La marine sénégalaise a lancé des recherches après le chavirement près de Saint-Louis (nord) d'une embarcation transportant une "soixantaine" de migrants, a-t-on appris samedi auprès de ses services et d'un responsable administratif.
Le naufrage a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, a précisé la direction de l'information et des relations publiques des armées (Dirpa) dans un communiqué vendredi soir. Il est survenu à 15 km de Saint-Louis, a précisé à l'AFP un responsable administratif.
Les personnes qui étaient à bord de l'embarcation étaient des migrants qui tentaient d'aller en Europe, a-t-il ajouté, sans préciser leur point de départ.
La marine a "secouru 11 personnes dont 8 Sénégalais et 3 Gambiens et repêché un corps sans vie", a indiqué la Dirpa dans le communiqué. Les recherches se font avec la garde civile espagnole, a-t-elle indiqué.
L'embarcation transportait "une soixantaine de personnes", selon la même source qui ne donne pas plus de détails.
Des départs d'embarcations remplies de migrants sont souvent observées sur les côtes au Sénégal, un pays qui reçoit un appui multiforme de l'Union européenne pour lutter contre l'immigration clandestine, notamment dans le cadre de Frontex, l'Agence européenne de surveillance des frontières.
Les candidats au départ tentent souvent de gagner l'archipel espagnol des Canaries, porte d'entrée à l'Europe, situé à quelque 1.500 km au nord du Sénégal.
L'Organisation internationale des migrations (OIM) a fait état de 140 morts au cours d'un seul naufrage au large du Sénégal fin octobre 2020, bilan contesté par le gouvernement sénégalais.
AU ROYAUME DES SPÉCIALISTES DES FRACTURES OSSEUSES
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner en un temps record, toutes les maladies liées au fonctionnement des os
Niché dans la commune de Sakal, Baralé-Ndiaye est un petit village qui n’abrite pas moins de 1000 âmes. Ici, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Cette localité du département de Louga, située à 10 kms de la ville de Mpal, continue de recevoir, tous les jours et jusqu’à des heures très avancées de la nuit, des centaines de patients qui viennent des quatre coins de notre pays et même de l’étranger, pour bénéficier de cette science mystérieuse.
La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. Difficile de mettre les pieds à Baralé-Ndiaye, sans tomber sous le charme de son paysage atypique, sans être ébloui par les lumières vives de son panorama splendide. Ici, une partie de la strate arborée peut être comparée à une armée de gendarmes en faction, aux arêtes tranchantes qui s’effritent parfois en un bruit sec de cristal brisé. Autour de Baralé, le roc et la forêt sont d’un seul tenant. On note partout des fissures qui festonnent sur la rocaille, précises, bien échancrées et béantes. Dans les champs, la nature est verdoyante, luxuriante. En file indienne, des chenilles poilues sont en quête de végétation. Des cantharides et autres insectes floricoles sèment la pluie et le beau temps.
Parfois, le climat devient supportable et la tiédeur lourde du vent nous apporte des senteurs d’herbe humide. S’il change brusquement, le souffle étouffant de l’été nous exaspère. Il y a de quoi conspirer avec un silence assourdissant et hostile que nous retrouvons entre cette nature paisible et cet habitat sommaire.
Nos premiers interlocuteurs, notamment des jeunes à la fleur de l’âge, qui devisent tranquillement à l’ombre d’un arbre, nous demandent avec déférence d’intercéder en leur faveur et auprès du chef de l’État et du Gouvernement, en vue de permettre aux populations de ce village de bénéficier d’un projet d’aménagement, de ralentisseurs, appelés communément dos d’âne. « Nous enregistrons régulièrement des accidents mortels sur cette route nationale 2 qui traverse notre terroir, les véhicules utilitaires et de transport en commun continuent de rouler à une allure vertigineuse et de causer toutes sortes de collision, nos enfants sont fauchés mortellement par ces guimbardes, nous sommes traumatisés par cette situation », disent-ils.
Ces jeunes sont accueillants, détendus et un peu taquins. Tout en nous indiquant le domicile du chef de village, ils se mettent à rire à gorge déployée. Le plus petit a une plaie d’argent au tibia, qui le poigne et qui lui paraît mortel. Mais il n’en a cure. Il fait de grandes foulées pour nous montrer la voie à suivre. Nous devons encore braver la poussière et la chaleur pour progresser vers le domicile des spécialistes des fractures osseuses. Ici, nous avons la température d’un âtre, qui monte d’un cran et nous fait suer à grosses gouttes.
Il est 14 heures. Le temps qui nous est imparti pour musarder dans les rues, ruelles et artères de ce patelin, s’en va à vau-l’eau. Actuellement, dans ce village, du fait de cette pandémie du Coronavirus, le temps n’est pas sujet à caution, à controverse. Il n’est pas très clément et les populations ont tendance à mener une vie cloîtrée. L’étranger n’a qu’à s’adapter à cette chaleur accablante et le problème est résolu. C’est pourquoi, dès notre arrivée, on nous a conseillés de nous désaltérer à tout moment et de prendre du paracétamol pour bloquer l’évolution des céphalées et des migraines.
La science mystique du charognard
Baralé existe depuis 1860. Selon le chef de village, Ousmane Ndiaye, il a été fondé par Mandiaye Arame Thiendou, qui venait du Djolof. Baralé est un terme wolof qui signifie « abondance » ou « prospérité ». Le fondateur avait beaucoup de biens, notamment, un cheptel très important. Ses proches avaient l’habitude de dire : « Da-Fa-Baralé ». Ce qui pourrait se traduire par « il est nanti ». Ce grand éleveur s’était installé d’abord à Barale Tiendieng, puis il était allé à Gouye Ndiaye, situé à 900 mètres de l’actuel village. Là, il fut attaqué par une panthère qu’il parvint à tuer sans difficulté. C’était tout juste avant la prière de « takussan » (fin d’après-midi).
C’est en épiant un charognard que Mandiaye Arame Thiendou aurait eu ce pouvoir de ressouder des os fracturés. Il dormait à l’ombre d’un baobab lorsqu’un petit charognard tomba par terre. Le grand charognard ne l’ayant pas trouvé dans le nid, se précipita pour lui donner à manger en bas. Au même moment, il se rendit compte que son petit s’était fracturé une patte. Tout en lui donnant la becquée, il formulait des prières intenses pour le guérir. Pendant quinze jours, Arame Thiendou s’arrangea pour assister discrètement à cette scène. Il était réputé grand marabout, à l’époque, et avait le don de décoder le langage ésotérique dans lequel le grand charognard faisait ses prières mystiques. Au bout de 15 jours, il se rendit compte que le petit pouvait ainsi voler. Mais ce fut son fils, Mar, qui exploita réellement cette science mystique que possédait ce charognard, en l’appliquant régulièrement au bétail. Daour, le frère de Mar, hérita de ce pouvoir et le transmit à ses descendants.
« Nous n’avons que nos prières »
À 15 heures, nous sommes déjà dans le domicile du chef de village. Ousmane Ndiaye, assisté de son fils Mamadou Ndiaye, nous explique qu’il n’est pas très difficile de faire disparaître une entorse « qui n’est qu’une simple blessure au muscle, du ligament ou du tendon ». Le remède : « nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois, dès que le malade rentre chez lui, nous commençons à faire des incantations mystiques sur ce bois qui est bien conservé quelque part dans notre concession, au bout de quinze jours, il reviendra nous dire qu’il ne ressent plus la moindre douleur ». Cependant, a-t-il souligné, « il arrive que le malade ne soit pas bien traité chez nous et on lui demande tout simplement de retourner voir les médecins. Il faut que les gens sachent que nous n’avons que nos prières. Nous n’avons pas ces équipements médicaux très sophistiqués qu’on ne trouve qu’à l’hôpital ».
