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21 juin 2025
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COP26, UN ESPOIR LARGEMENT DÉÇU À DAKAR
La dernière conférence climat est une grande déception pour les pays africains, qui n'estime pas avoir été entendu. Ils font partie des premières victimes du changement climatique
La COP26 est une grande déception pour les pays africains, qui n'estime pas avoir été entendu. Ils font partie des premières victimes du changement climatique.
LE JEU PÉRILLEUX DE LA SURENCHÈRE
Beaucoup redoutent une situation de turbulence pouvant menacer la paix sociale. En effet, du côté du pouvoir comme de l’opposition, personne ne met de l’eau dans son vin
Beaucoup redoutent une situation de turbulence pouvant menacer la paix sociale. En effet, du côté du pouvoir comme de l’opposition, personne ne met de l’eau dans son vin. Se prononçant sur l’actualité politique, le chef de l’Etat a tenu, le week-end dernier, un discours incisif qui a fait naître une grosse polémique. Les analystes politiques se prononcent.
‘’Personne ne peut m’intimider. C’était impossible avant que je ne sois chef d'État, a fortiori aujourd’hui que Dieu m’a mis au pouvoir’’. Ces propos tenus par Macky Sall, en marge du Forum de Paris sur la paix, alors qu’il rencontrait les militants de Benno Bokk Yaakaar, ont fait naître la polémique dans l’espace politique sénégalaise. Pour d’aucuns, ils sont susceptibles de jeter de l'huile sur le feu ; pour d’autres, l’Etat doit rester fort et le président est dans son rôle, en prévenant les acteurs de l’opposition.
C’est le cas de l’analyste politique Pape Amadou Fall, qui souligne que l’Etat doit être fort au service du bien commun. ‘’‘’Occupez la rue publique’’, ‘’mettre la pression sur les gouvernants’’, est la stratégie mise en avant par certains dirigeants de l’opposition qui pensent que c’est ainsi qu’ils pourront s’allier l’électorat. Les événements du 8 mars dernier, sous la houlette d’Ousmane Sonko, avaient mis l’État en position de faiblesse. Et pour l’opposition, cette méthode est peut-être gagnante. Le président Macky Sall, en se prononçant sur la question, rassure les Sénégalais. L’État doit rester fort et c’est lui le garant, sur ce plan-là’’, indique-t-il.
Néanmoins, il précise que les Sénégalais ne veulent qu’avoir des élections apaisées. Pas des démonstrations de force.
Joint par ‘’EnQuête’’, Mamadou Sy Albert est d’un autre avis. ‘’Si le président dit qu’il n’est pas inquiété, qu’il ne va pas accepter une quelconque pression, c’est une menace qui s'ajoute à la situation qu’on a vécue, il y a quelques semaines. Quand le chef de l’Etat, chef d’un parti et chef d’une coalition, verse dans la menace, ça ne peut pas rassurer les acteurs politiques’’, dit-il. A ses yeux, le président Sall est en train d’utiliser lui-même l’intimidation. De ce fait, il considère qu’il y a une crainte que tout le monde partage, au-delà de la surprise. ‘’Est-ce qu’elle sera suivie par des actes allant dans le sens de la confrontation avec l’opposition ?’’, se demande-t-il. Tout en espérant que cette ‘’menace’’ soit simplement une alerte pour appeler à l’apaisement.
Ce qui est étonnant, pour le politologue, c’est que le chef de l’Etat se mêle à des élections locales. ‘’Le mandat du président n’est pas en jeu. Il n’y a pas de raison qui explique qu’aujourd’hui que Macky Sall élève la tonalité de son discours’’, dit-il.
‘’L’opposition est inquiète’’
Aux yeux de Mamadou Sy Albert, l’opposition est dans son droit, à partir du moment où elle sent qu’il y a une possibilité de réprimer les manifestations. ‘’L’opposition est inquiète. Elle ne sait pas réellement à quoi s’attendre. Cette inquiétude fait qu’elle se radicalise, appelle à la résistance, à la mobilisation. C’est des alertes en direction de l’opinion et du pouvoir, pour montrer qu’il faut éviter cette crispation du climat social, cette confrontation potentielle. Et c’est de ce risque-là que l’opposition est en train d’avertir, aussi bien le pouvoir que l’opinion : qu’il y a des possibilités de dérapage, de dérive même de notre démocratie’’, analyse-t-il. Et d’ajouter : ‘’Peut-être que certains propos relèvent de la provocation, en appelant à des marches à gauche et à droite, mais pour l’essentiel, l’opposition sénégalaise est très mature. Elle ne veut pas que le Sénégal verse dans la violence. Elle n’a aucun intérêt à la violence. Au contraire, l’opposition sait qu’elle va être à la limite perdante, quand il y aura des confrontations, des blessés, des privations de liberté. C’est pour cela qu’elle alerte.’’
