Depuis l’accession du président Macky Sall au pouvoir, Demba Kandji et Mamadou Badio Camara renaissent toujours de leurs cendres tels des phœnix.
Alors qu’ils devaient partir à la retraite depuis longtemps, les deux magistrats avaient finalement gardé leurs postes de Premier président de la Cour d’appel de Dakar et de Premier président de la Cour suprême, suite à une loi de 2017 qui fixe à 68 ans la limite d’âge des magistrats occupants les fonctions de Premier Président, de Procureur Général et de Président de Chambre à la Cour suprême, de premier président de cour d’appel ainsi que de procureur général de cour d’appel.
Remplacé l’année dernière à la tête de la Cour Suprême par Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, Mamadou Badio Camara revient encore aux affaires. Il fait partie des nouveaux sages du Conseil constitutionnel, avec Aminata Ly Ndiaye, Mamadou et Youssoupha Diaw Mbodji, nommés par le chef de l’Etat pour remplacer Bousso Fall Diaw, Ndiaw Diouf et Mandiogou Ndiaye.
Quant à l’ex Premier président de la Cour d’Appel de Dakar, qui avait été détaché à la Présidence de la République, il devrait atterrir à la tête de la Médiature de la République, en remplacement de Me Alioune Badara Cissé qui doit terminer son mandat le 05 août prochain.
Ainsi, Demba Kandji et Mamadou Badio Camara ont encore six ans devant eux avant de raccrocher.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
J’ACCUSE MÉDECINS ET POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - J'ai toujours pensé que ceux qui ont prêté le serment d’Hippocrate n’enverront jamais volontairement un patient à la mort. C'est pourtant ce qui est arrivé avec MB qui pouvait être sauvée si les médecins s’étaient bien occupés d'elle
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 28/07/2021
Nous sommes le vendredi 16 juillet 2021 vers 15 h, la dame MB, habitant à Ouest Foire, ressent des douleurs au niveau de la poitrine. Direction Samu municipale où on fait savoir à ses accompagnantes qu’elle a les poumons bouchés. Elle souffre d’une détresse respiratoire selon le diagnostic établi. Souffrait-elle d’une embolie pulmonaire ? Tout laissait croire après les déclarations de la patiente qu’elle souffrait d’un infarctus du myocarde ou d’une angine de la poitrine. Cela nécessite une hospitalisation d’urgence afin de pallier la déficience d’oxygène. Pourtant, pour traiter cette détresse respiratoire, il lui faut un apport supplémentaire d'oxygène inhalé par l’utilisation des lunettes à oxygène, d’un système d'oxygénothérapie nasale à haut débit, ou d’un masque naso-buccal apportant de l'air sous pression au patient. Mais rien de tout cela. Malgré cette détresse respiratoire, le médecin trouvé sur place lui a administré une perfusion qu’elle ne supportait pas. Nonobstant les interpellations de la patiente qui déclare insupporter la perfusion, on lui administre deux bouteilles avant de la laisser partir avec sa douleur qui s’est intensifiée du fait des bouteilles de liquides insupportables.
Le lendemain samedi 17 juillet, MB se plaint à nouveau de la même douleur vers 19h. On constate le début d’une hémiplégie au côté gauche assortie d’une déformation de la bouche. Ce sont là les signes d’un AVC.
Direction toujours Samu qui, cette fois-ci, se rendant compte de la gravité du mal qui consume la stoïque MB, indique à ses accompagnants de l’acheminer dare-dare à l’hôpital Fann sans aucun soin préalable. C’est en ce moment, informé de la douleur de MB, que je me dirige vers Fann. Au Service d’Accueil des Urgences (SAU) de Fann, la dame en souffrance est consultée après plusieurs minutes d’attente. On lui demande de faire un scanner thoracique. Puisqu’elle est en crise convulsive du fait de sa respiration quasi-bloquée, il lui est impossible de faire le scanner. Faut-il l’endormir pour la passer au scanner faut-il la laisser avec ses convulsions ? Les médecins sont divisés sur la question. Finalement, elle a été perfusée dans les couloirs du SAU avec une dose de valium. Mais l’intensité de la douleur à la poitrine ponctuée par des convulsions répétitives empêche la patiente de dormir en dépit de la dose de valium. L’espace du SAU est bondé de patients perfusés qui n’ont pas de place dans les salles d’hospitalisation. La situation est intenable et les images insoutenables. Les malades se tordent de douleur devant l’impuissance de leurs accompagnants et les médecins en sous-nombre sont débordés. En dépit de leur nombre insuffisant, ils se transbahutent d’un malade à un autre pour les soulager du mal qui les consume. On nous dit que plusieurs de ces patients souffrent de la grippe. Mais cette grippe qui ravage les familles n’est-elle pas une manifestation du Covid-19 version Delta ? Le docteur Mamadou Mansour Diouf, médecin anesthésiste réanimateur au CHU de Bordeaux, a confirmé que cette grippe en réalité est une manifestation du Covid.
Revenant à ma patiente, je l’ai quittée vers une heure du matin, la laissant avec mon neveu qui, depuis la veille, ne la quitte pas d’une semelle. Le dimanche 19 juillet vers 4h du matin, je m’enquiers de l’état de santé de MB. On vient de lui ingérer une forte dose de Bialminal (six comprimés de 100 mg) connu pour ses propriétés anticonvulsivantes et sédatives-hypnotiques et un demi-comprimé de Rivotril pour l’endormir. Pourtant, il est indiqué que Bialminal ne doit pas être administré aux patients présentant une dépression respiratoire sévère.
Le site https://medikamio.com/pt-pt/medicamentos/bialminal/pil indique ceci sur le Bialminal : « En tant que sédatif : chez l'adulte, la dose usuelle est de 30 à 120 mg par jour, à répartir en 2 ou 3 prises, mais il n'y a pas d'intérêt à diviser la dose journalière. Chez les patients âgés et affaiblis, il peut être nécessaire d'utiliser des doses plus faibles. Chez l'enfant, la dose habituelle est de 2 mg/kg de poids corporel ou de 60 mg/m2 de surface corporelle, 3 fois par jour. Lorsqu'il est utilisé chez l'enfant avant la chirurgie, la dose habituelle est de 1 à 3 mg/kg de poids corporel. En tant qu'hypnotique : chez l'adulte, la dose hypnotique est de 100 à 200 mg. La dose maximale de Bialminal ne doit pas dépasser 600 mg sur une période de 24 heures. Une surdose ou une intoxication peut provoquer une dépression du système nerveux central (SNC), allant du sommeil au coma profond. Dans les intoxications graves, les complications pulmonaires et l'insuffisance rénale peuvent entraîner la mort. »
Pourtant, c’est une patiente âgée de 45 ans affaiblie souffrant depuis plus de 24 heures de dépression respiratoire à qui on a fait ingérer 600 mg de Bialminal et la moitié d’un Rivotril pour l’endormir. L’overdose est atteinte et malheureusement, MB est plongée dans la voie de la mort. Le dimanche 18 juillet vers 9h, on notifie à mon neveu l’accompagnant de faire le scanner dans son état de veille. Il fallait justifier les 90 000 francs payés la veille pour faire le scanner. Cela fait, aucune maladie n’a été notifiée par les médecins à mon neveu sinon que la patiente a un besoin d’oxygène parce que l’hôpital Fann n’en a pas. Ce qui veut dire qu’il faut sortir rapidement la patiente cliniquement morte de cet hôpital avant qu’on ne le lui impute la responsabilité.