Ces « spécialistes » formulent les mêmes prières pour soigner un muscle étiré ou un os cassé, ont-ils fait savoir. « Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Tout ce qu’on fait pour le guérir, on le fait sur ce bout de bois. S’il s’agit de fractures ouvertes, de fractures où l’on peut voir, à l’œil nu, l’os fracturé ou les fragments osseux, on ne fait aucun geste, on n’y touche pas. Là, on est obligé de sommer le malade d’aller de toute urgence à l’hôpital régional où il peut bénéficier d’un traitement chirurgical. Il ne faut plus que nos concitoyens entretiennent cette rumeur persistante, selon laquelle nous sommes prompts à soigner tous les types de fractures ».
« Si nous constatons une discontinuité des os, due à des batailles rangées, des rixes, des coups violents, à un accident d’une rare violence, de certains faux pas, aux manœuvres brusques, aux traumatismes, nous tentons de faire quelque chose pour soulager la souffrance du malade », fait savoir le chef de village. Ousmane Ndiaye est formel et catégorique lorsqu’il nous fait comprendre qu’il ne prend jamais le risque de prendre en charge les fractures costales, dues à une rupture des côtes, celles du crâne et de la colonne vertébrale. « Il est hors de question, pour nous, de nous substituer aux chirurgiens, aux véritables spécialistes des fractures, qui détiennent une science qui est très différente de notre savoir-faire. S’il y a quelques problèmes à la cheville, à la cuisse, à l’avant-bras, aux doigts, au fémur, au tibia, au péroné, à l’humérus, au radius, au cubitus, on peut réagir ».
Témoignages concordants
À Baralé, les descendants de Mandiaye Arame Thiendou sont réputés capables de soigner, en un temps record, toutes sortes de maladies liées au fonctionnement des os. Selon Madjiguène Ndiaye, membre de la famille, « même les enfants qui sont au lycée et qui sont les petits-fils d’Arame Thiendou, ont hérité de cette science mystérieuse qui leur permet de replacer et de ressouder les os ».
Un automobiliste en train de changer son pneu au bord de la route, ne s’est pas fait prier pour nous dire qu’il connaît ce village. « Ils nous ont aidé un jour à soigner deux de nos parents qui avaient des maux de tête et des douleurs atroces au bassin. Nous avons vu également de nombreux patients fracturés et qui ont été finalement bien traités dans ce terroir », témoigne-t-il.
Partout, dans ce village, les témoignages sont unanimes, concordants et nous assurent que les tradipraticiens de ce terroir réalisent des merveilles. Penda Diop, originaire de Mpal, qui a pu rejoindre récemment le domicile conjugal dans ce village, n’hésite pas à nous faire savoir que cette médecine traditionnelle est une réalité dans cette partie du département de Louga. « Elle permet jusqu’à présent de soulager la souffrance de nombreux malades qui viennent d’horizons divers », assure-t-elle. De l’avis de M. Souley Fall, enseignant domicilié à ce village, « les populations de Baralé, malgré une demande sociale exponentielle, restent dignes, et nourrissent l’espoir de voir un jour leur village se développer. Cela, eu égard au passé glorieux de leur localité, à sa belle histoire et au rôle prépondérant qu’elle joue dans la mise en œuvre de la politique de l’État en santé publique. Dans la mesure où la pratique des Ndiayène de Baralé est normée et suit des trajectoires claires, nettes et précise dans les soins ».
À Baralé, nous confie Dame Ndiaye, ouvrier agricole, seuls les hommes et les jeunes gens soignent les fractures. « C’est un cercle masculin, car la souffrance exprimée par le visage du patient, pendant la remise en place des os, fait que les femmes craquent souvent. Cependant, à Golbi Ndiaye, les femmes s’exercent à soigner », précise-t-il.
Interdiction de faire des massages
Plus explicite, le fils du chef de village, Mamadou Ndiaye, développe un langage plus simple. « Après le diagnostic, nous mesurons la partie qui fait mal avec un bout de bois ; attelle de bambou sur une bande de tissu pour éviter l’irritation de la peau. Mais, pas n’importe lequel. Nous utilisons le « khat ». Le malade ne se présente qu’une seule fois chez nous. Surtout s’il habite très loin de Baralé. Tout le travail mystique porte sur ce bout de bois que nous gardons soigneusement dans une chambre, chez nous. Puis, le malade, arrivé chez lui, est tenu d’arroser deux fois par jour la partie qui fait mal avec de l’eau froide », renseigne-t-il. Le plus souvent, poursuit-il, il est formellement interdit au malade de faire des massages. Au bout de quinze jours, le problème est résolu. S’il s’agit d’une fracture de la jambe, le traitement peut s’effectuer dans un délai de trente jours. Tout dépend de la nature de la fracture et de l’âge du patient ». Les recommandations et les conseils donnés doivent, selon Mamadou Ndiaye, être scrupuleusement respectés par les patients qui ne doivent pas trop bouger. « Le traitement à l’hôpital, par le plâtre, peut prendre parfois 45 à 90 jours. Il nous arrive de recevoir des malades qui se sont déjà adressés à une structure sanitaire », affirme-t-il.
Aujourd’hui, les « spécialistes » des fractures osseuses continuent de faire la renommée de Baralé. Ce village a besoin de ralentisseurs, d’un projet d’extension du réseau électrique, d’un poste de santé, d’un centre social pour les femmes, d’un foyer pour les jeunes, de financements pour des activités génératrices de revenus.
L’UNIVERSITE D’INDIANA MET LA MAIN SUR PAULIN SOUMANOU VIEYRA
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra.
Après les archives de Ousmane Sembene, ce sont celles de Paulin Soumanou Vieyra qui prennent le chemin du Black film center de l’Université d’Indiana aux Etats-Unis. Le fils du cinéaste a en effet fait don des 450 kg d’archives laissées par son père à cette institution. Selon Stéphane Vieyra, c’est une façon de s’assurer que le travail de son père «ne soit pas perdu».
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra. L’Agence de presse sénégalaise (Aps), à qui le fils du cinéaste a confirmé l’information, souligne qu’il s’agit de documents audiovisuels et papiers de Vieyra, composés notamment de films, de photos, d’archives papiers, d’interviews, de manuscrits d’un volume total de 450 kilos, soit sept cantines, transférés de Tours en France à Indiana aux EtatsUnis. «Il était important que ce travail ne soit pas perdu. Quel que soit l’endroit où il est hébergé», a dit Stéphane Vieyra qui se réjouit que désormais «toute l’Afrique pourra et doit accéder à ces archives».
Selon le plus jeune fils de Soumanou Vieyra qui assurait la gestion de ce fonds depuis le décès du cinéaste en 1987 par le biais de Psv/Films, la structure qui détient les droits du patrimoine de son père, «la condition la plus importante (pour nous) était que l’Afrique puisse disposer de ces archives et c’est ce qui va se passer». Stéphane Vieyra qui a cédé ces archives sans contrepartie financière, contrairement aux archives de Sembene vendues par ses héritiers, perpétue ainsi son combat de vulgarisation des travaux de son père. «Avec ce don, nous espérons que les nombreux manuscrits inédits laissés par mon père pourront être publiés et traduits en anglais», déclare Stéphane Vieyra, jusque-là conservateur des archives cinématographiques et documentaires de son père. «J’ai visité les installations de leurs archives en 2019 et les responsables étaient ravis d’accueillir les archives de Vieyra. On a discuté des modalités. Nous, nous avions une idée très particulière, c’est-à-dire que les archives de Vieyra sont inestimables. On ne pouvait pas déterminer une valeur marchande», a expliqué Stéphane Vieyra à l’Aps.
