Les députés sont convoqués en séance plénière le mardi 9 novembre prochain. ‘’L’ordre du jour porte sur l’examen des conclusions de la Commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire des députés Boubacar Villiemmbo Biaye et Elhadj Mamadou Sall’’, renseigne le communiqué de l’hémicycle transmis hier, à EnQuête.
Les deux députés mis en cause sont cités dans une affaire présumée de trafic de passeports diplomatiques. Leur complice présumé est déjà dans les liens de la détention. Le ministère de la Justice, pour permettre au tribunal de faire son travail, a envoyé une demande de levée de l’immunité parlementaire des deux députés. Ainsi, une commission ad hoc de l’Assemblée nationale a été mise en place. Elle déjà entendu les parlementaires concernés. Dans un communiqué signé par son président Aymérou Gning, la commission disait, il y a une semaine, ‘’disposer de suffisamment d’éléments pour déposer son rapport à la plénière’’.
Ainsi, ajoutait-il, les députés seront convoqués ‘’dans les meilleurs délais’’ en plénière, pour décider du sort à réserver à cette affaire qui défraie la chronique depuis plus de deux mois. Promesse tenue, tous les parlementaires sont convoqués, mardi prochain.
LATMINGUÉ RÉCOMPENSE SES MEILLEURS ÉLÈVES
La municipalité de Latmingué (Kaolack, centre) a récompensé 260 élèves pour leurs résultats scolaires, dimanche, lors de la première édition d’une journée de l’excellence
Latmingué (Kaolack), 7 nov (APS) – La municipalité de Latmingué (Kaolack, centre) a récompensé 260 élèves pour leurs résultats scolaires, dimanche, lors de la première édition d’une journée de l’excellence, a constaté l’APS.
’’Cette journée de remise de cadeaux a aussi pour objectif de sensibiliser les élèves et les parents sur la nécessité du respect des valeurs citoyennes afin de booster le taux de réussite aux examen et concours’’’, a déclaré le maire de Latmingué, Dr Macoumba Diouf à des journalistes.
Cette manifestation dont le thème est ’’Restauration des valeurs civique pour une éducation de qualité’’ s’est déroulée sous la présidence de l’adjoint au préfet de Koumbal, Birahim Fall, en présence des acteurs de l’éducation de la région de Kaolack.
’’Cette journée de l’excellence va encourager et donner en exemple les élèves qui ont eu à faire de bons résultats au certificat de fin d’études élémentaires, au brevet de fin d’études moyennes et au baccalauréat. Nous voulons une revalorisation des valeurs citoyennes à Latmingué et une qualité de l’éducation’’, a ajouté M. Diouf par ailleurs directeur général de l’horticulture.
Selon lui, ’’sans la valeur civique, point d’éducation de qualité’’.
L’adjoint au sous-préfet de Koumbal a insisté sur l’importance de l’éducation de base.
’’Si on se focalise sur l’éducation de base, l’enfant va regarder son enseignant comme son propre parent. Les actes de violences doivent être bannis dans le milieu scolaire. Les élèves doivent utiliser les réseaux sociaux comme un outil de travail mais pas pour autre chose’’, a lancé Birahim Fall.
Des fournitures scolaires ont été distribuées aux élèves lors de cette journée de l’excellence.
SOMMET EXTRAORDINAIRE CEDEAO, MACKY SALL SALUE LES DECISIONS
Le chef de l’Etat sénégalais a salué les ’’décisions fortes’’ prises par la CEDEAO pour ’’exiger le rétablissement de l’ordre constitutionnel’’ en Guinée et au Mali.
Dakar, 7 nov (APS) – Le chef de l’Etat sénégalais a salué les ’’décisions fortes’’ prises par la CEDEAO pour ’’exiger le rétablissement de l’ordre constitutionnel’’ en Guinée et au Mali.
Macky Sall a pris part ce dimanche à Accra, au Ghana, au sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation en République de Guinée et en République du Mali.
’’Je salue les décisions fortes prises par l’organisation pour exiger le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les deux pays’’, a déclaré le chef de l’Etat sur son compte twitter.
