Avec 5 pays sur les 10 les plus vulnérables aux changements climatiques, l’Afrique de l’Ouest subit les chocs liés à ce phénomène avec la dégradation des ressources naturelles et de la biodiversité, les conflits grandissants entre les usagers de l’eau et de la terre, les migrations internes et externes plus abondantes, l’accentuation de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans certaines zones. Face à cette situation, elle appelle les grandes puissances qui traînent encore les pieds, comme le montre la dureté des négociations au niveau de la Cop 26, et demande plus d’effort pour finance.
Alors que la Cop 26 a baissé ses rideaux à Glasgow, l’Afrique essaie de faire entendre sa voix au milieu de la bataille des grandes puissances, les plus grandes émettrices de gaz à effet de serre. Dans une déclaration conjointe, la Cedeao, le Cilss et l’Uemoa ne cachent pas leurs préoccupations que les 5 pays les plus vulnérables aux changements climatiques se trouvent en Afrique de l’Ouest, après avoir rappelé qu’un réchauffement climatique de +1,5°C comme de +2°C sera dépassé au cours du XXIe siècle, à moins que des réductions importantes d’émissions de dioxyde de carbone (Co2) et d’autres gaz à effet de serre ne se produisent dans les prochaines décennies, et une température estimée à la fin du siècle à +2,7 °C est prévue par tous les experts.
Selon ces trois organisations sous-régionales, l’Afrique de l’Ouest subit «déjà des impacts visibles et fait face à des enjeux colossaux tels que les dégradations des ressources naturelles et de la biodiversité, les conflits grandissants entre les usagers de l’eau et de la terre, les migrations internes et externes plus abondantes, l’accentuation de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans certaines zones». «Nous sommes maintenant en état d’urgence climatique», indiquent le Cilss, la Cedeao et l’Uemoa, qui appellent la Cop 26 et la Cma 3 «à reconnaître cet état d’urgence et à souligner l’urgence d’une action accrue pour lutter contre le changement climatique». Ils affichent aussi l’engagement des pays d’Afrique de l’Ouest dans la lutte contre le changement climatique et déclarent que «leurs Cdn (Contributions déterminées nationales) ont été revues et mises à jour».
En revanche, ils ne cachent pas leur déception en constatant que le financement de l’action climatique cumulé est de 79,6 milliards de dollars en 2019, loin derrière l’objectif collectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, d’après le dernier rapport de l’Ocde. «Nous appelons à ce que la Cop 26 se concentre sur le financement de l’action climatique et la mobilisation effective de 100 milliards de dollars par an, jusqu’à ce qu’un nouvel objectif collectif très ambitieux de financement de l’action climatique soit adopté d’ici 2025 et réitérons l’idée que le processus de négociation sur la finance-climat doit être inclusif et bien informé, en particulier par le Comité permanent du financement sur les besoins des pays en développement», expliquent les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, ils demandent que le nouvel objectif de financement de l’action climatique «soit fixé à un niveau cohérent, avec les trajectoires requises pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris», l’établissement d’un calendrier commun de 5 ans pour les Cdn afin d’éviter une ambition et une flexibilité faibles, l’opérationnalisation de l’Objectif mondial d’adaptation en vue de fournir un financement adéquat, l’opérationnalisation du Réseau de Santiago et des recommandations claires pour financer les pertes et dommages et une approche équilibrée de l’atténuation, l’adaptation et l’inclusion dans le cadre du Bilan mondial contre les réchauffements climatiques (Gst, renforcement des capacités des pays en développement).
«LES RAPPORTS DE 2015, 2016 ET 2017 DE LA COUR DES COMPTES SERONT DISPONIBLES D’ICI AU PREMIER TRIMESTRE 2022»
Le président de l'institution indique que le retard est en partie dû aux rapporteurs
Interpellé sur le retard de la publication des rapports de la Cour des comptes de 2015, 2016 et 2017, le premier président de ladite institution, Mamadou Faye, annonce qu’ils seront disponibles d’ici au premier trimestre de l’année 2022.
«Le rapport de 2018 est déjà prêt. C’est imprimé. Il est sur ma table. Celui de 2019 est en impression. Pour le rapport de 2020, les chambres vont se réunir, bientôt, pour adopter le rapport provisoire. Nous faisons tout pour qu’au plus tard, au mois de mars, ces rapports soient remis à monsieur le président de la République. C’est un engagement que j’avais pris depuis mon installation», a-t-il indiqué lors de la cérémonie du lancement officiel du jumelage entre les Cours des comptes du Sénégal et la France.
Poursuivant, il indique que le retard est en partie dû aux retards qu’accusent les rapporteurs. «Pour avoir un rapport général public, il faut avoir les insertions du rapport particulier», se dédouane le boss de la Cour des comptes.
Toutefois, Mamadou Faye rassure que les stratégies permettant d’apporter des solutions définitives à ce problème de retard ne manquent pas. «En dehors de la production du rapport général public, nous comptons publier des rapports particuliers. Il y a également les rapports d’activités que nous allons produire, parce que les corps de contrôle administratifs, on ne leur demande pas de rapport général public. On leur demande un rapport d’activités», affirme le premier président de la Cour des Comptes, Mamadou Faye.
NDIAGA SYLLA DIAGNOSTIQUE LES FAILLES DU PROCESSUS ELECTORAL
Six des dix listes de la coalition Wallu réhabilitées par la Cour d’Appel de Thiès
La Cour d’appel de Thiès a ordonné la réception de six listes de candidature sur dix de la coalition Wàllu à Thiès et à Diourbel ainsi que celles de la république des valeurs (rv), rejetées après le dépôt des listes de candidature. Une occasion saisie par l’expert électoral Ndiaga Sylla pour relever les failles d’un processus électoral caractérisé par une imperfection et une impréparation.