Ainsi, l’accord signé avec l’université américaine garantit à la famille de conserver ses droits et d’être la seule à autoriser toute exploitation de ces documents. Mais l’accord permettra aussi la traduction et la publication des deuxièmes tomes de deux ouvrages majeurs écrits par Paulin Soumanou Vieyra sur l’histoire du cinéma africain et sur Sembene. Stéphane Vieyra explique que de nombreuses demandes ont été adressées à l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) en France et à différents organismes pouvant s’occuper des archives, les traiter et les numériser. Et c’est là que le Bfc/A a fait la différence, puisque ce département de l’Université d’Indiana s’est donné les moyens d’offrir un service entièrement dédié aux archives. Au Sénégal, en 2012, Stéphane Vieyra avait organisé un hommage national à son père dont la bibliothèque personnelle avait été offerte à la Bibliothèque universitaire de Dakar. «A l’époque, on ne pouvait pas conserver ni numériser ces documents écrits et audiovisuels» à Dakar. Et visiblement, les choses bougent très lentement puisque du côté de la direction de la Cinématographie, on semble tout ignorer de cette histoire.
Premier Africain francophone à réaliser un film
Né le 31 janvier 1926 à Porto Novo au Bénin, Paulin Soumanou Vieyra est entré dans la postérité pour avoir été le premier Africain francophone à réaliser un film. Afrique sur seine a été réalisé en compagnie d’autres jeunes cinéastes comme Mamadou Sarr et Jacque Melo Kane. Ce film, réalisé alors qu’il étudiait le cinéma à l’Idhec, ancêtre de la Femis, a bouleversé les codes de l’époque et proposé un regard nouveau de l’Africain sur la métropole. Membre fondateur de la Fepaci et du Fespaco, Paulin Soumanou Vieyra était également le principal collaborateur de Sembene dont il a aussi été le producteur pour des films comme Le mandat, Ceddo ou Xala.Il est l’auteur d’un premier tome de l’ouvrage Le cinéma africain, des origines à 1973.
«LE FAIT DE LAISSER CES ŒUVRES QUITTER LE CONTINENT EST SCANDALEUX»
Entretien avec Maguèye Kassé, enseignant chercheur, critique de cinéma
Après Sembene, ce sont les archives de Paulin Soumanou Vieyra qui finissent à l’Université d’Indiana. Cela pose le problème de la conservation de la mémoire de nos grands hommes, de nos artistes. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour que cela ne se reproduise pas ?
Je n’ai rien contre le fait que des universités étrangères, américaines en l’occurrence, organisent des colloques de cette nature pour approfondir les questions relatives à la naissaissance, au développement et aux orientations du cinéma africain. Je rappelle d’ailleurs que la famille Vieyra avait organisé au Musée du Quai Branly une rencontre à laquelle j’avais été invité. Stéphane Vieyra a fait beaucoup d’efforts avec Psv Films pour faire connaître le cinéma de son père. Il a eu le mérite de revisiter toute l’œuvre cinématographique de son père en digitalisant, en mettant sous Dvd, ces œuvres. Tout seul, il a eu à cœur de prendre en charge le legs cinématographique de son père et de le faire connaître à travers le monde. Maintenant, qu’est-ce qui s’est passé pour que ce fonds se retrouve à Indiana University ? Je ne sais pas. En arrivant làbas, je n’ai fait que constater sa présence dans des espaces aménagés pour ça. Il est évident que la recherche documentaire va en être facilitée. Mais le problème que vous posez est un problème de fond. Pourquoi les pays africains ne croient pas au cinéma africain et ne se donnent pas les moyens nécessaires pour le garder ici dans des espaces aménagés, comme d’autres le font ? Ce qui est scandaleux à mon avis, c’est que nos gouvernants ne prennent pas la précaution nécessaire pour préserver cette mémoire. Pour Sembene, on ne sait pas ce qui a été transféré à Indiana dans le détail. Mais c’est le fait même de laisser ces œuvres quitter le continent qui est proprement scandaleux. Je trouve que nos gouvernements africains n’ont pas pris l’exacte mesure de la nécessité de préserver notre patrimoine historique, notre mémoire collective. Paulin et Sembene sont quand même deux amis, deux précurseurs, deux personnalités du cinéma qui ont contribué à faire émerger un cinéma original et qui n’emprunte rien à ce qui se fait hors du continent africain pour asseoir les bases d’une véritable cinématographie africaine. Loin de moi l’idée de jeter la pierre à Stéphane Vieyra qui a mené un combat titanesque pour faire connaître les œuvres de son père. Ce qui n’est pas le cas pour Sembene et ses enfants.
Est-ce une question d’infrastructures, de moyens financiers ou de volonté politique ?
C’est d’abord une question de volonté politique et de connaissance de l’importance que cela revêt. Et ensuite de prendre une décision politique, garder chez soi ces trésors et créer les conditions d’une préservation par des infrastructures. C’est comme l’initiative qui a été prise par la direction de la Cinématographie pour les archives du cinéma sénégalais avec la restauration de centaines de films, de documentaires. Je regrette qu’à l’exposition de ces travaux il n’y ait pas eu beaucoup de personnes. En Tunisie, j’ai visité leurs infrastructures sur deux étages et trois sous-sols. Ils font la restauration du cinéma tunisien, mais aussi maghrébin et d’autres cinémas du monde. C’est pour les cinéphiles, la recherche, pour faire connaître l’évolution du cinéma dans un cadre universel. Et nous gagnerions à avoir des accords de coopération avec eux pour bénéficier de cette expertise, apprendre d’eux et créer les bases d’une coopération pour la préservation de nos mémoires collectives. Vieyra est à la fois Béninois et Sénégalais et la direction de la Cinématographie de l’époque avait fait un colloque sur lui. Mais ce n’est pas l’affaire d’une direction. C’est celle d’un ministère, d’un gouvernement parce que n’oublions pas que Vieyra a quand même travaillé à la télévision nationale. Il a été un précurseur d’un cinéma qui parlait des réalités sénégalaises. Ce sont des choses à saluer. On aurait gagné à mettre davantage l’accent sur ce que Paulin Soumanou Vieyra a apporté à la mémoire collective sénégalaise.
Et là, il y a Ababacar Samb Makharam et d’autres dont il faudrait peut-être prendre en charge l’héritage avant qu’il ne soit trop tard…
Bien sûr ! La jeune génération de cinéastes ne connaît pas Ababacar Samb Makharam, Tidiane Aw ou Mahama Johnson Traoré et d’autres encore. Cela participe d’un patrimoine à faire connaître, à faire fructifier par la jeune génération. Il y a tellement de choses qui militent en faveur d’une synergie d’actions pour la préservation de notre mémoire collective que ce n’est pas normal qu’on n’ait pas donné les moyens à ceux qui sont chargés de cela de poursuivre cette œuvre de leurs parents. Aujourd’hui, qu’est-ce qui est fait pour Safy Faye, la première femme réalisatrice ? C’est un problème de fond qui se pose et il y a beaucoup de choses à faire pour que nos œuvres ne restent pas en dehors du continent africain et qu’elles soient à la portée de tout le monde. C’est une question éminemment politique, c’est une question de stratégie à mettre en œuvre, une question d’infrastructures aussi avec toutes les conditions requises pour la préservation, la restauration et la mise à disposition du public, mais pour que aussi les jeunes comprennent que nos Nations ne sont pas nées ex nihilo
GESTION DE L’HYDRAULIQUE RURALE, UNE REFORME EN EAUX TROUBLES
Le Quotidien s’est rendu dans 5 régions où officient Seoh, Aquatech et Flexeau pour constater que les populations sont loin de l’accès universel à une eau potable
Depuis la création de l’Office des forages ruraux (Ofor) en 2014, l’Etat du Sénégal s’est engagé dans la professionnalisation de la gestion de l’eau potable dans le monde rural. Le Quotidien s’est rendu dans 5 régions où officient Seoh, Aquatech et Flexeau pour constater que les populations sont loin de l’accès universel à une eau potable. Une réforme contestée et chahutée dans certaines zones avec au bout du compte une remise en cause de l’autorité de l’Etat. Cette enquête a été réalisée grâce à la collaboration du Forum civil.
