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25 juin 2025
LE PARCOURS DE FADILOU DIOP REVISITÉ PAR ELGAS
Admiration, nostalgie, souvenirs, respect… sont souvent revenus de la bouche du parterre d’invités venus assister, samedi, à la cérémonie de lancement du livre de l’auteur Souleymane Elgas, paru sous le titre «Fadilou Diop, un juste»
Admiration, nostalgie, souvenirs, respect… ces mots sont souvent revenus de la bouche du parterre d’invités venus assister, samedi, à la cérémonie de lancement du livre de l’auteur Souleymane Elgas, paru sur le titre «Fadilou Diop, un juste». Le livre revient sur le parcours de l’avocat Me Fadilou Diop (1919-1986), ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Sénégal. Les témoignages quasi unanimes ont fini de montrer l’exemplarité qu’incarnait cet homme de valeur, pourtant peu connu de la génération présente.
La cérémonie de lancement du dernier livre de Souleymane Elgas qui revient sur le parcours de l’avocat Me Fadilou Diop a rassemblé samedi, au sein du Musée des civilisations noires de Dakar des sommités autant politiques, universitaires, membres du barreau que des connaissances amicales ou des membres de la famille. Tous ont unanimement salué la mémoire de l’illustre Me Fadilou Diop «homme de droiture, de synthèse, de talent, d’élégance, d’éloquence, de foi…». Et c’est dans la ferveur que l’auditoire a suivi et bu goulûment et avec volupté les différentes interventions ponctuées parfois de croustillantes anecdotes. Même la longueur des interventions n’a pu émousser l’attention des uns et des autres. De la brève présentation du livre, on retient qu’il constitue un pèlerinage dans le passé du principal personnage, retraçant son cursus, ses combats, ses convictions et principalement son patriotisme. L’auteur dira s’être évertué à transmettre, à travers des témoignages, cette trajectoire qui revivifie la dynamique d’une époque où l’ascension se faisait à la force des idées. Au fil des pages, il plonge le lecteur dans «la photographie d’une période charnière, avant et après les indépendances, avec les enjeux, les batailles, les péripéties. Toutes choses que Fadilou Diop a connu, avec une place privilégiée d’acteur de premier plan».
Parmi les témoignages celui de Cheikh Sourang aura retenu l’attention. Il décrit en la personne de Me Diop «un homme carrefour qui maitrise avec la même aisance les langues, les gestes, les mots. Un éducateur fini autant dans la parole que dans le comportement». Selon lui, comme avocat, Me Diop imposait admiration autant «dans les arguments que dans la conduite».
Le Professeur Abdoulaye Bathily évoque «un avocat patriote» qu’il a d’abord suivi de loin avant de le découvrir de plus prés. «Toutes les fois où nous avons été confrontés à des déboires judicaires, dans le cadre de combats politiques, Me Diop était toujours présent, de manière volontaire. Son action se confond incontestablement à l’émancipation et à l’expression de la liberté démocratique dans notre pays», dira t-il. Pr Abdoulaye Bathily encourage la nouvelle intelligentsia sénégalaise à davantage mener ce genre d’enquêtes, pour revenir sur le parcours des figures marquantes qui ont joué un rôle majeur, dans l’histoire de leur nation. Ne pas revenir sur le parcours de certains patriotes constitue un déni d’un important pan de l’histoire de notre pays.
Des témoignages, il ressort également que Me Fadilou Diop aura d’une manière ou d’une autre, de prés et de loin participé à la défense d’un Sénégal des valeurs assujetti à un Etat juste et respectueux des règles établies. Son humilité déconcertante était égale à sa fermeté dans le travail bien fait. Sa disponibilité pour les causes justes en faisait un homme de commerce facile. Me Diop était par-dessus tout, et au-delà de tout, un fervent croyant et un ténor du barreau, diront deux de ses anciens stagiaires.
MOHAMED MBOUGAR SARR PARMI LES QUATRE FINALISTES DU PRIX GONCOURT
L’écrivain sénégalais figure parmi les quatre finalistes du prix 2021 dont la liste a été rendue publique ce mardi
L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr figure parmi les quatre finalistes du prix Goncourt 2021 dont la liste a été rendue publique ce mardi.
Ces quatre finalistes sont Christine Angot pour son roman ‘’Le Voyage dans l’Est’’, Sorj Chalandon avec ‘’Enfant de salaud’’, Louis-Philippe Dalembert et son ’’Milwaukee Blues’’ ainsi que Mohamed Mbougar Sarr pour ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’.
Le prix Goncourt sera remis le 3 novembre prochain, au restaurant Drouant.
Cette prestigieuse distinction a été attribuée l’année dernière à Hervé le Thellier pour ‘’L’Anomalie’’ publié aux éditions Gallimard.
’’La plus secrète mémoire des hommes’’ est le quatrième roman de Mohamed Mbougar Sarr. L’ouvrage de 448 pages se présente comme ‘’un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel. Un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face à face entre l’Afrique et l’Occident’’, écrit l’auteur.
Coédité par les ‘’Éditions Philippe Rey‘’ France et ‘’Jimsaan’’, la maison d’édition de l’écrivain Felwine Sarr, Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia (Sénégal), le roman raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, qui, en 2018, découvre à Paris un livre mythique ‘’Le labyrinthe de l’inhumain’’ paru en 1938.
’’Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par Amsterdam et l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?’’.
Diégane est un ancien d’un lycée militaire d’excellence au Sénégal et étudiant en lettres à Paris, ce qui n’est pas loin du parcours de l’auteur Mohamed Mbougar Sarr.
’’La plus secrète mémoire des hommes’’, roman de la rentrée littéraire, est en lice pour le ‘’Prix littéraire Le monde’’ et pour le ‘’Prix du roman news’’, ‘’Prix Renaudot’’, etc.
Mohamed Mbougar Sarr a déjà publié trois romans : ‘’Terre ceinte’’ (Présence Africaine 2015), qui a obtenu le Prix Ahmadou Kourouma et le Grand Prix du roman métis.
Il a aussi écrit le livre ‘’Silence des chœurs’’ (Présence africaine 2017) qui a été récompensé par les prix Littérature Monde et Etonnants Voyageurs en 2018 et ‘’De purs hommes’’ (Philippe Rey/Jimsaan 2018).
L’Académie du Goncourt a introduit quelques changements dans son règlement. Elle fait ainsi savoir que les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches parents des membres du jury ne pourront pas être retenus.
Pour respecter le secret du vote, l’Académie a estimé que les 10 jurés du prix Goncourt "qui tiennent une rubrique littéraire dans un média s’abstiennent de chroniquer les ouvrages qui figurent dans la sélection aussi longtemps que ces ouvrages y figurent".
«UBBI TEY, JANG TEY» : QUAND LE DERNIER MOT REVIENT AUX ELEVES !
«Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’éducation Nationale, prochainement, veuillez recueillir l’avis des élèves avant de fixer une quelconque date pour l’ouverture des classes».
Pour la petite histoire, le concept «ubbi tey, jang tey» a été lancé en 2014/2015 par le régime du Président Sall, afin de mobiliser tous les moyens ainsi que tous les acteurs du système éducatif, avec pour objectif final de démarrer les cours dès le premier jour de rentrée. Personnellement, je suis mal à l’aise avec un tel concept parce que, comme l’assène souvent un collègue et à juste raison, dans un système normal, l’ouverture des classes est faite pour et seulement pour débuter les enseignements apprentissages.
Sept ans après son lancement, la concrétisation du concept demeure un défi majeur pour le ministère de l’Education nationale. Si dans certains établissements, du public en particulier, ce sont les table-bancs ou des salles de classes qui font défaut, dans d’autres, c’est le manque d’enseignants qui fait obstacle au démarrage effectif des enseignements. Ailleurs, ce sont des écoles où il n’y a ni désherbage ni nettoyage. En somme, c’est l’insalubrité totale. A ces problèmes listés plus haut, s’ajoute surtout l’absence des apprenants.
Dix jours après leur rentrée (14 octobre), la plupart des élèves brillent toujours par leur absence. Les enseignants, à qui je rends un vibrant hommage mérité, présents depuis le 11 octobre pour répondre à l’appel du devoir, se tournent toujours les pouces, pour la plupart d’entre nous. Quelques fois, s’ils arrivent à avoir des élèves, ils ne font cours que très timidement. Nous attendons toujours les nouveaux patrons du système éducatif qui définissent quand est-ce que les cours doivent réellement débuter. Si ma mémoire est bonne, c’est un Inspecteur de l’Education et de la Formation à Ziguinchor qui a récemment sorti une circulaire ordonnant aux enseignants de faire cours, même avec un seul élève présent. Ceci est une illustration parfaite de la situation en ce début d’année scolaire. Une image peut valoir mille mots/maux. Le changement comportemental ne s’est pas encore réalisé, du moins chez certains acteurs, pour que le «ubbi tey, jang tey» ne soit pas un slogan creux.
