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13 septembre 2025
DES PATIENTS AFFLUENT VERS NDIASSANE POUR DES CONSULTATIONS MÉDICALES GRATUITES
De nombreux patients convergeaient vers le poste de santé de Ndiassane, une cité religieuse de la région de Thiès (ouest), pour profiter de la gratuité des soins pendant la période du gamou
Ndiassane (Thiès), 25 oct (APS) – De nombreux patients convergeaient vers le poste de santé de Ndiassane, une cité religieuse de la région de Thiès (ouest), pour profiter de la gratuité des soins pendant la période du gamou, a constaté lundi l’APS.
L’établissement de santé a réceptionné des médicaments d’une valeur de 10 millions de francs CFA, qu’il partage avec l’hôpital de Tivaouane où sont référés les cas graves recensés.
Les patients sont consultés gratuitement, et des médicaments leur sont offerts.
Les consultations médicales gratuites ont démarré dimanche et prendront fin mardi. Elles ont été organisées à l’occasion de célébration du gamou de Ndiassane.
Les patients, des femmes et des enfants pour la plupart, sont venus nombreux, en provenance de Ndiassane et des localités voisines.
Si certains d’entre eux sont des disciples de la confrérie khadre qui profitent de l’événement pour se faire soigner, d’autres ne sont là que pour des raisons sanitaires.
Venue de Mbour pour le gamou, Sokhna Mbayang Diop veut saisir l’occasion des consultations médicales gratuites pour traiter des douleurs qu’elle ressent dans le corps.
‘’Les temps sont durs, et il n’y a pas d’argent’’, a dit la quadragénaire.
Khady Diagne est venue de Khombole, le matin, en compagnie d’une fille de deux ans souffrant de malnutrition.
Après avoir fait consulter son enfant à l’hôpital de Tivaouane et payé l’ordonnance prescrite, elle est venue chercher d’autres médicaments. ‘’On n’en a jamais suffisamment’’, justifie-t-elle.
Une femme âgée, venue de Keur Khaly, un village voisin de Ndiassane, dit être habituée des consultations médicales gratuites qui se tiennent chaque année lors du gamou de Ndiassane.
Selon Ndèye Diouf, une infirmière membre de l’équipe médicale venue de Dakar pour la couverture médicale du gamou de Ndiassane, des cas de paludisme simple, de toux, d’écoulement nasal, de fièvre et d’anémie ont été diagnostiqués chez les enfants.
‘’Chez les adultes, l’hypertension ou l’hypotension artérielle, les dermatoses liées à la dépigmentation et de nombreux cas d’infections sexuellement transmissibles sont détectés’’, a-t-elle ajouté.
Un bilan définitif n’a pas encore été établi, mais le poste de santé de Ndiassane reçoit pendant l’hivernage en moyenne 700 à 800 malades par mois, selon son infirmière chef de poste, Gagnesiri Diongue. Ce nombre pourrait être atteint en trois jours, a-t-elle dit.
Selon Ndèye Diouf, les patients tardent souvent à se tourner vers les hôpitaux pour se faire consulter quand ils sont malades. Elle rejette l’argument du manque de moyens, estimant qu’ils trouvent toujours les moyens de satisfaire d’autres besoins moins urgents.
Elle dit avoir constaté que, le plus souvent, de nombreux patients attendent les consultations médicales gratuites offertes lors des événements religieux de Touba, Tivaouane ou Popenguine pour aller voir un médecin.
Des équipes médicales se relaient le matin, l’après-midi et la nuit, pour la prise en charge des malades à Ndiassane.
CAN HAND BALL 2022, LE SENEGAL JOUE AVEC DES EXPATRIES
Frédéric Bougeant, le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale masculine de handball, a publié une liste de 19 joueurs dont un seul local, Matar Baldé, pour le premier stage de préparation de la CAN 2022.
Dakar, 25 oct (APS) - Frédéric Bougeant, le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale masculine de handball, a publié une liste de 19 joueurs dont un seul local, Matar Baldé, pour le premier stage de préparation de la CAN 2022.
Baldé est un sociétaire de l’ASFA, l’Association sportive des forces armées.
La plupart des joueurs appelés évoluent en France, en Belgique, au Portugal et en Macédoine.
Le stage pour lequel ils ont été sélectionnés va se dérouler du 1er au 6 novembre, à Cherbourg (France).
Frédéric Bougeant est en même temps sélectionneur de l’équipe masculine du Sénégal et entraîneur de la JS Cherbourg.
Le technicien français, ancien sélectionneur des Lionnes du handball, avait mis fin à son compagnonnage avec la sélection féminine en juin dernier, après son élimination aux quarts de finale de la CAN, à Yaoundé.
L’objectif assigné aux Lionnes lors de cette compétition était d’atteindre la demi-finale, ce qui assurait une qualification aux Championnats du monde prévus en décembre en Espagne.
Avec elles, Frédéric Bougeant a été finaliste de la CAN en 2019 et a participé aux Mondiaux de la même année, au Japon.
CAN 2022, LA COVID AU MENU DES ECHANGES
La question de la présence des supporters dans les stades, lors de la CAN et le gouvernement camerounais 2021 reportée en janvier prochain en raison de la pandémie de Covid-19, sera au centre des prochaines discussions entre la CAF et le
Dakar, 25 oct (APS) - La question de la présence des supporters dans les stades, lors de la CAN 2021 reportée en janvier prochain en raison de la pandémie de Covid-19, sera au centre des prochaines discussions entre la Confédération africaine de football (CAF) et le gouvernement camerounais, annonce l’instance continentale sur son site Internet.
‘’Concernant la situation médicale de la Coupe d’Afrique des nations en rapport avec le Covid-19 et la participation des supporters, le comité exécutif a soulevé quelques questions sanitaires qui feront partie des discussions en cours entre la CAF et le gouvernement camerounais’’, lit-on dans un communiqué.
Le texte publié sur le site officiel de la CAF est un compte rendu d’une réunion du comité exécutif de l’instance continentale tenue ce lundi par visioconférence.
Le comité exécutif de la CAF ‘’a reçu un rapport complet de la délégation de la commission d’organisation de la CAF conduite par le vice-président Augustin Senghor et le secrétaire général, Veron Mosengo-Omba, qui ont récemment séjourné au Cameroun’’.
