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23 août 2025
LE MEURTRIER DE GEORGE FLOYD PLAIDE COUPABLE
Le policier blanc Derek Chauvin, condamné pour le meurtre de George Floyd, a plaidé coupable mercredi de violation des droits constitutionnels du quadragénaire noir, admettant pour la première fois une part de responsabilité dans ce drame
Le policier blanc Derek Chauvin, condamné pour le meurtre de George Floyd, a plaidé coupable mercredi de violation des droits constitutionnels du quadragénaire noir, admettant pour la première fois une part de responsabilité dans ce drame qui a bouleversé l'Amérique et le monde.
En combinaison orange de détenu et menotté, l'ancien agent de 45 ans a comparu brièvement devant un juge fédéral à Saint-Paul, dans le nord des Etats-Unis, pour signer un accord de plaider-coupable qualifié d'"historique" par la famille de George Floyd.
"L'accusé admet avoir fait usage d'une force déraisonnable et injustifiée, et avoir agi de manière délibérée et au mépris flagrant des conséquences pour la vie de M. Floyd", peut-on lire dans ce document judiciaire rendu public peu après.
Derek Chauvin n'a pas fourni d'explications à ses actes, se contentant d'acquiescer aux questions du magistrat.
Le 25 mai 2020, cet agent chevronné de la police de Minneapolis était resté agenouillé sur le cou de l'Afro-Américain pendant près de dix minutes, indifférent aux interventions de passants affolés et aux râles de George Floyd.
La scène, filmée et mise en ligne, avait déclenché d'immenses manifestations contre le racisme et les violences policières dans tous les Etats-Unis et au-delà.
Lors d'un procès très suivi devant la justice de l'Etat du Minnesota, au printemps dernier, son avocat avait plaidé que George Floyd était mort d'une overdose, combinée à des problèmes de santé, et avait assuré que Derek Chauvin avait fait un usage justifié de la force.
Il n'avait pas convaincu les jurés et l'ancien policier avait été déclaré coupable de meurtre et condamné à 22 ans et demi de prison. Il a fait appel de ce verdict.
En parallèle, la justice fédérale avait ouvert ses propres poursuites en l'inculpant, ainsi que ses trois anciens collègues, pour "violation des droits constitutionnels" de George Floyd, plus particulièrement "du droit à ne pas être victime d'un usage déraisonnable de la force par un policier".
Ces "doubles" poursuites sont autorisées aux Etats-Unis mais relativement rares, et reflètent l'importance de ce dossier qui a rouvert un débat enflammé sur le passé raciste des Etats-Unis.
- "Victoire" -
Dans le volet fédéral, le policier avait plaidé non coupable en septembre, mais il a changé de stratégie mercredi.
Dans sa reconnaissance de culpabilité, il admet avoir abusé de la force, "en sachant que c'était mal", et "sans justification légale parce que M. Floyd avait arrêté de résister, mais aussi de parler, de bouger, de respirer, avait perdu conscience et n'avait plus de pouls".
Il a également reconnu des torts dans des violences infligées à un adolescent noir de 14 ans en 2017.
En plaidant coupable, il s'évite un procès fédéral, dans lequel il encourait la perpétuité et qui devait se tenir en janvier.a
Aucune date n'a encore été fixée pour le prononcé de sa peine. Les procureurs fédéraux ont réclamé 25 ans de prison à purger en même temps que la sentence prononcée devant les tribunaux de l'Etat.
L'impact de ce revirement sur le dossier de ses trois co-accusés reste incertain à ce stade.
A la fin de son procès, il avait alimenté les spéculations en déclarant à la famille Floyd: "Il y aura à l'avenir de nouvelles informations, que j'espère intéressantes et qui vous apporteront de la tranquillité d'esprit".