Par la seule volonté des élèves, le quantum horaire risque d’être entamé. Ce qui est inacceptable. C’est la raison pour laquelle, je pense qu’il est grand temps que la fin de la récréation soit sifflée pour les années à venir. Comment auraient réagi le ministère de l’éducation, les parents et même les médias, si d’habitude, les élèves en majorité, étaient présents les premiers jours et que ce soient les enseignants qui prolongeaient leurs vacances ? Bonne année scolaire 2021/2022 à tous les enseignants du Sénégal !
Saliou YATTE
Professeur d’anglais au lycée de Dodel Podor département
Email : yatmasalih@gmail.com
Par Arouna BA
COMMENT J’AI VECU (ET VAINCU) MON BEGAIEMENT, DU SCOLAIRE AU MONDE PROFESSIONNEL
Je me suis débrouillé seul pour trouver des stratégies plus ou moins efficaces afin de faire face à des situations difficiles de prise de parole durant tout mon parcours scolaire
Mon bégaiement a commencé dès le bas âge. Je ne me souviens pas d’avoir eu une parole fluide durant mon enfance. Je n’ai subi aucun traumatisme et personne ne bégaie dans mon entourage immédiat. Je n’ai jamais été suivi par un orthophoniste ou un psychologue. Je me suis débrouillé seul pour trouver des stratégies plus ou moins efficaces afin de faire face à des situations difficiles de prise de parole durant tout mon parcours scolaire. Aujourd’hui, j’ai dépassé la trentaine, je suis dans le monde professionnel et je suis toujours contraint de composer avec le bégaiement, mais avec une toute autre mentalité.
École primaire : lire à haute voix était difficile
Mes premiers souvenirs remontent à l’école élémentaire, au CI précisément. Je me rappelle avoir eu beaucoup de difficultés à lire à voix haute. J’avais du mal à prononcer correctement les mots et à finir des phrases. Bafouillages, répétitions, hésitations, blocages... étaient caractéristiques de ma parole. Répéter une phrase aussi simple que ‘’Sidy va à l’école’’ me prenait beaucoup plus de temps, comparé aux autres élèves. Je ne me sentais pas différent par rapport aux autres enfants, mais j’étais surpris de ne pas pouvoir parler comme eux. Je rappelle que notre maîtresse d’école, madame Ndao, était bienveillante à mon égard. Elle ne me faisait aucune remarque sur ma façon de dire les mots et ne me forçait pas à lire. Ce fut le cas durant presque tout mon parcours au primaire. Personne ne se moquait de moi en classe, même s’il y avait quelques petites railleries des camarades dans la cours de récréation.
Collège et lycée : stratégie de l’évitement
C’est au collège que j’ai eu le plus de mal à accepter mon bégaiement. Quand je me suis entendu parler pour la première fois, je me suis senti ridicule. J’avais une élocution saccadée, un débit rapide, beaucoup d’hésitations... Alors j’ai essayé de masquer mon bégaiement du mieux que j’ai pu. Je fuyais systématiquement toutes les situations de prise de parole en classe. Je parlais peu ou pas. Les tours de table pour se présenter en début d’année et les présentations d’exposés étaient un véritable calvaire. Je vivais un stress permanent lors des cours d’anglais où il y avait beaucoup d’exercices oraux. Je butais beaucoup sur les voyelles, en particulier la lettre A. Et cela a longtemps conditionné ma vie jusqu’à dicter mes choix alimentaires. Je préférais par exemple acheter du pain thon plutôt que le pain acara (beignets haricots) juste pour éviter le A de acara.
Et comme je l’ai expliqué à l’Association bégaiement communication du Canada, il y a quelques mois, mon prénom Arouna me posait encore plus de problème puisqu’il n’y a pas d’autre mot équivalent. Pour contourner la difficulté, je place une consonne devant pour le dire plus facilement : C Arouna, T Arouna... Malgré toutes ces difficultés, mon bégaiement n’a pas vraiment impacté ma scolarité. Mis à part les exercices oraux, j’ai beaucoup aimé les études et toujours eu de bonnes moyennes. J’ai même été, quelques fois, premier de ma classe. Au lycée, j’avais un peu plus confiance en moi et j’étais moins angoissé à l’idée de prendre la parole, surtout en public. C’est ainsi que j’ai été volontaire pour être responsable de classe et président du club scientifique pour encore plus me confronter à ces situations.
Monde professionnel : internet m’a sauvé
Mon bégaiement a toujours été en courbe sinusoïdale. Je suis capable d’enchainer une très bonne période avec d’autres plus compliquées. En classe de 3e au collège et en 1ère au lycée, je me souviens d’avoir eu des années très fluides. Pareil, durant quelques années à la fac. Pendant la période de formation professionnelle, par contre, tout était bien plus difficile. Parler était devenu un vrai supplice. Je déployais des efforts importants, voire extrêmes, avec peu de satisfaction. Et cela m’a fortement porté préjudice lors de mon tout premier entretien de stage qui finalement, restera le dernier. Je me rappelle encore de cet après-midi du mois de juin. J’avais rendez-vous avec l’entreprise à Dakar. J’avais parcouru une distance assez longue pour être sur les lieux à 15h. Il faisait chaud. J’étais fatigué. Je venais d’enchainer deux années de formation dans un contexte social très difficile. Et pour ne rien arranger, la peur d’être jugé sur ma façon de parler me tétanisait. Je vous passe les détails de l’entretien, mais je peux vous dire que j’ai fait pire que le rater, c’était une catastrophe. Et depuis lors, je me suis juré de ne plus passer des entretiens d’embauche. Sauf si c’est le président de la République qui m’appelle peut être. C’est ainsi que j’ai quitté ce secteur pour retourner à mes premiers amours : le web et internet de façon générale.
Pendant mes années de fac, j’avais développé des compétences dans ce domaine, notamment grâce à des formations avec Radio France International (Rfi) et avec des entrepreneurs du web sénégalais comme Basile Niane et Moustapha Sarr (bègue comme moi) qui m’ont fait découvrir le monde de l’entrepreneuriat web. Mais j’ai surtout eu la chance de rencontrer l’un des plus grands consultants Seo français, qui m’a proposé de travailler avec lui, sans m’embêter avec des entretiens ou des réunions en ligne, juste sur la base de ce que je savais faire. Et cela dure depuis des années maintenant. Aujourd’hui, ma posture professionnelle, le fait d’être jeune chef d’une petite entreprise (et d’une petite famille)m’aide à penser positivement et à me convaincre que je n’ai rien à prouver ni à craindre.
Mon bégaiement n’a pas disparu (même si j’ai l’impression de m’être bien amélioré), mais je l’ai vaincu puisque je ne crains plus de buter sur les mots face à n’importe qui et à n’importe quel auditoire. Sortir du bégaiement, c’est sortir de la peur de bégayer, comme disait l’autre.
La journée mondiale du bégaiement a été célébrée au Sénégal ce 23 octobre par l’Association pour la prise en charge du bégaiement au Sénégal (Apbs) avec comme thème ‘‘Parlons pour créer le changement’’. Sur ce, je partage cette réflexion de Stéphane Laporte, chroniqueur québécois : «J’aimerais dire à tous les petits culs qui bégaient de ne pas s’enfermer dans le silence. Bien sûr, il y aura toujours des cons pour rire de vous. Mais ce n’est pas grave. Eux n’expriment que leur bêtise. Vous, vous avez de belles choses à dire. Et ce n’est pas parce qu’elles prennent plus de temps à être transmises que vous devez les taire. Aristote, Isaac Newton, Jean-Jacques Rousseau, Winston Churchill, Albert Einstein bégayaient, et ils ont tous été entendus. Pour le bien de tous. Alors, parlez-nous. Pour le bien de vous. Pour le bien de nous. »
MARATHON EIFFAGE : TOUR DE PISTE AVEC SENAC ET BADIANE
Après la 2e édition tenue en mars 2019, le Marathon Eiffage de Dakar de cette année, dont le lancement s’est fait jeudi dernier, sera effectif pour sa 3e édition, les 20 et 21 novembre prochain, après un léger décalage dû à la pandémie du Covid-19
Après la 2e édition tenue en mars 2019, le Marathon Eiffage de Dakar de cette année, dont le lancement s’est fait jeudi dernier, sera effectif pour sa 3e édition, les 20 et 21 novembre prochain, après un léger décalage dû à la pandémie du Covid-19. Le Pdg d’Eiffage, Gérard Sénac, et son Dg-adjoint, Alioune Badiane, sont dans les starting-blocks. Entretien croisé.