‘’Le comité exécutif a pris note du rapport et des progrès réalisés à ce jour. Il a souligné la nécessité d’assurer un suivi avec le comité d’organisation local, dans les domaines qui nécessitent encore une attention urgente avant le coup d’envoi, le 9 janvier’’, ajoute le communiqué.
Selon la même source, le comité exécutif a également ratifié la signature, le week-end dernier, de l’accord-cadre pour l’organisation et l’accueil du tournoi final de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations 2021 – reportée en 2022 -, avec le pays hôte, le Cameroun.
Concernant la CAN 2023 prévue en Côte d’Ivoire, le comité exécutif a reçu une mise à jour des informations sur cette compétition, et il est convenu d’envoyer une délégation d’inspection pour évaluer l’avancement des préparatifs, signale le communiqué.
Il annonce que la CAF ouvrira un bureau en Côte d’Ivoire, en février prochain, pour aider le pays hôte et le comité local d’organisation à préparer la CAN 2023.
PAR Amadou Sarr Diop
LES RÉSEAUX SOCIAUX, UN ESPACE DES DÉBATS DE SOCIÉTÉ EN DÉBAT
EXCLUSIF SENEPLUS - La jeunesse des réseaux sociaux sera toujours critique dans le mauvais sens si les figures épinglées persistent dans l’étiolement des valeurs éthiques et religieuses et que les intellectuels adoptent la posture du silence
Le charme des réseaux sociaux, c’est l’avènement d’un espace démocratique dans la prise de parole concernant les débats de société. Aujourd’hui, chacun peut avoir accès aux réseaux sociaux, à ces outils de communication devenus un potentiel instrument de revanche du citoyen lambda sur les élites et sur les gouvernants, qui ont longtemps confisqué la parole publique par un accès privilégié des outils de communication traditionnels, à savoir la radio et la télévision. Mais, la brutalisation du discours, le lynchage collectif comme distraction, dus à un usage dépravant de ces réseaux sociaux, suscitent de vives controverses relatives à l’utilité et à la pertinence du nouvel univers électronique à la portée de tous. Notre papier analyse les enjeux liés à la démocratisation de la prise de parole publique par ces nouveaux médiums de communication et aux controverses nées de leur fonctionnalité ambivalente, avec comme point de mire la brutalité du débat actuel dans ces réseaux sociaux au Sénégal autour de deux figures ciblées : le politique et le religieux.
Le paradoxe des réseaux sociaux : nouvel âge athénien de la démocratie ou espace de dérives et de dé-sociabilité
En dépit des controverses autour de la fonctionnalité des réseaux sociaux, le constat est que l’internet se révèle comme le nouveau dispositif de communication qui favorise le débat démocratique et participatif. Par les réseaux sociaux, on a assisté à une formidable conquête démocratique dans les débats citoyens, avec la fin de « l’ère de la parole confisquée par les élites, par les experts et autres « sachants ». A l’aune du rôle qu’ils ont joué dans les mouvements démocratiques et des luttes citoyennes, nul ne peut dénier à ces outils de communication leur potentiel apport à l’émergence d’une nouvelle éthique citoyenne qui a réduit le creuset entre la posture du citoyen lambda et celle de l’élite gouvernante ou intellectuelle. Le citoyen peut désormais faire irruption dans le débat public, quel qu’en soit son niveau et son statut social. Par la magie des réseaux sociaux, il est permis à tout un chacun de faire publiquement entendre sa voix. Contrairement à la télévision et à la radio, sous contrôle, l’internet est l’espace infiniment grand qui accorde la voix à tous, dans des postures d’égalité. « L’usage public de la raison » - pour reprendre l’expression de Jürgen Habermas -, a vraisemblablement évolué. L'ère des réseaux sociaux aurait au moins contribué à rétablir les moyens d'un débat ouvert, accessible à tous, confortant ainsi la démocratie. En référence à l’espace public habermassien, l’internet est devenu un instrument de revitalisation de la démocratie et du débat citoyen. Rheingold soutient, à ce propos, l’idée du « nouvel âge athénien de la démocratie », rendu possible par les merveilles de l’internet. Un éveil des consciences dans le champ politique s’est fortement affermi par le canal des réseaux sociaux. Ils ont grandement contribué à l’immense défi de l’engagement politique et citoyen. A l’opposé de cette vue optimiste sur les réseaux, un autre regard, cette fois négatif, se dévoile dans le constat que les réseaux sociaux sont devenus des espaces de dérives de toutes sortes. Les forums sont souvent transformés en lieux de guerres d’injures (flame wars) où débordent l’instantanéité, l’opportunisme et la violence verbale, les fake news, les abus d’opinion, la brutalisation du débat, le lynchage collectif comme distraction. Tout ceci conduit à la dé-sociabilité, par la réappropriation et par la reproduction des anti-valeurs que les jeunes se font de cette nouvelle culture des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont, par conséquent, « une arme en puissance au bout des doigts, mixée à de l’immaturité » des jeunes et à de l’immoralité des trafiquants d’influence et de maîtres chanteurs de tous bords. L’ampleur du mal de vivre que prend l’ère des nouvelles technologies, et spécifiquement des réseaux sociaux, est toutefois profonde pour les pourfendeurs de cette arme redoutable qui fait le jeu des artisans de l’injure publique. S’il est avéré que les réseaux sociaux ont contribué à la démocratisation dans l’espace communicationnel et dans le jeu démocratique, les dérives générées, par leur usage déconnecté, ont fini d’installer le malaise par un excès dans les propos au nom de la liberté d'expression. Le paradoxe de la démocratisation du débat citoyen, par les réseaux sociaux, permet la participation de ceux qui n’ont ni la posture intellectuelle ni le sens de la civilité, d’interagir avec les autres en dehors du respect des clauses requises dans les échanges de propos. La liberté de s’exprimer est devenue celle d’insulter pour certains, poussant même ceux qui sont disposés à se faire entendre dans le débat citoyen à adopter la posture du silence.
