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21 juin 2025
LES JEUNES, LES RESEAUX SOCIAUX ET LA DEMOCRATIE
Souleymane Bachir Diagne pointe ses projecteurs sur l’état de la démocratie dans le monde, en insistant sur le cas des Etats-Unis fraîchement sortis de l’ère Trump.
Dans un monde qui bouge à une vitesse vertigineuse, tous les schémas sont bousculés. Le Professeur Souleymane Bachir Diagne, qui enseigne à l’université Columbia aux Etats-Unis et dont la spécialité est de l’histoire des sciences et la philosophie islamique, pointe, dans cette interview, ses projecteurs sur l’état de la démocratie dans le monde, en insistant sur le cas des Etats-Unis fraîchement sortis de l’ère Trump.
Pour ce philosophe considéré comme l’un des meilleurs au monde, la vitesse qui imprime la cadence des mutations observées partout dans le monde exige une attention particulière sur les jeunes et les réseaux sociaux. Dans ce premier jet de notre entretien, le Pr Souleymane Bachir Diagne conseille une prise de conscience urgente des enjeux, si l’Afrique ne veut pas rater les grands rendez-vous de l’histoire.
Bonjour Professeur. Nous vous remercions d’avoir bien accepté de vous entretenir avec nous. Le prétexte de cette interview, ce sont nos 10 ans d’existence que nous célébrons. Et que nous avons choisi de le faire coïncider avec le premier anniversaire du décès de Babacar Touré.
Justement, avec ce préambule, j’aimerais dire à quel point je suis heureux de participer à la célébration de ce 10ème anniversaire parce que la presse, c’est important en régime démocratique. Et un journal qui fête ses 10 ans, c’est un journal qui a grandi. J’en profite donc pour saluer la mémoire de Babacar Touré. C’est quelqu’un pour qui j’avais une énorme considération. Et je suis heureux de pouvoir participer ainsi à cet hommage qui est rendu à cette figure irremplaçable qu’il aura été pour la presse sénégalaise et la démocratie sénégalaise en général.
Merci pour cet hommage. Il y a de plus en plus de personnes émettent des doutes sur la viabilité de la démocratie comme système politique capable de prendre en charge les préoccupations du citoyen. Peut-on parler de la crise de la démocratie dans nos pays ? Ou même d’une crise à un niveau mondial, au regard de ce qu’on observe en terme de montée de l’intolérance, du racisme etc ?
Absolument. Je pense qu’il faut d’abord commencer par le monde dans sa globalité et dire qu’il y a une crise réelle de la démocratie et que cette crise est mondiale. On vit un moment où, il y a une compétition ouverte entre des régimes plutôt autoritaires, mais qui tablent sur leur propre efficacité économique et qui mettent, pour ainsi dire, les démocraties sur la défensive. On a vu des crises absolument inouïes auxquelles on n’aurait pas pensé, il y a simplement quelques années, se manifester. Lorsque par exemple, la démocratie américaine elle-même a été très fortement chahutée. Et il est clair qu’aujourd’hui, il y a un effort aussi – il ne faut pas se le cacher – pour discréditer la démocratie. Du coup, il y a une sorte de tentation de dire, mais après tout, la démocratie, c’est un régime comme un autre. Est-ce qu’il n’est pas préférable d’aller vers des régimes qui manifesteraient une plus grande efficacité. On pourrait douter que la démocratie soit véritablement efficace pour faire face à un certain nombre de défis (…).
D’ailleurs, un de vos collègues le Pr Djibril Samb, dans son dernier ouvrage, évoque ce qu’il nomme ‘’Post-démocratie’’, en invitant à penser à un autre système qui serait meilleur. Cela rentre peut-être dans ce cadre-là aussi ?
Oui, d’une certaine façon. Maintenant, tout dépend de ce qu’on veut mettre sous le terme ‘’meilleur’’. C’est la raison pour laquelle, j’ai utilisé jusqu’à présent le concept d’efficacité. On peut avoir l’impression qu’un régime ou une décision rationnelle s’impose à tous et qui serait donc plus efficace. A ce moment-là, on met sous le terme ‘’meilleur’’, l’idée de la notion d’efficacité. Mais, il ne faut jamais oublier que la démocratie est d’abord et avant tout, un idéal éthique. Si on est convaincu, sur le plan éthique et philosophique, qu’un régime démocratique est le régime qui se prête le mieux à l’épanouissement de ce qu’il y a de plus important chez l’humain (…) ceci est d’abord une thèse éthique.
Et si la démocratie repose sur cet idéal éthique, à ce moment-là, la notion de ‘’meilleur’’ change totalement de sens. Et donc, cela nous conduit à dire que, si dans notre monde aujourd’hui, la démocratie est fortement chahutée, la démocratie a montré sa fragilité, sa vulnérabilité, il est quand-même important de tenir ferme l’idéal démocratique au nom de l’humain et au nom d’un certain humanisme et au nom d’une certaine éthique à introduire dans la politique. Je pense que, de ce point de vue, probablement, mon collègue et ami Djibril Samb pourrait être d’accord.
Mais si on favorise l’approche pragmatique et là j’interroge quelque chose qu’on pourrait assimiler à votre intime conviction, pour parler comme le juge, quel serait votre niveau de foi en la démocratie sous l’angle de sa capacité à survivre aux crises actuelles ? Pensez-vous que la démocratie pourra résister au temps, si on prend une échelle temporelle dans 30 ou 50 ans ? Beaucoup de personnes pensent que les perspectives sont sombres.
Je pense qu’il y a un élément de pari à considérer. Parce que mon ultime conviction ne reposera pas sur des évidences qui seraient des évidences absolument indiscutables. On a vu les démocraties s’affaisser. Il faut toujours se rappeler, il est important de regarder les leçons de l’histoire et de se rappeler qu’Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir et son arrivée démocratique au pouvoir a signifié la fin de la démocratie dans l’Allemagne de l’époque. Donc, les fascismes ont toujours prospéré en utilisant précisément, les mécanismes démocratiques pour aller ensuite contre ces mécanismes démocratiques.
Mais, l’un dans l’autre et justement si on se donne le temps long, ce qui fait ma conviction d’une victoire ultime de la démocratie c’est précisément le fait qu’il me semble correspondre à une vérité éthique de ce que signifie être humain. Voilà, ce sur quoi, je fonde ma conviction. D’abord que le régime démocratique est meilleur, malgré tout, y compris dans le long terme, en terme d’efficacité. Parce que, les talents humains se développent mieux dans le long terme en régime de liberté, en régime démocratique et aussi, pour ce qui est de la visée éthique qui est le moteur même de cet idéal démocratique.
On a l’impression que la discussion ou le dialogue n’est plus d’actualité, que les acteurs politiques, sociaux, n’acceptent plus ces règles du jeu.
Oui, j’ai la même impression que vous et je crois que cela fait partie de ce que nous avons convenu d’appeler une crise actuelle des démocraties. C’est-à-dire que la foi ou si vous voulez une adhésion des élites politiques à un certain nombre de règles communes, à un langage qui serait également un langage commun, cette adhésion-là ne va plus de soi. Nous sommes dans un monde qui est très divisé politiquement où, on a l’impression que les divisions politiques, les antagonismes politiques sont devenus de véritables tribalismes. On parle beaucoup de tribalisme, d’ethno-nationalisme, et quand vous parlez de tribu c’est pour dire au fond qu’on n’a même plus de langage commun. Parce qu’avoir des différends, être en désaccord, d’une certaine façon, cela suppose de s’entendre sur une langue commune et de faire référence ensemble à un certain nombre d’institutions dans lesquelles on a confiance.
Et, si ce minimum n’existe plus, vous avez évidemment des différends qui sont absolument irréconciliables. Vous avez des tribus qui ne parlent plus la même langue et vous n’avez plus des possibilités de convergence ou des possibilités de trouver des terrains sur lesquels, il est possible de bâtir des consensus. Et ceci, c’est le grand danger. La grande fragmentation, y compris du langage politique, de la confiance que l’on peut avoir dans les institutions qui imposent les règles du jeu. Si on ne s’entend pas sur les règles du jeu, évidemment, il n’y a plus aucun moyen de concilier les positions et de faire que les sociétés avancent dans l’opposition, mais également, l’accord sur un certain nombre de principes fondamentaux.
