5e recensement général de la population
Le Président Macky Sall a décrété le cinquième recensement général de la population et de l’habitat (Rgph-5) sur l’ensemble du territoire. Le président de la République, Macky Sall, qui a annoncé cette décision à travers un décret qu’il a signé, précise que celui-ci sera organisé dans le courant du second semestre de l’année 2023. L’objectif du cinquième recensement de la population et de l’habitat, selon le chef de l’Etat, est de mettre à la disposition de l’Etat et des acteurs du développement des données statistiques récentes et exhaustives pour une meilleure planification du développement économique, social et environnemental ainsi qu’un suivi-évaluation régulier des populations et programmes de développement.
Des pêcheurs sénégalais arrêtés en Guinée-Bissau
Une centaine de pêcheurs sénégalais sont retenus en Guinée-Bissau par les garde-côtes de ce pays, a déclaré, samedi à Joal-Fadiouth, le secrétaire général «de And Bokk Khol», une association de professionnels de la pêche artisanale. Des acteurs de la pêche réunis autour d’Ameth Wade, le leader de ladite association, ont souhaité que les autorités sénégalaises intercèdent auprès de leurs homologues de la Guinée-Bissau pour obtenir le retour des pêcheurs. Selon M. Wade, il leur est reproché de pêcher dans les eaux de la Guinée-Bissau avec des outils interdits par ce pays. Dans chacune des cinq pirogues se trouvent «une vingtaine de personnes», soit environ 100 pêcheurs, a expliqué Ameth Wade lors d’un point de presse à Joal-Fadiouth. Les pêcheurs sénégalais ont été conduits par les garde-côtes à Cacheu, une ville située dans le nord-ouest de la Guinée-Bissau. Le président de l’association «And Bokk Khol» dit avoir informé la direction des pêches maritimes du Sénégal de leur sort. Pour le retour au Sénégal des pêcheurs, il souhaite l’intervention du président de la République, Macky Sall. «Dans un premier temps, on leur a infligé une amende de 500 000 francs CFA. On leur a ensuite réclamé 2 millions de francs CFA par pirogue en guise d’amende», a ajouté M. Wade à l’APS.
Dr Cheikh Tidiane Gadio primé au Rwanda
L’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal et vice-président de l’Assemblée Nationale du Sénégal a été primé hier, au Rwanda, lors du Forum de la Fondation 225. Dr Cheikh Tidiane Gadio, non moins président de l’Institut Panafricain de Stratégies (IPS), a reçu des mains du maire de Kigali « le prix africain du mérite et de l’excellence du meilleur artisan africain de la diplomatie et de l’action parlementaire». Dr Gadio a vivement remercié le président Fondateur du Prix Africain du Développement (PADEV) Koffi Kouadio, avant de dédier son prix à la femme africaine qui, pour lui, est le socle de la résilience africaine comme l’ont prouvé à la face du monde les dames du Rwanda. Pour lui, l’Afrique doit enfin comprendre et accepter le leadership féminin, seule bouée de sauvetage qui reste au continent pour ramener la paix, réussir la renaissance africaine dont la condition sine qua non reste la construction des États-Unis d’Afrique.
Vers la fin de la 3e vague de la covid-19
Durant ce long week-end, le Sénégal a enregistré 28 nouvelles contaminations au coronavirus, d’après le ministère de la Santé et de l’Action Sociale. Le rythme de contamination du virus continue de baisser. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale (MSAS) a dénombré hier, 5 nouveaux cas de covid-19, 14 nouvelles infections toutes causées par la transmission communautaire le dimanche, et 09 nouveaux cas le samedi. Le taux de positivité se situe à moins de 1%. A la date d’hier, seuls 10 patients sont dans les services de réanimation. Aucun décès lié au covid19 n’a pas enregistré par le ministère de la Santé. A ce jour, le Sénégal a enregistré 73 747 cas positifs, dont 71 612 guéris, 1 855 décès et 279 sous traitement. La campagne de vaccination contre la covid-19 se poursuit. Le Sénégal a atteint 1 241 276 personnes vaccinées.
Mass Dia tombe avec 111 cornets de drogue
Les éléments du Commissariat de Police de Grand Yoff ont mis fin au business du présumé dealer, Massamba Dia âgé de 43 ans. Exploitant une information faisant état de la présence d’un trafiquant de chanvre indien à Scat Urbam près de Auchan, un lieu où convergent ses clients, les policiers ont établi une planque à quelques encablures des lieux. Dès son apparition sur le lieu indiqué, Massamba Dia, se disant marchand, est alpagué par les limiers de Grand Yoff. La fouille a permis de découvrir par devers lui 111 cornets de chanvre indien, 250g en vrac de chanvre indien, une somme de 12 500 F cfa issue de la vente de la drogue, un téléphone portable de marque Samsung et son chargeur, et du matériel de confection de cornets (ciseaux, journaux) minutieusement dissimulés dans son sac à dos. Interrogés sur son business, Massamba Dia a avoué être le propriétaire de la drogue, de l’argent et des objets trouvés sur lui au moment de son interpellation. Il prétend avoir acheté la drogue en pleine rue dans la banlieue. Il a été déféré au parquet après l’expiration de son délai de garde à vue.
Un véhicule calciné à la cité impôts et domaines
Panique à la cité impôts et domaines. Un taxi a été retrouvé complètement calciné à la cité impôts et domaines de la commune de Patte d’Oie. L’origine du feu reste inconnue pour le moment. Mais selon nos sources, le feu a eu lieu vers 06h du matin. Alertés, les sapeurs-pompiers, malgré la rapidité de leur intervention, ont trouvé que le feu avait complètement consumé la voiture. Les éléments de la police des Parcelles assainies qui étaient sur les lieux ont ouvert une enquête.