Au lendemain des dépôts des listes de candidature pour les élections locales du 23 janvier 2022, la polémique ne cesse d’enfler. Plusieurs coalitions de l’opposition ont vu leurs listes rejetées par les préfectures de différentes localités.
De Dakar à Saint-Louis en passant par Thiès, Mbour, Kédougou entre autres localités, plusieurs listes de l’opposition ont été rejetées. Accusant les autorités préfectorales d’être de connivence avec le pouvoir, certains responsables de l’opposition ont dénoncé la légèreté des motifs avancés.
Pour le mandataire national de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw), Déthié Fall, il s’agit d’un «sabotage» organisé par le régime de Macky Sall. Pour sa part, le leader de Gueum Sà Bopp dont la candidature à la mairie de Dakar a été recalée, cette situation est regrettable. «Les préfectures ne nous ont pas donné les 48 heures prévues par la loi pour compléter les dossiers», s’était désolé Bougane Guèye Dany. Ayant déposé des recours, certaines coalitions de l’opposition ont été réhabilitées par les tribunaux. C’est le cas notamment des listes de la Coalition Wàllu Sénégal à Thiès et dans les communes de Bambey, Ndondol, Ndangalma, Ndindy…
Même sort pour la liste de la République des Valeurs à Mbour. Ces décisions sont jugées salutaires par l’expert Ndiaga Sylla qui a porté le combat à travers son cabinet d’expertise électoral (CEELECT). Mais au-delà de cette victoire, l’expert électoral indique qu’il serait judicieux «de se pourvoir devant la Cour Suprême afin que toutes les décisions puissent contribuer à modifier sans équivoque la loi électorale et faire abandonner certaines mauvaises pratiques».
Enumérant ces tares, Ndiaga Sylla recommande de revoir tout le processus électoral du pays qui connaît de véritables imperfections, mais également et surtout des impréparations. Il s’agit entre autres de la non disponibilité des actes préparatoires officiels.
Dans la mesure où, dit-il, les décrets et arrêtés ont été publiés à 15 jours du dépôt des candidatures. Il relève aussi un déficit de communication et de formation des acteurs, une méconnaissance des procédures de réception des candidatures, compte non tenu du manque d'harmonisation du fonctionnement des commissions de réception des candidatures, notamment les dispositions pratiques telles que les jetons de présence etc. «A cela s’ajoute la violation du code électoral à travers les exigences d'éléments non prévus tels que la version électronique des listes et le non-respect du principe d'égalité dans le traitement des listes de candidatures avec un traitement de faveur à la coalition de la majorité», décrie Ndiaga Sylla.
Et de rappeler par ailleurs que le droit de suffrage est un droit fondamental. «La constitution sénégalaise, en son article 4, stipule que les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage dans les conditions fixées par la Constitution et par la loi. Ils œuvrent à la formation des citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Elle garantit des droits égaux aux partis politiques, y compris ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement en place», indique Ndiaga Sylla.
DANS LE BUT DE REDUIRE LA MORTALITE MATERNELLE ET INFANTILE, LE SENEGAL SIGNE 6 ENGAGEMENTS
La Planification Familiale (Pf) constitue l’un des moyens de réduire la mortalité maternelle et infantile.
Pour se conformer aux engagements auxquels ont souscrits les chefs d’Etat en 2012 lors du sommet de Londres sur la planification familiale, le ministère de la Santé a pris six nouveaux engagements destinés à réduire la mortalité maternelle et infantile. Cela s’est passé hier en présence du ministre Abdoulaye Diouf Sarr.
La Planification Familiale (Pf) constitue l’un des moyens de réduire la mortalité maternelle et infantile. Avec le soutien du Partenariat de Ouagadougou et à travers la direction de la Santé de la mère et de l’enfant, le Sénégal a signé hier 06 nouveaux engagements sur la période de 2022-2026.
Ces engagements consistent d’abord à améliorer le taux de contraception de 25% à 46% en 2026 chez les femmes en union. Ils concernent également la signature du décret d’application de la loi portant sur la santé de la reproduction, sur la Pf, le renforcement de l’instance multisectorielle de coordination des actions liées à la Pf. A cela, s’ajoutent d’autres engagements programmatiques qui permettront de réduire les besoins non satisfaits chez les adolescents et jeunes mariés âgés de 20 à 24 ans, mais aussi d’assurer la continuité des services en période de crise sanitaire et même en période d’autres crises multiformes. Mais, il y a également l’engagement financier qui est de passer de 500 millions Fcfa à 1 milliard Fcfa d’ici 2026 pour l’achat de produits contraceptifs, afin d’assurer une souveraineté contraceptive au Sénégal.
Selon le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf, la planification familiale est l’une des interventions disponibles les plus efficientes pour sauver des vies et améliorer la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent.
Malgré les progrès notoires, souligne-t-il, demeurent des défis parmi lesquels on peut citer la mobilisation d’un financement accru des donateurs et du secteur privé, l’accroissement des services de base communautaire. Pour sa part, le directeur de la santé de la mère et de l’enfant (Dsme), Dr Amadou Doucouré, affirme que la planification familiale est un sujet tabou dans notre pays. «Dans certaines régions du Sénégal, on a du mal à atteindre les taux de prévalence contraceptive, mais aujourd’hui, nous avons d’autres stratégies mises en œuvre. Nous avons impliqué les religieux tout en tenant compte du contexte de notre pays», soutient Dr Amadou Doucouré.