Dans la capitale ghanéenne, les dirigeants de la CEDEAO ont décidé de durcir les sanctions individuelles contre les autorités malienne et guinéenne, selon RFI.
Concernant la Guinée, les chefs d’Etat ont exigé la libération du président Alpha Condé et la tenue d’élections dans une période de 6 mois.
En Guinée, une junte militaire dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya a renversé, 5 septembre, le régime du président Alpha Condé.
Elle a annoncé, le 4 novembre, la formation complète d’un gouvernement dirigé par le Premier ministre Mohamed Béavogui.
Au Mali, les autorités de la transition ne sont plus dans les dispositions pour organiser des élections présidentielle et législatives en février comme initialement prévu. Elles prévoient d’organiser des ’’assises nationales’’ au préalable.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Goncourt qui honore le texte d’un jeune et pétillant Africain aura réussi la prouesse de relancer la question de l’homosexualité sur la place publique. Que chacun assume ses responsabilités devant l’histoire et pour l’avenir
Il est loin le temps où l’art était encadré et portait la signature de la communauté. Il assumait ses fonctions sociales et religieuses pour forger une identité culturelle, fondement de la cohésion du groupe. L’art est miroir de la société et expression de son génie avec sa kyrielle de codes et clés dans une diversité de formes et de sens. Au-delà du contenu rationnel moins déterminant, l’expression artistique est essentiellement du domaine sensoriel. Elle évoque l’esthétique, les émotions et l’harmonie qui émanent des mesures, formes et styles.
L’artiste anonyme était astreint aux rituels issus d’une chaîne de transmission entretenue par un lignage. Il en est tout autrement avec les expressions artistiques contemporaines qui se caractérisent par la singularité des courants et par l’originalité de plus en plus individualisée des œuvres d’art en dépit du substrat identitaire particulariste. La création artistique devient performance, ou un exercice frivole parfois passeur de sens. Elle est néanmoins dangereuse pour un individu qui manipule un pouvoir humain quasi divin.
De la création de l’artiste à la perception du public, il y a une dimension qui relève de l’ésotérisme.
Le destin de l’artiste est cornélien. Entre contempteurs et thuriféraires, la réputation de l’artiste tient sur un fil. Parfois, il est voué aux gémonies, tant il a tendance à transgresser, à choquer, à user d’une originalité qui transcende les normes. Il a le toupet de brandir une liberté qui le détache du conformisme ambiant au risque de le confiner sur la marge.
Autrement, il est adulé, devenant l’idole de fanatiques qui absorbent systématiquement sa production avec ou sans discernement. Il est sur un piédestal et atteint le nirvana qui le coupe des réalités. Il s’engouffre alors dans des refuges qui ne sont que des abris précaires dans les mirages de l’illusion.
L’artiste n’est pas un modèle mais a le génie d’entrevoir les tendances qui fondent l’avenir. Il heurte les consciences dans sa trajectoire qui sort des cadres conventionnels.
Adulé puis cloué au pilori, houspillé avant la consécration, son sort est incertain. Nombre de nos illustres icônes ont vécu les abysses de l’oubli ou les paradis éphémères de la notoriété. Ils y laissent des plumes pour avoir trempé les leurs dans la mer d’encre qui immerge les mystères de la création.
La littérature par excellence est un exercice artistique. Elle produit du sens dans un contexte de solitude où la conscience de l’auteur est la seule limite qui vaille. Une conscience pour réguler une inspiration qui émane d’un néant générateur de vie et d’esprit, de l’observation de la nature, de déduction de séquences existentielles, d’imaginaires de toutes sortes.
L’écrivain est un être singulier qui construit son univers et exprime ses sensations. Il trouve son harmonie et étale ses maux dans la fiction qui n’est qu’une réalité en dentelle. Il écrit d’abord pour soi et se révèle quand il décide de publier son œuvre. Le moi est toujours distillé dans la fiction tout autant que le substrat culturel étriqué ou large qui couve son existence et ses expériences.