Malgré l’interpellation de mon neveu sur l’état d’inertie de la patiente, on lui fait savoir qu’elle dort et qu’elle ne tarderait pas à se réveiller après l’effet des médicaments combinés. Vers midi, mon neveu me fait savoir qu’il se dirige vers la clinique Casahous à la recherche désespérée d’oxygène parce qu’il n’y en a point dans l’hôpital Fann d’après les médecins. Immédiatement, j’appelle à la Clinique Médic’Kane pour une prise en charge immédiate, mais c’est saturé. SOS Médecins : on me fait savoir que la structure réanime, mais n’hospitalise pas. Suma injoignable. Je tente avec Casahous. Même réponse : clinique archi-pleine. Mon neveu y est déjà, mais tout en étant convaincu que la patiente n’est plus de ce monde. Et c’est vers 12h30 qu’il m’appelle pour me dire que MB a tiré sa révérence. Ce que je refuse. Je refuse de penser que cette dame que j’ai connue pétillante de vie quitte ce monde de cette façon injuste. Et je lui demande de requérir l’avis d’un médecin. Hélas, ce dernier confirme ce que je ne veux pas entendre. C’est en ce moment que je réalise toute l’injustice dont ma parente a été victime du début de son mal jusqu’à sa mort.
J’ai l’habitude d’entendre des gens se plaindre de la mort d’un proche pour négligence médicale, mais je me dis toujours et à tort qu’il y a de l’exagération dans leurs plaintes parce que, pour moi, ceux qui ont prêté le serment d’Hippocrate n’enverront jamais volontairement un patient à la mort. Pourtant c’est ce qui est arrivé avec MB qui pouvait bien être sauvée si les médecins s’étaient bien occupés d'elle depuis le Samu jusqu’à Fann. Vers 13h30, MB est retournée à Fann, mais cette fois-là pour être déposée à la morgue. Aucune mention sur le certificat de décès délivré par le médecin n’indique la ou les cause(s) du décès de MB. Et c’est le lendemain lundi 19 juillet que nous sommes passés à Fann récupérer dans la colère et la tristesse le corps de notre chère MB pour les besoins de l’inhumation à Yoff et l’organisation des obsèques.
Ainsi, j’accuse les services de la santé du Samu et du SAU de Fann d’être responsables de la mort de MB même si je réalise que les conditions dans lesquelles ces médecins en sous-effectifs travaillent sont insupportables. Mais la vie précieuse et Hippocrate excluent toute discrimination ou favoristime dans le traitement des patients.
J’accuse les services de la santé du Samu et du SAU de Fann de n’avoir pas livré à ce jour les véritables causes de la mort de la patiente MB.
J’accuse les services de la santé du Samu et du SAU de Fann d’avoir prodigué des soins négligents à MB qui ont fini par un empoisonnement létal.
J’accuse le président de la République et le ministre de la Santé de n’avoir pas suffisamment doté nos structures de santé de lits et d’oxygène en quantité suffisante alors les citoyens s’acquittent de leurs impôts pour bénéficier de soins de qualité.
J’accuse le ministre le président de la République et le ministre de la Santé de condamner à mort tous les patients qui n’ont pas de relations avec des personnalités influentes pour bénéficier de certains passe-droits dans les structures de santé.
Pour finir, j’invite les médecins du SAU de Fann et du Samu à qui je voue un respect profond à revisiter ces passages du serment d’Hippocrate :
« Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »
Au Sénégal, les hôpitaux de la capitale Dakar sont « proches de la saturation » à cause d’un afflux de malades du Covid-19, avec un personnel médical « en burn-out », ont déclaré des responsables du ministère de la santé.
« Nous sommes débordés et proches de la saturation, avec quasiment 99 % de taux d’occupation des lits à Dakar », au nombre de 602 dans les hôpitaux, a expliqué à l’AFP le directeur national des établissements publics de santé, Ousmane Dia.
« C’est difficile de suivre si on reçoit 600 à 700 malades par jour » (pour des consultations), a-t-il précisé. Selon lui, la pression est moindre dans les régions, avec un taux d’occupation des lits de « 45 % ». Le personnel médical est « très fatigué et en burn-out », a-t-il également souligné.
Quant aux laboratoires de dépistage, ils sont « débordés à cause de la forte demande », tant pour les « cas suspects que pour les voyageurs », a précisé à l’AFP le porte-parole du ministère de la santé, le docteur Mamadou Ndiaye. Le temps d’attente pour le résultat d’un test est de l’ordre d’une semaine, selon des témoins.
Nous devons reconnaître que nos systèmes éducatifs sont dans le gouffre. Nous avons besoin de politiques visionnaires sur le long terme. Entretien avec Souleymane Bachir Diagne
Dans ce second jet de notre entretien, le professeur Souleymane Bachir Diagne, philosophe spécialisé sur l'histoire des sciences et la philosophie islamique, revient sur la prise en charge des jeunesses africaines et propose des pistes de réflexion. Selon M. Diagne qui enseigne à l'université Columbia, aux Etats-Unis, l’éducation et la formation des jeunes est une question stratégique qui mérite une prise en charge urgente et un consensus fort des acteurs politiques et sociaux. Il évoque aussi la pandémie, les drames qu’elle draine, la communauté de destin que la maladie révèle sur l’échelle du monde, ainsi que les théories complotistes qui piègent l’action.
Nous donnons l’impression qu’il faut juste donner du pain aux jeunes pour les calmer, chaque fois qu’il y a des violences. N’y a-t-il pas nécessité à recentrer la stratégie ou les stratégies pour donner une direction beaucoup plus innovante et intelligente par rapport à l’avenir ?
Absolument ! C’est pour cela que j’ai pris le meilleur exemple possible, qui est celui de l’éducation et de la formation.
C’est la base, vous voulez dire ?
