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20 juin 2025
par Yoro Dia
RETOUR DE CASAMANCE
Comme les Etats-Unis qui sont devenus une Nation plus soudée et plus forte après la guerre de sécession, le Sénégal est devenu fort et plus soudé avec le conflit qui a vu émerger une nation plurielle
Vendredi dernier, quand je quitte Ziguinchor à 21h pour rentrer à Cabrousse, le plus grand risque encouru a été d’avoir failli écraser une chèvre sur cette route. Sur les 70 kilomètres qui séparent Ziguinchor du Cap Skirring, il n’y a plus aucun cantonnement militaire, ni check-point. Il n’y en a plus aucun. Nulle part, même pas au stratégique pont de Niambalang. De nuit comme de jour, on ne rencontre plus de militaires sur la route. On ne les voit même plus à l’aéroport de Cap Skirring. Quant à la police, on voit plus de policiers sur l’axe Dakar-Mbour que sur l’axe Ziguinchor-Cap Skirring
Paradoxalement, cette «disparition» de l’Armée semble aller de pair avec le sentiment de sécurité et de sérénité qui règne dans la région, peut-être parce que les populations ont compris que la guerre se réduit à de la violence résiduelle, et la marche vers la paix est irréversible. La paix est irréversible parce que l’Armée, qui a gagné la guerre sur le plan militaire contre le Mfdc, «réduit à sa plus simple expression», est en train de gagner aussi les cœurs, si l’on en juge par les applaudissements réservés au colonel Kandé, commandant de la Zone 5, lors de la cérémonie officielle du «boukout» des Diolas Bayotte à Nyassia.
Le Comzone a été applaudi et célébré pour avoir chassé les bandes rebelles de la zone et ramené la sécurité, créant ainsi les conditions sécuritaires pour l’organisation du «boukout», dont le dernier remontait à 1976. Plusieurs fois, les populations ont négocié avec les rebelles pour avoir la sécurité et organiser le «boukout» en paix, mais ces derniers ont toujours dit niet, jusqu’à ce que l’Armée fasse le grand nettoyage de la zone, permettant ainsi le libre exercice du culte. Le refus des rebelles de «permettre» la tenue du «boukout», et la décision de l’Armée et de l’Administration de créer les conditions de sa tenue ont fini de montrer aux populations que le Mfdc est devenu un tigre de papier.
La nouvelle posture de l’Administration est aussi une des leçons importantes de la crise casamançaise. La Casamance est le laboratoire où le commandement territorial est devenu administration territoriale, avec des administrateurs civils qui sont passés de Faidherbe à Claude Levi Strauss (efforts de comprendre les réalités locales et de s’en faire l’avocat au niveau central), alors qu’avant la crise, le mépris et les jugements de valeur pour les cultures locales étaient un fait et une des causes de la crise, qui a connu tant de flux et reflux comme la plage de Cabrousse.
En ce mois d’août, à la plage de Cabrousse, chaque jour il y a un reflux de l’océan sur plusieurs dizaines de mètres, augmentant la superficie d’une plage déjà immense, avant que les eaux ne reviennent tranquillement. Pendant des décennies, le conflit en Casamance a oscillé entre espoir de paix et reprise des hostilités, à l’image des flux et reflux de l’Atlantique à Cabrousse. La nouveauté aujourd’hui est que le reflux du conflit semble être définitif, parce qu’en Casamance, plus qu’un sentiment de sécurité, règne un sentiment de paix. Cette paix qui est un état normal et banal dans le reste du Sénégal, et dont on redécouvre les vertus dans la partie sud
Ces vertus et petits plaisirs de la paix qu’on chérit toujours plus que tout le monde après avoir connu l’enfer de la guerre. Aujourd’hui parmi ces vertus et plaisirs de la paix, la liberté de circuler de jour comme de nuit, d’organiser des rites et cérémonies traditionnelles, d’exploiter ses champs sans être inquiétés. Ces vertus de la paix ont aussi un impact économique et social. Avec la sécurité, le retour des populations dans leurs villages, le port de Ziguinchor redevient un poumon économique dans le commerce d’anacarde, alors que l’économie criminelle de guerre orientait ces produits vers les ports de Banjul et de Bissau. Autre bonne nouvelle, dans l’hôtel où j’ai passé mes vacances, il y avait une forte colonie de Gambiens venus en bus organiser leur rencontre à Cabrousse, mais les 2/3 de la clientèle était locale, parce qu’avec plusieurs vols par jour et des prix des billets d’avion aussi bas, la Casamance n’a jamais été aussi proche du reste du pays. C’est sans doute cette contribution à l’effort de paix qui vaut ma bienveillance à l’égard d’Air Sénégal, quand le vol du lundi fut annulé et reprogrammé pour mardi, ou peut-être aussi le plaisir des enfants d’être bloqués dans un paradis 24h de plus. Contre mauvaise fortune, bon cœur !
Le conflit a été une mauvaise fortune. De bon cœur, le Sénégal en a tiré les leçons. Comme les Etats-Unis qui sont devenus une Nation plus soudée et plus forte après la guerre de sécession, le Sénégal est devenu fort et plus soudé avec le conflit qui a vu émerger une Nation plurielle, mais indivisible, dépassant ainsi les limites d’une Nation une et indivisible.
«LE SENEGAL DOIT S’AFFIRMER, ASSUMER ET S’IMPOSER AU CAMEROUN»
Badara Sarr a suivi avec intérêt le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) et l estime que Aliou Cissé et ses hommes n’ont plus le droit à l’erreur en terre camerounaise.
Badara Sarr a suivi avec intérêt le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations (Can). Logé dans la poule B en compagnie du Zimbabwe, du Malawi et de la guinée, le directeur technique de Niary tally trouve que ce groupe est jouable pour les Lions. Par ailleurs, il estime que Aliou Cissé et ses hommes n’ont plus le droit à l’erreur en terre camerounaise.
Comment jugez-vous le tirage de la Can ?
Dans l’ensemble, nous avons un tirage équilibré. Dans chaque poule, pratiquement, il existe deux équipes qui sortent du lot, plus deux outsiders. Dans la poule B, on peut dire que le Sénégal et la Guinée sont favoris. On sait que les deux premiers de chaque groupe et les quatre meilleurs deuxièmes vont se qualifier pour les huitièmes de finale. Donc, cela ne doit pas être une chose difficile pour le Sénégal.
Selon vous, comment Aliou Cissé et ses hommes doivent-ils aborder cette compétition ?