La brutalisation du débat public dans les réseaux sociaux : le politique et le religieux comme cibles privilégiées au Sénégal
Comme le soutient Roumain Badouard, la brutalisation du débat public par l’internet est devenue aujourd’hui un fait de société. En procédant à l’analyse de la morphologie et de la cartographie de la violence des débats en ligne et de ses effets, il est avéré que l’internet a favorisé la violence expressive, il a engendré un « ensauvagement » des relations sociales, en développant une « démocratisation de la méchanceté ». Cela se confirme par l’injure, les propos haineux, l’intimidation, le chantage, le mensonge et le lynchage collectif comme distraction, avec la constante transgression des normes de civilité requises dans un débat public et citoyen. La sociologie des problèmes publics et des problèmes de société permet de comprendre comment et pourquoi les deux figures marquantes de la société sénégalaise, à savoir les politiques et les religieux, sont les plus visées dans cette radicalité des propos dans les réseaux sociaux. La centralité de ces deux acteurs dans l’espace médiatique des réseaux sociaux s’explique par leurs postures et les attentes dont ils sont porteurs, aux yeux de l’opinion. La sociologie des controverses, et particulièrement les travaux de Francis Chateauraynaud (2011), inspirent dans la compréhension des logiques d’interaction au niveau de la prise de parole dans les réseaux sociaux, par l’adoption de posture critique d’une nouvelle génération. L’idée de trajectoire argumentative agitée, dans sa sociologie des processus critiques, éclaire sur le sens des critiques à l’égard de figures politiques et maraboutiques. Elle peut servir de grille analytique dans la mise en intelligibilité des causes profondes de ces dérives constatées envers ces deux figures symboliques de notre monde social. Les sentiments de déception et de désespoir, l’angoisse du devenir, justifient, en partie, la violence verbale à laquelle se livrent certains preneurs de parole des réseaux sociaux contre l’homme politique et certaines figures maraboutiques. Aux yeux de cette jeunesse en révolte et en quête d’idéal existentiel, des marabouts et des politiques ont failli. En dépit du sentiment de désolation éprouvé à la suite des dérives dans le propos et du lynchage médiatique, il faut reconnaître, par ailleurs, que dans les propos et comportements de certaines de ces figures politiques et religieuses, il y a des failles et des erreurs commises de part et d’autre. D’aucuns soutiennent que le peuple sénégalais est pris en otage par une certaine élite politico-maraboutique (mafia politico-religieuse), qui profite du bien public au détriment du citoyen. Par conséquent, une controverse se construit autour de ces deux figures, par la circulation d’arguments qui relèvent du constat de la double faillite de cette élite politico-maraboutique : la faillite dans la gouvernance politique et celle relative à l’ébranlement de l’orthodoxie religieuse et des fondamentaux de l’ordre confrérique soufi dont ils sont héritiers.
L’analyse des modes de problématisation des critiques dont sont victimes ces deux figurent révèle l’état d’esprit de notre société. Il en dérive que les réseaux sociaux sont surdéterminés, chacun en a sa propre utilisation. Comme l’a soutenu l’ingénieur américain Vinton Cerf, l’un des fondateurs du Web, la Toile « n’est qu’un reflet de la population qui l’utilise ». A l’image de ce qui se passe dans nos univers de vie, le mal et le bien sont indissociables dans cet espace virtuel complexe. Par conséquent, la brutalisation du débat public, la violence expressive, et les enjeux qui s’y rapportent, sont à l’image de notre société. Ce qui se donne à voir dans les réseaux sociaux est à l’image de notre vécu au quotidien dans nos familles, dans nos quartiers, dans la rue, dans les partis politiques, dans les mosquées, dans les confréries, dans les dahira, voire dans les familles religieuses. L’évolution des mentalités et des sensibilités politiques, religieuses et confrériques redessine à notre époque des contours qui renseignent sur le fait qu’il existe une part nécessaire d’indétermination dans l’usage des réseaux sociaux. La recherche d’une nouvelle éthique sociale, politique et religieuse, porteuse d’idéaux, de repères existentiels suspendus à une utopie de vie, est le sens malheureusement exprimée de cette révolte du discours juvénile qui alerte sur la profondeur des crises auxquelles le Sénégal est aujourd’hui confronté. Cette crise se conjugue dans le paradoxe d’une situation où la détermination de l’intérêt général n’est que le paravent des intérêts particuliers. Même dans la sphère du religieux, l’opportunisme, les conflits d’intérêt, la médisance sont monnaie courante. Les dérives confrériques ont fini par agacer bon nombre de Sénégalais. La virulence du discours juvénile envers cette frange maraboutique est l’expression du cri de cœur de Sénégalais, constamment heurtés par des propos désobligeants de « marabouts » qui vont jusqu’au niveau blasphématoire, par le « shirk » et l’association. A cela s’ajoute une guerre de positionnement dans les hiérarchies confrériques, à des fins de visibilité et de posture de prébendier. Ce qui est un constat avéré relève du nouveau cycle du devenir confrérique que d’aucuns situent dans le sens du déclin de l’hégémonie de l’islam confrérique au Sénégal. On est presque dans la phase de la falsification de l’orthodoxie confrérique due à la connivence entre pouvoir politique et caste maraboutique, sous fond de concurrence entre familles maraboutiques.
A l’analyse, sous le regard de la phénoménologie du vide social, il s’avère que la profondeur de la crise est à la fois d’ordre sociétal, politique et religieux. Dans la dialectique du triptyque de ces trois ordres, la crise sociétale se configure comme le creuset matriciel du lynchage dont sont victimes les politiques et les religieux. Mais, les déterminants de l’assaut des réseaux sociaux, par des arrogants de tout acabit, se construisent dans la faillite de la gouvernance et dans l’instrumentalisation et la marchandisation des confréries où le Dieu créateur et son prophète sont relégués au second plan, par la déification des figures maraboutiques pour des motivations inavouées. La vérité est crue, elle coule de source. Le débat de société autour de ces crises profondes, par les intellectuels de tous bords, est devenu une exigence sociétale. Il faut que les intellectuels (élite francophone et spécialistes de l’islam) portent ce débat de société dans le sens de la responsabilité.
La jeunesse des réseaux sociaux ne courbera pas l’échine, elle sera toujours critique dans le mauvais sens si les figures épinglées persistent dans l’étiolement des valeurs éthiques et religieuses et que les intellectuels adoptent la posture du silence. La nature a horreur du vide. Pour combler ce vide et redéfinir le sens critique du discours, en combattant l’injure par la force de la pertinence argumentative, il nous faut être à la quête d’une nouvelle intellectualité à la hauteur de nos problèmes de sociétés. En toute responsabilité, il faut une introspection de notre société ébranlée par deux dérives consubstantielles : la religion ternie, attaquée à l’interne et le champ politique vicié par des acteurs qui n’ont ni l’épaisseur ni la posture pour se hisser à un niveau de leadership. Dans cette double dérive se noue hélas un pacte, qui ne dit pas son nom, entre politique et une certaine caste maraboutique, au grand dam du peuple sénégalais.