La 3e édition du Marathon Eiffage de Dakar aura finalement lieu les 20 et 21 novembre prochain, Covid-19 oblige. Quel est le sentiment qui vous anime ?
Gérard Sénac : Si vous avez bien suivi le lancement d’hier (jeudi), Alioune (Badiane) a bien expliqué le pourquoi de cet engouement des équipes d’Eiffage pour ce marathon. Lorsqu’un gouvernement est représenté, la mairie de Dakar, le Cnoss (Comité national olympique et sportif sénégalais), de nombreux Sénégalais aussi présents au lancement, avec vous les médias, c’est que ça devient un événement important, international qui, je l’espère, à partir de la 3e édition, va devenir pérenne. Il faut souhaiter que tous les deux ans qu’on ne soit plus confrontés au Covid-19 ou autres.
Pour moi, c’est à la fois de la joie, un peu de fierté, un sentiment d’avoir réalisé un rêve parce qu’en 2016, on n’était vraiment pas sûrs de notre coup. Nous sommes entrepreneurs, nous ne sommes pas organisateurs de marathon. On travaille avec de jeunes entreprises, de jeunes médias, des structures existantes au Sénégal pour essayer, ensemble, de faire quelque chose pour le bien des Sénégalais. Une course comme celle-là, c’est avant tout la jeunesse. On va essayer de tendre la main à cette jeunesse qui a besoin de s’exprimer. On est restés bloqués, enfermés. Aujourd’hui, tout le monde a besoin de s’exprimer. J’espère que là aussi, comme lors du deuxième marathon, on sera accompagnés par les différentes régions du Sénégal au niveau du tourisme et que chaque région pourra mettre ses danseurs, son folklore, sa culture qui avaient plu énormément aux personnes venues d’Europe.
Contrairement à 2019 où l’évènement s’est tenu en mars, pour l’année 2021, vous avez été obligés de le décaler en novembre pour cause de Covid-19. Comment avez-vous vécu cette période difficile ?
Alioune Badiane : C’est vrai qu’on devait le faire en mars 2021. Mais comme vous le savez, avec cette pandémie, cela a été incertain pendant très longtemps. Actuellement, on est en train de constater une baisse notoire des cas. Cela veut tout simplement dire que les gens commencent à prendre confiance et que c’est faisable, malgré le fait qu’on y a toujours cru. On a été pugnaces.
A quel moment vous vous êtes dit que ça pouvait bien se tenir cette année ?
Alioune Badiane : On y a cru depuis le début. Même si on n’avait pas des éléments clairs qui pouvaient nous dire qu’on pouvait le faire à cette période-là. Mais on y a toujours cru. Ensuite, on s’est dit qu’il faut vivre avec ce virus. Il fallait, à ce moment-là, réfléchir pour mettre en place des dispositifs qui nous permettront de veiller à la santé des coureurs et de la population. On peut dire que c’était le plan B. Maintenant la pandémie est là, on va le faire, mais en prenant les mesures sanitaires qu’il faut. Mais il y a lieu de préciser que le Marathon est biannuel. Donc, cette troisième édition ne pouvait se faire qu’en 2021.
Avez-vous pris quand même le temps de tirer le bilan des deux premières éditions ?
Alioune Badiane : A chaque fois, on se rend compte de l’amélioration et de l’innovation. Ensuite, autour de l’équipe d’Eiffage, il y a un engouement et une solidarité de nos partenaires qui veut que ce marathon soit toujours une réussite. Dans le domaine des Btp, le challenge qu’on a, c’est toujours d’être le premier. On veut, dans d’autres domaines, être aussi les premiers, comme le marathon. Les retours qu’on a des gens qui ont participé, nous donnent encore le courage. C’est pourquoi le bilan ne peut être que positif pour les éditions passées. Nous pensons aussi qu’à chaque fois qu’un marathon est organisé, on aura toujours des bilans meilleurs.
Gérard Sénac : Il faut dire qu’on a toujours été en confiance, même s’il y a des moments où on en a douté. On s’est parlé à plusieurs fois. On ne pouvait pas imaginer que cela ne se fasse pas. Pas forcément pour nous, mais pour la jeunesse sénégalaise, pour la majorité de la population. On s’est donc dit qu’on le fera et qu’on précisera la date. On a eu des réunions avec le gouvernement, le Gouverneur et les différents services pour nous tenir prêts. En fait, on était sur le qui-vive : dès qu’une occasion se présente, on fonce. Ce qu’on a fait hier (jeudi dernier) avec le lancement. Alors que tous les marathons du monde sont, soit reportés soit supprimés, ce n’est pas le cas pour le Sénégal. Ensemble, nous avons essayé de travailler pour trouver la meilleure date. Aujourd’hui, il faut prier et se dire qu’il nous reste un mois. On espère que les coureurs pourront venir au Sénégal avec les règles mises en place par l’Etat du Sénégal.
Justement à un mois de cette troisième édition, est-ce que tout est fin prêt pour gagner le pari de l’organisation ?
Alioune Badiane : On a des prémices qui nous montrent qu’on est sur la bonne voie. Il ne faudrait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. On ne peut pas dire qu’on a gagné déjà, mais on est sur une bonne lancée. Les inscriptions ont commencé, les gens commencent à communiquer. Il s’y ajoute que les cas (Covid-19) ont véritablement baissé. On est en train de prendre toutes les dispositions à notre niveau.
Après Haile Gebrselassie pour la première édition, Marie José Talou pour la seconde, Paul Tergat sera la guest-star pour l’édition 2021. Cela représente quoi d’avoir une légende à ce marathon ?
Alioune Badiane : C’est une stimulation. Cela veut dire que tous ceux qui sont intéressés par l’athlétisme, à travers ces figures qui l’ont marqué sur le plan mondial, voient que ce qu’on est en train de faire, ce n’est pas de la farce. Dès qu’on arrive à faire venir des gens de ce calibre, cela veut dire qu’Eiffage a mis les moyens nécessaires pour présenter à la population un marathon de dimension internationale.
Qu’en est-il de la collaboration avec la Fédération sénégalaise d’athlétisme ?
Gérard Sénac : La collaboration est d’abord effective entre les deux Etats, le Sénégal et la France, ainsi qu’avec les deux ministères des Sports. C’est un partenariat qui est en train d’être noué entre les autorités françaises et celles sénégalaises. Comme l’a dit le ministre Matar Ba, il veut profiter du marathon pour relancer l’athlétisme et que le président de la Fédération sénégalaise et son équipe se mettent demain à la recherche de talents. Et si nous, Eiffage, on peut contribuer à la recherche de jeunes talents sénégalais, lors de cette troisième édition, ce sera tout bénéf pour le Sénégal. Et j’espère qu’on va trouver de jeunes talents. Il ne faut pas oublier qu’il y a les Jeux Olympiques de la Jeunesse (Joj) dans cinq ans. Il y aura peut-être des jeunes qui vont se révéler maintenant. Et si quelques jeunes sont ciblés et sélectionnés par la Fédération, on pourrait peut-être les accompagner. Et je vois plus près avec les Jo de 2024 à Paris.
Alioune Badiane : A ce niveau, je crois que les autorités du Cnoss l’ont bien compris, d’autant plus que pour cette troisième édition, ils se sont impliqués considérablement et ils veulent en profiter pour commencer la sélection. Ils sont conscients que ce marathon peut servir de tremplin afin qu’ils puissent préparer l’organisation des Joj en 2026.
Est-ce qu’il serait possible d’avoir un ancien footballeur africain ou mondial ou dans une autre discipline que l’athlétisme ?
Gérard Sénac : Si des stars internationales nous font l’honneur de venir nous voir, on est prêts à les accueillir en leur offrant toutes les conditions. Pour l’instant, n’ayant pas ces compétences, nous avons Paul Tergat qui est quand même une star, un monsieur qui a été plusieurs fois champion du monde. On a vu l’effet Haile Gebrselassie. Quand il est arrivé à l’aéroport, tout le monde est allé lui serrer la main. Quand il est arrivé au niveau des stands, on a vu la réaction des jeunes sénégalais qui le connaissaient. Une belle image.