Pour lui, c’est au président de la République d’être l’arbitre du jeu. Macky Sall, pense-t-il, doit essayer d’apaiser, de calmer le jeu et de rappeler les règles auxquelles tout le monde devrait se soumettre, aussi bien la majorité présidentielle que l’opposition.
Le politologue Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’UGB, abonde dans le même sens. Il relève que le leader de BBY a tenu ce discours à polémique pour répondre à Ousmane Sonko qui disait : ‘’Si Macky Sall veut la paix, tant mieux, s'il veut la guerre, il nous trouvera sur notre chemin.’’ Considérant ainsi que le président de la République s’est rabaissé au niveau de ses adversaires politiques, il dit : ‘’L’opposition est dans son jeu. Le président n’a pas besoin de dire qu’il détient le pouvoir et la force. C’est une grosse faute de communication.’’
L’appel de laFédération générale des travailleurs du Sénégal
Animée par ‘’le seul souci’’ de préservation de la paix et de la stabilité sociales, la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS-B), en sa qualité de partenaire social représentant des milliers de travailleurs parmi lesquels les travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal, estime devoir s’adresser à l’opinion nationale et internationale, au regard des récents développements observés dans le paysage politique, en prélude aux échéances locales prévues le 23 janvier 2022.
Pour elle, il s’agit d’une affaire pendante à la justice et qui concerne un citoyen sénégalais et responsable politique (Barthélémy Dias). Ce dernier, dit-elle, devait donc tout naturellement aller répondre à une convocation de la justice, suite à un appel qu’il avait lui-même fait, en plus de celui, également, fait par le procureur.
‘’Ce faisant, ne demande-t-il pas lui-même que la justice soit rendue et que le droit soit dit ? En tout état de cause, cela ne doit aucunement constituer un prétexte pour provoquer des turbulences inutiles’’, a soutenu FGTS-B dans une note parvenue à notre rédaction. ‘’Pourquoi vouloir politiser une affaire qui relève de la justice ? Laissons à nos braves acteurs du système judiciaire qui sont aussi des travailleurs, faire leur travail sereinement’’, réclame la FGTS-B aux acteurs politiques. Les syndicalistes martèlent qu'il n’est nullement profitable à nos populations et à la nation, de subir de telles subversions et dérives entretenues par une confusion qui risque de menacer, sinon de saper notre démocratie et notre stabilité.
En effet, la FGTS-B dit être particulièrement marquée par les préoccupations de jeunes élèves des collèges et lycées qui ont manifesté, sur les ondes des médias, leurs inquiétudes face au ‘’comportement irresponsable de la classe politique’’, mentionnant par ailleurs ‘’qu’ils ne trouvent plus en eux des références’’.
Elle pense que ‘’notre pays, le Sénégal, est une république dont le fonctionnement repose sur des principes majeurs que sont la séparation des pouvoirs, le respect du calendrier électoral qui permet au peuple notamment de choisir librement, par la voie des urnes, son président, ses représentants à l’hémicycle et ses élus locaux. Pour le régime qui gouverne, le respect de ces principes ainsi que leur stricte observance doivent constituer une performance républicaine qui entretient et consolide la démocratie et la paix sociale’’.
‘’Redoubler notre sens de la responsabilité’’
La FGTS-B appelle à plus de retenue de la part du pouvoir comme de l’opposition, car à l’aune desdites élections locales, l’image renvoyée par ces acteurs politiques à notre jeunesse ‘’ne nous rassure pas du tout quant à leur rôle d’éducateurs et de références devant inspirer les jeunes générations à cultiver de bons comportements dans l’excellence et la qualité’’. Elle rappelle que le Sénégal s’efforce, depuis plusieurs décennies, de se mettre en orbite vers un développement harmonieux et durable. Ce développement, dit-elle, ne pourra pas cependant se faire sans le sens de responsabilités de l’ensemble des acteurs politiques et ‘’sans confiance à notre système judiciaire’’.
Réitérant son appel, elle demande : ‘’Œuvrons tous en toute responsabilité. Aidons ce pays qui est le nôtre à aller de l’avant en restant collé aux valeurs républicaines et cardinales qui caractérisent notre nation, notre cohésion sociale et qui fondent notre système démocratique. Le ‘pouvoir à tout prix’ ne peut être que source de violences et d’instabilité rendant notre cher pays vulnérable à toute forme d’agression.’’
