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21 juin 2025
253 MILLIARDS DANS L’ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE
Les 1000 camions de transport de marchandises maliens qui viennent quotidiennement au Sénégal font rentrer 253 milliards de francs CFA par an en termes de recettes dans l’économie sénégalaise, a révélé, mercredi, Mamadou Corsène Sarr.
Kaolack, 18 août (APS) - Les 1000 camions de transport de marchandises maliens qui viennent quotidiennement au Sénégal font rentrer 253 milliards de francs CFA par an en termes de recettes dans l’économie sénégalaise, a révélé, mercredi, le secrétaire général des acteurs portuaires du Sénégal, Mamadou Corsène Sarr.
"Aujourd’hui, nous avons une relation commerciale extrêmement importante avec le Mali. Nous avons environ 1.000 camions maliens qui viennent par jour au Sénégal. Donc, c’est 253 milliards de francs CFA qui rentrent par an dans l’économie du Sénégal", a fait savoir M. Sarr.
Il présentait les condoléances du port autonome de Dakar (PAD) aux familles des victimes de l’accident survenu dimanche dernier à Kaolack.
Quatre personnes ont été tuées dans une collision entre un taxi et un camion de transport de marchandises immatriculé au Mali, dans le centre ville de Kaolack. L’accident a également fait un blessé grave.
La délégation du port autonome de Dakar était composée, entre autres, du directeur général des entrepôts maliens au Sénégal, Fousseynou Soumano, et du représentant du PAD à travers la cellule intervalle, Abdoulaye Seck.
"Aujourd’hui, il est bien qu’on commence à réfléchir sur les voies de contournement des grandes villes comme Kaolack et Tambacounda. 1000 camions qui viennent au Sénégal, c’est un flux énorme de camions qui entrent au niveau du Sénégal. Il faut impérativement qu’on contourne les grandes villes. C’est un début de solution qu’on va mener entre nous les autorités du Sénégal et du Mali", a lancé Mamadou Corséne Sarr.
"Nous sommes à Kaolack pour partager ce douloureux événement et apporter notre soutien aux parents des défunts. Le Sénégal et le Mali, c’est un seul peuple. Nous avons de très bonnes relations avec le Mali au point de vue commercial et parenté. Donc, si un tel événement se passe ici, il est normal qu’on vienne présenter nos condoléances", a-t-il expliqué.
Mamadou Corsène Sarr a, par ailleurs, annoncé que les ministres des transports du Sénégal et du Mali viendront la semaine prochaine à Kaolack pour présenter leurs condoléances.
"Le volume du trafic aujourd’hui qui transite par le port de Dakar est de plus de 4 millions de tonnes. Donc, le port autonome de Dakar est le principal port d’approvisionnement du Mali. Et tout cela, c’est grâce à l’effort conjugué des deux autorités et la communauté des acteurs portuaires", a pour sa part souligné le directeur général des entrepôts maliens au Sénégal, Fousseynou Soumano.
"Dakar-Bamako, c’est 1350 kilomètres. Donc, aujourd’hui, il est important qu’on puisse penser aux airs de stationnement qui permettraient de réglementer la circulation sur le corridor en terme de volume horaire et de standard", a-t-il ajouté.
UN AN APRÈS LE COUP D'ETAT, BAMAKO CRAINT DE PARTAGER LE SORT DE KABOUL
Les évènements d'Afghanistan éveillent chez certains Maliens le spectre d'une chute de Bamako après un désengagement partiel français, tant l'horizon sécuritaire et politique du pays demeure sombre
Les évènements d'Afghanistan éveillent chez certains Maliens le spectre d'une chute de Bamako après un désengagement partiel français, tant l'horizon sécuritaire et politique demeure sombre un an après le coup d'Etat qui a porté les colonels au pouvoir.
"Retrait annoncé de la force française sur le sol malien: faut-il s'attendre au même scénario qu'à Kaboul", titrait mercredi le journal "Le Soir de Bamako", devant l'effondrement subit du régime afghan face aux insurgés talibans après le retrait militaire américain.
En 2013, les soldats français avaient enrayé la progression des jihadistes, qui contrôlaient le nord du Mali et progressaient vers le centre, faisant craindre la prise de Bamako.
Après plus de huit ans d'engagement, Paris prévoit de fermer d'ici le début de 2022 les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord.
La France devrait maintenir à terme entre 2.500 à 3.000 hommes dans la région, contre 5.100 engagés aujourd'hui au Sahel.
Une diminution qui fait craindre que certaines zones ne passent complètement aux mains des jihadistes, tant les Etats locaux semblent dans l'incapacité de restaurer leur autorité dans ces vastes bandes désertiques et extrêmement pauvres.
"Chaque année la situation se dégrade et sans la présence de l'armée française, une ville comme Gao peut tomber en moins de 30 minutes...Ce n'est que grâce au dispositif sécuritaire des partenaires (principalement forces françaises et de l'ONU, ndlr) que les grandes villes du Nord sont toujours sous contrôle de l'État", souligne Mohamed Dicko, 24 ans, étudiant à la faculté de médecine de Bamako.
- "Frustrations contre l'Etat" -
Les violences au Mali, qui ont débuté par des rébellions indépendantiste puis jihadiste dans le Nord, se sont ensuite propagées au centre et au sud du pays, se mêlant à des conflits intercommunautaires et à des attaques crapuleuses dans des zones où l'influence de l'Etat est très faible.
Le phénomène s'est étendu au Burkina Faso et au Niger voisins, où opèrent également des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l'organisation Etat islamique.
"Une psychose générale s'installe dans la région, mais les contextes sahéliens et afghans sont très différents.Une leçon est commune toutefois: malgré la puissance de feu déployée, le tout militaire ne peut pas être la solution", estime Baba Dakono, analyste politique basé à Bamako.
"Il faut ouvrir des discussions, par le bas, avec toutes les communautés, y compris les parias des groupes armés.La question idéologique n'occupe qu'une portion congrue de leurs discours.Il y a surtout des revendications politiques, des frustrations contre l'Etat", dit-il.
Les Maliens et leurs partenaires conviennent de longue date que le pays ne sortira pas de la tourmente sans solution politique, qu'elle implique ou non des discussions avec les jihadistes, auxquels les militaires au pouvoir sont ouverts et la France opposée.
- "Coup d'Etat dans le coup d'Etat" -
Mais le pessimisme règne un an après le putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020 à la suite de plusieurs mois de manifestations contre la corruption et l'impuissance de l'Etat face à la violence.L'insécurité continue de s'étendre, la crise sociale persiste et les avancées politiques sont lentes.
