SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 juillet 2025
2,5 MILLIARDS FCFA DEJA SAISIS, 91 DOSSIERS TRAITES ET 162 PERSONNES ARRETEES
Le Pool judiciaire et financier (Pjf) a déjà traité 91 dossiers, saisi 2,5 milliards FCfa et transmis 87 dossiers aux juges d’instruction, a révélé, ce vendredi soir, à Dakar, le procureur de la République financière, El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla.
Le Pool judiciaire et financier (Pjf) a déjà traité 91 dossiers, saisi 2,5 milliards FCfa et transmis 87 dossiers aux juges d’instruction, a révélé, ce vendredi soir, à Dakar, le procureur de la République financière, El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla. S’exprimant sur la RTS, le magistrat a également annoncé que le Pool a procédé à 162 arrestations.
C’est le mardi 17 septembre 2024 que 27 magistrats spécialisés dans la lutte contre la corruption et les crimes économiques ont été officiellement installés au sein du Pool judiciaire et financier. Cette structure sera notamment chargée d’examiner les plaintes pour corruption, détournement de deniers publics, blanchiment d’argent et financement du terrorisme.
LES PREMIERS COUPS DE FILET DU PJF
Derrière les murs du Building administratif, une équipe de 27 magistrats mène une lutte sans merci contre la criminalité économique. Les premiers résultats révèlent plus de deux milliards de francs saisis et plus de 160 arrestations effectuées
(SenePlus) - D'après un reportage de la RTS, le Pôle Judiciaire Financier (PJF) affiche un bilan considérable après seulement quatre mois d'existence. Cette nouvelle institution, créée en août 2023, s'impose déjà comme un acteur majeur dans la lutte contre la délinquance économique et financière au Sénégal.
Au sixième étage du Building administratif, vingt-sept magistrats, épaulés par leurs greffiers, travaillent sans relâche sur des dossiers sensibles. Selon le reportage de la RTS diffusée vendredi 17 janvier 2025, l'institution a déjà traité 91 affaires concernant des crimes économiques et délits financiers.
Le procureur de la République, El Hadji Aliou Abdoulaye Sylla, révèle des chiffres éloquents : "À ce jour, il y a eu 162 arrestations. Il y a 87 dossiers qui ont été transmis au juge d'instruction." Plus impressionnant encore, le montant des saisies et cautionnements s'élève à "2 milliards 500 millions", auxquels s'ajoutent divers "moyens roulants" confisqués.
Le directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG), Yakham Leye, souligne la spécificité du PJF par rapport à son prédécesseur, la Cour de Répression de l'Enrichissement Illicite (CREI) : "Le pôle judiciaire et financier va connaître de la grande délinquance économique et financière. Il sera donc animé par des magistrats spécialisés et qui seront assistés [...] par des assistants de justice qui sont également des experts dans des domaines aussi divers que la finance, la banque, l'informatique, les marchés publics."
Une avancée majeure distingue le PJF : l'introduction du double degré de juridiction. Comme l'explique le DACG, cette innovation permet désormais aux personnes jugées de faire appel, un droit qui n'existait pas sous la CREI.
Le procureur du PJF insiste sur la diversité des sources des dossiers traités : "Nous avons reçu des dossiers de l'Ofnac. Nous avons également été saisis récemment de certains dossiers de la CENTIF." Il réaffirme l'engagement de l'institution envers la transparence, tout en respectant "les règles relatives à la présomption d'innocence et aux droits de la défense."
L'actualité récente du PJF a été marquée par l'annonce d'une traque portant sur 125 milliards de francs, révélée dans un communiqué le 12 janvier dernier. Cette affaire illustre l'ampleur des enjeux auxquels fait face cette nouvelle institution judiciaire.
Le fonctionnement quotidien du PJF, tel que décrit par la RTS, révèle une procédure rigoureuse. Les personnes convoquées sont entendues en présence de leur avocat, avec la possibilité de répondre ou non aux questions du juge. Si des charges sont retenues, leurs dossiers sont transmis au parquet pour la suite de la procédure.
