acteurs politiques. Il n’est nullement profitable aux populations et à la nation de subir de telles subversions et dérives, entretenues par une confusion qui risque de menacer, sinon de saper notre démocratie et notre stabilité.»
Interpellant les acteurs politiques, Sidiya Ndiaye et ses camarades appellent à plus de retenue de la part du pouvoir comme de l’opposition. «Al’aune des dites élections locales, l’image renvoyée par ces acteurs politiques à la jeunesse ne rassure pas du tout quant à leur rôle d’éducateurs et de références devant inspirer les jeunes générations à cultiver de bons comportements dans l’excellence et la qualité. En qualité de partenaires sociaux, et d’acteurs du dialogue social national, les syndicalistes sont également assujettis à des élections nationales de représentativité, mais jamais, alors jamais, cela n’a valu de créer des troubles pouvant aller jusqu’à menacer la paix sociale. D’autant que le pays s’efforce depuis plusieurs décennies de se mettre en orbite vers un développement harmonieux et durable. Ce développement ne pourra pas cependant se faire sans le sens de responsabilité de l’ensemble des acteurs politiques et sans confiance à notre système judiciaire», indique le secrétaire général de la Fgts, Sidiya Ndiaye.