Elle soutient qu’au moment où bien des pays limitrophes connaissent des turbulences sociopolitiques, il paraît nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, de ‘’redoubler notre sens de responsabilités, de quelque bord que nous nous trouvons, pour jalousement garder cette si précieuse valeur que constitue notre stabilité sociale, un bien que plusieurs nations du monde nous envient’’.
Par ailleurs, les syndicalistes pensent que les différents appels à la paix lancés par nos illustres guides religieux et coutumiers méritent d’être entendus et respectés par la classe politique et par tous, puisqu’à bien des égards, acteurs politiques et autres acteurs de développement font systématiquement recours à leur sagesse et leur leadership pour dénouer différentes crises qui surviennent dans la vie de notre nation.
AUX SOURCES DE LA PLÉTHORE DE PERSONNEL DANS LES MAIRIES
La plupart des municipalités sénégalaises souffrent d’un personnel trop nombreux, parfois même encombrant. Une situation qui a des incidences sur les finances de ces communes, obligées de payer des salaires à des agents au rendement douteux
Maguette NDONG et Oumar NDIAYE |
Publication 16/11/2021
La plupart des municipalités sénégalaises souffrent d’un personnel trop nombreux, parfois même encombrant. Une situation qui a des incidences sur les finances de ces communes, obligées de payer des salaires à des agents au rendement douteux. La raison est imputable aux recrutements politiques que font les maires une fois installés.
Dans l’enceinte de cette mairie dakaroise, deux jeunes sont assis sur un banc à côté du portail. Ils semblent se bronzer sous un soleil clément. Les va-et-vient des usagers au sein de la municipalité ne semblent guère les perturber. Abdou et Salif sont des travailleurs de cette mairie. En tant qu’agents municipaux, les deux jeunes hommes rongent leur frein la plupart du temps. Ils passent la journée dans une oisiveté parfaite. « On m’a affecté au marché central, mais le travail est harassant et cela ressemble à de la routine pour moi. Donc, la plupart du temps, je viens causer ici », fulmine Salif, le sourire au coin des lèvres. Son camarade Abdou devait être, à pareille heure, à son lieu de travail, au centre de santé. Mais il peut rester des jours sans passer à son poste. « Je suis dans le gardiennage là-bas, mais je partage le travail avec quatre autres camarades, nous sommes beaucoup trop nombreux à faire la même chose », explique ce jeune agent de 25 ans. Pourtant, à la fin du mois, ils font partie des premiers agents à se renseigner sur les virements de salaires. « C’est normal mon cher ! J’ai un contrat à durée indéterminée depuis deux ans, donc j’ai droit à un salaire à la fin du mois », assure le jeune Salif.
La situation de ces deux jeunes agents est celle que vivent plusieurs de leurs camarades dans cette municipalité située à l’Est de la capitale dakaroise. Car, une fois recrutés, beaucoup d’agents municipaux sont affectés dans un service. Mais souvent ils préfèrent vaquer à leurs occupations ailleurs. Cela s’explique par la pléthore des recrutements dans la plupart des municipalités sénégalaises. Cet autre agent municipal rencontré au centre-ville confirme cette réalité. « Cela fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds dans mon lieu de travail. Tout simplement parce qu’il n’y a aucun contrôle sur les agents. Beaucoup de travailleurs de la mairie dans laquelle je travaille sont dans cette situation », souligne Alioune Badara. Lui-même trouve du temps à faire une autre activité différente de celle de sa municipalité où il est pourtant embauché. Un peu partout dans les municipalités sénégalaises, le recrutement du personnel se fait, le plus clair du temps, sur des bases opaques et politiques.
L’adjoint au maire de Diourbel, Alioune Tine, donne une explication à une telle situation. « Parfois les maires se font le devoir de recruter les gens de leur propre camp, mais aussi de ceux-là qui les ont accompagnés pendant la campagne électorale. En général, cela se passe comme ça. Ce sont des pratiques qui ont des conséquences fâcheuses sur la municipalité », soutient M. Tine, qui précise, toutefois, que sa municipalité ne vit pas pareille situation. Selon lui, les nouveaux maires sont toujours confrontés à « ce mur » d’agents recrutés par leurs prédécesseurs, sans pour autant qu’ils aient la qualification requise. Le secrétaire municipal de la commune de Diaobé Kabendou (région de Kolda), Ibrahima Sané, signale que c’est souvent le lot du « recrutement politique » qui est à l’origine des difficultés dans les mairies. L’adjoint au maire de Diourbel confirme ces propos de son collègue de Diaobé en affirmant que ces recrutements politiques sont la satisfaction d’une clientèle qui a soutenu la candidature du nouveau maire. « Cette pléthore de personnel dans les mairies est souvent due à la satisfaction d’une clientèle politique qui avait accompagné le maire pendant qu’il était à la conquête de la mairie. Une fois qu’il est élu, les gens attendent d’être servis comme si c’était un gâteau ; ce qui est dommage », soutient Alioune Tine.