Cependant, il précise que l’un des défis est la mobilisation des ressources domestiques. Revenant sur la baisse du taux de mortalité néonatale, Dr Doucouré affirme : . «L’objectif qui nous est fixé en 2030, c’est d’atteindre un minimum de 12 pour 1000 naissances vivantes. Aujourd’hui, on est à 21 pour 1000 naissances vivantes. Il y a des déterminants qui l’expliquent et qui sont liés au système de santé, à notre mode de vie.
Certes cette diminution de la mortalité néonatale est lente, mais nous sommes en train de mettre en place des stratégies pour améliorer la santé néonatale», clame-t-il.
AWA CHEIKH MBENGUE VEUT UNE REFORME DE L’ARTICLE 277 DU CODE DE LA FAMILLE
Pour éviter d’autres drames comme celui impliquant le Dr Palla PAYE
L’article 277 du code de la famille sénégalais qui stipule que «durant le mariage, l’autorité parentale est exercée par le père en qualité de chef de famille» doit être réformé. C’est l’avis de Awa Cheikh Mbengue, membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) et représentante de la Diaspora d’Espagne. Pour gagner ce combat, elle demande à toutes les associations féminines de se joindre à elle.
Awa Cheikh Mbengue reprend sa croisade contre l’article 277 du code de la famille sénégalais qui prévoit que «durant le mariage, l’autorité parentale est exercée par le père en qualité de chef de famille. En conséquence, l’autorisation parentale doit être signée par ce dernier».
C’est l’affaire du Dr Palla Paye, le médecin qui a tué ses trois enfants avant de se suicider, qui a poussé le membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) et représentante de la diaspora d’Espagne à reprendre ce combat. Selon elle, cet article enlève pratiquement à la mère toute responsabilité sur son enfant.
Réclamant ainsi la réforme de l’article 277 du Code de la famille sénégalais, elle précise que «cette disposition, qui donne le droit exclusif à l’homme est à l’origine de tragédies au sein des familles, notamment celles établies à l’étranger».
La troisième secrétaire élue des membres du bureau du Cese pense que l’article 277 du Code de la famille est en porte-à-faux avec la Charte fondamentale notamment sur le principe de l’égalité des citoyens devant la loi. «Je mène un combat depuis des années visant à modifier les dispositions sur l’autorisation parentale. La Constitution autorise toute femme sénégalaise à donner la nationalité à son fils, mais l’article 277 du Code de la famille, interdit à la femme de donner l’autorisation parentale à ce dernier», se désole-t-elle, rappelant qu’aujourd’hui, beaucoup de femmes abandonnées ou en instance de divorce butent souvent sur l’autorisation parentale quand elles souhaitent faire un passeport à leurs enfants ou simplement voyager avec eux. «Trois mères de familles sénégalaises tuées en Espagne»
Pour Awa Cheikh Mbengue, le drame survenu à Sacré-Cœur avec la mort de Dr Falla Paye et de ses enfants doit pousser les autorités à accélérer la réforme. «Ici, en Espagne que je connais pour y avoir passé plus de trois décennies, et dans pratiquement partout dans le monde, les femmes sénégalaises en souffrent beaucoup. Par exemple, après le divorce, l’homme prend l’autorisation parentale comme arme. En général, ce sont les enfants qui sont les principales victimes. Si la femme peut donner une nationalité à son fils, elle doit pouvoir exercer l’autorisation parentale sur ce dernier», indique la représentante de la diaspora d’Espagne. Pour que le combat réussisse, Awa Cheikh Mbengue lance un appel à toutes les associations féminines du pays et de la diaspora à adhérer à ce combat afin de «mieux protéger le sexe faible».
D’après elle, « pas moins de trois femmes sénégalaises ont été tuées en Espagne, dont le dernier cas remonte au mois de novembre 2019».
MAMADOU TALLA EXPOSE LES ACQUIS DE L’EDUCATION NATIONALE
Le ministre de l’Education nationale participe aux assises de la conférence générale de l’Unesco qui se tient à Paris du 9 au 24 novembre 2021
Le ministre de l’Education nationale participe aux assises de la conférence générale de l’Unesco qui se tient à Paris du 9 au 24 novembre 2021. Sur cette tribune, Mamadou Talla a étalé les innovations de l’école sénégalaise.
Le Sénégal a alloué un financement substantiel au secteur de l’éducation pour faire face à la pandémie de Covid-19. Tel est le propos du ministre de l’Education nationale lors de son allocution à la Conférence générale de l’Unesco. Il a également constitué, selon l’autorité, un laboratoire pour des solutions viables et durables face aux nombreux défis auxquels le monde est confronté. Ce, notamment en cette période de crise sanitaire qui perdure.
C’est devant de nombreuses autorités composées, entre autres, de ministres, de chefs de délégation et sous l’œil de la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, réélue à la tête de l’Institution pour un second mandat de quatre ans, que Mamadou Talla a salué l’apport de l’institution onusienne aux multiples défis causés par la pandémie. «Le Sénégal, en rapport avec ses partenaires dont l’UNESCO, a pris des initiatives innovantes pour atténuer les effets néfastes de la crise, renforcer sa résilience et assurer la continuité pédagogique dans les institutions scolaires et universitaires», s’est-il réjoui avant d’ajouter «que l’atteinte des Objectifs de développement durable (Odd) a toujours constitué un enjeu majeur de la politique du Sénégal sous l’impulsion du Président Macky Sall».