Saupoudrer les problèmes d’un peu d’argent, ici ou là, pour calmer les choses, ne sert à rien. C’est la raison pour laquelle, si je reviens à ce que je disais sur la capacité d’anticipation, aujourd’hui, nous sommes arrivés au moment où nous avons besoin de politiques visionnaires sur le long terme, de politiques de jeunesse qui soient des politiques d’anticipation et de vision sur le long terme.
Revenant à un aspect de notre discussion sur le tribalisme et la fragmentation politique aujourd’hui, s’il y a un secteur sur lequel des consensus doivent pouvoir se bâtir, c’est celui de l’éducation et de la formation. L’idée est qu’on doit partager une même philosophie générale de l’éducation et de la formation, quelles que soient les différences, les nuances que tel ou tel parti politique va apporter. D’ailleurs, ce serait une excellente chose qu’il y ait, en la matière, une compétition démocratique sur la meilleure manière de remplir le contrat que commande cette vision. Mais il est clair qu’il faut avoir une politique de jeunesse dans une direction déterminée ainsi qu’une politique de formation.
Il faut, par exemple, reconnaître que nos systèmes éducatifs sont au fond du gouffre. Il faut quand même dire les choses telles qu’elles sont. Il faut voir les manières de redresser cela, parce que la fabrique de l’avenir se trouve là. Cela commande une vision à long terme. Peut-être que les compétitions démocratiques qui visent toujours le court terme, la prochaine victoire à remporter, etc., ne sont pas toujours le cadre idéal pour prendre le temps de réfléchir, d’être d’accord sur tout, de construire un consensus pour les directions qu’il faut faire prendre à notre politique de formation et d’éducation.
Ce sont des questions urgentes. D’après vous, c’est maintenant qu’il faut s’y atteler ?
C’est l’urgence même. Ce sont des questions à long terme, au sens où les réformes qu’on peut introduire dans un système d’éducation sont des réformes qui, par définition, vont commencer à donner véritablement leurs fruits au bout d’une génération. Mais le fait que les fruits vont être cueillis plus tard ne signifie pas que l’action, elle, n’est pas urgente. Elle est urgente et d’autant plus à prendre aujourd’hui que les fruits vont se manifester plus tard.
Aujourd’hui, on a l’impression que l’humanité traverse une phase fragile. On a des pans entiers du système économico-financier qui sont mis à rude épreuve, avec la crise sanitaire. Comment percevez-vous cela ?
C’est une fragilité fondamentale. Elle touche à l’humanité même de l’humain. Il est vrai qu’il y a eu de très grandes crises comme le krach boursier de 1929 dont on parle tant. Plus récemment, il y a la crise de 2008 qui a effectivement bouleversé le monde. Mais une crise de la nature que celle que nous vivons encore, l’humanité n’en avait pas connu. Le seul phénomène qui ressemble à ce qui se passe aujourd’hui est la fameuse grippe dite espagnole de 1918. Mais cette grippe espagnole a tué beaucoup des dizaines de millions de personnes. Mais elle est venue à la suite de la Première Guerre mondiale. La grande catastrophe que cela a constituée a été, en quelque sorte, prise à l’intérieur de cette première grande catastrophe qu’a été la Première Guerre mondiale. Tandis que cette fois-ci, ce virus a été révélateur de choses très profondes qui tiennent à l’humanité de l’humain, à ses valeurs fondamentales qu’est la vie humaine. Le virus nous a découvert que nous sommes une seule humanité, fragile, sur une planète qui est elle-même fragile. C’est-à-dire que cette crise sanitaire est venue se poser sur une crise écologique dont on commence aujourd’hui seulement à véritablement mesurer l’ampleur.
Donc, fragilité de notre habitat, fragilité de notre être même. Le virus nous a révélé que pour lui, nous étions une seule et même humanité. En une nuit, le virus a fait le tour de la terre. Il est allé d’un bout à l’autre et il n’a épargné personne, aucun pays, aucun continent, etc.
Il nous a enseigné cette vulnérabilité qui est la nôtre et nous a aussi ouvert les yeux sur les inégalités profondes qui nous fragmentent et nous divisent. A la fois, nous ressentons le besoin de faire front ensemble, d’inventer un humanisme ; ce que le philosophe Frédéric Worms appelle un humanisme vital ; humanisme fondé sur la valeur de la vie et la défense de la vie. Et cela, les philosophies africaines connaissent très bien cela. J’ai souvent cité le Ubuntu de l’Afrique australe ou simplement la notion de ‘’niite’’ dans notre propre monde wolof. Cela est essentiel et c’est la seule vraie réponse à cette crise. Sommes-nous capables de répondre à cette crise en tant qu’une seule et même humanité, en mettant enfin en place une forme de gouvernance mondiale sur des choses qui sont essentielles ? Cette notion de Covax, par exemple, partager la vaccination, considérer que la vaccination est un droit universel, remettre en chantier la notion de bien commun qui est la réponse à cette fragmentation et à ce tribalisme mondial. Malheureusement, on se rend compte qu’on peut tenir ce discours-là parce qu’il nous est imposé par la crise que nous vivons, mais dans la réalité, les égoïsmes sont absolument tenaces.
Dans notre contexte, on voit des gens qui nient l’existence de la pandémie et avancent des théories complotistes aussi bien ailleurs que chez nous au Sénégal. Les perspectives souhaitables que vous décrivez sont-elles possibles à réaliser dans ces conditions ?
La pandémie nous découvre beaucoup de choses, comme je l’ai déjà dit. Elle nous découvre malheureusement le degré d’irrationalité qui peut être le nôtre, lorsqu’il s’agit de faire face à des défis sans précédent comme celui-là. Quand on constate ce que les gens peuvent croire, le genre de discours complotistes qui circulent, on se dit comment des êtres rationnels peuvent croire des choses pareilles ? Justement, au nom du complot, l’idée selon laquelle il y a toujours des puissances mystérieuses, sombres, cachées qui nous veulent du mal, a favorisé l’idée absurde selon laquelle c’est un complot des Européens pour nous supprimer, nous autres Africains, et venir prendre l’Afrique à notre place. C’est insensé, mais on se dit que si ça continue à circuler, c’est que ça marche. Il y a des gens qui peuvent se mettre à penser ainsi.
Il faut donc sérier les choses et voir dans quels cas l’irrationalité est telle qu’on se demande quel discours pourrait lui être opposé et d’autres cas, au contraire, où l’on a des formes de réticences, par exemple devant la vaccination. Ce sont, malgré tout, des formes rationnelles.
C’est-à-dire ?