Prenons un exemple précis, la crise de la démocratie américaine. Il a suffi qu’un président battu, sortant, dise qu’’’il y a eu fraude et c’est la raison pour laquelle j’ai perdu’’, une simple déclaration, pour que la crise s’installe. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, encore, la proportion de ceux qui ont voté républicain, et qui croient ou en tout cas qui déclarent avec force que les élections ont été truquées est encore extrêmement élevée. Et tout cela a reposé simplement, sur la possibilité de dire que ‘’je n’ai pas confiance en un mécanisme qui pourtant a fonctionné pendant des décennies et des centaines d’années.
Donc, la règle minimale qui voulait que le perdant reconnaisse sa défaite et dise : ‘’vous avez gagné, félicitations’’, cette simple règle, il suffit qu’on ne soit plus d’accord pour prononcer une phrase comme celle-là, pour fausser les règles du jeu. Parce que, précisément, les antagonismes sont devenus tels que cette politique démocratique élémentaire n’est même plus possible, parce qu’on ne voit plus l’autre comme un adversaire politique, mais véritablement, l’ennemi qui appartient à l’autre tribu (…). Cela montre la vulnérabilité et la fragilité de ce régime qui est pourtant, le meilleur en dehors de tous les autres.
C’est même une fragilité globalisée. C’est un retour à la barbarie et on a l’impression que c’est mondialisé. C’est le cas en Afrique… C’est effrayant…
Mais oui, c’est effrayant (…). Dans la Constitution européenne, vous aviez cette sorte de convergence démocratique élémentaire qui faisait que les Etats européens pensaient parler la même langue démocratique. Mais vous avez des régimes, comme la Biélorussie aujourd’hui, ou des régimes très autoritaires comme le régime polonais, ou hongrois (…). Cela montre que l’idéal démocratique, l’impression où on était après la chute du mur de Berlin, que l’humanité allait tranquillement vers une sorte de consensus démocratique, ce sentiment-là n’existe plus aujourd’hui.
Mais aujourd’hui, Professeur est-ce qu’on peut mettre les réseaux sociaux dans le même puzzle de ce que vous êtes en train de décrire comme phénomène d’anarchisation de l’espace public ?
Absolument. Parce que ce sont les réseaux sociaux qui sont principalement, le multiplicateur. Au fondement de cette crise se trouve le fait que nous vivons dans un monde aujourd’hui des réseaux sociaux et de l’amplification que ces réseaux provoquent. Si on veut résumer au fond le problème, on dira qu’absolument les réseaux sociaux par la force des choses, sont aujourd’hui, constitutifs de l’espace public (…) Or, vous avez une propriété privée de l’espace public. Voilà le problème. L’espace public aujourd’hui, est déterminé Twitter, Facebook, tous ces réseaux sociaux. On demandera par exemple à Zuckerberg de contrôler une parole qui devient une parole dangereuse. On demandera à Twitter et il l’a fait, d’enlever à l’ancien Président américain Trump son compte, parce qu’il peut produire des discours qui peuvent être des discours dangereux, puisque la crise du Capitole a montré cela. Ce qui est un vrai problème.
Or, c’est cela l’espace public. Philosophiquement, l’idéal serait un espace public où des individus rationnels donnent une opinion et argumentent. Or, les réseaux sociaux qui déclarent simplement créer des tuyaux en disant que ‘’moi je ne suis responsable que des tuyaux, c’est vous qui êtes responsables des contenus’’ ; cela ne marche pas de cette manière-là. On voit que les réseaux sociaux, ce n’est pas un espace d’argumentation. Les réseaux sociaux en eux-mêmes portaient une promesse démocratique et portent toujours une promesse démocratique, parce que c’est vrai que toutes les voix s’équivalent d’une certaine façon.
Il y a bien du positif…
Oui, il y a un peu de positif (…) Les réseaux sociaux sont la meilleure et la pire des choses. Parce qu’ils offrent un espace à toutes les manipulations, à toutes les fabrications d’opinions. Parce que vous avez des spécialistes des réseaux sociaux qui orientent les opinions, qui peuvent les fabriquer… Qui peuvent se doter des articles d’ici et là, créer artificiellement une discussion et emporter l’adhésion de beaucoup ou alors diffuser de fausses nouvelles, pratiquer la désinformation, etc.
Il faut sans doute préciser que ce n’est pas un apanage purement occidental que dans nos pays, en Afrique, à Dakar, au Sénégal, on remarque qu’avec des échanges qui s’opèrent sur des sujets politiques, sociaux, etc., une certaine virulence, une certaine déviance, et même souvent un langage ordurier, des insultes, etc.
Malheureusement, oui, c’est mondialisé. Et justement, c’est la même culture, ou inculture, qui est répandue partout. Parce que le problème sur les réseaux sociaux c’est que si vous et moi, nous essayons de produire une argumentation quelque peu philosophique, elle n’attirera pas beaucoup d’attention. Elle attirera peut-être l’attention de certains, mais cela ne sera pas sûrement sur les réseaux sociaux. Donc, pour se faire entendre, il faut faire toujours dans l’outrance. Il faut être dans l’insulte, il faut avoir une voix tonitruante. Donc, malheureusement, c’est la nature même du médium qui demande une certaine forme d’outrance pour attirer l’attention dans un milieu où tout le monde a le droit et la possibilité de s’exprimer. Donc, l’insulte malheureusement, fait plus de bruit et attire davantage l’attention qu’un argument qui essaie de produire un raisonnement.
Et comment appréhendez-vous le couple réseaux sociaux-jeunesse, relativement ce qui se passe dans un pays comme le nôtre où la population est très jeune… ? Ces jeunes sont nés avec ces réseaux sociaux pour la plupart…
Plus on avance dans les générations, plus on a affaire à des générations qui sont nées avec l’internet, qui sont nées avec les réseaux sociaux. J’imagine que les jeunes, aujourd’hui, ont du mal à considérer qu’il y a eu un monde avant Internet. C’est leur monde. Ils naissent avec ces outils-là en main. Et d’autre part, tous les sondages le montrent. Qu’il s’agisse d’ailleurs du nord ou du sud, quand vous demandez la proportion les gens qui tiennent leurs informations des réseaux sociaux, non seulement, elle est très importante, elle est évidement de manière disproportionnée, bien plus importante chez les plus jeunes. Plus on est jeune, plus on prend ses informations davantage sur les réseaux sociaux avec son téléphone qu’en lisant des journaux. Et donc, démographiquement, les réseaux sociaux ont de l’importance et vont avoir de plus en plus d’importance. Parce qu’ils sont la source principale d’information et aussi désinformation pour les plus jeunes. C’est avec cela aussi qu’il va falloir essayer de compter.
N’avez-vous pas l’impression que nos sociétés bougent un peu trop vite et que cela pourrait être dangereux pour l’avenir ?
Les sociétés bougent et bougent très vite. Gaston Berger, le père de la Prospective disait que non seulement les choses vont vite mais elles vont aller de plus en plus vite, c’est-à-dire que la vitesse avec laquelle les sociétés changent va être cumulative, exponentielle. Plus ça change, plus ça va changer très vite. Les transformations vont à une vitesse absolument folle et ce sont des transformations technologiques mais évidemment aussi sociales. C’est la raison pour laquelle j’évoque ici Gaston Berger, non pas seulement pour faire une citation, mais pour donner également pour dire que c’est le moment pour faire de la bonne prospective. Nous devons avoir, non pas, le nez sur le guidon, sur le présent, mais essayer d’anticiper. Les sociétés qui s’en tireront le mieux dans ces changements immenses qui sont en train de se produire sont celles qui s’adapteront vite. Parce que sur le plan scientifique et technique, les changements qui se sont produits dans les 50 dernières années et qui vont se produire dans les années qui vont venir vont être infiniment plus importants que l’ensemble des changements qui se sont déroulés pendant des siècles. Il faut que les sociétés anticipent. Il faut une réponse de renforcement de la capacité d’anticipation. C’est ce que commande une situation comme celle-là. Supposons que nous soyons dans une voiture, sur une route que nous ne connaissons pas la nuit tombée, il faut avoir les phares les plus puissants pour pouvoir anticiper des tournants et des virages que l’on ne voit pas ou que l’on ne voit qu’au dernier moment (…) Cela demande une maîtrise profonde des connaissances qu’il faut avoir sur le déroulement du monde et cela demande aussi une bonne imagination appuyée sur une bonne connaissance sociologique.