Ce qui s’illustre comme tendance historique, c’est que la société sénégalaise est confrontée à la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et à la question du sens de la responsabilité du contenu à donner aux discours et des propos concernant les débats de sociétés. Face à ce défi sociétal et historique, il y a un vide de la parole constaté, celle de l’intellectuel. Les débats sur certains plateaux de télévision sont quasi identiques à ceux vécus dans les réseaux sociaux. Les mêmes invités, avec les mêmes thématiques conçues sous le format de la palabre et de la platitude dans les échanges. Les débats politiques se produisent souvent dans les travers du manichéisme de la polarité opposants/partisans du pouvoir, au détriment de discussions articulées à de grandes visions programmatiques porteuses d’émergence et d’alternatives crédibles. La morosité des débats et les monologues sont à l’image d’une élite politique dont le niveau intellectuel contraste avec les urgences et les enjeux de développement de notre pays. Les scènes de désolation servies par l’Assemblée nationale sont un autre exemple édifiant, suffisamment illustratif du vide intellectuel dans le champ politique.
Si la maturité démocratique suppose la faculté de débattre, qui est une composante de l’activité intellectuelle, il faut aussi nécessairement que se crée un cadre d’éclosion du débat. Or, au Sénégal, il y a l’absence de quête d’une nouvelle intellectualité capable d’appréhender les processus transformationnels du monde et de favoriser dans le formatage de l’élite politique le leadership achevé dans tous les domaines, surtout en gouvernance politique. Concernant le vide intellectuel dans les débats de société, certains mettent l’accent sur la position d’une certaine élite intellectuelle, préférant les prairies du pouvoir, d’autres soutiennent que le silence de beaucoup d’intellectuels aux débats de sociétés s’explique par la morosité du champ politique et l’observance d’une société sourde aux alertes et aux discussions de principes. Le silence des intellectuels sur les problèmes de notre société n’est donc pas synonyme d’absence de pensée, d’engagement, mais il est dû, peut-être, à un exile vers d’autre espaces de réflexion. D’autres encore se fondent sur l’absence de définition de nouvelles utopies, face à un effondrement des idéologies et des valeurs de référence. En définitive, le mal-vivre sénégalais est attribué à l’élite politique au pouvoir qui n’a ni la vision prospective, ni la consistance morale, encore moins le courage des ruptures, pour engager notre pays dans la voie de l’émergence. La violence expressive dans les réseaux sociaux est à la fois l’expression déviante du rejet de la gouvernance politique en claudication et les dérives confrériques qui tranchent avec les fondamentaux de l’ordre confrérique soufi, légués par les guides religieux qui ont marqué l’évolution socio-historique et religieux du Sénégal. La leçon à retenir, au-delà des travers constatés, c’est qu’il y a des signes précurseurs d’un nouveau cycle de rapports entre le citoyen et le politique d’une part, les disciples et les confréries, d’autre part.
Amadou Sarr Diop est Sociologue, directeur du laboratoire Groupe Interdisciplinaire de Recherche sur l’Education et les Savoirs (GIRES) Université Cheikh Anta Diop.
TAPHA GAYE S’ACCROCHE A SES DEUX FAUTEUILS
REUNION - BILAN Cumul Dtn et coach des Lionnes du basket
Au sortir de la réunion de la Direction technique nationale, samedi, sur l’évaluation des deux Afrobasket, masculin et féminin, Moustapha Gaye a manifesté son intention de maintenir sa situation de cumul : Dtn et coach des Lionnes. En attendant sûrement la décision de la Fédération et du ministère des Sports.
Le Directeur technique national ne semble pas prêt à quitter le poste de sélectionneur des Lionnes du basket. Malgré le résultat catastrophique de l’Afrobasket féminin au Cameroun et le tollé qu’il y a eu sur sa situation de cumul, le technicien sénégalais s’accroche toujours à ses «deux fauteuils». C’est en tout cas ce qu’il a laissé entendre samedi, à la fin de la réunion d’évaluation des deux Afrobasket, masculin et féminin. «Jusqu’au moment où je vous parle, je suis le coach des Lionnes», a soutenu Tapha Gaye. Qui a un beau prétexte ; car selon lui, le cas du cumul n’a pas été évoqué par ses pairs durant la réunion. Ce qui ne l’a pas empêché d’en parler ; comme pour faire un clin d’œil au Bureau fédéral qui devrait en décider lors de la prochaine réunion de présentation des rapports d’évaluation. Avant de rendre compte au ministre des Sports, seul habilité à maintenir ou mettre fin à ce cumul.
Concernant le bilan global fait par les techniciens sur les deux campagnes africaines des Lions et Lionnes, classés respectivement troisièmes et quatrièmes, le Dtn n’a pas voulu entrer dans les détails. Souhaitant sûrement réserver la primeur aux Fédéraux. «Je ne peux pas vous dire le contenu de nos échanges. Mais je pense que dans l’ensemble, il y a eu des observations, des questions, des critiques… Les débats ont été très ouverts. Nous sommes en démocratie, notre leadership nous autorise à recueillir l’avis des gens. Et cela s’est bien passé, dans le respect et les règles», a indiqué coach Tapha. Qui poursuit : «Quand on a des responsabilités de ce niveau-là, quand on prend des décisions en compétitions, quand on revient il faut associer ses pairs à l’évaluation. Recueillir leur avis sur ce qui peut aider à la bonne marche du futur de nos équipes nationales. C’est dans ce senslà que j’ai initié cette rencontre avant de rencontrer le Bureau fédéral.»
Selon le Dtn, «les échanges ont été fructueux. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites. On a tous regretté d’avoir raté le podium chez les Filles, mais je pense que dans le contenu, ils ont beaucoup apprécié ce que nous avons fait». Interpellé sur les critiques faites par ses pairs, le Dtn souligne qu’«elles sont négatives et positives en même temps. Entre nous techniciens, on s’est dit des choses. Et j’ai expliqué tout le processus. J’ai aussi défendu tout ce qui s’est passé à Kigali chez les Hommes, après avoir reçu le rapport de Boniface (coach des Lions).»
Par contre, pour les autres staffs techniques nationaux, le Dtn n’exclut pas un remaniement. «Il est possible qu’il y ait des réajustements. Je suis un enseignant de formation. Il faut toujours évaluer et réajuster. Mais dans l’ensemble, je pense que dans le travail de nos sélections nationales, il n’y a pas grand-chose à dire», souligne-t-il.