Je peux comprendre que quelqu’un dise que le vaccin a été vraiment trouvé très vite. En un an, on s’est donné un vaccin. Cela n’a jamais été le cas jusqu’à présent. Les recherches duraient effectivement plusieurs années. Cette personne-là, on peut discuter rationnellement avec elle. On peut lui dire que la raison pour laquelle c’est allé aussi vite, c’est que jamais comme auparavant, la force scientifique de l’humanité entière n’avait ainsi mobilisé dans un seul but. On peut aussi, deuxièmement, lui expliquer que les découvertes qui ont permis les nouveaux types de vaccins mis en place, avaient déjà été mises en place depuis un certain nombre d’années ; c’est-à-dire, on n’est pas parti de zéro pour arriver là. Troisième et dernière chose, c’est que le monde a parié sur ces vaccins. Des milliards et des milliards de dollars ont été dépensés en disant : si nous trouvons le vaccin, tant mieux ; si nous ne trouvons pas, nous allons perdre de l’argent, mais l’argent n’est rien par rapport à la vie humaine. Donc, on n’a jamais mis autant d’argent en si peu de temps sur un domaine.
Au bout de ce raisonnement calme, tranquille, rationnel et argumenté, vous pouvez convaincre des gens dont l’hésitation vient d’une réflexion rationnelle. Mais si quelqu’un se met à croire que Bill Gates a décidé de mettre des puces dans des vaccins et que ce qu’on met dans nos bras, va au service du contrôle sur l’humanité que Bill Gates veut organiser, que peut-on répondre à cela, si ce n’est essayer autant que faire se peut de faire fonctionner une bonne communication contre ce scepticisme et ce côté irrationnel des choses.
Vous voulez dire qu’il faut donc changer la pédagogie, l’approche Com’ ?
Quand on communique, par exemple, en donnant les chiffres des contaminations, ils sont importants et frappent les imaginations. Mais il est probablement bien mieux de donner chaque soir des courbes. On passe des chiffres à leur représentation en courbes. On prend n’importe quel mathématicien qui a fait une terminale, il peut vous transformer les chiffres en courbes. Les gens, même les moins instruits, suivent le dessin. Ils savent quand ça monte très vite ou lentement. Cela est bien mieux que d’asséner des chiffres et il faut se rappeler du chiffre antérieur de la veille pour savoir si ça monte ou descend. Ce sont des graphiques simples à réaliser. Les télévisions peuvent le faire. Elles n’ont pas besoin d’attendre que l’Etat le fasse.
Cela va parler aux gens. Nous sommes dans ces grandes périodes où l’humanité est totalement bouleversée et inquiète. Il y a des gens qui sont sceptiques, parce qu’ils ne veulent pas le savoir. Je crois que nous avons atteint un niveau où chacun de nous, malheureusement, connaît des gens qui sont morts de ce Covid. On a une nièce qui a disparu, il y a juste deux jours et que sa famille est encore en train de pleurer. Nous savons que ce virus est là. Il faut ouvrir les yeux sur sa réalité et insister encore. Quand les vaccins seront là, il faut que chacun se dise : je suis ambassadeur de la science et de la raison. Il faut que je convainque ceux qui m’entourent que notre seule porte de sortie, c’est le vaccin. Il n’y en a pas d’autres. La seule manière de revenir à une vie à peu près normale, comme nous l’avons connue, c’est que nous soyons vaccinés.
PAR Yoro Dia
SAUVER L'ÉCOLE PUBLIQUE
L’audace des élèves qui déchirent des cahiers, brûlent des tables-bancs, agressent des surveillants relève de l’ignorance. Ce cancer de l’ignorance militante est infiniment beaucoup plus grave que le virus du Covid-19
«Quand on est ignorant on devient audacieux», nous disait souvent le Pr Amady Aly Dieng qui a consacré toute sa vie au savoir. D’ailleurs, il mériterait qu’une de nos futures universités porte son nom. L’audace des élèves qui déchirent des cahiers, brûlent des tables-bancs, agressent des surveillants relève de l’ignorance. Ce cancer de l’ignorance ronge nos écoles, nos universités, notre espace public. Ce cancer de l’ignorance militante est infiniment beaucoup plus grave que le virus du Covid-19. Dans quelques mois, on sortira du Covid-19 soit par la vaccination massive ou par la main invisible de la sélection naturelle, mais le cancer de l’ignorance qui gangrène notre pays, suite au sabotage de l’école publique, nous poursuivra sur plusieurs générations.
De notre génération, ceux qui étaient à l’école privée rasaient les murs, parce qu’elle était le réceptacle de ceux qui avaient échoué à l’école publique. Aujourd’hui, l’école publique est devenue le plan B de ceux qui n’ont pas le choix. Si la qualité de la ressource humaine est devenue l’avantage absolu du Sénégal devant les autres pays africains, nous le devons à l’école publique et à cette armée d’enseignants qui ont transmis à des générations d’élèves non seulement du savoir, mais aussi et surtout le savoir-être. Si aujourd’hui aussi nous avons cette si grande République qui avait aboli le hasard de la naissance pour le remplacer par le mérite, permettant ainsi à des ruraux comme Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, Idrissa Seck et Moustapha Niasse de gouverner le Sénégal, nous le devons à l’école publique, l’école de la République.
Ceux qui ont pris l’ascenseur social de l’école publique pour atteindre le sommet de la République doivent penser à renvoyer l’ascenseur à l’école publique. Sans une école publique, le Sénégal deviendra à l’avenir une société d’ordres et de classes comme la Rome antique avec ses patriciens et ses plébéiens. Aujourd’hui, l’école est en train de devenir la ligne de fracture entre les patriciens qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants dans les meilleures écoles privées, et la plèbe qui doit envoyer ses enfants dans vestiges de ce que fut l’école publique.
Une école publique moribonde est le moteur de la reproduction sociale qui est l’antithèse des valeurs de la République, dont la plus grande révolution a été l’abolition du hasard de la naissance et son remplacement par le mérite. L’école publique, quand elle était digne de ce nom, créait les conditions d’égalité des chances entre les élèves, et ensuite le mérite et l’effort personnel faisaient le reste. Aujourd’hui, nous avons de fait deux écoles, et demain nous aurons par conséquent deux Sénégal où la règle (des ruraux qui gouvernent) deviendra l’exception, parce que nous serions dans une société d’ordres et de classes. C’est pourquoi le combat pour sauver l’école publique de la mort lente ne doit pas seulement être celui des enseignants ou des parents d’élèves, mais de tout le monde, car de ce combat dépendent notre choix et projet de société.
PAR Khadir Niang
LE FAGOT DE MA MÉMOIRE DE LECTEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - Le texte est à l’image de son auteur, doux et captivant. Comme on peut écouter Bachir pendant des heures en conférence sans décrocher, on lit pareil le fagot de sa mémoire
Je viens de terminer la lecture de “Le fagot de ma mémoire” du professeur philosophe Souleymane Bachir Diagne, publié aux éditions Philippe Rey. Naturellement, l’ouvrage m’a intéressé dès sa parution ; plonger dans la mémoire du philosophe ne pouvait être qu’une immersion enivrante. D’un trait, je l’ai dévoré. Ce n’était pas difficile, c’est court - moins de cent pages, quatre-vingt-douze pour être précis - concis et d’une écriture sublime. Le texte est à l’image de son auteur, doux et captivant. Comme on peut écouter Bachir pendant des heures en conférence sans décrocher, on lit pareil le fagot de sa mémoire.