Celle-ci s'est réjouie de son changement d'attitude. "Alors que notre pays reste aux prises avec les démons du passé et du présent, les jours historiques nous donnent de l'espoir. Et aujourd'hui est un de ces jours", a commenté leur avocat Ben Crump dans un communiqué. "C'est une victoire pour les intérêts de la justice, mais nous n'oublierons jamais son coût", a-t-il ajouté.
"Je suis heureux que de plus en plus de gens soient prêts à discuter de ce qui se passe en Amérique", mais "je pleure tout le temps", a ajouté Philonise Floyd, son frère, à la sortie du tribunal: "on ne nous rendra jamais George".
LA JUSTICE BÉNINOISE ACCUSÉE DE SERVIR LE POUVOIR
Cette lutte contre l’impunité est absolument nécessaire au Bénin mais elle perd en crédibilité lorsqu’on a le sentiment qu’elle sert d’abord à neutraliser ses adversaires politiques plutôt que des proches du président
Le sort de deux opposants politiques béninois condamnés la semaine dernière à de lourdes peines d'emprisonnement est désormais entre les mains du président Patrice Talon, accusé d'avoir verrouillé le système judiciaire à son profit.
Les deux verdicts sont tombés mardi et samedi, à chaque fois au petit matin, à l'issue de procès qui ont duré moins de 24H: 10 ans de prison pour l'universitaire Joël Aïvo, jugé pour "complot contre l'autorité de l'Etat", et 20 ans de prison pour l'ex-garde des Sceaux Reckya Madougou, condamnée pour "terrorisme".
C'est un nouveau coup de massue pour l'opposition déjà à genoux depuis l'arrivée au pouvoir du président Talon en 2016, ces deux personnalités ayant incarné au moment de la présidentielle d'avril 2021 un dernier et très mince espoir d'alternance au Bénin.
Leurs candidatures avaient vite été rejetées par la commission électorale, et Patrice Talon avait été réélu avec 86% des voix. Mais cela n'avait pas empêché leur arrestation, quelques jours avant le scrutin pour Mme Madougou, et, au lendemain des résultats pour M. Aïvo.
Ces condamnations douchent notamment l'espoir d'un éventuel apaisement politique entre le pouvoir et l'opposition, matérialisé en septembre dernier par la rencontre entre M. Talon et son rival, l'ancien chef de l'Etat Thomas Boni Yayi.
- Fuite au Togo -
"Nous avons eu affaire à un procès joué d'avance, nous le voyons comme un signal montrant que nous avons bien fait de ne pas rentrer au pays", estime auprès de l'AFP Bill Souleymane Kingninouho, un responsable du parti fondé par M. Boni Yayi, qui a fui avec des dizaines de militants au Togo voisin juste avant le scrutin, par peur d'être arrêtés.
Après les condamnations, les Etats-Unis ont fait part lundi de leurs "graves inquiétudes quant à l'ingérence politique dans le système judiciaire pénal du Bénin", déplorant un "ciblage systématique des figures de l'opposition".
Les deux condamnés ont quinze jours pour faire appel devant la Cour de Répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), une juridiction spéciale mise en place en 2016 par le pouvoir.
Mais jusqu'ici aucun n'a déposé de recours, "car la particularité de la Criet, c'est que vous faites appel devant la même juridiction, donc sans éléments nouveaux, ils seront à priori à nouveau condamnés", souligne le politologue béninois Mathias Hounkpè.
D'autant que la Criet est perçue comme le bras armé du pouvoir : moins d'une semaine avant l'élection, un de ses juges avait fui le pays et dénoncé des pressions exercées par le pouvoir, notamment dans l'incarcération de Mme Madougou.
Le pouvoir dénie lui toute forme d'ingérence, et affirme que la Criet a été mise en place pour mettre fin à l'impunité au sein de la classe politique, faisant fi des appartenances partisanes.
"Cette lutte contre l’impunité est absolument nécessaire au Bénin mais elle perd en crédibilité lorsqu’on a le sentiment qu’elle sert d’abord à neutraliser ses adversaires politiques plutôt que des proches du président", affirme le politologue béninois Gilles Yabi, fondateur du think-tank Wathi.