Le nouvel homme fort, le colonel Assimi Goïta, s'est engagé à céder la place à des civils, après des élections prévues en février 2022, une échéance qui paraît de plus en plus difficilement tenable et qu'il n'a même pas évoquée mardi soir, lors d'une allocution télévisée célébrant l'anniversaire du coup d'Etat.Il s'est contenté de promettre "des élections transparentes aux résultats incontestables".
Le colonel Goïta a écarté en mai 2021 les autorités intérimaires que les militaires avaient eux-mêmes mises en place, et s'est imposé en juin comme président de la transition à l'issue d'un "coup d'Etat dans le coup d'Etat", selon la formule du président français Emmanuel Macron.
Pour Moussa Tchangari, une figure de la société civile au Niger, "au Sahel, la guerre en cours ne peut pas être gagnée avec les mêmes armées étrangères qui ne l'ont pas gagnée en Afghanistan, mais aussi, avec le même type de dirigeants corrompus".
"Cette guerre, si elle doit être gagnée, ne le sera qu'avec la construction d'un nouveau contrat politique et social restituant au peuple sa souveraineté et créant les conditions d'une vie digne pour les millions de personnes qui en sont aujourd'hui privées", a-t-il insisté.
LITTÉRATURE ET FABRIQUE DE L'UNIVERSEL
Je tenterai un jour d’écrire en sérère. Chaque écrivain tente d’inventer sa langue, qu'elle soit maternelle ou pas. Ce n'est pas parce que je suis un écrivain né en Afrique que ma première cible est nécessairement africaine - ENTRETIEN AVEC FELWINE SARR
Felwine Sarr est écrivain, économiste et musicien. Dans ses romans comme dans ses essais, depuis Afrotopia (2016) sur l’avenir du continent africain, jusqu’à La Saveur des derniers mètres (2021), carnet de voyage et récit d’un cheminement intellectuel, en passant par le rapport coécrit avec Bénédicte Savoy sur la restitution du patrimoine africain, Felwine Sarr place les notions de liens, de relation et d’altérité au cœur d’une réflexion sur les rapports entre les individus, les sociétés et les continents. Il évoque dans cet entretien le rôle propre de la littérature – fiction ou poésie – dans la production de ces liens, et l’émergence d’espaces politiques communs.
Au cours de votre parcours, vous avez occupé plusieurs positions – de la musique à l’économie, de la philosophie au roman – qui n’impliquent pas le même rapport à l’action. Pourriez-vous nous dire quelques mots de votre rapport à la politique ?
Effectivement, tous ces domaines n’engagent pas le même rapport à l’action. Cela dit, j’ai le sentiment que le roman reste un lieu privilégié pour renouveler le rapport qu’on établit avec le monde, puisque c’est là que se réinventent justement les imaginaires.
Quand la réalité ne nous satisfait pas, la fiction permet de reconstruire les modalités de notre présence, en instaurant une parole créative et opératoire. Je crois que l’espace politique est d’abord celui du lien. Renouveler ce lien revient à transformer ce qui nous unit en tant qu’individus, mais aussi en tant que société. Parce qu’il est un espace de représentation et d’expérimentation, le roman répond à cet impératif. Je pense que c’est là que se situe son engagement le plus profond. On peut être tenté de croire que le lieu de l’engagement se situe du côté des textes qui répondent à un besoin conjoncturel, mais je crois, au contraire, que l’engagement le plus profond et le plus durable, celui qui renouvelle les structures imaginaires du groupe, se situe du côté de la fiction.
Pensez-vous à des utopies ou à des dystopies particulières ?
Absolument. Si l’on prend les romans subsahariens, par exemple, ce sont des textes qui expriment avant tout le réel, mais aussi l’excès de réalité, le surréel, ainsi que les réels à venir, ceux que l’on imagine. Toute la littérature africaine des années 1950 et 1960 a contribué à révéler les indépendances et les émancipations, ainsi qu’à figurer des jours nouveaux.
Les années 1970 et 1980, en revanche, ont produit une littérature de la désillusion, qui a décrit les espoirs inaboutis, les projets révolutionnaires déçus, les émancipations ratées. Cette dernière décennie, j’ai plutôt le sentiment d’une littérature qui n’évolue plus sous le signe du manque et de la perte, mais qui reconstruit des perspectives d’avenir.
Vous insistez beaucoup sur la fiction. Diriez-vous la même chose de la poésie ? Pensez-vous qu’elle soit susceptible de charrier une portée politique ?
Je crois que la poésie est une clé fondamentale, qui nous fait apparaître et toucher l’indicible. Je la place au-dessus de tout, comme la forme d’expression la plus élevée. C’est un domaine dont les ressources et les significations se renouvellent à l’infini. Dès l’instant où elle ouvre l’espace qui réinvente le sens et fait signe vers de nouvelles réalités, elle dispose nécessairement d’une portée politique. À mon sens, il faut distinguer entre un rapport immédiat au politique, qui est anecdotique et souvent instrumental, et se construit face à une réalité avec laquelle on est en désaccord, et un rapport beaucoup plus profond, qui s’attache à transformer les liens qui nous unissent avec les humains, les non-humains, la société, ou le groupe, et à repenser la manière dont nous faisons sens collectivement. La question de la production du sens collectif est, à cet égard, éminemment politique, et les espaces ouverts par la littérature agissent comme autant de lieux de désintoxication.
Vous êtes à la fois économiste, écrivain, philosophe et musicien : quelle est selon vous la fonction la plus politique ? Quelles modalités d’action vous semblent conciliables, inconciliables, possibles ? Vous avez également l’expérience de trois continents. Pourriez-vous nous dire un mot sur les différences que vous avez constatées dans l’exercice de vos fonctions selon la zone géographique ?
Tout dépend des lieux et des questions que l’on aborde, ainsi que des véhicules que l’on décide d’emprunter. Quand on vit en Afrique, on est constamment requis par une sorte d’urgence transformationnelle. On fait face à des problématiques auxquelles on est amené à répondre, et qu’il est extrêmement difficile de faire dialoguer avec les autres temporalités. Le travail universitaire, par exemple, s’accommode du temps long. Quand on s’y engage, on n’est pas tenu de répondre à l’immédiateté. Mais lorsqu’on a décidé de mener son travail de recherche sur le continent, on est sans cesse interpellé par l’urgence que communique la vie quotidienne. La grande difficulté consiste à savoir concilier ces différents impératifs.
Comment négocier entre une demande pressante de démocratie, de justice sociale, d’équité ou de praxis transformatrice et une réflexion au long cours sur l’utopie, qui doit se dessiner dans l’espace imaginaire, et n’a pas vocation à être construite en un jour ? Je crois encore qu’une voie de conciliation est possible, et qu’il est envisageable de faire son travail d’universitaire tout en répondant aux questions qui nous somment de nous engager aujourd’hui.