Les chapitres nommés des noms de “ses villes” font voyager le lecteur en suivant le parcours prestigieux de ce prodige d’un esprit très brillant.
Saint-Louis sa ville natale, palimpseste, ouvre la balade. Dans ce premier chapitre, l’auteur retrace son identité si particulière de Doomu ndar que lui a laissée sa naissance dans cette ville qui, par son histoire, imprime à ses enfants une singularité culturelle. Bachir dit avoir reçu de sa famille saint-louisienne l’ethos de la tolérance et de l’ouverture ; ainsi qu’une énergie spirituelle. Il doit son éducation à un islam lettré, rationnel et ouvert à cette ville où la plus grande mosquée abrite une cloche au sommet de l’un de ses deux minarets.
Une autre singularité suit, Ziguinchor, qui est singulier dans sa pluralité. En évoquant le passage de sa famille dans la ville du Sud, Bachir entre par le rythme des Toure Kounda - groupe de musique casamançais - la diversité religieuse et langagière de la ville de Ziguinchor marque le tout petit Bachir à travers d’anecdotes vécues à l’école maternelle chrétienne qu’il a fréquentée où il a appris chanter “Ave maria”.
Á travers ses deux villes, Bachir raconte son enfance et raconte ses parents. Il élève un château à sa mère et chante la gloire de son père. Sa maman amoureuse de l’école française qu’elle n’a pas pu fréquenter longtemps, parle avec beaucoup de fierté de son passage à l’école Léontine-Gracianet de Saint-Louis. Fréquentation sommaire qui donna quand même accès à l’administration post-coloniale, elle a travaillé à ce qui deviendra La Poste d’aujourd’hui.
L’émotion est vivante dans ces deux premiers chapitres sur son l’enfance.
Dakar, quant à elle, narre l’adolescence de l’auteur en s’ouvrant par un sublime cours sur la Sicap et ses premiers habitants venus de partout du Sénégal et d’ailleurs et ce que le colonisateur puis le nouveau Sénégal indépendant en faisaient, cet habitat répondait au besoin de réaménager le colonialisme dans l’aspect cadre de vie. Comme dans l’aspect intellectuel le livre “La philosophie bantoue” de Tempels avait servi. Bachir raconte l’accueil différent de ce livre marquant par les intellectuels Césaire et Senghor. Sa relation avec ce dernier est largement évoquée dans ces pages de Dakar, Sicap.
Puis vient Paris, chapitre dans lequel le philosophe raconte sa vie d’étudiant dans la capitale française ainsi que les hésitations sur son orientation entre Philosophie à Louis-le-Grand ou des études d’ingénieur à Lyon. Ses sujets de discussions avec ses camarades de Louis-le-Grand et ses relations avec ses maîtres sont de véritables cours de philosophie politique et religieuse. On suit l’agrégation en philosophie du jeune chercheur.
Les influences philosophiques de l’auteur sont omniprésentes, Althusser, Bergson, Iqbal, etc. on en apprend beaucoup sur la question de la philosophie africaine, de la philosophie islamique, du soufisme. Mais aussi sur le socialisme à travers Althusser et Marx. Les sujets de tous les jours de Bachir.
Le retour à Dakar nommé “Dakar, Mamelles” raconte la vie du jeune enseignant stagiaire à Dakar et les difficultés de l’université sénégalaise. Il souligne le salaire misérable de l’enseignant à l’université. Á ce propos il dit : “ Diderot dit qu’il n’est pas bon qu’un philosophe gagne trop d’argent pour la paix de son esprit ni trop peu pour la même raison. Qu’il lui fallait seulement un honnête revenu. Je ne sais pas si le mien était honnête dans ce sens. Il n’était certainement pas excessif.”
Dans ces pages, Bachir Diagne raconte aussi la naissance de l’université de Gaston Berger qu’il a vu sortir de terre et décrit au passage la danse de Maurice Béjart lors de l’inauguration du temple du savoir du nom de son père.
Les conditions difficiles à l’université de Dakar où il a beaucoup aimé travailler et former de nombreux enseignants aujourd’hui, il dit : “ Chaque année ou presque, pendant la décennie 90, se posait la même question : comment éviter une nouvelle année blanche en rattrapant, après les inévitables grèves, ce qu’on pouvait des cours prévus, enfin d’organiser quand même les examens ? Se succédaient ainsi les années académiques rafistolées qui ne pouvaient manquer de porter un coup moral” ceci parmi d’autres raisons, Bachir reprend le voyage et s’installe définitivement aux États-Unis d’Amérique.
Les villes américaines, Boston-Cambridge, Chicago, puis New York offrent dans les chapitres éponymes des réflexions captivantes sur les sujets du philosophe évoqués plus haut et bien d’autres notamment sur la question de la race, de la diversité. Il notera : “ la question de l’identité ne s’éclaire que si on pense d’abord celle du devenir. Qui je suis se découvre dans la réalisation de qui je dois être, et la fidélité à soi est dans le mouvement de ce devenir.”
La vie d’enseignant des universités américaines est savoureusement racontée, le mercato des universitaires d’une université à l’autre est comparé à celui des joueurs de foot. Et un crochet sur le little Sénégal de Harlem.
Le cours final sur l’universalisme est épique. On apprend la notion de “pluriversel” l’universel multiple.
Je finis par cette citation magnifique parmi tant d’autres choses sublimes qu’on ramasse à la lecture de ce Bachir : “ Et lorsque les choses se défont aussi brutalement sous le coup du sort, la foi dicte de se remettre sur le métier son ouvrage”. Soufisme.]
par Yanick Lahens
HAÏTI N’EST NI UN CAUCHEMAR NI UNE CARTE POSTALE
Refusons le déni mais ne versons ni dans l’autoflagellation ni dans le malheur comme fonds de commerce. Parce que si malheur il y a, il n’est pas uniquement celui d’Haïti, il est celui du premier monde, du deuxième. Il est le malheur de notre modèle-monde
Ne voulant surtout pas réagir à chaud à l’assassinat du chef de l’État haïtien, j’ai décliné les sollicitations des journalistes. Réagir à chaud, c’est souvent amputer un événement de ses causalités profondes. A travers les inévitables raccourcis par lesquels on traite les informations qui font la « une », on finit par alimenter, malgré soi, le réservoir abyssal des clichés et préjugés. Et quand un événement aussi spectaculaire s’est déroulé dans un pays comme Haïti, la tentation est encore plus grande de se retourner vers l’abyme des poncifs.