On peut donc percevoir la jeunesse africaine, sénégalaise comme à la fois une menace et une opportunité ?
Absolument ! C’est la conséquence qu’il faut en tirer. Pour prendre une image, c’est comme ce qu’on appelle la force d’inertie en physique. C’est-à-dire quand vous avez une masse, elle se présente à vous d’abord comme un poids et il est très difficile de la faire bouger. Mais une fois que cette masse est lancée, la force d’inertie signifie que précisément elle n’est pas arrêtable. L’inertie est à la fois le poids qui pèse sur vous, qui s’oppose à ce que vous voulez faire, mais également ce qui, une fois mise en branle accompagne et amplifie vos propres efforts. Nous devons voir notre jeunesse de ce point de vue-là. Nous avons une masse énorme de jeunes. Cela signifie qu’il faut les éduquer, mettre un maximum de maîtres bien formés devant un nombre maximal de classes. Cela signifie également qu’il faut la nourrir cette jeunesse, lui trouver un emploi, etc. Par ailleurs, c’est cela la première richesse des humains, ce sont les humains eux-mêmes. Si nous regardons la démographie mondiale, la jeunesse humaine va se trouver massivement dans deux générations sur le continent africain. L’énergie humaine qui est elle-même le moteur principal de la marche de l’humanité sera sur notre continent. C’est un atout formidable. D’ailleurs, le monde s’en rend compte. La raison pour laquelle on est passé d’un discours très pessimiste, paternaliste et protecteur sur l’Afrique à une véritable compétition qui continue à se développer entre les Nations pour construire des partenariats avec l’Afrique, c’est la réalisation de ce potentiel extraordinaire africain. Ce potentiel n’est pas que constitué de nos ressources naturelles. Ça c’était la vision traditionnelle d’un continent riche en ressources naturelles à exploiter mais c’est également la richesse humaine que l’Afrique va représenter dans un futur qui n’est pas si lointain. Et cela il faut que nous le sachions mais à la condition, ceci n’est pas fatal. Le philosophe Auguste Comte à qui nous devons cette fameuse phrase : la démographie est un destin. Ce qui est vrai. La démographie est déterminante pour les évolutions de nos sociétés. Mais ce destin, il faut l’accompagner, lui donner forme, lui donner une certaine direction. Faire cela signifie mettre l’accent sur l’éducation. Cela veut dire que cette jeunesse africaine sera l’atout principal de notre continent à la condition que nous relevions le défi extraordinaire de l’éducation et de la formation. Seule une jeunesse bien formée sera, indiscutablement, l’atout du continent africain dans l’avenir.
MOUSSA BALDE REVIENT SUR SA DECISION
Le Synttas a obtenu l’engagement du Pr Moussa Baldé de revenir sur les affectations de ses délégués dès son retour de Rome au mois d’août
Le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Pr Moussa Baldé, va procéder à la réaffectation des 6 délégués du Syndicat national des travailleurs et techniciens de l’agriculture au Sénégal (Synttas) dès son retour de Rome au mois d’août prochain. Ce préalable étant acquis, le Synttas a rejoint la table du dialogue. Deux de ses 4 revendications satisfaites, la grève générale est maintenue et celle de la faim annulée.
Le Syndicat national des travailleurs et techniciens de l’agriculture au Sénégal (Synttas) a obtenu gain de cause dans son bras de fer avec le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural. Le Synttas a obtenu l’engagement du Pr Moussa Baldé de revenir sur les affectations de ses délégués dès son retour de Rome au mois d’août. Par conséquent, la reprise de la grève de la faim des 6 dirigeants syndicaux a été annulée. Par contre, la grève générale lancée par le Synttas sur l’étendue du territoire pour 10 jours est maintenue. Elle va arriver à terme mercredi prochain.
Cette baisse de la tension entre les syndicalistes et Pr Moussa Baldé a été rendue possible par des médiateurs. En effet, Khassimou Dia, ancien ministre du Plan, Aliou Dia de Force paysanne, Mariama Dramé, directrice de l’Agence nationale du conseil agricole rural, Ibrahima Badiane du Mouvement des paysans du bassin arachidier, et Fadel Kébé, secrétaire général du Syndicat démocratique des techniciens du Sénégal, ont entamé depuis vendredi passé des négociations pour faire converger les positions.
Jeudi dernier, les délégués du Synttas avaient annoncé la reprise de la grève de la faim entamée lundi. Ils l’avaient suspendue à la demande du ministre Moussa Baldé pour reprendre les négociations. Les syndicalistes dénonçaient la volonté des autorités de «démanteler le Synttas en procédant à des affectations arbitraires de ses délégués». Ils avaient posé cette question comme préalable à la reprise du dialogue. Pr Baldé avait demandé du temps pour voir comment revenir sur sa décision.
Le Synttas avait analysé cette position de l’autorité comme un refus. Grâce aux médiateurs, Moussa Baldé a accepté de revenir sur ces affectations dès son retour de voyage prévu le 5 août prochain. Sur les 4 revendications qui ont poussé le Synttas à décréter une grève générale de 10 jours, 2 sont en passe d’être satisfaites : il s’agit des indemnités de responsabilité agricole et celles de la prise en charge agricole. Les indemnités de risque et celles de logement ne sont pas éligibles pour les techniciens agricoles. Pour autant, des négociations sont en cours pour y apporter une solution.
Une enveloppe de 2 milliards de francs Cfa est dégagée par Macky Sall pour régler le problème des indemnités des agents de l’agriculture. Qui sont estimées à 5 milliards de francs Cfa. Il faut préciser que le Synttas court depuis plus de 2 ans après ses indemnités. Le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural avait, dans un premier temps, réfuté la légitimé du syndicat avant de rejoindre la table des négociations sous la forme de comité de dialogue. Moussa Baldé avait assuré qu’une enveloppe avait été dégagée avant l’arrivée de la pandémie. Mais l’effort budgétaire consenti dans la lutte contre le Covid-19 a retardé la satisfaction des revendications.
Pour lui, l’urgence était ailleurs. Au moment des négociations, les 6 délégués syndicaux représentant du Synttas au comité de dialogue ont subi des «affectations arbitraires. Certains ont changé de postes 3 fois en moins de deux mois». Une situation vécue comme une volonté de «démanteler le Synttas»
Dr. Pape Chérif Bertrand BASSENE
HAÏTI, DU MODELE PANAFRICAIN A L’AFRODYSTOPIE…
Avec plus de 200 ans d’existence en tant que République moderne, chaque contexte historique qui se produit à Haïti porte une signification rétrospective pour les autres Républiques sœurs sur le continent africain
Dr. Pape Chérif Bertrand BASSENE |
Publication 27/07/2021
Avec plus de 200 ans d’existence en tant que République moderne, chaque contexte historique qui se produit à Haïti porte une signification rétrospective pour les autres Républiques sœurs sur le continent africain. L’île image de la première forme de balkanisation coloniale est aussi le symbole primaire de la décolonisation dans sa compréhension de lutte contre un système esclavagiste dont la matrice constitue un crime contre la dignité humaine.
A Saint Domingue, ce sont des Mélano-africains sous les préjugés liés à leur condition d’esclaves qui se sont battus pour l’indépendance face à une domination blanche qui les maintenait sous l’asservissement. En détruisant l’establishment colonial français blanc et en le remplaçant par des dirigeants «Africains», la révolution haïtienne (1791-1804) acquit une identité de référence pour toutes les colonies sous domination occidentale et l’Afrique en particulier.