Diattara interpellé par Serigne Mountakha Mbacké
Le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diatara qui faisait partie des membres de la délégation gouvernementale à la cérémonie officielle du grand Magal de Touba, s’est senti interpellé par le message du Khalife Général des Mourides à propos des réseaux sociaux. Selon Yankhoba Diattara, l’interpellation de Serigne Mountakha Mbacké prouve à suffisance que la régulation de ce secteur (réseaux sociaux) est une sur-priorité à laquelle il faudra apporter des réponses appropriées. Le guide religieux a évoqué le lancinant débat sur les dérives sur les réseaux sociaux qui, dit-il, entraînent la dislocation de ménages, brisent des amitiés, entre autres conséquences fâcheuses. Seulement, d’après Yankhoba Diattara, cette préoccupation du Khalife Général des mourides avait déjà été prise en charge par le Chef de l’Etat avec la mise en place d’une commission qui est en train de réfléchir sur un dispositif approprié de régulation des réseaux sociaux. Le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications rassure que le gouvernement va bientôt proposer un projet de loi pour ce qui est de la prise en charge de cette question, afin de stabiliser notre société.
Sonko invité de Serigne Cheikh ibn Saliou Mbacké
Restons à Touba pour dire que le leader de Pastef est retourné dans la capitale du Mouridisme pour célébrer le grand Magal, sur invitation de Serigne Cheikh Saliou, Khalife de Serigne Saliou Mbacké. Ousmane Sonko est arrivé à Touba la veille de la célébration avant de rejoindre les appartements privés du guide religieux situés dans la résidence de Serigne Saliou Mbacké. Le leader de Pastef a eu un entretien avec le guide religieux qui le considère comme un fils. Serigne Cheikh Saliou Mbacké n’a pas manqué de lui témoigner sa considération et son estime. Dans la matinée du 18 Safar, aux côtés de Serigne Cheikh Saliou, Ousmane Sonko a participé au traditionnel récital du Saint Coran qui marque la célébration du grand Magal de Touba.
Le Pld /Suqali bat le rappel des troupes
Les élections locales arrivent à grands pas. Partout, les partis politiques et coalitions battent le rappel des troupes. C’est le cas du parti des Libéraux et Démocrates (Pld/Suqali) dirigé par l’édile de Dagana, Oumar Sarr. Dans la région de Saint-Louis, la classe politique multiplie les rencontres. De Mpal à Mbollo Birane en passant par Saint-Louis, Ross Béthio, Richard Toll, Mbane, Dagana, Gaé, Thillé Boubacar, Thiangaye, Podor, Gamadji Saré, Ndioum, Médina Ndathbé, Pété, Galoya, la mobilisation est de mise. Les partisans d’Oumar Sarr préparent activement ces joutes électorales. Ils attendent les choix de Macky Sall, président de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby). Les Libéraux et Démocrates entendent jouer pleinement leur partition pour donner à la majorité présidentielle le maximum de collectivités territoriales dans cette partie nord du pays. En ce sens, un vaste rassemblement régional est annoncé. Selon nos sources, la manifestation sera présidée par Oumar Sarr à la tête de la mairie de Dagana depuis 1996.
Moustapha Diop a convoyé gratuitement des pèlerins
Le Magal de Touba 2021 a vécu. Plusieurs fidèles ont rallié la ville sainte de Touba sans dépenser un sou. En effet, ces mourides ont voyagé gratuitement grâce au maire de la commune de Louga. Moustapha Diop par ailleurs, ministre de l’Industrie, des Petites et Moyennes Industries, a convoyé plusieurs cars pour assurer le transport des populations de Louga. Ces dernières, qui sont rentrées hier, ont vivement remercié leur édile pour les moyens mis à leurs dispositions pour assurer le transport aller et retour. A signaler que le maire Moustapha Diop n’en est pas à son premier coup d’essai.
Le conteur saint-louisien, Zoumba Sow primé à Dubaï
Le conteur saint-louisen est primé. Au forum mondial des conteurs, tenu à Dubaï. l’artiste compositeur de la vieille ville, Zoumba Sow, a porté haut le drapeau national. Il a remporté deux prix à l’occasion de cette compétition qui a vu la participation de plusieurs nationalités. Ce succès est le couronnement de son engagement pour le rayonnement du conte sénégalais. Zoumba Sow qui a représenté le Sénégal a remercié les autorités qui lui ont facilité beaucoup de choses.
Braquage à Velingara
Deux hommes ont braqué Malang Mané, un menuisier métallique sur l’axe Biarou-Bonconto alors qu’il rentrait chez lui. Il n’a pas opposé une résistance aux malfaiteurs qui l’ont dépouillé de 45 mille F Cfa et de ses deux téléphones portables, selon une source de Dakaractu. Il faut rappeler que le village de Biarou se situe sur la route nationale N°6 où se tiennent des marchés hebdomadaires, tandis que Bonconto est à une quinzaine de km à l’Est de la RN 6. Ces deux villages sont distants d’une quinzaine de kilomètres. À cause du mauvais état de la route, les deux malfrats n’ont pas emporté la moto.
L’Assemblée sur les passeports diplomatiques
L’affaire des députés Boubacar Biaye et Mamadou Sall, cités dans un trafic de passeports diplomatiques, a désormais franchi nos frontières. Le dossier est actuellement sur la table du ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian a appris Emedia.sn. Il faut rappeler que le bureau de l’Assemblée a été convoquée pour préparer l’ouverture de la session unique du parlement mais il devrait également aborder le dossier sulfureux qui met en selle des députés.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
UNE RÉPUBLIQUE DE CONTREFAÇON
EXCLUSIF SENEPLUS - Tout semble faux au Sénégal, y compris la démocratie, l’émergence. Seule la pauvreté n'est pas falsifiée. Cette affaire de faux-papiers est-elle liée au seul régime de Macky Sall ?
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 27/09/2021
Cette affaire des passeports diplomatiques ébranle la République sénégalaise, déjà mal en point. C’est le Parlement qui, cette fois-ci, est mise en cause. Excusez du peu ! Et qui plus est, des députés de la mouvance présidentielle ! La République et ses valeurs viennent de toucher le fond. Il est vraiment difficile d’aller encore plus bas.