Il y a une mystique de la création dans la mesure où l’artiste manipule un pouvoir quasi divin qui lui procure la puissance d’un être supérieur. Il frôle en permanence le danger de succomber à la passion qui le stimule en même temps qu’elle consume son âme. Il valse entre muse et démon, entre extase et mélancolie. Il déverse ses sentiments qui transpirent frénétiquement de ses entrailles et coulent du tréfonds de son être. L’acte d’écriture est un don de soi qui plonge l’auteur dans un état second et fécond au relent cathartique ou traumatique. L’œuvre qui en est issue est un accouchement, une délivrance qui associe le plaisir le plus exquis à la douleur la plus déchirante.
Ainsi la contrepartie la plus significative est la reconnaissance de l’œuvre par les pairs ou par la communauté, même à titre posthume, plus que les avantages pécuniaires.
Il arrive que les artistes épousent des causes et engagent des combats qui déterminent des postures idéologiques. Dans ce cas, l’artiste devient un passeur d’idées et véhicule un message. Il s’expose ainsi aux critiques qui dépassent les paramètres purement artistiques.
Juger un artiste, c’est le condamner d’avance sans procès ou le sanctifier avec complaisance sans l’éprouver. Je m’en garde.
Toutefois dans ce système-monde que nous vivons avec des enjeux économiques et culturels, l’impérialisme culturel trouve sa voie. Dans ces rapports de forces pacifiques, le soft power place ses ‘’cheval de Troie’’ notamment dans la sphère artistique qui est un espace médiatisé et d’influence. Dans ce nouvel ordre mondial qui torpille les religions, désacralise la famille, l’initiative semble changer de camp. Les orientations sexuelles contre-nature sont promues et le libertinage assumé. Des comportements "humanicides" sont portés par les organisations internationales ainsi que le monde des médias et des arts qui veut bien se prêter au jeu. La pression est mise sur les États réfractaires. Au même moment, les élites, les jeunes et les femmes sont insidieusement ciblés pour propager le phénomène LGBT par le concept nébuleux du genre et des pseudo droits humains. L’autonomisation surfaite de l’individu au sein de la société, au nom de cette liberté galvaudée a suscité ce mal être généralisé qui sape le vivre ensemble.
L’affaire Mbougar se situe à ce niveau pour avoir provoqué un séisme, suite à l’attribution du fameux prix littéraire par l’académie Goncourt. Mbougar écrit merveilleusement bien. Il a fait ses preuves. Il a trusté avec brio des prix dans sa jeune et féconde carrière d’écrivain. En plus de sa grande culture littéraire, il manie la plume comme Sechat et scrute la nature humaine comme l’Oeil de Rê. Il est un écrivain immense et forme avec son alter ego, l’admirable Elgas auteur de "Mâle noir", un commando d’élite. Ce binôme a procédé en bonne et due forme à "l’autopsie" de la société sénégalaise avec la caution de l’Institut français. Ils sont en mesure d’inoculer la dose prescrite par leurs commanditaires à nos concitoyens qui végètent dans le coma de l’obscurantisme. Le remède qui permettra d’avaler la couleuvre de la cause lGBT qui traîne sa queue hideuse dans ce bled du Sénégal protégé par un simple tata de terre du Sahel.
C’est de bonne augure qu’une œuvre littéraire suscite un débat et l’auteur Mbougar s’y est préparé. ‘’La plus secrète mémoire des hommes ‘’ est presque prémonitoire. Le génial auteur de ce roman vraiment magnifique, un best-seller en devenir, a déjà prévu le scénario en cours.
Bien entendu qu’il mérite amplement le prix Goncourt, comme d’autres aussi talentueux qui n’auront jamais cette chance de s’attabler au restaurant Drouant avec les académiciens.
Il est vrai que les prix artistiques ont perdu de leur superbe. Ces médailles ne sont décernées qu’aux artistes, aussi brillants soient-ils, qui vouent aux gémonies leurs cultures et croyances d’origine ou épousent les idées scélérates qui sapent les valeurs cardinales qui fondent l’humanité. La pommade artistique ne passera pas. Halte aux renégats de tous bords qui occultent le référent culturel identitaire pour surfer sur un universalisme qui gomme le particularisme. Ce phénomène a atteint les arts plastiques contemporains, le cinéma et la musique. Sur le principe, Il faut dénoncer avec vigueur cette discrimination. L’intolérance s’installe dans le camp que personne ne soupçonne.