Cette identité renseignée par des problématiques idéologiques telles que le capitalisme racialiste qui veut toujours que la «Race noire» reste au seuil de l’économie mondiale (pour paraphraser Hegel) et la liberté dans un monde où l’économie fait le maître. Une telle liberté, les peuples noirs peinent encore à y goûter pleinement, alors même que la révolution haïtienne avait tracé les voies de sortie. Mais son histoire mémoire a été occultée pour une révolution qui a marqué les temps moderne et contemporain, dont il faudrait évaluer l’impact en Afrique. Il s’agit de parler de son prolongement qui devrait se lire en termes de référencialité dans un double processus de fixation des exigences que l’Afrique s’est posée et d’appréciation de la réalité actuelle des peuples noirs.
Mère des luttes anticapitalisme-racialistes pour se libérer de l’oppression occidentale et se construire une identité nationale, Haïti montra en effet le chemin de la libération à toute les Nations assujetties. La Révolution haïtienne était prise en exemple, elle servait de référence et de modèle (Amérique latine). Elle avait posé les jalons du combat et de l’engagement panafricanistes quand des femmes et des hommes que le système esclavagiste avait déracinés de tous les coins d’Afrique, et malgré leur grande diversité culturelle, avaient su se lever comme un seul être humain pour combattre jusqu’à leur indépendance (1804).
Cet exemple, malheureusement, est loin d’avoir été pris par les mouvements panafricanistes qui suivront. L’Afrique était, elle aussi, soumise aux mêmes rigueurs de l’exploitation coloniale, mais rares sont les pays africains qui, au nom du panafricanisme, s’engagèrent dans une lutte visant à se libérer de l’oppression coloniale avec ses intérêts tout aussi racialistes.
Et quand ils le faisaient, comme en Guinée-Bissau et Cap-Vert, ou au Mozambique, il leur manquait toujours, sur le plan continental même, cette unité qu’avaient démontrée les «Africains» de St-Domingue. Si Haïti porte le panafricanisme sous toutes ses formes, en actions comme en idées (B. Sylvain, A. Firmin, WEB Dubois), les élites africaines ont certainement passé trop de temps à «penser l’Afrique». Le continent en est même devenu une «Afrotopia» (Sarr, 2016), à l’image d’une élite «atopos», qui oublie son «lieu du penser».
A cette paramnésie de localisation, une interprétation historico-mémorielle s’impose. Haïti est un «lieu-document» où se posent les bonnes questions de l’avenir de l’Afrique et les faits y mentionnés ne parlent pas d’un meilleur des mondes : Haïti, notre référence historique, est une Afrodystopie. Le problème donc que pose la dualité conceptuelle d’une Haïti modèle panafricain et dystopie africaine est de savoir si l’Afrique est réellement sur les pas d’Haïti et si elle voudra lui ressembler dans 200 ans. Complexe relation entre histoire et mémoire que nous avons cru bon d’enseigner (ou plutôt de co-enseigner au Département d’histoire, Ucad, avec Pierre Sané, H. Bangerezako & N. Sène).
Le hasard faisant les choses, l’assassinat du Pr. J. Moïse nous amène à sortir du cadre universitaire pour participer à situer nos populations par rapport à cette tragédie dont les signaux causes sont déjà inscrits sur les murs des Palais africains. Du Mali, en passant par le Burkina jusqu’en Côte d’Ivoire, nous assistons à une sorte de néantisation de certains acquis qui faisaient dire que nos peuples étaient mûrs. Cette néantité déjà admise en Haïti se manifeste comme une épiphanie pour l’Afrique. Haïti s’inscrivait dans la rupture avec le système international de l’époque, système profondément esclavagiste et colonial. C’est ainsi que l’Etat postcolonial va préfigurer les Etats décolonisés d’aujourd’hui. Tel un modèle devant être reproduit plus tard sur des réalités similaires, la Révolution haïtienne se videra de sa substance, en raison des contraintes et pesanteurs qu’imposera un système international hostile. Ainsi, alors qu’au 18e siècle l’île de St Domingue était l’une des colonies les plus productives du monde, la République d’Haïti qui lui succéda va très tôt crouler sous le fardeau d’une dette imposée (Sané, 2021).
En effet, soutenu par les autres puissances coloniales, la France va obliger la jeune République à payer, sous la menace d’une intervention coalisée, un tribut à la liberté pour dédommager les colons français. Cette rançon sera payée jusqu’au dernier sou par Haïti, estimée à 25 milliards d’euros aujourd’hui pour l’un des Etats les plus pauvres du monde. Cela représentait à l’époque six années de recettes budgétaires. Si cet «impôt de liberté» («impôt de capitation» en Afrique) n’est pas seul responsable de cette paupérisation, il a malgré tout contribué à l’affaiblissement d’un jeune Etat qui se retrouvera enchaîné à la logique impériale, forcé de largement travailler et contribuer à l’accumulation du capital français.
La Révolution haïtienne restera donc avortée dans sa phase initiale, après la défaite militaire du colonialisme, la prise totale du pouvoir par des hommes qui s’étaient libérés tout seuls, suivie par l’indépendance politique et la formation d’un Etat national. Nous reprenons l’essayiste (Depestre, 1969) pour qui la victoire militaire sur le colonialisme, pour décisive qu’elle ait pu être dans le projet de la décolonisation, ne sera pas une conquête totale de son destin. En effet, l‘indépendance politique deviendra vite une indépendance nominale. Les structures coloniales vont se reconstituer progressivement en structures néocoloniales tout autant excentrées, mais indigénisées.
Se laissant entraîner dans ce cycle de paupérisation, Haïti va répondre au mécontentement populaire par une reproduction des codes du (néo)colonialisme au milieu du 20e siècle. Le 21e siècle quant à lui va être marqué par une succession de crises politiques ; depuis 2000, Haïti ne cesse de vivre dans l’impasse politico institutionnelle qui a culminé jusqu’à un énième assassinat d’un Président en exercice. Toutes ces lignes sur Haïti peuvent être transposées pour faire une lecture de l’histoire politique africaine depuis l’indépendance. Après 50 ans, comme en Haïti, dettes dues par nos Etats aux anciens colonisateurs, coups d’Etat militaires, néocolonialisme et capitalisme racialiste, instabilités politiques et institutionnelles, dévolution monarchique, impasses politiques et ingérences internationales, non-respect de la souveraineté, faux patriotisme et mercenariat en cravate… sont le lot des Etats africains.
Dr. Pape Chérif Bertrand BASSENE
Akandijack
Enseignant-chercheur Histoire moderne et contemporaine UCAD
Par Hamath KANE
LE COURS INCOMPLET DE ISMAÏLA MADIOR FALL
«Pour qui connaît l’histoire du Conseil constitutionnel, il est arrivé des dizaines de fois que le Conseil constitutionnel, quand il était composé de 5 membres, statue à 3.»
Ismaïla Madior Fall a raison de soutenir que le Conseil constitutionnel a eu à rendre des décisions sans être au complet. Mais c’était plus dans des cas d’empêchements temporaires que définitifs d’un nombre aussi important de ses membres. Même si le quorum est atteint. Le Quotidien a fouillé dans les décisions des «Sages» qui se sont succédé.
«Pour qui connaît l’histoire du Conseil constitutionnel, il est arrivé des dizaines de fois que le Conseil constitutionnel, quand il était composé de 5 membres, statue à 3.» Soumises à la Var, ces affirmations de Ismaïla Madior au Grand jury de la Rfm du 25 juillet 2021 ne peuvent lui valoir de carton rouge. Bizarrement, l’on ne sait pas si c’est une erreur sur le site du Conseil constitutionnel, mais même deux membres ont rendu la Décision n°16-E-2012 du 4 février 2012 qui fait suite à une requête du candidat Macky Sall tendant à contester la couleur choisie par Cheikh Tidiane Gadio pour l’impression de ses bulletins de vote. Même si le requérant a fini par se désister, l’on a eu droit à la fameuse formule : «Délibéré par le Conseil constitutionnel dans sa séance du 4 février 2012, où siégeaient Messieurs Cheikh Tidiane Diakhaté, Président, et Isaac Yankhoba Ndiaye.»