Le peuple sénégalais commence à s’habituer aux affaires parlementaires. La dernière en date était colossale en la personne du député Seydina Fall Bougazelli. Lui, en sus de ses activités de parlementaire, pas assez lucratives à ses yeux, s’était transformé, en plein jour, en faux-monnayeur « supposé » (pas de comparution immédiate malgré les preuves flagrantes !). Une vraie planche à billets pour lui-même, et sans doute pour le pouvoir, d’où la difficulté de le "rebeusser" (Le jeter à Rebbeus).
Eh oui ! La République sénégalaise, sous Macky Sall, devient une fabrique de la contrefaçon ! Tout y est faux ! Y compris la démocratie. Y compris l’émergence. La seule chose qui n’est pas falsifiée, c’est la pauvreté, c’est la mort des jeunes dans les pirogues. Ce sont de vrais morts ! C’est une vraie pauvreté qui touche une majorité de Sénégalais.
Je m’interroge cependant sur la date de naissance de cette mafia politique. Cette affaire de fabrique de faux-papiers est-elle liée au seul régime de Macky Sall ? Ne soyons pas aussi naïfs au point de croire que cette affaire ne serait pas une continuité des us et coutumes d’anciennes législatures, y compris sous Wade. Cette affaire, aussi choquante soit-elle, n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Ne soyons pas naïfs aussi au point de penser que la France découvre brusquement ces contrefaçons politiques. Ce pays fermait les yeux tant que ce n'était pas sur la place publique. L’ambassade de France à Dakar pourrait également être visée par une enquête pour la complaisance de titres de voyage de courte durée délivrés à des responsables politiques de petite envergure. Je connais des jeunes femmes d’un parti de l’opposition qui ont obtenu le sésame, dans un passé pas si éloigné. Et le motif, s'il y en a un, est plus que jamais discutable !
Bref, tout le monde savait, mais tout le monde se taisait. C’est comme ça que la corruption perdure. C’est comme ça que des faux-monnayeurs libres ont le culot de se faire passer pour des victimes dès lors qu’une vidéo diffuse leurs aveux. Finalement, le silence est le pire ennemi de la démocratie et du développement. D’aucuns l’ont bien compris comme quelques citoyens activistes, journalistes, intellectuels et gendarmes. Bien que le châtiment risque d’être terrible envers eux, la caste politique se sentant menacée.
En raison de la séparation des pouvoirs, il conviendrait, sans tarder, de créer une commission d’enquête parlementaire. Celle-ci serait chargée d’instruire sur 20 ans pour appréhender les tricheurs de la République. Ah oui que suis-je bête ! Cette République est contrefaite avec de l’hypocrisie à toutes les strates.
LA PLUS SECRÈTE MÉMOIRE DES HOMMES, UN TOURNANT POUR LES LETTRES FRANCOPHONES
Encensé par la critique et sélectionné pour quatre des plus prestigieux prix littéraires de la rentrée, le roman de Mbougar Sarr, hors catégorie, marque un tournant dans la production littéraire francophone. Il relève le défi qu’il se lance à lui-même
Encensé par la critique et sélectionné pour quatre des plus prestigieux prix littéraires de la rentrée (Goncourt, Médicis, Renaudot et Fémina), le roman de Mbougar Sarr, hors catégorie, marque un tournant dans la production littéraire francophone. Il relève haut la main le défi qu’il se lance à lui-même.
La critique de ce livre, un attentat littéraire, est-elle possible ? A priori, on hésite. Car la bombe posée par Mbougar Sarr, jeune romancier sénégalais, menace entre les lignes et par personnage interposé d'assassiner, par des moyens mystiques, tout détracteur qui ne serait pas à la hauteur. Soulagement : la louange s'impose, à l’égard d’un texte qui marque une rupture fondamentale dans les lettres dites « francophones ».
Il y aura, clairement, un avant et un après La plus secrète mémoire des hommes. Ce livre refermé, on peut rester dubitatif sur le motif de toute l'histoire - un trouble voulu par l’auteur, qui incite à une réflexion en profondeur. Le roman se refuse au prêt-à-porter, vite lu, vite jeté. Il aspire plutôt à la haute couture, cet art de la pièce unique difficile à oublier.
L’intrigue n’étant qu’un prétexte, la seule certitude que laisse cette lecture est qu’il sera compliqué, désormais, de recenser « un autre petit roman de merde », ou « les bons petits livres qu’on attendait d’eux », comme écrit l’auteur en parlant de ses aînés. Il faudra, aussi, se remettre en question, comme « les journalistes et les critiques, qui n’évaluaient plus les livres mais les recensaient, entérinant l’idée que tous les livres se valent, que la subjectivité du goût constitue l’unique critère de distinction et qu’il n’y a pas de mauvais livres, seulement des livres qu’on n’a pas aimés ».
Jeux de miroirs entre la réalité et la fiction
Le roman, une déclaration d'amour à la littérature qui sait ne pas rester « intello », se met la barre très haut. « Un grand livre ne parle de rien », apprend-on à la page 49. Un pari très risqué, que Mbougar Sarr relève haut la main. Porté par un souffle puissant, il en fait la preuve par 445 pages : oui, il est bien fait pour ça, écrire, entremêler des fils narratifs, extraire le suc de la vie et livrer des fulgurances, notamment sur le thème de l’amour. Exemple : « Et chaque jour, sa proximité me procurait le même bonheur et la même douleur. Elle était une blessure vivante en moi et j’aimais la raviver. Je ne voulais pas qu’elle devînt une cicatrice. Je voulais qu’elle brûle à vif, à jamais. »
Voici l’histoire inédite de Ousséynou Diakhaté, fonctionnaire de la gendarmerie mais qui à préférer le chemin de l’élevage des pigeons pour gagner sa vie.
Voici l’histoire inédite de Ousséynou DIAKHATE, fonctionnaire de la gendarmerie mais qui à préférer le chemin de l’élevage des pigeons pour gagner sa vie.