- Appels à la clémence -
Depuis les condamnations, les appels à la clémence de Patrice Talon se multiplient au sein de l'opposition et d'une partie de la société, qui plaident pour une grâce présidentielle.
"Les Béninois ne sont pas habitués à des sanctions aussi lourdes et à une forme d’absence totale de compassion", souligne M. Yabi.
"Maintenant que le pouvoir a montré qu’il était le plus fort, ce serait le moment de montrer une forme de générosité, de pardon", poursuit-il.
Les autorités n'ont pour l'instant pas réagi, mais le porte-parole du gouvernement Wilfried Houngbedji, interrogé par la presse après la condamnation de M. Aïvo, a laissé une porte ouverte: "le chef de l'Etat, d'après la constitution, a la possibilité d'accorder la grâce à des prisonniers, quelle que soit la nature de l'infraction", a-t-il déclaré, ajoutant cependant ne pouvoir "se plonger dans la tête" du président.
Toutefois, Patrice Talon tient depuis le début de son mandat un discours très ferme quant à l'application de la loi, et a pratiquement toujours rejeté "la recherche de solutions politiques" dans les crises, selon M. Yabi.
Pourtant, en 2014, M. Talon, alors en exil, accusé d'avoir fomenté un complot pour éliminer le président de l'époque Thomas Boni Yayi, avait lui-même bénéficié d'un pardon présidentiel, qui lui avait alors permis de se présenter deux ans plus tard.
Mais, pour M. Hounkpè, une grâce présidentielle ne ferait "que démontrer un peu plus la vulnérabilité de tous les citoyens vis-à-vis du pouvoir": "On peut vous envoyer en prison si on veut, et vous libérer si on veut, pour éventuellement vous y remettre".
MOMENT DE VÉRITÉ ENTRE MACRON ET LA JUNTE MALIENNE
Le président français doit rencontrer lundi à Bamako le président de la transition, Assimi Goïta, dans un climat de tension entre la France et la junte militaire, dont la lenteur à rendre le pouvoir et les velléités de recourir à Wagner exaspèrent Paris
Au terme de cette entrevue, le président français partira célébrer Noël sur la base de Gao (nord-est) avec des soldats français déployés au sein de la force antijihadiste française Barkhane, en pleine restructuration.
Au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, Paris a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus au nord du Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs, de 5.000 actuellement, à 2.500/3.000 d'ici 2023.
Accueillis en libérateurs en janvier 2013 à Tombouctou, d'où ils avaient chassé les jihadistes, les soldats français ont remis mardi les clés de leur base aux forces maliennes, étape symbolique dans la réarticulation en cours.Paris veut désormais concentrer sa mission sur la formation des armées locales, dans l'espoir qu'elles prennent un jour en main la sécurité de leur territoire.
"On passe d'une logique d'opération extérieure à une logique de coopération", résume l'état-major français.
Mais si la coopération militaire entre forces françaises et maliennes se poursuit semble-t-il sans accroc, les relations politiques entre la France et le Mali, gouverné par des putchistes depuis 2020, n'ont cessé de se dégrader, au risque de remettre en cause la légitimité déjà fragile de la présence française.
"Il existe deux sujets de friction avec Bamako: les contacts avec (la société paramilitaire russe) Wagner et le calendrier politique de la transition", souligne le commandant de Barkhane, le général Laurent Michon, dans un entretien à l'AFP.
Un malaise accompagné de déclarations agressives du gouvernement malien et de campagnes anti-françaises sur les réseaux sociaux.Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lui-même n'hésitait pas récemment à accuser la France de former des jihadistes.
- Wagner "inacceptable" -
Emmanuel Macron va donc s'employer à dissuader le colonel Goïta de recourir aux paramilitaires russes de Wagner, réputés proches du Kremlin et accusés de prédation et d'exactions dans les pays où ils sévissent, comme en République centrafricaine.