Alioune Badiane : C’est possible. On a eu des boxeurs comme Souleymane Cissokho, Souleymane Mbaye. A mon avis, ce n’est pas gênant d’avoir effectivement d’autres légendes du monde sportif.
Combien d’athlètes sont attendus pour la 3e édition ?
Alioune Badiane : Nous avons une option claire. On s’est rendu compte, tout le monde le sait, que les gens de l’Afrique de l’Est sont des professionnels. Et si on les met sur la même longueur d’onde que nos frères sénégalais, il y a de fortes chances que les professionnels kenyans ou éthiopiens soient meilleurs en termes de performances. On a donc préféré, pour cette édition-là, limiter le nombre. Une dizaine d’athlètes de haut niveau sont attendus. Par contre, aussi bien sur le plan des récompenses que des dotations, on va favoriser les Sénégalaises et les Sénégalais qui arriveront dans les premiers. Les voitures seront les primes les plus attractives réservées exclusivement aux Sénégalais qui seront devant. Il y a une enveloppe de 3 millions Cfa pour les premiers arrivants, des bourses pour les étudiants, des primes pour les handisports, mais aussi pour les plus âgés, les vétérans.
Qu’est-ce qui fera la particularité de cette 3e édition ?
Alioune Badiane : Il y a eu des événements qui se sont produits et qui ont fait qu’on était obligés, peut-être, de changer de fusil d’épaule. A cause des travaux de l’Etat du Sénégal, le Brt au niveau de la Place de l’Obélisque qui était notre base, il y a deux ans, on ne peut plus en disposer. Mais on n’a pas perdu au change, car on va s’installer au niveau du Musée des Civilisations et du Grand Théâtre. On a des infrastructures sur place et on envisage de les utiliser, les aménager pour que cela soit plus accueillant et conforme à ce qu’on veut faire, le sport et la culture.
Gérard Sénac : On a retenu les acquis des deux précédents marathons. Ce nouveau site va, en effet, nous permettre d’avoir une plus grande superficie. On a changé le mode de distribution des médailles et des tee-shirts pour améliorer les choses. Et à chaque marathon, on va innover. On va essayer d’éviter les petits soucis qu’on a eus. L’équipe aujourd’hui, c’est du changement dans la continuité, en prônant l’amélioration des acquis, les expériences. J’espère que les futures éditions seront encore meilleures.
Organiser un marathon demande énormément de moyens. Est-ce possible d’avoir le budget de cette édition 2021 ?
Gérard Sénac : Cela va être très difficile de donner un chiffre. Aujourd’hui, on est toujours en train de négocier les budgets des uns et des autres. Nous mettons tous les moyens techniques pour que ce soit un marathon réussi avec le budget le plus faible possible. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’on va limiter les choses, comme l’a dit Alioune, au lieu de faire venir 20 ou 30 spécialistes, on en fait venir que 10. Nous cherchons à faire des économies, sachant que la crise Covid-19 est passée par là. Elle nous a tous fatigués, aussi bien la société que les équipes et que nous allons devoir, avec nos partenaires, voir la juste mesure. Donc, aujourd’hui, on en est à un budget qui devrait être inférieur aux dépenses et investissements qui ont été faits lors des deux premières éditions. On n’aime pas annoncer des chiffres qui ne sont pas analysés. L’essentiel c’est de demander à chaque partenaire d’être compétent, d’être bon, mais avec un produit de qualité, en évitant de dépenser de l’argent, à part les investissements nécessaires. Disons que ce n’est pas un problème d’argent. La demande qui a été faite à Yacine (cheffe du projet), c’est qu’elle soit performante, qu’elle trouve les meilleurs partenaires, avec de meilleurs produits, de manière à assurer un marathon de qualité en toute sécurité. Après s’il faut dépenser 100 francs de plus, je pense qu’elle-même n’hésitera pas à les mettre. Et si on peut faire de l’économie pour réinvestir dans une association de la jeunesse ou de handicapés, c’est peut-être là-dessus qu’on va jouer.
Ce marathon, c’est surtout un investissement sur la jeunesse du pays. Un investissement qui va permettre au pays de gagner de l’argent par rapport au tourisme. L’objectif visé est que le Sénégal soit gagnant au final. On va avoir des gens qui vont arriver du monde entier pour découvrir le Sénégal et vouloir voir la ville de Dakar parce qu’en fait, le marathon va passer dans les beaux quartiers de la ville et ceux de la banlieue. Les gens vont tout découvrir. Et là, on pourra, peut-être, à la fin de l’année, se dire que les investissements, les recettes que le tourisme a générées, les hôteliers et tout cela, ont été équilibrés et le pays est content. Je pense que ce sera le bon budget.
Alioune Badiane : Il faut comprendre que c’est notre engagement et notre politique Rse qui nous animent et qui font qu’on organise ce marathon. Les objectifs de ce marathon, c’est d’abord de faire plaisir à la population sénégalaise, à notre personnel, s’approprier ce marathon et se faire plaisir. Ensuite, il y a l’urgence de la compétition. Ce qui fait que si on se mettait à mettre l’accent sur l’argent, on ne va pas y arriver. Alors que le but est de mettre en place et d’organiser un marathon de haute qualité. La troisième chose, c’est la promotion de la destination Sénégal. En dernier ressort, ce marathon est un marathon sénégalais, au-delà du fait que c’est Eiffage qui organise. Il faut que tous les Sénégalais se sentent concernés. Et le soir de cette fête-là, que tout le monde puisse rentrer chez lui, vraiment très joyeux, en parlant des récompenses, des retrouvailles et des rencontres qui ont été faites. Ce sera le bilan très positif qui nous donnera entière satisfaction.
«LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE A POUSSE LE GOUVERNEMENT A REORIENTER SA STRATEGIE DE SECURITE PUBLIQUE»
Entretien avec… Joseph Denis, coordonnateur du Bureau des affaires internationales en matière de stupéfiants à l’ambassade des Usa
Joseph Denis, coordonnateur du Bureau des affaires internationales en matière de stupéfiants et d’application de la loi (Inl) à l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal, annonce dans cet entretien, réalisé par téléphone, que l’Etat du Sénégal a réorienté sa stratégie de sécurité publique en renforçant davantage sa collaboration avec les populations, les organisations de la Société civile et avec les organisations communautaires de base. M. Denis dresse aussi les grandes lignes d’une coopération dont les retombées seront déclinées lors d’une conférence nationale sur la sécurité collaborative qui se tient aujourd’hui et demain à Dakar.
Pourquoi la tenue d’une conférence nationale sur la sécurité collaborative au Sénégal ?
Inl est une structure d’assistance technique du Département d’Etat des Etats-Unis, qui exécute et développe des programmes d’assistance pour promouvoir la réforme du secteur de la sécurité civile et de la justice pénale. Donc, les programmes d’Inl améliorent l’accès à la justice et promeuvent la stabilité et la réforme démocratique, professionnalisent les Forces de l’ordre, appuient les acteurs locaux du secteur de la justice et forment les systèmes pénitentiaires. Au Sénégal, nous travaillons à renforcer la stabilité et la résilience sur le long terme du Sénégal face à la criminalité transnationale organisée en améliorant la capacité du gouvernement sénégalais à fournir les services de justice et de sécurité efficaces et efficients. Compte tenu de la mutation socio-politique dans la zone, la criminalité transnationale organisée, non seulement au niveau international, mais aussi au niveau local, dans la région, a poussé le gouvernement sénégalais, dans sa stratégie sectorielle de politique publique en matière de sécurité, à penser à réorienter sa stratégie de sécurité publique en renforçant davantage sa collaboration avec les populations, les organisations de la Société civile et avec les organisations communautaires de base ; d’où la notion de sécurité collaborative. Donc, la sécurité collaborative est une approche d’application collaborative de la loi et de la gouvernance sécuritaire pour une meilleure collaboration et une prise en compte plus appropriée des prises en compte des citoyens tout en s’appuyant sur une stratégie de sécurité basée sur la transparence, la responsabilité, l’efficacité, l’anticipation et la prévention. Donc, cette conférence s’inscrit dans le cadre stratégique du gouvernement sénégalais visant à installer un climat d’assurance, de sécurité, installer la paix sociale et renforcer la cohésion sociale qui est au cœur des conditions préalables à l’émergence socio-économique du pays.
Que pouvez-vous dire sur la situation sécuritaire au Sénégal ?
