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10 septembre 2025
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MÉDECIN DU TRAVAIL, MODE D’EMPLOI
Quel est le rôle d’un médecin du travail ? Où et comment travaille-t-t-il ? Une entreprise de plus de 400 personnes est censée recruter un médecin du travail, différent du médecin d’entreprise. Cette norme est-elle respectée ? Réponse dans cette interview
Sa mission dans la société est capitale en termes de sécurité, mais certainement peu comprise. À la fois clinique que préventive, le médecin du travail est un homme/une femme de terrain au sein des entreprises et autres structures. Est-ce que les entreprises respectent cette norme ? Qui peut avoir besoin d'un médecin du travail ? Comment opère-t-il Le Sénégal a-t-il suffisamment de médecins du travail pour couvrir le besoin ? Pour répondre à ces questions AfricaGlobe Tv recoit comme invité le Dr Moustapha Sakho, médecin du travail affecté à l’hôpital Aristide Le Dantec depuis 2017.
Conformément à la loi, une entreprise de plus de 400 personnes doit recruter au moins un médecin du travail différent de qu’on appelle médecin d’entreprise. Mais force est de constater que ce n’est malheureusement pas toujours le cas. La medecine du travail fait partie des spécialités qui manquent de ressources humaines. D'ailleurs l'hopital Ariste Le Dantec qui pas pratiquement un siècle d'existence, Moustpah Sakho est le premier médecin du travail. Toutefois, il note de plus en plus l'intéret de jeunes médecins pour cette spécialité qui ne court pas les rues dans le pays. Suivez son entretien.
Est-ce que les entreprises respectent cette norme ? Qui a besoin de médecins du travail ? Comment opère-t-il Le Sénégal a-t-il suffisamment de médecins du travail pour couvrir le besoin ?
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RUGBY, UNE MAL AIMÉE DES DISCIPLINES SPORTIVES?
Au Sénégal, il y a des sports qui sont politiquement rentable, économiquement profitable et socialement adoptable. Parmi ces sports, il y a la lutte et le football. En revanche, beaucoup d’autres sport sont presque orphelins et parfois catalogués
Dans la deuxième partie de cet entretien, le coach de Rugby Alexis Arnal Bass nous parle de cette discipline sportive, bien présente au Sénégal, pratiquée par des Sénégalais y compris dans les banlieues et ce, en dépit du manque de soutien.
Au Sénégal, trois disciplines sportives, voire une, ont (a) l'attention de l’Etat et/ou des sponsors. Ce sont respectivement le football, la lutte et de manière marginale, le basket.
Le football et la lutte par exemple, sont très populaires. Le football a toujours eu le soutien des autorités en termes de financement, sur le plan symbolique et moral. C’est souvent une cause nationale quand Les Lions/Lionnes vont participer à des compétitions.
De même dans la lutte, quand bien même la présence de l'État n'est pas manifeste, au moins les sponsors soutiennent cette discipline pour y faire du business.
En revanche, la plupart des autres disciplines sportives, à part peut-être le basket, n'ont pas le soutient qu’il faut pour émerger. C’est dans cette catégorie de sport délaissé, que se place le du Rugby, encore considéré, à tort, comme un sport de toubab, ou un sport trop violent. Pourtant, malgré les maigres moyens de l'équipe nationale du rugby, elle fait des résultats lors des grandes compétitions.
Même si les autorités ne font pas une remise symbolique du drapeau aux joueurs quand ils doivent partir en compétition comme c’est le cas avec le football ou le basketball.
PAR Elgas
MOHAMED MBOUGAR SARR, L'ÉMANCIPATION PAR LA LITTÉRATURE
Mettre en avant le symbole, dans la victoire éclatante de l’auteur sénégalais, récompensé par le prix Goncourt, est réducteur. Car Mohamed Mbougar Sarr a justement su s’affranchir des tentatives d’assignation culturelle
Que le prix Goncourt crée des remous et amène certains commentateurs à brasser du fiel, c’est plutôt commun. Les frères Jules et Edmond de Goncourt, qui le baptisèrent, n’ont d’ailleurs pas toujours fait dans la dentelle. C’est l’une des identités de la plus haute distinction de la galaxie littéraire française que d’avoir ses mythes, ses rumeurs et autres mesquineries. On peut fort bien s’en accommoder, c’est de l’ordre du folklore. On peut même en sourire.