Paris a averti que leur déploiement serait "inacceptable". Une inquiétude partagée par les partenaires européens de la France au Sahel, réunis au sein de la force Takuba, nouveau fer de lance de l'action militaire étrangère dans la bande sahélo-saharienne.
L'Union européenne a sanctionné lundi le groupe Wagner ainsi que huit personnes et trois sociétés qui lui sont liées pour les "actions de déstabilisation" menées dans plusieurs pays d'Afrique, dont le Mali, et en Ukraine.Moscou a condamné en retour "l'hystérie" occidentale.
"Il y a des choses qui ne pourraient plus être faites si Wagner venait à se déployer", prévient le commandant de Barkhane.
Second sujet problématique: la junte, après avoir promis d'organiser des élections en février au Mali, traîne des pieds pour présenter un calendrier de transition, au grand dam des membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui la menacent de sanctions supplémentaires dès janvier si le dossier n'avance pas.
Pour justifier un report électoral indéterminé, le gouvernement malien invoque l'insécurité persistante.Mais pour Paris, comment justifier encore le maintien d'une aide militaire à un pouvoir illégitime ?
D'autant que, malgré les efforts militaires, le Mali est toujours livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, et aux violences perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense.
A ce jour, l'entretien devrait se limiter à un tête-à-tête entre MM.Macron et Goïta."Nous travaillons pour que les objectifs de la lutte contre le terrorisme soient atteints et pour promouvoir une transition politique, résume-t-on du côté de l'Elysée."Nous sommes dans un entre-deux que nous essayons de clarifier".
LES EUROPÉENS SE REBELLENT CONTRE LA CAN
L'Association européenne des clubs (ECA) menace de ne pas libérer les joueurs internationaux pour la Coupe d'Afrique des nations en janvier-février au Cameroun, s'inquiétant pour le protocole sanitaire de l'épreuve sur fond de pandémie de Covid-19
L'Association européenne des clubs (ECA) menace de ne pas libérer les joueurs internationaux pour la Coupe d'Afrique des nations en janvier-février au Cameroun, s'inquiétant pour le protocole sanitaire de l'épreuve sur fond de pandémie de Covid-19, selon un courrier que l'AFP s'est procuré mercredi.
"A notre connaissance, la Confédération africaine de football n'a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté pour le tournoi de la CAN, en l'absence duquel les clubs ne seront pas en mesure de libérer leur joueurs pour le tournoi", peut-on lire dans ce courrier électronique adressé vendredi dernier à la Fifa.
Outre le protocole sanitaire du tournoi (9 janvier-6 février), l'ECA pointe surtout le risque d'une absence des internationaux plus longue que la période de mise à disposition prévue, en raison des "quarantaines et restrictions de déplacement" liées notamment à l'émergence du variant Omicron du coronavirus.
Selon les règles assouplies de libération des internationaux, confirmées à plusieurs reprises par la Fifa depuis août 2020, les clubs peuvent retenir leurs joueurs si "une quarantaine d'au moins cinq jours est obligatoire à compter de l'arrivée" sur le lieu "où est censé se disputer le match de l'équipe nationale" du joueur, ou sur le lieu du club de celui-ci à son retour.
Le Conseil d'administration de l'ECA, début décembre, a réaffirmé que ces principes devaient être "strictement respectés", fait valoir le courrier obtenu par l'AFP et adressé à Mattias Grafström, secrétaire général adjoint de la Fifa en charge du football."Dans le cas contraire, les joueurs ne doivent pas être libérés pour leur équipe nationale", juge l'ECA.
Sollicitée par l'AFP, la Confédération africaine de football s'est refusée à tout commentaire et a renvoyé vers un communiqué publié mercredi matin où Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de la CAF, exhorte le comité d'organisation camerounais à "travailler jour et nuit afin de s'assurer que tout soit en place pour le match d'ouverture du 9 janvier 2022".