La sécurité publique est placée au cœur de la stratégie de développement du Sénégal qu’est le Plan Sénégal émergent (Pse). Donc, les autorités ont compris qu’assurer un climat stable et la paix sociale comme conditions est un préalable pour l’émergence socio-économique. Dans ce contexte, le gouvernement a mis en place cette nouvelle stratégie pour livrer des services de sécurité, qui sont centrés sur les besoins de la population ; d’où ce qu’ils appellent la gouvernance sécuritaire de proximité, à travers un maillage national et aussi à travers un changement de paradigme, qui demande une approche préventive et de la sécurité. Donc, dans ce contexte, et avec l’aide de plusieurs partenaires incluant l’ambassade des Etats-Unis, nous avons appuyé le gouvernement avec trois programmes sur la sécurité collaborative. Et dans ce contexte, ils ont développé une doctrine de police de proximité ; ils ont mis en place l’Asp (Agence de sécurité de proximité). Ils ont établi des mécanismes au niveau départemental et des mécanismes collaboratifs pour rapprocher la population des Forces de l’ordre, bâtir la confiance et renforcer la cohésion sociale au niveau des communautés. Il y a tout un ensemble d’initiatives mises en place et tout un ensemble de résultats qui ont été atteints durant ces 5 dernières années et que vous aurez l’opportunité de découvrir demain (Ndlr : aujourd’- hui) à la conférence. Le gouvernement a mis, tout d’abord, en place le concept de quartier sûr et ils ont mis en place des plateformes collaboratives, par exemple on a eu des projets prioritaires, des projets dans les 5 communes du département de Guédiawaye où ils ont mis en place des comités consultatifs communautaires qui incluent toutes les forces vives de la population : les Ocb, les chefs religieux, les Badienu goxx, les Forces de défense et de sécurité, les maires, les préfets…Tout ce beau monde s’assoit ensemble autour de la table pour faire un diagnostic local de sécurité, la cartographie locale des problèmes de sécurité et, ensemble, ils ont développé un programme local de sécurité avec lequel ils décident, de façon collaborative, de comment résoudre ces problèmes de sécurité. Compte tenu des préoccupations et défis sécuritaires, le gouvernement est passé à un réajustement stratégique. Il reconnaît que la sécurité et la lutte contre l’insécurité demandent une approche inclusive.
Est-ce que vous sentez un engagement de la part des populations par rapport à ce que vous leur proposez ?
Vous aurez l’occasion de le découvrir pendant la conférence où les membres de comités consultatifs vont présenter les travaux qui ont été réalisés au niveau de leurs différentes communes. Au début de l’un de nos projets, il y a une enquête qui a été faite et, donc, le sentiment de satisfaction du travail des forces de sécurité était, avant le projet, à environ 42% ; et après le projet, ce sentiment de satisfaction était de 98%. Les rapports avec les Forces de défense et de sécurité étaient de 35% avant le début du projet ; et à la conclusion du projet, c’était à 98%. Et la coopération de la part des populations de cette communauté était avant le projet à 38%. 100% de ces gens-là contactés ont exprimé leur satisfaction à la fin du projet. C’est pour vous dire qu’il y a une dynamique qui s’est développée au niveau de ces différentes communautés. La police de proximité est un objectif stratégique, pour la Police nationale, dans son plan national de développement. Le ministère de l’Intérieur, dans sa stratégie sectorielle de sécurité publique, la gouvernance sécuritaire de proximité est maintenant stratégique. Et ça s’est traduit par la mise en place des communautés de brigade au niveau de la gendarmerie et au niveau de la police avec la police de proximité. Vous avez, peut-être, vu cette semaine que la Police nationale a inauguré un commissariat au niveau de Mbao qu’ils appellent commissariat de police de proximité. C’est un commissariat moderne où il est prévu des espaces pour que la police soit plus à l’écoute des citoyens, de la communauté. Il y a aussi des espaces pour recevoir, en toute discrétion, des personnes qui ont été victimes de crimes ou de violences sexuelles, qui demandent une sorte de confidentialité. Ce rapprochement entre les différentes strates de la société au niveau de la communauté est une dynamique qui existe dans plusieurs communes et départements. Il apparaît aussi qu’en dehors de ces communes, communautés où ces dynamiques sont en place, les populations, de manière générale, ne soient pas informées à propos de leurs rôles et responsabilités dans la lutte contre l’insécurité.
Quel est le coût de ce programme et quelle est sa durée ?
Dans notre portefeuille de police de proximité, nous avons trois programmes complémentaires. Un premier programme qui s’appelle Dialogue sur la justice et la sécurité. C’est un programme mis en œuvre par l’Institut américain pour la paix. C’est un programme qui a porté sur les 5 dernières années et d’un montant de 1,2 million de dollars. Il y a un autre programme qui s’appelle stratégie de police de proximité, qui a travaillé surtout avec la police, la gendarmerie et l’Asp et visant à mettre en place des réformes institutionnelles que nécessite l’approche police de proximité. Ce programme qui porte sur les 5 dernières années est d’un montant de 1,4 million de dollars. On avait un autre programme, qui s’appelait Initiative pour la sécurité routière dans le Sahel. Il était exécuté dans les trois pays du Sahel. Donc, pour la partie sénégalaise, le montant a été de 2 millions de dollars. Ce programme a été mis en œuvre par l’Ong locale Partner’s West Africa, qui a travaillé sur des axes routiers tels que Dakar-Matam, Dakar-Ziguinchor, Dakar-Tambacounda et où le processus a été partout le même : mettre toutes les parties prenantes ensemble et diagnostiquer les causes principales des accidents de la circulation sur ces différentes routes. Nous savons que les accidents de la circulation constituent un lourd fardeau pour le Trésor public. Beaucoup de morts sont notés sur ces axeslà. Et la plupart de ces accidents sont liés au comportement humain. Donc, la collaboration et la coopération entre les populations et les organisations de la Société civile ont influé sur ces comportements pour réduire, un tant soit peu, ces accidents de la circulation. On voit aussi que les groupes criminels utilisent aussi les routes pour commettre leurs méfaits. Voilà pourquoi ce programme est approché sous l’angle de la criminalité transnationale organisée.
Par Hamidou ANNE
LES BLESSURES DE L’AILLEURS
L'Occident s’est arrogé le droit de circuler sur la planète en s’affranchissant des barrières, mais refuse ce droit aux Africains, exigeant d’eux qu’ils soient les hommes d’un seul coin du globe. C’est cette injustice que le Prix Nobel de Gurnah met à nu
Le prix Nobel de littérature 2021 a été attribué à un Africain. L’Académie a salué l’œuvre du Tanzanien Abdulrazak Gurnah «pour sa pénétration sans compromis et pleine de compassion des effets du colonialisme et du sort du réfugié dans le fossé entre les cultures et les continents». Après Wole Soyinka, Naguib Mahfouz, Nadine Gordimer et John Maxwell Coetzee, Gurnah est le cinquième Africain à recevoir ce prestigieux prix qui couronne, d’une certaine façon, la carrière d’un écrivain. Alors que le Kényan Wa Thiong’o est, comme à chaque année, cité comme grand favori, c’est un Tanzanien qui est récompensé, 18 ans après le dernier prix reçu par un Africain.
Abdulrazak Gurnah est né à Zanzibar. Il vit, depuis une quarantaine d’années, en Angleterre où il est arrivé en tant que réfugié fuyant la répression de sa communauté en Tanzanie. L’Académie récompense un réfugié dans une période où les blessures de ceux qui fuient leurs pays pour un mieux-être ailleurs sont aggravées par la stigmatisation des partisans d’une identité exiguë, exclusive et les racistes de tous ordres. Gurnah vit en Angleterre ; son prix est quelque part une récompense pour son pays d’accueil où il est devenu, dit-il, «écrivain par accident». La distinction apparaît comme une leçon d’une vieille académie aux pratiques et aux formes anciennes, donnée à une Europe engluée dans une spirale d’exclusion des autres et à la merci des racistes qui ne voient en l’autre – surtout un Noir ou un Arabe – qu’un problème à indexer, une créature à insulter ; un autre à qui il faut intimer l’ordre de rentrer chez lui, voire qu’il faut renvoyer à la mer au mépris de sa dignité et de sa vie. Aussi bien en Angleterre qu’en France, en Espagne ou en Allemagne, le discours identitaire explose et devient audible au-delà des frontières européennes. Les Noirs et les Arabes sont les acteurs, malgré eux, d’une série morbide qui fait la une des médias et renie toute tentative de recours à la raison.