DEEYANTE AK ADDUNA, UN VOYAGE VISUEL ET POÉTIQUE
Maya Inès Touam, photographe franco-algérienne, expose « Déeyante ak àdduna » (Les murmures du vivant). Une plongée mystique dans les liens profonds entre l’humain et son environnement
Maya Inès Touam, photographe franco-algérienne, expose « Déeyante ak àdduna » (Les murmures du vivant). Une plongée mystique dans les liens profonds entre l’humain et son environnement. À travers photographies et sculptures, cette exposition, qui se tient à la Galerie Le Manège de Dakar, propose une émotion singulière et universelle.
Parfois, les idées voguent et fendent les entrailles du cosmos. Parfois, l’obscurité enveloppe tout. Comme un étranger venu de loin, un pèlerin surpris par la postérité des lieux, la peur prend le dessus et le coeur tambourine. Par moments jaillit la lumière. Une peur entremêlée de joie suit, alors. Souvent on rit, mais parfois on pleure. Dans l’entre-deux de l’ombre et de la lumière, où la vie et la mort dansent leur éternel ballet, l’esprit navigue avec grâce. Le temps est indescriptible. Un univers mystique se dévoile. Le reflet des portraits devient des rituels entre rires et pleurs. Il tisse des récits où les joies et les tourments s’entrelacent. Mystère. Souffle… On ressent… Aucune âme vive ! Et pourtant, la curiosité, pas du tout morbide, dicte sa loi, et avancer s’impose, en effet. Puis, s’affiche un tableau de quatre portes infranchissables au bord de l’océan. Ce dernier avance sans pitié, en quête d’espace (érosion côtière).
Dans ce clair-obscur où règne un murmure silencieux, maintenant, on entend les lames sur la grève bouillonner et courir, et toujours sans trêve s’écrouler en faisant un fracas cadencé.
Sauf que ceci n’est pas un rêve. Mais un conte peint dans une atmosphère qui invite à la méditation. Ce conte, c’est celui de Louis Camara qui raconte l’histoire de Mame Coumba Bang, génie protecteur, et sa relation avec les Saint-Louisiens. Dans ce tableau qui attire les regards, c’est donc Aïssatou qui a rêvé de sa grand-mère, qui lui demande d’aller faire une offrande à Mame Coumba Bang, déesse du fleuve, afin qu’elle puisse protéger les populations contre l’avancée de la mer. Au milieu de la nuit, au moment où l’on n’entend que le son du silence, « un bruit tonitruant résonne », narre-t-on. C’est Mame Coumba Bang qui lutte contre l’avancée de la mer grâce à l’offrande d’Aïssatou.
Une technique artistique unique
C’est là que fruits, légumes, lait caillé, pommes, mangues, objets d’art, entre autres, comme offrandes, composent l’image. Des éléments qui représentent le tumulte de la région de Saint-Louis en tant que ville cosmopolite.
« Pour une oeuvre photographique, elle fait 1500 clichés avant de prendre, une par une, les images qui lui permettent ensuite de créer ses compositions », précise Ken Aïcha Sy, commissaire de l’exposition. « C’est un processus très long et une installation très technique », ajoute la directrice de la Galerie Le Manège.
Identité, mémoire
Ce voyage visuel et poétique « Déeyante ak àdduna », traduit en « Hamasset el Ahiaa » en arabe et « Les murmures du vivant » en français, est l’oeuvre de Maya Inès Touam, artiste photographe franco-algérienne. Elle puise son essence dans les contes animistes qui bercent les Sénégalais depuis l’enfance, et dans les liens profonds entre l’homme et la terre. L’artiste, reconnue pour ses oeuvres allégoriques explorant l’identité, la mémoire et la culture, nous convie à explorer ici les subtiles interconnexions entre l’humain et son environnement. Maya célèbre le monde du vivant à travers un parcours mêlant photographies et sculptures. Conçue pour offrir une expérience immersive riche en poésie, l’exposition ancre chaque projet dans le territoire traversé. Dans la région de Saint-Louis, Maya Inès Touam sculpte des fragments d’histoire. Elle ravive visuellement les récits oraux ancestraux de cette contrée. À travers des mises en scène détaillées, l’artiste rythme la rencontre entre l’homme et la nature et révèle leur influence mutuelle ainsi que leur coexistence harmonieuse.