L'envoi de ce courrier de l'ECA à la Fifa intervient alors que s'accumulent les rumeurs autour d'une éventuelle annulation de la CAN, ou bien d'un nouveau report du tournoi, initialement programmé en 2021 mais repoussé d'un an en raison de la pandémie.
Interrogé par l'AFP, un haut dirigeant de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a qualifié ces spéculations de "fake news".
WASHINGTON NON PLUS NE VEUT PAS DE WAGNER AU MALI
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a mis en garde Bamako mercredi contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait le groupe russe de mercenaires
La junte au pouvoir à Bamako menace de recourir aux services de cette société privée russe soupçonnée d'être proche du président russe Vladimir Poutine pour l'aider dans la lutte contre les jihadistes.
Les Etats-Unis, suivis par l'Union européenne lundi, ont imposé des sanctions contre le groupe Wagner, et M. Blinken a regretté mercredi le refus malien d'un déploiement de forces supplémentaires de l'ONU, "qui auraient contribué à la protection des civils".
"Les forces de Wagner, connues pour leurs activités déstabilisatrices et leurs violations des droits humains, n'apporteront pas la paix au Mali, mais déstabiliseront davantage le pays", a affirmé le secrétaire d'Etat dans un communiqué. "Nous exhortons le gouvernement de transition du Mali à ne pas détourner les maigres ressources budgétaires de la lutte contre le terrorisme menée par les forces armées maliennes", a-t-il ajouté. "Les richesses du pays, y compris les concessions minières, devraient revenir au peuple malien et ne pas être hypothéquées au profit de forces étrangères qui n'ont aucun compte à rendre et qui ont l'habitude d'abuser des populations locales et de compromettre le contrôle que les pays hôtes exercent sur leur propre territoire", a-t-il affirmé.
M. Blinken suggère que le partenariat avec Wagner pourrait coûter 10 millions de dollars par mois au Mali. Le chef de la diplomatie américaine avait fait la même mise en garde au groupe Wagner contre son ingérence au Mali, le mois dernier lors de sa visite au Sénégal.
Les autorités maliennes ont menacé de se tourner vers le groupe de mercenaires après la décision de la France de réduire son dispositif militaire au Mali où elle lutte contre les groupes jihadistes. Le président français Emmanuel Macron se rendra lundi à Bamako pour rencontrer le président de transition malienne, le colonel Assimi Goïta, arrivé à la tête du pays sahélien par un putsch en août 2020 avant d'être conforté par un second coup d'Etat en mai 2021.
La présence de Wagner a été rapportée en Ukraine, en Syrie et en Afrique. Pour nombre d'ONG et de journalistes, la Russie utilise le groupe Wagner et ses mercenaires pour servir ses intérêts à l'étranger, ce que nie le Kremlin.
Des experts de l'ONU ont accusé en octobre le groupe de harcèlement, d'intimidation et d'abus sexuels en République centrafricaine.
DUEL DANS UN CIEL AGITÉ
Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire subissent la reprise chaotique du trafic aérien. Abidjan domine encore par son envergure économique, mais Dakar se montre toujours plus ambitieux
Jeune Afrique |
Valentin Grille |
Publication 15/12/2021
Sans surprise, les chiffres ne sont pas bons pour les deux sociétés, comme ils ne sont pas bons pour le secteur aérien tout entier. « Le chiffre d’affaires est passé de 96 milliards de F CFA (146,5 millions d’euros) en 2019 à 45,7 milliards F CFA en 2020 », décrivait ainsi Laurent Loukou, directeur général d’Air Côte d’Ivoire, en février 2021.
Ibrahima Kane, directeur général d’Air Sénégal, décrivait lui une perte de 25 % du chiffre d’affaires en 2020 – celui-ci s’élevait à 49 milliards de F CFA en 2019. La faute à une fermeture globale de l’espace aérien sénégalais longue de plus de trois mois.
