NDIAGA SYLLA DIAGNOSTIQUE LES FAILLES DU PROCESSUS ELECTORAL
Six des dix listes de la coalition Wallu réhabilitées par la Cour d’Appel de Thiès

La Cour d’appel de Thiès a ordonné la réception de six listes de candidature sur dix de la coalition Wàllu à Thiès et à Diourbel ainsi que celles de la république des valeurs (rv), rejetées après le dépôt des listes de candidature. Une occasion saisie par l’expert électoral Ndiaga Sylla pour relever les failles d’un processus électoral caractérisé par une imperfection et une impréparation.
Au lendemain des dépôts des listes de candidature pour les élections locales du 23 janvier 2022, la polémique ne cesse d’enfler. Plusieurs coalitions de l’opposition ont vu leurs listes rejetées par les préfectures de différentes localités.
De Dakar à Saint-Louis en passant par Thiès, Mbour, Kédougou entre autres localités, plusieurs listes de l’opposition ont été rejetées. Accusant les autorités préfectorales d’être de connivence avec le pouvoir, certains responsables de l’opposition ont dénoncé la légèreté des motifs avancés.
Pour le mandataire national de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw), Déthié Fall, il s’agit d’un «sabotage» organisé par le régime de Macky Sall. Pour sa part, le leader de Gueum Sà Bopp dont la candidature à la mairie de Dakar a été recalée, cette situation est regrettable. «Les préfectures ne nous ont pas donné les 48 heures prévues par la loi pour compléter les dossiers», s’était désolé Bougane Guèye Dany. Ayant déposé des recours, certaines coalitions de l’opposition ont été réhabilitées par les tribunaux. C’est le cas notamment des listes de la Coalition Wàllu Sénégal à Thiès et dans les communes de Bambey, Ndondol, Ndangalma, Ndindy…
Même sort pour la liste de la République des Valeurs à Mbour. Ces décisions sont jugées salutaires par l’expert Ndiaga Sylla qui a porté le combat à travers son cabinet d’expertise électoral (CEELECT). Mais au-delà de cette victoire, l’expert électoral indique qu’il serait judicieux «de se pourvoir devant la Cour Suprême afin que toutes les décisions puissent contribuer à modifier sans équivoque la loi électorale et faire abandonner certaines mauvaises pratiques».
Enumérant ces tares, Ndiaga Sylla recommande de revoir tout le processus électoral du pays qui connaît de véritables imperfections, mais également et surtout des impréparations. Il s’agit entre autres de la non disponibilité des actes préparatoires officiels.
Dans la mesure où, dit-il, les décrets et arrêtés ont été publiés à 15 jours du dépôt des candidatures. Il relève aussi un déficit de communication et de formation des acteurs, une méconnaissance des procédures de réception des candidatures, compte non tenu du manque d'harmonisation du fonctionnement des commissions de réception des candidatures, notamment les dispositions pratiques telles que les jetons de présence etc. «A cela s’ajoute la violation du code électoral à travers les exigences d'éléments non prévus tels que la version électronique des listes et le non-respect du principe d'égalité dans le traitement des listes de candidatures avec un traitement de faveur à la coalition de la majorité», décrie Ndiaga Sylla.
Et de rappeler par ailleurs que le droit de suffrage est un droit fondamental. «La constitution sénégalaise, en son article 4, stipule que les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage dans les conditions fixées par la Constitution et par la loi. Ils œuvrent à la formation des citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Elle garantit des droits égaux aux partis politiques, y compris ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement en place», indique Ndiaga Sylla.