Attaché à l’élevage depuis le bas âge, Ousséynou DIAKHATE colombophile a préféré laisser libre expression à sa vieille passion. Recruter Gendarme dans la fonction publique sénégalaise, ce jeune éleveur à jeter les armes pour répondre à l’appel de ses oiseaux. Aujourd’hui, il vit au mieux sa passion et gagne nettement sa vie. Les pigeons lui rendent tout son investissement et son amour. Le chemin du succès est parfois insondable
Dans cette vidéo de la bbc Afrique Ousséynou non compte son histoire d’amour.
MOHAMED MBOUGAR SARR DANS LE LABYRINTHE LITTÉRAIRE
Dans son quatrième roman, "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey, 2021), Mohamed Mbougar Sarr nous livre une enquête littéraire labyrinthique et étourdissante qui questionne le pouvoir de l'écriture et le face-à-face entre Afrique et Occident
Après avoir abordé le sujet de l'homosexualité, des jihadistes du Sahel et de la migration, Mohamed Mbougar Sarr livre son quatrième roman "La plus secrète mémoire des hommes" (Philippe Rey, 2021) en liste pour le prix Goncourt, Médicis, Renaudot et Femina. Il mène une enquête littéraire entre le Sénégal, la France et l'Argentine dans laquelle on retrouve la mémoire de la colonisation, de la première guerre mondiale, de la Shoah. A la recherche de quoi?
"Je crois que comme écrivain, on cherche quelque chose dans le langage, dans le mot, dans la phrase, dans ce qui nous entoure (...). On ne sait pas toujours ce qu'on cherche, ou la raison pour laquelle on écrit, mais c'est de cette ignorance ou sensation que naît le mouvement vers l'écriture, vers le désir de vérité". (Mohamed Mbougar Sarr)
Mais l'enquête part aussi à la recherche d'un écrivain oublié, T.C. Elimane (inspiré de l'écrivain Yambo Ouologuem, prix Renaudot de 1968). Dans un labyrinthe entre vérité et fiction, Mohamed Mbougar Sarr joue avec son lecteur.
"C'est cette confusion entre le vraisemblable et ce qui relève de l'invention qui me semble intéressante. Car entre les deux il y a un espace : l'espace de la révélation". (Mohamed Mbougar Sarr)
164 ACCIDENTS DE LA CIRCULATION, 5 DÉCÈS, LES PREMIERS BILANS DU MAGAL
Cent soixante-quatre accidents de la circulation ayant occasionné cinq pertes en vie humaine ont été recensés par les sapeurs-pompiers à l’occasion du grand magal de Touba, célébré ce dimanche, a appris l’APS.
Touba, 27 sept (APS) – Cent soixante-quatre accidents de la circulation ayant occasionné cinq pertes en vie humaine ont été recensés par les sapeurs-pompiers à l’occasion du grand magal de Touba, célébré ce dimanche, a appris l’APS.
‘’A ce jour jusqu’à 7 heures du matin, pour ce qui est des accidents de la circulation routière, nous sommes à 164 accidents, totalisant 534 victimes dont 5 corps sans vie’’, a déclaré le capitaine Kaynack Dione, chef de la division prévention de la brigade nationale des sapeurs-pompiers.
Les soldats du feu ont par ailleurs découvert trois corps sans vie au domicile d’un marabout, à l’héliport et à Kayré, un quartier de Touba, a également signalé le capitaine Dione, qui est aussi le chef du bureau de l’information et des relations publiques de ladite brigade.
Dans le cadre de leurs activités de terrain, ils ont évacué 17 malades et secouru 20 personnes victimes d’accidents divers.
Sur un autre registre, la brigade nationale, qui a reçu 20 alertes motivées, a organisé 27 opérations de ravitaillement en eau durant toute la période du magal, en vue de soulager les populations.
Pour cette présente édition du grand magal de Touba, 400 gradés et sapeurs ont été déployés par la brigade nationale. Celle-ci mis à la disposition de ces agents des moyens matériels, dont 60 véhicule d’intervention et 5 motos d’intervention rapide (MIR).
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KEN BUGUL, LA PLUME DANS LES PLAIES
Pionnière de la littérature africaine, Ken Bugul a notamment écrit "Le Baobab fou", "Cendres et Braises" ou encore "De l'autre côté du regard"... Entretien
Pionnière de la littérature africaine, Ken Bugul a notamment écrit "Le Baobab fou", "Cendres et Braises" ou encore "De l'autre côté du regard".
LA LONGUE MARCHE D'UNE IDENTITÉ REMARQUABLE
L’histoire de la fonction de porte-parole du Khalife des Mourides suit la courbe d’évolution d’une communauté consciente de la préservation d’un héritage vital. Ainsi, est-on passé d’un secrétaire particulier à un porte-parole face aux exigences du temps
Mamadou Dièye et Diène Ngom |
Publication 27/09/2021
Remonter le temps. Il ne peut en être autrement s’il est question de parler de la fonction de porte-parole dans la communauté mouride. Lorsque l’épidémie de peste faisait des ravages à Diourbel, en 1924, les Français avaient des difficultés pour confiner les populations majoritairement composées de Mourides. L’administration coloniale sollicitait ainsi le concours de Cheikh Ahmadou Bamba afin de les convaincre. Rencontrant des difficultés à avoir une entrevue avec le guide religieux alors en recueillement pendant toute une journée, les autorités coloniales lui ont exprimé le souhait d’avoir un interlocuteur pour ne plus vivre pareille infortune.
Proposition qu’il accepte avant de demander aux personnes âgées de choisir quelqu’un. Et le choix a été porté sur son frère, Serigne Balla Thioro, grâce à ses aptitudes à lire et à écrire en français. Cumulativement à sa fonction d’administrateur de la ville de Diourbel, chargé d’assurer l’organisation de la cité, il remplissait le rôle de secrétaire particulier du Cheikh jusqu’en 1927, date de la disparition de ce dernier.