GESTION DE L’EAU DANS LES ZONES RURALES DE THIES ET DIOURBEL : Aquatech dans le creux de la vague
Sans doute nostalgiques des Asufor, des collectifs «Aquatech dégage» se sont formés dans plusieurs communes pour dessaisir l’opérateur privé de la gestion de l’eau, malgré un contrat de 10 ans avec l’Ofor depuis mars 2016
Une litanie de bidons jaunes asséchés autour d’un forage artisanal décore le sol. Les plus nantis ont des ânes pour le transport de l’eau, tandis la plupart des femmes attendent de poser la bassine sur la tête approvisionner leur maison… C’est le quotidien des femmes de Touba Toul, commune rurale située dans le département de Thiès. «Je suis devenue mince à cause des bidons. Je fais 20 bidons le matin et 20 autres le soir», se plaint Sara Diouf, dont le visage traîne des traces de vieillesse. Dans ce vaste espace public du village de Keur Lamane, sans eau potable et sans électricité, Binetou gère le forage grâce à un compteur Woyofal de la Senelec. «On achète une carte de 20 mille pour faire fonctionner le forage qui a besoin d’électricité. Chaque bidon rempli, c’est 5 francs. Parfois, je peux me retrouver avec 50 mille francs», explique la sexagénaire. Après la fin du forfait électrique, Binetou dépose l’argent au niveau du Comité provisoire pour la gestion du forage. Délégataire du service public (Dsp) de l’eau potable dans cette zone, l’opérateur Aquatech a été chassé par les populations qui lui reprochent des jours de pénurie d’eau. Il faut relever que dans le cadre de la réforme relative à l’accès universel à une eau potable de qualité en milieu rural, l’Ofor a signé des contrats de 10 ans avec les opérateurs Seoh, Aquatech, Flexeau et Soges. Désigné depuis le 10 mars 2016 comme Dsp des zones rurales des régions de Thiès et Diourbel, Aquatech a débuté ses activités en avril 2018. Mais l’entreprise qui collabore avec Munif Groupe de l’homme d’affaires Tahirou Sarr fait face à la défiance des populations. «Depuis octobre 2020, on a pris de force le contrôle du forage. On restait 3 à 4 jours sans avoir de l’eau. Et si on n’en trouve, c’est à 3h ou 4h du matin avec une faible pression», dénonce Daouda Diouf, coordonnateur provisoire du Comité de gestion des forages de Touba Toul. Ce dernier a acheté un âne à 35 mille francs, rien que pour le transport quotidien de ses 20 bidons d’eau.
Des collectifs de jeunes prennent le pouvoir
Dans la réforme sur l’hydraulique rurale, Aquatech doit approvisionner 2 millions 453 mille 599 personnes, d’après le contrat de performance paraphé entre la Société et l’Ofor. La société, qui a débuté ses activités en avril 2018, est rejetée par beaucoup de villages. De Mboro à Bambey Sérère, en passant par Touba Toul, Baba Garage, Ngoyé, Ndangalma ou Tocky Gare, l’entreprise d’origine canadienne, selon son site, a été supplantée par des collectifs citoyens qui ont pignon sur rue. Des zones de non-droit où l’Etat, impuissant, voit son autorité remise en cause par des groupes organisés. «Nous contrôlons désormais 80% des forages dévolus à Aquatech qui brille par sa mauvaise gestion. On reste des jours sans eau et les factures sont chères», justifie Modou Diouf, chargé de communication de l’Union du monde rural (Umr). Face au refus de certaines populations à payer les factures à cause de la rareté de l’eau, l’Etat a commandité une Mission d’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale. Le Quotidien a pu disposer des conclusions du rapport provisoire de cette étude, déposées sur la table du ministre de l’Eau et de l’assainissement depuis mai 2021 et jusqu’ici non rendues publiques. L’enquête révèle que sur un nombre total de 270 forages prévus, Aquatech ne gère actuellement que 93. En 2019, 17 villages de la zone ont refusé la gestion du nouveau Dsp (4 dans la région de Diourbel et 13 dans celle de Thiès). L’opérateur est en proie à des difficultés liées à l’électrification des forages et à la fourniture en carburant de ceux qui ne sont pas électrifiés. A Mboro, depuis le 4 décembre 2020, Aquatech a été forcé de plier bagages par une déferlante humaine. Dans cette localité où la nappe phréatique cohabite avec les activités des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Gco, le liquide précieux est une denrée rare, voire inttrouvable. Dans sa somptueuse résidence R+2 nichée dans le calme olympien de la Cité Serigne Mansour, Aitou a déboursé 300 mille pour édifier un forage artisanal dans la maison qui jouxte l’un des deux forages de la commune. «L’eau est de couleur verte. On boit cette eau parce qu’on n’a pas d’autres alternatives. Si cela ne dépendait que de nous, on allait avoir un robinet avec de l’eau potable. On est à 10 mètres du forage et on ne peut pas avoir de l’eau», se résigne-t-elle. Pour minimiser les risques sanitaires, le comprimé Aquatabs est dissolu dans l’eau. Certaines populations décident de ne plus payer l’eau. Suffisant pour mettre le Dsp en difficulté financière. Avant son départ de Mboro, il traînait une facture d’électricité impayée de 52 millions et 9 millions à Touba Toul. «On avait fait des marches et des manifestations de protestation et Aquatech nous a reçus pour faire des promesses allant dans le sens d’améliorer les choses. Mais la situation de manque d’eau s’est empirée», rembobine El Hadji Malick Guèye, coordonnateur du mouvement «Aquatech dégage» qui assure maintenant la gestion des deux forages de Mboro, situés à Ngayène et à la Cité Serigne Mansour.
PERFORMANCES DES DSP : Seoh au-dessus de la vague
L’opérateur Seoh reste confronté depuis le démarrage de l’exploitation à des difficultés concernant l’état du réseau qui affecte les performances techniques, notamment le rendement de réseau, particulièrement dans le périmètre de Notto-Ndiosmone-Palmarin. «Au plan financier, Seoh déplore l’absence de mécanismes de récupération de la Tva, avec la structure de la grille tarifaire en vigueur», note le rapport de la Mission d’évaluation. De tous les Dsp, la société Aquatech a subi le plus de préjudices. En plus des forages toujours entre les mains d’Asufor, l’opérateur souffre du faible taux d’incorporation des systèmes d’alimentation en eau au démarrage de l’exploitation (93 sur 264 systèmes). C’est notamment dans les sites les plus rentables où il y a la réalisation d’importants travaux de remise en état (Mboro, Touba Toul, Taïba Ndiaye). Aquatech déplore aussi la problématique du recouvrement de la Tva, la baisse du tarif opérée après la mise en service de la Dsp, le retard dans le programme de remise à niveau des forages qui devait être financé par la Banque africaine de développement (Bad), entre autres difficultés. Quid de l’opérateur Flexeau ? «Aucun audit de maintenance n’a encore été réalisé», souligne le rapport provisoire de la Mission d’évaluation. Malgré toutes ces difficultés, le chiffre d’affaires de Seoh a enregistré une croissance annuelle moyenne de 33,95% entre 2015 (380 millions de francs Cfa) et 2019, soit 1 milliard 243 millions francs Cfa, d’après les données de la Mission d’évaluation. En 2019, Aquatech a réalisé le deuxième chiffre d’affaires le plus important à un peu plus d’un milliard, représentant environ 29% du chiffre d’affaires consolidé. Flexeau a pour sa part réalisé 22% du chiffre d’affaires avec près de 803 millions.