Une invitation à la réflexion
Puisant son inspiration dans les contes animistes, elle présente des oeuvres qui réactivent visuellement des histoires transmises de génération en génération. Une de ses pièces mettant en scène une mangrove où une natte étalée invite à la réflexion sur la cohabitation entre l’homme et son environnement.
« C’est pour montrer qu’il existe véritablement une cohabitation intéressante et un lien particulier entre l’homme et la nature », explique la commissaire d’exposition.
Dans la production artistique de l’auteur, les portraits vibrants, inspirés des gestes des ouvriers agricoles, traduisent une chorégraphie du quotidien où passion et communion s’entrelacent.
Les techniques de Maya Inès Touam, comme le contre-collage et la peinture digitale, créent un dialogue subtil entre l’ombre et la lumière. Chaque oeuvre est une invitation à explorer les contrastes entre la vie et la mort, la nature et la modernité.
Plus loin, une autre pièce interroge le lien entre l’homme et la pollution à travers des feuilles de bananes mortes qui jonchent le sol, tandis qu’en arrière-plan, une nature en filigrane suggère l’urgence de sa préservation.
Maya Inès Touam ne se contente pas de capturer la nature ; elle dialogue avec elle. Les récits oraux et visuels se croisent dans une mise en scène où chaque élément, de la couleur au contraste, a son importance. « Elle recrée un univers où chaque détail résonne avec l’histoire de la région et les enjeux de son environnement », souligne la directrice. Une approche qui trouve un écho puissant dans les compositions aux accents anthropologiques et artistiques de l’exposition.
Les oeuvres, tels des fragments d’une mémoire collective, racontent aussi des histoires humaines. À travers des herbiers photographiques, des fresques vivantes ou encore des objets symboliques, inspirés d’Henri Matisse, l’artiste célèbre les hommes et les femmes qui participent à la préservation du patrimoine naturel. Une photo, par exemple, montre une scène où hommes et femmes incarnent à la fois la force et la grâce dans la végétation avec chorégraphie du labeur.
« Déeyante ak àdduna » s’inscrit dans le cadre du Partcours et des Off de la Biennale de Dak’Art. Ce projet, soutenu par le Fonds de dotation Compagnie fruitière et réalisé en collaboration avec des artisans locaux, illustre les interconnexions profondes entre l’humain et la nature. « Pour Maya Inès Touam, chaque territoire traversé est une matière vivante qu’elle transforme en poésie visuelle », confie Ken Aïcha Sy.
À travers ses œuvres, l’artiste nous rappelle avec puissance la fragilité et la beauté de notre lien avec la nature.
L’exposition ne se contente pas de montrer, elle engage. En suivant les pas de Maya Inès Touam, le spectateur devient un voyageur, invité à naviguer entre les histoires tissées par la terre et les eaux. Pour l’artiste, chaque image est une porte ouverte vers une réflexion plus large sur notre place dans l’univers.
Ainsi, « Les murmures du vivant » transcende l’art pour devenir une véritable expérience sensorielle et intellectuelle. Un voyage où la poésie de l’image et la puissance du récit se rencontrent pour célébrer la vie dans toute sa splendeur et sa complexité.
BAKARY SARR PRECONISE DES MESURES URGENTES POUR LA PRÉSERVATION DE L'ÎLE DE GORÉE
L’urgence de préserver l’île de Gorée, patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1978, a été réaffirmée, hier, par Bacary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, lors d’une visite de travail.