Absence de qualification
Certaines mairies sont donc ces lieux de recasement de personnel politique et non des institutions qui se soucient des profils des personnes qu’ils embauchent. Une réalité que dénonce Alé Lô, Maire de Taïba Ndiaye (département de Tivaouane). « Vous voyez parfois une commune qui a deux véhicules et qui se retrouve avec 20 chauffeurs, ce n’est pas cohérent. Il y a donc un diagnostic à faire, des négociations aussi pour que la commune ait un poids normal par rapport à son personnel aussi bien en hommes qu’en qualité. Nous avons besoin de qualifications, de techniciens. Nous sommes contraints d’aller vers le budget programme à l’image de l’État et cela nécessite des compétences avérées », soutient l’ancien président de l’Union des associations d’élus locaux du Sénégal.
Bachir Kanouté, secrétaire exécutif d’Enda Ecopop, semble dénoncer cela. « Malheureusement les personnes affectées dans ces collectivités le sont plus par clientélisme politique que pour les ressources humaines de qualité. Souvent, en dehors du secrétaire municipal qui a peut-être le niveau du Bfem, tout le reste du personnel n’a pas de qualification et pourtant ils sont payés chaque mois », regrette-t-il, non sans préciser que cette situation n’est pas le propre des municipalités sénégalaises. « Ce qu’on a constaté au Sénégal, c’est ce qui se passe dans plusieurs pays en Afrique », précise-t-il en donnant l’exemple du Mali où, au moment de partir, certains maires en profitent pour faire signer des contrats à durée indéterminée à l’ensemble du personnel. « Cela fait que vous retrouvez un personnel pléthorique dans une mairie qui n’a même pas 50 millions de FCfa de budget de fonctionnement», soutient Bachir Kanouté. Pour l’heure, cette tendance est loin de changer sous nos cieux, surtout que la plupart des mairies s’apprêtent à changer de locataires. Face à cette peur du lendemain, tout peut arriver.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MÉDIA CULPA
EXCLUSIF SENEPLUS - Le 10 novembre, le CNRA dans son omnipotence, a réussi à domestiquer certains médias traditionnels au point de les réduire à de vils gate-keepers, privant la sphère publique d'une information à laquelle elle a, irrécusablement, droit
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 15/11/2021
Le traitement médiatique que la presse a effectué sur l’affaire concernant le maire coriace Barthélemy Dias convoqué à la Cour d’Appel de Dakar le 10 novembre dernier laisse beaucoup de Sénégalais dubitatifs sur l’honnêteté de plusieurs journalistes de la presse écrite. À lire, le lendemain, certaines unes goguenardes quasi-identiques sur le soi-disant échec de la mobilisation populaire autour de Dias, on se demande si réellement, ils ont vécu et couvert le même événement retransmis en direct par les médias alternatifs que constituent les réseaux sociaux. Mais en termes de malhonnêteté et d’imposture intellectuelles, rien de nouveau sous le soleil médiatique puisqu’il est arrivé le mercredi 3 août 2016 qu’une même interview, signée par chaque rédacteur en chef ou directeur de publication des médias concernés, apparût concomitamment dans quatre quotidiens : « Le Témoin », « Libération », « Le Populaire » et « L’Observateur », avec les mêmes chapeaux, les mêmes titres, les mêmes questions et les mêmes ponctuations. L’écosystème informationnel en était tellement secoué et honni au point que l’alors président du Cored, Bacary Domingo Mané, exaspéré, parlât d’une « affaire gravissime, manipulatrice et suspecte » violant l’éthique et la déontologie journalistiques. « Le Cored ne peut pas comprendre que quatre organes de presse présentent à leurs lecteurs une même interview qui a le même titre et le même contenu et à la virgule près », s’était indigné Mamadou Thior, chargé de la communication du Cored.
C’est devenu une trivialité de voir quotidiennement des journaux qui affichent les mêmes unes, abstraction faite de toute coïncidence. Mais rien de surprenant si l’on sait que les rédacteurs en chefs et directeurs de publications de plusieurs de ces journaux sont sustentés, voire stipendiés par des affairistes de haut vol flirtant avec le pouvoir politique dominant. Il appert que la presse subit existentiellement les coups et contrecoups d’une crise économique avec les charges multiples relatives aux salaires, à l’impression, au fisc et à la location pour certains organes, mais ce n’est point une raison pour prostituer sa sainte plume. Par conséquent, quand l’on ne peut pas résister aux voluptés enivrantes des espèces sonnantes et trébuchantes, on marchandise son information au plus offrant. Si certains médias sont devenus poreux aux miasmes du gain et au prurit du lucre, c’est parce qu’ils subissent servilement la mainmise et l’emprise des puissances d’argent dont les intérêts sont portés et colportés par certains journalistes bassement véreux et vénaux.