D’abord, il faut que les joueurs prennent au sérieux toutes les équipes. Le Malawi et le Zimbabwe vont représenter dignement l’Afrique Australe. La Guinée Conakry participe, depuis un certain temps, à cette compétition. Donc, c’est une équipe qui a fait beaucoup de progrès. Le Sénégal est la première nation sur le plan africain dans cette discipline. Mais pour prouver cela, tout le monde s’attend à ce que le Sénégal gagne cette compétition. En tout cas, il devra tout faire pour sortir dans cette poule afin de rencontrer l’une des équipes classées à la troisième place.
Le fait d’être considéré comme un favori ne constitue-t-il pas une pression de plus pour Aliou Cissé et ses hommes ?
Le Sénégal fait partie des favoris. C’est le lieu de prouver son rang. Il ne faut pas faire de calcul. Le Sénégal doit s’affirmer, assumer et s’imposer au Cameroun. Si le Sénégal remporte cette Can, ce ne sera pas une surprise. Il nous appartient de bien préparer la compétition, d'être concentrés et sérieux. Il faudra aussi que les joueurs soient prêts sur le plan mental. Le Sénégal n’a plus le droit de se cacher. Je pense que sortir de ce groupe ne représente pas la mer à boire.
Êtes-vous optimiste pour cette compétition ?
Je ne me focalise pas sur les adversaires du premier tour. L'important, ce sont les adversaires du second tour. Le Sénégal sait depuis un certain temps comment aborder ce tournoi. Il faut jouer tous les matchs à fond pour se positionner à la première place qui va permettre d’avoir un adversaire beaucoup moins fort. Il faut que l’équipe aille jusqu’au bout de la compétition.
CHANGEMENT DE COMPTEURS PAR SEN EAU
Sos consommateurs soupçonne une tentative de hausse déguisée
Les membres de Sos Consommateurs sont très remontés contre les autorités de Sen’Eau qu’ils accusent d’arnaquer les populations. Selon le président de l’association consumériste, Me Massokhna Kane, Sen Eau veut augmenter le coût de l’eau à travers un remplacement systématique des anciens compteurs par de nouveaux. Il tire la sonnette d’alarme et appelle les consommateurs à y opposer un niet catégorique.
Des équipes de la Sen Eau sillonnent la ville, munies d’une lettre circulaire et de nouveaux compteurs, pour remplacer les anciens compteurs qui ne présentent aucun défaut, ni motif, sinon qu’ils sont vieux de 15 ans. Cette alerte porte l’empreinte de Sos Consommateurs.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», Me Massokhna Kane et ses camarades estiment que ces nouveaux compteurs tourneront plus vite et les factures des consommateurs seront certainement plus élevées. «Refusez énergiquement ces remplacements qui pourraient être le premier acte d’une vaste arnaque de Sen eau qui prétend que cela découlerait d’un accord avec l’Etat du Sénégal», ont lancé Me Massokhna Kane et Cie à l’endroit des Sénégalais. Aussi, les appellent-ils à se mobiliser pour faire face à cette hausse déguisée.
«CE REMPLACEMENT DE COMPTEURS N’AURA AUCUN IMPACT SUR LE PRIX DE L’EAU»
Les responsables de Sen’Eau n’ont pas tardé à balayer d’un revers de main ces accusations. Contactée par «L’As», la directrice de la clientèle, Fatou Diagne Kébé informe que ce changement de compteurs est conforme au contrat qui lie l’Etat du Sénégal et la société Sen Eau. «L’Etat a signé un contrat avec la société Sen Eau. A travers ce contrat, il y a un certain nombre d’obligations que cette dernière doit respecter parmi lesquelles le renouvellement de branchement de canalisation ainsi que du renouvellement des compteurs», a indiqué la responsable de Sen’Eau. Au delà du respect des termes du contrat, Fatou Diagne Kébé estime que ce changement est une opération normale qui permettra de fiabiliser le comptage mais également de remplacer certains compteurs détériorés.
D’autant que, rappelle Mme Kebe, Sen Eau doit facturer par les différentes indexesde18%des clients. «C’est pourquoi, les compteurs détériorés ou même illisibles doivent être changés», insiste la directrice de la clientèle qui ajoute que cela n’aura aucun impact sur le prix de l’eau. «Le compteur sert à compter la quantité d’eau qui passe, il n’y a donc absolument rien de nouveau. Il s’agit juste d’une opération normale qui vise à améliorer la qualité du service afin de mieux satisfaire la clientèle», rassure la directrice de la clientèle.
L’ETUDIANT DAOUDA DEME TAILLADE IBRAHIMA AVEC UNE MACHETTE
L’élection des listes des amicales suscitent toujours de la passion et la convoitise à l’université
L’étudiant en master 2 en informatique, Daouda Dème a hypothéqué son avenir à cause des amicales des étudiants. Il a asséné des coups de machettes au vainqueur de l’ élections de l’amicale des étudiants, Ibrahima Ngom. Pour ces actes, il est poursuivi pour tentative d’assassinat et ils risque 5 ans de réclusion criminelle. Délibéré au 7 septembre prochain.
L’élection des listes des amicales suscitent toujours de la passion et la convoitise à l’université. Et certains étudiants n’ont pas le sens de la mesure. C’est le cas de Daouda Dème. Après avoir perdu devant son rival, il n’a trouvé mieux à faire que d’attaquer Ibrahima Ngom le président sortant avec une machette. Il lui a administré des coups au flanc, à la lèvre supérieure et au crâne. C’est ce qui lui a valu sa comparution hier devant la chambre criminelle pour tentative d’assassinat sur la personne d'Ibrahima Ngom dit Général. L’accusé encourt 5 ans de travaux forcés. En effet, les faits se sont produits en 2018. Suite à des affrontements de deux groupes d’ étudiants, Daouda Dème qui était armé d’une machette, a agressé son camarade alors que celui-ci se rendait au pavillon C. Il lui a donné des coups qui lui ont fait tomber en syncope.