Des hommes violents et dangereux comme Éric Zemmour sont crédités d’intentions de vote qui dépassent l’entendement, tellement leur discours est teinté de haine pour les réfugiés, les migrants, les étrangers, les musulmans, en somme, les autres qui ne sont pas blancs et chrétiens, et donc ne sont pas suffisamment bien pour cette Europe qui a passé des siècles à étendre ses tentacules loin de ses bases géographiques et culturelles.
L’Europe est injuste. Il n’y a pas un continent qui a autant exercé sa liberté d’aller voir ailleurs pour y imposer sa loi, souvent par la violence. L’esclavage, la colonisation, le néocolonialisme, l’impérialisme économique, culturel…L’Europe est encore très présente ailleurs, mais jamais on n’interroge la volonté de ses citoyens de toujours explorer d’autres horizons. Ils peuvent circuler ; il s’agit de leur liberté qu’ils ont réussi à imposer aux autres, pendant que ces derniers subissent humiliations et interrogations quand ils osent même imaginer partir.
Elle trouve en les différents ailleurs les ferments de sa puissance. Elle s’est arrogée le droit de circuler sur une vaste planète, la terre, en s’affranchissant de toutes les barrières, mais refuse ce droit aux Africains en exigeant d’eux qu’ils soient les hommes d’un seul coin du globe. C’est cette injustice que le Prix Nobel de Gurnah met à nu, peut-être sans le vouloir, mais c’est en tout cas le sens qu’il faut aussi donner à cette récompense.
Un président européen avait traité les réfugiés de «fuite d’eau». En Grande Bretagne, le Brexit, soutenu par l’extrême droite du pays, a accentué le discours raciste vis-à-vis des communautés étrangères, jugées désormais indésirables. La finale perdue par l’Angleterre lors du dernier Euro de football a été le prétexte pour des milliers de gens, de s’en prendre à trois Noirs de l’équipe qui ont eu le malheur de rater leur tir-au-but.C’est un membre de cette société qui, comme presque partout en Europe, fait face à la résurgence du racisme, qui a été récompensé par l’Académie du Nobel pour son œuvre qui tisse les fils du dialogue entre les peuples et défend l’apport des émigrés à la culture européenne.
Pourquoi les gens partent-ils ? Pourquoi décident-ils de quitter leur royaume d’enfance pour se soumettre aux rudesses de la vie ailleurs ? La guerre, l’indigence économique, les changements climatiques, l’exercice de la liberté sacrée de circuler sur une terre que rien ne devrait entraver, l’appel de l’ailleurs ou simplement le choix de rester dans le pays d’accueil car on s’y sent bien, au point de penser lui apporter une partie de soi.
Ainsi, Abdulrazak Gurnah a raison de dire que les réfugiés ne viennent jamais les mains vides, ils sont les dépositaires d’une histoire et d’une culture qui enrichissent les pays d’accueil. Les raisons du départ sont nombreuses et chaque émigré à sa propre réponse à la question «pourquoi êtes-vous parti ?». Mais pour tous, partir, au fond, est une blessure que le temps ne soigne presque jamais.
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UN BRÉVIAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU SÉNÉGAL
René Lake présente sur VOA, l'ouvrage "Enjeux 2019-2024: Sénégal, réflexions sur les défis d'une émergence" lancé par SenePlus dans la foulée de la dernière présidentielle. Le document de 528 pages lève le voile sur les freins à la bonne marche du pays
Le football sénégalais a besoin d’être aidé par l’Etat pour franchir des paliers plus importants. C’est la conviction et du 2ème vice et du 4ème vice - –présidents de la Fédération Sénégalaise de Football(FSF). Les appels de Abdoulaye Seydou Sow et de Amadou Kâne qui intervenaient le weekend dernier à Saly lors du symposium–bilan de la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (Lsfp) axé sur le bilan et les perspectives des 12 ans de professionnalisme au Sénégal, ont trouvé une oreille attentive auprès du Ministre des Sports. Matar Bâ s’est dit en effet impatient de recevoir les conclusions de ces assises qui seront à son avis des indications qui aideront l’Etat et les pouvoirs publics à mieux accompagner le football professionnel au Sénégal.
La Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP) avec ses partenaires, a organisé les 23 et 24 octobre courant à Saly (Mbour), un symposium sur le thème : « enjeux et attractivité du Sénégal sur le marché mondial du Football : bilan et perspectives de 12 ans de professionnalisation ». « Après 12 années de pratique professionnelle, la LSFP a jugé opportun d’opérer ce bilan exhaustif du chemin parcouru, afin d’en tirer les enseignements permettant d’ouvrir d’autres perspectives » a soutenu Abdoulaye Guèye, le président du comité scientifique de ce symposium. « Le Sénégal a traversé une longue période d’amateurisme », a-t-il diagnostiqué, jugeant dans la foulée que les 12 ans d’efforts sont « largement insuffisants » pour pouvoir apprécier valablement les effets escomptés de la professionnalisation de notre football.
Président de la Ligue Sénégalaise de Football professionnel (Lsfp), Djibril Wade a salué la pertinence du thème retenu pour ce symposium qui, selon lui, prend en compte l’environnement national dans lequel baignent nos clubs et autres structures en charge de la gestion de la discipline.
Venu assister à l’ouverture des travaux de ce conclave de Saly, le Ministre des Sports a ainsi salué la démarche inclusive qui a été adoptée ayant permis de rassembler des participants de divers acteurs publics et privés, des sportifs amateurs et professionnels et la société civile sportive. Il souligne avoir mesuré les nombreuses difficultés que le football a dû affronter durant les douze années de professionnalisme mais aussi la manière avec laquelle les acteurs se sont mis pour « consolider le projet, en comptant exclusivement sur des moyens sportifs, en dehors de l’appui des pouvoirs publics ».
Il a aussi salué la pertinence du thème dans la mesure où pour lui, la professionnalisation dans le sport, en particulier dans le football, est un processus irréversible et inéluctable. « Une mutation complexe dont les contours sont encore imprécis dans notre pays où elle est encore, il faut le reconnaître, à l’amorce et à ses débuts. Elle implique, bien évidemment, des principes, des règles et des méthodes. Elle fait intervenir un acteur majeur, le secteur marchand, dont l’approche n’obéit pas à une démarche philanthropique, mais bien aux lois du marché et à la rentabilité économique et financière », a dit Matar Bâ. « C’est, sans doute, ce qu’a voulu suggérer le Président Macky Sall lorsqu’il inscrivait le sport dans la cage «transformation structurelle de l’économie» de son projet de société, c’est-à-dire, comme intrant à la croissance et à l’amélioration de la valeur ajoutée », a ajouté le Ministre des Sports.
Matar Bâ s’est dit ainsi impatient de recevoir les conclusions qui sortiront du symposium. « J’ai la conviction que, de vos échanges et de vos réflexions, sortiront des indications claires qui aideront l’Etat et les pouvoirs publics à mieux accompagner le football professionnel sénégalais. Vous comprendrez aisément mon impatience, de recevoir rapidement les conclusions et recommandations de votre symposium et d’en faire l’économie au Président de la République, Macky Sall.
Dans le cadre bien compris de la vision qu’il a développée et qui est de faire du Sénégal un grand pays de sport par ses résultats, par la qualité des infrastructures et des ressources humaines, et notamment par un leadership transformationnel exceptionnel » a -t-il déclaré en ouverture du conclave samedi dernier, dans une salle où s’était retrouvé tout le gotha de notre football.
La fin de ce symposium va permettre à la LSFP d’élaborer un bilan pour opérer les changements structurels et fonctionnels, afin de propulser la discipline du point de vue des moyens humains et architecturaux fonctionnels», a rappelé le président du comité scientifique, Abdoulaye Guèye.
Par Mme Ramatoulaye DIALLO
EN ATTENDANT LE CONSEIL PRESIDENTIEL, CONSTATS ET ATTENTE POUR LA PECHE
Depuis quelques temps le secteur de la pêche est sous tous les projecteurs, il y a eu beaucoup de sorties allant dans le sens des intérêts des uns et des autres selon qu’on est pro ou contre les bateaux étrangers à savoir chinois ou Européens
Depuis quelques temps le secteur de la pêche est sous tous les projecteurs, il y a eu beaucoup de sorties allant dans le sens des intérêts des uns et des autres selon qu’on est pro ou contre les bateaux étrangers à savoir chinois ou Européens.