L’ancien porte-parole du Khalife de Ngouye Mbind, Serigne Cheikh Thioro Mbacké, (il n’était pas le porte-parole de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké en tant que Khalife général des Mourides) définit le rôle en ces termes le secrétaire particulier : « Ce dernier écrit ou reçoit les recommandations du Khalife général pour les exécuter conformément à sa volonté ». Il ajoute que les premiers dignitaires de la confrérie disposaient de secrétaire particulier. Ainsi, Serigne Touba avait un secrétaire particulier, en la personne de Serigne Cheikh Balla Thioro. Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, premier Khalife général des Mourides s’était attaché les services de Massourang Sourang. Serigne Fallou Mbacké avait à ses côtés El Hadji Dame Dramé. Il en était de même avec Serigne Abdoul Ahad Mbacké avec Serigne Modou Mamoune Niang et Abdou Karim Fall. Me Mamadou Lô a joué le rôle de secrétaire particulier auprès de Serigne Abdou Khadre Mbacké.
L’exception Serigne Saliou Mbacké
Le cinquième Khalife de la communauté mouride, Serigne Saliou Mbacké, ne disposait pas de secrétaire particulier mais faisait appel à certains hommes de confiance. En effet, selon Serigne Cheikh Thioro Mbacké, une fois au khalifat, Serigne Saliou avait invité tous les petits-fils susceptibles d’être nommés à ce poste à la résidence Khadim Rassoul. Il leur a fait savoir qu’il aimerait discuter avec eux de la fonction de secrétaire particulier et leur a dit ceci : « Je n’en vois pas l’utilité, ni ce qu’il nous coûte de ne pas en disposer. Et c’est pourquoi je n’en cherche pas. Sachez tous que c’est juste le droit d’aînesse qui m’impose cette charge. Vous pouvez tous occuper ma position. Alors, partant de l’idée que nous tous avons la même intention d’œuvrer pour Serigne Touba, je ne peux choisir l’un d’entre vous. Toutefois, le premier d’entre vous que je verrai pourra exécuter cette tâche de manière ». Telle a été la démarche de Serigne Saliou pendant ses 17 ans de khalifat (1990-2007).
Serigne Bass Abdou Khadre, une voix rafraîchissante
Sa disparition en 2007 ouvre l’ère des petits-fils au khalifat. El Hadji Mouhamadou Lamine Bara Fallilou, le premier à être Khalife général des Mourides parmi les petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, a choisi Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre pour qu’il joue le rôle de secrétaire particulier, mais avec une autre appellation : porte-parole du Khalife général des Mourides. C’était en 2009. « Ñi ko moomoon dem nañ ñi bokk ño fi des » (Les propriétaires ne sont plus, ce sont les héritiers qui sont là maintenant), disait Serigne Bara. Il a ainsi confié la « voix » de la confrérie à Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre.
À la disparition d’El Hadji Mouhamadou Lamine Bara, son successeur, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, l’a reconduit à son poste et l’a conforté dans sa mission en affirmant en public au cours d’une de ses déclarations que c’est Serigne Bassirou Abdou Khadre « l’œil, la bouche, les pieds » du Khalife général, faisant ainsi de lui une figure familière. Serigne Mountakha Mbacké, actuel Khalife de la communauté mouride, lors d’un récent discours d’appel au grand Magal, lui a renouvelé sa confiance à travers ces propos : « Tant que je suis là, ce sera avec vous… ».
S’agissant de Serigne Bass Abdou Khadre, notre interlocuteur confie qu’il éprouve une grande fierté en l’écoutant car, dit-il, c’est une volonté de Serigne Touba qui s’exprime, non sans souligner la difficulté de la tâche. « C’est comme un discours de Serigne Abdoul Ahad autant dans la forme que dans le fond. Il parle utilement », soutient Serigne Cheikh Thioro. Il poursuit : « C’est une personne charismatique qui force le respect et c’est très important. Il a aussi une grande culture générale qui lui permet d’allier calme, éloquence et pertinence ».
Le fardeau
Pour Serigne Cheikh Thioro Mbacké, avant la désignation du porte-parole, le Khalife était trop exposé. Mais avec l’avènement du porte-parole, qui coordonne les activités du Khalife, parle à la presse au besoin et le représente un peu partout, il y a une meilleure organisation. Par ailleurs, les khalifes, en raison de leur âge avancé, ont besoin de quelqu’un pour les suppléer dans les différentes activités. Les premiers guides de la communauté n’étaient pas trop âgés quand ils accédaient à la tête de la confrérie. Serigne Modou Moustapha n’avait pas plus de 40 ans. Serigne Fallou était dans la cinquantaine. Serigne Abdoul Ahad avait 54 ans. 75 ans, c’est l’âge de Serigne Abdou Khadre et Serigne Saliou au moment de prendre les rênes. Contrairement aux fils, les petits-fils accèdent au khalifat à un âge plus avancé. Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, né en 1921, avait 86 ans en 2007 lorsqu’il devenait Khalife général des Mourides. Son successeur, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar, était âgé de 85 ans. L’actuel Khalife général, Serigne Mountakha Mbacké, est octogénaire.
UNE LÉGISLATURE HEURTÉE
Depuis sa mise en place, la dernière cohorte de députés de l’Assemblée nationale ne s’illustre pas que de la bonne manière. En plusieurs occasions, des parlementaires ont été pris dans l’accomplissement de faits prohibés
Depuis sa mise en place en 2017, après des élections législatives rocambolesques, la 13e législature semble traîner une tare congénitale de ces joutes électorales. En effet, elle est régulièrement éclaboussée par des scandales de toutes sortes.
Des records, la 13e législature du Sénégal en détient quelques-uns. A commencer par le nombre de députés. Depuis 2017, l’Assemblée nationale comptabilise 165 élus. Une première dans l’histoire parlementaire sénégalaise. Mais les faits inédits, dans ce temps de représentation populaire, ne se font pas toujours pour la satisfaction des revendications et attentes des populations.
Depuis sa mise en place, la dernière cohorte de députés de l’Assemblée nationale ne s’illustre pas que de la bonne manière. En plusieurs occasions, des parlementaires ont été pris dans l’accomplissement de faits prohibés. De l’affaire Seydina Fall ‘’Bougazelli’’ à celle de trafic de passeports diplomatiques impliquant des députés, la 13e législature passe comme celle ayant prôné le plus la perte de l’honorabilité des représentants du peuple.