Au-delà des deux campagnes des Lions et Lionnes, les techniciens ont aussi échangé sur la participation de l’Equipe nationale U19 au dernier championnat du monde, en Lettonie, avec une honorable place de quart de finaliste. Parmi les points à l’ordre du jour, figure aussi le tournoi de montée en Garçons et Filles, le tournoi national des jeunes et la formation des cadres techniques avec les 1er et 2e degrés. Sur ce chapitre, le Dtn informe que «le tournoi de montée va se tenir au mois de novembre. Pour le tournoi des jeunes, nous le souhaitons au mois de décembre en U16 et si possible en U14».
SONKO FERA FACE À BALDÉ À ZIGUINCHOR
Le leader des Patriotes va faire sa déclaration de candidature pour la mairie de Ziguinchor le 30 octobre prochain, lors d’un grand meeting dans la capitale du Sud
Ousmane Sonko va faire sa déclaration de candidature pour la mairie de Ziguinchor le 30 octobre prochain, lors d’un grand meeting dans la capitale du Sud. Il va ainsi acter son duel avec le maire sortant de la ville, Abdoulaye Baldé, rallié à Bennoo bokk yaakaar.
La bataille de Ziguinchor aura bien lieu en janvier 2022, en particulier le 23 de ce mois ! Et elle va opposer Ousmane Sonko, le leader de Pastef, et l’un des porte-étendards de la coalition Yewwi askan wi (Yaw), à Abdoulaye Baldé, le maire sortant de la capitale du Sud, et membre de la coalition Benno bokk Yaakaar (Bby). De sources sûres, Le Quotidien a appris que le président de Pastef est en train de convoquer le ban et l’arrièreban de ses adhérents et de ses alliés, pour un meeting qu’il veut impressionnant à Ziguinchor, à la fin de ce mois. Il profitera de l’occasion pour déclarer officiellement sa candidature à la mairie. Cette candidature était quelque peu attendue, il faut dire. Elle découle, logiquement, dirait-on, des résultats de la Présidentielle écoulée, qui ont montré que Sonko était arrivé quasiment en tête des suffrages dans le département de Ziguinchor. Le chef de file de Pastef espère que le même élan qui lui avait permis d’arriver 3ème à la Présidentielle de février 2019, lui permettra de rafler le fauteuil de maire à l’actuel occupant, Abdoulaye Baldé, qui voudrait bien rempiler. En effet, le leader de l’Union centriste du Sénégal (Ucs), allié finalement à la coalition présidentielle Bby, a obtenu la caution et la garantie du leader de cette alliance, le Président Macky Sall, qu’il sera le champion de la majorité pour conserver la Ville de Ziguinchor dans le giron présidentiel.
Le Dg de l’Aibd, Doudou Ka, qui n’a jamais caché sa volonté de lui rafler ce fauteuil, et qui s’est distingué dernièrement par la bataille rangée qui a opposé ses partisans à ceux de Ousmane Sonko dans la ville de Ziguinchor, devra revoir ses ambitions et tenter de gagner le département de Ziguinchor. C’est du moins, selon les informations obtenues par Le Quotidien, le «deal» que le président de la coalition Benno a pu imposer à ses partisans. Il en aurait d’ailleurs discuté le lundi dernier avec M. Baldé, avant de recevoir Doudou Ka le mercredi qui a suivi. Cet accord met d’ailleurs sous le boisseau les velléités de candidature des autres prétendants de Benno dans la région de Ziguinchor.
Ainsi, Benoît Sambou, Aminata Angélique Manga et d’autres encore, devront se rallier à ces deux candidatures, ou risquer d’entrer en rébellion ouverte. Le même genre d’accord aurait d’ailleurs été trouvé dans d’autres localités où on risquait de voir une guerre fratricide de leaders de Benno. De manière générale, le Président a imposé la reconduction de la candidature des sortants, sauf une impopularité flagrante et manifeste de leur part. Et pour les cas où les positions seront irréconciliables, la décision de Macky Sall serait que les dissidents ne pourraient se présenter que sous leur propre bannière ou celle de leur parti, au cas où ils ne seraient pas de l’Apr. Mais pas question de s’allier à l’opposition pour combattre le candidat officiel de la majorité. Ce serait la ligne rouge à ne pas franchir, quelle que soit la localité !
UN DEAL SALL ET SECK
Majoritaire dans la commune, Idrissa Seck reste maître à Thiès. La décision a été entérinée par Macky Sall et son allié du Rewmi. Un contre les responsables de l’APR dont certains menacent déjà d’aller avec des listes parallèles
Par Ndèye Fatou NIANG Correspondante |
Publication 25/10/2021
Majoritaire dans la commune, Idrissa Seck reste maître à Thiès. La décision a été entérinée par Macky Sall et son allié du Rewmi. Le leader de la coalition Bby cède les trois communes et la Ville au leader du parti Rewmi et récupère le département. Un coup Sall et Seck contre les responsables de l’Apr dont certains menacent déjà d’aller avec des listes parallèles.
C’est fini ! Macky Sall a scellé le sort de tous ses partisans qui avaient annoncé leurs candidatures pour briguer les collectivités territoriales de Thiès. Il a décidé, pour les investitures de la majorité présidentielle, aux prochaines Locales, de confirmer le leader de Rewmi dans les trois communes et la Ville. Par contre, le leader de la coalition Bby récupère le département jusque-là dirigé par Idrissa Seck. La décision a fuité ce week-end, à la suite des différentes audiences du président du Cese avec ses partisans et quelques membres de la coalition présidentielle. En effet, le Rewmi veut conserver ses collectivités territoriales et la Ville de Thiès. C’est parce que, dit-on, l’expérience de Talla Sylla a montré que, quand on donne la Ville à un allié qui n’est pas du même parti que les autres trois maires des communes, et que le courant ne passe pas, cela bloque le Conseil municipal. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé depuis que Talla Sylla a rejoint la mouvance présidentielle.