La pensée unique qui impose la standardisation des productions culturelles entrave la diversité des expressions culturelles. Cette standardisation à sens unique exprime la primauté voire la condescendance du référent occidental. Elle refuse l’ouverture et nie l’apport de ceux qui ne seraient pas ‘’suffisamment entrés dans l’Histoire’’ et qui sont restés au stade des ‘’arts premiers’’.
La manœuvre satanique qui adoube cette fameuse distinction qui honore le texte d’un jeune et pétillant Africain aura réussi la prouesse de relancer la question de l’homosexualité sur la place publique. Que chacun assume ses responsabilités devant l’histoire et pour l’avenir.
Sans acrimonie et en toute littérature.
par Oumou Wane
MBOUGAR SARR, UN GONCOURT À NOTRE SECOURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est temps que naisse derrière notre jeune Prix Goncourt, une grande génération de citoyens, d’artistes, d’intellectuels noirs qui prendrait part aux idées et au renouvellement de la société
La semaine a été marquée par le prestigieux prix Goncourt attribué à l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr ce mercredi pour son livre « La plus secrète mémoire des hommes ».
De l’audace, de l’intelligence, du renouveau, il nous en faut et c’est une fierté pour le Sénégal mais aussi pour toute l’Afrique, car outre le fait d’être le premier écrivain d’Afrique subsaharienne à remporter le Goncourt, Mbougar Sarr est aussi l’un des plus jeunes auteurs à être primé par le jury. Vous conviendrez qu’en ces temps difficiles et dans un contexte socioculturel où les imbéciles sont légion, il faut mettre un point d’honneur à célébrer les bonnes nouvelles.
Cette distinction de Mbougar Sarr est une chance pour chacun des Sénégalais qu’elle invite à la philosophie et à l’ouverture d’esprit. Ce Goncourt vient aussi au secours de toute une jeunesse sénégalaise, qu’il encourage à se mettre à l’œuvre, pour réveiller une société désillusionnée et fatiguée où le savoir est dévalué et la lecture reléguée au second plan.
La bêtise est bien une constante de l’humanité et les médias sociaux chez nous en livrent chaque jour des exemples très frappants.
Alors que la revendication de liberté pour un écrivain est légitime et qu’écrire c’est secouer le joug de l’opinion et des idées, ne voici pas qu’aussitôt distingué, notre compatriote se retrouve au centre d’une polémique homophobe sur des réseaux sociaux, qui en degré de pensée, sont zéro !
Mêlant la fiction et le réel, les romans de Mbougar Sarr évoquent successivement des sujets graves tels que le jihadisme ou la condition faite aux homosexuels dans la société patriarcale sénégalaise, mais aussi des thèmes existentiels comme l’énigme de l’existence et l’amour.
Son écriture inventive et foisonnante est une magnifique exaltation de la langue française et c’est bien là la consécration d’un amoureux des belles lettres, d’un esprit philosophique brillant, doué d’une élégance qui sait se faire transgressive par moment pour atteindre une littérature de la résistance morale.
Est-ce parce qu’il est un surdoué ou parce qu’il éveille notre liberté de conscience qui demeure une idée neuve en Afrique, qu’il attise aussi la haine et la convoitise ? Toujours est-il qu’il est la preuve que le système éducatif sénégalais dont il est issu n’a pas été contaminé par l’obscurantisme et le populisme ambiants, et qu’une nouvelle génération de jeunes Africains est née, prête à prendre part à la conversation mondiale sur le front des idées et à réclamer des actes à la hauteur des menaces qui pèsent sur son avenir.
Notre président Macky Sall, certain que ce prix Goncourt consacre notre compatriote dans la cour des grands, sur les traces de Senghor ou Hampâté Bâ, a salué une « belle consécration qui illustre la tradition d’excellence des hommes et femmes de lettres sénégalais ».