En France, les coordonnées du problème sont sensiblement différentes.
Ce que je trouve intéressant, et délicat, est l’omniprésence de la question du positionnement. J’ai personnellement passé une partie de mon enfance et fait mes études supérieures en France. J’y ai vécu au total une vingtaine d’années avant de retourner enseigner au Sénégal. Je trouve que les débats y sont toujours difficiles, car il faut constamment renégocier le lieu depuis lequel on parle. Si, comme moi, vous êtes considéré comme un sujet « postcolonial », vous aurez beau avoir vécu dans le pays, en être familier, le connaître, on vous sommera toujours d’indiquer le lieu, la perspective depuis lesquels vous parlez. Il faut sans cesse débroussailler l’ensemble des présupposés qui sont censés refléter votre identité, sans quoi on vous cantonnera aux problématiques liées à l’Afrique ou à la « décolonialité ». Ce sont là les seules questions pour lesquelles on vous estimera légitime à prendre la parole, du moins les seules pour lesquelles on vous interrogera. On vous renverra inlassablement à votre altérite réelle ou supposée. Je trouve qu’il y a, en France, une véritable difficulté à se frayer un chemin parmi les assignations.
Passer par la littérature ne vous a pas permis d’échapper à ce genre d’assignations ?
Au contraire. De manière tout à fait significative, la littérature a été mise de côté. J’ai sorti mon premier roman, Dahij, en 20091. Il traitait de quête éthique, esthétique et spirituelle au travers des textes littéraires et de la pratique artistique. Cependant, lorsque les contempteurs de la restitution ont voulu faire une critique de notre travail à Bénédicte Savoy et moi-même2, leur stratégie a été de tenter de me dépeindre comme un idéologue forcené et de m’essentialiser. Ils sont allés chercher dans Afrotopia 3 un florilège de phrases sorties de leur contexte pour tâcher de construire un discours totalement idéologique. Mon travail littéraire, pourtant, jurait avec ce portrait : mon rapport à l’Asie, mon intérêt pour la transdisciplinarité culturelle, mes affinités électives avec Césaire, Rumi, René Char et Pascal Quignard, etc. Tout cela résume la grande difficulté que j’identifie dans le débat français : il faut toujours, avant d’aborder la question qui vous intéresse, tenter de sortir de la nasse que l’on vous tisse. Je ne vis pas aux États-Unis depuis très longtemps, aussi n’ai-je pas encore le recul suffisant pour évaluer quelle est l’ambiance du débat intellectuel. J’ai néanmoins le sentiment d’une plus grande ouverture épistémologique dans le champ académique. On est laissé libre d’explorer les sentiers que l’on veut.
Aux États-Unis, la théorisation postcoloniale est pourtant extrêmement forte, et les identités universitaires très marquées.
C’est vrai, mais cela me paraît pluriel, non idéologique et, surtout, dépourvu d’assignations. Ceux qui désirent réfléchir sur la décolonialité sont libres de le faire, et ceux qui ne veulent pas n’y sont pas contraints.
Dans les espaces de débat où je me suis rendu, je n’ai pas constaté d’injonction à penser dans un sens ou dans un autre. Je pense qu’on se fait en Europe une idée caricaturale des postcolonial studies aux États-Unis, lesquelles sont un champ vaste, complexe et hétéronome, où la contradiction et le débat ont toute leur place. Contrairement à ce qui a pu se produire en France, avec la querelle autour de l’islamo-gauchisme, on ne décrète pas a priori que certains discours seront bannis de l’espace académique, car prétendument fondés sur de l’idéologie. Il y a, en France, comme une sorte de dépréciation des capacités critiques des intellectuels, comme si l’on doutait que les universitaires puissent faire la part des choses entre ce qui relève de l’idéologie et ce qui relève du débat critique.
En France, une partie des discussions s’est focalisée sur la question de l’« universel ». Quel regard portez-vous sur les différentes idéalisations de cette notion, qui écrasent un certain nombre de voix ?
Ce concept d’universel, il est tout à fait possible d’en faire l’archéologie.
Par conséquent, on ne peut plus l’employer in abstracto, en feignant d’ignorer la façon dont il a servi, à une époque, à nier la pluralité des visages de l’humanité. Je ne crois pas que le désir d’universel, entendu comme le fait de considérer que nous partageons tous la même condition humaine, soit fondamentalement mauvais. L’universel peut légitimement être un de nos horizons, à condition qu’il soit, comme le dit Aimé Césaire, « riche de tous les particuliers ». L’universel à visage unique, produit d’une certaine épistémè occidentale, née dans une géographie située, n’est rien d’autre qu’une fiction. L’universel véritable s’inscrit au contraire dans la pluralité et la diversité ; c’est un universel additif et non soustractif. Il ne s’agit pas de réduire les visages de l’expérience humaine à une occurrence, mais de multiplier autant que faire se peut les regards et les perspectives.
C’est cette acception du concept qu’une certaine frange refuse aujourd’hui d’entendre. L’universel nous a été opposé lorsque nous avons réclamé la restitution d’objets de l’art africain. On nous a répliqué que ces objets appartenaient au patrimoine artistique universel, comme s’ils étaient moins universels en étant exposés à Dakar ou à Bamako que dans les musées d’Angleterre, de Belgique ou de France. Aujourd’hui, l’universel est devenu une sorte d’épouvantail pour nier l’altérité.
La littérature est-elle justement un instrument pour fabriquer de l’universel, ou pour permettre d’enrichir nos propres vues sur le concept ?
Quand je lis Cent Ans de solitude, qui se déroule en Amérique latine, moi qui suis sénégalais, je suis capable de m’identifier aux personnages et d’entrer en empathie. Il y a ici de la production d’universel. Les questions soulevées par le texte littéraire résonnent profondément en moi ;
quelque chose qui relève du lien fondamental me lie à ces individus, qui sont pourtant loin de ma réalité. De la même manière, quand je lis les Confessions d’un masque d’Yukio Mishima, quand je découvre les tribulations d’un jeune homme qui lutte pour assumer sa sexualité, je retrouve une figure de l’universalité de la condition humaine et de ses questionnements. C’est cela qui est intéressant dans le texte littéraire : il nous ramène à l’unité des questions existentielles qui nous traversent et qui font de nous des humains.
À vous entendre, l’universel se situerait beaucoup plus du côté d’une littérature conçue comme politique relationnelle que du côté d’une littérature de l’intime.
Au contraire. Même le texte de l’intime, du retrait, même le texte de la voix singulière peut résonner en moi comme en une multiplicité de lecteurs.
En ce sens, et paradoxalement peut-être, l’intime aussi est relation.