Lors d’une visite de travail, hier, sur l’île de Gorée, le secrétaire d’État à la Culture, Bacary Sarr, a mis en lumière l’urgence d’intervenir pour préserver ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’érosion côtière et la dégradation du patrimoine bâti, dit-il, nécessitent des actions multisectorielles rapides.
L’urgence de préserver l’île de Gorée, patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1978, a été réaffirmée, hier, par Bacary Sarr, secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, lors d’une visite de travail. « L’érosion est en train de faire son travail et n’attend personne. Il faut prendre des mesures urgentes pour sauver cette île emblématique », a-t-il déclaré. Cette visite s’inscrit dans les instructions données par le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, invitant le ministère de la Culture à évaluer l’état des lieux des sites historiques tels que Gorée et Carabane, afin de déterminer les actions nécessaires à leur conservation. « Nous avons voulu répondre à ces directives en diagnostiquant les enjeux spécifiques à Gorée, un site à la fois culturel et naturel, avec une valeur unique pour les mémoires passées et actuelles », a souligné M. Sarr.
Accompagné de responsables municipaux, d’universitaires et d’experts, le secrétaire d’État a visité plusieurs lieux emblématiques, notamment l’ancien Palais du gouverneur Roume et la mosquée de Gorée, tout en constatant les dégâts causés par l’érosion côtière et l’usure du temps. Au-delà des constats techniques, cette visite a permis de mettre en lumière les difficultés sociales auxquelles sont confrontés les habitants de l’île. C’est dans ce cadre qu’une réunion d’échange avec les parties prenantes s’est tenue au Centre culturel Boubacar Joseph Ndiaye. Pina Henriette Faye, adjointe au maire de la commune, Augustin Senghor, a rappelé que le cadre de vie des populations est impacté par l’état des bâtiments, souvent anciens et délabrés.
« Nous habitons un territoire où les populations doivent vivre décemment. Le fait qu’il y ait des bâtiments appartenant encore à l’État et qui ne peuvent pas être réhabilités gêne profondément. Cela empêche nos populations d’avoir un habitat décent », a-t-elle souligné, précisant que le patrimoine communal est limité à quelques infrastructures dont la mairie et le poste de santé. Elle a également évoqué une confusion fréquente concernant la propriété des bâtiments : « Tout le monde croit que tous les bâtiments de l’île appartiennent à la commune. Pourtant, certains relèvent de l’État et d’autres sont des infrastructures privées, ce qui complique leur entretien ». Malgré ces obstacles, Mme Faye s’est dite optimiste, espérant que cette collaboration entre les autorités locales et l’État débouchera sur des actions concrètes et durables.
Oumar Badiane, directeur du Patrimoine culturel national, a insisté sur la nécessité de préserver l’authenticité de l’île tout en améliorant les conditions de vie des habitants. « Le référentiel, c’est de garder en l’état tout ce qui est à Gorée, parce que cette mémoire transcende les générations. Ce site doit rester un témoignage vivant pour enseigner aux générations futures », a-t-il expliqué. Cependant, il a reconnu que la préservation du patrimoine ne doit pas se faire au détriment des besoins actuels des populations.
Selon lui, le défi consiste à conjuguer conservation et développement local, en s’assurant que les interventions ne compromettent ni l’identité du site ni la qualité de vie des habitants. Au terme de cette rencontre, le secrétaire d’État a souligné que cette visite constitue un prélude à des mesures concrètes. À l’en croire, après cet état des lieux, suivront des actions rapides pour préserver l’île, qui représente une mémoire vivante pour le Sénégal et la diaspora. « À travers une approche multisectorielle, impliquant la restauration du patrimoine bâti, la lutte contre l’érosion côtière, et le soutien au développement socio-économique, les autorités ambitionnent de donner un nouvel élan à l’île de Gorée, tout en assurant sa préservation pour les générations à venir », a-t-il confié.