Evacué à l’hôpital, Ibrahima Ngom était dans le coma pendant 22 jours. Mesurant la gravité de son acte, son bourreau a tenté de quitter le pays. Il s’est d’abord rendu à Pire chez sa tante avant de se procurer un passeport afin de se rendre au Maroc. Mais, il a été arrêté le 8 décembre et placé sous mandat de dépôt le 12 du même mois. Pour des raisons de santé, la victime évacuée à l’étranger était la plus grande absente devant le prétoire. Mais, cela n’a pas empêché à Daouda Dème d’avouer avoir occasionné des blessures au plaignant, même s’il nie l’intention de le tuer. L'étudiant en Master 2 en informatique à la Faculté des Sciences à l’Ucad, âgé de 30 ans, révèle avoir partagé avec Ibrahima Ngom une chambre à l’université Cheikh Anta Diop. Mais leur différend est né de l’élection des dirigeants de l’Amicale de la faculté des Sciences. A l’en croire, il a été déclaré vainqueur avec plus de 1000 voix et les résultats ont été imprimés et affichés. Mais, le Doyen a décidé de suspendre les élections parce qu’il n’a pas encore accès à la délibération finale. «Le directeur Cheikhou Oumar nous a convoqués pour nous demander de faire une gestion collégiale, le 14 septembre 2018. Le 17 septembre, quand je suis arrivé à la direction, je n’ai pas trouvé de responsable là-bas. Je me suis rendu devant la Faculté des sciences avec mon ami Diégane. Sur place, Ibrahima Ngom et sa bande nous ont trouvés là-bas tous armés de machette.
Après échanges de propos aigre-doux, ils nous ont attaqués et mon ami Diégane a été blessé à la tête. J’ai récupéré la machette des mains de Philippe que j’ai amené à l’infirmerie. Quelque minutes plus tard, Ibrahima m’a trouvé devant le pavillon C pour m’attaquer et j’ai riposté », renseigne l’étudiant. Cependant, il ne reconnait pas avoir proféré dans un audio des menaces de représailles à l’endroit d’Ibrahima Ngom. Il n’a jamais menacé Général, insiste-t-il tout en reconnaissant avoir fait un audio pour informer les membres de sa coalition qu’il s’est lancé dans le syndicalisme parce que Bassirou Faye était son ami et a été tué sous ses yeux. Le témoin oculaire, Moustapha Ndiaye a aussi été entendu. « Général avait appelé Ibrahima pour lui dire qu’on était en train de distribuer les chambres des logements provisoires.
A notre arrivée, on nous a informés que nos éléments se sont battus avec le camp de Daouda alias Dave ou une personne s’est blessée et on l’a évacué au service médicale spécial. De ce pas, on s’est rendu au pavillon C pour marquer notre empreinte. J’ai vu Ibrahima qui venait du pavillon B, Dave l’a interpellé en lui disant en langue wolof « diguama wax loma yabé» avant de lui administrer trois coups de machette. J’ai partagé pendant 5 ans une chambre avec le plaignant. Par ailleurs, Dave m’a approché pour demander pardon à la victime», a-t- il expliqué. L’autre témoin, Makhtar Thiaw dira que lorsqu’il est sorti du pavillon C, il a vu Général sur le sol. Il était inerte. « Moi je pensais qu’il était mort. Il avait des blessures au crâne, à l’épaule et à la lèvre supérieure. Je fais partie de ceux qui l’ont transporté à l’hôpital pour les premiers soins. J’ai entendu les gens dire que c’est Daouda Dème qui lui a causé ses blessures », a-t-il témoigné. Reprenant la parole, l’accusé dit être conscient du premier coup mais pas du deuxième et du troisième.
LA PARTIE CIVILE RECLAME 100 MILLIONS
L’avocat de la partie civile, Me Idrissa Cissé pense que la tentative d’assassinat ne souffre d’aucun doute. Pour lui, le dessein criminel est établi. « Avant les faits, l’accusé a fait un audio en disant que s’il fallait faire un sacrifice de sang pour préserver le pouvoir dans le cas de la présidence de l’amicale des étudiants, il le fera. Daouda l’a attaqué au moment où ce dernier était seul sans arme. L’arme blanche montre la violence. Une fracture de la voûte crânienne. Mon client est toujours sur son lit d’hôpital », renchérit Me Cissé qui demande 100 millions pour la réparation du préjudice.
5 ANS RECLUSION CRIMINELLE CONTRE L’ACCUSE
Le ministère public rappelle que Daouda Dème n’a pas contesté les faits. « Moustapha Ndiaye a vu Daouda interpellé Ibrahima avec une machette. Ses coups étaient reçus au visage et au crâne. La machette est une arme mortifère. Cela prouve qu’il lui voulait la mort. C’est une tentative de meurtre. Condamner le en tenant compte de son repentir. Je requiers 5 ans de réclusion criminelle», at-il demandé. La défense a demandé la requalification du crime en coups et blessures volontaires (Cbv) de 45 jours. Selon Me Me Bamba Cissé , il n’y a pas eu de guet-apens ni de préméditation. « Mon client est brillant. Il avait un bel avenir. Par un fait inédit. Il a succombé. Celui qui trébuche ne tombe pas mais il doit se relever. Ses parents comptaient sur lui. Les amicales des étudiants n’ont aucun sens ni de l’importance. Je pense que cela doit être supprimé. Il a regretté car il a demandé pardon. Heureusement que la victime est toujours en vie », plaide Me Bamba Cissé. D’après Me Assane Seck leur client a regretté cette volonté de participer à cette histoire de bagarre.
Son confrère, Me Ousseynou Gaye pense que les disputes n’ont duré que 30 minutes avant la confrontation. « Les circonstances excluent les intentions criminelles. Mon client ne voulait pas faire le guet apens. Et personne ne l’a confirmé. Ibrahima est victime d’une double agression et des séquelles bénignes. Il avait des problèmes lombaires car il ne pouvait plus se tenir debout. Il détenait tout le temps une ceinture. Mon client a fait amende honorable devant le juge d’instruction et il l’a renouvelé à la barre. Permettez-lui d’aller au Maroc pour continuer ses études», a plaidé Me Gaye. Délibéré au 7 septembre prochain.
«LES INDIVIDUS QUI ONT FAIT DES COMPLICATIONS LIEES A LA VACCINATION AVAIENT D’AUTRES FORMES DE COMORBIDITES»
Beaucoup de rumeurs et de fausses informations circulent sur les vaccins, poussant d’ailleurs certaines personnes à ne pas se vacciner. Toutefois, la vaccination entraîne certaines complications comme la thrombose, mais d’après le chef de service d’hématologie de l’hôpital Aristide le Dantec, ces personnes qui ont fait des complications avaient d’autres comorbidités.