A l’en croire, ces efforts sont accentués, dans le domaine de l’éducation en particulier, avec l’ODD4. D’autant que le Président a fait montre d’un volontarisme salutaire, en réitérant son engagement à maintenir le niveau de financement du secteur de l’éducation au-delà du seuil de 20%. «Cette volonté se traduit, au quotidien, par la mise en œuvre d’un programme d’amélioration substantielle de la qualité dans le système éducatif», souligne M. Talla. Il ne manquera pas d’ailleurs d’exposer les deux chantiers majeurs qui ont fortement contribué à ce processus constant de renforcement du système éducatif. Il s’est agi d’exploiter les potentialités du numérique avec l’initiative «Apprendre à la maison», visant à trouver une solution à la fermeture des écoles.
Cette résolution consiste à la mise en place du projet pour le développement du télé- enseignement (PROMET), afin de formaliser davantage la stratégie et mieux assurer le renouveau de l’école sénégalaise. «Le second chantier a porté sur le renforcement de l’inclusion et l’amélioration de l’équité par une meilleure prise en compte de la dimension genre, la diversification de l’offre éducative de qualité, l’utilisation des langues nationales dans les apprentissages, le déploiement des pôles d’éducation scientifique appelés LINEQ (Lycée d’Intégration nationale pour l’Equité et la Qualité) et enfin, récemment, la mise en place des classes préparatoires aux grandes écoles», vulgarise le ministre pour qui, ces initiatives ont permis, entre autres, de renforcer l’inclusion et la qualité de l’école et d’enclencher une dynamique continue, de performance, de réussite dans le système éducatif.
Toutefois, reconnaît-il, «malgré les avancées notées, des efforts énormes restent encore à faire pour assurer la réalisation d’une éducation de qualité pour tous d’ici à 2030», indique le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla.
LES SCENARII DES FUTURS POSSIBLES SCRUTES DE FOND EN COMBLE
Initialement prévu à Nairobi au Kenya, le 3e sommet AfricTivistes se tient finalement à Abidjan du 11 au 13 novembre 2021.
Seydina Bilal DIALLO (Envoyé spécial à Abidjan) |
Publication 12/11/2021
Les AfricTivistes se réunissent du 11 au 13 novembre 2021 à Abidjan pour célébrer leur troisième sommet, considéré comme celui de la maturité. L’occasion est saisie par ces activistes du numérique pour s’interroger sur les scénarii des futurs possibles pour le développement d’internet ainsi que les civic tech en Afrique.
Initialement prévu à Nairobi au Kenya, le 3e sommet AfricTivistes se tient finalement à Abidjan du 11 au 13 novembre 2021. A cause des mesures de riposte contre le Covid-19 prises par les autorités kenyanes, la ligue africaine des blogueurs et web activistes pour la démocratie (AfricTivistes) a changé le lieu pour organiser l’évènement en Côte d’Ivoire.
Cependant, l’organisation a opté pour un format hybride avec un nombre de participants réduit et la possibilité de participer en ligne. AfricTivistes marque toujours une réelle volonté d’intégration africaine et de mutualisation des compétences à l’échelle du continent et auprès des citoyens actifs.
Au-delà de la mise en réseau d’acteurs de changement et de la promotion de la démocratie participative, les Sommets des AfricTivistes symbolisent aussi une activité au titre d’un événement d’une “Union africaine” des peuples. Ainsi, de 2015 à 2020, des centaines de projets numériques et citoyens ont été portés par des netizens à travers des initiatives personnelles, citoyennes, volontaristes, sans toujours un appui institutionnel. Tous ces projets vont dans le sens d’aider les communautés, les populations et les administrations à mieux profiter de la démocratie et des espaces de liberté.
Certains projets civic tech sont devenus de véritables entreprises de fabriques citoyennes, d’autres ont inspiré au point d’être répliqués dans d’autres pays pour les mêmes objectifs. Le Sommet Abidjan 2021 est ainsi considéré comme le Sommet de la consolidation et de la maturité. Ce Sommet sera aussi l’occasion de s’interroger sur les scénarios des futurs possibles pour le développement d’internet ainsi que les civic tech en Afrique. Il permettra de réfléchir sur les différentes questions liées aux mécanismes systémiques et institutionnels de gouvernance d’internet pour un écosystème plus juste et plus respectueux des droits humains.
Venu représenter la Banque Africaine de Développement (Bad), le responsable principal de l’engagement avec les OSC de l’institution financière africaine, Luther Yaméogo a soutenu que la Bad est la première institution multilatérale de financement du développement en Afrique. Et qu’elle a la ferme conviction que la capacitation de la société civile est fondamentale pour réaliser ses priorités pour la transformation structurelle du continent de manière inclusive et durable.
Dans la foulée, Monsieur Yaméogo indique que le Président de la Bad Akinwumi Adesina a été clair depuis le début de son mandat. A l’en croire, il donne une importance particulière au partenariat avec la société civile. Il avoue en outre qu’il y a un gap d’informations entre les citoyens, les communautés et les populations au bas de la pyramide. C’est pourquoi il soutient que ce sommet est une opportunité pour la Bad afin de renforcer son partenariat avec AfricTivistes et de l’institutionnaliser.
Monsieur Yameogo indique ainsi que la Bad saisira l’opportunité du processus d’élaboration de la toute première stratégie d’engagement de la Banque avec la Société civile 2022-2027 pour féconder et systématiser la collaboration. «Nous allons également renforcer le plaidoyer pour vous inclure dans la stratégie dénommée Technologie de l’Information et de la Communication de la Bad et ses déclinaisons en politiques publiques Energie, Agriculture, Intégration régionale, Industrialisation, Santé, Education, Résilience…», a-t-il conclu.
Par Abdoul Aly KANE
RELANCE DES INVESTISSEMENTS PAR PPP, LES ERREURS A EVITER
Dans le cadre du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A), le Gouvernement envisage de relancer l’économie par les investissements, afin de retrouver la trajectoire de croissance initiale d’avant pandémie.