Clichés exotisants
Qu’en revanche Didier Decoin, l’actuel président de l’académie Goncourt, se fende dans une interview de déclarations équivoques sur « l’hermétisme » supposé de « certaines phrases, certaines tournures » de son tout nouveau lauréat, Mohamed Mbougar Sarr, cela surprend pour le moins. Peu avare de clichés exotisants, il poursuit dans la même veine quand il explique que les mots de l’auteur lui évoquent une « statuette fétichiste » et clôt ses comparaisons par des allusions malvenues sur une syntaxe littéraire « un peu africaine ».
Ces déclarations, qui accompagnent le couronnement du prodige sénégalais, n’ont pas manqué d’interpeller, voire de choquer, certains commentateurs ayant repris, bien entendu, le refrain de cette petite chanson désagréable.
Comme un air convenu, le politique tend ainsi à engloutir la littérature. C’est toujours la plus grande des injustices. D’autant que le livre primé, précisément, explore ce rapport entre littérature, symboles et politique. Et qu’il anticipe et dénonce magistralement ces tentatives d’assignation qui relèvent du maternalisme.
Mettre en avant le symbole, dans cette victoire éclatante, est, il faut bien le dire, tentant. Mais c’est surtout réducteur, voire à rebours du texte de Mohamed Mbougar Sarr. Dans une France marquée par des crispations identitaires, un Noir, jeune, étranger, de province, méconnu, un siècle après René Maran, récipiendaire du plus prestigieux prix automnal, ça vous pose un Goncourt particulier – et qui, de l’avis des gens du milieu, se cherche une nouvelle virginité ! De là à en faire le primat, à prospérer comme lecture première et unique, à écraser la valeur intrinsèque du texte, à ressusciter les pires stéréotypes de nature à singulariser et parquer les littératures du Sud, il y a un monde. Dans un moment aussi fondateur, ce serait un terrible aveu de la survivance de vieux schèmes.
Islamologue, chercheur, phytothérapeute de renom, Serigne Gora Sèye a édité, sur fonds propres, son premier ouvrage intitulé : «Naturmede». Un ouvrage où il partage ses connaissances sur les secrets et bienfaits des plantes. La présentation de l’ouvrage a eu lieu mercredi dernier, à la chambre de commerce de Dakar en présence d’autorités étatiques scientifiques et religieuses.
Sa passion pour les plantes a conduit tout naturellement Serigne Gora Sèye à écrire ce livre, pour partager ses recherches et ses connaissances sur les secrets et bienfaits des plantes et permettre aux populations de mieux comprendre l’utilité et l’importance des plantes, pour enfin une bonne utilisation de la phytothérapie. «Tout ce qui fait vivre l’Homme provient de l’arbre. Au-delà de leur échange, respectivement de gaz carbonique et d’oxygène avec l’Homme, les plantes sont d’une utilité inestimable et souvent ignorée. Toutefois, nous devons donner plus de valeur aux plantes et surtout nous rapprocher, au besoin, d’un bon phytothérapeute pour bénéficier pleinement de leurs bienfaits et vertus», signale l’auteur. Le phytothérapeute, auteur et chercheur, précise que le titre de l’ouvrage est venu naturellement, après mûre réflexion. «Je me suis dit que je dois donner un titre comme la nature mais, puisque je n’aime pas les choses très ordinaires, je me suis contenté de créer un mot, en faisant une sorte de liaison entre nature et remède.»
L’accès aux médicaments est souvent très difficile en Afrique et quotidiennement, des centaines de personnes affectées par des maladies convergent au domicile de Serigne Gora Sèye, en vue de bénéficier de sa science des plantes.
Originaire de Ndothie Sèye dans la région de Louga, le village fondé par ses grands-parents constitue, selon lui, sa source d’inspiration pour perpétuer l’œuvre de ses ancêtres. En effet, l’auteur avance que cet ouvrage «est un legs que je laisse à l’humanité, à la postérité, à mes arrièrepetits-fils, afin que mon passage sur terre soit a jamais marqué d’une pierre blanche». A travers le livre, l’auteur compte également développer une passion et la partager durablement avec la jeunesse partout à travers le monde pour leur bienêtre, en aidant ces jeunes à vaincre la dépendance et l’alcool, grâce à un traitement par les plantes. Il présente ainsi des recettes qui, ajoute-t-il, assurent une santé populaire accessible à tous.