Dynamique : Air Côte d’Ivoire est encore devant
Née en 2019, la compagnie dakaroise arguait face à la crise d’une plus grande agilité financière, avec seulement un tiers de charges fixes, comme le rappelait l’an passé Ibrahima Kane à Jeune Afrique.
Air Côte d’Ivoire, de son côté, chasse la rentabilité depuis sa création en 2012. Le transporteur ivoirien s’endette notamment auprès d’Air France, chargé de la maintenance de sa flotte. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à s’appuyer sur son hub à l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Air Sénégal opère ainsi presque autant de dessertes – 21 destinations dont 18 hors du Sénégal, contre 28 destinations et 18 internationales pour sa concurrente –, mais Air Côte d’Ivoire opère plus de vols. Conséquence sur le nombre de passagers : Air Sénégal en transportait 495 000 en 2019, avant la crise, contre 761 000 pour la compagnie ivoirienne.
Aides publiques : les États mobilisés
Les deux gouvernements sont au chevet de leurs champions nationaux. Air Sénégal s’assoit sur le matelas de cash offert par Macky Sall, à travers un fonds de résilience de 45 milliards F CFA. Non seulement le gouvernement a mené à bien son augmentation de capital, prenant 49 % du pavillon, mais il a aussi injecté de l’argent frais pour assurer à sa jeune compagnie une trésorerie durable. Air Sénégal est donc amplement soutenue par les fonds publics, et continue à chercher un partenaire stratégique privé.
L'Unesco a inscrit mercredi ce plat traditionnel sénégalais composé de riz, de poisson et d'une variété de légumes, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, au même titre que la pizza italienne ou le couscous marocain
L'Unesco a inscrit mercredi le thiébou dieune (riz au poisson en langue wolof), un plat très populaire au Sénégal, au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, a annoncé l'organisation sur les réseaux sociaux.
Le dossier de demande d'inscription du thiébou dieune a été introduit en octobre 2020 par le ministère sénégalais de la Culture. Le thiébou dieune (Ceebu jën, selon l'orthographe wolof) est un plat traditionnel composé de riz, de poisson et d'une variété de légumes. Préparé avec ou sans la tomate, il est servi comme plat de déjeuner dans la plupart des ménages et dans les restaurants du pays. La tradition en est transmise de génération en génération.
L'origine de cette spécialité est associée à Saint-Louis, ville côtière dans le nord du pays. Ex-capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF), Saint-Louis est elle-même inscrite au patrimoine matériel de l'Unesco. "Le colonisateur avait imposé les cultures commerciales à la colonie et introduit du riz importé de ses colonies d'Indochine en substitution aux cultures vivrières. Les communautés ont su, dans la résilience, s'adapter en inventant une recette à base de riz et de poisson : le Ceebu jën", indique l'Unesco.
"Tout le monde attribue l'invention de ce mets à Penda Mbaye, une cuisinière du village de Guet-Ndar" à Saint-Louis, dit l'Unesco.
Le thiébou dieune rejoint la pizza italienne ou le couscous marocain sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité.
CROISSANCE ECONOMIQUE : 11,5% ATTENDU EN 2023
Quelles seront les retombées de la production de pétrole et de gaz pour l’économie sénégalaise ? C’est à cette question que se sont penchés les experts de la Direction Générale de la Planification et des Politiques Économiques (DPEE)
Quelles seront les retombées de la production de pétrole et de gaz pour l’économie sénégalaise ? C’est à cette question que se sont penchés les experts de la Direction Générale de la Planification et des Politiques Économiques (DPEE) dans une étude d’envergure. Et les perspectives semblent prometteuses, si l’on en croit leurs projections. "Les prévisions sur le moyen terme, intégrant la production du pétrole et du gaz dans la branche des activités extractives tablent sur une croissance économique de 11,5% en 2023 contre 5,5% en 2022, soit un gain de 5,7 points de pourcentage", renseigne d’emblée le document réalisé par Babacar Diagne, Arona Ba et Diabel Diop.