DES ASUFOR A L’OFOR : Les raisons d’une réforme
La réforme sur l’hydraulique rurale s’est déroulée en plusieurs phases. Des Comités de gestion des forages dans les années 1980 à l’instauration de la Réforme du système de gestion des forages ruraux motorisés en 1999, le processus est passé en 2002 à l’implication des privés dans la maintenance des forages motorisés. Une autre étape a été franchie en 2005 avec l’adoption de la loi organisant le Service public de l’eau potable et de l’assainissement collectif en milieu urbain et rural au Sénégal (Spepa) qui a consacré l’avènement des Associations des usagers des forages ruraux (Asufor). Détournements de deniers publics et d’objectifs… la gestion de certaines Asufor a été marquée par le «non renouvellement des instances, opacité dans la gestion financière, peu de délégation de service, mauvaise qualité de service, manque de légitimité». Il était attendu de la réforme que les populations rurales aient de l’eau en qualité et en quantité et qu’il n’y ait pas de rupture dans sa fourniture. Dans le cadre de ses activités, l’Ofor a finalisé la contractualisation avec 4 fermiers, sur un total de 8 prévus et qui couvrent au total 5 régions sur un total de 13. Les résultats sont mitigés parce qu’à date, il ressort que sur les 1 989 Systèmes d’approvisionnement en eau potable, (constitués de 2 065 forages et de 57 Unités de potabilisation et de traitement), 312 seulement sont sous Dsp, soit 15% des Saep. Dans les zones sous Dsp, la moitié des Saep n’est pas encore intégrée au périmètre d’affermage. Pour les opérateurs qui ont été installés, ils s’accordent tous à dire que l’Ofor n’a pas été en mesure de mettre à exécution l’une des clauses contractuelles consistant à leur confier des ouvrages et infrastructures fonctionnels. En termes de qualité de l’eau, les problèmes de salinité n’ont pas encore été résolus par les opérateurs.
GESTION DE SEOH DANS LE NOTTO-NDIOSMONE-PALMARIN GOROM-LAMPSAR : A la quête de l’eau de secours
Les pénuries d’eau sont fréquentes dans le périmètre couvert par Seoh. Qui fait face à des difficultés dans le réseau de distribution depuis 2017, soit deux ans après son arrivée comme délégataire de service public en eau potable.
Dans le département de Mbour, les 38 villages de la commune de Ndiaganiao souffrent du manque d’eau. Dans cette zone où seuls 6 villages sont électrifiés, la Société d’exploitation des ouvrages hydrauliques (Seoh) cristallise les frustrations à cause de la rareté de l’eau. Les femmes arpentent parfois nuitamment la piste latéritique à la recherche du liquide précieux. «On a un problème de pression de l’eau. Il faut se réveiller à 2h ou 3h du matin pour avoir de l’eau», déplore Mor Sarr. «Actuellement, dans la zone des Bas-Fond, l’eau est un luxe. Il y a des villages qui ne disposent pas d’eau, et pour obtenir le liquide précieux il faut s’approvisionner auprès des charretiers. Et cela coûte cher. Nous avons entendu le ministre de la Santé dire qu’il faut se laver les mains pour éviter les maladies. Mais nous lui rappelons que tant qu’il n’y a pas d’eau, il ne peut pas y avoir de santé. Donc pas d’eau, pas de salubrité et pas de développement», se plaint Lamine Diouf, porte-parole des 9 villages dénommés Bas-Fonds. La même situation est observée à Tassette (Thiès), Fimela, Yayème et Ndangane dans le département de Fatick. Pour Ndiaganiao, il est déploré des forages qui sont installés dans cette commune qui dessert les zones de Djifer et Joal. La première délégation de service public de l’eau potable en milieu rural, débutée le 1er juillet 2015, a été adjugée à la Société d’exploitation d’ouvrages hydrauliques (Seoh) pour la zone Notto-Ndiosmone-Palmarin et Gorom Lampsar (NDP & GL). L’opérateur Seoh couvre une trentaine de villages entre Thiès et Fatick, notamment dans la zone du Diobass. Dans le département de Fatick, les communes de Diofior avec 13 mille habitants, Fimela (30 mille) et Palmarin (11 mille) sont alimentées par un forage qui vient de Tassette. Dans ces zones, les difficultés ont commencé en 2017.
«Détournement de deniers publics»
Face aux multiples manifestations, l’Ofor, par l’intermédiaire de son directeur de l’Exploitation, Ndiamé Diop, au cours d’une visite, annonce en mars 2019 un programme de la Banque mondiale à hauteur de 1 milliard 200 millions pour améliorer le réseau. «En juin 2020, il y avait un semblant de solution et l’eau commençait à couler. Le directeur de l’Exploitation de l’Ofor nous avait promis une solution définitive en mars 2021. La situation s’empire aujourd’- hui», déplore Samba Faye, membre du mouvement les Cœurs verts de Fimela. Dans cette zone touristique, les hôtels subissent de plein fouet le manque d’eau. Dans ce contexte de pandémie, la rareté du liquide précieux pose un problème économique et sanitaire. «Même pour raccorder deux mètres, Seoh demande 150 mille francs», regrette M. Faye, Docteur en gestion. Où est passé le milliard 200 millions de la Banque mondiale ? En août 2019, le directeur régional de Seoh à Fatick, Pape Alé Samb, a été placé sous mandat de dépôt pour «abus de confiance, détournement de deniers publics et abus de biens sociaux». Pour résoudre les problèmes techniques signalés, le délégataire a entrepris des travaux d’envergure de remise en état sur le réseau qui relèvent des obligations de l’Ofor. Concernant la capacité de production, un déficit est noté avec l’atteinte de la capacité limite de production des forages, nécessitant la réalisation d’ouvrages de captage et la connexion des forages d’eau douce situés dans son périmètre.
GESTION DE FLEXEAU DE KAOLACK-KAFFRINE : Le fluor fait grincer les dents
Dans les régions de Kaolack et Kaffrine, Flexeau reconnaît que l’eau servie n’est pas de qualité, mais rejette la responsabilité de l’Ofor qui n’a fait aucun investissement dans la zone, selon l’opérateur.