Dans Naturmede, l’auteur ambitionne d’élargir, de moderniser ses activités, pour en faire bénéficier le maximum de personnes partout au Sénégal et dans le reste du monde, en créant le cabinet Bio keneya. «Grâce à notre projet phare, un centre de traitement spécialisé, nous serons en mesure de traiter l’addiction et la dépendance à la drogue», assure-t-il.
D’après lui, Naturmede, c’est le premier tome d’une série d’ouvrages thérapeutiques consacrés uniquement aux plantes médicinales, dont 16 plantes qui renferment des vertus énormes et qui sont traitées dans différents chapitres. «Ce livre est un viatique, une contribution pour le bienêtre de l’humanité, de l’Homme. Il est donc important de connaître les plantes et leurs vertus, traitées dans ce Tome 1, en attendant le Tome 2 qui sera consacré particulièrement aux plantes herbacées, elles aussi très utiles à l’Homme». «Pour ma part, mon destin est de servir l’humanité à travers la santé», précise le guide spirituel.
15 ans de recherches
Cet ouvrage, qui est le fruit de plus de quinze ans de recherches et de pratiques, «se consacre à reconstituer et à rassembler l’ensemble des connaissances ethnobotaniques, ethnopharmacologies et thérapeutiques de la plupart des plantes utilisées dans la médecine traditionnelle africaine», souligne le Dr Bédié Mbow, dans la préface de l’ouvrage. En Afrique, l’utilisation des essences végétales à des fins thérapeutiques est une pratique ancestrale. Selon Dr Bédié, le préfacier, cet ouvrage de Serigne Gora Sèye a eu le mérite d’être à la disposition des jeunes chimistes, pharmaciens et biologistes, comme un outil indispensable pour une meilleure connaissance des effets vertueux des plantes. «Les étudiants en formation doctorale feront de cet ouvrage le meilleur usage, notamment dans le choix et le déroulement de leurs sujets de thèse, en rapport avec les plantes médicinales d’Afrique. Quant aux chercheurs seniors, ils le consulteront, chaque fois qu’ils en sentiront le besoin», fait savoir Dr Bédié Mbow du Groupe de recherches sur les substances bioactives de la Faculté des sciences et techniques de l’université Cheikh Anta Diop. Abdoulaye Sow, le directeur de la Chambre de commerce de Dakar, indique, pour sa part, que «ce livre matérialise la générosité intellectuelle de Serigne Gora Sèye. Elle est une réponse africaine pour les problématiques de l’heure», dixit M. Sow
CINQ CAMEROUNAISES FORMEES PAR LE BCI DE TOUBAB DIALAO
Cinq femmes, provenant de zones rurales du Cameroun, ont reçu, lundi dernier, leur diplôme à l’issue d’une formation de quatre mois sur des techniques d’électrification au solaire.
La remise des diplômes, marquant la fin de la formation subie au Barefoot collège international (Bci) de Toubab Dialao (commune de Yène), s’est tenue dans l’établissement ayant démarré ses activités cette année. «Aujourd’hui, elles sont capables de monter des panneaux et des lampes solaires, de les réparer, de les installer et de les entretenir», a indiqué, lors de la rencontre, Karine Sarr, Coordonnatrice régionale du Barefoot collège international. «L’autre phase du projet démarrera quand ces femmes procéderont à l’électrification de chacun des foyers qui forment leur communauté.