L’étude révèle, par ailleurs, que "le financement des dépenses d’investissement grâce aux recettes provenant de l’exploitation aurait une incidence positive sur l’activité avec le PIB, la consommation et les investissements privés qui augmenteraient en moyenne respectivement de 2,56%, 1,8% et 3,08% sur toute la période d’exploitation".
Pour rappel, les récentes découvertes de ressources naturelles permettront au Sénégal d’entrer dans le cercle restreint des producteurs de pétrole et de gaz.
Le démarrage des exploitations est prévu en 2023 pour les gisements gaziers du Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et pétroliers de Sangomar (SNE). Le pays dispose également d’autres ressources découvertes en Offshore à fort potentiel tels que Yakaar-Teranga, ce qui à terme le placera parmi les plus grands producteurs de gaz en Afrique à côté du Nigéria et de l’Algérie. Les capacités de productions sont estimées à plus 100 000 Baril/Jour pour les gisements du SNE et 28 Millions de mètre cube par an pour le GTA dont les réserves sont partagées avec la Mauritanie. Selon le cadre juridique en vigueur, le partage des revenus issus de ces deux champs (GTA et SNE) permettra à l’Etat du Sénégal (PETROSEN y compris) d’obtenir une part estimée
entre 52% et 66% des bénéfices non actualisés sur toute la période d’exploitation.
Cette manne financière est évaluée à environ 30 Milliards de dollars US, sur les trente années d’exploitation, soit en moyenne plus de 500 Milliards de FCFA par an (source PETROSEN). Par ailleurs, l’exploitation à moyen et long terme des gisements additionnels tels que Téranga, Yakaar, FAN, se traduirait par un fort accroissement des recettes de l’Etat issues des ressources naturelles.
LA TENUE DE LA CAN EN DANGER
Déjà reportée d’une année en raison de l’expansion du Coronavirus sur le continent africain, l’édition 2021 de la compétition – qui devait se tenir du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun – va peut-être connaître un nouveau coup dur
L’incertitude plane autour de la tenue de la compétition, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. La CAN pourrait bien être la prochaine grande compétition de foot à devoir prendre une décision drastique, alors que le continent africain est durement frappé par la pandémie.
L’Algérie va-t-elle pouvoir conserver sa couronne continentale au moins encore pour une année de plus? Déjà reportée d’une année en raison de l’expansion du Coronavirus sur le continent africain, l’édition 2021 de la Coupe d’Afrique des nations – qui devait se tenir du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun – va peut-être connaître un nouveau coup dur.
Ce qui était encore une réflexion il y a plusieurs semaines est devenue bien plus qu’une probabilité ces derniers jours. Selon nos informations, la Confédération africaine de football (CAF) pourrait annoncer une annulation de cette édition. La réflexion est en tout cas engagée.
Reconnaissable entre toutes par son architecture faite de pavillons triangulaires, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) tient debout depuis le début des années 1970. Récit d'un de ses concepteurs
Reconnaissable entre toutes par son architecture faite de pavillons triangulaires, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) tient debout depuis le début des années 1970. Un de ces deux concepteurs, l’architecte Jean-François Lamoureux, raconte comment lui et Jean-Louis Marin avaient réussi à gagner sur concours le droit de construire ce site auquel ils ont imprimé leur vision.