Il fait accéder à des espaces de l’être que l’on n’arrivait pas à formuler, et que l’écrivain sait exprimer avec talent. Ce faisant, il peut nous rendre intelligible cette prescience que nous avons parfois de nous-mêmes et que nous ne savons pas toujours identifier. Le travail de l’autre sur la langue et dans la langue me parle ; même intime, même singulier, c’est un travail du lien qui révèle les autres à eux-mêmes. À partir du moment où le dialogue est établi, peut émerger une communauté affective, élective et de sens.
Avez-vous le sentiment que littérature peut contribuer à la démocratie ?
Je crois que la littérature peut être un espace du commun. À bien y regarder, la langue reste un des premiers communs que l’on partage, à plus forte raison la langue littéraire. Encore faut-il, bien sûr, qu’elle puisse dépasser les formes écrites et qu’elle ne soit pas réservée à une élite qui a accès aux codes et aux signes. Dans ces conditions, je crois qu’elle peut devenir un espace de création du lien, de pluralisation de l’identité, d’élection affective, de résonance, qui doit permettre de négocier intelligemment les différences.
Le choix de la langue, le fait d’écrire dans une langue plutôt que dans une autre, compte également dans la pratique d’un écrivain. Est-ce une question que vous vous êtes déjà posée ?
C’est effectivement une question importante, que nous nous posons et qu’on nous pose régulièrement dans les pays dits d’Afrique francophone.
C’est une question sérieuse, qui engage toute une réflexion sur la littérature en langues africaines, car une partie importante de notre public ne parle pas le français ni les langues européennes. Beaucoup d’auteurs ont fait le choix d’écrire dans leur langue maternelle. Ces initiatives sont importantes. Elles ont le mérite de révéler les imaginaires et les mondes contenus dans ces langues. Je pense également qu’au-delà des textes écrits, la littérature orale est cruciale. Au fond, la question est peut-être de savoir comment oraliser de plus en plus les textes écrits. Comment faire en sorte de véhiculer les imaginaires dans un spectre beaucoup plus large ? Je pense ici à des formes comme la chanson, le texte oral, ou même le cinéma. L’idée est d’incarner le propos dans une pluralité de médiums pour toucher un maximum de gens.
J’ajouterais qu’il est important de considérer qu’on parle à la fois à ses proches et à tout le monde. Il faut se défaire d’une certaine conception qui voudrait que, si je suis un écrivain né en Afrique, ma première cible soit les Africains. Ce n’est pas nécessairement le cas. Si j’aborde une question qui relève de notre tension existentielle, si je parle de solitude, de perte, d’amour, de lien dans ma littérature, ma cible sera avant tout mes semblables, ceux qui partagent mon humaine condition. Je ne prétends pas nier que nous venons tous de quelque part, que nous sommes des êtres situés, susceptibles de développer des proximités affectives. Mais il faut sortir de cette assignation qui nous somme de parler en priorité à certains et pas à d’autres.
Votre choix s’est donc porté sur le français, mais il aurait pu vous diriger vers une autre langue ?
Tout à fait, pour l’heure. Je tenterai un jour d’écrire en sérère. Je crois aussi que chaque écrivain tente d’inventer sa propre langue, que cette langue soit celle dite maternelle ou pas. À partir du moment où un artiste s’empare d’un mode d’expression, il le distord. Tel écrivain aura sa rythmique, sa prosodie, sa manière de faire sens, etc. Il y a également des problématiques liées à la traduction, qui n’est pas exempte de rapports de force. Fondamentalement, il importe de s’adresser à l’âme du monde.
1 - Felwine Sarr, Dahij, Paris, Gallimard, 2009.
2 - Emmanuel Macron a confié en mars 2018 à Felwine Sarr et Bénédicte Savoy une mission sur la restitution du patrimoine africain. Le rapport « Restituer le patrimoine africain : vers une nouvelle éthique relationnelle » a été remis en novembre 2018 au président de la République.
3 - Felwine Sarr, Afrotopia, Paris, Philippe Rey, 2016.
LA REALPOLITIK A FAIT DÉFAUT À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE EN AFGHANISTAN
L'analyste politique René Lake relève sur VOA, l'infirmité de la stratégie des occidentaux et alliés à Kaboul, caractérisée par un manque de nuance dans le rapport avec les forces en présence sur le terrain
L'analyste politique René Lake relève sur VOA, l'infirmité de la stratégie des occidentaux et alliés à Kaboul, caractérisée par un manque de nuance dans le rapport avec les forces en présence sur le terrain.
par Amadou Tidiane Wone
COUP DE SANG
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre société est gravement malade du mensonge érigé en mode de vie. Une société en représentation permanente où le « griotisme » est devenu une des modalités de promotion sociale
Notre société sénégalaise contemporaine est bien mal en point. Et cela va de mal en pis ! Mais c'est comme si nous avions, collectivement, décidé de faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre. Pourtant les réseaux sociaux et une certaine presse amplifient ou…créent (?) des « événements » aussi abracadabrants les uns que les autres ! En plus, une certaine opinion, mobilisable à souhait, succombe à tous les délires. Même les plus insensés ! Le dernier feuilleton mettant en scène un psychopathe décoloré, ganté, aux yeux… bleutés, doit sonner l’alerte générale. Un coup à réveiller, enfin, notre torpeur qui prend les allures d'une complicité active. Un individu sans histoire personnelle, familiale ou sociale connue, se permet de proclamer, puis de se dédire (!) qu'il allait « fendre l’océan atlantique » pour ouvrir une voie à tous les candidats à l’immigration vers l'Europe ! Sujet porteur convenons-en… Et on l’écoute ! On diffuse et partage ses vidéos. La presse de…caniveau s'y plonge ! Nonobstant les odeurs fétides de ce mensonge qui pue à mille lieues à la ronde ! Que nous arrive t-il donc dans ce pays qui se dit croyant et qui se noie dans un verre d'obscurantisme ? Sait-il seulement nager le « fendeur de mer ? » Un menteur si prompt à se déculotter la veille de passer à l'acte ! Juste à temps. Mais l’événement n’est pas annulé. Seulement…reporté ! On est où là ?!
Ce « bad buz », terme consacré pour qualifier ce type de non-événement doit, impérativement signer la fin des prestidigitateurs, bonimenteurs et gourous autoproclamés. On ne peut pas descendre plus bas !