Grâce à l’équipement offert par l’Unesco et ses partenaires, ces ménages auront accès à l’éclairage quotidien et pourront bénéficier d’autres avantages tels que permettre à leurs enfants d’étudier sous la lumière, obtenir des informations grâce à la radio, se divertir grâce à la télé, conserver leurs aliments grâce à des frigos, être en contact avec le reste du monde en rechargeant leurs téléphones portables, générer de nouveaux revenus», a décliné la note présentée par les organisateurs. «Quand nous serons chez nous, ça va beaucoup nous apporter. Nos enfants pourront étudier à la maison tranquillement, parce que nous sommes dans une zone rurale où il n’y a pas de lumière. Le peu de zones où il y a la lumière, c’est juste pour un moment donné. On a de la lumière pendant sept heures, puis on coupe et du coup les enfants ne parviennent pas à étudier. Nous vivons dans une zone pauvre où une femme ne peut pas acheter du pétrole tout le temps pour que les enfants puissent étudier», s’est réjouie Nafissatou, une des récipiendaires, provenant du Nord-Cameroun.
L’objectif du programme, qui concerne toute l’Afrique de l’Ouest, est, selon Karine Sarr, d’installer l’énergie solaire là où l’énergie conventionnelle ne peut pas accéder. Elle a ainsi annoncé l’entrée prochaine d’une nouvelle cohorte de 19 femmes sénégalaises issues de Matam, Louga et Casamance.
Le programme choisit des femmes illettrés et semi-lettrés issues de zones rurales et qui, une fois formées, deviennent des ‘’Mamans solaires’’, avec comme mission d’électrifier leur foyer de leur terroir pour un mieux-être de leur communauté. Une méthode d’apprentissage adaptée à leur niveau leur est distillée dans les techniques d’assemblage, d’installation, de réparation et d’entretien de lampes et panneaux solaires. Le projet se déroule sur 3 ans et ambitionne de former le maximum de femmes.
MOUHAMADOU SYLLA RETRACE LES ACTIVITÉS DE FORCE COVID-19
Grâce à un film documentaire réalisé par le Commandant Mouhamadou Moustapha Sylla, le Comité de suivi du Force Covid-19 ne tombera pas dans l’oubli
Grâce à un film documentaire réalisé par le Commandant Mouhamadou Moustapha Sylla, le Comité de suivi du Force Covid-19 ne tombera pas dans l’oubli. Traduit dans cinq langues, ledit film retrace les activités du dispositif de suivi dissout en fin septembre 2021 par le Président Macky Sall.
Le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Force Covid-19 est dissous. Mais grâce à un film documentaire réalisé par le Commandant Mouhamadou Moustapha Sylla, chef de la cellule communication de l’ex-comité, les différentes activités de ce dispositif de suivi ne tomberont pas dans l’oubli. A travers ce documentaire, le Commandant Sylla informe les populations sur la mission du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Force Covid-19 (Force Covid-19), sous la présidence du Général François Ndiaye. Le film de plus d’une heure retrace ainsi les différentes visites de terrains effectuées dans les 14 régions du Sénégal, les sessions plénières, les réunions sectorielles… qui ont été organisées par le Général Ndiaye et son équipe. Il relève par ailleurs, l’exemple des interventions des membres du comité, des partenaires techniques et financiers du Sénégal dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) qui a été financé pour un montant de 1000 milliards de francs Cfa.
En effet, le Général Ndiaye et ses collaborateurs échangeaient avec les organismes en charge de la mise en œuvre des opérations du fonds ; mais aussi avec les ambassadeurs de l’Union européenne. Suivant, avec une attention particulière, la capacité de résilience des Sénégalais et le modèle du Comité de suivi, des partenaires au développement se sont intéressés à sa mission. A ce propos, témoigne l’ambassadrice de l’Ue au Sénégal, Irène Mingasson, «la particularité de ce plan de riposte au Sénégal, c’est la mise en place de ce dispositif de suivi, du Comité Force Covid-19 très inclusif dont la mission est complexe…». Par souci de transparence et pour mieux éclairer l’opinion sur sa mission et son travail, le comité a tenu une réunion d’information avec les organisations de la Société civile. (...).
Pour rappel, à la fin des activités du comité, un rapport final narratif et financier, couvrant la période de mai 2020 à mars 2021, a été adressé au Président Macky Sall. Cela, «conformément à l’article 7 du décret 2020-965, portant création et fixant les règles d’organisation et fonctionnement du comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Force Covid-19, qui ont été clôturées à la date comptable du 31 décembre 2020». Par souci de transparence également et pour renforcer l’information des populations, à la suite de plus de cinq cents diffusions de radios et de télévisions, toutes les pièces justificatives des dépenses afférentes au fonds ont fait l’objet d’une consultation et d’une évaluation citoyenne au siège du comité pendant une durée de trois mois, avant leur archivage pour d’autres besoins, notamment la création d’un répertoire des bonnes pratiques en cas de survenance de pandémie ou crise similaire.