Dans le cadre du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP 2A), le Gouvernement envisage de relancer l’économie par les investissements, afin de retrouver la trajectoire de croissance initiale d’avant pandémie. Si l’on sait qu’au-delà du secteur minier et celui des services, le taux de croissance a été essentiellement tiré par les investissements d’infrastructures, on comprend bien que, pour maintenir cette dynamique de croissance dans un contexte de frilosité des « Investissements directs étrangers » (Ide), il faille en recourir à une stratégie de financement bénie par les institutions financières internationales (Banque Mondiale), en l’occurrence le Partenariat public privé ou PPP.
Concernant le mode de gestion et la technique de financement PPP, les institutions financières internationales ou gouvernementales comme l’USAID en font la promotion et expriment leur volonté d’en étendre l’usage bien au-delà des secteurs jusque-là investis (eau potable, électricité, transport routier et ferroviaire). Dans cette perspective, l’Etat a initié des reformes du cadre juridique et institutionnel d’origine (loi et décret d’application) pour rendre possible une implication plus forte du secteur privé.
Pour rappel, le Partenariat public privé est d’abord un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Le partenaire privé reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public ou des usagers du service qu’il gère.
Le gouvernement du Sénégal avance la définition suivante : « le partenariat public-privé peut se définir comme tout accord entre la puissance publique et un ou plusieurs partenaire(s) privé(s) visant à mettre à contribution les ressources et/ou l’expertise de ce(s) dernier(s) pour la fourniture et ou la gestion de services et/ou d’infrastructures d’intérêt public ou d’intérêt général, avec l’objectif final d’atteindre un niveau d’extension et de qualité du service public conforme aux attentes des autorités publiques ».
Dans cette définition du gouvernement, l’expertise et les ressources financières s’équivalent. Au Sénégal, le PPP est essentiellement utilisé, comme mode de financement et mode de gestion, dans l’exploitation de services publics de l’eau (affermage), de l’électricité et du transport routier et ferroviaires (concession autoroute à péage, ligne ferroviaire Dakar- Bamako).
Dans le domaine des transports ferroviaires, les États du Sénégal et du Mali ont réalisé, en 2003, la mise en concession du chemin de fer Dakar/ Bamako avec Transrail S.A. L’autoroute à péage Dakar/Diamniadio a été réalisée en 2009 sur la base d’un contrat de concession pour le financement, la construction, l’entretien et la maintenance de l’infrastructure avec SENAC S.A.
Dans le secteur de l’énergie électrique, de nombreux projets de production indépendante d’électricité ont été réalisés, tels la centrale à cycle combiné GTI (52 MW), la centrale diesel de Kounoune (67,5 MW) etc. Toutefois, le PPP le plus emblématique parce qu’étant considéré comme symbole de réussite dans la durée, est « l’affermage » du service public d’approvisionnement en eau potable, mis en place dans le cadre de la réforme de 1995 instituant un fermier, la SDE, et une société de patrimoine, la SONES.
Dans les contrats PPP, l’Etat est un élément central en ce qu’il lui revient de réaliser les investissements et de gérer le patrimoine (conseil dans le choix des investissements, la maintenance des équipements et des ouvrages).
Dans le sous-secteur de l’eau potable, l’Etat a délégué à la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) son rôle de puissance publique en matière de gestion du patrimoine, via un contrat de concession. Sur la base d’un contrat d’affermage, le privé ou fermier se voit assurer la mission de gestion ou d’exploitation du service à savoir la gestion technique, administrative et commerciale. Il est donc requis que le fermier soit un partenaire technique évoluant dans le secteur de l’eau au niveau mondial afin de fournir une expertise de pointe dans la fourniture du service et la gestion courante, dans le choix des investissements.
Last but not least, de promouvoir les meilleures pratiques en matière de formation du personnel local. Un PPP où aucun risque financier ne pèse sur le privé !
Au plan financier, nous ne sommes pas dans une configuration où le « privé » prend en charge le financement des investissements ; il s’agit d’un PPP où le risque pris par le secteur privé est circonscrit à la gestion du service public. Les infrastructures sont contractuellement réalisées par le secteur public, généralement sur ressources levées auprès des institutions financières internationales.
Par conséquent, aucun risque financier ne pèse sur le privé. En termes de bilan, de 1995 à 2021, la SONES a financé ses infrastructures avec des ressources financières longues à taux concessionnel et autres subventions levées auprès de la coopération financière internationale (Banque Mondiale, KFW allemande, AFD française, Coopération Japonaise, BEI, BAD etc.). Cela dit, il faut convenir que, dans la pratique, le contrat PPP d’affermage a permis d’assurer la production et la distribution de l’eau potable sans rupture totale dans l’approvisionnement en eau.
En termes de développement, faute d’une répartition équitable des revenus d’exploitation de l’eau, le déploiement de la SONES sur d’autres missions n’a pu être réalisé. La redevance perçue du fermier en contrepartie de la mise à disposition des infrastructures hydrauliques a juste permis d’honorer les échéances de prêts des bailleurs, d’effectuer un apport en fonds propres pour les réhabilitations de forages, et d’assurer la couverture des charges de fonctionnement du détenteur du patrimoine.