Parce qu’Haïti, plus que tout territoire, a cette capacité d’affoler le logos de qui ne veut ou ne peut pas sortir de sa zone de confort intellectuel, tant cette île est à la fois emblématique, récalcitrante et dérangeante. Or, qui n’a pas saisi la place qu’a tenue Haïti dans cette modernité, ce modèle-monde dominant dans sa genèse, son déploiement transatlantique, ne verra dans ces événements que du feu, à savoir encore un coup d’État, encore la pauvreté, encore du sang et, par-dessus tout, encore ces nègres.
Il faut toujours rattacher les événements d’Haïti à un incontournable faisceau d’explications qui tient en quelques points : son impensable indépendance en 1804 (battant en brèche l’esclavage, le colonialisme et le capitalisme naissant) au moment où les puissances occidentales s’apprêtaient à consolider leur empire mondial au XIXe siècle. Indépendance qui faisait d’elle le premier pays du Sud, donc le moule et la matrice (je ne le dirai jamais assez) des relations Nord-Sud.
Elle en connaîtra avant les autres tous les avatars : mise en quarantaine (on dirait aujourd’hui embargo) décidée par toutes les puissances colonialistes de l’époque, paiement d’une indemnité aux anciens colons français de Saint-Domingue pour pouvoir sortir d’une quarantaine de vingt ans. Ce qui a grevé son démarrage d’une lourde hypothèque et l’a entraînée, du même coup, pieds et mains liés dans la spirale d’une dette qu’elle ne finira de payer qu’au milieu du XXe siècle. Haïti a pourtant, durant cette difficile période de quarantaine, aidé Bolivar à libérer cinq pays d’Amérique latine et même la Grèce à arracher son indépendance.
Politique des grandes puissances
Laurent Dubois dans Les Vengeurs du Nouveau Monde (Les Perséides, 2006) rapporte que, déjà en 1801, dans une conversation avec le représentant de la France et de l’Angleterre autour de l’éventuelle indépendance de Saint-Domingue, le président américain Jefferson (1743- 1826) définit pour l’Empire les conditions dans lesquelles le futur État, mauvais exemple pour les pays esclavagistes de la région, devrait exister. « Il suffit de ne pas permettre aux Noirs de posséder des navires. » En un mot, Haïti pourra exister comme un grand village de marrons, il n’est pas question de l’accepter dans le concert des nations. Mais cela fait longtemps tout de même, me direz-vous. Et depuis ? Hélas, l’esprit, et même la lettre du propos ont perduré et justifié une politique des grandes puissances durant tout le XIXe siècle jusqu’à nos jours.
Un très récent président démocrate américain [Bill Clinton], fidèle au projet de Jefferson, a qualifié Haïti, sans sourciller, d’arrière-cour (là où on jette les déchets) et le dernier président républicain en date [Donald Trump], les yeux secs, l’a placée plus bas que l’arrière-cour, la désignant comme un « shit hole », des latrines (là où on se soulage de ses intestins). Le premier a, entre autres, tué la production rizicole dans les années 2000, en imposant une ouverture du marché haïtien au riz américain subventionné, donc bien moins cher. Le second a monnayé le vote haïtien contre le Venezuela, en échange d’un soutien inconditionnel au régime autoritaire du président défunt.
Mais comment tout cela a-t-il été possible, me direz-vous ? Eh bien, il l’a été grâce à la complicité des secteurs politiques et économiques qui se sont relayés au pouvoir depuis cette indépendance.
Au départ des colons, s’opère un double glissement qui se traduit par deux modes d’occupation du territoire. L’ensemble majoritaire des Bossales, hommes et femmes fraîchement arrivés d’Afrique, refusera de manière radicale le système de la plantation et la logique économique libérale. Durant tout le XIXe siècle, une culture originale va se construire avec sa cohérence en consolidant une langue, une religion, le lakou [l’habitation commune] comme espace communautaire de base, une agriculture diversifiée de jardins, la gestion et le partage du peu. Une culture qui se mettra donc à l’abri des prémices du projet néocolonial. Le milieu rural étant d’ailleurs désigné, dans le langage courant, comme « le pays en dehors ».
Paysannerie appauvrie
L’autre ensemble minoritaire des Créoles rassemble les dirigeants et tous ceux qui assument l’héritage colonial depuis l’indépendance, à savoir, entre autres, la langue française et la religion catholique, les fondements juridiques. Même quand ces deux cultures ne cesseront de se côtoyer, le chaos trouve son origine dans la non-adéquation du modèle d’État des Créoles, relais de l’international, dans lequel l’existence du Bossale, comme le précise si bien le sociologue Jean Casimir, n’est ni concevable ni désirable. Une négociation s’avère aujourd’hui indispensable pour tenter de combler ce séculaire déficit de communauté.
C’est l’un des enjeux majeurs de cette crise. Beaucoup des luttes, depuis le XIXe siècle, trouvent leur origine dans cette coupure-là. La succession des crises internationales et internes au XXe siècle a de plus en plus affaibli les institutions, renforcé, dès 2010, une défiance séculaire, et appauvri la paysannerie, qui s’est retrouvée en ville sans aucune structure d’accueil. Les forces mafieuses mondiales et locales, profitant de cette faiblesse des institutions, les ont phagocytées. Le licite et l’illicite ont fini par se confondre, érigeant la corruption en mode de gouvernance. Et ont certainement conduit à l’assassinat spectaculaire du président Jovenel Moïse.
Quant à l’aide évoquée par certains, telle que conçue, elle pervertit ceux qui donnent comme ceux qui reçoivent. Une part substantielle retourne en effet au donateur tandis que le bénéficiaire s’installe dans une dépendance dangereuse, quand l’aide n’alimente pas tout simplement la corruption des deux côtés (quelques organisations, Dieu merci, échappent à ce modèle). L’aide d’après le séisme en 2010 est une matérialisation exceptionnelle de ce dysfonctionnement.
Ne pas « exotiser » le malheur
Avec l’urbanisation accélérée, la centralité de la langue créole dans les nombreux médias, les réseaux sociaux, une jeunesse, avide de faire enfin citoyenneté, communauté et souveraineté face à l’international, se réclame désormais du « pays du dedans » avec les droits y afférant. C’est ce jeune et nouveau « pays du dedans » qui, mains nues, réfractaire, résistant, a mis en échec le projet de référendum inconstitutionnel soutenu par l’international. Et ce, malgré les graves assauts contre l’architecture symbolique, comme le souligne le jeune philosophe Edelyn Dorismond, et en dépit des massacres orchestrés par des gangs instrumentalisés par les puissants, les emprisonnements et l’épuisement de beaucoup.