Pourtant les autres, Siricondy Diallo, Chimère Malick Diouf et Mohamed Sonko, étaient bien membres. Et il est vrai, comme le soutient le constitutionnaliste et ministre d’Etat, qu’«il est fréquent que le conseil ne réunisse pas la totalité de ses membres». Comme d’ailleurs dans la Décision n°1-2005 du 7 septembre 2005 lorsqu’il a été saisi par le Président Wade «pour avis sur le projet de loi modifiant l’article 60 de la Constitution et le projet de loi ordinaire repoussant la date des élections législatives au jour du premier tour du scrutin de l’élection présidentielle de 2007».
3 membres, Madame Mireille Ndiaye, présidente, Messieurs, Mamadou Sy et Mamadou Kikou Ndiaye, ont délibéré et se sont déclarés incompétents «pour répondre en l’espèce à la demande d’avis du président de la République». Abdou Lath Diouf et Babacar Kanté étaient déjà en service. Même quorum pour la Décision n°4-2002 du 5 novembre 2002 traitant de la saisine du Conseil par Youssoupha Ndiaye, son président, d’une «demande d’avis conforme tendant à mettre fin à ses fonctions de membre du Conseil constitutionnel». Avaient siégé en plus de Youssoupha Ndiaye lui-même, Abdou Lath Diouf et Mamadou Sy. Me Mamadou Lô ayant fini son mandat en juin 2002 et Abdoul Aziz Ba aussi ayant mis fin à ses fonctions à sa demande en janvier de la même année.
Un cas inédit
C’est dire donc que les exemples pour lesquels la haute juridiction ne s’est pas réunie dans sa totalité foisonnent. Mais ils ne peuvent être pertinents d’ailleurs que s’ils étaient similaires à celui que vit aujourd’hui le Conseil constitutionnel présidé par Pape Oumar Sakho : trois membres indisponibles, mais pas temporairement sur la base de l’article 23 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016.
Ismaïla Madior Fall l’a d’ailleurs admis : «Il manque donc 3 membres qui doivent normalement siéger sauf s’ils ont un empêchement temporaire, en l’occurrence il s’agit d’un empêchement définitif.» De toutes les façons, le vin est tiré et l’opposition va devoir le boire, les décisions du Conseil constitutionnel n’étant susceptibles d’aucun recours. C’est une décision qui entre aussi dans l’histoire par son caractère inédit.
PAR SEYDOU KA
FEMINISME PAR LE BAS
Au lendemain de la Tabaski, beaucoup de femmes, particulièrement celles qui sont émancipées et qui avaient perdu le goût des travaux domestiques, ont eu toutes les peines du monde. Pour cause, les femmes de ménage sont rentrées au village
Au lendemain de la Tabaski, beaucoup de femmes, particulièrement celles qui sont émancipées et qui avaient perdu le goût des travaux domestiques, ont eu toutes les peines du monde. Pour cause, les femmes de ménage, qu’on appelle de façon honteuse «bonnes», sont rentrées au village pour passer la fête avec leurs familles. Du coup, subitement, on se rend compte de l’utilité de ces bonnes dames dont on remarque à peine la présence dans les maisons. Tellement elles se font discrètes. J’allais dire qu’elles sont sommées par les «patronnes» de s’effacer quand un invité arrive.
Certes, le phénomène n’est pas nouveau, et il serait inutile de revenir ici sur les sévices qu’elles subissent dans les maisons. Ce qui est étonnant, c’est que malgré les victoires engrangées par les femmes au niveau politique ces dernières années – loi sur la parité, prise en compte de la dimension genre dans toutes les politiques publiques –, rien ne semble bouger pour les «bonnes». L’écrasante majorité d’entre elles ne perçoivent même pas le smic. Ce qui est encore plus dramatique, c’est que ce sont des femmes qui maltraitent d’autres femmes dont le seul tort est d’être nées pauvres. J’avais toujours pensé, de façon naïve peut-être, qu’une femme était mieux en mesure de «comprendre» une femme. J’ai déchanté en apprenant, par exemple, que les femmes qui accouchent dans nos structures sanitaires publiques subissent toutes sortes d’insultes de la part de certaines sages-femmes qui y travaillent. Avec des quolibets du genre «quand tu le faisais au lit, c’était agréable, tu n’as qu’à assumer». Comment une femme qui a connu les douleurs de la maternité peut parler à une femme de cette manière ? Où est passée la sensibilité féminine qu’aiment vanter nos féministes ? J’avoue qu’il y a quelques choses qui m’échappent. Et je ne suis pas le seul. Un ami me confiait le malaise qu’il éprouve quand il voit comment son épouse traite ses «bonnes» et qu’il était souvent obligé de prendre leur défense.
De tout cela, je tire cette conviction : de la même manière qu’il n’y a d’écologie que celle des pauvres, il n’y a de féminisme que celui des pauvres ! S’il est normal que tout mouvement social, dans sa théorisation, dans sa conceptualisation soit toujours porté par l’élite, il est indispensable de faire un travail de conscientisation et de sensibilisation à la base. Et c’est là que le bât blesse.
Certes, en plus de la recommandation R201 de l’Organisation internationale du travail (Oit), différents arrêtés ministériels régissent, depuis 1968, le travail des domestiques et gens de maison et prévoyant un contrat, un barème salarial, des cotisations sociales, les heures de travail, un congé payé…, mais ces droits ne sont jamais respectés. On peut comprendre que la société, de façon générale, ferme les yeux, compte tenu d’un certain nombre de paramètres (faiblesse des revenus de la classe moyenne, solidarité familiale…), mais, raison de plus, cela doit s’accompagner d’avec un minimum d’humanisme dans la façon dont ces travailleuses précaires sont traitées.
Bref, on peut se demander ce qu’ont fait la moitié des députées de l’Assemblée nationale depuis l’instauration de la loi sur la parité pour leurs consœurs du monde rural, des banlieues ou, de façon globale, la société ? En effet, le principal argument des féministes, c’est de dire qu’un mieux-être de la femme se traduit par un mieux-être de la famille. La récente loi criminalisant le viol aurait pu être considérée comme une grande victoire mais, même au sein du mouvement féministe, on a le sentiment d’un malaise.
Tout ceci donne le sentiment qu’après avoir engrangé les fruits de la lutte des aînées (notamment dans le cadre du mouvement ‘’Yeewu yeewi’’ créé dans les années 1980), le mouvement féministe sénégalais s’est essoufflé, voire s’est perdu dans ses combats. L’une des pionnières, Marie Angélique Savané, dénonçait, à juste titre, dans un entretien qu’elle nous avait accordé en mars 2014, le fait qu’actuellement on ne fait que du «féminisme alimentaire». Ensuite, au-delà du problème générationnel, les féministes sénégalaises et africaines de façon générale semblent avoir été entrainées par leurs consœurs occidentales dans des combats qui parfois ne sont pas les leurs. La récente sortie de la sociologue Fatou Sarr Sow qui, dans un article, procédait à une déconstruction de la notion de genre, sonne ainsi comme une sorte d’aggiornamento.
Par Hamidou ANNE
NOS «HONORABLES» REPRÉSENTANTS
Les parlementaires de la majorité, hormis quelques rares exceptions, ne lisent pas les textes, se vantent de leur inféodation à l’Exécutif et ne produisent aucune réforme d’envergure au bénéfice de leurs mandants
Suivre les débats à l’Assemblée nationale requiert une large surface de tolérance, tellement les adultes qui y siègent semblent peu soucieux de la qualité des discussions. Les provocations, injures et coups de poing, qui sont le lot de nombreux Parlements, ne me choquent pas.
La confrontation parlementaire est par essence tendue, nul besoin d’en faire une spécificité nationale. Ce qui change ailleurs sans doute, c’est la maîtrise des textes de loi dont font preuve les députés entre deux chahuts. Représenter le Peuple est une dignité qui n’est pas donnée à tout le monde ; cette dignité se mérite et exige une responsabilité dans le travail parlementaire qui n’est pas toujours observée chez nos «honorables» députés.
On pointe souvent les personnes qui arrivent au Parlement sans compétence ni métier, par la seule volonté du parti majoritaire. Mais je désapprouve la «barrière à l’entrée» qu’invoquent certains relativement à un niveau académique nécessaire pour être député. Il n’est pas dit que les diplômés sont plus honnêtes ou plus intelligents que ceux qui ne le sont pas. Il suffit d’observer les pratiques des élites pour s’en convaincre.