Le Conseil municipal de la Ville de Thiès est bloqué. Et chaque année, c’est le préfet qui est obligé de rendre exécutoire le budget. Et donc, il n’y a pas de Conseil municipal. Et c’est cette cassure que le Rewmi veut éviter pour la prochaine équipe municipale. C’est pourquoi il veut récupérer la ville. Et le grand perdant de cette décision du Président Macky Sall est sans doute son allié Talla Sylla, qui se dit candidat à sa propre succession. Mais cela n’est pas dans les cordes de Macky. C’est d’ailleurs pourquoi il l’a nommé Conseiller spécial à la Présidence. S’agissant du département, Rewmi va le céder à la coalition Bby, comme elle est majoritaire. D’ailleurs, le nom de Pape Siré Dia est cité pour diriger le Conseil départemental. C’est parce que l’ancien Dg de la Poste, qui était le Coordonnateur départemental de la coalition Bby lors des élections législatives de 2017, avait battu ses adversaires d’alors du Rewmi.
Pour l’heure, Idrissa Seck affûte ses armes. Il a déjà réuni les leaders de la commune Est, à savoir le maire sortant, Pape Bassirou Diop, Cheikh Lô et Saër Mangane. Ce dernier serait, selon des sources, l’atout majeur du président du Rewmi pour diriger la liste de la commune Est. A l’Ouest, où le maire Alioune Sow est impopulaire et récusé de toutes parts, Seck a déjà une idée. Idem au Nord où il va faire un arbitrage entre le sortant Lamine Diallo et son prédécesseur Alassane Ndiaye. En attendant la décision finale du leader de Rewmi, les trois maires sortants, Pape Bassirou Diop, Lamine Diallo et Alioune Sow, et le premier vice-président du Conseil départemental, Yankhoba Diattara, ont un mot d’ordre. Diattara travaille pour le maintien des trois maires dans leurs communes et en retour, le trio l’appuie pour qu’il soit élu maire de la Ville de Thiès en remplacement de Talla Sylla. Un schéma qui fait grand bruit au sein dudit parti, puisque les rewmistes préfèrent Saër Mangane ou Mamadou Lamine Sankharé pour la Ville à la place du ministre de l’Economie numérique qui a déjà un bilan jugé «très négatif» à la tête de la Ville entre 2009 et 2014. Toutefois, le dernier mot revient à Idrissa Seck.
Un coup Seck et Sall qui ne passe chez les Apéristes
Seulement, Rewmi devra faire face aux leaders de l’Apr de la commune. Le ministre de l’Artisanat, Dr Pape Amadou Ndiaye, s’entête à vouloir diriger la liste de la commune de Thiès-Ouest. Ce qui n’est pas possible aux yeux de Rewmi parce que Thiès-Ouest est, en effet, le bastion de Idrissa Seck. Outre Pape Amadou Ndiaye, le député Abdou Mbow et Maodo Malick Mbaye sont respectivement candidats pour le Conseil départemental et la commune de Thiès-Est. Abdoulaye Dièye du mouvement Siggi Jotna, lui, va aller à l’assaut de Thiès-Est avec une liste dissidente, de même que Mamadou Gningue de l’Alliance pour un Sénégal prospère, qui va présenter une liste à l’Est et à la Ville. La raison de cette dissidence est que les leaders apéristes estiment que de 7% en 2012, ils ont atteint, avec la coalition Bby, 40% à la dernière présidentielle à Thiès. Du coup, ils pensent qu’ils ont pu encore réaliser un bond qualitatif pour leur permettre d’avoir 60% pour les prochaines Locales et sans Rewmi. Toutes raisons, selon eux, pour que Rewmi leur cède le Conseil départemental et la Ville de Thiès.
LA FEMME DU FOSSOYEUR DU SOMALIEN KHADAR AHMED TRONE SUR L’AFRIQUE
Khadar Ahmed a de quoi avoir le sourire. Son film La femme du fossoyeur a remporté l’Etalon d’or. C’est l’histoire d’un père de famille à la recherche d’argent pour sauver sa femme malade
Par Malick GAYE – Envoyé spécial à Ouaga |
Publication 25/10/2021
Khadar Ahmed a de quoi avoir le sourire. Son film La femme du fossoyeur a remporté l’Etalon d’or. C’est l’histoire d’un père de famille à la recherche d’argent pour sauver sa femme malade.
Khadar Ahmed est désormais sur le toit de l’Afrique ! Le réalisateur somalien a remporté le très convoité Etalon d’or de Yennenga lors de la 27ème édition du Fespaco avec son film-documentaire La femme du fossoyeur. Bien qu’absent lors de la cérémonie de remise des prix au Palais des sports de Ouagadougou, le Somalien va empocher 20 millions de francs Cfa.
Dans son film, c’est l’histoire d’un couple, Guled et Nasra, qui vit avec leur fils Mahad, dans les quartiers pauvres de Djibouti, empêtré dans des difficultés financières. L’épouse souffre d’une maladie rénale. Elle doit impérativement se faire opérer. Son conjoint, fossoyeur, a du mal à trouver les moyens financiers qu’il faut. Il est tiraillé entre l’argent nécessaire pour payer les soins de sa femme et le vœu de garder sa famille unie. «Un film ne doit pas prétendre des choses, et ce film ne prétend pas. Ce film raconte l’humanité de façon touchante, la pauvreté, mais raconte surtout une histoire d’amour. C’est ça qui est beau, c’est ça qui est fort. Et venant d’un pays difficile, qui souffre, malgré les difficultés de la Somalie, lorsque vient un film comme ça, je trouve que c’est important pour le continent africain, pour le cinéma africain», a argumenté le président du jury, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, juste avant de remettre le prix.
Par Madiambal DIAGNE
LES DINDES ET DINDONS DE PASTEF
L’ego est sûrement l’un des pires ennemis de la vie politique sénégalaise, l’absence de démocratie interne et son fonctionnement au style de sociétés unipersonnelles en disent long sur cet esprit
Barthélemy Dias avait travaillé dur pour forcer une alliance entre le parti de Ousmane Sonko, Pastef, et le mouvement politique Taxawu Senegaal dirigé par l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Personne ne s’y trompait, l’objectif de Barthélemy Dias était de se servir de cette coalition pour pouvoir se présenter à la tête de la mairie de la Ville de Dakar. Il avait naïvement cru que Ousmane Sonko ne ferait pas de la conquête de la mairie de la Ville de Dakar un objectif politique personnel. Seulement, le tonitruant Barthélemy Dias avait oublié que les lieutenants de Ousmane Sonko pouvaient eux aussi nourrir leurs propres ambitions personnelles. Aussi, un soutien de Ousmane Sonko aurait pu peser lourd pour que Khalifa Sall se décide enfin à miser sur Barthélemy Dias car c’est un secret de polichinelle que Soham El Wardini bénéficie de la préférence de Khalifa Sall. On constate avec les opérations d’investiture de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) que le parti de Ousmane Sonko n’a fait le moindre cadeau à Barthélemy Dias ou à Khalifa Sall.