Et le journaliste français Jean-Claude Guillebaud de parler ainsi de « journalisme de révérence, de conformisme et de suivisme progressivement englué dans un réseau de connivence et de sympathie qui habillent de sourires déculpabilisants une corruption new-look ». Ainsi les médias considérés contre-pouvoir, avec de telles pratiques ignobles qui avilissent et discréditent la profession, deviennent un pouvoir du pouvoir pour ne pas dire des médias au service du pouvoir.
Pour beaucoup, si les journalistes traitent invariablement et simultanément la même actualité de la même façon, c’est parce qu’ils sont sous le joug de leurs bailleurs encartés au pouvoir politique dominant leur enjoignant systématiquement l’article qu’il faut publier en une. Souvent après certaines revues de presse, on a le profond sentiment que la majorité des journalistes écrivent dans la même direction. Les politiciens Mohamed Ndiaye Rahma et Habib Niang, à force de faire régulièrement des unes mémifiées, sont devenus les chouchous d’une certaine presse écrite en déliquescence, d’une certaine presse en ligne en décadence et d’une certaine revue presse fortement « griotisée ». Il ne se passe pas une semaine sans que l’un des deux ou les deux en même temps ne bénéficie(nt) d’un article bien ripoliné par la pointe d’une plume suintante exhalant les senteurs fétides d’une encre corrompue. Leur moindre rictus public est survalorisé, surmédiatisé dans les colonnes des journaux et les revues de presse. La désinvolture a atteint son paroxysme.
Ces travers sont symptomatiques de l’état de collapsus économique dans lequel geint la presse sénégalaise. Au Sénégal, le président Sall s’enorgueillit sur certains tréteaux de n’avoir pas dans ses prisons un seul journaliste embastillé pour avoir exprimé ses opinions ou divulgué une vérité factuelle. Pourtant le Sénégal a reculé dans l’édition 2021 du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Notre pays occupe la 49e place sur le placement mondial de la liberté de la presse. Il est 7e sur le continent africain perdant ainsi deux places. Une manière de dire que la presse va mal dans ce pays. Aujourd’hui, beaucoup de journalistes végétant dans des organes de presse impécunieux étouffent dans les prisons crasseuses et crapoteuses des difficultés financières asphyxiantes auxquelles ils sont confrontés dans leur tragique quotidienneté. Et pour s’en affranchir, certains sont prêts à mettre à l’encan les deux vertus les plus quintessentielles chez un professionnel des médias : la dignité et l’honnêteté.
Revenant à la convocation du maire de Mermoz-Sacré-Cœur à la Cour d’Appel, il faut aussi noter que les grands médias audiovisuels ont préféré se carapater plutôt que couvrir l’événement en live. Comme une sorte de conspiration tacite, ces médias mainstream ont refusé de retransmettre en direct ce qui constituait l’actualité phare ce jour du 10 novembre. Certains médias télévisuels très suivis pendant ces moments de tension politique ont préféré diffuser des programmes hypnagogiques allant dans le sens d’endormir les sens et d’annihiler toute sensibilité pouvant susciter une forme de révolte individuelle contre toute injustice de la justice inféodée au pouvoir politique dominant. C’est leur liberté éditoriale.
Mais l’on considère que l’oukase du Tsar du CNRA Babacar Diagne prohibant, lors des événements de mars dernier, « toute diffusion d’émissions, de programmes, de contenus ou de propos faisant explicitement ou implicitement l’apologie de la violence » est encore rémanent. Aujourd’hui, la quasi-totalité des médias audiovisuels n’ose plus diffuser les images de manifestations du genre de mars dernier. La censure institutionnelle a laissé place à l’autocensure professionnelle. Ce 10 novembre, le CNRA dans son omnipotence a réussi à domestiquer certains médias traditionnels au point de les réduire à de vils gate-keepers, privant la sphère publique d’une information à laquelle elle a, irrécusablement, droit. Mais comme le dit la Charte de déontologie des journalistes français universalisante « le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre ».
À y regarder de près, ce principe sacro-saint du journalisme ne parvient pas encore à franchir la porte de certaines rédactions. L’actualité doit rythmer le tempo et la couverture médiatique des faits. Mais pour la journée du 10 novembre, c’est la pétoche ou la poche qui sont passées par là. Et cela au grand dam des téléspectateurs qui, en pareille occurrence, restent scotchés à leur petit écran pour être au parfum de l’événement du jour. En cette ère numérique révolutionnaire où les médiawebs font tomber les Bastilles médiatiques naguère inexpugnables, il serait salutaire pour les médias dominants réputés pour leur rétivité et leur disruption de ne pas se laisser intimider par un CNRA déphasé dont la mission première est d’anesthésier ou de museler leur grande gueule puante de vérité dérangeante. Faute de quoi, l’opinion se détournera d’eux sans barguigner. Et la remontada, en cas de perte d’audience, risque d’être pénible.
