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16 mai 2025
MERES CELIBATAIRES : UNE DOUBLE CHARGE AU QUOTIDIEN
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père.
« Il faut tout un village pour élever un enfant », dit-on. Mais les vicissitudes de la vie peuvent conduire une maman à élever son enfant seule, jouant ainsi le rôle de mère et de père. Entre charge mentale, manque de soutien et difficulté à refaire sa vie, chaque jour est un défi pour celles qui endossent cette double casquette.
La couleur vaut le détour. D’un rose éclatant et lumineux, cette maison située à Medina Gounass, rappelant les bâtisses de l’époque coloniale, attire tous les regards. Une architecture qu’elle doit à son passé récent, car elle abritait les locaux de l’ancien tribunal de la ville de Guédiawaye. Aujourd’hui, la Maison Rose, ou « Dar as Salam » (maison de la paix), est devenue un refuge pour les mères seules, les aidant à se reconstruire et à bâtir un nouvel avenir.
Dans la Maison Rose, la présence de cette couleur riche en symboles se perçoit dans chaque coin et recoin. Du rez-de-chaussée au plafond, cette teinte, symbole d’affection et de douceur, marque son empreinte comme pour rappeler aux pensionnaires qu’elles n’y trouveront que des ondes positives. Une positivité perceptible à des kilomètres à la ronde. En effet, en foulant le sol de ce cocon protecteur en ce début d’après-midi, les rires d’enfants titillent la curiosité. Une curiosité qui donne envie de percer le mystère caché derrière ces murs. Cette atmosphère enjouée contraste avec le vécu des pensionnaires. Ouverte depuis 2008, la Maison Rose accueille des femmes victimes de violences, de viols, d’incestes ou encore de grossesses précoces. « Le but est de les aider à faire face à leurs histoires et à leur permettre une renaissance », explique Mona Chasserio, fondatrice de la Maison Rose.
Chaque porte de la Maison Rose ouvre sur des histoires de mères célibataires. Mais l’histoire de Codou Diop et celle de Khoudia Mbaye (noms d’emprunt) méritent une attention particulière avant de continuer l’exploration de ce cocon protecteur. Au premier étage de cette bâtisse, ces jeunes filles vivent avec leurs enfants respectifs. Assises sur leur lit, un peu hésitantes, elles jouent nerveusement avec leurs doigts, le regard fuyant. Codou Diop est la première à partager son jardin secret. La jeune fille de 23 ans a vu, à travers ce récit, la clé pour faire la paix avec son passé. C’est justement ce qu’apprend la Maison Rose à ses résidentes : « laisser son sac de problèmes derrière soi et avancer sereinement ».
Havre de paix pour mères célibataires
Le 25 janvier 2024. Codou Diop n’est pas prête à oublier cette date. C’est ce jour-là que la jeune femme de 23 ans a foulé le sol de la Maison Rose avec une grossesse de sept mois. Et depuis ce jour, Dar es Salam est devenue son « havre de paix ». Violée par son père, la jeune femme au teint clair et au corps svelte voit sa vie chamboulée à tout jamais. Face à ce « déshonneur », elle tente de se débarrasser de cette grossesse. « Je voulais coûte que coûte en finir avec cette grossesse. Je me suis retrouvée à l’hôpital. Le médecin m’a mise en rapport avec une « bajenu goox », raconte-t-elle, le regard hagard. Elle finit par atterrir à la Maison Rose à sept mois de grossesse. « Je suis restée trois jours à pleurer. Mais avec les activités de création et d’éveil, j’ai pu accepter ma situation de mère célibataire et cet enfant », confie-t-elle, la maman d’une petite fille.
Khoudia Mbaye a longtemps bourlingué avant d’arriver à la Maison Rose. La jeune femme de 20 ans a connu une vague de mésaventures dans sa vie. Dar es Salam est sa planche de salut, sa bouée. Issue d’une famille où les parents ont divorcé, Khoudia choisit de vivre chez son père. Ce dernier se marie, et elle doit supporter « les humeurs de sa belle-mère ». Celle-ci va convaincre son père de l’envoyer chez ses grands-parents, puis chez sa tante paternelle. C’est là qu’elle rencontre un jeune homme. Ce dernier lui fait miroiter un amour éternel, qu’elle n’a plus connu depuis la séparation de ses parents. À 16 ans, Khoudia se retrouve enceinte.
« Mon père m’a laissée à mon sort à cause de cette erreur de jeunesse. Il m’a clairement fait savoir qu’il était déçu et qu’il aurait préféré que je sois avec ma mère », avoue-t-elle, les yeux larmoyants. Cette réaction, selon le sociologue Souleymane Lo, est due à la perception de la société sénégalaise des mères célibataires, souvent marquées par des jugements sévères et des stigmatisations. « Elles sont souvent perçues comme ayant transgressé les normes sociales et religieuses. Sous cet angle, elles font l’objet de rejet par leur famille et la communauté, ce qui les conduit parfois à l’isolement », a expliqué le sociologue.
Khoudia Mbaye coupe les ponts avec sa famille et décide de se trouver un logement pour elle et son fils. Abandonnée par sa famille et le père de son enfant, elle doit se débrouiller seule pour subvenir à ses besoins. Quelques mois plus tard, elle renoue le contact avec le père de son fils, et une nouvelle grossesse survient. « Il m’avait promis monts et merveilles. Mais il m’a de nouveau abandonnée juste après l’annonce de ma grossesse », dit-elle, d’un air dépité. Elle se retrouve avec deux bébés sur les bras. « C’était très difficile psychologiquement. J’en suis même venue à abandonner mon nouveau-né devant une maison, faute de pouvoir le prendre en charge », révèle-t-elle. Avec l’aide d’une bonne samaritaine, elle récupère son fils. « Cette personne m’a ensuite conduite à la Maison Rose. J’y vis depuis deux mois avec mes deux fils en toute sérénité », confie-t-elle. Après sa longue traversée du désert, Dar es Salam est devenue son oasis où Khoudia voit « une nouvelle porte » s’ouvrir pour elle et ses enfants.
Le père, l’absent le plus présent
« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut », écrivait Mariama Ba. Ces quelques mots suffisent à décrire la vie d’Asta Mbow. Contrairement à Codou et Khoudia, qui ont pu compter sur le soutien de la Maison Rose, Asta a dû faire face à son destin. « Mon mari est mort l’année dernière des suites d’une maladie. Mais j’ai toujours du mal à l’accepter, surtout avec les enfants », lâche-t-elle, visiblement émue. Mariée depuis un an, elle se retrouve veuve avec deux enfants à charge. « J’essaie de tout faire pour qu’ils ne manquent de rien », avoue la commerçante. Mais il y a un manque qu’elle ne peut combler : l’absence de son mari. « Elle se fait énormément ressentir dans l’éducation des enfants. Il leur manque cette présence paternelle que je ne peux combler », lâche-t-elle, plongée dans ses souvenirs, seules choses qui lui restent de son doux et tendre mari.
Les souvenirs, eux, restent tatoués dans la tête de Khady Barry (nom d’emprunt). Elle se souvient encore des difficultés à subvenir aux besoins de sa fille huit ans plus tôt. « C’est un lointain souvenir, dont la douleur et les séquelles restent toujours présentes », confie la trentenaire. En effet, les difficultés liées à l’éducation d’un enfant ne s’oublient pas facilement, surtout sans le père. « Ce dernier n’était pas prêt à prendre en charge un enfant. Il disait avoir des études à finir et une carrière à bâtir. Un enfant serait un frein pour nous deux », se rappelle amèrement celle qui est tombée enceinte à 22 ans, juste après sa licence. Cela n’entache en rien sa volonté de réussir ses études. Mais c’est sans compter sur la réalité d’une maman solo. « Cette période a été très compliquée sur tous les aspects. Je peinais à subvenir aux besoins de ma fille », confie-t-elle.
Mais pour Khady Barry, le plus dur a été d’expliquer à son enfant pourquoi elle ne pouvait grandir avec un père et une mère sous le même toit. « Je devais jouer le rôle du gendarme pour la recadrer, ou celui de la maman pour la rassurer et combler le vide laissé par le père », se souvient la trentenaire. Ce manque de présence masculine, poursuit-elle, a eu des conséquences sur l’éducation de sa fille, qui voit en tout homme une figure paternelle. « J’ai dû également la priver de beaucoup de choses. Je ne pouvais lui offrir que le strict minimum, sans travail ni soutien du père. Ma fille a un énorme problème avec l’autorité. Que ce soit à l’école ou à la maison, elle a du mal à être disciplinée ou à suivre les ordres », reconnait-elle. Endosser cette double casquette n’a pas été de tout repos d’après la conseillère clientèle dans une société française de télécommunications.
Poids des charges
Les mères célibataires au Sénégal font face à plusieurs défis spécifiques liés à la charge de l’enfant, selon le sociologue Souleymane Lo. « Elles sont contraintes de jongler entre le travail et les responsabilités parentales, ce qui peut être épuisant », explique-t-il.
Khady Barry a, quant à elle, jonglé entre ses études et l’éducation de sa fille. « J’ai dû abandonner mes études en master 2 et le stage qu’un de mes formateurs m’avait trouvé. Financièrement, je ne m’en sortais plus. Je n’avais plus les moyens de payer la garderie ni d’acheter le minimum nécessaire pour la survie de mon bébé », révèle-t-elle. La mère célibataire avoue avoir du mal à faire face aux charges. À un certain moment, confie-t-elle, les couches, les vêtements et les trois repas quotidiens étaient difficiles à gérer. « Nous pouvions rester des jours sans manger. Nous n’avions aucune aide financière, aucun soutien moral, ni autre forme d’assistance. Nous étions seules, et cela pendant plusieurs années », raconte-t-elle, soulignant que même les hôpitaux et les ordonnances étaient un luxe.
La justice, l’autre affaire
La prise en charge des besoins des enfants de mères célibataires dépend des cas, selon Malick Ndour, greffier. « Les mères célibataires qui ont obtenu la garde de leurs enfants à l’issue d’un divorce peuvent également rencontrer des difficultés pour recouvrer la pension alimentaire due par leurs ex-époux, surtout si ces derniers n’ont pas d’activité rémunérée par une administration publique ou privée », explique-t-il. Malick Ndour relève aussi le fait qu’elles sont souvent laissées à elles-mêmes, sans assistance ni pension alimentaire de la part de leurs ex-époux. « Elles ne peuvent même pas se prévaloir de la garde de fait et sont obligées de quémander une autorisation parentale pour voyager avec leurs enfants », souligne-t-il. Selon le juriste, la prise en charge des frais médicaux et pharmaceutiques des enfants s’inscrit dans cette dynamique.