Aussi, l’Assemblée est l’émanation du Peuple souverain, sa représentation, qui doit ainsi refléter toutes les composantes de la Nation. Tout électeur sénégalais a droit à être élu. La démocratie n’est pas la chasse gardée des universitaires ou des cadres, mais la propriété aussi des ouvriers, des paysans, des artisans et des sans-emplois. Le problème principal de notre Parlement se trouve dans la faillite de la mission de représentation du Peuple sénégalais.
A chaque vote d’une loi politiquement sensible, nous observons les attributs de cette démocratie où les élus votent des lois importantes dans le secret le plus absolu. Ni le gouvernement dont les projets de loi relèvent de la politique ni les élus n’informent ceux qui délèguent le pouvoir afin de décider en leur nom. Visiter le site internet de l’Assemblée nationale prouve que l’on y est encore à l’ère du paléolithique s’agissant du devoir d’informer les citoyens sur ce qu’on décide en leur nom et qui doit régir leur vie.
C’est un déni de démocratie, une violation du pacte moral qui lie les élus aux citoyens dans un pays qui s’honore d’être une des plus grandes démocraties africaines. Les majorités parlementaires se succèdent et perpétuent l’allégeance du pouvoir législatif à l’exécutif. Depuis 1960, les députés du parti au pouvoir violent le principe sacré de la séparation des pouvoirs. Certains avec plus d’exubérance que d’autres. La majorité s’honore d’être le relais de la volonté de l’Exécutif. Elle ne prend aucune initiative et se contente d’approuver les directives du gouvernement.
Les parlementaires de la majorité, hormis quelques rares exceptions, ne lisent pas les textes, se vantent de leur inféodation à l’Exécutif et ne produisent aucune réforme d’envergure au bénéfice de leurs mandants. C’est la philosophie de la représentation qui est dévoyée au profit d’une appartenance partisane primaire ; d’où la nécessité de saluer le travail de parlementaires de Benno bokk yaakaar comme Théodore Monteil, dont le sérieux, la mesure et le sens de l’Etat honorent l’institution. Monteil rappelle, chaque fois que de besoin, qu’il n’a pas de mandat impératif en tant qu’élu du Peuple sénégalais. Tout cela renforce mon scepticisme au sujet de l’instauration d’un régime parlementaire dont le cœur serait l’Assemblée nationale. Même la Cnri, dans son rapport, avait qualifié le débat sur la nature du régime de «simpliste», lui préférant «la séparation et l’équilibre des pouvoirs». Le régime parlementaire peut générer une forme d’instabilité chronique à l’image d’Israël ou de l’Italie, où les élections, par les changements fréquents de majorité, mobilisent trop souvent les citoyens.
Le Sénégal, démocratie chancelante, a besoin de stabilité politique. Un pays pauvre n’a pas les moyens d’organiser tous les ans une élection qui serait le résultat de combines politiciennes. D’ailleurs, c’est son instabilité, avec un fiasco théâtral, qui a mis fin à la IVème République en France et permis l’instauration de la Vème en 1958. La crise de 1962 au Sénégal trouve aussi son explication dans la nature du régime de l’époque. La Vème République est loin d’être parfaite, mais à sa naissance, elle avait pour but d’ériger un système stable où le Président s’élève au-dessus des partis pour être chef de l’Etat et garant de l’unité nationale. La pratique est tout autre ici, avec les pouvoirs exorbitants dont dispose le président de la République. Malgré tout, après avoir suivi huit heures de débat au Parlement, je ne suis pas sûr de vouloir confier le destin du pays aux députés qui ne lisent pas les textes qu’ils sont appelés à voter.
PEUR A DAMBANKOTO !
A Dambankoto, hameau situé dans la commune de Sabodala, les populations, délocalisées à cause de l’extension de l’espace d’exploitation de la mine aurifère, ne dorment plus à poings fermés
Dambankoto, village situé dans la commune de Sabodala et délocalisé il y a une dizaine d’années par Sabodala gold operations pour les besoins de ses opérations minières. Aujourd’hui, les murs des bâtiments, construits pour héberger les populations impactées par l’exploitation de l’or, sont fissurés dans les grandes largeurs. Et les populations craignent le pire.
A Dambankoto, hameau situé dans la commune de Sabodala, les populations, délocalisées à cause de l’extension de l’espace d’exploitation de la mine aurifère, ne dorment plus à poings fermés. Déjà les six bâtisses construites par Sabodala Gold Operations il y a à peine une dizaine d’années menacent de s’effondrer. Les murs sont lézardés. Désormais, elles ne tiennent à rien. Des langues se sont vite déliées pour laisser entendre que les bâtiments n’ont été renforcés de poteaux de fer, qui assurent leur durabilité évidemment. Cette situation provoque l’ire du président de l’Association communautaire pour le développement de Sabodala (Ascodev) : «Aucun responsable n’oserait mettre sa famille dans de telles conditions.»
Djiby Soumaré, Secrétaire général aussi du réseau départemental des entrepreneurs de Saraya, ne cache pas sa colère. Il dit : «Il est aberrant que la compagnie minière veuille construire une auberge à coups de millions pour le village de Tenkonto alors que pour bien moins que cela, elle sauverait des vies humaines à Dambankoto.» Face à cette situation, M. Soumaré invite les pouvoirs publics centraux «à agir pendant qu’il est encore temps et éviter qu’il y ait chaque fois un drame pour ensuite fatiguer les gens avec de pseudo mesures alternatives».
Des sources dignes de foi indiquent que l’édile de la commune de Sabodala, le sous-préfet et un responsable de la compagnie minière y avaient fait un tour pour constater de visu la situation. Djiby Soumaré espère une issue heureuse : «Que Sabodala gold operations intervienne dans les meilleurs délais pour trouver une solution durable à cette situation plus que dangereuse.»
Nos tentatives d’entrer en contact avec la responsable du département des relations communautaires de Sabodala Gold Operations sont restées pour l’instant infructueuses.
«GANA VA S’IMPOSER CETTE ANNEE AU PSG. JE NE ME FAIS PAS DE SOUCI POUR LUI»
Figure emblématique du ‘’Dial Diop’’ de Dakar, avant d’exploser en Europe, Boubacar Sarr « Locotte » est sans doute l’un des meilleurs joueurs sénégalais de sa génération. ses progrès furent rapides et continus
Figure emblématique du ‘’Dial Diop’’ de Dakar, avant d’exploser en Europe, Boubacar Sarr « Locotte » est sans doute l’un des meilleurs joueurs sénégalais de sa génération. ses progrès furent rapides et continus. De Toulon au Paris Saint-Germain (PSGG) en passant par Marseille, il a laissé des traces, de par sa technique, son sens du jeu, sa force de pénétration, mais aussi une rare efficacité. dans cette première partie de l’entretien qu’il a accordé à ''L'As'', l’ancien du PSG retrace son parcours. il a également évoqué les chances d’Idrissa Gana Guèye, avec la concurrence et le recrutement ambitieux du club de la Capitale française.
Boubacar Sarr Locotte : Cela vient d’un grand frère qui, de retour d’Espagne, me regardait jouer dans le quartier où j’ai grandi à la Médina, rue 35 X 24. A l’époque, je jouais un peu partout. Et cela avait étonné ce monsieur qui, pour me qualifier, a sorti le mot espagnol « El Loco», qui signifie ‘’le fou’’, sur le terrain. Et mes amis de la Médina l’ont transformé en " Locotte".
Vous êtes de plus en plus en retrait. Que devient Boubacar Sarr Locotte ?
Je vis toujours à Paris avec ma famille. J'ai pris un peu de recul avec le milieu du football, parce que je suis presque à la retraite. Mais il n’empêche, je reste un observateur de ce jeu que nous aimons tous tant. En Europe, je travaille avec des entraîneurs. Ils font appel à mes services le plus souvent pour que je supervise leurs adversaires. Et en dehors du Paris Saint-Germain (PSG), j’aide l’équipe nationale du Sénégal quand je suis en vacances. Je reste presque trois mois pour m'imprégner de la vie et de l’évolution de notre sport, de notre culture et de notre vie sénégalaise. Je m’occupe également de mes affaires au Sénégal
Avant d’exploser en France notamment à Toulon, Marseille et paris, vous avez eu à évoluer au Dial Diop de Dakar. Pouvez-vous revenir sur cette époque de votre carrière ?