Le développement de la SONES était espéré en termes d’accroissement de cash-flow à la hauteur des exigences de sa mission, de déconcentration pour la protection de la ressource en eau sur l’espace affermé, de mise en place de services connexes (laboratoires d’analyses, institutions de formation aux métiers de l’eau etc.). Il faut également noter que les lenteurs de mobilisation de ces ressources financières auprès des partenaires financiers ont pu gêner la réalisation en temps utile des infrastructures de rattrapage de la demande en eau. Ces lenteurs sont à relier aux exigences des financiers d’élaborer au préalable des programmes d’investissements à moyen terme, et à la longueur des procédures d’instruction des demandes de crédit au niveau de ces institutions (avis de non objection et procédures d’attribution des marchés) avant mise à disposition des fonds. On peut aussi incriminer le défaut de mobilisation de ressources financières alternatives pour combler en temps réel un gap d’investissement, et éviter ainsi le décrochage périodique « Offre et Demande en eau ».
Faute de capacité d’autofinancement suffisante, la SONES est demeurée en situation de dépendance vis-à-vis des bailleurs pour la réalisation en temps voulu, d’infrastructures hydrauliques de base. En définitive, notre conviction est que le PPP étendu à d’autres secteurs doit faire l’objet de contrats permettant au plan financier un partage équitable des revenus sectoriels, un contrôle de l’exploitation rigoureux privilégiant la mise en état régulière du patrimoine via des inventaires périodiques permettant de connaître à tout instant sa valeur marchande.
Dans le cadre des PPP, les structures délégataires de la puissance publique dotées de l’autonomie financière devraient diversifier leurs sources de financement (levée de fonds sur les marchés financiers) afin de réagir en temps réel à leurs besoins d’investissement, et par conséquent éviter de s’en tenir aux procédures de financement « bailleurs » qui peuvent ne pas être en adéquation avec les urgences du moment. L’implication du secteur privé… Les contrats de partenariat doivent être renouvelés par appel d’offres à terme échu, et non par tacite reconduction ou par prorogation de fait. L’implication du secteur privé national doit aller au-delà de la simple prise de participation au capital et d’attribution du poste de Président du Conseil d’Administration. Il devrait être associé à la gestion courante via l’attribution d’un poste de DGA, pour acquérir le savoir-faire nécessaire et faire face aux enjeux de l’exploitation.
Pour la partie commerciale, il s’agit d’encourager les bonnes pratiques de gestion du privé en ne laissant aucunement la place aux sollicitations d’une tutelle technique encline à satisfaire les demandes de sa clientèle politique (non-paiement de factures, gratuité de certains services, entre autres) qui ont compromis dans un passé récent le bon fonctionnement du service public. Le partage des revenus d’exploitation d’un service public ou d’une entité à vocation marchande doit tenir compte, au-delà du remboursement de la dette, de la nécessaire constitution d’une capacité d’autofinancement pour le détenteur du patrimoine, afin de stimuler une dynamique de croissance vertueuse de l’activité permettant le développement progressif du secteur. Il revient enfin à l’Etat d’instituer un contrôle rapproché des structures délégataires via les corps de contrôle usuels (IGE, Cour des comptes), et de décélérer la valse des ministres de tutelle.
Le dispositif PPP étant en voie de renouvellement pour son extension à d’autres secteurs, un décret d’application y relatif semble indiquer une rapide mise en branle. Les remarques supra devraient pouvoir être prises en compte dans ce renouvellement institutionnel afin de tirer les leçons des dysfonctionnements mis en exergue dans le domaine de l’eau potable.
Ramatoulaye Sisokho est une figure connue du stylisme. Curieuse et ouverte, elle est convaincue que le stylisme ne se limite pas seulement à l’habillement.
Vous êtes très présente sur le réseau culturel dakarois ?
Je suis styliste et j’ai été formée à l’Institut de coupe couture et de mode de Dakar. J’ai pratiqué la couture comme tout le monde en faisant des défilés et en réalisant des modèles pour des clients. En un moment donné, je me suis retirée pour pouvoir m’occuper de ma famille. Mais là, je suis revenue autrement.
Vous venez de lancer la mode « Bàjjan wax ma » qui a été très bien accueillie sur les réseaux sociaux. Comment est né ce concept ?
Avec «Bàjjan wax ma », les réseaux sociaux ont massivement et positivement réagi. Le concept a été très bien accueilli. « Bàjjan wax ma », parce qu’elle est la pièce maîtresse de toute éducation en Afrique et même ailleurs. La bàjjan est d’abord une femme doublée d’un homme. Dans le langage wolof, on dit : « Bàjjan mooy Baay ». Cela veut tout dire. Elle est incontournable dans l’éducation. Elle transmet la tradition. Elle est à la fois régulatrice et bouclier pour toute la famille. Donc, vêtue de son habit de femme, elle est aussi mère. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à reprendre de nos jours. Car elles sont toujours d’actualité. La bàjjan nous permet de connaître toutes nos traditions familiales du côté paternel. Donc, elle est à la fois mère et père. Elle est habilitée à nous révéler ce qu’il y a de mieux dans notre tradition et notre culture. C’est un prétexte pour amener les gens à se parler, à se poser les bonnes questions sans pointer du doigt personne. Ce concept parle de toutes les ethnies du Sénégal. Mais aussi de toutes les races qui vivent au Sénégal. « Bàjjan wax ma », c’est aussi le partage, la sensibilisation, sur les comportements relationnels vestimentaires et alimentaires. Il s’agit de vivre en utilisant ce qu’on a pour ne pas dire favoriser le Consommer local.
Vous êtes très active et vous lancez souvent de nouveaux concepts d’où tirez-vous les moyens ?
Je réalise tout avec mes propres fonds. Parce que j’ai l’amour de ce que je fais et c’est ma façon de contribuer au développement de mon pays en apportant ma pierre à l’édifice. Je n’ai pas de subventions qui me soient venues de la Direction des Arts ou du Ministère encore moins ailleurs. Je n’ai pas de mécènes et j’utilise mes fonds propres par amour de ce que je fais. Les subventions seraient bienvenues car tout le monde sait que ce n’est pas facile.