Et si cette élévation, même symbolique, bénéficiait réellement au Sénégal ? Si elle incitait les jeunes à mettre de côté leur rancœur pour se mettre au travail ?
Être jeune Sénégalais aujourd’hui peut s'avérer un défi de tous les jours et pourtant, la jeunesse reste la plus belle des promesses. La vraie question qui se pose aux jeunes aujourd’hui c’est d’avoir le courage de chercher la vérité et de ne pas subir la loi du mensonge permanent, des préjugés et des haines.
Ce ne sont pas les combats qui manquent ici au Sénégal. L’éducation, la pauvreté, l’égalité des chances, la santé et l’environnement au tout premier plan, le droit des minorités, celui des femmes, ceux de la planète... Nous avons du pain sur la planche, ayons le cœur à l’ouvrage !
Il est temps que naisse derrière notre jeune Prix Goncourt, une grande génération de citoyens, d’artistes, d’intellectuels noirs qui prendrait part aux idées et au renouvellement de la société, sans forcément tout casser, mais toujours le poing levé.
L'AFRIQUE A AUSSI EU SES FÉMINISMES ET ELLE NE LE DOIT PAS À L'OCCIDENT
Dans Féminismes africains, une histoire décoloniale (éd. Présence Africaine), l’universitaire sénégalaise Rama Salla Dieng questionne des militantes sur leurs combats - ENTRETIEN
Le Monde Afrique |
Coumba Kane |
Publication 07/11/2021
Qu’est-ce qu’être féministe aujourd’hui en Afrique ? Comment les militantes s’organisent-elles face au recul des libertés et à la montée des fondamentalismes ? Dans Féminismes africains, une histoire décoloniale (éd. Présence Africaine), la Sénégalaise Rama Salla Dieng, maîtresse de conférences à l’université d’Edimbourg (Ecosse, Royaume-Uni), fait témoigner une quinzaine de féministes influentes issues des diasporas et du continent, Maghreb inclus.
Votre essai esquisse une mosaïque de féminismes à travers l’Afrique et ses diasporas. Quels combats ont-ils en commun ?
Rama Salla Dieng La lutte contre le patriarcat est évidemment au cœur de leurs luttes, mais nombre d’interviewées s’attaquent également aux pouvoirs politiques en place accusés de perpétuer une violence politique héritée du colonialisme. Ce combat s’incarne par exemple dans la figure de Stella Nyanzi, une anthropologue et féministe ougandaise, incarcérée plusieurs mois en 2017 pour avoir publié un poème fustigeant le président Museveni au pouvoir depuis trente-cinq ans.
Cependant, cette approche décoloniale ne résume pas leur engagement. Celles que j’ai interrogées ne cherchent pas seulement à s’ériger contre ceux qui détiennent le pouvoir, mais plutôt à trouver des formes de créativité pour incarner leurs combats et réaliser leurs aspirations féministes. Elles n’en sont plus à tenter de convaincre de leur humanité. D’où l’importance qu’elles accordent à l’art, à la solidarité, à l’amour révolutionnaire et au droit au plaisir.
J’ai aussi constaté l’accent mis sur la santé mentale. C’est une notion centrale pour ces militantes. Contrairement à leurs aînées, elles politisent la question du repos, à l’image de l’Egyptienne Yara Sellam.
Des fractures existent également au sein des mouvements féministes africains. Où se situent-elles ?
Tout d’abord, il faut noter la forte dimension panafricaine des organisations féministes du continent. En 2006, une centaine de militantes réunies à Accra au Ghana a élaboré une Charte des principes féministes pour les féministes d’Afrique dans le but de faire converger leur lutte contre le patriarcat. Il existe par ailleurs des alliances transnationales qui fédèrent les différentes organisations, comme le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET) et le Fonds africain pour le développement de la femme (AWDF) basé au Ghana.
Mais force est de constater qu’aujourd’hui tous les courants féministes ne se situent pas au même point et, parfois, des controverses éclatent entre eux. Il y a quelques années, une féministe kényane a raillé, en ligne, les militantes d’Afrique francophone au motif qu’elles ne limiteraient leurs combats qu’à la sphère domestique et aux rapports hommes-femmes. Cela avait suscité une vive polémique.