Le débat ne se trouve pas à ce niveau, il est beaucoup plus profond que cela car il concerne la ressource, condition sine qua non de la survie du secteur même. Il s’agit de rompre avec les mauvaises pratiques de pêche et remettre l’acteur national au cœur du dispositif, en freinant cet accaparement et cette polarisation entre des mains étrangères.
Nous Mareyeurs exportateurs malgré l’injustice que nous subissons depuis 2016 mais en tant que partie prenante, sans partie pris et citoyens soucieux de notre secteur, d’une pêche responsable et durable souhaitons juste apporter notre opinion en attendant ce conseil présidentiel à venir.
Quand notre catégorie professionnelle travaille c’est tout une économie parallèle qui se crée autour à savoir l’embauche de journaliers, gargotières, gain pour les manutentionnaires, dockers et transitaires.
La nature ayant horreur du vide, depuis l’invalidation de nos cartes professionnelles d’autres personnes à savoir des vendeurs de pièces détachées auto, operateurs des pays voisins sont venus occuper cet espace.
Toutefois malgré cette situation difficile nous restons des acteurs incontournables dans ce secteur et comptons nous exprimer à chaque fois que ce sera nécessaire. Le temps de l’alerte est révolu et dépassé. Aujourd’hui c’est le temps de l’engagement, de l’action et de mesures immédiates et suivies d’effets. Sans rentrer dans les combats de chiffres ou de code la pêche etc. …. car ce sont des informations accessibles sur le net à toute personne désireuse de se documenter.
En tant qu’acteurs avec notre vécu et témoins oculaires nous allons néanmoins dresser très rapidement un tableau sommaire des dix dernières années sur la ressource et aussi lister les nombreuses réalisations faites par son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall.
Les réalisations du gouvernement sont multiples à savoir :
- Ports
- Quais de pêches
- Aires de transformation
- Financement de moteurs
- Renouvellement progressif des pirogues artisanales en fibres de verre
- Nouveaux marches au Poisson régionaux
- Système de Géolocalisations.
Le Sénégal jadis grand pays de pêche avec ses 718km de côte, grand exportateur mondial sera bientôt réduit à importer du poisson pour nourrir sa population. Ce pays avec ses proches voisins, la Mauritanie, Les deux guinées, bref ces pays situés dans la zone FAO 34 atlantique centre Est fait face à une prédation, une surpêche, une exploration éhontée et abusive de leurs ressources halieutiques.
Si on se réfère aux données sur les captures des six dernières années, le constat est sans appel, les captures s’amenuisent d’années en années depuis 2012 à nos jours. Cette dilapidation des ressources est causée par des bateaux étrangers, européens, russes et chinois qui ne respectent aucune réglementation, ces bateaux usines, véritables monstres des mers ont fini de détruire nos océans.
Et depuis 2020 nous avons les bateaux turcs véritables aspirateurs du petit pélagique, en l’occurrence la sardinelle traditionnellement mamelle nourricière de nos pêcheurs locaux artisanaux.
Nos stocks halieutiques décroissent de manière accélérée et si on laisse continuer ces pratiques anarchiques les ressources seront épuisées rapidement, d’ailleurs elles le sont déjà. Il y a trois voire cinq, six ans en arrière pour faire un conteneur de 28 tonnes il suffisait seulement de 2 jours ; mais depuis 2016 pour certains espèces comme l’ombrine, le capitaine, le Mérou Thiof, ces poissons dits nobles il faut deux, voire trois mois pour assurer la collecte pour le conteneur d’un 40 pied
En ce qui concerne une espèce comme la sardinelle appelé aussi poisson du pauvre, incontournable dans l’alimentation des sénégalais et des populations de notre sous-région Ouest-Africaine la situation est bien pire. Voilà une espèce très demandée à l’exportation mais que les mareyeurs n’arrivent plus à commercialiser à cause de son coût exorbitant. Il y a quelques années auparavant la caisse de 50kg s’échangeait entre 1500 et 3000francs FCFA, désormais la caisse de 50kgs s’échange aujourd’hui à 30 000Fcfa. Aujourd’hui pour sauvegarder le secteur de la pêche et cette communauté qui gravite autour des mesures urgentes et pragmatiques sont nécessaires. Valoriser les femmes qui sont un maillon important dans cette chaine de valeur. Elles sont très productrices et deviennent de plus en plus organisées avec leur système d’épargne. Malheureusement très peu occupent des places d’autorité Il faut vraiment mettre l’accent sur elles, les sortir de la précarité et de la vulnérabilité .Elles jouent un rôle majeur car elles sont très axées sur l’entraide et plus enclines à la solidarité en ce sens qu’elles sont des régulatrices sociales. De femmes transformatrices, il est grand temps que nous ayons des femmes Armateurs.
1 - il faudrait que nos gouvernements arrivent à une harmonisation des politiques de pêches en Afrique de l’Ouest et toute cette zone Fao 34 Atlantique Centre est. Ces bateaux étrangers dans leur grande majorité sont dans l’illégalité car une fois les accords (si toutefois il y a accord de pêche) et les conventions signés avec les gouvernements concernés font fi de tout, violent toutes les règles établies sur les quotas, les espèces autorisés, les normes sur les filets et ceci en toute impunité. Cet état de fait est surtout favorisé par l’incohérence, l’absence de vision et d’harmonisation des politiques de pêche qui font que tous les interdits ici sous nos cieux sont permis juste a cote chez le pays voisin ou vice versa . Par conséquent ces vides juridiques, ces interstices qui existent dans les lois permettent à ces flibustiers des temps modernes de passer entre les mailles des filets.
2 - Intégrer les acteurs dans toutes les étapes de la conception des accords de coopération et c’est sur cet aspect que nous plaçons beaucoup d’espoir sur les rencontres sous régionales et celles avec l’union Européenne, associer toutes les organisations socio professionnelles et les pêcheurs qui sont les points focaux avant toute prise de décision.
3 – Mettre l’accent sur le secteur privé, les acteurs locaux car, dans tous les pays de la zone FAO 34, il y a un transfert des possibilités et des opportunités de travail du secteur de la pêche aux bateaux étrangers au détriment des acteurs nationaux ; et contre toute attente bouleversant de fait la vie et la survie de communautés entières dépendantes de cette activité pour vivre et participer à l’effort économique de leur pays. Mais la fonction la plus importante qu’elle assume c’est celle sociale avec un million à deux millions d’emplois qui sont aujourd’hui menacés. Ce péril qui pèse aujourd’hui sur ces emplois risque de créer à terme des bouleversements profonds et irréversibles. C’est le pire scenario qui pourrait arriver au Sénégal, de laisser faire, d’observer cette spoliation et de ne plus pouvoir inverser cette tendance catastrophique va forcément pousser ces jeunes pêcheurs à emprunter les routes dangereuses de l’émigration clandestine avec son corollaire de tragédie. L’heure est grave. Le début du bonheur c’est de bien manger. Le sénégalais arrive difficilement à manger un « Thiebou Dieun » décent à midi et pour le fameux « Firir » familial du soir les générations actuelles ne connaissent pas, parce qu’abonnés au Ndambé, « Thiacri et Fondé » de la crépusculaire gargotière du coin. La rareté de la ressource est d’une flagrance avec comme conséquence la cherté du poisson pour le panier de la ménagère.
4 - Mettre l’accent sur la formation des observateurs à bords des bateaux. Institutionnaliser leurs corps de métier avec un salaire décent. Leur assurer une couverture sociale ainsi qu’à leurs familles .Ils ne sont dans aucune disposition des conventions de travail, les rendant ainsi vulnérables et exposés aux tentations de la corruption.
5- Créer un grande Ecole Aquacole a vocation sous régionale, encourager la formation aux métiers de la mer. - Initier de nouvelles formations afin de trouver des activités occupationnelles en période de repos biologique pour la reconversion des acteurs du littoral et des gens de la mer. Les gens ne doivent pas vivre de subsides de l’état tout le temps, l’apport de l’état est capital mais on devrait cultiver cet accompagnement à l’autonomie.
6- Revenir à l’orthodoxie, imposer aux bateaux en particulier ceux chinois d’apposer l’appellation réelle des poissons L’ arrivée de ces bateaux chinois a fini de tout TRAVESTIR dans le vrai sens étymologique , les poissons ne portent plus leur appellation d’origine mais sont numérotés comme des matricules de bagnards et ceci dans une anarchie sans nom , là où certains chinois mettent le code 10 d’autres mettent le chiffre 39, chiffre 54 pour nommer le CHINCHARD (diaye en Wolof) , franchement on y perd son latin. Et on se demande Monsieur le Président de la République pour le Scientifique rigoureux que vous êtes ce que vous en pensez et ce qu’en penseraient tous ces grands scientifiques à l’instar Carl Von Linné père du Concept de la biodiversité qui a passé sa vie à répertorier, nommer et classifier plus 6000 espèces végétales et 4400 espèces animales. Nomina si nescis, perit cognitio rerum » « la connaissance des choses périt par l’ignorance du nom . Franchement il est grand temps de remettre de l’ordre dans cette innovation de faire porter des chiffres aux poissons qui ont des familles et des appellations bien nomenclaturées de standard international.