''La mort frappe toujours sans prévenir'', voici le refrain de la nouvelle chanson de Lass que nous vous proposons d'écouter.
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COMMENT SURMONTER LES CRISES DÉMOCRATIQUES
Qu’est-ce qui explique la difficulté des pays africains à établir des systèmes de gouvernance démocratique ? Quels rôles pour les organisations régionales et les mouvements citoyens face aux aux conflits ? Réponse avec Abdoulaye Bathily
L’on assiste à une recrudescence de coups d’Etat civiles et militaires et un rétrécissement de l’espace civique dans un nombre grandissant de pays d’Afrique depuis quelques années, alors même que les graves crises institutionnelles et politiques que connaissent certains pays du continent depuis plusieurs années sont encore loin d’être résolues. Qu’est-ce qui explique la difficulté qu’ont beaucoup de pays du continent à établir ou consolider des systèmes de gouvernance démocratique ? Quels rôles les organisations régionales et les mouvements citoyens peuvent-ils jouer pour mettre fin aux crises et conflits et consolider la démocratie ? Comment assurer un avenir meilleur dans la dignité sur le continent aux jeunes générations d’Africains ?
Une conférence publique organisée par TrustAfrica et animée par l'Historien et panafricaniste de renom, le Professeur Abdoulaye Bathily.
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DIARY SOW SUSCITE LE TOLLÉ
L'étudiante et autrice dont la disparition a tenu le Sénégal en haleine début 2021, a cette fois provoqué l'indignation en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ
L'étudiante et autrice sénégalaise Diary Sow, dont la disparition a tenu son pays en haleine début 2021, a cette fois causé un tollé en expliquant en termes crus le sens de son roman tout juste publié autour du thème du départ.
L'étudiante de 20 ans inscrite dans un prestigieux établissement français vient de publier "Je pars", un roman inspiré de son histoire. Dans un entretien accordé à l'AFP, elle a expliqué avoir "écrit ce bouquin pour régler quelques comptes", avec ceux qui lui avaient reproché sa disparition et l'avaient, pour certains, durement attaquée, lui déniant selon elle le droit de vivre sa vie.
"Le livre au complet est une façon de dire: +je vous emmerde+", a-t-elle dit.
Ces propos ont déclenché un torrent de réactions défavorables. Le mot-dièse Diary Sow est devenu viral au Sénégal, la vidéo a été abondamment partagée sur les réseaux sociaux en français et en ouolof, et ses mots ont fait la une de certains journaux.
Les mots choisis passent très mal au Sénégal, où de telles paroles sont considérées comme beaucoup plus offensantes qu'en France et susceptibles de dégénérer en violences. Ils y sont encore plus difficiles à accepter de la part d'une jeune femme.
Mais c'est aussi la teneur du message qui a choqué, valant à Diary Sow les reproches d'ingratitude et d'insolence.
"Quel culot!", s'est étranglée Aminata Banel sur Twitter, "dans quelle société est-il normal de disparaître sans prévenir et laisser les gens te chercher des jours durant, ensuite revenir au pays sans les remercier de leurs efforts, et pour finir sortir un livre pour leur dire: +je vous emmerde+?".
"Les gens se sont mobilisés, se sont inquiétés, ont cru au pire, ont prié pour un +je vous emmerde+", s'est indigné Yang, un autre internaute.
Alioune Tine, ancien professeur de français à l'Université de Dakar et éminent défenseur des droits, a été l'un des rares à prendre le parti de la jeune femme.
"Elle a un sacré culot, cette femme qui s'affirme et s'émancipe en toute tranquillité", a-t-il réagi sur Twitter. Il a noté sa "précocité intellectuelle dans une société très conservatrice et patriarcale où l'on infantilise la femme".
Diary Sow a assuré dimanche sur Twitter que ses mots s'adressaient à "tous ceux qui m'ont injuriée dans la lâcheté de l'anonymat, allant jusqu'à me traiter de +pute+", et qu'aux autres elle vouait "remerciements et reconnaissance".
Etudiante en classe préparatoire au lycée parisien Louis-le-Grand, Diary Sow, connue dans son pays pour y avoir été distinguée deux fois meilleure élève, avait provoqué un vif émoi en ne se présentant pas à la reprise des cours en janvier. Une enquête ouverte pour "disparition inquiétante" avait finalement été refermée quand la jeune femme était réapparue au Sénégal en février, après plus d'un mois de mystère et de spéculations.