Dans le cas des mères célibataires issues d’une relation naturelle, le juriste explique que le premier défi réside dans la reconnaissance de leurs enfants. « La plupart des enfants issus d’une relation naturelle se heurtent à un refus de paternité. Les pères refusent de s’assumer et, par ricochet, se gardent de les reconnaître. Il se pose également le problème de leur déclaration. Ils sont souvent mal déclarés, non déclarés ou inscrits au nom exclusif de la mère, avec la mention Pnd (Père non dénommé), ce qui peut avoir des conséquences psychologiques et sociales graves. Cela porte aussi préjudice à la jouissance de certains de leurs droits, comme le droit à une identité et à l’éducation », énumère-t-il. Me Ndour évoque également comme autre difficulté la prise en compte de ces enfants dans l’héritage en cas de décès du père. « Même si ces derniers les reconnaissent, ils sont parfois victimes de clichés religieux qui tentent de les exclure de l’héritage, bien que le Code de la famille soit clair sur la dévolution successorale selon le droit musulman (article 571 et suivants du Code de la Famille) », renseigne-t-il.
En revanche, poursuit-il, si ces enfants ne sont pas reconnus, ils n’ont même pas droit à être considérés comme héritiers d’un père biologique absent. Pire encore, en vertu de l’article 196 du Code de la famille, il leur est interdit de rechercher leur paternité, sauf dans les cas prévus à l’article 211 dudit code.
Difficile recommencement
La première relation avec le père de leur enfant peut laisser un goût amer aux mères célibataires. Certaines en viennent même à perdre l’envie de revivre une histoire d’amour. C’est le cas de Khoudia Mbaye. Après sa relation avec le père de ses deux fils, la femme de 20 ans dit être devenue « méfiante » vis-à-vis des hommes. « J’ai récemment rencontré quelqu’un qui m’a dit vouloir faire de moi sa femme. Mais je ne peux m’empêcher de penser à la façon dont cela serait perçu par sa famille et à son futur rapport avec mes enfants. C’est pourquoi je reste sur mes gardes », dit-elle d’un brin mélancolique.
Mariama Badiane s’est tout simplement résignée à finir sa vie seule. Mère de trois enfants, la femme de 56 ans ne se consacre aujourd’hui qu’à ses fils. « Je suis venue rejoindre mon mari en France en 1993. Mais c’est en 2016 que nous avons pris des chemins différents. Depuis, je m’occupe des enfants. Cela me suffit, et refaire ma vie n’est pas un besoin pour moi », avoue la consultante en droit familial. Une flamme difficile à raviver !
« Je suis restée célibataire presque 6 ans, seule avec mon enfant. Introduire à nouveau un homme dans ma vie me terrifiait », confie Khady Barry sans détour. La femme de 30 ans s’est posée beaucoup de questions avant de présenter son futur époux à sa fille. « Comment ma fille allait-elle vivre cela ? Cet homme accepterait-il mon enfant ? Comment sa famille réagirait-elle ? S’il y a un souci après le mariage, allais-je me retrouver enceinte et de nouveau mère célibataire ? Allait-il m’abandonner à son retour ? Serais-je encore obligée de mettre ma vie en suspens pour élever un autre enfant ? », se remémore-t-elle. En dépit de ces appréhensions, elle finit par faire confiance à l’avenir et sauter le pas. Les premiers mois de mariage ont été difficiles pour celle qui a dû laisser son enfant au Sénégal afin de rejoindre son époux dans un autre pays. « Elle s’est sentie abandonnée, déjà qu’elle n’avait qu’un seul parent, une mère qui faisait office de père aussi. Nous avons vécu séparées quelques années, le temps pour moi de bâtir un foyer stable et la faire venir auprès de nous », explique-t-elle. Avec le temps, Khady Barry a appris à refaire confiance et a accepté une figure d’autorité en son mari, qui joue actuellement le rôle de père, un rôle que sa fille n’a jamais eu avec son père biologique. « Vivre dans une famille recomposée n’est jamais facile, mais c’est mieux que d’être seule. On a quelqu’un sur qui s’appuyer et à qui déléguer certains devoirs », reconnaît-elle.
Le sociologue Souleymane Lo explique qu’il est difficile pour les mamans solos de trouver un partenaire de vie. Cependant, il tient à relativiser en affirmant que pour surmonter ces obstacles, les mères célibataires doivent davantage travailler sur leur estime de soi, en ayant confiance en elles et en leurs capacités à trouver l’amour. Elles doivent se concentrer sur leurs besoins sans négliger leurs propres désirs. Enfin, elles doivent s’armer de patience. Trouver le bon partenaire prend du temps. « Il est important de ne pas se précipiter et de prendre le temps de faire connaissance », signale-t-il. Après tout, tout vient à point à qui sait attendre !
724 dossiers traités par l’Association des juristes sénégalaises
Les mères célibataires qui font appel à l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) sont nombreuses, selon Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum, coordinatrice de la boutique de droit de Pikine. De janvier 2023 à juin 2024, les neuf boutiques de droit de l’Ajs ont reçu et traité 724 dossiers de mères célibataires, précise Mme Bakhoum. Cette dernière explique qu’elles viennent principalement pour des questions de droit de la famille. Selon la coordinatrice de la boutique de droit de Pikine, 430 dossiers portent sur des cas d’état civil, comme les demandes de procédure de déclaration tardive de naissance, suivis des cas de garde d’enfant avec demande de garde légale et de recherche de paternité pour les enfants issus de grossesses non reconnues. Il y a également des questions liées à la violence, avec 199 dossiers de violence physique (coups et blessures), économique (refus de verser la pension alimentaire), psychologique (menaces, injures, dénigrements), et sexuelle (harcèlement, viol, détournement de mineur…).
« Le refus de paternité est également courant, car les possibilités judiciaires ne sont pas nombreuses pour les mères célibataires, et le Code de la famille de 1972 offre davantage de possibilités aux hommes », ajoute la juriste consultante. À cet égard, elle poursuit, l’interdiction de la recherche de paternité est énoncée dans l’article 196 du Code de la famille, qui précise que la recherche de paternité est interdite. L’établissement de la filiation paternelle est interdit pour tout enfant qui n’est pas présumé issu du mariage de sa mère ou n’a pas été volontairement reconnu par son père. Ndeye Madjiguéne Sarr Bakhoum précise qu’il n’y a aucune possibilité judiciaire si le père décide de ne pas reconnaître son enfant, et aucun rapprochement paternel ne sera effectué. « Il est donc interdit de rechercher judiciairement la paternité naturelle, sauf dans des cas exceptionnels. Mieux, selon l’article 277 du Code de la famille, c’est la notion de puissance paternelle qui est consacrée au lieu d’autorité parentale, ce qui fait que, même divorcées, les femmes rencontrent des difficultés pour prendre certaines décisions pour leurs enfants », renseigne-t-elle.
KALIDOU KOULIBALY POUSSÉ VERS LA SORTIE
Sous contrat avec Al-Hilal jusqu’en 2026, le défenseur sénégalais serait poussé vers la sortie. Avec des performances jugées à la baisse, il aurait été exclu de la liste pour le Championnat afin de faire de la place à… Neymar.
Sous contrat avec Al-Hilal jusqu’en 2026, le défenseur sénégalais serait poussé vers la sortie. Avec des performances jugées à la baisse, il aurait été exclu de la liste pour le Championnat afin de faire de la place à… Neymar.
Al-Hilal en veut plus, beaucoup plus. Dominateur sans partage du football saoudien la saison dernière, le club entraîné par Jorge Jesus ne veut pas s’arrêter en si bon chemin cette saison. Et pour maintenir le cap durant cette campagne où il est en train de livrer un mano à mano avec Al-Ittihad en Saudi Pro League, il serait prêt à se passer de certains éléments, et pas des moindres, à la mi-saison. Si un départ de Neymar semblait à l’étude il y a quelques semaines, celui qui fait désormais le plus parler est celui de Kalidou Koulibaly. À 33 ans, l’ancien défenseur central de Naples et de Chelsea est dans sa deuxième année en Arabie saoudite. Mais après une longue et belle saison 2023- 2024 (44 matchs), ses performances dans cette campagne 2024-2025 ne répondraient plus aux attentes placées en lui.
KOULIBALY SACRIFIÉ POUR NEYMAR ?
Avec 18 matchs disputés pour plus de 1500 minutes, le capitaine de l’Equipe Nationale du Sénégal reste un titulaire pour Jorge Jesus. Pourtant, les champions en titre d’Arabie saoudite seraient prêts à prendre une décision drastique et étonnante pour se séparer de lui. D’après les informations de Marca, AlHilal a décidé d’inscrire Neymar sur la liste pour le Championnat, et cela passe par exclure Koulibaly. Plus surprenant encore, le média espagnol précise que la direction du club saoudien a décidé de mettre fin au contrat du champion d’Afrique 2022 ou le faire prêter, à partir du prochain mercato, jusqu’à la fin de son contrat qui court jusqu’en 2026. Reste maintenant à voir par quelle oreille Kalidou Koulibaly accueillerait une telle décision. Ce qui est sûr, c’est que le défenseur a encore tant à offrir à 33 ans.
LES LIONNES DE HANDBALL BUTENT SUR LE CONGO ET HERITENT DU CAMEROUN EN QUART
Après quatre victoires d’affilée, les Lionnes se sont inclinées sur la marque de 25-17, pour le compte de la cinquième et dernière journée de la phase de groupe.
L’équipe du Congo a mis fin à la belle série enclenchée depuis le début de la CAN Handball Féminine qui se déroule à Kinshasa en RD Congo. Après quatre victoires d’affilée, les Lionnes se sont inclinées sur la marque de 25-17, pour le compte de la cinquième et dernière journée de la phase de groupe. Avec cette défaite, le Sénégal perd la première pour la 3eme place derrière le Congo et l’Egypte. Il hérite du coup du Cameroun, sorti deuxième du groupe, qu’il affrontera ce mercredi en quart de finale.
Après une belle série marquée par quatre victoires, l’équipe du Sénégal a enregistré hier, mardi 3 décembre 2024, au Gymnase des Martyrs, sa première défaite à la CAN de Handball qui se déroule en Rd Congo. Les Lionnes sont tombées devant l’équipe du Congo pour le compte de la 5e journée et dernière journée de la phase de poules. Les protégées de Yacine Messaoud ont d’entrée buté d’entrée sur la solidité de l’adversaire. Au coude à coude dans les premières échanges de la rencontre (6-6 à 17e), les Congolaises, vont vite se détacher avant de prendre une bonne marge (11-6 ; 26e).
Moins tranchantes dans les phases offensives, les coéquipières d’Astou Ndiaye, Raissa Dapina, Doungou Camara et autres Soukeyna Sagna ne tardent pas à marquer le pas (12-7 : 27e). Elles accèdent à la pause avec un handicap de 5 points au tableau d’affichage. A la reprise, les Sénégalaises peinent à recoller. Plus en réussite, le Congo accentue son avance en larguant les Sénégalaises (21-14 ; 21 e) avant de conforter leur avance à 10 unités à quatre minutes de la fin (25-15 ; 26e). Avant de boucler la rencontre sur le score de 25 à 17.