Cette jeunesse s’apprêtait à faire de même pour des élections largement contestées mais soutenues, elles aussi, par l’international. Face à de tels obstacles, faire communauté et citoyenneté demandera de l’opiniâtreté et du temps. Beaucoup de temps. Et la construction d’une offre et d’une représentation politiques nouvelles. Rien ne semble gagné d’avance.
Nous devons, nous Haïtiens et Haïtiennes, nous préserver des narrations réductrices dont la nocivité consiste à nous piéger dans des affects tristes, pour répéter Gilles Deleuze. Il nous arrive et il nous arrivera, en effet, d’être tristes, d’avoir peur, de perdre espoir, mais sachons, à la lumière de l’histoire, faire une grande place à la lucidité, à la force, et puiser dans la joie coutumière. Ne nous laissons pas vaincre deux fois.
Et contrairement à ce qui est véhiculé dans les médias internationaux ou même nationaux, il y a des projets qui fonctionnent comme un projet communautaire écologique dans la région du bas Nord-Ouest, un projet de parc multifonctionnel dans un quartier populaire difficile de Port-au-Prince, des projets artistiques, agricoles, d’université performante, d’écoles modèles novatrices. Tous ces projets ont pour dénominateur commun le fait d’avoir su intégrer la population dans leur démarche. Contrairement aux malheurs, ils se déploient loin du bruit et de la fureur.
Dans le récit Failles (Sabine Wespieser, 2010), que j’ai écrit à la suite du tremblement de terre, je me suis, tout au long des pages, demandé comment écrire sans « exotiser » le malheur. Refusons le déni mais ne versons ni dans l’autoflagellation ni dans le malheur comme fonds de commerce. Parce que si malheur il y a, il n’est pas uniquement celui d’Haïti, il est celui du premier monde, du deuxième, du tiers et du quart-monde. Il est le malheur de notre modèle-monde dominant. Il n’est pas exotique, il est le malheur de tous.
Yanick Lahens est écrivaine
Par El hadji Amadou Diop
LA PANDÉMIE À COVID-19, LA DURE RÉALITÉ
La 3e vague de la pandémie à Covid-19, que nous craignions tous, est devenue plus qu’une réalité, mais un véritable drame dans notre pays, le Sénégal.
La 3e vague de la pandémie à COVID-19, que nous craignions tous, est devenue plus qu’une réalité, mais un véritable drame dans notre pays, le Sénégal. Nul besoin de continuer à spéculer ou à ergoter sur les responsables de cette situation qui nous préoccupe au plus haut point. Nous les connaissons tous. Le plus important, aujourd’hui, est d’examiner la situation avec lucidité et de proposer des mesures à prendre, en urgence, pour sortir des nombreuses difficultés auxquelles nous sommes confrontés.
SITUATION ACTUELLE
1/ Loin d’être une simple vue de l’esprit comme le pensent certains, il faut commencer par admettre que la pandémie à COVID-19 est bel et bien une réalité. Tant que des gens continueront à faire des conjectures ou un déni de l’existence de l’épidémie, les mesures édictées par les autorités sanitaires ne seront jamais respectées et le virus va continuer à se propager et à opérer à des mutations qui expliquent aujourd’hui, l’apparition de nombreux variants, en particulier, le variant delta qui serait à l’origine de la forte explosion du nombre de nouveaux cas que nous vivons actuellement.
2/ Notre pays a eu, au début de l’épidémie, un bon plan de riposte qui nous avait permis d’obtenir des résultats satisfaisants. Hélas, nous nous sommes vus trop beaux très tôt et nous avons fait un relâchement à un moment où il fallait maintenir le dispositif de riposte, voire le renforcer, car la pandémie était loin d’être derrière nous. Les rassemblements, de tous genres, ont repris, les stades et les arènes ont réouvert leurs portes et ont recommencé à recevoir du public, les concerts sont, de nouveau, autorisés, avec des milliers de fans agglutinés les uns contre les autres sans masque, le plus souvent, certains lieux de culte ont également repris leurs rituels. Au niveau des transports publics, des marchés ou autres « loumas », c’est la catastrophe, avec un non-respect des mesures barrières, en particulier, le port obligatoire de masque, le respect de la distanciation physique et l’usage de solutions hydroalcooliques. Bref, toutes les dispositions qui nous avaient permis, jusqu’à une époque encore récente, de contenir le virus ont été quasi abandonnées, avec tout simplement, la présomption, voire la certitude que la COVID-19 était en train d’être éliminée de notre pays.
3/ Notre système de santé, il faut le reconnaitre, a de nombreuses limites, et la pandémie a pu en démontrer les insuffisances dont la correction en profondeur, est devenue, plus qu’une exigence, mais une urgence vitale. Notre personnel de santé est compétent et mérite toute notre reconnaissance pour le lourd travail qu’il a abattu durant cette épreuve. Mais il est fort insuffisant et ne dispose pas de tous les moyens nécessaires pour faire face, convenablement, aux nombreux cas qu’il reçoit. Les structures d’accueil sont en nombre insuffisant, en particulier, les services de réanimation où toute la logistique nécessaire n’est pas toujours disponible.
4/ Une bonne partie de notre population continue de penser que le vaccin, qui est la seule alternative capable de nous sortir de cette situation, ne présente que des inconvénients et aucun avantage. Les réseaux sociaux et certains messages qui sont véhiculés ont beaucoup contribué à fonder et à raffermir cet état de pensée. Mais il est important de savoir raison garder. La vaccination existe depuis la nuit des temps et nous a permis de venir à bout de nombreuses maladies.
Rendons grâce et hommage à nos illustres prédécesseurs tels Louis Pasteur et autres qui ont permis à l’humanité de grandir dans de meilleures conditions de santé et d’aspirer à un mieux-être pour se développer. Que seraient nos enfants s’ils n’étaient pas vaccines dès leur naissance avec les différents programmes qui leur sont dédiés. Je sais bien qu’il y a un coronabusiness dont profitent certains pour se faire de l’argent sur le dos de la détresse des malades et de la population. Je sais également qu’il y a des industries pharmaceutiques promptes à exploiter ce genre de situation pour avoir des dividendes à la limite de l’indécence. Mais, croyez-moi, aucun scientifique digne de ce nom et là, je pèse bien mes mots, aucun scientifique digne de ce nom, n’ose proposer un vaccin qui n’apporte pas plus de bien que de mal à sa population.