L'OPOSITION ENRAGE CONTRE MACKY SALL
La sortie du chef de l’Etat à Paris soutenant que personne ne peut l’intimider, a fait réagir nombre de ses opposants. De Sonko à Abdoul Mbaye sans oublier Bougane Guèye, florilège de ces réactions indignées
La sortie du chef de l’Etat à Paris soutenant que personne ne peut l’intimider, n’a pas échappé aux leaders de l’opposition. Certains comme Ousmane Sonko, Bougane Guèye, Abdoul Mbaye n’ont pas tardé à réagir à cette attaque faite à l’opposition en cette période de pré-campagne pour les Locales. Quand Sonko fait état de la peur du président Sall, Bougane et l’ex-Pm invitent respectivement Macky à l’humilité et à résoudre les difficultés auxquelles ses compatriotes font face.
«Personne ne peut m’intimider. C’était impossible avant que je ne sois chef d’Etat, a fortiori aujourd’hui que Dieu m’a mis au pouvoir. Il y a des gens qui, si vous les suivez dans leur logique, vous poussent à poser des actes regrettables.» Ces propos tenus par le Président Macky Sall à Paris, lors d’une rencontre avec la communauté sénégalaise en France, ont provoqué la colère de certains leaders de l’opposition. Et ces derniers n’ont pas hésité à lui répondre à travers les réseaux sociaux.
Commentant les propos du chef de l’Etat, Ousmane Sonko, leader du Pastef et membre de la coalition électorale Yewwi askan wi, fait savoir que «ce passage d’une posture offensive, arrogante et méprisante à une attitude défensive et nerveuse en dit très long sur l’état d’esprit de notre «champion» national, qui devrait certainement intéresser les psycho-politistes».
Pour le leader de Pastef, cette attitude montre que le président de la République a peur. «Il (Macky Sall) confirme, du moins, ce que tous les Sénégalais savaient déjà : borom «O Fañin Fañin fañ fañ fañ ta watiatia» a dorénavant peur», a-t-il écrit. Et d’ajouter : «Chers concitoyens, ce n’est pas le moment de relâcher la pression, mais plutôt de l’accentuer pour en finir avec ce régime de tous les maux. Nous n’en sommes plus loin, Inchallah. Mais rappelez-vous : les félidés ne sont jamais aussi dangereux que quand ils ont peur, a fortiori lorsqu’ils paniquent !»
Réagissant à cette sortie de M. Sall, Abdoul Mbaye a quant à lui rappelé «qu’un tigre ne crie pas sa tigritude». Raillant le chef de l’Etat, le leader d’Act soutient qu’il «était plus discret en mars dernier». Et d’avertir : «Qu’il comprenne plutôt que sa vraie protection est la solution aux problèmes des Sénégalais et non en se tapant la poitrine parce que ses Forces de l’ordre ont brutalement maîtrisé 100 manifestants. Qu’il se méfie de la baisse constante du pouvoir d’achat des Sénégalais et de leur appauvrissement régulier face aux scandales et pratiques illicites qui se multiplient.»
Bougane Guèye Dany et Dethié Fall ont aussi répondu au président de la République. Le leader de Gueum sa bopp l’a invité à faire preuve d’humilité. «La grandeur d’un homme se mesure à son degré d’humilité (…) Alors M. le Président, vous détenez le pouvoir temporel certes, mais la force et la puissance appartiennent à Allah Subhaana Wa Taala.»
Evoquant les manifestations à Dakar mercredi dernier, suite au renvoi du procès de Barthélemy Dias, Dethié Fall estime que le Président Sall «n’a tiré aucun enseignement de ce qui s’est passé le 10 novembre 2021 dans les rues de Dakar». Selon lui, «un chef d’Etat qui se laisse éblouir par tous les pouvoirs qu’il a entre ses mains jusqu’à les rappeler, est juste pitoyable».
«NOUS N'AVONS JAMAIS DISCUTÉ AVEC QUELQUE AUTORITÉ QUE CE SOIT SUR NOTRE DECISION D'ETRE CANDIDAT OU PAS»
Tête de liste majoritaire du Parti de l'Espoir et du Progrès (Pep) et candidat à la mairie de Saint Louis, Mary Teuw Niane a présenté son programme
Tête de liste majoritaire du Parti de l'Espoir et du Progrès (Pep) et candidat à la mairie de Saint Louis, le Pr Mary Teuw Niane a présenté son programme. En marge de cette activité, il a fait beaucoup de révélations sur sa liste qu'il qualifie d'indépendante. Il jure que sa liste n'a pas eu d'autorisation de qui que ce soit. Insistant, il souligne qu’il n’a pas eu à en "discuter avec le président Macky Sall" qui a annoncé avoir autorisé certaines listes parallèles, notamment à Kolda et à Bignona.