La symbolique est à son maximum, lorsque Marième Soda Ndiaye, la benjamine de l’Assemblée nationale, recadre ses aînés. Ce jour-là, exaspérée, elle martèle : ‘’Je pense que les Sénégalais commencent à être ’tampi’ (fatigués) des hommes politiques. Il faudrait qu’on revoie notre copie. Je pense que l’effort que nous déployons ici à nous batailler, à nous crêper les chignons, si nous déployions ces mêmes efforts (ailleurs), je pense qu’il n’y aurait plus d’abris provisoires dans ce pays, de médecins non-affectés dans ce pays. Les sujets qui nous concernent sont d’autant plus importants que les petites querelles que nous menons au sein de l’hémicycle. Les jeunes nous suivent.’’
Quelques heures auparavant, les députés Ousmane Sonko (Pastef) et Modou Mbery Sylla (BBY), Toussaint Manga (PDS) et Aliou Dembourou Sow (APR) s’étaient donné en spectacle par des confrontations physiques, à l’occasion de l’examen des projets de loi portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale, le vendredi 25 juin, à l’Assemblée nationale.
Un nouveau coup porté à ‘’l’honorabilité’’ des parlementaires. Car, à bien des égards et sur différents terrains, certains d’entre eux ont provoqué un sentiment de dégoût chez beaucoup de citoyens. L’on se rappelle, en début juillet 2020, lorsque le deuxième, puis premier vice-président de l’Assemblée nationale, ancien président du Parlement de la CEDEAO (2016-2020), Moustapha Cissé Lô, dans des conversations audio, accusaient des responsables politiques de détournement de deniers publics. Cissé Lô pointait aussi de gros poissons qui profitaient, de manière abusive, de la distribution de semences, critiquait l’attribution de certains contrats publics, évoquait même la question du narcotrafic et parlait d’une ‘’Guinée-Bissau drogue Connection’’.
Les chocs verbaux et moraux
Dans son viseur, le directeur général du quotidien national ‘’Le Soleil’’, Yakham Mbaye, le député Farba Ngom ou encore l’entourage du parlementaire Aymérou Gningue. Ces accusations lui vaudront une plainte et une convocation par les enquêteurs de la brigade de recherches. Sur le plan politique, il est exclu de l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel) et du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY). Le 6 juillet dernier, la Commission de discipline de l’APR prononçait son exclusion, de manière unanime, lors d’une réunion convoquée en extrême urgence par Macky Sall, en tant que président de la formation politique. En cause, ce ‘’salmigondis d’insanités, d’injures publiques, de fausses nouvelles et de diffamations’’ proférés par le député qui, estime l’APR, ‘’entache gravement l’image du parti’’.
Fustigeant des propos ‘’empreints d’une indécence que récusent la morale et la bienséance sociale’’, la commission avait conclu sa décision par une menace envers ‘’tout camarade’’ qui s’aviserait d’adopter un comportement similaire. Le bureau de l’Assemblée nationale – dominée par la coalition présidentielle – s’est empressé, à son tour, de condamner le comportement et les propos du premier vice-président de l’institution. Un poste dont Moustapha Cissé Lô a, depuis, démissionné, pour ne plus être qu’un simple député.
Des scènes et un spectacle similaire avaient été notés, lors de la procédure de levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko, en février dernier. Députés de l’opposition et de la majorité présidentielle se sont également chamaillés pour les mêmes faits concernant la procédure contre leur collègue Khalifa Ababacar Sall, ex-maire de Dakar, avant sa condamnation dans l’affaire dite de la caisse d’avance de la ville de Dakar.
A croire qu’il est impossible de tenir un débat d’idées dans le calme à l’hémicycle, dès que les intérêts politiques divergent. A noter que sous l’actuel régime, pas moins de six députés ont vu leur immunité parlementaire levée pour faire face à la justice, avec les procédures contre Ousmane Ngom, Oumar Sarr et Abdoulaye Baldé (2013), Barthélémy Dias (2016), Khalifa Ababacar Sall (2017) et Ousmane Sonko (2021). Leurs points communs : être, pour la plupart, des opposants au pouvoir, aux moments des faits.
De scandales délictuels et criminels
Cette liste intégrera-t-elle des députés de la mouvance présidentielle ? Dans un nouveau scandale qui touche l’hémicycle, trois parlementaires ont été impliqués, par un individu arrêté dans le cadre d’une enquête de la Division des investigations criminelles (Dic), dans une affaire de trafic de faux passeports diplomatiques. Ces derniers auraient participé à l’élaboration de 14 faux certificats de mariage. Documents sur lesquels le faussaire mentionnait que ses clients étaient des épouses de ces députés pour qu’elles obtiennent des passeports diplomatiques, afin de voyager à leur guise. Tout ceci, moyennant de fortes sommes d'argent, bien sûr !
Aux premiers rangs, lors des procédures de levée des immunités parlementaires des opposants cités plus haut, le président du groupe Benno Bokk Yaakaar (pouvoir), Aymérou Gningue, a déjà indiqué dans la presse : ‘’Ma position est la suivante : s’il est avéré que des députés, qui sont des représentants qualifiés du peuple, sont impliqués dans un quelconque trafic - ce qui est à prouver, car seule la justice peut le dire - aucun député appartenant à mon groupe ne sera protégé. Si l’enquête nécessite que ces députés soient entendus ou poursuivis, nous lèverons les immunités parlementaires, si le garde des Sceaux nous le demande, à la requête du parquet général.’’
Comment oublier, dans tout cela, l’arrestation de Seydina Fall Bougazelli, impliqué dans une affaire de trafic de faux billets et dont une nouvelle vidéo vient de faire surface ? Même s’il a démissionné de son poste de député par la suite, cela participe aux innombrables faits scandaleux qui émaillent cette 13e législature, depuis sa mise en place en 2017.