La vaccination n’a aucun effet grave sur une personne qui n’a pas de comorbidité, c’est-à-dire une maladie sous jacentes. Cette précision est du Pr Awa Omar Touré qui, cependant, a apporté quelques éclairages sur la question. A l’en croire, la thrombose est la complication majeure de la maladie. «C’est la complication qui tue essentiellement, parce que c’est un caillot de sang qui va se bloquer au niveau du poumon, entraînant une infection pulmonaire au niveau du cerveau, entraînant un accident vasculaire cérébral (Avc), et au niveau des reins entraînant une insuffisance rénale. Lorsque cela touche plusieurs organes, on parle d’hématome qui est la complication qui tue essentiellement», explique l’hématologue.
Selon le Pr Awa Omar Touré, «les maladies de réanimation sont devenues moins fréquentes depuis qu’on a commencé la vaccination. Si les patients sont vaccinés, cela devient moins grave. En tant qu’experte dans le Comité de vigilance pour la vaccination, les patients sont suivis pour éclairer la population par rapport à ces patients et à tout ce qui est dit sur les complications thrombotiques liées à la vaccination». Elle ajoute que parmi les complications liées à la présence de ces caillots dans le sang, les malades souffrant de thrombose représentent 15 à 20%. «On s’est rendu compte que parmi ces patients, beaucoup ont des pathologies anodines à la Covid-19. Les individus qui ont fait des complications liées à la vaccination avaient d’autres formes de comorbidités qui pouvaient expliquer la thrombose. Ils avaient également des facteurs héréditaires qu’ils ne connaissaient pas, pour expliquer la thrombose», explique Pr Awa Omar Touré qui indique que l’imputabilité de la vaccination par rapport aux complications n’est pas encore établie.
NDEYE AWA SARR, MEILLEURE ELEVE DU SENEGAL
Pensionnaire de la maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée, Ndèye Awa Sarr a remporté le trophée de meilleur élève du Sénégal
La cérémonie de remise de prix aux lauréats du concours général, édition 2021, s’est tenue hier. Le trophée de meilleur élève du Sénégal a été attribué par Ndèye Awa Sarr. Élève en classe de première S2 à la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée, elle a remporté les premiers prix en allemand et en anglais.
Pensionnaire de la maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée, Ndèye Awa Sarr a remporté le trophée de meilleur élève du Sénégal. Elève en classe de première S2, elle a raflé les premiers prix en allemand et en anglais du Concours général de l’édition 2021, dont la cérémonie s’est tenue hier au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose.
La lauréate a obtenu une moyenne de 15, 83 en classe. Elève en classe de terminale S2, Fatoumata Diop du Lycée scientifique d’excellence de Diourbel occupe la deuxième place, remportant le premier prix citoyenneté et droit de l’Homme et le deuxième accessit en mathématiques. Elle a obtenu une moyenne de 17 en classe et a réussi le baccalauréat avec la mention très bien. Quant au prix de la lauréate la plus polyvalente du concours général, il a été attribué à Khadidiatou Koulibaly, élève en Première S1 à la Maison d’éducation Mariama Bâ de Gorée. Mlle. Koulibaly s’est illustrée dans les matières littéraires, avec le premier prix de la version grecque, le deuxième de mathématiques et le premier accessit de version latine. Pour cette édition 2021 du concours général, 107 distinctions, dont 55 prix et 52 accessits, ont été décernés en fonction des niveaux des notes, avec 63 distinctions en première et 44 en terminale. Les filles occupent la tête du classement avec 54 distinctions dont 26 prix et 28 accessits, les garçons se retrouvent avec 53 distinctions soit 29 prix et 24 accessits.
En ce qui concerne les lauréats, ils sont au nombre de 96, dont 47 filles et 49 garçons. Les élèves des séries scientifiques (51 lauréats), et particulièrement ceux de la série S1 (34 lauréats sur les 51), ont cette année encore remporté la plupart des distinctions.
Lors de son discours le président Macky Sall a indiqué : « je voudrais dire toute ma fierté, mes félicitations et mes encouragements aux lauréates et aux lauréats du Concours général. Les Prix que vous recevez devant la Nation sont le fruit de votre mérite personnel, de votre volonté affirmée, de votre discipline et de votre rigueur librement consenties. Vous offrez, par votre abnégation au travail bien fait, un exemple à suivre pour toute la jeunesse de notre pays ».
LES CHIITES, ENQUETE SUR UNE MINORITE DE PLUS EN PLUS VISIBLE
Le Sénégal est un pays musulman de tradition sunnite confirmée. Raison pour laquelle la place qu’occupe le chiisme dans la pratique religieuse au Sénégal est très faible.
Le Sénégal est un pays musulman de tradition sunnite confirmée. Raison pour laquelle la place qu’occupe le chiisme dans la pratique religieuse au Sénégal est très faible. Malgré les divergences doctrinales entre ces deux écoles sur plusieurs aspects de l’Islam, le chiisme dont la présence remonte paradoxalement à plusieurs siècles, selon certains historiens, est de plus en plus visible. Il parvient peu ou prou à composer avec les autres organisations et foyers religieux.
Sunnites /Chiites : Quelles différences dans l’Islam ? Sunnites et chiites ont en commun les grands principes de l’Islam : la croyance en l’Unicité de Dieu, en sa Parole révélée au Prophète Mahomet sous la forme d’une récitation consignée dans un Livre : le Coran ; la référence aux «propos» du Prophète qui constituent la Sunna (la Tradition). Mais les chiites ne reconnaissent pas la légitimité des trois premiers califes qu’ils accusent d’avoir usurpé le pouvoir en éloignant Ali, le gendre et cousin de Mahomet, considéré par eux comme le premier imam. La mort de Husayn, petit-fils du Prophète, en 680 à Kerbala, enracine la sensibilité chiite dans un récit de passion. En 680 en effet, Husayn, le petit-fils du Prophète, se mit en route pour Koufa (Irak) avec sa famille et une poignée de compagnons afin de clamer son refus de prêter allégeance au nouveau calife Yazid. La troupe fut interceptée par l’armée omeyyade, bien supérieure en nombre, dans la plaine de Kerbala, au bord de l’Euphrate. Le campement de Husayn fut assiégé, puis le 10 du premier mois du calendrier musulman, la bataille s’engagea. Husayn fut tué et décapité. Les rescapés furent amenés auprès du calife, à Damas. Husayn était considéré comme le seul successeur légitime de Mahomet en tant que troisième imam après Ali et son fils Hassan. Sa mort marque le début du chiisme.