Pas de carton plein pour le Sénégal. Le Congo s’est encore posé comme le bourreau du Sénégal. C’est en effet, cette formation qui a ravi la 3eme place au Sénégal lors de la précédente édition de la CAN disputée à Dakar. Avec quatre victoires et une défaite, le Sénégal a été relégué à la troisième place derrière le Congo et l’Egypte qui l’a doublé à la différence de buts. Les Lionnes n’auront aucun répit puisqu’elles abordent dès ce mercredi 4 décembre le second tour.
Le Sénégal hérite en quart de finale, le Cameroun, un des grands favoris au trophée. Les Camerounaises ont fini à la deuxième place derrière l’Angola, tenante du titre, qui a réussi un sans faute avec cinq victoires dans le groupe B. L’ambition du Sénégal de décrocher une place de demi-finaliste mais aussi de poursuivre leur chemin vers un premier trophée continental. Les quatre premiers du classement final seront qualifiés pour le Mondial-2025 prévu en Allemagne et aux Pays-Bas en décembre 2025. Les autres affiches des quarts de finale opposeront le Congo à la Tunisie, l’Egypte à la RD Congo et l’Angola à l’Algérie.
Par Fodé KANTE
JE DEMANDE LA PAROLE !!
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société suite à la publication dans Sud quotidien du 25 octobre 2024
Le Sud quotidien dans son N° 2424 du 25 octobre 2024 a ouvert un dossier d’une brûlante actualité sur la société civile (légitimité, processus historique et contraintes). J’ai épluché avec beaucoup d’intérêt ce dossier animé par les co-auteurs René Lake et El Hadji Mbaye à qui je rends un vibrant hommage pour la pertinence de leur analyse. Cela ne m’étonne guère de la part de ces 02 éminents universitaires qui ont pleinement joué leur partition de propulseur de lumière dans les sociétés.
A mon tour, vous permettrez à un modeste ouvrier retraité des chemins de fer qui a blanchi sous le harnais, mais qui garde encore la substantifique moelle pour participer à des débats de société. Globalement, la société civile trouve sa substance originelle dans ce concept sémantique qui l’a fait évoluer en dehors des sphères gouvernementales par l’exercice d’une activité civile. Elle reste par conséquent une alternative à théorie du fait de la prime qui, dans les régimes autocratiques, impacte négativement l’aspiration naturelle des sociétés vers le mieux être. Le rôle de la société civile est plus complexe lorsqu’elle s’applique à un régime politique qui se proclame démocratique, mais déroule un programme qui opprime les libertés essentielles des citoyens. C’est le cas le plus fréquent qui se pose en Afrique subsaharienne et qui met la société civile à 1’épreuve des contradictions internes qui opposent les autorités gouvernementales aux partis politiques. Si on prend le cas du Sénégal, la société civile se meut dans une problématique de positionnement par rapport à son équidistance avec les obédiences politiques.
A la décharge des sociétés civiles au Sénégal, reconnaissons tout de même leur faible propension marginale qui se situe entre deux 02 alternatives. Pour certains, ce sont des politiciens encagoulés qui flirtent avec le pouvoir pour l’obtention des prébendes et pour d’autres, ce sont des objecteurs de conscience sociaux impliqués dans des arbitrages entre les autorités gouvernementales et les partis politiques pour la sauvegarde de l’ordre social. Et pourtant, dans ce dilemme, il faut bien prendre position et trancher ce nœud gardien d’une grande complexité. Les associations (ONG) qui sont de la société civile et d’obédience internationale ne posent pas beaucoup de problèmes. Parfois, il s’agit d’une organisation qui opère dans le pays alors que l’épicentre se trouve à l’étranger. Les ONG évoluent souvent dans des activités de services sociaux de base (Education-Santé communautaire- Ecologie et environnement etc.).
Elles reçoivent leur financement de l’étranger et bénéficient souvent d’un accord de siège octroyé par le gouvernement ou d’un statut d’association reconnue d’utilité publique. Mais la problématique des sociétés civiles ne se posent pas à ce niveau. Ce sont plutôt les associations de droit privé qui exercent des activités de droit de l’homme qui sont véritablement exposées cumulativement à la critique acerbe des partis politiques et des autorités gouvernementales. Reconnaissons tout de même que cette société civile au Sénégal a largement contribué à la sauvegarde des acquis démocratiques. Dans les dernières élections présidentielles, elle a indéniablement joué son rôle de sentinelle et de lanceur d’alerte par un plaidoyer de l’apologie contre les diktats. Reconnaissons que sa mission est particulièrement difficile et complexe.
On peut l’identifier à un équilibriste qui, évitant de tomber de CHARYBDE en SCYLLA, se ménage intuitivement des espaces de concertation avec les acteurs pour apaiser les tensions et renouer les fils du dialogue pourla paix sociale. Cependant, la société civile au Sénégal, toutes obédiences confondues, devra éviter toute pression et évoluer dans une parfaite autonomie. Pour cela, l’Etat a aussi sa responsabilité, il devra octroyer à la société civile une subvention annuelle, à 1’instar de l’aide de la presse, ceci pour éviter les manœuvres corruptogènes qui polluent souvent le milieu de la société civile. L’Etat doit également s’interdire des nominations de membres de la société civile à des postes de DG, PCA, chargés de mission etc. L’Etat doit confectionner une base de données des associations de la société civile et exiger de ces dernières un rapport annuel d’activités. On pourrait même imposer à la société civile une prestation de serment auprès d’une juridiction. Au Sénégal, les associations de la société civile risquent d’essaimer comme des champignons si on ne prend pas des mesures conservatoires radicales pour le recouvrement de leur véritable identité et leur restriction, seul gage de leur légitimité.
FODE KANTE
OUVRIER RETRAITÉ DES CHEMINS DE FER
Par Pr Amath NDIAYE
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LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET LE COMMERCE INTERNATIONAL DES MATIERES PREMIERES
Le commerce international des matières premières ou produits de base fait référence aux échanges mondiaux de ressources naturelles, telles que les produits agricoles, les métaux, les minerais, le pétrole, le gaz naturel, et d'autres matières premières
Le commerce international des matières premières ou produits de base fait référence aux échanges mondiaux de ressources naturelles, telles que les produits agricoles, les métaux, les minerais, le pétrole, le gaz naturel, et d'autres matières premières essentielles. Ce commerce joue un rôle central dans l'économie mondiale, car ces ressources sont nécessaires pour l'industrie, l'énergie et la consommation quotidienne.
Avec la colonisation et l’internationalisation du capitalisme, les pays en développement ont été spécialisés dans l’exportation de produits de base. Ils en sont devenus dépendants et vulnérables. En quoi le commerce des matières premières permet de dire que l’économie mondiale est organisée autour d’un « centre » dominant et d’une « périphérie » dominée ? Qu’en est-il de la détérioration de leurs termes de l’échange ? Quelle est la consistance de cette dépendance économique ?
LA DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT VIS-À-VIS DES MATIÈRES PREMIÈRES
Selon la CNCED, les matières premières représentent 20 à 25% du commerce mondial ces années récentes. Lorsque qu’elles représentent 60 % ou plus des recettes d’exportation de marchandises d’un pays, ce pays est considéré comme étant « dépendant des produits de base ». Bien que ce type de dépendance soit un problème mondial, ce sont les pays en développement qui en souffrent le plus. Le graphique 1ci-dessous montre clairement que la dépendance vis-à-vis des produits de base est prédominante en Afrique, en Amérique du Sud et en Océanie, suivies de l’Asie occidentale et de l’Asie centrale. Combinées, ces quatre régions représentent 85 des 101 États membres de la CNUCED tributaires des produits de base (84 pour cent), avec près de la moitié des pays situés en Afrique.
GRAPHIQUE 1 : Dépendance vis-à-vis des produits de base par région, 2019-2021 en %
Source : Secrétariat de la CNUCED sur la base des données d’UNCTAD Stat
Selon rapport de la CNUCED (2023) sur l’état de la dépendance aux produits de base, seuls 13 % des pays développés figurent sur la liste des pays considérés comme dépendants, parmi lesquels on compte l’Australie et la Norvège, tandis que les 85 % des pays les moins avancés sont concernés. Sur les 195 pays membres de l’organisation, 95 sont classés comme pays en développement dépendant des exportations de produits de base.
Par ailleurs, contrairement à certaines pensées, les pays en développement ne sont pas plus riches en ressources naturelles que les pays développés. Dans le cas du pétrole, par exemple, en 2023, les principaux producteurs mondiaux sont dominés par les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, qui occupent respectivement les trois premières places : États-Unis avec 13,3 millions de barils par jour, Russie avec 10,3 millions de barils et Arabie Saoudite 8,95 millions de barils. Pour le blé, la Russie, les USA et le Canada sont trois premiers producteurs mondiaux. Pour l’or, la Chine, la Russie et l’Australie sont les premiers producteurs. On pourrait citer d’autres exemples.
LE CENTRE, LA PÉRIPHÉRIE ET LA DÉTÉRIORATION DES TERMES DE L’ÉCHANGE
Le centre désigne généralement des nations développées, industrialisées, et économiquement dominantes, souvent situées en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord, et en Asie de l’Est. Ces pays disposent d’une technologie avancée, d’un capital financier important et d’une capacité de production diversifiée à haute valeur ajoutée.
La périphérie désigne, en grande partie, des nations en développement, souvent situées en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ces pays ont des économies orientées vers l’exportation de matières premières et disposent d’industries embryonnaires peu diversifiées.
Leurs recettes d’exportation et budgétaires sont fortement tributaires de la production des matières premières ; lesquelles sont essentiellement destinées aux marchés du centre.
Les termes de l’échange sont définis comme l’indice des prix d’exportation divisé par l’indice des prix d’importation des marchandises. C’est donc un indice avec une base 100 pour l’année de référence. Son augmentation signifie que le pouvoir d’achat des exportations est en hausse et qu’il y a une amélioration des termes de l’échange. A l’inverse, une baisse de l’indice des termes de l’échange traduit une diminution du pouvoir d’achat des exportations donc une détérioration des termes de l’échange. Dans un scénario de détérioration, les individus et les entreprises peuvent acheter de moins en moins de biens importés, ce qui entraîne une baisse du niveau de vie du pays.
Dans le graphique 2 ci-dessous illustre l’évolution des termes de l’échange du Sénégal. Ils se sont détériorés de 2002 à 2008 puis ont commencé à s’améliorer depuis 2011. L’évolution des termes de l’échange du Sénégal dépend essentiellement de l’évolution des cours mondiaux du phosphate, de l’arachide, de l’or et surtout du pétrole. Ce dernier produit agit fortement sur l’amélioration des termes de l’échange quand le cours mondial du pétrole baisse. De même, lorsque le cours mondial du pétrole augmente, il contribue fortement à la détérioration des termes de l’échange du Sénégal.