Par Daouda MANÉ
INTRODUCTION DES LANGUES NATIONALES A L’ECOLE, UN IMPERATIF
Toutefois, l’enseignement des langues requiert certains préalables : le choix de la langue dans une zone doit se faire sur la base d’une étude sérieuse afin d’éviter tout rejet du projet
En Afrique, l’introduction des langues dès l’école primaire n’est pas une nouveauté. Des pays comme la Tanzanie, le Botswana, l’Éthiopie, le Kenya, le Nigeria… l’ont bien réussie. Dans ces pays, grâce à l’introduction des langues nationales à l’école, les enfants comprennent plus vite les mathématiques, les sciences, les technologies.
N’étant pas arrachés de leur environnement culturel, ces élèves comprennent vite et mieux. Chez nous, dès le début du 20e siècle, le colon a tout fait pour briser cet élan. En effet, l’initiative prometteuse de Jean Dard, instituteur français qui avait ouvert, en 1917, à Saint-Louis, la première école d’Afrique noire francophone pour enfants en majorité de couleur appelée, à cette époque, « l’enseignement mutuel » a été vite stoppée. Sa méthode pédagogique basée sur l’enseignement de nos langues, le wolof notamment, consistait « à faire acquérir aux enfants une conscience linguistique claire de leur langue maternelle avant de les faire entrer dans une langue étrangère, le français. Mais, la voie choisie par Jean Dard – le détour par la langue maternelle des enfants – nécessite une bonne maîtrise du wolof. Il l’apprend et le maîtrise au point d’en écrire une grammaire et un vocabulaire. Ses élèves peuvent ainsi lire en wolof pour ensuite traduire en français.
En procédant de cette manière, Dard s’éloigne du fameux projet méthodologique tracé par les autorités coloniales qui, d’ailleurs, ne tardent pas à réagir. En 1822, Jean Dard est démis de ses fonctions d’enseignant sous le prétexte de son inefficacité pédagogique ». (Cf. El Hadji Abdou Aziz Faty, « Politiques linguistiques au Sénégal au lendemain de l’Indépendance. Entre idéologie et réalisme politique », Mots. Les langages du politique, 106 | 2014, 13-26).
Toute langue véhiculant du savoir, contrairement à ce que le colon a voulu nous faire croire en qualifiant nos langues de patois, notre école doit donc intégrer nos langues nationales afin qu’on se libère de l’assujettissement et permettre à nos élèves d’exceller. En effet, plusieurs études ont montré que penser dans sa langue ne fait que faciliter la compréhension. Car, cela permet de surmonter les difficultés liées à la maîtrise de la langue française. Surtout dans les mathématiques, discipline qui « aide à apprendre à raisonner », comme aimait à le rappeler le Pr Mary Teuw Niane, mathématicien. De l’avis du Pr Niane, « [les mathématiques] enveloppées de culture locale ne peuvent que faciliter leur compréhension ».
Auteur du livre écrit en wolof « Nanu Xayma », Mbaye Faye, premier lauréat du Grand Prix du chef de l’État pour les Maths (2012), renchérit que « les mathématiques sont plus faciles à comprendre lorsqu’elles sont écrites et enseignées dans la langue de l’apprenant ». (Cf. Seneweb, 5 octobre 2012). Faudrait-il le rappeler, au Sénégal, depuis quelques décennies, des expériences d’enseignement bilingue avec l’introduction des langues nationales étaient nombreuses. Elles étaient l’œuvre des Ong et projets. Les résultats obtenus dans les zones d’introduction ont montré que ces élèves sont meilleurs que les autres aussi bien en français qu’en calcul.