7 – Eradiquer le travail des mineurs dans la pêche (c’est lors des accidents et morts de pêcheurs en mer que l’on réalise le jeune âge de ces derniers), Ce qui induirait de facto l’instauration d’un âge minimum pour aller en mer. En finir avec la brèche de St Louis et son lot de mort.
8 - Penser et prévoir une redistribution juste de ressources dérivées de ces futures exploitations pétrolières qui à coup sûr mettront en péril la pêche.
9 - Mettre en place des sites pilotes pour transformer sur place certains produits brut et d’en faire de la vrai valeur ajoutée, tout en gardant à l’esprit que ce qui est peut être valable pour Yoff pourrait ne pas l’être pour Guet Ndar ou Kafountine. Redynamiser la zone de Foudiougne en implantant du matériel de séchage pour les grosses Captures de crevettes qui y pourrissent tous les ans
10- Penser à introduire dans les zones insulaires de nouvelles perspectives comme la PERLICULTURE (introduction du trocha, le nacrier pour l’industrie du luxe. Pour exemple une récolte annuelle de 2300 tonnes de perles peuvent rapporter jusqu’à quinze(15) millions de dollars la ou une quantité de 2300 tonnes de chinchard rapporterait un million a deux millions cinq cent mille dollar. Ce secteur à terme avec un calcul minima pourrait générer 5000 emplois socio –économique (exemple de la Polynésie)
11- Initier la culture des algues, qui est un produit à forte valeur ajoutée et qui est pressentie comme une alternative incontournable dans un futur très proche pour nourrir une très grande partie de la population mondiale.
12 – Mettre en place un accord de Partenariat avec la Russie afin d’avoir l’autorisation d’exporter nos produits dans ce grand marche. Ce sont d’énormes débouchés et d’opportunités que nous ratons. En faisant de notre sardinelle un produit élaboré à forte valeur ajoutée « la TUSCHKA » Se mettre à la norme pour l’agrément à l’export du poisson fume, que nous sénégalais sommes obligés d’aller produire en Gambie.
13 - Créer des zones propices à un écosystème favorable à l’éclosion des poissons d’aquarium caractérisé par leurs petites tailles et qui peuvent résister à la captivité. Créneau a fort volet commercial.
14 – En accord avec les scientifiques pratiquer des Immersions régulières de récifs frangeants et de récifs barrières. C’est de notre responsabilité et un devoir impérieux d’inverser cette tendance catastrophique de la déperdition de la ressource, de rompre définitivement avec les mauvaises pratiques de surpêche.
15- Installer des chambres froides de conservation sur tous les quais de débarquement pour la conservation du poisson reste invendu.
16- Recenser et Installer sur toutes les plages de Plongée sous-marine des cabines de dépressurisation afin de protéger nos vaillants plongeurs des accidents cérébraux. Il faudra d’ailleurs procéder au recensement de tous ses jeunes plongeurs aujourd’hui handicapes cloues dans les divers villages de pêcheurs.
17 - Instaurer une taxe sur la Pêche Hauturière du Thon à l’instar de la taxe sur le cacao, appelé prime de revenu décent, si on ne peut revenir sur les accords de Pêche avec L’UE. Les nouveaux accords de pêche sur le thon et le merlu noir avec l’union Européenne font fureur et fâchent rouge la plupart des Citoyens et ceci à juste titre. Toutefois dans cette cohue de déclarations tout azimut il faut informer juste et vrai. Il n’y aucune raison d’aller dans les surenchères populistes, de braquer les populations. Il est important que les uns et les autres puissent discerner le vrai du faux surtout sur le prix de cette espèce.
18 - Ces nouvelles innovations pourraient nous aider à faire instaurer des repos biologiques de longues durées plus adaptes avec une efficacité prouvée pour la reconstitution de la ressource. Et en même temps renouveler le tissu industriel. Là où la chine avec un milliard trois cent quatre-vingt-dix-huit millions d’habitants impose un repos biologique allant du 1er Mai a la mi-août, nous avec seize millions d’habitants nous pouvons souffrir beaucoup plus pour régénérer notre ressource
19- Prévoir des dédommagements, allouer des dividendes aux communautés de pêcheurs et du littoral impactés par ces activités d’explorations des hydrocarbures. Une caisse de prestation et de sécurité sociale pour les Pêcheurs, assurance de leurs embarcations. C’est tout récemment avec les découvertes du pétrole et gaz que notre pays entrevoit d’autres sources de revenus. Toutefois l’arrivée du Covid 19 est venue freiner cet élan et tous les projets adossés à ces retombées tant attendues des revenus du Pétrole sont compromises du moins repoussées. Pire cette pandémie a eu le mérite aussi de mettre à nu la fragilité de ces énergies fossiles, jamais le cours du Baril n’est tombe aussi bas, même lors du pic de la crise des surprimes en 2008 on n’avait vu pareil chute des cours. La volatilité de ces énergies fossiles, qui, à terme aurait été une réelle bouffée d’oxygène pour notre économie doit pousser en repenser notre politique de pêche.
20 - Rénover le tissu industriel qui en grande partie est devenu obsolète en introduisant les nouvelles technologies pour la production de produits finis de la mer a l’assiette du consommateur.
21 - Stopper cette prolifération, très néfaste pour la ressource, des unités de farine de poisson qui sont en train d’être érigées partout par les opérateurs économiques étrangers.
22 - Renforcer la surveillance de nos côtes, sanctionner lourdement la Pêche illicite non déclarée, non règlementée.
23 - Revivifier les mécanismes de partenariat Sud/ Sud, en levant le blocus de Rosso qui empêche les camions sénégalais et Mauritaniens de circuler de part et d’autre de la frontière au grand bonheur des transporteurs Marocains qui somme toute sont les seuls a profiter de cette situation.
24 - Convoquer la commission sous régionale des pêche pour afin étudier le cas des affrètements de nos pêcheurs artisanaux en Mauritanie, coordonner cette entreprise dans un cadre légal afin de ne pas les exposer et en même temps régler le sort de leurs enfants qui naissent en terre Mauritanienne sans papier devant ainsi des apatrides.
25 – Et enfin nous prônons, dans le cadre de la formalisation, normalisation et règlementation du secteur de donner autorisation pour la création de l’ordre professionnel des Mareyeurs comme il en existe dans d’autres secteurs d’activité. Un ordre qui aura pour mission d’assurer la protection du public ; une organisation à qui l’état délègue le pouvoir d’encadrer l’accès et l’exercice d’une profession afin de s’assurer que les actes posés par ses membres sont exécutés de façon compétente et en sécurité pour leur clients.
Si l’on y prend dans un futur garde, notre Ministère risque d’être rebaptise ministère de la Mer et de L’Economie Maritime. Il ne restera que l’Economie Maritime avec les revenus pétroliers et Gaziers. Certes l’argent de ces énergies fossiles coulera à flot mais point de Poisson. Et comme le disait ce grand Guerrier SIOUX Sitting Bull face à l’avidité des Américains.
Je cite : Quand ils auront pollue le dernier ruisseau, coupe le dernier arbre et pêché le dernier poisson, ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas. On ne pourrait finir notre propos sans rendre un hommage à deux personnes, nos doyens au Mole 10 qui sont les prototypes achevés du Mareyeur exportateur qui sans être passe par une usine de production à savoir Mr Dame Ba et Mr Mamadou Seck sans tambour, ni trompette, ni subvention aucune ont réussi à se hisser haut et à rivaliser avec cette armada de flotte étrangère en acquérant par leur moyen propre des bateaux, malgré la puissance disproportionnée en face. Ceci montre à souhait qu’avec un accompagnement cible nos acteurs pourraient rivaliser ou surpasser cette armada de flotte sans éthique venue d’ailleurs.
Mme Ramatoulaye DIALLO
Présidente Collectif Mareyeurs exportateurs du Sénégal
Par et Pour le nom du Collectif CMES
Mail /mareyexport@gmail.comtulaye01@gmail.com