Pastef a décidé de jeter son dévolu sur la candidature de Abass Fall pour briguer la mairie de la Ville de Dakar et comble de boulimie, Pastef a investi son propre candidat dans chacune des 19 mairies d’arrondissement de Dakar ; parfois contre des maires sortants de Taxawu Senegaal. C’est ainsi que Pastef a mis dans les pattes de Barthélemy Dias, Thierno Sy, pour être candidat à la mairie de Mermoz-Sacré Coeur. Pastef s’est montré inflexible jusqu’à décider de bouder avec fracas la commission des investitures mise en place à Dakar par la coalition Yaw. Le parti de Ousmane Sonko est revenu à la table, après moult conciliabules, mais persiste à maintenir ses propres candidatures partout à Dakar.
Ainsi, Khalifa Sall et ses partisans seront obligés de négocier, dur et peut-être ferme, pour pouvoir prétendre obtenir quelques bonnes places sur les listes. Autre signe du gros malaise ou de la cacophonie qui a fini de s’emparer du camp de Khalifa Sall, on apprend que Soham El Wardini a elle aussi fini de déposer une candidature à la mairie de Dakar, au titre de la coalition Yaw. En définitive, cette alliance finira par disloquer davantage le camp de Khalifa Sall qui se trouve incapable d’arbitrer les bagarres qui minent sa famille politique. Assurément, cette situation confirme le postulat que nous avions posé, en affirmant, dans une chronique, en date du 14 décembre 2020, que dans une «alliance avec Sonko, Khalifa Sall : perdant à tous les coups». C’est dire que le maire de la Médina, Bamba Fall, avait eu le flair de deviner que Pastef ne lui ferait pas de cadeau et avait donc décidé d’anticiper en déposant sa candidature pour briguer la mairie de l’arrondissement de la Médina (Dakar). Bamba Fall ne se faisait pas d’illusion et disait à qui voulait l’entendre qu’il ne croyait pas à une alliance Sonko-Khalifa, et s’en était démarqué avec fracas.
Abdoulaye Baldé continue avec Macky Sal
Malick Gakou, leader du Grand parti, (Macky Sall le tournait en dérision parlant de «petit parti») se trouve dans la même situation que Barthélemy Dias ou Khalifa Sall. Le parti de Ousmane Sonko lui a désigné des concurrents dans son fief politique de Guédiawaye, avec Alpha Ba comme tête de liste à la mairie de la Ville ; ce qui va fragiliser encore plus la position de Malick Gakou dans la perspective de chercher à tenir la dragée haute au maire sortant Aliou Sall de Benno bokk yaakaar (Bby). Aussi, cette embarrassante candidature de Pastef se révélerait être un véritable camouflet pour Malick Gakou, d’autant que son rapprochement avec Macky Sall était dans l’air du temps. C’est également le sort d’autres leaders embarqués dans la coalition Yaw, comme Cheikh Bamba Dièye (Saint-Louis) ou des dirigeants de mouvements comme Cheikh Tidiane Dièye, Ahmed Aïdara et autres. Bougane Guèye Dany de Gueum sa Bop a, lui, semblé avoir compris le jeu et avait décidé de se démarquer de Yaw et chercher sa propre voie. Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor et leader de l’Union centriste du Sénégal (Ucs), a interrompu son flirt, par médias interposés, avec Pastef, dès qu’il a compris que Ousmane Sonko ne lui ferait aucune concession à Ziguinchor. D’ailleurs, le leader de Pastef devrait briguer lui-même la mairie de la Ville de Ziguinchor et sa candidature devrait être lancée le 30 octobre 2021, à l’occasion d’un Grand meeting national. Pastef bat le rappel des troupes pour faire du rendez-vous de Ziguinchor, une démonstration de force.
Sonko «voile» ses femmes de ridicule
Les militants du parti de Ousmane Sonko n’avaient pas habitué leur monde à exprimer des opinions publiques appréciant autrement que de façon positive le fonctionnement de leur parti ou les décisions de leur leader. Il a fallu qu’ils soient en contact, au sein de la coalition Yaw, avec des militants membres d’autres formations, pour qu’ils se découvrent une certaine liberté de ton ou d’expression. Ainsi, des «pastéfiens» ont eu à élever la voix pour fulminer contre les décisions de leur parti en direction des prochaines élections locales du 23 janvier 2022. Pastef Dakar a rué dans les brancards pour se retirer, un temps, de la coalition Yaw. Leurs camarades de Tambacounda en ont fait de même et des déclarations de révolte ont été entendues à Ziguinchor, contestant les choix politiques et stratégiques de Ousmane Sonko. C’en était assez, pour que le «pastéfien en chef» se fâche et intime, avec fermeté, le silence dans les rangs, sous peine de sanctions sévères contre tout récalcitrant.
On peut augurer que désormais le silence sera de rigueur dans les rangs de Pastef. Mais ce sont les femmes qui souffriront le plus en silence. Les investitures au sein de Pastef se déroulant au détriment de la gent féminine. On a vu par exemple à Guédiawaye, Khadija Mahecor Diouf, cheville ouvrière de Pastef, voir sa candidature refusée. Elle a exigé un vote des militants que la direction du parti lui a refusé. Le même sort a été réservé à Awa Sonko, qui se voulait une petite candidate à Djinaki (Bignona) ou Fatoumata Bintou Diédhiou à Sédhiou. Les explications servies à ces bonnes dames pour refuser leurs candidatures tiendraient au fait que sociologiquement, certaines zones seraient réfractaires à des candidatures féminines. D’ailleurs, la présidente du Mouvement national des femmes de Pastef, Maïmouna Dièye, n’a été acceptée pour être candidate à la mairie d’arrondissement de Patte d’Oie (Dakar), qu’après une haute lutte et son statut de présidente nationale a pu peser.