C’est dire que rien ne s’oppose à l’utilisation de nos langues à l’école. Il est heureux que l’État ait décidé de s’inscrire dans cette voie. Déjà, en 2024, un cadre fédérateur de toutes les interventions et initiatives en matière d’utilisation des langues nationales dans le système éducatif a été mis en place. C’est le Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal (Mohebs) avec six langues nationales retenues : wolof, sereer, pulaar, mandinka, soninké et joola. Toutefois, l’enseignement des langues requiert certains préalables : le choix de la langue dans une zone doit se faire sur la base d’une étude sérieuse afin d’éviter tout rejet du projet. Il faut aussi, entre autres, des matériaux suffisants pour une mise en œuvre rapide, la formation des enseignants.
par Jean Pierre Corréa
LA RÉUNION HOULEUSE DU CNP
EXCLUSIF SENEPLUS - Face au tollé suscité par ses récents propos sur la gouvernance des organisations patronales, Amadou Seck, président de l'UPIC est resté ferme sur ses positions, appelant à un renouvellement des instances
Les propos tenus lors d’une émission de la TFM par Amadou Seck, évoquant un déficit de démocratie à l’interne des organisations patronales, avaient abouti à une convocation d’une réunion du CNP, plaçant ce fait au premier rang d’un ordre du jour aux allures de règlement de comptes. Selon des sources concordantes, ce fut le cas.
En effet, plusieurs participants eurent à reprocher au président de l’UPIC ses propos jugés comme dissidents, alors que « l’accusé », a, selon nos sources, avec tranquillité, rétorqué que ses propos étaient d’une part, généraux, mais qu’il les maintenait, même si certains s’étaient sentis visés par sa sortie, appelant à un renouvellement de plusieurs instances patronales. Tous les reproches faits à Amadou Seck ont semble-t-il été balayés par le président de l’UPIC, devant un président du CNP, Baïdy Agne, quelque peu gêné aux entournures, face à la direction que prenait ce débat d’un autre temps. Car, l’évidence semble être de constater l’importance prise par l’UPIC et sa gestion, qui aura valu à Amadou Seck d’être du voyage en Gambie en compagnie du Premier ministre Ousmane Sonko, et surtout les nouvelles orientations du pouvoir en place, dans sa collaboration avec le secteur privé, désorientant un peu les personnalités d’un patronat devenu archaïque dans son fonctionnement, lequel paralyse ses objectifs d’accompagnement du pouvoir en place dans les mécanismes notamment de mise en place de stratégie liées à l’emploi, des jeunes en particulier.
Le débat fut donc houleux, même si Amadou Seck, est resté droit dans ses mocassins, avant d’être orienté sur des objectifs de changer de politiques, comme à l’IPRES ou à la Caisse de Sécurité Sociale, qui faisaient partie du même ordre du jour.
Il faut maintenant espérer que les observations de Monsieur Amadou Seck soient prises en considération pour une meilleure et plus efficace participation de nos organisations patronales aux politiques publiques qui mettront notre pays sur la voie définitive du progrès et du développement.
VIDEO
YAFERA, LE COMBAT QUOTIDIEN D’UN VILLAGE POUR LA RECONSTRUCTION
À Yaféra, la terre est le socle de tout. Les champs d’arachides et de riz nourrissent les familles et constituent leur principale source de revenus. Mais cette année, les récoltes ont disparu sous les eaux.
Papa Abdoulaye SY, envoyé spécial à Bakel |
Publication 18/01/2025
Il y a trois mois, le calme qui définissait Yaféra, un petit village agricole niché à quelques kilomètres de Bakel, a été violemment perturbé par des inondations d’une ampleur sans précédent. Si les habitants ont eu la chance de ne pas déplorer de pertes humaines, les conséquences matérielles ont été dévastatrices. Depuis, la vie de cette communauté s’est transformée en un combat quotidien, où chaque jour est un pas de plus vers la reconstruction.
À Yaféra, la terre est le socle de tout. Les champs d’arachides et de riz nourrissent les familles et constituent leur principale source de revenus. Mais cette année, les récoltes ont disparu sous les eaux.