Au Sénégal par exemple, les mouvements féministes traditionnels se battent pour la révision du Code de la famille et la reconnaissance des droits égaux entre les hommes et les femmes, conformément à la Constitution. Leur lutte se focalise aussi sur l’application de la parité et le droit à disposer de leur corps, dont l’avortement médicalisé.
Doudou Wade, candidat de Wallu Senegal pour les locales à Dakar, évoque les coulisses de la préparation des listes au sein de sa coalition et se projette sur l'organisation du scrutin, au micro de Baye Omar Gueye dans l'émission Objection
Doudou Wade, candidat de Wallu Senegal pour les locales à Dakar, évoque les coulisses de la préparation des listes au sein de sa coalition et se projette sur l'organisation du scrutin, au micro de Baye Omar Gueye dans l'émission Objection
par l'éditorialiste de seneplus, Benoit Ngom
RESTITUTION OU RETOUR DES BIENS CULTURELS AFRICAINS ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment qualifier le transfert du bien culturel d’un point à un autre ? La revendication africaine pour la restitution des biens culturels doit aller de pair avec des initiatives pour le libre accès aux œuvres de pays étrangers
Le président français Emmanuel Macron recevra son homologue béninois Patrice Talon à l’Elysée, le mardi 9 novembre 2021, dans le cadre de la restitution au Bénin de ses œuvres culturelles pillées pendant la période coloniale. À cette occasion, le président béninois Patrice Talon signera l’acte marquant officiellement le transfert des biens culturels.
En effet, l'Afrique se devait d'abord d'affirmer son autorité légale et légitime sur les objets à retourner ou restituer.
Cette première phase reconnue, l'Afrique doit accepter que toutes ses œuvres artistiques et culturelles de grande valeur devraient être reconnues comme appartenant au patrimoine commun de l’humanité. Cela veut dire que l'Afrique doit s'organiser pour que ses œuvres puissent circuler librement dans le monde et que dans la même logique, les œuvres culturelles étrangères puissent être présentées aux Africains dans des musées sûrs et fonctionnels.
Pillage des oeuvrees culturelles
Les pillages des objets par la puissance conquérante n’ont pas seulement concerné l’Afrique. À cet égard, les expéditions de Napoléon qui rêvait déjà de faire du Louvre un musée universel où seraient exposées les œuvres du monde entier notamment celles des pays spoliés à travers l’Europe, en sont une illustration
En Europe par exemple, le cas de la Grèce est particulièrement saisissant et toujours d’actualité. C’est au tout début du 19ème siècle, juste avant sa guerre d’indépendance et de libération que ce pays qui était alors sous le joug ottoman se vit dépouiller par l’Angleterre notamment par l’entremise de son citoyen Lord Elgin, des plus beaux marbres du Parthénon.
En Afrique par exemple, c’est le Général Dodds , métis de Saint-Louis du Sénégal à la tête de l’armée coloniale française, qui occupa la capitale du Dahomey après la défaite du roi Béhanzin, et qui s’empara de plusieurs œuvres d’art du Palais royal du Dahomey. De retour en France, il offrit au ministre de la Marine le Trône du roi Behanzin. Parmi les objets qu’il ramena il y avait aussi les statues anthropomorphes représentant les derniers rois du Dahomey, Ghézo, Glélé, Behanzin mais aussi la porte magistrale du roi Glélé. Ces œuvres, par un heureux retournement de l’histoire, font parties des 26 objets culturels que la France a décidé de restituer au Bénin cette année.
Dans la période récente, le cas de pillage de biens culturels le plus odieux et le plus gigantesque fut celui perpétré par les Nazis sur la communauté juive d’Europe durant la deuxième guerre mondiale.
Les réclamations pour le retour des biens culturels
En Afrique, les réclamations pour la restitution ou le retour des biens culturels africains commencèrent dès l’accession des États africains à l’indépendance.