AIR SÉNÉGAL, COUACS EN SÉRIE
Malgré des efforts colossaux consentis par l'Etat, un engouement énorme suscité auprès des voyageurs sénégalais, la compagnie nationale Air Sénégal fait l'objet de toutes les controverses, à cause de la qualité du service
Entre patriotisme et qualité de service, le choix n’est pas toujours simple. La dialectique est au cœur de tous les débats autour de la compagnie nationale Air Sénégal. Aux uns qui ne cessent de débiter leur colère sur la toile, suite à des expériences malheureuses, d’autres portent la réplique, les invitant à plus de compréhension pour ne pas plomber l’entreprise, ‘’fierté nationale’’ à leurs yeux.
Mais que fait la compagnie pour limiter les préjudices causés aux voyageurs ? En tous les cas, le mécontentement ne cesse d’enfler chez certains voyageurs. Et du point de vue de la perception, les dégâts peuvent être énormes, si l’on en croit les experts.
Ancien pilote, ancien contrôleur aérien, Moctar Ndiaye prévient contre ce que peuvent être les conséquences d’un manque de qualité. ‘’Il faut savoir que les gens ne prendront pas une compagnie, parce que c’est le Sénégal. Ils vont voyager dans les compagnies qui les emmèneront, dans les délais, là où ils veulent aller. C’est l’un des tout premiers critères de choix. Le deuxième critère, c’est le prix. Le troisième, c’est le service. Voilà les choses qui sont les plus déterminantes dans la vie d’une compagnie. Pour marquer son empreinte, Air Sénégal doit obligatoirement se mettre au diapason des standards internationaux à ce niveau’’.
Sur le premier point, les récriminations contre la compagnie nationale sont nombreuses. Et les questionnements autour du management ne cessent de se multiplier. Pour M. et Mme Seck, si le patriotisme les avait poussés à prendre la compagnie nationale, malgré les mises en garde, le défaut de qualité risque de les y chasser. ‘’Personnellement, c’est la première et la dernière fois. Mon mari et moi l’avions pris par patriotisme. Mais dans ces conditions, il vaut mieux ne pas être patriote’’, lance Mme Seck très amère.
Avec son époux, la bonne dame devait quitter Casablanca le samedi 18 septembre à 12 h, après avoir fait leur réservation deux mois auparavant. Arrivés à l’aéroport à 9 h 30, on leur fit savoir que l’avion est déjà plein et qu’il faut patienter quelques instants pour voir s’il reste de la place en business. Les premiers arrivés, leur fit-on savoir, seront les premiers servis.
Au bout de quelques longues heures, suspendus aux aléas, ils finirent par avoir une information précise. ‘’Un certain M. Diagne est venu nous dire qu’il n’y avait finalement aucune place. La seule solution est de passer la nuit à l’hôtel. Nous n’avions pas le choix’’, regrette-t-elle. Le lendemain, les choses se sont décantées, non sans retard au départ. Mais ce qui révolte le plus la passagère, c’est la ‘’perte’’ de ses valises. Elle témoigne : ‘’Imaginez, la valise à 10 kg ne pouvait même pas monter dans l’avion avec moi ; de même que les bagages à main. Nous sommes arrivés au Sénégal à 15 h 38. Et jusqu’à 18 h, je cherchais mes valises et, à ma grande surprise, un monsieur est venu me dire qu’apparemment, les bagages sont finis et que j’ai la possibilité de faire une réclamation.’’
‘’On m’a dit que l’avion est plein et que je devais attendre le lendemain’’
Dégoûtés, impuissants, Mme Seck et son époux rentrent dans l’espoir de trouver leurs bagages prochainement. Pour elle, le plus désagréable dans tout ça, c’est le comportement des agents. Elle peste : ‘’Depuis dimanche, je les appelle. Mais ils parlent au téléphone avec un ton tellement sec ; ils sont vraiment agressifs au lieu de se mettre à la place du voyageur. Finalement, quand je les ai rappelés aujourd’hui (hier) à 8 h, un monsieur m’a dit qu’ils ont une valise en mon nom, alors que c’est deux valises de 23 kg. J’ai dû acheter de l’essence, aller jusque là-bas, pour chercher la seconde valise, alors qu’ils avaient dit qu’ils vont me les livrer. Le patriotisme ne vaut pas toutes ces peines’’, peste-t-elle pour conclure.
A l’instar de Mme Seck et de son époux, ils sont nombreux les passagers d’Air Sénégal qui ne cessent de se plaindre. Pour Bara Salihou, c’est également un problème de bagages qui se pose, mais aussi et surtout de la gestion de la clientèle. ‘’Ça fait quatre jours que je n'ai toujours pas reçu mes valises, alors que je dois aller à Touba. À cause de cette compagnie (dont je vois sa faillite si elle continue comme ça), ma femme et moi risquons de ne pas porter nos habits et récupérer les cadeaux pour nos prochains’’, rouspète-t-il sur sa page Facebook.
Avant de pester : ‘’C'est la première et certainement la dernière fois que je vais prendre cette compagnie !’’ Le reste, estime-t-il, c’est la gestion : gérer les aéronefs, la maintenance, gérer le personnel, faire de sorte à avoir un certain équilibre pour le développement de la compagnie. S’ils ne peuvent pas le faire, ils ont beau acheter des avions, recruter du personnel, beau créer de nouvelles lignes, il y aura toujours des problèmes.
‘’Il faut un personnel qualifié qui sait apaiser les clients’’
Si certaines récriminations sont justifiées, d’autres le sont moins, selon des spécialistes accrochés par ‘’EnQuête’’. Sur la question des bagages, par exemple, Moctar Ndiaye corrige : ‘’Si des bagages n’ont pas été trouvés à destination, ce n’est pas forcément de la faute de la compagnie, même si elle est tenue pour responsable sur le plan juridique. Deux choses peuvent l’expliquer : un problème de triage au niveau des aéroports – c’est le plus fréquent - ou un problème de vol. C’est moins fréquent. En fait, les bagages sont mis dans de petits containers rangés dans l’avion, selon l’ordre des escales’’.