Adama Timéra, fils du chef du village et agriculteur, décrit la situation avec une profonde tristesse : « Nous n’avons rien pu sauver. Pas une seule cacahuète. Même le foin, que les femmes ramassent pour les animaux, a été emporté. » Sans récoltes à mettre de côté, les greniers restent désespérément vides, et l’insécurité alimentaire s’installe. Pour aggraver les choses, le prix des arachides, désormais fixé à 1 000 FCFA le kilo, rend l’accès à la nourriture encore plus difficile.
Malgré tout, certains habitants tentent de se relever en se tournant vers des cultures de contre-saison, comme les patates douces ou les haricots. Mais ces efforts, bien que louables, sont loin de combler les besoins croissants de la communauté.
Les habitations, construites en banco, n’ont pas résisté à la violence des intempéries. Sur 74 maisons endommagées, 26 sont devenues inhabitables, tandis que les autres sont marquées de profondes fissures, menaçant à tout moment de s’effondrer. Beaucoup de familles vivent aujourd’hui sous des tentes fournies par des associations locales et l’État du Sénégal. « Ces tentes ne sont pas faites pour durer », raconte Khalilou Keita, un sinistré. « La nuit, il fait un froid glacial, et le jour, c’est une véritable fournaise. »
Ces conditions de vie précaires exposent les habitants à des problèmes sanitaires croissants. Une seule toilette est disponible pour toutes les familles vivant sous les tentes, ce qui favorise l’apparition de maladies comme la diarrhée ou les infections cutanées. Pourtant, la solidarité entre les villageois reste forte. Les familles partagent le peu qu’elles possèdent, et malgré les difficultés, les enfants continuent de se rendre à l’école.
Inquiétudes
Mais avec le Ramadan qui approche, les inquiétudes se font plus pressantes. « Nous n’avons aucun moyen de conserver les aliments. Avoir un réfrigérateur changerait tout », confie Ibrahima Traoré, qui, comme beaucoup d’autres, lutte pour maintenir une lueur d’espoir sous ces bâches de fortune.
Dans ce contexte difficile, la communauté s’organise. Amada Timéra, à la tête de la commission inondation, travaille sans relâche pour mobiliser des ressources et répondre aux besoins les plus urgents. « Nous faisons de notre mieux, mais nos moyens sont limités », explique-t-il. Des experts et fils du village, comme Mamadou Bouna Timéra, géographe à l’Université Cheikh Anta Diop, ont proposé des solutions durables : construction de bassins de rétention, amélioration des infrastructures et réorganisation des zones résidentielles. Cependant, ces projets nécessitent des financements conséquents, qui se font attendre.
À l’approche de la prochaine saison des pluies, l’angoisse grandit. « Si rien n’est fait, nous risquons de revivre le même cauchemar », avertit Adama Timéra. Les priorités sont claires : reconstruire des maisons solides, améliorer les conditions sanitaires et sécuriser l’accès à l’eau potable. Mais pour cela, la communauté a besoin de soutien.
Malgré tout, les habitants de Yaféra gardent foi en l’avenir. Ils puisent leur force dans leur solidarité et dans l’aide de proches vivant à l’étranger. « L’État a apporté un début de solution, mais cela ne suffit pas », déclare Boubacar Babi, agriculteur et sinistré. « Ce que nous voulons, ce n’est pas de la charité, mais les moyens de nous relever. »
Dans ce village marqué par les épreuves, la volonté de reconstruire est palpable. Khalilou Keita résume l’état d’esprit de ses voisins : « Nous ne demandons pas grand-chose. Juste une chance de reprendre le cours de nos vies. »
Yafféra est aujourd’hui un symbole de résilience et d’espoir. Avec un soutien adapté et des actions concrètes, ce village pourrait redevenir le havre paisible qu’il était autrefois.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE WEEK-END
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil,
BALLOU, LA NOUVELLE VIE, TROIS MOIS APRÈS LA CRUE DU FLEUVE
Plus de 210 maisons détruites, des terres fertiles submergées et des infrastructures anéanties ont laissé place à un décor de désolation. Trois mois après, les habitants, livrés à eux-mêmes, luttent pour reconstruire leur vie.