A Porokhane, département de Nioro, l’approvisionnement en eau s’est amélioré. Des 5 forages, seuls 2 fonctionnaient avant l’arrivée du délégataire de service public Flexeau qui a démarré ses activités en juin 2019 dans les régions de Kaolack et Kaffrine. Mais c’est la qualité de l’eau qui trouble les organismes des populations. «On a souvent ici des cas de diarrhée à cause de l’eau que l’on consomme. Ceux qui ont les moyens ici ne boivent pas cette eau. On achète de l’eau minérale», signale Néné Ba qui fixe sa bassine où déverse l’eau de robinet. Dans le département de Koungheul, la même situation est constatée. «On nous avait promis de rendre accessible l’eau, moins chère. Mais Flexeau n’est jamais venue pour laver le forage. On tousse énormément. On boit une eau qui n’est pas de qualité. Du temps des Asufor, on lavait le forage chaque 2 ou 3 mois», enrage Moustapha Sall, président de l’Asufor Pathé Thiangaye dont le forage est en panne depuis un an. Des 4 délégataires déjà concernés par la réforme, Flexeau est la seule entreprise 100% sénégalaise. La société gère le périmètre Kaolack-Kaffrine avec 311 Systèmes d’approvisionnement en eau potable (Saep) dont 268 forages sont sous affermage. «La zone exploitée est caractérisée par la qualité de l’eau, avec notamment des problèmes de fluor et de salinité des eaux souterraines», constate la Mission d’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale. Dans la zone de Kaolack et Kaffrine, l’eau ne manque pas dans la plupart des villages visités. «Mais elle est chère. On paie 250 francs/m3. Nos factures sont salées», déplore El Hadji Fall, président de l’Asufor de Xendé, un village du département de Kaffrine. Le prix pratiqué par Flexeau est le même partout chez les délégataires de service public de l’eau potable en milieu rural. D’ailleurs dans cette zone, le prix fixé par les Asufor était de 300 francs/m3. En 2020, Flexeau avait un taux de couverture de 79%, soit le plus élevé de toutes des régions. «Il n’y a pas de qualité ici et l’eau manque parfois», signale Bobo Cissé, président de l’Asufor de Nganda (Kaffrine). Face à la pénurie, les femmes sont parfois obligées d’aller la chercher dans les villages environnants, à savoir Diama Gadio et Danko.
«La responsabilité de la qualité de l’eau incombe à l’Ofor»
Sur la qualité de l’eau, Flexeau se lave. Cela ne relève pas de la responsabilité de Flexeau, mais de l’Etat du Sénégal. «La responsabilité de la qualité de l’eau incombe à l’Ofor. Il y a un système de décoloration qui avait été promis par l’Ofor, mais qui n’est toujours pas réalisé. On donne l’eau que servaient les Asufor, on ne s’en cache pas», se défend Abdoul Aziz Guèye, directeur des Opérations de Flexeau. Par ailleurs, l’opérateur indique avoir engagé un important programme de transition énergétique par l’installation intégrale de minicentrales solaires dans tous les forages. «Actuellement, il y a 129 forages qui sont déjà solarisés. 3 300 panneaux solaires sont en route pour installation et nous allons en importer 10 mille», renseigne M. Guèye. Ce dernier précise que depuis l’installation de Flexeau en juin 2019, «aucun investissement de l’Etat n’a été réalisé alors que Flexeau en est à 2 milliards d’investissement». Pour rappel, le fermier Seoh effectue à fréquence mensuelle des analyses bactériologiques et physicochimiques sur l’étendue du périmètre. Parallèlement, l’Ofor a mandaté l’Université Assane Seck de Ziguinchor pour effectuer une campagne d’analyse au niveau du Ndp et les résultats obtenus sont satisfaisants. Une campagne a été menée dans le périmètre de Thiès-Diourbel avec le laboratoire de Caritas. En sus, l’Ofor a mandaté le laboratoire de Sentech pour le suivi de la qualité de l’eau dans les périmètres de Thiès-Diourbel, Tambacounda et GoromLampsar.
NON-RESPECT D’ENGAGEMENT, DEFICIT D’INFRASTRUCTURES … Les résultats mitigés de l’Ofor
Malgré des réalisations probantes, l’Office des forages ruraux doit encore, dans sa gestion de l’hydraulique rurale, faire des efforts pour que la réforme sur le sous-secteur aboutisse.
625 forages et 401 châteaux d’eau ont été construits en milieu rural entre 2014 et 2020, pour faciliter l’accès des populations à l’eau potable. L’annonce a été faite le 6 juillet dernier par Lamine Kâ, directeur des Etudes et de la planification de l’Office des forages ruraux (Ofor). Il a aussi souligné que l’Ofor a réalisé au cours de cette période 14 mille 829 branchements domiciliaires, 4 542 bornes-fontaines et 476 abreuvoirs pour le cheptel. Selon lui, un réseau d’eau de 7 339 km dans le monde rural a produit une amélioration des conditions de vie de 1 million 528 mille 560 personnes. Malgré tout, la réforme est loin d’être aboutie. L’Ofor et les opérateurs traînent des manquements qui menacent la pérennité du projet. Dans le rapport de la Mission d’évaluation sur la réforme de l’hydraulique rurale, il est indiqué que «si les performances en matière de gestion sont très satisfaisantes, avec un taux moyen de près de 90%, les performances techniques et de satisfaction des missions de service public sont très faibles et s’établissent en moyenne, respectivement à 44 et 40%». Pour l’étude, «les performances techniques sont affectées par les faibles scores constatés dans les domaines de l’autonomie financière, de la qualité de l’eau, de l’accès à l’eau et l’organisation pour le pilotage, qui varient de 16 à 42% en moyenne sur la période considérée», c’est-à-dire entre 2017 et 2019. Concernant les objectifs de remise à niveau des forages défectueux, les cibles (35 forages) sont en cours de réalisation, car le premier semestre de l’exercice 2020 a été consacré à la préparation des procédures de passation des marchés. En plus, le Plan d’eau et d’assainissement en milieu rural (Peamir) prévoit pour l’hydraulique rurale une enveloppe d’environ 22 milliards de francs Cfa, à consacrer aux travaux de remise à niveau des Saep de la zone centre (Thiès, Diourbel, Kaolack, Kaffrine, Fatick) et un programme de 30 mille branchements particuliers. Le Quotidien a tenté d’avoir la version du directeur de l’Hydraulique et du ministre de l’Eau, mais nos nombreuses demandes n’ont pas connu de suite. Dans les zones concernées par la Dsp, des cibles de branchement particulier de l’ordre de 20 mille 977 n’ont pas connu de résultats probants, «seuls 987, soit 5% de la cible sont atteints», d’après la Mission d’évaluation. Pis, les travaux de réalisation de 5 000 branchements particuliers qui devaient se réaliser en 2020 dans le périmètre Ndp/GL ont connu des retards de procédure, justifiant le décalage des réceptions pour l’année 2021.
REACTIONS...REACTIONS...
PAPE BAYE DIOP, DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION, DE L’INFORMATION ET DES RELATIONS EXTERIEURES A AQUATECH : «Des mafias ont pris en otage des forages»
«Il y a des intérêts sociaux et financiers qui font que des mafias ont pris en otage des forages. Ces politiciens sont aussi instrumentalisés par les maraîchers qui veulent cultiver sans payer. Ils avaient acquis ces avantages du temps des Asufor, parce qu’ils n’avaient même pas de compteurs. Aquatech a dit non. Quand on signait le contrat avec l’Etat du Sénégal, il est inscrit que les forages devaient être remis à neuf. Il y a des forages qui ont 30, 40 ans. Mais l’Etat ne l’a pas fait, parce qu’il n’a pas que ça à faire. Il y a l’électricité, l’école, la santé avec le Covid19… Aujourd’hui, la réhabilitation a débuté. Quand nous avons commencé en 2018, nous avons trouvé un réseau dans un état catastrophique. Nous avons des arriérés de paiement parce que les gens ne paient pas. Depuis 2018, nous avons investi 1,2 milliard en pompes, en véhicules, en salaires etc. Nous avons des dettes à la Senelec dans les localités qui ne paient pas. Dans les villages où les gens paient, Aquatech ne doit rien à la Senelec. Aquatech a porté plainte devant la gendarmerie de Thiès contre ce collectif «Aquatech dégage» et partout où des mafias se sont installées. D’abord, ils utilisent le nom Aquatech alors que ce collectif n’a aucune légalité, mais fait des factures et récupère de l’argent. On n’est pas là pour faire la police. Il y a dans ce pays un sous-préfet, un préfet, un gouverneur, la police et la gendarmerie. L’Etat n’a qu’à prendre ses responsabilités pour rétablir l’ordre.»