Selon l’historienne en Islam contemporain et directrice de recherches au Cnrs, Sabrina Mervin, les chiites représentent 10 à 15% des musulmans dans le monde. Au Sénégal où l’écrasante majorité des musulmans est sunnite, le chiisme est très minoré. Et pourtant, son implantation au Sénégal remonte à plusieurs siècles, selon certaines sources. «Pour situer avec exactitude le début du chiisme au Sénégal, il faut remonter à l’histoire de l’avènement de l’Islam dans le pays au xe siècle. Certains affirment que c’est à partir de cette date que les chiites seraient arrivés au Sénégal en compagnie des commerçants arabes qui venaient du Maroc, traversaient le Mali, la Mauritanie puis le nord du Sénégal et continuaient vers la Guinée en passant par la Gambie, pour des activités commerciales», renseigne Dr Macomba Diop dans son livre : «L’Introduction du Chiisme au Sénégal». Cette thèse est partagée par Alioune Badiane de l’Institut Mozdahir International (IMI) qui indique qu’une partie des premiers musulmans sénégalais étaient de confession chiite à cause de l’influence de ces Arabes. Mêms’ils ne savaient pas à l’époque ce qu’était le chiisme et sa différence avec le sunnisme qu’ils pratiquent aujourd’hui. Cependant, souligne Dr Diop, il reste difficile de vérifier ces hypothèses construites à partir de sources orales. L’historien admet toutefois une présence chiite au Sénégal bien avant les années 1950. Dans le même ordre d’idées, Dr Macoumba Diop précise dans son livre que même s’il s’avère que la plupart des populations libanaises qui s’exilent vers l’Afrique sont des musulmans de confession chiite, l’introduction du chiisme dans la population locale n’est pas passée par ces derniers. «Cet exil est la conséquence de répressions, d’humiliations et de persécutions de l’administration ottomane à l’époque. De ce fait, leur installation au Sénégal n’avait pas un but de prosélytisme religieux», explique l’historien dans son livre.
L’INFLUENCE DE LA REVOLUTION IRANIENNE DE 1979
Il faut attendre la révolution iranienne de 1979 pour voir la composition des chiites sénégalais changer. Selon plusieurs thèses, le modèle iranien a influencé considérablement le concept même de révolution. Les Sénégalais ne parlaient pas de révolution avant celle d’Iran. Ils utilisaient le terme de lutte contre la colonisation. Après 1979, il a été constaté l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes arabisants en provenance du monde arabe et porteuse d’un discours de rupture et revendicateur. «La deuxième génération est surtout composée de jeunes étudiants nés après l’indépendance. Ils ont grandi avec l’arrivée de la tendance chiite. Et cette tendance grandit et s’affirme petit à petit dans les quartiers.
Les premiers disciples s’organisent autour de groupements plus formels et plus engagés dans la vie politique et sociale que ceux des générations 1930. Ces premiers disciples chiites sont souvent attirés par le personnage de l’imam Khomeiny. Ils commencent à fréquenter l’ambassade de l’Iran à Dakar, pour se renseigner sur le chiisme et sur la personne de Khomeiny. De son côté, l’ambassade d’Iran à Dakar fournit des livres et des journaux traduits en langues arabe et en français à ces jeunes dont la plupart sont des lycéens et des étudiants de l’université de Dakar. Ces derniers retournent au campus universitaire et dans les quartiers de Dakar où ils organisent des débats de rue avec les populations afin d’essayer d’expliquer ce qu’estle chiisme et propager son message », relate toujours Dr Diop dans son ouvrage. Il rappelle aussi que les premiers ‘’convertis’’ au chiisme ont suivi des parcours spécifiques. «Certains sont devenus chiites à partir de voyages d’études effectués en Iran ou en Syrie : c’est le cas de certains étudiants des années 1970. Pour la majorité, ils sont issus du mouvement ibaadou rahmane et ont rejoint le chiisme après la révolution iranienne. Ces deux facteurs sont les plus marquants dans le processus d’implantation et d’intégration du chiisme au Sénégal», souligne-til
PLUS D’UN MILLION DE CHIITES AU SENEGAL ?
Interrogé par ailleurs sur le nombre de chiites au Sénégal, le chargé de communication du Conseil des Oulémas d’Aklal Bayt du Sénégal affirme qu’un chiffre exact ne peut pas être avancé. «Mais selon les approximations, on serait plus d’un million au Sénégal», dit-il. Revenant par ailleurs sur leurs rapports avec les autres organisations religieuses et l’Etat, il déclare : ‘’On ne sent aucune discrimination avec les foyers religieux .On nous invite officiellement lors des Gamous et des Magals. Nos différentes organisations fonctionnent aussi en toute transparence.’’
A l’en croire, les khalifes comme Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh, Serigne Saliou avaient même écrit un mémorandum pour dire que les chiites ont les mêmes droits que les autres branches de l’Islam au Sénégal. Il signale dans la foulée qu’il y a beaucoup de traits en commun entre le soufisme et le chiisme. D’ailleurs, insiste-t-il, dans nos œuvres sociales, on ne fait pas la différence entre sunnites et chiites
ACHOURA, MARIAGE TEMPOREL… AUX ORIGINES DES DIVERGENCE
Il y a plusieurs aspects qui différencient les sunnites et les chiites. Mais est de constater que la place des compagnons du Prophète, le mariage et la célébration de la Achoura (Tamkharite) constituent des divergences fondamentales entre Chiites et Sunnites au Sénégal et plus généralement dans le monde.
Les Sunnites constituent le courant largement majoritaire de l’islam. Dans le monde, les musulmans sont constitués environ de 85% de Sunnites contre 15% de Chiites. Toutefois, l’Irak, l’Iran et le Bahreïn sont à majorité chiite. Les musulmans sunnites et chiites partagent les croyances islamiques ainsi que les articles de foi les plus fondamentaux, et constituent les deux principaux sous-groupes de l’Islam. Ils diffèrent cependant sur certains aspects. «Il y a un peu de différences dans la pratique comme dans notre manière de prier. En plus, on considère aussi que le Prophète avait désigné 12 imams infaillibles qui doivent être suivis jusqu’à l’imam Mahdi qui devra venir pour sauver l’humanité à la différence des Sunnites qui pensent qu’il y a aucune succession designée par le Prophète. C’est pourquoi, les Chiites croient aux 12 imams alors que les Sunnites ne croient qu’à 4 khalifes. Contrairement à ceux que certains disent, on ne leur manque pas de respect, mais c’estjuste qu’on se conforme aux dires du Prophètes qui avait désigné etles 12 imams», affirme le chargé en communication du Conseil des Oulémas d’Ahllay Bayt du Sénégal, Abdoulaye Diallo. Représentant du Cheikh Yakhoubi d’Iran au Sénégal, MonsieurDiallo est revenu sur le sens de la célébration du «Tamkharite» qui constitue aussi un des points de discordance avec les Sunnites. «Ce jour ne peut pas être un jour de fête pour les Chiites, parce la mort de l’imam Hussein a fait pleurer le Prophète Mouhamad (PSL) bien avant qu’il ne soit tué», soutientil. C’est pourquoi, indiqueAbdoulaye Diallo, les Chiites ne prennent pas de femme pendant les mois de «Tamkharite» et de «Safar». «Parce que c’est durant ce mois que l’on célèbre le 40ème jour de la mort du petitfils du Prophète», poursuit le chargé en communication de ce mouvement chiite. Dans son livre «Islam, Science et Société», l’Imam Makhtar Kanté relativise toutefois cette tendance.