La Société des Nations (SDN) a publié en 1945 un travail de recherche appelé « Industrialisation et commerce extérieur ». Elle estimait qu’entre 1875 et 1938, l’indice des prix des produits primaires avait chuté de 43% par rapport à celui des biens manufacturés.
Ainsi, un pays qui exporterait principalement des produits agricoles se serait donc appauvri par rapport aux pays produisant des biens manufacturés, car il lui faudrait vendre plus de produits agricoles qu’avant pour générer assez de revenus pour acheter le même nombre de produits facturés que par le passé.
L’Organisation des Nations unies, qui prend la relève de la SDN, en poursuivant les travaux sur le commerce international, a publié en 1949 un travail de recherche majeur, « Relative Prices of Exports and Imports of Underdeveloped Countries ». Elle y démontrait la persistance de la détérioration des termes des échanges entre les pays riches et les pays pauvres
Dans les années 50 et 60, les économistes Raul Prebisch (1901–1986) et Hans Singer (19102006) travaillent sur la détérioration des termes de l’échange, de manière indépendante, et arrivent aux mêmes conclusions : la détérioration des termes de l’échange est due aux différences de spécialisation entre les pays.
D’après eux, cette baisse ne peut être considérée comme un phénomène transitoire dû à un concours de circonstances passagères, mais plutôt comme une caractéristique intrinsèque aux structures économiques du centre et de la périphérie et à la nature même du processus de développement. En un mot, la tendance à la détérioration des termes de l’échange au détriment des pays de la périphérie peut être expliquée au moins par deux raisons.
1. La dynamique de croissance, et donc la hausse des revenus, entraîne une augmentation des importations plus forte à la périphérie qu’au centre, ce qui provoque à la périphérie une hausse des prix d’importation par rapport aux prix d’exportation et, par conséquent, une baisse des termes de l’échange.
2. L’impact du progrès technique sur les pays du centre et ceux de la périphérie est asymétrique. Au centre, le progrès technique a tendance à faire baisser la demande en produits d’importation provenant de la périphérie (la plupart des produits de base peuvent être remplacés par des produits synthétiques et les procédés deviennent plus économes en matière première). Au contraire, à la périphérie, le progrès technique a tendance à augmenter la demande en biens d’équipement et intermédiaires produits par les pays du centre. Cela a également, pour effet, d’augmenter les prix à l’importation donc détériorer les termes de l’échange.
On peut y ajouter une troisième raison : la hausse plus rapide de la productivité et des salaires au centre fait hausser le prix relatif de produits importés par la périphérie.
Cependant la détérioration des termes de l’échange n’est pas un phénomène propre aux pays en développement comme l’illustre le graphique 3 ci-dessous concernant les USA. Ainsi, entre 2004 et 2015, on y assiste à une détérioration des termes de l’échange.
Aujourd’hui, le modèle centre-périphérie semble un peu dépassé sauf pourla plupart des pays africains au Sud du Sahara encore trop dépendants des exportations de matières premières.
Le modèle centre-périphérie peut être vu comme trop simpliste pour analyser la complexité des relations économiques actuelles, marquées par l’interdépendance croissante des économies et l’existence de chaînes de valeur mondiales. Qui plus est, certains pays qui étaient dits périphériques, comme la Corée du Sud, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie ou la Malaisie ont su transformer leur position grâce à des politiques industrielles stratégiques. Pour sortir de ce modèle, l’Afrique gagnerait donc à tirer des leçons des expériences asiatiques d’industrialisation, en commençant parla transformation partielle ou complète de ses matières premières sur place. C’est la seule voie pour offrir des emplois décents à ses millions de jeunes désespérés.
Pr Amath NDIAYE, FASEG-UCAD
COUPE CAF, JARAAF VA RECEVOIR AU STADE DE DIAMNIADIO
Le Jaraaf de Dakar a annoncé sur ses réseaux sociaux que dans le cadre de la phase de poules de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF), il va jouer ses matchs à domicile au stade stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio...
Le Jaraaf de Dakar a annoncé sur ses réseaux sociaux que dans le cadre de la phase de poules de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF), il va jouer ses matchs à domicile au stade stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio, où il va jouer dimanche l’USM Alger.
Prévue à 16 heures GMT, la rencontre contre le club algérois compte pour la deuxième journée des matchs de poule de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF).
Le Jaraaf de Dakar a indiqué qu’il va continuer à recevoir au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio pour ses autres matchs comptant pour la même compétition.
Le Jaraaf et l’USM Alger sont logés dans la poule C des phases de groupe de la Coupe de la Confédération africaine de football.
L’USM Alger a remporté l’édition 2023 de la Coupe de la Confédération africaine de football et la Supercoupe de la CAF la même année.
Le club algérois est considéré comme l’une des meilleures équipes d’Algérie, avec huit titres de championnat national et huit coupes d’Algérie.
Le Jaraaf a été battu (0-2) par l’ASEC Mimosas, mardi dernier, dans le cadre de la première journée des phases de groupes de la Coupe de la Confédération africaine de football.
Le club dakarois est logé dans le groupe C, en compagnie de l’USM Alger, de l’ASEC et de Orapa United (Bostwana).
Fondé en 2012 après la fusion de cinq clubs de football de la région d’Orapa, ce dernier club est vainqueur de la Coupe du Botswana en 2019.
Le club botswanais, tout comme le Jaraaf, n’a encore rien gagné sur le plan africain.
Le Jaraaf tiendra sa conférence de presse de veille de match à 11h, au stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio.
DAKAR A LA DECOUVERTE DE L'ART
Les sites de la 15ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art 2024), dont le Musée des civilisations noires et l’ancien palais de justice du Cap Manuel, attirent un nombreux public dakarois composé surtout de Sénégalais ...
Les sites de la 15ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art 2024), dont le Musée des civilisations noires et l’ancien palais de justice du Cap Manuel, attirent un nombreux public dakarois composé surtout de Sénégalais mais aussi de visiteurs de diverses nationalités.
Enfants, jeunes et vieux, tous se donnent rendez-vous chaque soir sur les sites emblématiques du Dak’art 2024.
Certains viennent de départements de la région de Dakar éloignés, comme Rufisque, pour visiter les œuvres exposées dans ces lieux accueillant des activités de la biennale à Dakar-Plateau notamment.
Par exemple, au Musée des civilisations noires, en particulier au pavillon Sénégal, tout le décor est conçu de manière à accrocher le public.
De la tapisserie du peintre Manel Ndoye, lauréat du prix de la ville de Dakar, en passant par la statue de perlage ‘’Ayda Suka’’ de l’artiste Oulimata Touré, ou encore la fresque de l’artiste Sadio Diallo, tout y est fait pour permettre au visiteur d’entrer en contact direct avec le monde des arts.
Penda Racine Kâ, étudiante à l’Institut de formation en administration et création d’entreprise de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (IFACE-UCAD), trouve ‘’instructives et magnifiques’’ les œuvres exposées qu’elle a eues l’opportunité de visiter.
Assise à même le sol sous le tableau ‘’Avion’’, de l’artiste sénégalais Sambou Diouf, Penda Racine Kâ effectue sa visite en compagnie de ses deux camarades.
Elles semblent littéralement toutes tombées sous le charme des tableaux des artistes participant à la biennale, qu’elles qualifient tous d’‘’incroyables’’.
Pour sa première visite au Dak’art, cette adolescente est subjuguée par les œuvres des artistes internationaux des deux pays invités d’honneur de la manifestation culturelle : les Etats-Unis et le Cap Vert.
‘’La biennale est une belle initiative. Moi particulièrement, c’est la première fois que je visite [le Dak’art] et c’est juste incroyable, c’est merveilleux. On apprend plein de chose à travers l’art’’, lance-t-elle dans un large sourire.
Portable posé sur son sac, Diarra Niang se filme en train de danser, un numéro qu’elle explique par le fait que les œuvres d’arts lui parlent.
‘’Ces œuvres me parlent. Je suis très enthousiaste de me retrouver ici. C’est aussi ma première fois de visiter la biennale de Dakar. J’ai été attirée par un tableau dans lequel des couvercles ont été utilisés pour créer un bonhomme. Je pense que c’était un tableau américain ou capverdien, je ne sais plus’’, lance t-elle, tout excitée.
Trouvé en face de la ‘’Portée culturelle’’, une tapisserie de 5 mètres ayant permis au peintre sénégalais, Manel Ndoye, de gagner un prix, Babacar Junior Ndour, un jeune venu de Rufisque, est lui aussi ravi par ce qu’il vient de voir.
Assis sur un banc au pavillon Sénégal, cet étudiant qui vient à peine de décrocher son bac, se dit impressionné par le talent des artistes de la biennale.
‘’Ces œuvres sont très remarquables. En les observant, l’on a l’impression qu’il y a un message caché que les artistes vous poussent à découvrir’’, lâche-t-il, en fixant une tapisserie.
A l’en croire, ces œuvres demeurent non seulement ‘’intrigantes’’, mais sont aussi ‘’significatives et poussent à aller en profondeur’’.
Gabriel Eric Coly, un étudiant de l’Ecole des beaux-arts de Dakar, souligne quant à lui l’importance des échanges culturels entre le Sénégal et les autres nations.
Pour lui, ‘’c’est un réel plaisir de voir qu’à travers l’art, les gens peuvent voyager et aller à la découverte de plusieurs horizons et des cultures différentes’’.
L’artiste en herbe indique que sa visite, lui permet de découvrir non seulement des nouvelles techniques et formes de vision, mais également d’enrichir son bagage en tant qu’artiste.
Des visiteurs impressionnés par les oeuvres d’art
A l’ancien palais de justice du Cap Manuel sont exposées les œuvres des artistes sélectionnés dans l’exposition internationale ou IN.
Dès l’entrée, l’on aperçoit aussitôt les va-et-vient des visiteurs. A l’intérieur du palais, dans la cour menant vers les salles d’exposition et de ‘’talk show’’, sont dressées des œuvres gigantesques en métal, en fer ou encore de grands tableaux de plus de cinq mètres.
De ‘’Albourah troto’’, une ambulance hippomobile multifonction du designer sénégalais Bassirou Wade, au fauteuil en pouf du Marocain Younes Duret, en passant par le concept des cellules séparées de l’artiste Nigériane et Britanique, Ifeanyi Oganwu, le visiteur ne peut rester indifférent.
De nationalité gabonaise, l’étudiante Emmanuelle affirme que la biennale est une opportunité pour elle de venir découvrir des œuvres artistiques.
Résidant à Dakar depuis cinq ans, elle souhaite voir ce genre d’initiative être dupliqué dans plusieurs pays africains, notamment au Gabon.
‘’Il y a des choses qu’on ne connaît pas. On vient, on apprend et on découvre aussi certains artistes de différents pays. Ce qui m’a vraiment captivée, c’étaient les tenues africaines. C’était vraiment beau le détail des tenues. C’était vraiment joli’’, précise-t-elle faisant allusion au clin d’oeil fait à la mode dans la section design.