Pour le Commandant Mouhamadou Moustapha Sylla, ce film documentaire est la cerise sur le gâteau. Traduit en wolof, français, anglais, italien et espagnol, il permettra de transmettre l’histoire du Comité de suivi du Force Covid-19 aux générations futures. Le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Force Covid-19 est dissous par le décret présidentiel numéro 2021-1317, en fin septembre 2021, par le Président Macky Sall. Selon le décret, «les archives, les biens et meubles, les véhicules ainsi que le matériel mis à la disposition du Comité de suivi de la mise en œuvre du Force Covid-19 sont transférés au Secrétariat général de la présidence de la République».
BARROW ET DARBOE, UN DUEL D’EX-FRERES EN GAMBIE
La CEI a validé la liste des six candidats retenus pour la présidentielle prévue le 4 décembre prochain. Il y aura surtout le duel entre Adama Barrow et Ousainu Darboe, deux anciens amis, que tout oppose désormais
En Gambie, la Cei a validé, ce samedi, la liste des six candidats retenus pour la présidentielle prévue le 4 décembre prochain. Il y aura surtout le duel entre Adama Barrow et Ousainu Darboe, deux anciens amis, que tout oppose désormais.
Alors que la présidentielle est prévue le 4 décembre prochain, la campagne électorale débute demain sur toute l’étendue du territoire gambien. Ils seront six, dont évidemment le président sortant, à être sur la piste pour conquérir le pouvoir, après que la Commission électorale indépendante a rejeté quinze dossiers de candidature à l’élection présidentielle prévue le 4 décembre en Gambie. Ils ont été rejetés pour des manquements, comme le non-respect du parrainage par des électeurs.
En Gambie, le Code électoral impose une liste de parrainage d’au moins 200 électeurs inscrits dans chaque circonscription. A partir de ce mardi, c’est une compétition féroce qui s’ouvre, notamment entre les deux favoris : Adama Barrow, 54 ans, leader du National people’s party (Npp) et Ousainu Darboe du Parti démocratique unifié (Udp). Ce sont deux ex-amis, qui ont coulé Jammeh après plus de 20 ans de dictature, que tout sépare. Barrow, choisi par Darboe qui était dans l’impossibilité de se présenter lors de la Présidentielle de 2017 pour diriger la coalition de l’opposition, s’était engagé à faire un seul mandat. Il ne s’y est pas tenu, poussant son ancien mentor et ministre des Affaires étrangères et vétéran de la politique gambienne à prendre ses distances à cause de nombreuses divergences dans la gestion des affaires publiques.
Malgré les divergences du passé, Barrow, toujours protégé par les gendarmes sénégalais sous mandat de la Cedeao, avait constitué une coalition avec le parti de Jammeh, l’Aprc, avant que ce dernier ne dénonce cette alliance. Elle avait ému plusieurs Gambiens qui n’avaient pas compris que le régime actuel ait pu avoir une convergence de vue avec les leaders de l’ancienne dictature.
Pour lui, c’était de la realpolitik. Entré dans l’opposition, Darboe joue probablement sa dernière carte, après avoir subi les affres de la dictature de Jammeh, qui vit en exil, depuis 2017, en Guinée équatoriale. Les autres sont Mama Kandeh du Congrès démocratique de la Gambie, Halifa Sallah de l’Organisation démocratique du peuple pour l’indépendance et le socialisme (Pdois), ainsi que les indépendants Essa Mbaye Faal et Abdoulie Ebrima Jammeh.