NDIAME DIOP, DIRECTEUR DE L’EXPLOITATION A L’OFOR : «Prématuré de parler d’échec de la réforme»
«Je crois que c’est prématuré de parler d’échec, parce que ça vient de démarrer. Il y a toujours des réglages à faire, des points faibles et des points forts. Les dernières études montraient que seuls 20 à 25% des Asufor fonctionnaient normalement, conformément aux textes qui les régissent. Sur plus de 2 200 forages, l’Etat continuait à réparer et à renouveler des équipements en cas de panne, alors que les Asufor encaissaient les recettes. Pour les Asufor, c’est 2 ou 3 personnes qui géraient dans une opacité totale. Leurs arguments étaient qu’elles construisaient des écoles, aidaient des étudiants, entre autres activités à but social. Je suis désolé, mais c’est un détournement d’objectifs. Ces Asufor prétendent construire des écoles, alors que quand il y a des pannes de forage, elles se tournent vers l’Etat. L’argent de l’eau doit rester à l’eau. Il y a aussi des enjeux politiques, religieux et on est appelé à gérer tout ça. Pour les problèmes techniques, c’est la conséquence des actions des Asufor qui ne respectaient pas les normes. L’autorité de l’Etat doit être restaurée. Si seulement 20% de la population paient l’eau, comment l’opérateur peut payer ses factures d’électricité ? Ce sont ces populations qui ont mis en difficulté Aquatech.».
FALLOU, DIRECTEUR GENERAL DE SEOH : «Depuis 2018, on a un problème de réseau»
«Quand nous avons démarré en 2015, jusqu’en 2017, il y avait trop de soucis, parce que la production permettait de gérer. Depuis 2018, on a un problème de réseau. Et plus précisément dans la zone de Ndangane qui se trouve en bout de réseau. Cette situation est due au fait qu’à partir de 2017, il y a eu le projet des îles du Saloum qui n’avait pas prévu la phase en amont, c’est-à-dire quand on fait du projet qui consomme énormément d’eau, il faut renforcer la production. Il y a eu manque de renforcement de la production malgré la forte demande dans les localités de Bassoul, Djirnda et Dionewar. L’eau est aspirée par cette grosse conduite qui fait que nous avons des épisodes de manque d’eau, particulièrement à Ndangane et Yayème. A partir de mai, la situation est redevenue à la normale jusqu’en 2019. La pénurie a recommencé de janvier à avril. L’Etat a mis en place un projet appelé Peamir avec un financement de la Banque mondiale parce que faire un forage coûte très cher. Les travaux doivent se réaliser en 18 mois. Aujourd’hui, si la question n’est pas résolue à 100%, une bonne partie de Yayème est alimentée en eau. Avant octobre 2021, on espère que les travaux seront terminés. Et la situation va beaucoup s’améliorer.».
YELY COULIBALY, SECRETAIRE GENERAL DU SYNDICAT DES TRAVAILLEURS DE L’HYDRAULIQUE RURALE : «Cette réforme est un échec total»
«Depuis l’avènement de l’Ofor, les forages sont entre les mains d’aventuriers qui ne savent rien de l’hydraulique. Au début, les Associations des usagers de forages ruraux (Asufor) étaient bien organisées. Il y avait leur caisse et ils faisaient beaucoup de social en construisant des salles de classe, des maternités et aidaient les étudiants de la localité. Cette réforme est un échec total. L’Ofor a échoué. Les villageois sont en train de souffrir. Nous demandons son audit. Depuis sa création en 2014, les agents de l’hydraulique sont en train de souffrir. Ils n’ont plus d’indemnités de logement, de déplacement, d’habillement et de pharmacie. Il y a les agents de l’hydraulique, les conducteurs de forage, les personnels de soutien appelés bénévoles et les retraités qui sont en train de souffrir. Les agents n’ont plus d’Ipm. 2012 à 2021, les cotisations à l’Ipres et à la Caisse de sécurité sociale ne sont pas versées, alors qu’on nous tire 6 000 francs Cfa par mois.»
PRODUCTION DE VACCINS ANTIPALUDIQUES ET ANTITUBERCULEUX EN AFRIQUE
Le Sénégal et le Rwanda choisis pour accueillir BioNTech
Le laboratoire BioNTech a confirmé hier à Berlin, devant les Présidents Macky Sall et Paul Kagamé, sa volonté de produire sur le continent africain tous les vaccins issus de la mise au point de ses candidats vaccins antipaludiques et antituberculeux.
Le Sénégal ambitionne de produire des vaccins antipaludiques et antituberculeux. C’est la principale information à retenir de la rencontre entre les Présidents Macky Sall, Paul Kagamé, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne et Uğur Şahin, Pdg et cofondateur de BioNTech à l’Académie Barenboïm-Saïd, à Berlin, informe-t-on dans un communiqué parvenu hier au journal Le Quotidien.
L’objectif de cette rencontre tenue en marge du Sommet du Partenariat G20 Afrique, initiée par la Chancelière allemande Angela Merkel, est d’aborder la mise en place d’une production durable de vaccins pour l’Afrique. La réunion «a débouché sur un communiqué conjoint confirmant la volonté de BioNTech de produire en Afrique tous les vaccins issus de la mise au point de ses candidats vaccins antipaludiques et antituberculeux». «Les possibilités de fabrication au Rwanda et au Sénégal» sont d’ores et déjà évaluées par BioNTech. Qui étudie la production en Afrique du vaccin anti Covid-19. Ce dernier peut en principe être également fabriqué dans les centres de production locaux, en vue de sa distribution en Afrique.
Le communiqué ajoute que «d’autres centres de production de vaccins et de produits pharmaceutiques peuvent également être basés dans ces pôles afin de garantir un écosystème commercial et scientifique durable». John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Cdc Afrique), Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique, et Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement (Bei), étaient présents à la rencontre organisée par la fondation Kenup au nom de BioNTech. Macky Sall et Paul Kagamé ont aussi visité «les locaux des futurs pôles de production de vaccin de l’Oms».
TOUBA, REMONTEE DE LA NAPPE PHREATIQUE
Le phénomène gagne du terrain au marché Ocas
Par Oumy LY Correspondante |
Publication 28/08/2021
La remontée de la nappe phréatique inquiète à Touba, surtout au niveau du marché Ocas et dans plusieurs quartiers de la cité religieuse. Ce qui a amené le gouverneur de la région de Diourbel à y conduire une mission afin de constater la situation. Gorgui Mbaye préconise des mesures correctives.
La remontée de la nappe phréatique gagne du terrain au niveau de la cité religieuse de Touba, surtout au marché Ocas et dans certains quartiers de la commune. C’est ainsi que le gouverneur de région de Diourbel, Gorgui Mbaye, a conduit hier une commission régionale de protection civile pour voir de près la situation.
«Nous sommes venus aujourd’hui en compagnie de tous les membres de la commission, sur instruction du ministre de l’Eau et de l’assainissement, suite à la visite du directeur de la Dgpre (Direction de la gestion, de la prévision des ressources en eau) sur la remontée d’eau au niveau de Touba, plus particulièrement dans la zone du marché Ocas et dans certains quartiers. Ici, il y a une remontée de la nappe phréatique. Dans tous les immeubles que nous avons visités, les 19 ont pris de l’eau au niveau du sous-sol», a-t-il expliqué. Par exemple, poursuit-il, dans cette maison, la famille a déménagé du fait de la remontée de la nappe phréatique.