Le président Mobutu du Zaire actuel RDC, prononça devant l’ONU en 1973 le premier discours qui demandait une restitution des œuvres d’art dans leur pays d’origine. Sa demande fut prise en compte dans la résolution dénommée Restitution d’œuvres d’art à des pays victimes.
Dans la même lancée, à titre d’exemples, l’Egypte demanda la restitution de six pièces de grande valeur exposées dans plusieurs musées occidentaux dont le célèbre buste de Nefertiti à Berlin et la pierre de Rosette au British Museum, alors que le Nigeria réclame un masque de la reine Idia actuellement conservé au British Museum.
Sensible à ces légitimes revendications et voulant leur assurer le succès escompté, en 1978 le directeur général de l’Unesco, Amadou-Mahtar M’Bow fondait alors le « Comité intergouvernemental pour la promotion du retour des biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale » (ICPRCP).
Ces appels ont été entendus par la communauté internationale. Ainsi, la restitution ou le retour des biens culturels africains spoliés est une cause généralement soutenue dans tous les pays, y compris dans les anciennes puissances coloniales.
L’accueil globalement favorable réservé au rapport de Bénédicte Savoy et Felwine Sarr sur la restitution des biens culturels et les initiatives heureuses qui en ont suivi montrent que la cause est entendue. C’est pourquoi, même si sa mise en œuvre ne sera pas très simple, il n’est nullement besoin que l’Afrique soit divertie par des querelles inutiles sur cette question.
Retourner ou restituer
Emmanuel Macron déclarait à Ouagadougou, au Burkina Faso, en novembre 2017 : « d’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique ».
Récemment au siège de l’Unesco à Paris, lors d’une réunion sur la « Circulation des biens culturels et du patrimoine commun : Quelles nouvelles perspectives ? ». Patrice Talon, le président de la République du Bénin affirmait que : «lLa restitution et la circulation des biens culturels et patrimoines partagés est une cause que devra servir la coopération internationale. »
Cependant, il s’agit de savoir comment qualifier le transfert du bien culturel d’un point à un autre. S’agit-il d’un « retour » ou d’une « restitution » ? Le « retour » comprend les « biens culturels qui ont été perdus par suite d’une occupation coloniale ou étrangère » tandis que la « restitution » comprend les biens culturels « qui ont disparu par suite d’une appropriation non consentie
Comme on peut le constater la revendication légitime de la restitution des objets arbitrairement détenus dans les musées des anciennes puissances coloniales peut comporter, dans sa mise en œuvre, beaucoup de zones d'ombre qui, à défaut d’être éclaircies risquent d'être de futures pommes de discorde entre les africains et les européens mais aussi entre les gouvernants et gouvernés africains.
D’une manière générale, il faut en convenir, le retour des biens culturels vers l’Afrique ne sera pas une affaire très simple et prendra plus temps qu’on ne l’imagine.
Restitution ou libre circulation des objets d’art
C’est pourquoi l’Afrique, continent dans la mondialisation, doit éviter le piège de la ghettoïsation. Sa revendication pour la restitution de ses biens culturels doit aller de pair avec ses initiatives pour le libre accès aux œuvres d’art des autres pays étrangers, grâce à la garantie de la libre circulation des biens culturels, considérés comme appartenant au patrimoine commun de l’humanité.
Dans cet esprit, nous pensons que la communauté internationale doit se mobiliser pour aider les pays africains qui le désirent à se doter de musées modernes dans les capitales mais aussi dans les régions grâce une réelle territorialisation des politiques culturelles.
C’est dans cet esprit que l’Académie Diplomatique Africaine -ADA-, en s’appuyant sur l'expérience concluante du MAHICAO, - Musée d’Art et d’Histoire des Cultures d’Afrique de l’Ouest - établi à Djjilor Djidiack dans le village natal du président Senghor, propose de faire de ce musée - devenu emblématique pour la région du Sine Saloum - un musée pilote. En effet, le succès croissant du Mahicao depuis son ouverture en 2018 prouve qu’il y a, même dans les provinces, une véritable soif de culture.
Si l’Afrique se focalise uniquement sur le retour et la restitution de ses biens culturels, ne risquerait-elle pas de lâcher la proie pour l’ombre ?