Par ailleurs, et puisque nous en sommes arrivés là, crevons les abcès nombreux et purulents qui tirent notre pays vers le bas, à la faveur du triomphe d'une sorte d’impérialisme de la médiocrité. L’hypocrisie généralisée de notre société en perpétuelle représentation se répand en vagues cathodiques qui nous agressent jusque dans nos demeures. La pandémie ayant mis un bémol aux rassemblements nombreux, et désormais dangereux, qui polluaient notre société, les plateaux de télé ont pris le relais. Les cérémonies « religieuses », les conférences du même nom, mettent en scène des prêcheurs qui s'enrichissent de la misère morale de leurs auditoires. Les publics ne manquent pas, en effet, pour les orateurs téméraires qui peuvent rivaliser de boniments pour hâter les donations et enrichir certains… Allah reconnaîtra les siens ! Mais, la lâcheté dont nous faisons montre pour craindre des humains, au point de laisser dire des énormités sans réagir, frise l’associationnisme… Or, ce péché gravissime est le seul vraiment impardonnable : Le Coran, Sourate 4 Verset 116.
« Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. À part cela, il pardonne à qui il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'enfonce, très loin dans l'égarement ».
Nous gardons le silence sur le vice qui se pare du manteau de la vertu. Que d'usurpateurs sous le couvert de "naissances prestigieuses" ! Que d'ignares parmi les descendants d'illustres sachants ! Que d'inexactitudes dans les discours convenus, parce qu'officiels, qui encensent les uns ou les autres…Selon l’intérêt du moment. Notre société est gravement malade du mensonge érigé en mode de vie. Une société en représentation permanente où le « griotisme » est devenu une des modalités de promotion sociale. Alors tout le monde s'y met : "Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute ", nous avait prévenu la fable... Mais nous avons tout oublié à la faveur d'une amnésie volontaire qui tronque l'histoire au profit de petites histoires familiales et claniques qui font des zéros des héros ! Mais le mensonge se fane. Et le temps de nouvelles germinations arrive. Aurons-nous, collectivement, le courage de couper les mauvaises herbes pour donner une chance aux nouvelles pousses ?
Sinon, le Maître de l’univers attend et nous aura prévenus :
Sourate 19 Mariam, Versets 93 à 95 :
« 93. Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se rendront auprès du Tout Miséricordieux, [sans exception], en serviteurs.
94. Il les a certes dénombrés et bien comptés.
95. Et au Jour de la Résurrection, chacun d'eux se rendra seul auprès de lui. »
Pour le politologue Mamadou Sy Albert, si le président et ses alliés perdent certaines localités stratégiques, cela pourrait leur coûter cher lors des prochaines législatives qui se tiendront quelques mois après le scrutin de janvier
Le président de la République mais aussi de l’Alliance pour la République (APR) serait-il dans une position inconfortable en perspective des élections locales ? Beaucoup d’observateurs de la scène politique sont tentés de répondre par l’affirmative surtout avec l’ébullition du front social due notamment à la gestion jugée catastrophique des inondations, l’augmentation des prix denrées de première nécessité, l’élection des maires au suffrage direct lors des prochaines locales... Pour le politologue Mamadou Sy Albert, si Macky Sall et ses alliés perdent certaines localités stratégiques, cela pourrait leur coûter cher lors des prochaines législatives qui se tiendront quelques mois après le scrutin de janvier. A moins que…
Les manœuvres et autres ruses politiques vont bon train dans les différents états-majors et coalitions de partis. Cette ébullition politique, notée aussi bien dans l’opposition que dans la coalition de partis au pouvoir, dénote de la proximité des prochaines élections locales. Macky Sall, qui semble percevoir un probable danger qui guette la coalition BBY (Benno Bokk Yaakar, majorité présidentielle), tente par tous les moyens de ramener dans les rangs certaines de ses brebis égarées. Cependant pour bon nombre de spécialistes, il sera difficile au président de la République et patron de l’APR, au vu du contexte social marqué par la flambée des prix des denrées de première nécessité, les inondations sans compter l’innovation constituée par l’élection au suffrage direct lors des prochaines locales, de remporter une victoire sans ambages.
Du moins de l’ampleur de celle avec laquelle il avait gagné la dernière présidentielle (plus de 58 % des suffrages exprimés). Beaucoup de mairies risquent en effet de tomber entre les mains de l’opposition, du fait que les édiles qui les dirigent ont non seulement été aux abonnés absents durant ces sept dernières années mais encore sont insensibles face aux souffrances de leurs administrés. « Avec les élections locales, l’opinion risque de se révolter contre les maires car c’est eux qui gèrent au quotidien les vrais problèmes » explique d’emblée Mamadou Sy Albert.
Poursuivant, le politologue explique que le président Macky Sall est dans une situation très critique. « C’est depuis deux à trois mois à peine qu’il a fini de faire sa tournée économique, alors qu’aujourd’hui, socialement, c’est intenable. On assiste à la flambée des prix de première nécessité. Il y a aussi les inondations qui mettent à l’eau tous les grands projets de l’Etat : les chantiers de routes et même le PUDC. Aujourd’hui, tous les grands projets sont noyés par les inondations en dépit des milliards qui y ont été investis.
Socialement, économiquement, Macky Sall est dans une situation très critique. Ce qui est en porte à faux avec ce qu’il voulait faire avec les visites économiques » a-t-il ajouté. Selon notre interlocuteur, les Sénégalais sont fatigués et il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. « Le panier de la ménagère est troué et il ne contient plus rien. La covid 19 a fait perdre beaucoup de boulots aux Sénégalais qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Les jeunes, en dépit des milliards prévus par l’Etat pour leur trouver des emplois, ne savent plus à quel saint se vouer » a listé Mamadou Sy. Selon lui, cela va au- delà même des locales. « Le danger n’est pas pour les locales. Car, si l’opposition arrive à avoir des listes communes significatives et que l’APR perde les locales dans des circonscriptions essentielles, il est sûr que Macky Sall serait en danger. Si vraiment la majorité fait un faux pas aux locales, il lui sera difficile de redresser la barre avant les législatives. Le danger c’est que l’opinion se révolte et que BBY perde les locales. Cela va modifier beaucoup de choses… », a conclu le politologue.
Les partisans du chef de l’Etat qui croient encore dur comme fer qu’il a la légitimité de faire un troisième mandat risquent de voir leur rêve s’envoler. A moins que des crocs en jambes du pouvoir ne mettent l’opposition dans des positions inconfortables qui leur feront perdre les élections. Sait-on jamais !
LE PASTEF, UN NOUVEL OGRE POLITIQUE À L’ASSAUT DES MAIRIES
Fort des 13 petites formations qui viennent de se saborder en son sein, le parti Pastef a fini de s’imposer sur l’échiquier politique. Ce, à la veille de sa première participation à une élection municipale dans cinq mois
Avec la dissolution en son sein de 13 formations politiques, le Parti Pastef, qui vient d’opérer une mutation au relent international, a annoncé en plus, sous la houlette de son leader, Ousmane Sonko, une grande coalition de l’opposition en perspective des locales. Qu’est ce qui se cache derrière cette ruée subite de leaders politiques vers le Pastef ? Sonko peut-il incarner une figure d’union au sein d’une opposition dispersée face à la coalition présidentielle ? Des spécialistes de sciences politiques répondent à ces questions à cinq mois des joutes municipales.