Certaines tragédies s’écrivent dans le silence des ruines, où chaque mur effondré raconte un chapitre de désolation. C’est le cas de Ballou, un paisible village situé à 35 kilomètres de Bakel, brutalement frappé par une crue dévastatrice. Le 12 octobre dernier, des eaux incontrôlables ont bouleversé le quotidien de ses habitants, plongeant la communauté dans une crise sans précédent.
En quelques heures, plus de 210 maisons ont été réduites en décombres, des champs fertiles engloutis, et des infrastructures fragiles balayées. Depuis, les jours passent, marqués par l’absence de secours. Les villageois n’ont d’autre choix que de s’appuyer sur leur solidarité et leur espoir pour survivre à cette épreuve.
Au cœur de ce désastre, une figure familière se dresse : Sourakhata « Tchioula » Nianghane. Casquette bien en place, il arpente les rues inondées sur sa moto. À chaque halte, il prête une oreille attentive, réconforte ou partage une histoire marquée par la douleur.
« Cette maison-là abritait une famille de plus de 10 personnes. Aujourd’hui, ils dorment sous une tente de fortune, » confie-t-il d’une voix chargée d’émotion, en désignant ce qui reste d’une habitation : des murs lézardés, un toit à terre. Tout autour, le même tableau de désolation.
Les nuits sont froides et interminables. Les enfants, exposés aux maladies, dorment dans des tentes, entourés de chiens errants, tandis que les femmes, piliers de leurs foyers, tentent de maintenir une apparence de normalité malgré la pénurie de nourriture et d’eau potable.
« Nous avons attendu de l’aide, mais elle n’est jamais venue, » déplore Sourakhata, sans détour. Ni provisions, ni abris, ni promesses concrètes n’ont été apportés. Ballou semble effacé des cartes. Les rares magasins du village sont vides, et les biens essentiels ont été emportés par les eaux.
Pire encore, la mairie a vu ses archives administratives détruites. Ces pertes invisibles accentuent l’incertitude, laissant les habitants désemparés face à l’avenir.
Malgré tout, des signes d’espoir subsistent. Les jeunes, notamment ceux partis étudier à Dakar, ont répondu à l’appel. « Ils sont revenus, laissant tout derrière eux pour nous aider, » témoigne Sourakhata, entre fierté et reconnaissance. Leur soutien a ravivé l’espoir des sinistrés.
« On ne peut pas revivre ça »
Ils ont retroussé leurs manches pour déblayer les débris, distribuer les maigres ressources disponibles et, surtout, rappeler aux villageois qu’ils ne sont pas seuls. Pourtant, leur énergie et leur détermination ne suffiront pas à combler l’urgence criante de moyens extérieurs.
« Ce que nous traversons aujourd’hui est un échec collectif, » admet Sourakhata. Selon lui, reconstruire Ballou ne doit pas se limiter à rebâtir des murs. Il appelle à des solutions durables : des infrastructures adaptées, un système de drainage efficace et une meilleure anticipation des catastrophes naturelles. « On ne peut pas revivre ça. Des mesures doivent être prises, » insiste-t-il.
Malgré les épreuves, les habitants de Ballou gardent la tête haute. Leur résilience est une source d’inspiration. « Nous avons tout perdu, sauf notre espoir. Avec de l’aide, nous pourrons tout recommencer, » affirme Sourakhata, déterminé, le regard tourné vers l’avenir.
Ballou, bien que meurtri, refuse de céder. Ce village attend un geste concret, un soutien pour renaître de ses cendres. Car derrière chaque maison détruite se cachent des vies, des rêves et une communauté qui ne demande qu’une chose : une seconde chance.