Il poursuit : ‘’A chaque étape, on descend le container concerné. Il se peut maintenant que dans la mise en boite, on met une valise de Dakar dans le container d’Abidjan. Généralement, on retourne les bagages avec trois à quatre jours de retard. Ce sont des choses qui arrivent partout, avec toutes les compagnies. Et cela occasionne d’ailleurs des coûts très importants pour la compagnie. Mais, il faut un personnel qualifié qui sait apaiser les clients’’.
Ces quelques détails, renseigne-t-il, s’ils ne sont pas pris en charge correctement, ils peuvent entrainer des conséquences dévastatrices. Parce que, souligne-t-il, dans le secteur de l’aviation, l’image est essentielle. ‘’Dans ce milieu, renseigne le spécialiste, il suffit que les gens indexent une compagnie pour qu’elle soit dans des difficultés. Surtout chez les Occidentaux. Ils vont te dire : ‘Mais pourquoi telle compagnie ? Tu vas arriver en retard…’ Cela ne pardonne pas. Il faut donc limiter au maximum les couacs’’.
L’intolérance des Sénégalais vis-à-vis d’Air Sénégal
D’après un autre expert en transport aérien joint par ‘’EnQuête’’, il y a quand même de l’exagération et de l’acharnement dans les accusations contre la compagnie nationale. Il dénonce : ‘’Pour moi, c’est un mauvais procès. Les retards ne sont pas spécifiques à Air Sénégal. Même Air France. Mais personne n’en parle. Mais quand c’est Air Sénégal, on rue dans les brancards. Les gens sont vraiment intolérants avec notre compagnie. Ils ne lui pardonnent pas le moindre couac. Je pense que c’est souvent injustifié. Il faut savoir que l’aéroport n’appartient pas à Air Sénégal ; de même que les différents services’’.
Sur le cas de M. et Mme Seck qui n’ont pas pu embarquer parce que leur vol était plein, il rétorque : ‘’Ce sont des choses qui arrivent. Parfois, le système peut faire des erreurs. Parfois, et toutes les compagnies le font, on met des réservations en liste d’attente. Cela permet, au moment où l’enregistrement est effectué, s’il y a des absents, on fait appel aux gens qui sont sur la liste d’attente et qui sont venus. Ça, tous ceux qui sont habitués à voyager le savent.’’
Pour Moctar Ndiaye, même si cela peut arriver, c’est quand même très rare. ‘’En principe, dit-il, la compagnie doit avoir les contacts de tout client qui achète un billet, afin de l’informer de tout changement. Certaines compagnies te contactent même trois fois : WhatsApp, mail, appel téléphonique. Les listes d’attente existent certes. Mais il y a des délais et les gens sont informés. On ne peut pas laisser la personne venir jusqu’à l’aéroport sans l’aviser. Les gens doivent être informés à l’avance. A moins qu’on leur dise que si vous ne recevez pas de nouvelle, sachez que vous n’avez pas de place’’.
Des raisons techniques
Au-delà des problèmes techniques d’ordre conjoncturel, il y a des problèmes plus structurels, qui peuvent influer sur le planning des compagnies. Monsieur Ndiaye explique : ‘’C’est au niveau opérationnel qu’il faut prendre en charge certaines questions. Il faut veiller à ce que les appareils soient prêts à temps. Les causes techniques doivent être amoindries au maximum, même s’il faut reconnaitre que tout ne dépend pas de la compagnie. L’autre problème, c’est là où les grandes compagnies peuvent facilement affréter un autre avion pour pallier un retard, certaines petites compagnies comme Air Sénégal ne le peuvent pas. Il faut, en effet, avoir assez d’aéronefs pour ce faire, pour pouvoir se redéployer, dérouter des vols pour aller prendre des passagers dont le vol est en retard. Beaucoup de paramètres compliqués pour une petite compagnie’’.
En attendant d’y parvenir, l’expert préconise de mettre l’accent sur un service performant et efficace pour gérer certains impairs qui ne peuvent pas manquer. Il en est ainsi des personnels qui ne posent en principe pas de problème, en ce qui concerne les personnels navigants techniques, les hôtesses et autres, car il y a des normes internationales à respecter pour ces derniers. ‘’C’est au niveau du sol qu’il y a peut-être des failles. Au Sénégal, malheureusement, on n’a pas une école d’aéronautique. On a juste quelques écoles privées. Il peut y avoir des problèmes au niveau du recrutement, mais c’est surtout des facteurs humains. Il y aura toujours quelques brebis galeuses sur la chaine. Parfois aussi, il y a un problème de laxisme, de manque de rigueur… Les Occidentaux sont généralement plus stricts à ce niveau’’, constate le spécialiste.
Mais, il ne manque pas de saluer l’ambition et les efforts énormes consentis par la compagnie et les plus hautes autorités. ‘’Il faut les saluer, les encourager, mais aussi les inviter à être encore plus vigilants sur certains aspects’’, soutient l’ancien contrôleur aérien.
Les défis d’un hub !
Par ailleurs, Moctar Ndiaye a saisi l’occasion pour parler de défis encore plus importants pour la compagnie nationale, si elle veut jouer dans la ‘’cour des grands’’. Le plus urgent, à l’en croire, c’est d’avoir des infrastructures qui pourraient lui permettre de prendre en charge, in situ, certaines petites révisions de routine.
‘’Avoir un hub, souligne-t-il, cela demande beaucoup de choses. Il faut un système de maintenance efficace, des hangars, des bases techniques performantes. Si tu crées une compagnie et à chaque fois payer des centaines de millions pour la maintenance, c’est de l’argent perdu. Il est plus réfléchi d’avoir des techniciens - et il en existe à Air Sénégal - d’avoir des infrastructures et mettre des moyens pour prendre en charge certains problèmes techniques mineurs. Maintenant, pour les grandes révisions, c’est peut-être un peu tôt, même s’il faut aller dans ce sens’’.
Le pilote à la retraite de donner l’exemple d’Air Afrique qui avait un centre technique à Dakar, un à Abidjan et dans une autre capitale africaine. ‘’Cela permet de s’arrêter, de souffler et de faire certaines révisions. Parce qu’en aviation, il y a de petites pièces à changer périodiquement, même s’il n’y a pas de problème’’.