A l’en croire, le courant Chiite fabrique une interprétation d’Achoura assujettie à leur prétendu amour sans limites de la famille du Prophète. Il estime que cette interprétation vise à détourner le sens originel d’Achoura vers la célébration du martyr d’Imam Hussein. «En effet, ce petit-fils du Prophète sera tué avec des membres de sa famille et ses compagnons lors de la confrontation fratricide qui a eu lieu le 10 Muharram à Karbala, en terre d’Irak. Cette tragédie pour énorme qu’elle fut, sera instrumentalisée par les idéologues chiites, qui sont connus pour leur capacité spéculative et leur duplicité hors du commun, aux fins de propager l’idée selon laquelle la signification décisive d’achoura réside dans le martyre de l’imam Hussein», déclare Imam Kanté qui ajoute que c’est la raison pour laquelle le jour d’Achoura les masses chiites se flagellent le corps à sang . «Malgré la diabolisation concernant notre position sur le mariage, on voit rarement au Sénégal les Chiites divorcer de leurs épouses» Une position qui tranche d’avec celle d’Abdoulaye Diallo qui pense la mort de l’Imam Hussein a fait pleurer le Prophète et les gens d’Aklal Bayt. Par conséquent, souligne-t-il, cette date ne peut pas être jour heureux pour les musulmans.
Evoquant le mariage temporel chez les Chiites, il s’est voulu très catégorique. «Sur le mariage, on voit rarement au Sénégal des Chiites divorcer de leurs femmes. Contrairement à ce que l’on nous prête, on respecte la femme. On ne banalise pas le mariage», rassure le chargé en communication des Chiites avant d’ajouter : «Nous exigeons les mêmes conditions que les Sunnites pour le mariage. Ce n’est pas vrai que pour se marier, il faut juste avoir l’accord de la femme de manière lapidaire. Et, ce dans l’objectif d’avoir des rapports sexuels». A l’en croire, on ne peut citer un Chiite qui est épinglé dans ce genre de débauche. «C’est une position de principe tirée de la tradition que nous défendons et qui stipule que le mariage temporel existait du temps du Prophète. Mais, c’est diffèrent de la banalisation et de la diabolisation que l’on entend souvent quand on parle de mariage dans le Chiisme», s’offusque-t-il.
CHEIKH MONHEIM ZEINE, CHERIF ALI AIDARA : LES DEUX FIGURES DE PROUE DU CHIISME AU SENEGAL
Deux guides chiites sénégalais, selon l’historien Macoumba Diop, réussissent à pénétrer l’espace religieux pour se positionner parmi les marabouts classiques traditionnels. L’un est le guide de la communauté chiite libano-sénégalaise, le cheikh Monhéim Zéine élu au rang de calife d’Ahl-bayt au Sénégal, un titre que lui ont attribué les califes généraux des deux grandes confréries sunnites, le calife des Mourides, Serigne Saliou Mbacké (1990-2007) et le calife des Tidianes, Serigne Mansour Sy (1997-2012). Cette reconnaissance officielle de la part des marabouts sunnites d’une représentation chiite au Sénégal constitue une avancée majeure dans la perception du chiisme par les Sénégalais. Depuis la reconnaissance de ce titre de calife chiite au Sénégal à côté des autres califes sunnites, la communauté chiite libano-sénégalaise devient l’une des organisations chiites les plus influentes et les plus connues. L’autre guide chiite qui trouve sa place dans la sphère islamique au Sénégal est celui de la communauté Mozdahir international, le chérif Ali Aïdara. Ce Sénégalais d’origine maure de la Mauritanie est connu en 2000 quand il crée l’organisation non gouvernemental Mozdahir international : une organisation dont le but est la diffusion du chiisme au Sénégal à travers des activités économiques, éducatives et sociales. Le guide crée alors des centres de formation gratuite dans différentes région du Sénégal et recrute des élèves dans les niveaux élémentaires et secondaires afin de les former en théologie chiite et dans les sciences islamiques15. En plus de ces centres de formation, l’organisation ouvre, en 2007, une faculté d’enseignement supérieur à Dakar16.
Les étudiants sont recrutés par concours et ceux qui sont admis sont pris en charge à la fin de leurs cursus pour qu’ils puissent continuer leurs études à l’étranger notamment en Iran et en Irak. À la différence de la communauté libanaise, le guide chiite de l’I.M.I est très présent dans les médias sénégalais. Il dispose des outils de communication que son confrère libanais n’a pas. En plus de cela, il est entouré par des hommes médiatiques sénégalais convertis au chiisme, qui par leurs travail de propagande à travers les médias exportent le chiisme dans tout le pays. Parmi ces hommes, il y a d’anciens animateurs de radio, d’anciens professeurs d’école et avec eux, le chérif Ali Aïdara multiplie les conférences et les débats télévisés pour expliciter les positions des chiites dans les questions de société. Bien qu’il ne soit pas reconnu officiellement par les autres guides religieux sunnites comme le représentant légal de la communauté chiite, le chérif Ali Aïdara reste le leader chiite le plus connu par les Sénégalais grâce à ses actions médiatisées et à ses représentants.