Selon l’autorité administrative, le phénomène a été aggravé par les inondations parce que c’est l’eau de ruissellement qui est venue s’ajouter à celle déjà sur place. «Evidemment, tous ces phénomènes conjugués au niveau du marché Ocas, qui était un ancien lac, aggravent la situation. Il y a donc un risque et la commission régionale de protection civile s’occupe de la prévention des risques». M. Mbaye a ainsi fait savoir qu’ils vont dresser un rapport après un recensement général, tout en prenant des solutions pour chaque bâtiment et voir ce qu’il a lieu de faire, parce qu’il y va de la sécurité des biens et des personnes. En tout cas, poursuit-il, c’est une situation menaçante, mais l’Etat s’y penche et il a envoyé une équipe de techniciens, dirigée par le directeur de la Dgpre.
Pour le gouverneur de Diourbel, il faut que des mesures soient prises parce que les populations vivent sous la hantise d’accidents ou effondrements dus à la dégradation de ces sites. «Tous les bâtiments sont gorgés d’eau et les fondations sont dégradées. Le phénomène a été relevé depuis trois ans. Et même au niveau des cimetières, on me signale qu’il y a des remontées. Donc, il faut des mesures correctives afin de pouvoir transformer cette situation en opportunité. C’est un défi», précise-t-il.
Une visite de terrain qui sera appréciée à sa juste valeur parce que cela constitue un ouf de soulagement pour eux. Selon le délégué du marché Ocas, ils ont perdu beaucoup de millions de francs Cfa en tentant d’entamer des travaux sans succès.
CRISE FINANCIÈRE À DAKAR DEM DIKK
Les syndicalistes de U3/D tirent la sonnette d’alarme
Les travailleurs de Dakar Dem Dikk ne savent plus où donner de la tête à cause des finances exsangues de leur société, avec de nombreux véhicules en panne. Pour ne rien arranger à la situation, le chiffre d’affaires de la boite a drastiquement baissé.
L’Etat doit intervenir pour sauver la société de transport Dakar Dem Dikk plombée actuellement par de multiples difficultés. «Dakar Dem Dikk va mal. Elle vit dans une situation très difficile marquée par un problème d’ordre structurel qui nécessite l’intervention du président de la République pour l’aider à tenir sa place stratégique dans les politiques publiques en matière de transport», a alerté le secrétaire général de U3/D, Alioune Badara Konaté.
Car il considère que la Direction générale est impuissante face à la situation. «C’est ce qui nous pousse en tant qu’organisation syndicale majoritaire à alerter le chef de l’Etat afin qu’il intervienne au plus vite pour sauver Dakar Dem Dikk.»
Décrivant la situation désastreuse de la boite, Alioune Badara Konaté relève le problème des bus en panne, le manque de pièces de rechange, le non-versement des cotisations sociales (Ipres, Caisse de sécurité sociale et Ipm). Il dénonce également le non-paiement des tenues de travail et des avances Tabaski, de 2018 à 2021. Il ajoute que le dépôt de Thiaroye se trouve dans un état indescriptible.
Estimant que l’achat de carburant relève désormais d’un parcours du combattant, il décrie la suspension des lignes Taf Taf et express, la non-indemnisation de Sénégal Dem Dikk qui avait suspendu ses lignes sur instructions de l’Etat et le non-renouvellement du Collège des délégués du personnel.
Après avoir diagnostiqué tous ces maux, les employés de Dakar Dem Dikk exigent dans les meilleurs délais la réparation des bus tombés en panne pour un retour à la normale du trafic et le paiement des compensations financières pour le règlement du passif de la société.
LES IMPACTÉS DU TER RÉCLAMENT 50 MILLIARDS À L’ÉTAT
La colère enfle chez les impactés du Train Express régional (Ter) qui se disent victimes d’injustice. Ils estiment qu’ils n’ont pas été indemnisés comme il faut après avoir été dépossédés de leurs terres
La colère enfle chez les impactés du Train Express régional (Ter) qui se disent victimes d’injustice. Ils estiment qu’ils n’ont pas été indemnisés comme il faut après avoir été dépossédés de leurs terres. Ils sont montés au créneau pour réclamer la somme de 50 milliards à l’Etat. Ils ont posé cette doléance hier au cours du lancement du rapport de recherche intitulé «se retrouver subitement sans toit, sans terre et sans travail» et produit par Lumière Synergie pour le Développement (Lsd) et les impactés du Ter.
«Le consultant a essayé de relater tout ce qui s’est passé et ce que les impactés ont vécu. Sur le chiffre qui a été dégagé, les personnes affectées par le projet (Pap) étaient au départ 12.000, mais cela a évolué et actuellement nous sommes 16 000», a indiqué le coordonnateur national des impactés du Ter, Ibrahima Cissé avant de décrier la manière dontles indemnisations ont été effectuées et de relever certains dysfonctionnements.
Comme premier manquement, les impactés citent le non-respect de la loi en termes d’expropriation foncière et aussi des sauvegardes opérationnelles de la Banque Africaine de Développement (Bad et de l’Agence Française de Développement (Afd) qui exigent que l’indemnisation soit juste au préalable et simultanée. «Cela n’a pas été le cas dans ce projet Ter. Si aujourd’hui, on vous dit qu’il y a des Pap qui ne sont pas indemnisées depuis 4 ans, cela veut dire qu’on a foulé au pied toutes les règles édictées aussi bien par la loi sénégalaise que les sauvegardes opérationnelles de ces institutions financières», se désole Ibrahima Cissé.
Poursuivant, il soutient que les impactés ont été indemnisés à hauteur de 50 milliards, «mais nous aussi, nous réclamons 50 milliards Fcfa à l’Etat puisqu’il y a des gens qui n’ont toujours pas été indemnisés. Etil y a des réparations que nous exigeons, parce qu’on ne peut pas nous confisquer nos biens, les détruire, nous mettre en situation de locataires et nous laisser à notre propre sort. D’autres, on les a envoyés en chômage direct. Et quatre ans après, nous veut nous remettre les mêmes montants que l’on avait estimés dès le départ. Les travaux qui devaient être réalisés d’après nos experts sont évalués à 50 milliards, c’est ce que ces impactés réclament à l’Etat», explique Monsieur Cissé. .
LES SITES DE RECASEMENT SONT A 0% D’EXECUTION
Le coordonnateur national des impactés du Ter estime que les sites de recasement de Diamniadio qui étaient prévus pour les brocanteurs et artisans de Colobane sont à 0% d’exécution des travaux. «L’Apix comme maître d’ouvrage du projet n’a rien respecté. Et elle est la première responsable de nos problèmes. L’Afd et laBad devaient être opérationnelles depuis le début du projet avant qu’on ne nous fasse quitter nos lieux d’habitation et de travail», peste-t-il.
En outre, M. Cissé accuse l’Apix de comploter avec les bailleurs. «Depuis septembre 2017, on avait adressé un courrier de mise en garde aux institutions financières qui ont participé à ce projet ; même le président de la République a été informé. Si malgré tout cela, on se retrouve dans cette situation, on peut dire qu’il y a complot quelque part».
Pour les entreprises, c’est la même chose que chez les concessions. Selon lui, ces entreprises ont fermé boutique et on les a fait déguerpir. «Elles se sont volatilisées dans la nature. Certaines se débrouillent pour continuer et d’autres sont envoyées au chômage direct.Ils ont créé des Sdf et des chômeurs et plus de 2.000 entreprises sont fermées», dit Ibrahima Cissé.