De taille élancée, Samir est un ressortissant libanais qui est né et a grandi à Dakar. Il estime que le Dak’Art est le meilleur espace pour ‘’s’évader’’.
‘’Je ne suis pas vraiment un amateur d’art. Le seul endroit où je peux peut-être chercher à prendre mon temps et peut-être comprendre quelque chose, c’est l’ancien palais de justice, à travers la biennale’’, explique-t-il.
Trouvé derrière la grande cour du palais où sont logées certaines œuvres des designers sénégalais, Samir pense que la biennale est une grande opportunité pour mettre les œuvres des artistes du pays, en ‘’valeur’’.
Vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon marron, François Diatta, étudiant à l’Ecole polytechnique de l’UCAD, déclare être impressionné par l’œuvre d’art ‘’Vent des plumes’’, du designer camerounais, Serge Mouangue.
‘’Il y a une œuvre là-bas derrière qui est sous forme de plumes d’Autriche. Cela me parle. Lorsque je l’ai vu, j’avais l’impression de voir des plumes d’anges’’, lance-t-il, en riant aux éclats, avant de rejoindre ses camarades.
LA LISTE DES MEDIAS RECONNUS PAR L'ETAT ET LA DPG A LA UNE DE LA PRESSE DU JOUR
Les livraisons de ce mercredi traitent de la publication d’une liste provisoire de 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’Etat comme étant conformes aux dispositions du code de la presse et la Déclaration de politique générale (DPG)...
La publication d’une liste provisoire de 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’Etat comme étant conformes aux dispositions du code de la presse et la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre sont les sujets en exergue dans les quotidiens reçus, mercredi, à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Le Soleil signale que ‘’la liste des médias conformes avec la réglementation en vigueur a été dévoilée, mardi 3 décembre 2024’’. ‘’’Initialement au nombre de 535 (chaines de radio, télévisions, journaux imprimés, presse en ligne, Web Tv), seuls 112 sont en règle au regard des dispositions du Code de la presse’’, selon le journal.
En conférence de presse, le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a estimé que ‘’c’est le fruit d’un travail d’assainissement et de restructuration du secteur de la presse. Il a expliqué que cette volonté du gouvernement est motivée par une prolifération de fausses nouvelles, des discours haineux, une non-lisibilité sur les sources de financement de certains groupes de presse, mais aussi un foisonnement des se font remarquer électorale’’, rapporte le journal.
‘’La Médiamétrie de Aliou Sall’’, affiche à la Une Sud Quotidien, soulignant que les médias non reconnus ont 72heures pour se conformer au Code de la presse. Le journal note que la promotrice du Groupe 3M Universels, Maimouna Ndour Faye, dont les médias ne figurent pas sur la liste rendue publique, mardi, ‘’a chargé Alioune Sall et a décidé d’attaquer en justice cette décision car, soutient-elle, il n’appartient pas au ministre de +décider de la légalité ou non d’un média+.
Le quotidien EnQuête parle de ‘’tempête sur la presse’’. ‘’Une liste provisoire décriée avec l’absence de médias comme Le Quotidien, Source A, L’As et 7TV. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cedeps) dénonce une menace pour la liberté de presse et va attaquer l’arrêté ministériel en cause. Les médias ont 72H pour se conformer aux exigences de la plateforme de déclaration des médias’’, écrit la publication.
Le Quotidien dénonce ‘’le Sall coup de l’Etat’’. Dans un éditorial, l’Administrateur du groupe Avenir communication écrit : ‘’Beaucoup de lecteurs comme nous, ont bien été étonnés de voir que Le Quotidien n’est pas présent dans la liste des médias reconnus par l’Etat du Sénégal, l’Etat Pastef plutôt. Le ministre de la Communication s’est livré à un exercice unilatéral dont, seuls les autocrates ont le secret, de mettre en place une plateforme d’identification ou de certification des médias, sans aucune forme de concertation avec les acteurs concernés en premier lieu’’.
Il ajoute : ‘’Cette initiative vicieuse avait été dès son début, contestée aussi bien par l’Appel que par le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), tant dans la forme que dans le fond. Sans aucune concertation, on a voulu nous faire soumettre des données sur un outil, avec des documents à l’appui dont la majorité des médias n’étaient pas en possession. Pour preuve, un quitus fiscal en règle était à fournir au moment où tous les médias étaient en contentieux avec les services des Impôts, avec des comptes bloqués. On réclamera des états financiers également dont chacun est libre de verser toute la paperasse comptable voulue’’.
Pour L’As, ‘’l’Etat zappe les médias encombrants’’.
Sur un autre sujet, le même journal signale que le Premier ministre Ousmane est ‘’prêt’’ à faire sa Déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale qui lui est acquise.
Selon Le Soleil, ‘’la Déclaration de politique générale (est) imminente’’. En Conseil des ministres, mardi, le Premier ministre a informé de sa volonté de s’acquitter de cet exercice dans les plus brefs délais à l’Assemblée nationale, rapporte le journal.
‘’Surfant sur sa majorité confortable, Sonko est désormais prêt pour sa DPG’’’, écrit Le Témoin.
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LES UNES DE LA PRESSE DE MERCREDI 4 DECEMBRE 2024
Sud Quotidien, Le Témoin Quotidien, WiwSport, Le Soleil, Walf Quotidien, Le Quotidien, Yoor-Yoor Bi, Vox Populi, Libération, EnQuête, L’As, L'Observateur
Sud Quotidien, Le Témoin Quotidien, WiwSport, Le Soleil, Walf Quotidien, Le Quotidien, Yoor-Yoor Bi, Vox Populi, Libération, EnQuête, L’As, L'Observateur
PAR Aminata Ndiaye
DE L'HISTOIRE AUX PRÉMICES D'UNE RÉFORME DU SYSTÈME ÉDUCATIF AU SÉNÉGAL
Sureffectifs chroniques, inadéquation entre formations et marché de l'emploi, instabilité du calendrier académique... l'université sénégalaise peine à trouver sa voie, entre héritage colonial et quête d'identité
Cette Contribution est extraite d'un ouvrage collectif sur la réforme dans les universités, à paraître incessamment.
Au Sénégal, l'école sous sa forme actuelle, n'est pas le produit du développement interne des sociétés traditionnelles. Elle est la création et l'évolution du réseau scolaire qui ont accompagné la pénétration française, dominée par l'idéologie de l'assimilation, davantage accentuée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est de cette école que le Sénégal indépendant a héritée (Fall, 2013).
Cependant, éduquer au national a toujours été une sollicitation récurrente pour les différents chefs de l'État sénégalais qui, chacun en ce qui le concerne, a fait de son mieux pour initier soit des réformes, soit des ajustements ou orientations allant dans ce sens.
... « L'éducation, la formation aux métiers, l'emploi, l'entreprenariat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. J'en ferai une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu'ils répondent mieux aux besoins d'emploi et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes. »
... « Il y a urgence à gagner notre souveraineté alimentaire en investissant plus et mieux dans l'agriculture, la pêche et l'élevage, les trois mamelles nourricières de notre pays. », (https://www.presidence.sn/fr/actualites.../ 03/04/24).
Même si ses prédécesseurs, quasiment tous avant lui, ont discouru dans ce sens, également, et bien que son discours soit allé plus en profondeur en impératifs à atteindre, eu égard aux résultats discutables jusque-là obtenus en dépit des efforts considérables déployés, ces extraits de l'allocution à la Nation, le 3 avril 2024, du nouveau président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, interrogent notre système éducatif en général et invitent davantage encore à une réflexion approfondie sur l'enseignement supérieur. Un diagnostic de ce « grand corps malade » qu'est le système universitaire public sénégalais s'impose à nous, en tant qu'acteurs et partie prenante du système, depuis plusieurs décennies.
Si on se prend au jeu, a priori, on constate que, dans sa globalité, trois à quatre épisodes de réformes se sont opérés dans le système d'enseignement sans que, toutefois, aucun de ces changements de paradigme n'ait inversé la baisse de qualité qui a été généralement opposée au système considéré, qui pourtant a évolué sans cesse, mais pas nécessairement avec succès.
À y regarder de plus près, la succession des réformes du système éducatif au Sénégal révèle, pour chacune des séquences, l'avènement d'un nouveau président de la République. Autrement dit, chaque président, tirant les leçons du passé, a impulsé « sa réforme », à sa façon, tentant de réinitialiser le système éducatif.
Fort de ce constat, il s'agit, dans cette contribution, de réaliser une analyse des contextes qui ont conduit, depuis l'indépendance, à la nécessité de réformes dans le système éducatif en général et dans l'enseignement supérieur public, en particulier, afin d'alimenter la réflexion sur la nécessité pressante de l'adaptation effective du système aux besoins nationaux, afin de transformer radicalement l'université sénégalaise.
L'exercice se propose ici d'examiner les mutations survenues dans le système au travers des réformes, d'exposer les arguments qui justifieraient l'impérieuse nécessité d'options novatrices à l'aide d'une démarche inclusive et, enfin, de susciter la réflexion en faveur de l'adaptation de l'enseignement supérieur aux besoins locaux pour sa contribution réelle à la prospérité économique jugée indispensable.
Les contextes des réformes dans le système éducatif, de l'indépendance à nos jours
Il est aisé de comprendre que, dès le début de l'indépendance, le contexte était en faveur d'une véritable refondation du système scolaire. Du président Senghor, nous retenons dans son rapport d'orientation au congrès de son parti, l'Union progressiste sénégalaise (UPS), en février 1962 à Thiès, qu'il a insisté sur la mission assignée à l'institution scolaire en ces termes :
« Il est question, disait-il, par l'École, de former le Sénégalais nouveau : un homme préparé à l'action, tourné vers l'action. Or celle-ci suppose, pour être efficace, d'être une action solidaire, faite par et pour l'ensemble de la Nation, dans un projet national unanimement concerté et réalisé. »
Ainsi, des innovations portant sur la question linguistique sont expérimentées à l'école primaire au travers de la méthode « pour parler français » du Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (CLAD).
Toutefois, cette première tentative d'adaptation de l'enseignement du français, même si elle tenait compte des réalités linguistiques et socioculturelles, esquivait d'autres questions à la fois fondamentales et urgentes, celles de l'introduction des langues nationales à l'école et du choix d'une langue nationale d'unification.
Retenons cependant, que l'enracinement et l'ouverture, termes si chers au président-poète, vont constituer les deux axes fondamentaux de la loi d'orientation de juin 1971, jetant ainsi les bases théoriques d'une réforme qui, à terme, devrait permettre l'africanisation et la sénégalisation des enseignements.
Par la suite, en application de la loi d'orientation, le décret 72-862 a été articulé autour d'une nouvelle nomenclature du système éducatif. La structuration du système subdivisé en cinq niveaux reste en vigueur jusqu'à présent : l'éducation préscolaire, l'enseignement élémentaire, l'enseignement moyen, l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur (Cissé et al. 2016).