Le secteur est aujourd’hui plus ou moins en léthargie. Il y a une époque où chaque grande styliste avait son événement annuel. Toutes ces manifestations ont pratiquement disparu…. Vous avez une explication ?
Honnêtement, je n’ai pas d’explications. Je salue ces grandes dames de la couture qui continuent de faire la fierté de tout un pays. Même si c’est moins exposé. Peut-être que les choses se passent ailleurs. Cela signifie qu’avant, il n’y avait pas autant de visibilité et les gens étaient obligés de faire recours à ces grands moments pour vendre et montrer au reste du monde ce qu’ils faisaient. Maintenant, avec Internet et les réseaux sociaux, les gens peuvent organiser des défilés de manière virtuelle sans pour autant organiser ces véritables grandes messes. Bien qu’elles étaient très belles et grandioses. Mais actuellement, on peut tout organiser à partir de son salon et toucher le plus grand nombre.
Avec l’avènement des Grands prix du chef de l’État pour les Arts, votre secteur n’a jamais brillé ?
Tout est dans le style. Il ne se lève pas un jour sans qu’une personne ne sorte habillée. Cela fait partie de notre vie et nous ne pouvons pas être laissés en rade. Je reste optimiste et je pense que les choses vont revenir à leur place. On est présent dans la vie de tous les citoyens du monde
DES ENSEIGNANTS DU PUBLIC DEMANDENT PLUS DE TRANSPARENCE DANS L'ORGANISATION DU CONCOURS D'ENTRÉE À MARIAMA BA
La colère est grande surtout chez les enseignants-syndicalistes qui pensent à une volonté de privatisation de l’école sénégalaise
Les résultats issus du concours d’entrée à la Maison d’Education Mariama Ba de Gorée pour l’année académique 2021- 2022 suscitent de nombreuses réactions de contestations. Pour cause, le privé s’est taillé la part du lion dans ce concours au détriment du public. La colère est grande surtout chez les enseignants-syndicalistes qui pensent à une volonté de privatisation de l’école sénégalaise. Du coup, ils demandent de mener une étude scientifique beaucoup plus rigoureuse sur les conditions d’organisation et d’admission des élèves dans les écoles et lycées d’excellence de notre pays…
Pour cette année scolaire 2020-2021, les premiers résultats du concours d’entrée à la Maison d’Education Mariama Bâ de Gorée (Memba) inquiètent les acteurs de l’école sénégalaise, notamment ceux du public. En effet, seule une élève de l’école publique est admise contre 25 candidats issus du privé ! Ces premiers résultats, s’ils étaient confirmés, seraient une hécatombe pour l’école publique sénégalaise, selon des syndicalistes enseignants comme le secrétaire national à la presse et à la communication du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss).
Selon Tamsir Bakhoum, la confirmation de ces résultats va montrer que l’école publique sénégalaise est non seulement en retard, mais qu’elle se trouverait aujourd’hui à un niveau agonisant qui devrait amener tout un chacun à avoir peur pour notre système. Pour sa part, son collègue, secrétaire général adjoint du même syndicat, El Hadj Malick Youm, estime qu’on ne peut pas se baser sur la publication de ces résultats pour confirmer le déclin de l’école public. Toutefois, dit-il, «s’il s’avère que le public fait moins de résultats que le privé, et que le privé fait de meilleurs résultats que le public, on devra se poser la question de savoir pourquoi. Parce que si le même enseignant qui fait d’excellents résultats dans le privé n’en fait pas autant au niveau du public, on doit interroger d’importants facteurs, et ne pas dire que c’est de sa volonté. Non assurément»! Et parmi ces facteurs que convoque El Hadj Malick Youm, il y a la motivation. «Si l’enseignant du public est totalement démotivé et assailli par des problèmes, il ne peut pas faire de performances. Mais s’il est dans une école privée et sent que le traitement y est meilleur, il est tenu de faire des performances qui déterminent la possibilité de continuer à pouvoir engranger cette source de motivation». C’est la première appréciation de M. Youm qui pense que ce serait une mauvaise lecture de vouloir dénigrer les enseignants du public. D’autant plus que, dans leur écrasante majorité, ils exercent dans le privé. Pour lui, donc, le problème se situe à un autre niveau.
Interrogations sur le profil des candidates sélectionnées
Relativement à Mariama Ba, Tamsir Bakhoum propose de s’interroger sur la transparence par rapport à la méthode d’organisation de ce concours, la façon dont les candidates sont sélectionnées au niveaux départemental et régional. Une façon qui, selon lui, «laisse à désirer». M. Bakhoum, en examinant les profils des candidates, se demande s’il n’y a pas de complaisance dans la sélection. Autrement dit, d’après le secrétaire à la presse et à la communication du Saemss, il faut poser le problème pour voir si réellement les élèves sélectionnées méritent leur sélection. Il nourrit les mêmes préventions concernant l’organisation de l’examen. «Pour l’organisation aussi, nous ne pouvons pas dire qu’il y a une transparence ou une équité dans la méthode ou la proposition des épreuves au niveau des candidates. Mais une chose est sûre, le privé a toujours eu des problèmes pendant les examens comme le bac de cette année avec la fraude. Nous ne sommes pas en train de remettre en cause cet examen de Memba, mais, quoi qu’il puisse advenir, au vu du nombre d’écoles qu’il y a au Sénégal, si les résultats montrent qu’une vingtaine d’écoles privées ont réussi à cet examen sélectif contre une seule école publique à Louga, on se demande si les autres écoles ont participé, en termes d’académie et d’inspection de l’éducation, dans l’organisation», se demande, dubitatif, notre interlocuteur.