Par Madiambal DIAGNE
DIOUF SARR, LA RÉCOMPENSE D’UNE AMBITION OSÉE
L’opération de dépôt des listes aura montré les graves limites et lacunes de cette opposition politique au régime du Président Macky Sall. Ces gens ne sont même pas capables de confectionner des listes conformément aux prescriptions des règles électorale
Ils n’étaient sans doute pas très nombreux, qui pensaient que Abdoulaye Diouf Sarr, maire de Yoff, pourrait réussir son pari ou le challenge de se faire investir par la coalition Benno bokk yaakaar (Bby), comme son candidat à la mairie de la Ville de Dakar. L’actuel ministre de la Santé peut sans doute se targuer d’un bilan appréciable à la tête de la mairie d’arrondissement de Yoff, mais la candidature d’un certain Amadou Ba apparaissait pour beaucoup comme étant plus évidente. L’ancien ministre des Finances et par la suite ministre des Affaires étrangères, jusqu’au 1er novembre 2020, responsable politique dans le populeux quartier des Parcelles Assainies, semblait avoir plus d’étoffe et devait pouvoir rassembler plus facilement la famille politique de Bby, dirigée par le Président Macky Sall. On voudrait également croire que Amadou Ba pourrait ratisser plus large, jusque dans les rangs de responsables politiques de l’opposition et de certains autres milieux sociaux. Mais Abdoulaye Diouf Sarr a su déclarer sa candidature et s’est investi personnellement pour finir par convaincre son monde de sa pertinence. Il a multiplié les visites, les rencontres publiques et de proximité et ne s’est jamais retenu d’afficher son ambition à travers les médias. Si Abdoulaye Diouf Sarr n’a pas encore dit ce qu’il compte faire à la tête de la mairie de Dakar, il n’a pas été moins prolixe pour dire qu’il veut l’écharpe de maire de Dakar. Il a pour ce faire, mobilisé les siens pour aller à sa conquête, après avoir structuré des équipes qui ont occupé le terrain. Il a certes pu commettre quelques maladresses, comme quand il avait tenté d’engager la communauté des Lébous (autochtones de Dakar) pour revendiquer un droit de préemption sur la mairie de Dakar ; un droit que la réalité démographique et sociale dans la capitale du Sénégal ne saurait plus autoriser. Seulement, à force de ténacité et de volontarisme, la candidature de Abdoulaye Diouf Sarr a fini par se faire accepter, pour finir par devenir naturelle. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré, candidate malheureuse de Bby lors des élections locales de 2014 à Dakar, a migré à Kaolack depuis lors, alors que Amadou Ba ne s’est pas déclaré intéressé. L’autre candidature déclarée d’un responsable politique membre de Bby, en l’occurrence celle de Mame Mbaye Niang, a été rapidement perçue comme une candidature de diversion, pour ne pas dire de provocation, sans grande conséquence. D’ailleurs, les proches du Président Macky Sall ont assez tôt fait de prendre leurs distances de Mame Mbaye Niang. Il restait cependant que d’aucuns persistaient encore à croire que Abdoulaye Diouf Sarr déclarait prématurément (!?) sa candidature pour espérer, au cas où un autre lui serait préféré, pouvoir recevoir un lot de consolation. Mais à la fin de la course qu’il a réalisée pratiquement en solo, il a fini comme l’incontesté porte-étendard de Bby à la mairie de Dakar.
Ainsi, peut-il se montrer désormais bien optimiste pour remplacer Soham El Wardini, au fauteuil d’édile de la capitale. On peut affirmer sans trop de risques que Abdoulaye Diouf Sarr pourra être élu sur un fauteuil, au soir du 23 janvier 2022. Les profondes divisons de l’opposition, avec des candidats concurrents qui risquent de disperser leurs votes, seront à l’avantage du candidat de Bby, s’il arrive à créer une dynamique qui mobilise l’électorat de son propre camp.