J’ai fait pratiquement toute ma carrière au Sénégal au Dial Diop Sporting club. Cette équipe est le fruit d’une fusion de Estella Club de Dakar et de l'Entente Club de Dakar. J’y ai débuté à 15 ans et je suis resté dans ce club familial jusqu’à mon départ pour la France. Au Dial Diop, notre coach s’appelait M. Diarra. Il est plus connu sous le nom de « Pacha ». Par la suite, j'ai intégré l’équipe nationale du Sénégal avec comme entraîneur feu Mawade Wade. C’est par la suite que je suis parti à Toulon en France où j’ai passé deux ans. Lors de ma première année, j’avais fini deuxième meilleur buteur du club. La saison d’après, j’étais le meilleur buteur du club. C’est à ce moment que l'Olympique de Marseille est venu me chercher.
De Toulon à Marseille… n'est-ce pas un grand pas en avant dans votre aventure européenne ?
Je suis resté à Marseille pendant cinq ans. J’avais pour coéquipiers des joueurs comme Marius Trésor, Nogues, Beneca. A l’Olympique de Marseille, j’ai eu la chance de gagner la Coupe de France. Et j’avais marqué le deuxième but qui nous assurait la victoire face à Lyon en finale. En fin de contrat avec le club olympien, j’ai atterri au Paris Saint-Germain (PSG) par l’intermédiaire du président Francis Borelli. Avec cette équipe, j’ai gagné deux fois la Coupe de France. Je suis resté pratiquement cinq ans (5 ans) au PSG. A l’approche de la fin de ma carrière, je suis revenu au FC Martigues, une équipe en deuxième division française où je suis resté pendant 4 ans. C’est dans ce club que j’ai d’ailleurs terminé ma carrière professionnelle. J’ai fait mon jubilé à Dakar devant plusieurs milliers de personnes. C’était un moment fantastique au Sénégal. Je pense que c’était la première fois que le stade de l’Amitié affichait complet. Il y avait des joueurs comme Alain Giresse, Roger Milla, Jules François Bocandé, Dominique Rocheteau, Nordine Kourichi, Basile Boli, Joseph-Antoine Bell, Lamine Sagna, Abdoulaye Diallo, Oumar Guèye Sène, Thierno Youm et beaucoup d’autres figures du football africain et mondial. On avait fait une très belle fête. Par la suite, je suis rentré à Dakar où j'ai intégré le staff technique de l’équipe nationale du Sénégal avec Claude Leroy. J’ai également été membre du staff de Jules François Bocandé. On avait bien travaillé ensemble pour diriger l’équipe nationale de football.
Vous avez joué en France avec Marseille et le PSGG. Comment avez-vous vécu la rivalité entre ces deux équipes ?
’ai pratiquement fait toute ma carrière entre les deux clubs. Quand je débutais à Marseille, il n’y avait pas encore cette très forte rivalité entre les deux clubs. Elle a commencé lorsque monsieur Bernard Tapie a pris Marseille et que le Paris Saint Germain de l’ère Canal Plus avait à sa tête monsieur Michel Denisot qui était alors une grande star de la télévision française. Mais comme j’étais en quelque sorte adopté par les Marseillais, j’ai eu beaucoup de chance de passer entre les mailles. Quand les deux équipes se rencontrent, on sifflait tout le monde, sauf moi. J’ai gardé un très bon souvenir de ces deux grands clubs. Je peux dire que j’étais bien accepté par chaque camp. C’est pour cela qu’à chaque fois qu’ils se retrouvent en compétition, je suis souvent neutre malgré le fait que je sois resté le plus longtemps au Paris Saint-Germain. J’y ai passé cinq ans (5 ans), en tant que joueur et 10 ans en tant qu’entraîneur adjoint. Voilà, donc je bascule un peu du côté du Paris Saint-Germain. Pour autant, j’ai un très grand respect et beaucoup d’affection pour l’Olympique de Marseille.
êtes-vous toujours en relation avec ce club et le monde du football en général ?
Je suis toujours en relation avec le club, via les anciens du Paris Saint-Germain. On a une association. Nous sommes invités pour les matchs du championnat de France et de la coupe d’Europe. De temps à temps, nous jouons des matchs amicaux avec les anciens de Nantes, de Marseille ou de Bordeaux… Ce sont ce genre de relations que j’entretiens maintenant avec le club. Et parfois, il me demande mon avis sur certains joueurs sénégalais. Mais je ne suis plus un employé du club.
Selon vous, pourquoi le PSG peine-t-il à décrocher la Ligue des champions ?
L’équipe est encore «jeune» par rapport au FC Barcelone, l’Olympique de Marseille ou Liverpool. Ces équipes, depuis très longtemps, sont dans le circuit et ont beaucoup travaillé pour arriver à ce niveau. Depuis 1970, le club s'est par contre beaucoup amélioré. Et il est arrivé à un niveau qui n’a plus rien à envier aux plus grands. Tout ce chemin a permis aujourd’hui au club d’accumuler de l'expérience. L’année dernière, le PSG a atteint la finale de la Ligue des champions, même s’il l’a perdue face au Bayern. C’est une chose magnifique pour le club. Et cette année, ils ont été éliminés en demi-finale par Manchester City. Mais je pense que l’équipe va encore s’améliorer. Les dirigeants ont investi dans le recrutement de joueurs de qualité. Et je pense qu’ils ne tarderont plus à gagner la Ligue des Champions. Actuellement, ils font tout pour y arriver. Tout est réuni pour enfin gagner cette Ligue des Champions
Idrissa Gana Guèye se débrouille pas mal au PSG. pensez-vous qu’il pourra rééditer ses performances de la saison écoulée ?
Idrissa Gana Guèye s’est adapté maintenant avec le Paris Saint Germain. A ses débuts, c’était un peu difficile. Il était à Lille, puis il est parti en Angleterre où il est resté pendant beaucoup de saisons. Entre le football français et anglais, il y a une nette différence. Quand il est revenu en France, c’était tout à fait normal que ses débuts soient un peu difficiles. Il a fallu qu’il s’adapte et qu’il retrouve ses repères. A son arrivée, il était à l’hôtel. Il n’avait pas encore trouvé une maison pour être chez lui avec femme et enfants. C’est important et cela compte. Mais tout cela fait partie des petits tracas lorsque les joueurs sont transférés. Ce n’est pas évident d’arriver dans un grand club et de s’imposer tout de suite. A présent, Gana est beaucoup plus libéré. Et il le démontre chaque jour. Il faut du talent et énormément de caractère pour s’imposer au niveau de l’entrejeu du Paris saint Germain. Aujourd’hui, le club a du respect pour lui.
La concurrence au milieu sera forte avec l'arrivée du néerlandais Wijnaldoum. Pensez-vous que le sénégalais gagnera une place de titulaire dans l’effectif parisien?
C’est le lot des grandes équipes. Vous allez à Liverpool ou au Real Madrid, Chelsea ou encore à United, leur fil conducteur est d’avoir deux équipes compétitives, pratiquement de valeur égale. C’est pour cela qu’ils ont autant de joueurs de qualité. Je pense que Gana va s’imposer cette saison. Dans la saison, c’est sûr qu’il y aura un peu de fatigue. Les joueurs ont tellement de matchs, y compris les matchs en sélection nationale. Donc, je ne me fais pas de souci pour lui. C’est un garçon qui sait vraiment comment s’imposer et l'entraîneur Pochettino le connaît et l’apprécie. Il l’avait beaucoup suivi en Angleterre.
13 PLAINTES DEPOSEES AU NIVEAU DE LA CDP
Les travailleurs de la Commission de protection des données personnelles (CDP) n’ont pas chômé au cours de ce deuxième trimestre de l’année 2021
La Commission de protection des données personnelles (Cdp) a rendu son rapport pour le deuxième trimestre de l’année 2021. Selon le document, 19 plaintes et signalements ont été reçus par la structure dirigée par Awa Ndiaye.