En dépit de ces adaptations parcellaires intégrant quelques réalités locales dans les contenus des programmes, le constat est que la période post indépendance n'a quasiment pas connu de transformations structurelles importantes du système éducatif dans sa globalité. Il est apparu qu'aucun changement significatif par rapport aux orientations et programmes de la période coloniale ne vit le jour malgré les efforts déployés pour reformer le système (Cissé et al., 2016).
Toutefois, au regard des tendances dominantes, il apparaît que la situation géopolitique mondiale, en n'épargnant pas le système éducatif des pays industrialisés, a également impacté ses homologues africains et sénégalais en particulier. Même si des prémices de bouleversement de paradigmes ont réellement commencé à émerger à l'approche des années 70.
Au niveau global, à la fin des années 1960, la survenue de certaines crises telles que la guerre du Vietnam, en suscitant un cycle de contestations de l'ordre existant et une remise en cause de la rigidité des relations humaines et des mœurs dans toute la société (Prost, 2004), a exacerbé le dépérissement de l'espoir d'une démocratisation de l'école : idéal si cher à Jules FERRY, père fondateur de l'école républicaine en France : une instruction publique, gratuite, obligatoire et laïque pour toutes et tous. La quasi-généralisation du mouvement mondial des mouvements de contestations qui s'est exprimée ouvertement en mai 1968, notamment dans les universités, pour se diffuser plus largement dans les années suivantes, n'a pas épargné, dans leur globalité, les systèmes scolaires jugés trop archaïques mais aussi trop injustes. De nouvelles valeurs centrées sur la justice et l'égalité mais aussi sur l'autonomie, la créativité et l'épanouissement personnel ont ainsi émergé partout à travers le monde (Prost, 1997).
La crise des années 70 et ses corolaires parmi lesquels la stagnation des économies industrialisées, l'apparition de nouvelles formes de pauvreté et le point de départ du chômage de masse, a fait le reste des lors que se consolidaient les jalons de la fin des « Trente Glorieuses ». Avec le taux de chômage grandissant, le diplôme a commencé à perdre de sa valeur, créant un désenchantement dans les classes moyennes, notamment parmi bon nombre de jeunes diplômés du système éducatif des pays occidentaux.
Ce nouveau contexte va de plus en plus imposer une nouvelle forme de demande sociale d'éducation. Il ne revient plus seulement à l'école de dispenser aux jeunes la culture et de leur fournir des diplômes ne pouvant pas leur assurer une insertion dans le monde du travail. Une visée utilitaire de l'école s'impose d'elle-même afin d'éviter l'exclusion et le chômage survenus à cause d'un contexte économique de récession. Des empreintes locales ont partout commencé à apparaitre dans les curricula et les systèmes d'enseignement.
Au Sénégal, le mouvement de contestations est également parti de l'université, même si l'élément déclencheur a été d'un tout autre ordre. La réforme Fouchet qui supprimait la première partie du baccalauréat, véritable facteur bloquant pour l'accès à l'enseignement supérieur, a été à l'origine d'une massification des nouveaux bacheliers arrivés à l'Université de Dakar. Les crédits alloués étant insuffisants pour satisfaire cette pléthore de boursiers, il a fallu réajuster les paiements sur 10 mois et non plus sur 12 comme cela a toujours été le cas, afin de satisfaire toute la masse des bénéficiaires. S'en sont suivies des contestations autour des bourses : l'étincelle qui fit sauter la dynamite, le point de départ d'un cycle de manifestations qui se déclenche, atteignant son paroxysme dans la journée du 29 mai 1968, marquée par une intervention policière dans le campus (Gueye, 2017).
Les contestations et les grèves répétitives des élèves et des étudiants se sont ainsi accentuées tandis qu'au niveau du primaire, la dénonciation de la méthode « pour parler français » matérialisée par le CLAD polarisait les critiques. La situation était devenue intenable avec la consolidation du mouvement syndical dans le milieu enseignant : le SUDES remplaçant en 1976 le SES, dissolu de manière arbitraire en 1973 (Fall. (2013).
La cristallisation de la situation dans une ébullition des forces et options en présence a d'ailleurs motivé l'une des premières décisions du nouveau Président de la République, Abdou Diouf, annonçant, ler janvier 1981, la convocation des États Généraux de l'Éducation et de la Formation, dès son premier discours radiotélévisé adressé à la Nation.
Pour se départir d'une école d'assimilation, il était apparu comme une nécessité impérieuse, d'adapter l'école aux réalités du pays, ce qui était devenu inévitable.
Pour cela, le préalable absolu était d'élever le niveau général basique, porteur de la pensée et de la culture du pays colonisateur, avec comme unique vecteur la langue française à maîtriser absolument, et ensuite élargir l'offre à toute la population concernée et ne plus s'adresser uniquement à une élite ingénument ou foncièrement alliée.
La seconde phase des réformes post indépendance démarre ainsi en 1981 avec les États Généraux de l'Éducation et de la Formation pour redéfinir une nouvelle vocation de l'école.
Pour le nouveau président de la République, Abdou Diouf, qui remplaçait ainsi le président Léopold Sédar Senghor, il était impérativement question de créer une école fondée sur les valeurs traditionnelles du pays, longtemps marginalisées, même si dans le même temps il fallait rester ouvert au progrès scientifique et technique mondial.
C'est ainsi que toutes les parties prenantes du système éducatif allant de la Communauté Internationale aux responsables des Agences de Développement, aux chercheurs, universitaires de diverses disciplines en passant par les syndicats, sont invitées du 28 au 31 janvier 1981, après plusieurs mois de concertations, à réformer le système éducatif dans la perspective d'une meilleure articulation des contenus à l'identité socioculturelle nationale et africaine.
« L'École Normale Supérieure est ainsi devenue une institution pédagogique avec un rôle primordial dans la formation des professeurs sénégalais des lycées et collèges du Sénégal. » (Cisse et al. 2016)
Toutefois, malgré tous les efforts déployés pour cette recherche de solutions, de nombreux problèmes persistent. Retenons cependant que, depuis ces États Généraux de 1981, le Sénégal connaît une intense activité de réflexion et de concertation sur le devenir et sur l'avenir de son système éducatif.
Quelle est la place de l'Enseignement Supérieur dans cette vague de réforme ?
En 1990, la fin du monopole universitaire de Dakar est actée avec l'ouverture à Saint-Louis, de l'Université Gaston Berger (UGB). Nous assistons par la suite, avec le président Abdoulaye Wade, à la création en 2007 de deux nouvelles universités à vocation régionale disséminées à l'intérieur du pays, à Thiès et Ziguinchor et d'un Collège Universitaire Régional (CUR) à Bambey, opérationnel la même année même si les textes qui l'ont créé remontent à 2004. Ce CUR constitue l'ancêtre de l'université de Bambey, présentement université Alioune Diop de Bambey.
« L'Université de Bambey est l'héritière du Centre Universitaire Regional (CUR) de Bambey, dont la création remonte en 2004 (cf. décret 2004-916 portant « création et organisation d'un CUR à Bambey »), même si les enseignements n'y auront finalement démarré qu'en 2007. Il s'agissait à l'époque de la première expérimentation au Sénégal du modèle du CUR, et à ce jour, elle reste encore une expérience unique. Selon les termes mêmes retenus à l'issue du séminaire de réflexion sur la carte universitaire (30-31 octobre 2002), les missions du CUR sont « de préparer les apprenants à la formation universitaire (...) et d'assurer la formation professionnelle », en contribuant « à la mise en place des conditions de qualification des citoyens par la formation continue » et en veillant « à valoriser et à développer les atouts (économiques, culturels et sociaux...) au niveau du site d'implantation et des zones voisines ». Dans le décret 2004-916, il est également stipulé que « le CUR est un établissement décentralisé de formation générale et professionnelle universitaire de courte durée répondant aux exigences du développement local », ce qui le distingue donc des universités classiques.
Depuis 2009, le CUR de Bambey a été transformé en université de plein exercice, suite à la promulgation du décret 2009-1221, portant « création, organisation et fonctionnement de l'Université de Bambey »'
En 2013, suite à la Concertation Nationale sur l'Avenir de l'Enseignement Supérieur au Sénégal (CNAES), organisée sous le magistère du président Sall, différentes lignes d'actions prioritaires ont été identifiées avec des recommandations permettant d'initier une réforme destinée à bouleverser en profondeur le système de l'enseignement supérieur. Cette réforme s'est voulue inclusive en impliquant quasiment des acteurs du système de l'enseignement supérieur au Sénégal et de la diaspora autour de paradigmes nouveaux. Les grands thèmes de réflexion ont concerné la gouvernance, la qualité, l'accès, le financement, les ressources humaines, la professionnalisation, l'utilisation des nouvelles technologies de l'information notamment, avec le développement des STEM', la réorientation vers les sciences, la technologie, et la mise en place de filières courtes, techniques et professionnelles avec le lancements des Instituts Supérieurs d'Enseignement Professionnel (ISEP) ; le but final étant, essentiellement, de faire de l'Enseignement Supérieur un levier capital pour le développement socioéconomique du Sénégal.
Deux principes ont été au cœur de l'élaboration des conclusions de cette CNAES : la vision dans le terme consistait à faire de sorte que l'enseignement supérieur et la recherche appartiennent de manière concrète à la Société. Pour cela il faut absolument que l'enseignement supérieur et la recherche deviennent le levier primordial du développement économique, social et culturel. Suite aux débats du 6 au 9 avril 2013 étaient ressorties 78 recommandations, 11 décisions et 69 directives.
Ainsi, de 2013 à 2022, se sont succédés, le programme des réformes prioritaires 2013/2017 de l'enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal et le Plan de développement de l'Enseignement supérieur et de la recherche PDESR 2013-2022. Les 11 décisions retenues étaient les suivantes :
1. STEM et professionnalisation : Réorienter le système d'enseignement supérieur vers les sciences, la technologie et les formations professionnelles ;
2. ICT : Mettre les technologies de l'information et de la communication (TIC) au cœur du développement de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
3. Gouvernance : Améliorer le pilotage du système d'enseignement supérieur et de recherche et réformer la gouvernance des établissements publics d'enseignement supérieur ;
4. Paix : Instaurer une culture de la paix au sein des établissements publics d'enseignement supérieur ;
5. Carrière : Favoriser la carrière des enseignants, des chercheurs et du personnel administratif, technique et de service ;
6. Affaires sociales : Faire de l'étudiant un acteur de sa formation, favoriser sa réussite et améliorer ses conditions de vie ;
7. Renforcer la carte universitaire pour favoriser l'accès, diversifier l'offre de formation et assurer la qualité de l'enseignement supérieur ;
8. STI : Donner un nouvel élan à la recherche et à l'innovation ;
9. Internationalisation : Ouvrir l'espace sénégalais de l'enseignement supérieur et de la recherche à l'Afrique et au monde ;
10. Gestion : Améliorer la gestion des budgets et de l'équité des universités en mettant en place des procédures et des mécanismes modernes et transparents ;
11. Investissement : Investir dans l'enseignement supérieur et la recherche à la hauteur de notre nouvelle ambition.
Les réformes intervenues dans le pilotage des universités ont amené un recadrage managérial par rapport à l'échelle institutionnelle, qui s'est traduit par un ensemble de dispositifs mis en place. Les instances de délibération sont hiérarchisées du sommet à la base et toutes les composantes de l'Université et de la société y siègent. Les décisions sont prises dans une démarche de co-construction et s'imposent ainsi à tous les organes exécutifs : personnel d'enseignement et de recherche (PER), personnel administratif, technique et de service (PATS) et étudiants).