On est au début des années 1970. Le Sénégal veut se doter d’un centre ouest-africain spécialisé dans la promotion des échanges et des investissements internationaux. Pour faire sortir l’idée de terre, le Gouvernement lance un concours international d’architecture. Deux jeunes français âgés de 28 ans, sans grande expérience, mais avec beaucoup de « conviction », dament le pion à leurs concurrents dont certains étaient des architectes « aguerris », se rappelle l’un deux, Jean-François Lamoureux. Lui et Jean-Louis Marin furent donc choisis par les autorités sénégalaises pour réaliser ce qui deviendra d’abord le Centre international d’échanges de Dakar (Cied), puis le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices). « Il y avait beaucoup d’incertitudes sur la réalisation de ce projet extraordinairement ambitieux. Mais, à la fin, ce fut assez libératoire pour nous parce qu’ayant réalisé un projet intellectuel abstrait sans les pressions qui pouvaient y avoir. Nous avons fait ce que nous avions pensé, avec conviction et sans craintes. Le rendu a été fidèle », souligne M. Lamoureux.
Près de 50 après, les deux concepteurs du Cices ont été invités à participer aux travaux du Comité de réhabilitation du site mis en place par l’État du Sénégal et présidé par l’architecte du Palais. On y retrouve des experts internationaux dont la Marocaine Aziza Sawi et l’architecte sénégalais Mourtada Guèye. Mercredi dernier, ils ont participé à une table-ronde sur la réhabilitation du Cices aux côtés du Dg Salihou Keïta.
Pour Jean-François Lamoureux, dès le départ, lui et son collègue ont voulu imprimer leur marque en jouant sur l’aspect symbolique tout en tenant compte des aléas budgétaires du projet. « Cette opération avait peu de chance de succès, car la mobilisation du financement n’était pas évidente à l’époque. Nous sommes partis d’une idée forte qui met l’accent sur l’aspect symbolique, la ventilation et la pérennité. Nous étions imprégnés dans la volonté de faire quelque chose de spécifique. Le Cices, c’est l’élégance, la visibilité, un port et une allure qui renvoient à la grâce de la femme sénégalaise. L’aspect ventilation naturelle a été très importante dans la conception ; d’où l’alternance de grands et de petits triangles. Donc, c’était des idées de base, des idées simples », dit-il.
De ces idées basiques est né le Cices tel qu’on le connaît avec un mélange de formes primaires : du rond, de la sphère et du triangle. Le tout en deux composantes. D’abord, un Parc des expositions disposant de vastes espaces modulables et composé de six pavillons principaux et sept pavillons dits « régionaux », l’ensemble couvrant une superficie totale de 27 000 m² ; des aires extérieures d’exposition sur 29 000 m² ; un bâtiment technique comprenant des entrepôts (50 à 400 m²) et des bureaux, et un bloc d’édifices abritant les bureaux des services administratifs. Ensuite, un Centre de congrès composé de salles polyvalentes.
Près d’un demi-siècle après, Jean-François Lamoureux est heureux de constater que leur bébé d’alors a grandi et tient toujours sur ces deux jambes, robuste comme un gaillard. « Quand on voit le Cices, c’est la vitalité, c’est l’énergie avec une position privilégiée en centre-ville. Pour nous, à l’époque, il avait vocation à être à l’abandon ou démoli comme cela a commencé avec la pression immobilière. Ce qui est incroyable, c’est qu’il y a un coup d’arrêt de cette pression immobilière. C’est un miracle », se réjoui-t-il.
L’architecte est d’autant plus fier qu’il se souvient que « tout a été construit avec des moyens et des matériaux locaux » et avec une main-d’œuvre locale qualifiée. « Nous n’avons pas eu besoin d’utiliser de supers grus. Avec des échelles et des seaux, nous avons pu construire le Cices. Et pour le revêtement des pavillons, nous avons utilisé du marbre, du coquillage, du galet, de la latérite, lesquels représentaient l’idée de la région et des tissus africains », précise-t-il. S’exprimant sur la vétusté du Cices, M. Lamoureux invite à relativiser. Si vétusté il y a, elle n’est pas, selon lui, fondamentale mais plutôt superficielle. « Le Cices a résisté au temps. Il faut insister sur l’entretien », préconise-t-il.