Selon lui, on devrait analyser ces résultats d’une manière objective et sincère pour en connaitre les causes faisant que 25 écoles privées, d’après les premiers résultats, sortent la tête haute au détriment de l’école publique dans son ensemble. Ce alors que notre pays dispose de 16 académies. Si donc une seule école se distingue dans le public, c’est qu’il y a problème. C’est pourquoi, « il faut former des inspecteurs de qualité en nombre suffisant pour pouvoir prendre en charge l’encadrement pédagogique ou continu des enseignants dans le public pour de meilleurs résultats», suggère Tamsir Bakhoum.
Pour sa part, tout en soutenant que seul un expert en éducation pourrait faire une évaluation rigoureuse, sûre et fiable de ces résultats du concours d’entrée à l’école Mariama Ba, M. Youm soutient de son côté qu’il va falloir élargir l’éventail par rapport aux activités qui pourraient servir d’indicateurs pour pouvoir étayer les performances du privé sur une base scientifique. «Au-delà d’un seul concours, il faut aller vers l’appréciation des résultats du Concours général et d’autres concours comme ceux d’entrée dans les écoles d’excellence, mais aussi l’appréciation des résultats de fin d’année des examens tels que l’entrée en sixième, le Bac, le Bfem. Ce qui pourrait susciter un débat pour en arriver à une étude scientifique » d’après El Hadj Malick Youm. Toujours par rapport aux «résultats polémiques», le secrétaire général adjoint du Saemss considère que si réellement le privé a battu un record de performance, «il faudrait automatiquement renverser la tendance d’autant plus que, comme disaient les conclusions des Assises nationales de 2014, il faudrait qu’on comprenne que le nouveau citoyen qu’on veut bâtir devrait être le moteur du développement, acteur principal de l’émergence qui passe par cette transformation annoncée dans l’axe 2 du Pse (Plan Sénégal émergent) relatif au capital humain. Ce Sénégalais-là, si nous le voulons l’obtenir, il va falloir que l’école publique sénégalaise soit le premier pilier et levier de transformation des ressources humaines. Pour dire qu’on ne devrait même pas accepter qu’un secteur aussi souverain que l’Education soit laissé entre les mains de privés qui pourraient, demain, en faire ce qu’ils veulent. Ce serait une catastrophe», a-t-il prévenu. Oui, une catastrophe, confirme son collègue enseignant et camarade syndicaliste Tamsir Bakhoum qui craint une privatisation de l’école sénégalaise. Il est même très précis dans ses craintes. «La privatisation de l’école est en cours», martèle-t-il.
Redonner à l’école publique son lustre d’antan !
C’est pourquoi, il urge, selon lui, de «préserver la souveraineté de l’Education nationale à travers cette école publique qui, aujourd’hui, produit toutes les élites depuis l’indépendance de notre pays. Il y a nécessité de se réveiller et de reprendre le contrôle de cette école pour en faire ce qu’elle a toujours été», préconise M. Youm. Autrement dit, lui redonner son lustre d’antan! « Ce contrairement à cette école contemporaine où, dans le monde rural, les élèves du public ne sont pas dans des classes dignes et sont dans des abris provisoires avec des conditions d’enseignement-apprentissage inadaptées et inadéquates, sans compter le quantum horaire et le déficit d’enseignants. La non-harmonisation des curricula reste également un problème » ajoute le syndicaliste. Par rapport à l’encadrement dans l’école publique qui ne répondrait pas encore aux conditions d’admission à certains concours, M. Tamsir Bakhoum s’indigne surtout du gap énorme d’enseignants qu’il estime à 35 900 enseignants dans le système éducatif national particulièrement dans le public. Or dans le privé, dit-il, les enseignants sont en nombre suffisant et travaillent dans des conditions idoines. Il appartient donc, selon lui, à l’Etat de prendre toutes les dispositions pour aller vers la résorption du gap de 6000 classes se trouvant dans des pour que les élèves qu’elles abritent soient mis dans des conditions d’apprentissage aussi favorables que celles dont bénéficient les élèves du privé.
Bakhoum interroge aussi l’engagement des parents dans le public qui ne se soucient guère de leurs enfants alors qu’ils s’acquittent régulièrement du paiement de leurs frais de scolarité le privé tout en s’y rendant régulièrement pour voir comment se comportent leurs enfants. Depuis quelques décennies en tous cas, beaucoup pensent que l’école privée est meilleure que celle publique. C’est pourquoi il faut aussi élargir et bien affiner la mise en place des outils pédagogiques. «Des fois, les écoles privées sont bien dotées en matière d’outils pédagogiques avec un enseignant qui a tout ce dont il a besoin pour réussir des performances. Au même moment, il y a une école publique à côté, totalement dépourvue où il n’y a pas par exemple une carte pour les professeurs d’histoire et de géographie, pas d’outils scientifiques pour les enseignants des matières scientifiques. Cette école-là ne peut pas faire de la performance. Il y a aussi le cadre d’apprentissage avec des effectifs très réduits qui reste un facteur de performance. 25 élèves dans une classe de l’école privée, dans un cadre enchanteur avec toutes les commodités, sont capables de faire de meilleurs résultats qu’une classe du public à plus de 130 élèves entassés comme des sardines, sous la chaleur ou dans des abris provisoires » estime en conclusion le chargé de la communication du Saemss qui dit interpeller le ministre de l’Education nationale pour que le «Paquet» (Programme pour l’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence) puisse être mis en corrélation entre le public et le privé.