Moins de vingt-quatre (24) heures après la publication des listes pour les Locales du 23 janvier 2022, le Pr Mary Teuw Niane a présenté son programme pour Saint-Louis. C'est dans une salle archi comble qu'il s'est adressé aux Saint-Louisiens en soutenant que les propos du Président Macky Sall selon lesquels il a autorisé certaines listes ne le concernent pas. «Ce que je peux vous dire sur ma liste, c'est qu'elle n'a pas eu d'autorisation venue de qui que ce soit, puisque je n'ai jamais parlé avec le Président sur les questions liées aux élections locales, au récépissé d'un parti. C'est clair», a déclaré le candidat du PEP.
Très en verve, il a indiqué que le point de départ de sa liste coïncide avec le 12 janvier 2020. «A l'époque, personne ne parlait de liste de parti ou de quelque coalition que ce soit. Nous n'avons jamais eu à discuter avec quelque autorité que ce soit sur notre décision d'être candidat à la mairie de Saint-Louis ou de ne pas l'être. Nous n'avons pas besoin d'être parrainé par quelqu'un pour aller à la conquête des suffrages des doomu Ndar», affirme l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur. Et ce dernier de seriner : «Nous n'avons besoin pas d'autorisation pour être candidat aux élections locales du 23 janvier 2022. Ce qui nous intéresse, c'est notre chère ville Saint-Louis. Nous avons un ambitieux programme. Nous sommes Saint-louisien et voulons quelque chose de mieux pour notre ville et notre département. Nous sommes convaincu que si nous sommes élu, ces projets seront réalisés et Saint-Louis aura un visage beaucoup plus rayonnant », a soutenu l’un des challengers de Mansour Faye à la mairie de Saint Louis. S’agissant de son programme, Pr Mary Teuw Niane indique qu’il «prend en compte toutes les préoccupations de la ville de Saint-Louis».
PRÉVALENCE DU DIABETE, LA REGION DE SAINT-LOUIS AFFICHE UN TAUX DE PLUS DE 10%
Le président de l’Association Sénégalaise de Soutien et d’Assistance aux diabétiques (Assad), Baye Omar Gaye, invite les populations à se faire dépister et à pratiquer du sport
Le diabète est très présent à Saint-Louis où le taux de prévalence s’élève à plus de 10% contre 3,4% pour les autres régions. C’est dire que cette maladie fait des ravages dans le nord du pays. C’est pourquoi le président de l’Association Sénégalaise de Soutien et d’Assistance aux diabétiques (Assad), Baye Omar Gaye, invite les populations à se faire dépister et à pratiquer du sport.
A Saint-Louis, plus de 10% des populations sont diabétiques. La révélation a été faite par le président des diabétiques de Saint-Louis, Doudou Diop. «La situation de la région est préoccupante. En 2010, le taux de prévalence était de 10,4% alors que la moyenne nationale n’était que de 3,4%. C’est inquiétant », s’émeut le président Doudou Diop qui estime que plusieurs facteurs expliquent cet accroissement de la maladie. A l’en croire, la sédentarité favorise l’obésité qui constitue l’un des facteurs de risque de la maladie, en sus de l’hypertension artérielle. «L’obésité occupe presque 48%. Ces résultats ont été facilités par le Pr Abdou Kane. La sédentarité était estimée à 56,2%. Ce sont des facteurs qui poussent vers cette maladie qui fait véritablement des ravages dans la région de Saint-Louis », affirme-t-il.
UNE UNITE DE PRISE EN CHARGE RECLAMEE A SAINT-LOUIS
Evidemment, cette situation préoccupe fortement les associations des diabétiques ainsi que les populations qui se mobilisent pour tirer la sonnette d’alarme. Ainsi, Baye Omar Guèye est monté au créneau pour inviter les populations à respecter les conseils nutritionnistes, se faire dépister et pratiquer le sport. “La sédentarité, l’obésité et le surpoids sont des facteurs de diabète », a indiqué le président de l’Assad lors de la randonnée pédestre organisée ce week-end à Saint-Louis qui abritait la journée nationale de lutte contre le diabète. Du fait de la recrudescence de la maladie dans la région, les malades réclament une unité de prise en charge des patients. Car, ces derniers se déplacent parfois jusqu’à Dakar pour y subir des soins. Pis, chaque semaine, trois amputations sont dénombrées dans la région. D’où l’alerte lancée par les malades.