Rappelons que l'Assemblée de l'Université (A.U) était un centre de décision pour les questions allant de l'ordre académique aux finances en passant par les questions disciplinaires. Avec la loi 2015-26 relative aux universités publiques, le Conseil d'administration, qui permet une meilleure ouverture sur le monde socioéconomique et la société, devient un organe délibératif en lieu et place de l'Assemblée de l'Université qui était présidé par le Recteur. La désignation du Recteur et du Secrétaire général de l'Université se fait après un appel à candidatures et sont créés des postes de Vice-Recteurs. L'Assemblée de Faculté ou Conseil d'Unité de Formation et de Recherche UFR est l'organe décisionnaire au niveau de la Faculté ou de l'UFR et peut éventuellement être présidé par le Recteur. L'Assemblée du département ou de section est la cellule de base de la faculté ou de l'UFR, sur le double plan de l'enseignement et de la recherche.
En outre, au sein des universités publiques, un ensemble de dispositifs vont être mis en place : les cellules internes d'assurance qualité (CIAQ) et des Centre de pédagogie universitaires (CPU), les incubateurs, les structures genre et équité, les responsables de médiation et de dialogue social, les organes de services à la communauté, les structures de génération de ressources, les comités d'éthique et de déontologie, les comités d'audit interne et les cadres stratégiques.
Le Conseil académique, remis entre les mains des universitaires, est l'organe de délibération de toutes les questions d'ordre académique. À ce titre, il a pour missions de délibérer sur les aspects scientifiques, académiques, pédagogiques, disciplinaires et de recherche. Il est chargé notamment de délibérer sur : les programmes et le contenu des enseignements; les mesures et les listes d'aptitude pour la promotion des enseignants et/ou des chercheurs ; le calendrier universitaire ; le régime des études et des examens ; les critères et mécanismes d'autoévaluation des programmes de formation ou d'études des filières des unités de formation et de recherche des facultés, des UFR, des écoles et des instituts selon les référentiels définis par l'Autorité Nationale d'Assurance Qualité de l'Enseignement Supérieur (ANAQ-sup) ; les mesures de nature à améliorer la qualité de l'enseignement et de la recherche ainsi qu'à développer la formation continue ; la création ou la suppression des filières et des structures.
Concernant la culture de l'évaluation institutionnelle, pédagogique, elle s'exerce sous la tutelle ministérielle par l'Autorité Nationale d'Assurance Qualité (ANAQ-Sup). La reddition des comptes s'opère à travers la création d'un comité d'audit au sein du Conseil d'Administration, d'une déclaration de patrimoine exigée de certains responsables par l'Office National de Lutte contre la Fraude et la corruption (Ofnac) et des missions ponctuelles des corps de contrôle qui sont l'Inspection des Affaires Administratives et Financières (IAAF), l'Inspection Générale des Finances (IGF), l'Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), l'Inspection Générale d'Etat (IGE) et la Cour des Comptes.
Il est toutefois à constater que, même si cette dernière réforme de l'enseignement supérieur de 2013 à nos jours a pu contribuer à travers les grandes orientations à jeter les bases d'une dynamique sociale pouvant servir de leviers de développement (l'élargissement de la carte universitaire sur l'ensemble du territoire, le développement de filières scientifiques et techniques et l'augmentation des ressources investies pour la recherche et la formation des ressources humaines), des défis persistants restent à relever au regard des crises récurrentes qui continuent de secouer le système d'enseignement supérieur au Sénégal.
Une université qui évolue et tente de s'adapter aux besoins
Il serait d'un pléonasme criard que de rappeler que l'histoire de l'université au Sénégal est intimement liée à la colonisation française. En effet, Aristide Le Dantec avait créé en 1918 la première école africaine de médecine à Dakar pour pallier les besoins spécifiques en santé publique. Les 33 médecins français militaires ne pouvant plus suffire à couvrir l'Afrique occidentale française, il s'agissait de former du personnel autochtone pour lancer une campagne de santé publique étendue sur les territoires (Barthélemy, 2010). Avec le déploiement de la scolarisation au niveau primaire et secondaire, des étudiants ont commencé à être envoyés au sein des universités françaises et l'Université de Dakar, qui était d'abord un collège dépendant de l'université de Bordeaux, fut créée en 1957 en tant que 18° université française. Le personnel enseignant était majoritairement français de métropole à cette époque.
Aujourd'hui, l'enseignement supérieur au Sénégal, avec le chemin parcouru ces soixante dernières années, a formé des élites qui interviennent au niveau national et international. La recherche, qui n'a pas toujours les moyens escomptés, est cependant prolixe, remarquable et des partenariats multiples sont engagés dans des politiques de collaboration à l'échelle régionale et internationale, avec des institutions académiques, scientifiques, des ONG, des associations ou des entreprises. Toutefois, un enseignement supérieur stable et de qualité à l'instar des universités de renom au plan international (classements, ranking internationaux) n'est pas encore de mise malgré les transformations notoires amorcées dans la jeune république du Sénégal au fil des décennies, depuis les indépendances, avec les quatre présidents successifs que sont : Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Le sous-secteur de l'enseignement supérieur dans son état actuel
Le sous-secteur de l'enseignement supérieur compte des établissements publics mais également des établissements privés pour lesquels l'ouverture a été autorisée en 1993. Malgré ce dispositif dont le maillage recouvre quasiment l'ensemble du territoire sénégalais, le secteur peine à absorber tous les sortants du cycle secondaire. Dans les années 2000, pour répondre à la pression démographique et afin d'absorber et de fixer les élèves dans leurs terroirs, un nombre important de collèges et de lycées a été déployé sur le territoire. L'élargissement de la carte universitaire ne s'est malheureusement pas réalisé de façon concomitante mais avec plus d'une décennie de retard.
• Le sous-système public d'enseignement supérieur compte en 2024 :
- 9 universités publiques :
• L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ;
• L'Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) ;
• L'Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT) ;
• L'Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) ;
• L'Université Alioune Diop de Bambey (UAD B) ;
• L'Université Amadou Mahtar Mbow (UAM) ;
• L'Université du Sine Saloum Elhadj Ibrahima Niass (USSEIN) ;
• L'Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UN-CHK), ex
Université Virtuelle du Sénégal (UVS), qui dispose de vingt-trois
(23) espaces numériques ouverts (ENO) répartis dans le pays ;
• L'Université Rose Dieng France-Sénégal (URD-FS) ex Campus franco-sénégalais (CFS) qui constitue la 9° Université du pays ; de droit sénégalais, à gouvernance paritaire entre le Sénégal et la France.
- Cinq (5) écoles d'ingénieur, dont quatre (4) intégrées à des universités et une école autonome (école polytechnique de Thiès) ;
- Six (6) instituts supérieurs d'enseignement professionnel (ISEP) qui offrent des formations professionnelles courtes de niveau bac +2 : ISEP de Thiès, ISEP de Richard-Toll, ISEP de Matam, ISEP de Bignona, ISEP de Diamniadio, et ISEP de Mbacké. Huit (8) autres ISEP sont en développement de sorte à couvrir les quatorze (14) Régions administratives du Sénégal.
3 Cf. Loi nº94-82 du 23 décembre 1994 portant statut des établissements d'enseignement privés, modifiée par la loi n°2005-03 du 11 janvier 2005.
• Le sous-système privé d'enseignement supérieur compte, de son côté, selon le rapport sur la situation de l'enseignement supérieur au Sénégal (SAGNA et al., 2022), quelques 230 établissements regroupés au sein de trois organisations faîtières que sont la Conférence des grandes écoles (CGE), la Conférence des établissements privés d'enseignement supérieur (CEPES) et la Fédération des établissements privés d'enseignement supérieur (FEPES)*.
En dépit des acquis engrangés par leurs prédécesseurs, les nouvelles autorités devraient s'atteler aux exigences contemporaines de l'enseignement supérieur. Le « Projet Sénégal Vision 2050 », dont ils sont porteurs, mérite ainsi une attention particulière pour déterminer la façon dont les acteurs devraient s'investir pour la mise en œuvre des propositions concernant l'Enseignement supérieur, la Recherche et l'Innovation.
Les défis actuels
Après l'évaluation des acquis à l'existant qui a déjà été mise en place, le chemin qu'il reste à parcourir vers l'atteinte d'objectifs ambitieux pour une nation qui compte beaucoup sur son système éducatif reste encore long. Car, malgré les résultats plus ou moins probants de la concertation de 2013, le rapport annuel de performance 2022 du MESRI met en lumière certains défis persistants à relever, que nous passons en revue ci-dessous :
• La normalisation du calendrier universitaire
Pour éviter le chevauchement des années académiques, le calendrier universitaire est l'outil indispensable qui se doit d'être maîtrisé et régularisé en tenant compte des perspectives d'échanges avec les universités partenaires à l'international.
C'est un aspect fondamental pour apporter une stabilité à un système d'enseignement qui doit répondre aux critères internationaux de qualité.
L'insatisfaction des trois acteurs du système, à savoir, les PER, PATS et étudiants et la contestation sociale qui s'ensuit induisant tout un cortège de maux, serait l'une des principales causes de ces décalages perpétuels des rentrées universitaires des établissements publics au Sénégal. Les grèves, les troubles à l'ordre public et la paralysie de l'économie sont souvent des conséquences du décalage des rythmes scolaires et particulièrement au niveau universitaire.
La problématique a fait l'objet d'un séminaire de trois jours en mai-juin 2024, sous l'initiative du ministre de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, invitant ainsi toutes les parties prenantes du sous-secteur à réfléchir ensemble, de manière inclusive, autour de la question afin de proposer des solutions idoines permettant de décrisper la situation. Les conclusions et recommandations issues en cours de validation par l'autorité et les instances universitaires sont à mettre en œuvre pour une meilleure sortie de situation de crise.
• L'accroissement continu de la population estudiantine, la question de l'orientation des nouveaux bacheliers et de la mobilité
En 2023, il y a eu cent cinquante-cinq mille cent neuf (155 109) candidats au baccalauréat, soit une augmentation de près de 5 000 candidats par rapport à 2022.