CHEIKH IBRAHIMA SOW, ISLAMOLOGUE «ILS ONT DEVOYE CERTAINS DIRES DU PROPHETE»
‘’C’est un courant qui a une interprétation tendancieuse des textes coraniques et de la tradition prophétique. Ils sont des inconditionnels de Seydina Ali qu’ils considèrent comme le meilleur de la communauté après le dernier Messager. Ainsi, ils ont une faible reconnaissance des autres compagnons. Force est de reconnaître qu’ils sont disséminés maintenant à travers le pays avec une bonne organisation et une bonne communication qui a séduit beaucoup d’intellectuels musulmans. Ils avancent masqués, en construisant des mosquées, des écoles. Leur capacité financière a fortement joué dans leur implantation au Sénégal. Ils ont influencé beaucoup d’intellectuels ibadou Rahman grâce à leur maîtrise des textes et leur manière de communiquer. Ils ont beaucoup joué sur la méconnaissance et le manque de détermination de certains musulmans sénégalais. Toutefois, les chiites ont fait une interprétation erronée et fallacieuse des textes coraniques et de la tradition prophétique. Nous ne sommes pas d’accord avec eux sur plusieurs points. Ils ont dévoyé certains dires du prophète.’’
COMMENT LE TER DE MACKY SALL A DÉRAILLÉ
Le train express régional roulera-t-il un jour ? Alors que ce grand projet devait être le symbole de l’émergence du pays, les nombreux reports de sa mise en circulation font désormais les choux gras de l’opposition
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 18/08/2021
Depuis le bureau du directeur, au deuxième étage du bâtiment de briques ocre, la vue est imprenable. Plusieurs rames flambant neuves, immaculées ou presque, sont entreposées là. Un peu plus loin, on aperçoit les toits de Colobane, la deuxième gare la plus importante de Dakar après celle du centre-ville. Frédéric Bardenet ouvre la fenêtre : « Vous voyez, ce sont de vraies rames ! Est-ce qu’elles sont en train de prendre la poussière ? »
Le Français est le directeur général de la Seter, une filiale de la SNCF qui sera chargée de l’exploitation et la maintenance du train express régional (TER) à ses débuts, mission qui sera ensuite confiée à une structure sénégalaise. S’il insiste pour montrer que tout le monde s’active pour qu’il soit mis en service rapidement, c’est parce qu’il sait que beaucoup de Sénégalais commencent à douter sérieusement qu’ils monteront un jour dans ce train censé révolutionner le transport urbain de la capitale sénégalaise.
Rames à quai
Une nouvelle date a pourtant été annoncée, le 5 mai dernier, par le président Macky Sall lui-même. Il a promis que le TER roulerait avant la fin de l’année. Une échéance jugée réaliste par l’ensemble des acteurs interrogés par Jeune Afrique. Mais qui y croit encore ?
À partir du moment où le chef de l’État a circulé lui-même à bord du train express régional, les Dakarois s’attendaient à pouvoir eux aussi profiter très vite de ce nouveau mode de transport. C’était le 14 janvier 2019, à la veille de l’élection présidentielle. Macky Sall a été réélu pour un second mandat mais, deux ans et demi plus tard, les rames sont toujours à quai. « La première chose dont les gens nous parlent, c’est du retard », admet Aminata Dia, chargée par la Seter de faire connaître le TER avant sa mise en circulation.
En janvier 2019, un Macky Sall triomphant se félicitait de réceptionner « le tout premier projet ferroviaire de l’histoire du Sénégal indépendant », porteur de ses ambitions de « progrès, de bien-être et de modernité ». Le TER, assurait alors le chef de l’État, n’était rien de moins qu’une « grande révolution » et un symbole pour le « Sénégal émergent ». « Le TER n’est pas seulement un moyen de transport rapide. Il nous projette à grande vitesse dans le temps de la modernité », promettait Macky Sall. Vitesse de pointe de 160 km/h, rames climatisées en première et deuxième classes, le train doit parcourir les 36 km qui séparent la capitale du pôle urbain de Diamniadio en 45 minutes, et transporter quotidiennement 115 000 personnes. L’idée a de quoi enthousiasmer… Si seulement le train pouvait rouler.
« Cette mise en service, c’est un peu le péché originel. Le TER s’est construit très vite pour un projet de ce type, mais comme le 14 janvier 2019 avait été perçu comme une inauguration, le projet est vu comme étant en retard depuis le 15 janvier », déplore Frédéric Bardenet. Un avis partagé par un proche de Macky Sall. « Les différences annonces qui ont été faites n’ont pas été concertées et sont politiques avant tout », admet-il.
L’opposition annonce une coalition électorale pour contrôler les collectivités territoriales. Mais plusieurs fois, ses tentatives de regroupement ont échoué à cause de ses querelles internes. Le président Macky Sall aussi a, souvent, d’une manière ou d’une autre, participé à l’éclatement des coalitions.
Ousmane Sonko a annoncé l’imminence d’une grande coalition de l’opposition pour aller à l’assaut des élections territoriales. «Dans les prochains jours, ou même prochaines heures, nous allons présenter aux Sénégalais, une grande coalition de l’opposition qui va achever ce régime», a-t-il dit lors de la cérémonie d’officialisation de la fusion de Pastef et de 13 autres partis et mouvements, le 13 août dernier. Cette plateforme électorale a été longtemps et maintes fois annoncée. C’est une question de vie ou de mort… politique pour les uns et les autres. Pour les partis qui doivent confirmer leur leadership et les élus en sursis du fait de la reconfiguration de l’opposition. Dès fin mars 2021, au lendemain des émeutes parties de l’arrestation du leader de Pastef, le Front de résistance nationale (Frn) avait organisé une rencontre avec «les partis politiques de l’opposition, le M2D, la coalition Jotna, le Crd, les mouvements et associations de la Société civile, les syndicats de travailleurs, les activistes et lanceurs d’alerte de tous bords» pour la mise en place d’un «Grand cadre d’unité d’action». Puis, en mai dernier, c’est le coordonnateur du Frn lui-même, Mohamadou Moctar Sourang, qui disait au Jury du dimanche de I-Radio : «En tout cas, en tant que coordonnateur du Frn, à partir de maintenant, je travaille pour la constitution d’une large coalition de l’opposition. Nous allons y aller ensemble pour gagner ces élections. Nous sommes convaincus que le Président Macky Sall n’a plus la majorité dans ce pays. Le M2D, proche de Ousmane Sonko, et le Frn sont en discussion et sont en train de parachever ce qu’on appelle un «mécanisme d’unité d’action» qui va nous permettre d’agir, de manifester et de revendiquer ensemble. Et je puis vous assurer que c’est presque bouclé.» «Bouclé», mais trois mois après, ça peine à se concrétiser. Mais pourquoi cette longue gésine ? Tout indique que le Front de résistance nationale (Frn) est sur la «bonne voie», mais la tâche est délicate parce qu’elle requiert des arrangements, des concessions, des sacrifices pour arriver à des investitures consensuelles. Et tout indique que c’est la formule de Benno siggil Senegaal en 2009 qui se profile : miser sur les hommes forts dans leur fief. A la seule différence, cette fois, que c’était plus facile pour le Ps, l’Afp, l’Apr et autres parce que c’était une élection au suffrage universel indirect où les élus étaient désignés par des conseillers. Avec le nouveau code électoral, on connaît à l’avance celui qui sera maire ou président du Conseil départemental en cas de victoire.