Les travailleurs de la Commission de protection des données personnelles (CDP) n’ont pas chômé au cours de ce deuxième trimestre de l’année 2021. Ils ont reçu 13 plaintes pour menaces de diffusion de vidéo intime, harcèlement et usurpation d’identité sur Facebook, etc. Parmi les plaintes figurant dans son rapport parcouru par «L’As», il y a celle de monsieur A.S. relative à des menaces de diffusion d’une vidéo intime le concernant. « Dans sa lettre, le plaignant précise : « Je suis victime de menace de publication d’une vidéo intime personnelle par des gens qui se trouvent au Bénin. La personne qui m’a contacté répond au nom de K, domicilié à P. Ce dernier me demande de lui envoyer cinq cents dollars d’abord pour ensuite négocier ».
Ainsi, en application des articles 431-19, 363 bis et 372 de la loi n°2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant le Code pénal, la CDP a transmis la plainte au Procureur de la République et à la Division Spéciale de la Cybersécurité de la Police, pour traitement», renseigne le document. Pour un autre fait similaire, Mademoiselle A. M. a également saisi la CDP. « En l’espèce, la victime a rencontré sur Facebook une personne qui promettait le mariage, une fois au Sénégal. Après ces promesses de mariage, le mis en cause a commencé à demander à la plaignante de lui faire des vidéos et des photos intimes. Finalement, la plaignante s’est rendue compte que le mis en cause a créé un faux profil, pour procéder à un chantage.
Ainsi, en application des articles 431- 57, 431-19 et 363 bis de la loi n°2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant le Code pénal, la CDP a transmis la plainte au Procureur de la République et à la Division Spéciale de la Cybersécurité de la Police, pour traitement », informent Awa Ndiaye et son équipe. Selon le rapport, la CDP a reçu 6 signalements parmi lesquels figure un qui concerne le fichier électoral. « La CDP a constaté, dans le rapport publié de la mission d'audit du fichier électoral, des risques d’atteinte à la sécurité des données personnelles des électeurs.
En application des articles 70 et 71 de la loi n°2008-12 du 25 janvier 2008, la CDP a adressé à la Direction de l’Automatisation des Fichiers (DAF), une demande d’information relative aux mesures techniques et organisationnelles, mises en œuvre, en vue de la sécurisation des données personnelles du fichier électoral. En réponse, la DAF précise que l’équipe de la mission d’audit décrivait la situation de la refonte en 2016 et de la révision exceptionnelle des listes électorales de 2018.
Au regard de ces missions, la DAF a mis en place des mesures techniques et organisationnelles appropriées, afin d’écarter dans la mesure du possible toute altération ou perte de données ainsi que tout accès non autorisé à celles-ci. La CDP a pris acte des réponses fournies par la DAF », explique le document. La CDP a accueilli 21 structures venues s’imprégner de la législation sur les données à caractère personnel au cours de ce deuxième trimestre de l’année 2021. La Commission a traité 73 dossiers dont 55 déclarations et 18 demandes d’autorisation.
A l’issue des 02 sessions plénières tenues à la CDP, note le rapport, 52 récépissés de déclaration et 13 autorisations ont été délivrés. Par ailleurs, la Commission a décidé de sursoir à l’examen de 08 dossiers et a convoqué pour audition 02 structures. La Commission a, en outre, émis 08 appels à la déclaration et 01 demande d’avis.
«ACTUELLEMENT 99% DES CAS DE GRIPPE VONT ETRE POSITIFS S’ILS SONT TESTES AU COVID-19»
Spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, Dr Khardiatou Diallo Gaye a fait le point de la situation au Cte de Fann, de la grippe qui sévit dans le pays entre autres sujets abordés
Spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, Dr Khardiatou Diallo Gaye a fait le point de la situation au Cte de Fann, de la grippe qui sévit dans le pays entre autres sujets abordés. Selon lui, 99% des cas de grippe actuellement, s’ils sont testés au Covid-19, vont être positifs.
Une épidémie de grippe sévit depuis quelques semaines dans le pays, selon vous, est-ce une grippe ou le coronavirus ?
Nous sommes au mois d’août et actuellement, il n’y a pas de grippe. Tout ce que l’on voit, ce sont des personnes atteintes de Covid-19. Personne ne fait de tests mais si on s’aventurait à faire des tests, 99% des cas allaient être positifs. Ce n’est pas une grippe, soit c’est le paludisme, soit c’est le coronavirus. Avec le mode de contamination, ce n’est pas le paludisme. Dans une maison, on peut voir 3 à 4 personnes tomber malades, c’est le Covid-19. Pour le personnel soignant, ceux qui viennent à l’hôpital, il faut leur dire que ce qu’ils présentent là peut être le Covid-19. Si tu vois leurs ordonnances, ce sont les médicaments contre la Covid qu’on leur prescrit alors qu’on leur a dit qu’ils ont la grippe. Il faut que le personnel soignant dise la vérité aux patients
Comment peut-on différencier la grippe et le coronavirus si l’on sait qu’ils ont les mêmes symptômes ?
Ils ont les mêmes symptômes, c’est pourquoi on ne peut pas faire la différence entre les deux. Actuellement, nous ne pouvons pas parler de grippe car nous ne sommes pas en saison de grippe. Si ce n’est pas le paludisme dont le mode de contamination n’est pas aussi rapide, si quelqu’un présente ces signes, on doit lui faire un Tdr ou un Pcr. Ils ont les mêmes signes sauf que pour la Covid19, il faut une détresse respiratoire avec une toux beaucoup plus accentuée.
De plus en plus, il y a une augmentation des cas de contaminations et de décès et pourtant, la population ne semble pas prendre la maladie au sérieux. selon vous, qu’est-ce qu’il faut faire pour qu’elle prenne conscience de l’ampleur de la maladie ?
La maladie est en train de faire des ravages et les chiffres que l’on donne sont en deçà de ce qui se passe. Quand on vous dit qu’il y a 12 décès, c’est plus de 12 parce qu’il y a des décès qui se passent dans les maisons et dans les cliniques. Ces décès qui se passent dans les cliniques ne sont pas répertoriés car le privé ne donne pas ses chiffres ; cela est un problème. L’autre problème est que même dans les structures sanitaires, dans les urgences, il y a des décès qui se passent là-bas avant que l’on ne fasse des tests, ou alors le résultat vient quelques jours après le décès du malade. Quand on parle de 10 décès, il y en a au moins 15. La population semble être insouciante ; il faut que tout le monde soit impliqué. Il faut plus une implication communautaire pour que les choses puissent changer.
Quelle est la situation au Cte de Fann ?
Au Cte de Fann, nous avons des patients qui sont sous oxygène ; nous sommes pleins 24h/24. Quand on sort des patients guéris, il y a déjà des patients qui attendent. Quand on a un décès, il y a des patients qui attendent. Je ne me rappelle plus avoir un lit disponible. Nous avons fait une extension de 24 lits. On l’a fait le lundi à 18h et à 19h30, c’était plein ; pour vous dire que la situation est alarmante. Nous n’avons pas de malades qui ne soient pas sous oxygène. Maintenant, on ne prend que les cas qui sont sévères parce qu’ils sont en train d’attendre dans les structures sanitaires, dans les maisons et les cliniques. Des fois, quand le malade est stable, sans oxygène, on le libère pour qu’ils continuent le traitement à domicile. Nous en sommes là maintenant. La plupart des patients, ce sont des jeunes d’âge inférieur à 50 ans, jusqu’à 25 ans. Ce sont des jeunes qui n’ont pas été vaccinés. Nous avons aussi des personnes âgées qui n’étaient pas vaccinées
Vu que vous n’avez que des patients qui sont sous oxygène, vous devez avoir un problème d’oxygène ?
Franchement pour le moment, nous n’avons pas de problème d’oxygène. Nous avons un renforcement en oxygène avec des racks ; depuis quelque temps, nous n’avons pas de problème d’oxygène. Même avec cette demande intense, nous n’avons pas un problème d’oxygène. Par ailleurs, il y a quelques jours, nous avons une rupture avec la vaccination. Il faut que les gens sachent que seule la vaccination associée aux gestes barrières pourra nous sortir de cette situation.