Il s’y ajoute que ce scrutin est parti pour être celui qui sera le moins disputé à Dakar. En effet, un fort taux d’abstention est à prévoir du fait du manque d’attrait des différents candidats et de l’enjeu relativement faible des élections locales qui, traditionnellement, ne mobilisent pas grand monde au Sénégal. Qui ne se rappelle pas qu’en 2014, 63% des électeurs de Dakar avaient choisi de ne pas aller voter, alors que la compétition électorale était âpre, particulièrement entre Khalifa Sall, maire sortant, et Aminata Touré, alors Première ministre ? On peut augurer une plus grande désaffection des urnes par les électeurs, vu la qualité peu attrayante de l’offre politique faite par l’opposition en termes de programmes de gouvernance locale, qui ne se résume paradoxalement qu’à un «dégagisme» au sommet de l’Etat ; encore que nombre de candidats proposés par l’opposition sur ses listes ne pourraient pas véritablement représenter un certain changement, ni en termes de qualités intrinsèques ou de vision ou même de probité morale et intellectuelle. Abdoulaye Diouf Sarr pourra être maire sans trop souffrir d’un bilan mitigé de la gestion des ressources financières dégagées pour juguler la pandémie du Covid-19. Les électeurs ne lui tiendraient pas non plus rigueur de ses relations parfois heurtées avec les techniciens du ministère de la Santé. Abdoulaye Diouf Sarr a continué à assumer sa candidature, bien que, c’est un secret de Polichinelle, à un moment le Président Macky Sall a laissé voir une certaine préférence pour la personne de Amadou Ba à la candidature à la Ville de Dakar. C’est aussi une marque d’audace et de ténacité et de courage. Il a donc osé.
Il reste que l’implication trop visible du Président Macky Sall pourrait être le seul facteur de mobilisation d’un électorat qui pourrait lui être hostile et qui était déjà blasé par des élections locales dans la capitale. C’est dire que pour donner les meilleures chances à son poulain, Macky Sall devrait le moins apparaître dans la prochaine campagne électorale. Il devrait se limiter à reléguer les prochaines élections à un enjeu strictement local et surtout, éviter d’engager sa propre personne. Autrement il pourrait donner des motifs de mobilisation d’un éventuel électorat défavorable. Au demeurant, dans une chronique en date du 7 septembre 2021, nous indiquions que «l’opposition va rater son référendum du 23 janvier 2022».
Amadou Ba: laisser dire et faire les autres pour soi
Amadou Ba s’est révélé être un candidat putatif à la mairie de Dakar. Personne ne l’a jamais entendu dire publiquement être intéressé par la mairie de Dakar. Certains de ses proches parlaient et faisaient pour lui, mais Amadou Ba n’a jamais accepté une interview ou une sortie médiatique quelconque pour exprimer publiquement, à haute et intelligible voix, que le fauteuil de maire de Dakar l’intéressait. Pour autant, il ne manquait pas de proches pour «forcer» une telle ambition. Sans doute que Amadou Ba a préféré attendre sagement que Macky Sall daigne le charger de la mission de chercher à conquérir la ville de Dakar. Mais Amadou Ba a peut-être oublié qu’en devenant maire de Dakar, il le serait d’abord pour lui-même. Aussi, peut-on se demander ce que le Président Sall aurait pu gagner à pousser au combat un candidat qui se garde bien de lui montrer qu’il est intéressé par le challenge et serait disposé à prendre des risques et à recevoir des coups ? Engagé dans la compétition dans ces conditions, par une décision discrétionnaire du Président Macky Sall, Amadou Ba pourrait, en cas de défaite, avoir le beau rôle de dire qu’il a été amené de force à l’autel. Il n’a donc manifestement pas voulu prendre le risque de demander la candidature à Dakar et est resté on ne peut plus ambigu sur ses intentions. Il y a une maxime de Jean François Paul de Gondi, Cardinal de Retz, qu’on pourrait lui rétorquer : «On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens.» En effet, dans une éventuelle compétition future pour des positions aux côtés du Président Macky Sall ou pour sa succession, Amadou Ba partirait quelque peu désavantagé par rapport à des concurrents nantis d’une base électorale qui leur conférerait une certaine légitimité politique. Il se peut aussi que Amadou Ba se voie le destin d’un Abdou Diouf, qui avait réussi à accéder à la tête de l’Etat du Sénégal à force de décrets.
L’amateurisme coupable de l’opposition
On ne dira jamais assez que l’opposition fait tout pour ne faire que de la figuration aux prochaines élections locales. Les leaders continuent de se déchirer pour s’accuser mutuellement de tous les mauvais coups et toute perspective de rassemblement majeur est devenue caduque. Les listes ont fini d’être déposées pour aller au scrutin. Mais l’opération de dépôt des listes aura montré les graves limites et lacunes de cette opposition politique au régime du Président Macky Sall. Ces gens ne sont même pas capables de confectionner des listes conformément aux prescriptions des règles électorales ! On est sidéré de constater que des listes ont pu être rejetées parce que les mandataires n’ont pas pu présenter des listes complètes ou avec des dossiers administratifs rigoureusement conformes.