C’est dire que seule Marie Hélène Diouf de Gorée a été investie sans trop de difficulté. Peut-être que Gorée présente une réalité sociologique bien différente aux yeux des responsables de Pastef. Là aussi, les responsables des associations de femmes, qui travaillent pour l’accès des femmes aux positions de responsabilités publiques, devraient être dans leurs petits «hauts talons». En effet, c’est dans la formation politique de Ousmane Sonko que les femmes vivent le plus ce genre d’ostracisme, alors qu’on a vu des associations et leurs principales responsables faire le dos rond ou même (sacrilège!), s’afficher sur les réseaux sociaux avec ce même Ousmane Sonko qui fait l’objet d’accusations publiques de viol et autres violences et sévices contre la dame Adji Sarr. Les associations féminines, souvent très bruyantes sur le thème des violences faites aux femmes, se sont tues sur ce cas d’espèce. Elles sont vraiment très rares à exiger «Justice pour Adji Sarr». On peut considérer que, devant cette situation de déni de leurs droits politiques légitimes, réservée aux femmes militantes de Pastef, les associations féminines semblent s’être faites hara-kiri.
Ego, pour qui te prends-tu?
Au demeurant, la floraison des candidatures déclarées est le signe d’un malaise profond. Tout le monde cherche à exister par tous les moyens sur la scène politico-médiatique. Des acteurs qui, au fond de leur être, se savent dépourvus de toute légitimité ou de soutien, se mettent au jeu de se déclarer candidats. Dans une logique de surenchère et de défiance, ils se mettent à l’opposé de leurs partis et contribuent à fragiliser ces entités. Les partis représentatifs ont commencé à chuter partout dans le monde, quand tous les militants, par la force d’ego surdimensionnés, se sont tous vus en cadres ou ténors de leurs organisations politiques. La multiplication des mouvements citoyens, de listes dissidentes aux différentes élections en constitue la bonne preuve. Les mouvements de tout calibre comme force politique, se nourrissent d’une popularité d’un moment d’une tête bien soignée, mais la viabilité sur la durée pose problème. Au Sénégal, les élections locales sont le parfait moment pour tous de mettre en œuvre les leçons de Michel Rocard sur l’existence en politique. C’est assez dommage que ce rendez-vous avec les communautés et à la base d’une bonne respiration des systèmes démocratiques, souffre de la cupidité d’acteurs dont le seul but est de se faire un nom, gruger des voix et en faire une monnaie d’échange pour un meilleur devenir politico-économique. L’ego est sûrement l’un des pires ennemis de la vie politique sénégalaise, l’absence de démocratie interne et son fonctionnement au style de sociétés unipersonnelles en disent long sur cet esprit.
FRONT COMMUN POUR LA DEFENSE DES DROITS DES JEUNES FILLES
Lancement officiel de la campagne de vulgarisation de l’agenda national de la fille 2021-2025
Instituée par l’Assemblée générale des Nations-Unies, le 19 décembre 2011, la Journée internationale de la fille est consacrée à protéger les droits des filles, lutter contre la discrimination et favoriser leur épanouissement. Célébré, au Sénégal, au Théâtre National Daniel Sorano avant-hier, samedi 23 octobre 2021, cette journée a été marquée par le lancement officiel de la campagne de vulgarisation de l’Agenda national de la fille, avec comme slogan «Les filles prennent les commandes».
Pour la 10ème année consécutive, l’humanité a célébré la journée internationale de la fille, institué le 19 décembre 2011, par l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU), afin de protéger davantage les droits des filles et de lutter contre une discrimination et favoriser (consacrer) leur épanouissement. Elle vise aussi à favoriser la participation effective des filles aux décisions les concernant et à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). L’édition de cette année est axée sur le thème : «Le pouvoir des filles à l’honneur sur les réseaux sociaux, ma voix, l’égalité pour l’avenir».
Au Sénégal, le ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants a présidé les activités marquant cette journée, célébrée avant-hier, samedi 23 octobre 2021, au Théâtre National Daniel Sorano. «Nous sommes à l’heure ou l’opportunité de faire le bilan en faveur des jeunes filles et aussi et surtout d’analyser ensemble les possibilités énormes et des menaces réelles liées à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication et les réseaux sociaux par les jeunes filles», a déclaré Madame le ministre Ndeye Sali Diop Dieng, lors de la rencontre consacrant le lancement officiel de la campagne de vulgarisation de l’Agenda national de la fille 2021-2025. «En cette perspective, a-t-elle poursuivi, il est heureux de noter que notre pays, le Sénégal, dispose d’un cadre juridique institutionnel et programmatique favorable à la protection des jeunes, qui représentent aujourd’hui 65% de la population dont plus de la moitié constituent des filles».
En effet, «outre les instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme, notamment sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Protocole additionnel des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes, le Protocole de Maputo, la Constitution du Sénégal consacre la protection de la jeunesse. Ce dispositif est renforcé à la modification du Code pénal par la loi 99-05 du 29 janvier 1999 interdisant l’excision et récemment la loi 2020-05 du 10 janvier 2020 criminalisant le viol et la pédophilie» a rappelé Madame le ministre.
Et Ndeye Sali Diop Dieng de citer également que dans le domaine du numérique, «les lois N°2008-11 sur la cybercriminalité et la loi N° 2008-12 sur la protection des données à caractère personnel adoptées le 25 janvier 2008 garantissant la liberté et la sécurité en ligne ainsi que la promotion de l’éducation numérique. Sur le plan socio-économique, sur la vision du chef de l’Etat, Macky Sall, déclinée à travers le Plan Sénégal émergent (PSE), d’importantes politiques sectorielles sont également développées pour réaliser les droits des filles», a ajouté le ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants.
LES HUIT AXES PRIORITAIRES DE L’AGENDA NATIONAL DE LA JEUNE FILLE 2021-2025
Dès lors «je vous invite, mes chères filles, à vous approprier de ces instruments destinés à lutter contre les violences et autres discriminations exercées à votre égard, à liguer votre potentiel et accompagner votre autonomisation», a-t-elle insisté. Avant de les conseiller la vigilance et la responsabilité. «Il faut juste alors faire preuve de vigilance et de responsabilité pour un bon usage des techniques de l’information et des communications, en général, et des réseaux sociaux ; en particulier. C’est-à-dire un usage éducatif, un usage éthique, civique et économique».
Et de conclure : «l’Agenda national de la jeune fille 2021- 2025, élaboré par mon département avec l’implication des différents acteurs, vise à éliminer toutes les sortes de discriminations à l’égard des filles et à contribuer à leur plein épanouissement. Il est structuré en huit priorités axées sur l’égalité et les droits, l’éducation, la santé reproductive, la formation professionnelle et technique, l’élimination des violences faites aux filles, l’autonomisation du leadership féminin et l’implication des hommes pour relever tous ces défis», a précisé Ndeye Sali Diop Dieng.