Se sauver ou périr
Dans tous les cas, les leaders de l’opposition sont conscients des grands enjeux de cette élection qui nécessite un front uni et unique pour espérer prendre des communes ou villes. «Soit on est ensemble, soit on disparaît», avait averti M. Sourang. Qui ajoutait : «Déjà, il y en a qui ne peuvent plus être candidats. Si on n’y prend garde, même pour Ousmane Sonko, il y a beaucoup d’incertitudes. Il a un dossier et ils (le pouvoir) peuvent le prendre comme une épée de Damoclès. Ils peuvent attendre les élections pour le convoquer, le déstabiliser. Personne n’a intérêt à aller aux élections seul. J’ai une position qui me permet aujourd’hui de discuter avec les uns et les autres dans ce sens.» Le 10 juin dernier, c’est le leader du Grand parti qui a lancé «l’Appel de Kaolack». «Devant l’impérieuse nécessité de le réaliser, l’opposition n’a d’autre alternative que de s’unir. C’est tout le sens de l’appel historique que j’adresse, depuis le Saloum, à toutes les forces vives de la Nation pour une unité intégrale de l’opposition, des mouvements citoyens et de la Société civile», avait déclaré Malick Gakou. Ces appels insistants à l’unité s’expliquent, en effet, par la capacité de nuisance du pouvoir qui a les yeux rivés et les oreilles scotchées sur les stratégies que peaufine l’opposition. C’est en fonction de cela que le Président Macky Sall trouve les moyens de les diviser ou de les disperser. Comme il a eu à le faire par le passé en s’appuyant sur la machine de la majorité présidentielle.
Enseignements et renseignements généraux
Ils sont nombreux à redouter une nouvelle division de l’opposition en direction des Locales du 23 janvier 2022. Pourtant l’épisode des avec les deux camps, celui de Wade et celui de Khalifa Sall est un enseignement à tirer puisque la grande coalition Manko wattu Senegaal, qui ambitionnait d’imposer la cohabitation en contrôlant l’Assemblée nationale, a buté sur le choix de la tête de liste. Khalifa Sall, qui était en prison, a mis sur la balance son statut de maire et «maître» de Dakar pour avoir pris les 16 communes sur les 19 de la capitale. Or, Abdoulaye Wade, en plus de son pedigree d’ancien président de la République, avait déjà un Pds fort de son groupe parlementaire et de son assise nationale. C’est ainsi que se sont constitués deux grands pôles : Khalifa Sall prend le Mankoo et y ajoute son taxawu Senegaal avec des alliés comme Idrissa Seck et Malick Gakou, et Wade maintient le Wattu Senegaal avec Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo, Mamadou Diop Decroix, entre autres. Le résultat est décevant puisque Benno bokk yaakaar a obtenu presque le même nombre de sièges qu’en 2012, à l’arrivée de Macky Sall. Le Pds et ses alliés ont pu amasser plus qu’un groupe parlementaire. Chat échaudé craint l’eau froide. C’est pour cela que tous ou presque appellent à l’unité. Le président du Grand parti l’a encore en travers de la gorge. «Macky Sall n’est pas fort mais c’est l’opposition qui est faible par ses divisions. En 2016, nous étions divisés et on s’est fait battre. Au lendemain du référendum, j’ai rencontré des acteurs politiques et Wade pour créer la coalition Manko wattu Senegaal, pour que cette plateforme puisse devenir une coalition politique. Manko a été finalement disloquée pour un problème de tête de liste. Il faut qu’on oublie nos intérêts personnels pour l’intérêt national», avait dit Malick Gackou qui recevait Ousmane Sonko le 17 mars dernier à la permanence du Grand parti.
Macky et ses coups de pied dans la fourmilière de l’opposition
Des fois c’est l’opposition elle-même qui éclate par ses querelles d’ego. «Il faut tirer des leçons que le Peuple nous a adressées. Il faut oublier nos ego car le Peuple a espoir en nous. Nous devons être à la hauteur de ça. Nous demandons à toutes les forces vives de nous rejoindre pour forcer Macky à appliquer l’agenda et ensuite partir. Il faut mutualiser nos forces pour le contraindre à respecter nos exigences», avait dit Sonko. Mais d’autres fois c’est le Président Sall lui-même qui disperse les blocs par des promesses et promotions de gros poissons qu’on imaginerait jamais dans les eaux du pouvoir. Et même par des torpilles lancées dans les réunions de l’opposition avec des taupes plus efficaces que des Rg (Renseignements généraux). D’autres plateformes de l’opposition comme le Front pour la défense du Sénégal (Fds/Mankoo wattu Senegaal) ou encore l’Initiative pour des élections démocratiques (Ied), ont subi la loi du pouvoir. Pour prévenir ces trahisons, les leaders de Manko wattu Senegaal avaient décidé, le 20 septembre 2016, d’établir un Code de conduite. La métaphore de Gakou est révélatrice de la fragilité de l’opposition qui peine à être un roc devant les tentations du pouvoir. «C’est une unité granitique que la réalité nous impose. Unis nous sommes forts, mais divisés nous sommes faibles. Cette fois-ci, c’est le bon moment pour reconstruire ce pays (…) Le pouvoir a surfé sur nos divisions pour gagner du terrain», avait-il ajouté. Le leader de Pastef aussi ne néglige pas cette capacité de Macky Sall à mettre un coup de pied dans la fourmilière de l’opposition en gestation. Même s’il est convaincu que les alliés ne répondront plus aux sirènes du Palais. «Cette fois-ci, personne ne pourra diviser cette coalition, comme ils ont l’habitude de le faire en corrompant ou en menaçant les uns et les autres. Nous irons ensemble aux Locales, puis aux Législatives et, ensuite, nous mettrons en place un cadre pour superviser le processus qui mène à la présidentielle. 2024, ils vont nous remettre notre pays», avait promis Sonko.