Plus grave, on découvre que des personnes ont été désignées mandataires de listes de l’opposition sans avoir le moindre lien ou une relation politique ou organique avec les listes qu’elles étaient censées représenter. Ainsi, tel ou tel mandataire s’est barré avec telle ou telle liste. C’est comme cela qu’on voit que l’opposition a été rattrapée par ses propres turpitudes ou par sa démagogie. Des promoteurs de listes ont payé des cautions pour se mettre à l’affût pour proposer à d’éventuels frustrés, de porter leurs couleurs. Le but de la manœuvre est de présenter des listes presque partout au Sénégal et d’engranger des voix ou d’obtenir quelques sièges municipaux pour pouvoir s’en prévaloir comme gage d’une représentativité politique. Devraient-ils alors se plaindre de leur propre turpitude ?
On reprend les mêmes et on recommence… Un avocat aura allumé la mèche
Les prochaines élections portent les germes de graves violences politiques. On a observé dans la ville de Ziguinchor des bagarres sanglantes entre partisans de Ousmane Sonko et ceux d’un de ses rivaux de Bby, Doudou Ka. Tout porte à croire que les deux camps ne se sont pas encore résolus à une accalmie. Mais les risques de déflagration seront surtout à craindre à Dakar. Barthélemy Dias, candidat de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) à la mairie de Dakar, est en proie à des démêlés judiciaires suite à une procédure ouverte depuis 2011 pour le meurtre par balles d’un nervi du nom de Ndiaga Diouf.
Barthélemy Dias avait été jugé et reconnu coupable en première instance et l’appel qu’il avait interjeté en 2017 est en passe d’être examiné par la Cour d’appel de Dakar. En effet, après plus de cinq renvois, à la demande notamment de Barthélemy Dias et de ses avocats, la Cour d’appel de Dakar, à une audience correctionnelle du 7 juillet 2021, avait renvoyé, d’accord parties, l’affaire pour qu’elle soit jugée le 10 novembre 2021.
Mais avec une outrecuidance déconcertante pour ne pas dire une mauvaise foi, l’un des avocats de Barthélemy Dias, Me Cheikh Khoureychi Ba, a voulu lancer une alerte dans les médias, pour dire que le calendrier de la Cour d’appel a été programmé pour tenter de barrer la candidature de son client. Alors que lui-même avait participé avec son client à choisir la date du 10 novembre 2021 ! Justement parce que Barthélemy Dias disait avoir prévu de voyager et que la période des vacances judiciaires ne permettait pas de retenir une date plus proche. Qu’à cela ne tienne, Me Ba a énoncé avec véhémence, une supposée manœuvre judiciaire pour écarter de la course électorale un candidat. C’était suffisant pour jeter de l’huile sur le feu.
C’est alors le branle-bas de combat dans les rangs de la coalition Yaw. Ousmane Sonko, figure de proue de cette coalition, prenant sans doute sa situation personnelle en exemple, engage les jeunes militants à refuser tout jugement de Barthélemy Dias, au risque d’en découdre, une nouvelle fois, avec les Forces de l’ordre. Un mot d’ordre a été donné à des groupes de jeunes pour accompagner Barthélemy Dias au Palais de justice, pour se rendre à l’audience du 10 novembre 2021. Il est légitime de craindre de revivre le scénario de mars 2021 quand des bandes organisées avaient semé le désordre et la mort à travers les rues de nombreuses villes du Sénégal, pour empêcher la comparution de Ousmane Sonko devant la Justice pour répondre d’accusations de viol portées par la demoiselle Adja Sarr. Les risques de troubles à l’ordre public sont bien réels et l’Etat devra prendre ses dispositions
Il reste qu’il ne saurait être tolérable qu’un auxiliaire de Justice, un avocat, porte ainsi impunément le discrédit sur l’institution judiciaire et la jette en pâture à des hordes de manifestants qui ont déjà fait montre de leur degré de violence. Force est de dire que si Dakar brûle le 10 novembre 2021, Me Ba aura été le principal pyromane.