Fort des 13 petites formations qui viennent de se saborder en son sein, le parti Pastef a fini de s’imposer sur l’échiquier politique. Ce, à la veille de sa première participation à une élection municipale dans cinq mois. Et si on se fie à l’analyste politique Momar Diongue, cet élan pris par le Pastef n’est que le résultat de sa dynamique positive sur un terrain déserté par l’opposition. En observant la scène politique depuis la dernière présidentielle, selon M. Diongue, on se rend compte qu’en dehors de Macky Sall qui s’évertue à élargir la base de sa coalition, en s’ouvrant à Idrissa Seck et aux anciens du PDS, seul le Pastef est dans cette dynamique avec ses nouvelles alliances. « Parmi la quasi-totalité des leaders de l’opposition, s’il y a un seul qui est actuellement dans une spirale positive, c’est bel et bien Ousmane Sonko. Il est parti d’un faible score aux dernières législatives pour arriver au stade où il est en ce moment. Et les leaders politiques, qui ont des ambitions électorales, ne perdent jamais de vue une telle percée. Donc en cette période pré-électorale avec ses enjeux, ce n’est pas étonnant qu’il y ait une ruée de formations politiques vers le Pastef. D’autant plus que les autres grandes formations politiques comme le PDS et le « Taxawu » de Khalifa Sall se trouvent toutes dans des impasses. Personne ne sait de quoi demain sera fait pour le premier nommé qui mise sur Karim Wade exilé au Qatar et dont le sort est lié à celui de Khalifa. Tous ces deux ténors sont presque exclus du champ électoral et leurs horizons politiques sont assombris », explique l’analyste politique. Donc, selon lui, non seulement Sonko va profiter de cette brèche représentée par la mise hors jeu de ces deux ténors mais encore des acteurs politiques, qui veulent s’accrocher au bon wagon, ne vont pas rater le train du Pastef surtout dans ce contexte où les postes de maires sont si convoités.
La ruée vers l’image de Sonko et l’envergure symbolique de Pastef
Enseignant et chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston berger de Saint-Louis, Moussa Diaw voit en cette attraction autour de Sonko, l’envergure symbolique que draine le Pastef au sein de l’opposition. Mais, nuance le politologue, cela ne veut pas dire que la plupart des partis intégrés permettent de gagner énormément de voix. « Il y a certains qui ne pèsent pas grand-chose sur le plan purement électoral. Ce sont la plupart des leaders, et des formations qui veulent se propulser au-devant de la scène grâce à l’image du Pastef et sa capacité de mobilisation. Mais ce qui est important pour Pastef, c’est d’avoir lui aussi la possibilité d’agrandir sa marge de manœuvre, sa base et de faire contribuer les autres leaders dans son combat », analyste l’enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de St Louis. Même son de cloche chez l’analyste politique Momar Diongue selon qui d’ailleurs le leader du Pastef est au fait de de cette donne. « Il est arrivé 3ème à la dernière élection présidentielle avec 15 % des voix. Ce qui qui relève d’un coup de maitre plus qu’honorable surtout pour une première participation. Or, le candidat Idrissa Seck, arrivé deuxième lors de cette échéance, est allé rejoindre le camp de la majorité au pouvoir. Donc, c’est lui, Sonko, qui fait actuellement figure de plus sérieux challenger contre le pouvoir en perspective de ces élections locales à venir. Autrement dit, c’est une sorte de grand boulevard qui est tracé devant lui. Et il en est conscient », décrypte le journaliste Momar Diongue. Et c’est pourquoi, poursuit t-il, en voulant rassembler toutes les autres forces de l’opposition derrière lui où autour de son parti, Sonko veut s’engouffrer dans ce boulevard car, en réalité, il veut non seulement gagner beaucoup de municipalités mais aussi aller avec sérénité vers la conquête du pouvoir suprême en 2024.
Le leadership local, le bémol de Pastef !
Pour Momar Diongue, le seul facteur qui risque de constituer une tache sombre dans la dynamique électorale enclenchée par le Pastef, ce sera la question de son leadership au niveau local. Car force est de constater, fait-il remarquer, qu’au niveau local, des figures emblématiques font défaut à la formation politique de Sonko. « Surtout une personnalité qui peut mettre d’accord toute l’opposition. Et cette situation risque de leur poser un réel problème en perspective de cette échéance. C’est pourquoi d’ailleurs, au niveau de Dakar, il serait difficile de concevoir qu’un leader de la trempe de Soham Wardini se range derrière un candidat du Pastef. Et il en est ainsi pour d’autres localités où il n’y pas un leadership de Pastef qui s’affirme », soutient M. Diongue.
Moussa Diaw sur la nouvelle signification de Pastef : « C’est une rupture symbolique qui vise à projeter l’image de Sonko au niveau continental »
Chercheur en sciences politiques, Moussa Diaw s’est également penché sur la mutation opérée par Ousmane Sonko sur la signification de son sigle, le Pastef, devenu « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité ». M. Diaw explique : « C’est pour rendre son parti plus africain d’autant plus que le fondement idéologique de ce parti repose sur des références qui ont marqué la vie politique africaine et le panafricanisme. Mais le fait de parler de « Patriotes africains du Sénégal » vise aussi à projeter l’image du leader Sonko au niveau continental. Car, quand on regarde idéologiquement les partis qui sont là, ils ont importé leurs idéologies. Le socialisme, le libéralisme ne sont pas sénégalais. Ce sont des penseurs occidentaux qui ont réfléchi sur ces idéologies. Pour Sonko, c’est une rupture par rapport aux fondements idéologiques. C’est-à-dire qu’il n’a pas besoin d’aller chercher des idéologies ailleurs qu’en Afrique. Donc en réfléchissant sur la pensée androgène, c’est-à-dire un certain nombre de pensées politiques africaines, il a su construire une politique sur cette base qui va s’ouvrir aux Africains et naturellement ça va lui donner une envergure d’un africanisme reconnu sur le plan symbolique. Maintenant, sur le plan politique, c’est important parce qu’il y a la solidarité africaine, le panafricanisme, des idées qui vont dans le sens de l’union des forces africaines, le combat africain et puis penser le développement au niveau africain. C’est-à-dire compter le développement sur l’Afrique, sur ses richesses, sur la transformation des matières premières en Afrique. C’est ça qui permettrait à l’Afrique de prendre en compte la dimension continentale, la nécessité de mettre en exergue ses richesses et de les mettre au service des Africains d’abord avant de s’ouvrir au monde. C’est quand même une innovation par rapport aux leaders politiques qui sont là où bien des partis politiques classiques dont on connaît le fonctionnement. »
LA MOITIÉ DES DÉCÈS EST CONSTITUÉE DE PORTEURS DE MALADIES CARDIVASCULAIRES
Au total, 1636 patients ont perdu la vie après avoir infecté par le nouveau coronavirus depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, le 2 mars 2020, d’après les données du ministère de la Santé et de l’action sociale.