Même si les résultats sont loin d'atteindre les standards internationaux régis par l'UNESCO en matière de ratio nombre de bachelier/ population totale, l'effectif total des admis au baccalauréat de 2023 a été de 77 427, avec un taux de réussite de près de 52% (dont 62% pour le public).
Conséquemment la population estudiantine est en perpétuelle augmentation : en 2023, elle était de 269 556 étudiants répartis entre les établissements publics et privés, dont 137 393 hommes et 132 163 femmes (soit 49,03% de l'effectif). La part des bacheliers sénégalais qui partent étudier à l'étranger ne représente que 7% de ceux qui optent pour une mobilité internationale. En 2023, 15 252 étudiants sénégalais ont été recensés en France, qui est la première destination de nos étudiants à l'étranger (en cinq ans une évolution de + 39% a été constatée). Le Maroc (avec 1251 étudiants en 2021) se trouve en deuxième position et le Canada suit de près (1239 étudiants en 2021) avec des campagnes de recrutement d'étudiants de plus en plus attractives. Malgré le mythe lié à cette mobilité internationale qui offrirait plus d'espoir pour l'avenir, la grande majorité des étudiants sénégalais reste étudier au pays. Ainsi la pression sur les établissements d'enseignement supérieur sénégalais est très forte.
Il reste aussi à prendre en considération les effectifs d'étudiants potentiels exclus actuellement du système universitaire : les bacheliers « cartouchards », autrement dit ceux qui ressortent de l'université avec le même diplôme qu'à l'entrée, en l'occurrence le baccalauréat sans autre diplôme en sus mais aussi les non-orientés pour quelque motif que ce soit (non maîtrise du système de demande d'orientation pour la plupart du temps), la règle étant que tous les bacheliers accèdent à l'université. Certains de ces omis du système optent pour une insertion professionnelle, souvent précaire. Ce sont ainsi, des milliers de jeunes qui peuvent rester insatisfaits car n'ayant pas eu l'opportunité de poursuivre leurs études et qui peuvent se retrouver dans une situation de vulnérabilité.
Selon l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, en 2022, le taux brut de la scolarisation des 19-23 ans dans l'enseignement supérieur était de 16,09 % et le taux de chômage de la population en âge de travailler autour de 20%. Selon le Bureau International du Travail, ce sont 3,26 millions de travailleurs de 15 ans et plus® au Sénégal qui occupent un emploi informel. Le nombre de jeunes sans emploi ou en emploi précaire reste difficile à déterminer. Toujours est-il qu'il existe une part très importante de jeunes sénégalais à intégrer et à prendre en charge par le système d'enseignement supérieur au Sénégal afin de leur permettre de monter en compétences et d'accéder à un emploi décent.
• La nécessité de renforcement de l'enseignement en distanciel et autres défis à relever
Au regard des aménagements opérés suite à l'amorce de mise en œuvre des certaines recommandations issues de la dernière réforme, le constat révèle que ce sont des changements majeurs du mode de fonctionnement des universités qui impactent le mode d'organisation des différents services et les relations hiérarchiques des acteurs qui interviennent dans le déroulement des programmes.
Il faut remarquer que l'administration universitaire tendrait à se professionnaliser pour répondre aux défis imposés par les dynamiques sociales au travers d'une contractualisation auprès des politiques publiques avec le contrat de performance (CDP), le développement d'un budget de programme et la dématérialisation progressive des procédures.
Pour procéder à une évaluation de ces dispositifs, il faudrait un recul un peu plus important. Cependant, force est de constater qu'avec les effectifs actuels, le système éducatif a du mal à être performant et n'arrive pas à intégrer une part importante de la masse de jeunes scolarisables à tous les niveaux. Les capacités d'accueil des infrastructures publiques d'éducation sont en-deçà des besoins provoquant une régulation des flux à l'entrée des universités. Malgré les dispositifs mis en place (IFOAD) et le programme « un étudiant, un ordinateur », l'enseignement à distance au sein de l'ensemble des universités n'a pas encore atteint le niveau escompté. L'UVS, devenue présentement l'UN-CHK avec un effectif qui avoisine les 80.000 étudiants avait, à son lancement en 2014, démarré ses activités dans des conditions d'urgence, avec près de 2 000 nouveaux bacheliers orientés ; elle est rapidement devenue la deuxième université du Sénégal en termes de nombre d'apprenants. Ainsi, même si l'apparition de la crise sanitaire du Covid19 a accéléré les initiatives dans ce sens, les autres universités peinent encore à intégrer l'enseignement à distance dans leurs programmes de formation. De nombreux défis restent encore à relever :
- Le renforcement du dispositif technologique et de la capacité de formation dans les Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) s'est effectué à travers le développement des écoles d'ingénieurs, des ISEP, des facultés ou UFR à orientations scientifique et technique. Également, l'on a assisté, comme ci-dessus indiqué, à la mise en place en 2014, de l'Université virtuelle sénégalaise (UVS) et des Espaces Numériques Ouverts (ENO) dans chacune des régions du Sénégal. Cela a permis de désengorger les amphithéâtres même si le nombre d'étudiants reste encore important dans les universités par rapport aux capacités d'accueil. S'y ajoute la création d'une multitude de plateformes en ligne à travers le Système d'Information et de Gestion de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (SIGESR) ;
- La stabilisation du nouveau modèle pédagogique et la sensibilisation des utilisateurs (corps enseignant et étudiants) à l'intérêt d'un enseignement hybride, en distanciel, co-modal ou bi-modal, reste encore à renforcer ;
- La généralisation de la formation et de la professionnalisation des tuteurs qui occupent une part importante du corps enseignant de l'université virtuelle ? ;
- L'optimisation du système d'évaluation et de correction des examens qui présente des faiblesses notoires ;
- L'amélioration et la garantie de la qualité des programmes de formations respectant les référentiels-qualité de l'ANAQ Sup et du CAMES.
Les tuteurs jouent le rôle de relais entre les étudiants et la plateforme de l'UVS. Les principales activités pédagogiques des tuteurs consistent : à accueillir et à orienter les apprenants au sein des plateformes d'apprentissage, à y animer des activités pédagogiques (TD, classes virtuelles, forums, etc.), à animer (en présentiel ou à distance) les activités de remédiation au bénéfice des apprenants, à superviser le bon déroulement des activités d'apprentissage, à participer activement au suivi des apprentissages et à la motivation des apprenants, à préparer les apprenants aux évaluations, à contribuer au bon déroulement des évaluations (surveillances, corrections, délibérations, etc.), à participer aux dispositifs dédiés à l'amélioration permanente des enseignements et des apprentissages.
Vers une nouvelle réforme de l'Enseignement supérieur ?
Au plan global et continental, l'évocation de certains évènements naturels et sociaux survenus au cours de ces dernières années, entre autres, Covid, vague de chaleur, inondations, coups d'États militaires dans la zone sahélienne, guerre en Ukraine, prémices de redistribution de la carte géopolitique mondiale, etc., suffit à démontrer que nous vivons dans un monde préoccupant et imprévisible.
Des effets directs du changement climatique au développement des mégalopoles, à la montée en puissance de l'intelligence artificielle en passant par les dynamiques démographiques, notamment en Afrique et au Sénégal, la jeunesse de la population accentue les autres besoins en autosuffisance alimentaire, en infrastructures et moyens indispensables pour une meilleure prise en charge sanitaire. Autant de forces structurelles qui contribuent ainsi à la nécessité de reconsidérer les risques auxquels les populations sont globalement exposées. Ces processus de mutations posent un redoutable défi aux systèmes de prise en charge de tout ordre des populations, notamment au sein des États africains qui éprouvent beaucoup de difficultés à protéger la vie et le bien-être des communautés, tout en soutenant la poursuite d'une activité économique hypothétique.
Sur un autre registre, au plan régional et local, à l'heure des innovations et de la mobilisation des forces partout au travers du monde pour une émergence économique durable, la jeunesse africaine fuit quasiment, sans déchirement, son continent par l'intermédiaire d'une émigration régulière et clandestine principalement vers l'Europe mais aussi vers d'autres pays du monde. À partir de villes telles que Dakar, les migrations vers l'Europe, les USA et d'autres continents, occupent 55% de la dynamique spatiale. Les exodes s'accentuent à la faveur de troubles politiques et économiques qui se multiplient dans les pays d'origine. Certaines de ces formes d'exode sont considérées comme suicidaires ; pourtant, au Sénégal, le choix est assumé par de nombreux jeunes, candidats à ces départs à conditions périlleuses.
Au regard de tous ces faits, le contexte est fondamentalement propice à l'adoption de démarches et d'adaptations nouvelles et innovantes dans la formation, la recherche universitaire prenant en compte les réalités nationales et locales, valorisant les pratiques et savoirs endogènes, tout en s'appuyant sur l'exploitation judicieuse des ressources naturelles propres pour l'amélioration du quotidien de nos compatriotes.
Même si le leitmotiv reste partout semblable, c'est-à-dire chercher la qualité en intégrant les fondamentaux socioculturels, au Sénégal, une « adaptation aux besoins nationaux » s'avère être d'une nécessité impérieuse. Cela d'autant que le contexte récent a fait que les universités ont quasiment touché le fond avec leur fermeture intégrale d'abord, puis partielle, imposée par le Covid-19, et plus récemment leur fermeture quasi arbitraire et sectorielle ; le privé universitaire n'étant pas concerné. Cette situation liée au contexte sociopolitique pré-électoral s'est traduite par des actes de vandalisme qui ont ébranlé l'université-mère (Ucad). Celle-ci a vu sa bibliothèque et nombre de ses infrastructures aussi bien dans le campus social que pédagogique saccagées mais aussi une partie de ses archives brûlées.
Au demeurant, dans un contexte de réouverture de l'université publique en 2023-2024 pratiquement au milieu du calendrier académique malgré les séquelles encore visibles des perturbations ci-dessus évoquées, on assiste quasiment à un redémarrage difficile de l'année en cours. Toutefois, il semble crucial, suite de l'évaluation du système LMD après quasiment plus de 15 ans d'effectivité de mettre en œuvre de manière effective les recommandations issues du diagnostic approfondi qui semble révéler que le dérèglement constaté semble émaner d'une application quasiment pas très appropriée du système. On assiste en effet, non pas à un système LMD mais à des systèmes LMD appliqués différemment au sein des universités sénégalaises. En conséquence, afin d'avoir une meilleure idée de l'efficacité de la CNAES, une évaluation tangible des résultats de son application, plus de 10 ans après sa tenue, devient un impératif. Au regard du contexte géopolitique mondial, africain et local, tout pousse à croire que les nouvelles autorités ne tarderont pas à imprimer leur empreinte sur une nouvelle réforme pour l'enseignement supérieur. Tout indique, en effet, qu'on s'achemine, comme ont eu à le faire ses prédécesseurs, vers une nouvelle réforme à associer au président Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
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Aminata Ndiaye est Professeur titulaire des Universités (UCAD), Directrice des Affaires académiques et juridiques - Direction générale de l'Enseignement supérieur (MESRI).