Dakar, 18 août (APS) – La moitié des patients décédés de la Covid-19 est constituée de personnes porteuses de maladies cardiovasculaires, a fait savoir, mercredi, le docteur Mounir Dia, secrétaire général de Société sénégalaise de Cardiologie.
’’Une évaluation préliminaire a permis de noter que chez les patients décédés de la covid, la moitié est constituée par des malades d’ordre cardiovasculaire’’’, a-t-il déclaré.
Au total, 1636 patients ont perdu la vie après avoir infecté par le nouveau coronavirus depuis l’apparition de la maladie au Sénégal, le 2 mars 2020, d’après les données du ministère de la Santé et de l’action sociale.
’’Les personnes porteuses de maladies cardiovasculaires ont un risque important de faire une forme sévère de Covid-19. Ces formes graves surviennent surtout, lorsque la maladie n’était pas connue, suivie, traitée ou bien contrôlée’’, a expliqué le docteur Dia.
Intervenant lors du point quotidien sur la situation de l’épidémie, le cardiologue a insisté sur le fait que l’hypertension artérielle associée à d’autres pathologies comme le diabète, les maladies coronaires étaient les ’’principales causes de décès avec des complications sévères en contact avec le virus telles que la thrombose et l’embolie pulmonaire’’.
Le Secrétaire général de Société sénégalaise de Cardiologie a toutefois indiqué que ces formes graves ne surviennent ’’principalement’’ que chez les patients non vaccinés ou d’autres dont le parcours vaccinal n’était pas encore complète.
Il a, par conséquent, exhorté ’’ces personnes à aller se faire vacciner, à respecter le suivi médical et à respecter surtout les mesures barrières en évitant autant que possible les rassemblements’’.
Le Sénégal a enregistré 71266 cas positifs dont 55317 guérisons.
A ce jour, 14612 patients encore sous traitement dans les centres dédiés ou suivis à domicile.
MA SANE REVIENT AVEC MANE AK YAW
A l’apogée de son art, elle avait quitté la scène musicale sénégalaise. Après un mariage, la gestion d’un foyer et tous ses inconvénients
On l’a connue belle, charmeuse par la voix et pétrie de talent. Les années ont passé et Ma Sané n’a pas pris une ride, tout comme sa musique. La chanteuse revient au devant de la scène avec un single. «Mane ak yaw» est un hommage aux fans. Qui auront la latitude de savourer la maturité de l’artiste dans un album attendu courant 2022.
A l’apogée de son art, elle avait quitté la scène musicale sénégalaise. Après un mariage, la gestion d’un foyer et tous ses inconvénients, Ma Sané revient ! Dans ses valises, le souvenir d’une voix radieuse et empreinte d’émotion a été ressassé.
Pour signer son retour, la Thiessoise va sortir un single. Intitulée Mane ak yaw, la vidéo a été présentée hier à la presse. La chanteuse, qui a fait danser le Sénégal pendant des années avec les titres comme Sincérité et Mame, n’a rien perdu de sa superbe. Au contraire, cette pause sabbatique l’a bonifiée.
En effet, dans le titre Mane ak yaw, Ma Sané s’essaie au piano. Mais c’est la couleur musicale qui attire le plus dans ce morceau. Au début, la chanteuse caresse sa voix sur du pop urbain. Progressivement, le ton ainsi que le rythme montent pour, à la fin, faire du mbalax pur et dur. Le constat est unanime : Ma Sané ne joue pas de la musique, non elle est musicienne ! «Malgré la pause, je recevais beaucoup de messages de mes fans. Il y a beaucoup d’artistes talentueux au Sénégal, je pensais que les fans allaient m’oublier. Mais ils ont tenu bon et m’ont attendue.
Et pour leur rendre la monnaie de leur pièce, je leur ai dédié ce single en attendant l’album qui est déjà enregistré», a répondu Ma Sané sur les raisons de son retour. A propos du choix du titre, elle explique avoir l’intention de parler directement à chaque fan, d’où Mane ak yaw qui veut dire toi et moi en wolof. Revenant sur les «surprises» qu’elle va faire aux fans, Ma Sané a affirmé qu’un dîner spectacle est prévu au mois de novembre prochain. «Avec la pandémie, on peut faire correctement la promotion mais que les fans sachent que Ma est toujours là et qu’elle va continuer le chemin avec eux», a-t-elle expliqué se refusant d’avancer une date pour la sortie de l’album.
La seule confidence sur cet opus : «J’ai voulu rester moi-même. Il y aura de la sincérité dans cet album et mon style n’a pas changé.» Des collaborations avec des artistes de la nouvelle génération sont prévues dans cet opus dont la date de sortie est prévue pour le premier semestre de 2022. Interpellée sur les raisons de sa pause, Ma Sané a affirmé qu’elle «avait envie de fonder une famille et de s’occuper de celle-ci».
Pour autant, Ma Sané n’était pas qu’une femme au foyer. Elle faisait ses activités en parallèle, car «la musique elle seule ne suffit pas. Même quand je chantais, je faisais mes affaires à côté car on ne sait jamais. La musique est une passion», a-t-elle expliqué.
par Soro Diop
LA PANDEMIE ET LES PLEURS DE LA PAROLE
Depuis la survenue de la pandémie de la Covid-19, le Sénégal s’est enrichi ou appauvri, c’est selon, d’une nuée de maîtres de la parole, spécialistes en tout et experts en rien....
Depuis la survenue de la pandémie de la Covid-19, le Sénégal s’est enrichi ou appauvri, c’est selon, d’une nuée de maîtres de la parole, spécialistes en tout et experts en rien, de nouveaux «vaccinophobes» qui envahissent les coins et recoins des réseaux sociaux, peuplent les plateaux de télévision pour toujours forcer les doses apocalyptiques. Jamais la parole n’a aussi pleuré sous le ciel sénégalais et sans doute d’autres cieux, avec cette insidieuse, funeste et stressante pandémie de la Covid-19, surtout avec sa variante très contagieuse appelée Delta ! Quelques opposants, des activistes et autres autoproclamés alerteurs et influenceurs n’ont eu cesse de faire pleurer la parole, en pleine pandémie.
Une parole accaparée par une flopée d’«experts» et autres «spécialistes», qui ne devaient pas la dire, qui ne savent pas où la dire, comment la dire et pourquoi la dire. Par leurs paroles, leurs simples paroles en guise de contributions, ils sont comme dans l’adage nietzschéen : «Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort.» La palme revient à certains opposants au point que la parole a fini par leur laisser sa part de dérisoire et de dérision. En effet, certains d’entre eux, s’ils n’ont pas franchi le Rubicon, y ont mis les pieds jusqu’à la boue. En quoi disant, à grands renforts d’élucubrations ? Que c’est le Président Macky Sall, son gouvernement et ses alliés qui ont été à l’origine de l’explosion de la pandémie à travers le pays. Ainsi donc, le Président Macky Sall a eu la force d’une ubiquité d’être le créateur et le diffuseur du Delta avec ses milliers de victimes à travers le monde ? Dans un monde globalisé où chaque jour nous avons le tableau macabre de la pandémie par pays, de telles accusations sont totalement effarantes. Mais non, dilatez-vous-en la rate, ça atténue le stress ambiant créé par ce maudit virus et ses variantes !
Ainsi donc à ouïr les apôtres de la déraison de la raison, c’est le Président Macky Sall qui a engendré la troisième vague en Inde. C’est lui qui a favorisé la recrudescence de la pandémie de la Covid-19 dans sa version Delta en France. C’est lui qui a encloué les cercueils des victimes de la pandémie en Tunisie, en Afrique du Sud. Qui a fait ressurgir la variante jusqu’en Chine. Vous voyez comment on suscite le ridicule, la risée et la dérision à travers le monde avec des accusations politiciennes de cette nature quand on n’est habité, obnubilé que par la fascination des accusations gratuites, de l’imposture, du mensonge et de la manipulation. Quand Rome brûle, on n’éteint pas le feu par des pelletées de terre sur les extincteurs. C’est un constat : les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, faut-il encore le répéter, sont très en avance sur leur classe politique, et aujourd’hui sur les nouveaux envahisseurs que sont les activistes, les influenceurs et autres mythomanes du numérique. Leurs airs d’antan recyclés dans les réseaux sociaux ne séduisent que les oisifs du virtuel. Devenus des momies, des stars faciles des réseaux sociaux, ils ne sont plus qu’à l’estrade. L’affiche. La photo. La devanture. Le superficiel. La superficialité. Jamais dans le fond.
Dans la profondeur. Dans l’essence. Dans la quintessence. On aurait même souhaité qu’ils soient quand même dans le doute méthodique. Ce «sel de l’esprit sans qui toutes connaissances seraient pourries», pour citer Alain. Au fond, tous ces cris d’orfraie inflammatoires, ces vuvuzelas verbeux et vénéneux sont le reflet d’une catégorie bien minoritaire de moralistes parfois sans morale, qui sont incapables de proposer des solutions et s’installent allègrement dans le magistère de la parole. C’est facile. C’est un virus inoffensif. Des opposants qui n’ont que ce type de discours pour discourir à longueur de… réseaux sociaux, parfois avec des élans narcissiques dopés par de «sweet» massages sur fond maintenant d’une overdose communicationnelle, exhibent et exposent en réalité leur grand corps malade (pas de Covid-19 quand même !), pour donner le sentiment d’exister, d’être une force. Or, on ne trompe jamais tout un peuple, tout le temps.
A l’heure de la solidarité
Et vous savez ce qui les rend fous ? Le silence communicatif, les initiatives responsables et le sens de la mesure face à leur démesure dont fait montre le Président Macky Sall. Ses actes, ses décisions et ses initiatives pour endiguer les ravages de la Covid-19 brisent les ressorts de leur acrimonie. Toutes leurs prophéties apocalyptiques, comme sous l’effet d’une boule de bowling, se renversent chaque jour. Les quilles des prévisions de putschistes et ceux que mon jeune frère El Hadj Hamidou Kassé appelle les «faucho-populistes» tombent face aux décisions avisées du Président Macky Sall, constamment à l’écoute des spécialistes et de leurs recommandations avisées relatives aux mesures à prendre pour venir à bout de la pandémie. L’heure, face à ce Delta ravageur, n’est pas aux suppliques et aux répliques de gamins de la cour de récréation. Ni aux dénis répétitifs et lassants qui s’abiment à discréditer le pouvoir et à prendre intempestivement la parole pour déshonorer le pays. C’est tout sauf du patriotisme, une telle posture.
L’heure à la solidarité de toutes et tous, surtout de la part d’une opposition qui se doit d’être plus intelligente et plus utile, comme savaient bien l’être des opposants de la trempe du Pape du Sopi, Abdoulaye Wade, les défunts Majmouth Diop et Cheikh Anta Diop. De la classe dans leur position et leurs critiques, même les plus acerbes parfois. Il est possible d’avoir une opposition utile et intelligente même si le pari peut paraître pascalien, au vu de sa configuration et de ses prises de position actuelles. L’heure à des hommages à rendre au ministre de la Santé et de l’action sociale et à son équipe qui, deux ans durant maintenant, n’ont plus de vie de famille pour être au cœur d’actions qui sauvent et réconfortent. Leur abnégation, leur travail chevillé à l’exigence de résultats et à la volonté de mener une guerre résolue contre la pandémie n’échappent point aux observateurs lucides et neutres, loin de toute quête de buzz.
L’heure aux hommages à rendre au personnel de la santé, à ces blouses blanches qui, depuis deux ans, jours et nuits, parfois en payant un lourd tribut, se dévouent pour soulager les malades, pour communiquer et communier avec les populations. Comme d’autres Sénégalais, anonymes dans leur combat solidaire et citoyen, ils méritent d’entendre des paroles qui les galvanisent et qui célèbrent leur professionnalisme, leur compétence, leur héroïsme et leur patriotisme. Au président de la République, continuez à être dans le temps de l’action comme la croisade menée pour la large vaccination dont l’efficacité est démontrée par les hommes de science, loin des tohubohus et autres vacarmes des «complotistes» et anti-vaccin !
Persévérez dans les recherches de toutes les solutions possibles pour vaincre ce mal qui bouleverse et tourneboule le monde entier ! Continuez à n’être qu’à l’écoute de l’immense majorité des Sénégalais, ceux qui ont un «amour tyrannique» pour le pays ! Ils sont de bon conseil. Tout finira bien par être un mauvais souvenir. Alors, il importe de soigner la parole. Même si la Covid19 a ébranlé la certitude cartésienne de l’homme, «maître et possesseur de la nature», l’humanité a toujours triomphé des pandémies. C’est une vérité historique.