Des effets secondaires peuvent apparaître avec l’administration d’un vaccin, comme on peut le voir avec les médicaments que nous consommons régulièrement (Aspirine, Paracétamol, antibiotiques etc…). Cela est tout à fait compréhensible car il s’agit d’un corps étranger que nous introduisons dans notre organisme. Mais, si on évalue le rapport bénéfice/risque, il est largement en faveur de la vaccination, d’autant plus que, à l’heure actuelle, c’est la seule issue pour sortir de la situation que nous vivons.
5/ La communication sur la pandémie, également, n’a pas toujours été des meilleures. Il est vrai que la pandémie n’est pas que sanitaire. Elle a des impacts notoires aux plans économique et social. Beaucoup de pays vivent actuellement une récession économique importante et il leur faudra de nombreuses années pour s’en relever.
A moins qu’il y ait une solidarité de la communauté internationale pour les aider et les accompagner dans un processus de relance. Mais, quand il y a une épidémie, ce sont les sachants, c’est-à-dire les autorités sanitaires qui doivent être en première ligne pour informer juste et vrai, donner des directives et les mesures à prendre que tout le monde doit respecter. Maintenant dans l’application correcte et rigoureuse de ces directives et mesures, d’autres structures telles que les forces de sécurité doivent intervenir sans faiblesse, pour assurer leur bonne mise en œuvre.
Dans la stratégie de communication toujours, les conseils et informations des autorités sanitaires doivent bénéficier de relais bien formés pour une bonne dissémination sur l’ensemble du territoire. Ces relais doivent être des autorités et des porteurs de voix crédibles : chefs religieux, imams, prêtres, les associations sportives et culturelles (ASC), les associations communautaires de base (ACB), les chefs de quartier et de villages, les communicateurs traditionnels, les chefs de familles, etc. Les enjeux de la pandémie doivent être connus de tous et les mesures idoines appliquées avec soin. Les chaines de télévision et de radio, la presse écrite et la presse en ligne doivent toutes, être mises à contribution pour transmettre, à feu répétitif, la bonne information sur l’état de la pandémie afin de permettre à tout un chacun d’agir en toute responsabilité.
MESURES À PRENDRE
1/ Dans la situation actuelle la première mesure à prendre est de vacciner le plus rapidement possible toute la population sénégalaise en âge de l’être (18 ans révolus). C’est un droit et l’état doit prendre toutes les mesures pour arriver à cette fin, quitte à procéder à des réaménagement et réaffectations budgétaires. Il s’agit là d’une véritable urgence et il est heureux, aujourd’hui, de constater que beaucoup de Sénégalais qui étaient réticents à la vaccination sont, actuellement, en train de courir derrière le vaccin à cause de la forte recrudescence des nouveaux cas et de la saturation des structures d’accueil.
2/ La stratégie de communication doit être revue et corrigée afin que chaque sénégalais puisse disposer, en tout temps, de la bonne information sur la pandémie, la situation dans notre pays et à travers le monde, les recommandations des autorités sanitaires sur les mesures à observer, en particulier le port obligatoire du masque, le respect de la distanciation physique, le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon, l’usage des gels hydroalcooliques, le recours aux structures de sante au moindre signe pour se faire dépister le plus précocement possible, la nécessite d’aller se faire vacciner pour arriver à une immunisation collective et de balayer toutes les fausses informations véhiculées sur le vaccin a travers les réseaux sociaux.
3/ L’autorité de l’état doit s’exercer dans toute sa plénitude. Les mesures édictées par les autorités sanitaires doivent s’appliquer en toute vigueur. L’exemple doit venir d’en haut pour faciliter l’adhésion de la population. Les rassemblements, quels que soient leurs motivations et leur nature, doivent être interdits et les contrevenants sanctionnes pour servir d’exemple. Les marchés et transports publics doivent être bien surveillés pour vérifier leur conformité avec les mesures préconisées.
4/ Dans les lieux de travail, il faut recourir au télétravail et préférer, à la place des réunions en présentiel, les vidéoconférences. Dans les services à feu continu, il faut procéder à un système de rotation du personnel (turn over).
5/ Enfin, et c’est là le plus important, il faut améliorer notre système de sante en profondeur, avec des hôpitaux de référence dans chaque région, des centres de santé en nombre suffisant avec de bons plateaux techniques, un personnel de santé, également suffisant et bien motivé, des services d’urgence et de réanimation avec toute la logistique nécessaire sur l’ensemble du territoire. C’est à ce seul et unique prix que nous pourrons, dans l’immédiat, sortir de la situation extrêmement difficile dans laquelle nous nous trouvons, avant de pouvoir, demain, envisager l’émergence.
L’ASSOCIATION BALAFON ENVOIE 400 FEMMES A L’ECOLE DE LA TRANSFORMATION
L’objectif est la valorisation des produits locaux qui moisissent en zone de production et dans le même temps, combattre la précarité ambiante qui asphyxie les populations du Diassing
Cette session de formation de 12 jours ouverte hier, mardi 27 juillet à Marsassoum, concerne 400 femmes de la commune de Marsassoum, de Ziguinchor et de Dakar sur les techniques de transformation des fruits et légumes, en savonnerie et en gestion financière. L’objectif est la valorisation des produits locaux qui moisissent en zone de production et dans le même temps, combattre la précarité ambiante qui asphyxie les populations du Diassing. La formation est à l’initiative de la Directrice générale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) qui dirige l’association Balafon de Marsassoum, avec l’accompagnement de l’office national de la formation professionnelle (ONFP).
A l’initiative de Dr Annette Seck Ndiaye, la présidente de l’association Balafon de Marsassoum et directrice générale de la Pharmacie nationale d’approvisionnement du Sénégal, 400 femmes des groupements de cette contrée du Diassing subissent une session de formation en techniques de transformation des fruits et légumes et autres produits locaux. Cette session a démarré ce mardi avec l’accompagnement technique de l’ONFP (Office national de la formation professionnelle). Mamadou Doudou Ndaw, le secrétaire général de l’association Balafon de Marsassoum fait savoir que « c’est une cohorte de 40 femmes qui seront formées en 12 jours sur les techniques de transformation des fruits et légumes, en savonnerie, en gestion financière et autres.
Cette formation doit concerner 400 femmes des localités de Marsassoum, Ziguinchor et de Dakar. Les objectifs, c’est surtout de les former afin qu’elles s’impliquent davantage dans le développement local à la base à travers leur autonomisation progressive. Il faut dire que cela a été rendu possible grâce à la fructueuse collaboration avec l’Office national de formation professionnelle ». En sa qualité d’ancien maire de Marsassoum et agent de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Ziguinchor, Alassane Ndiaye s’engage à les accompagner vers la formalisation : « je tiens dans un premier temps à remercier l’initiatrice Dr Annette Seck Ndiaye. Nous irons incessamment nous rapprocher de la Chambre de commerce de Sédhiou, leur faire part de l’engagement et de la formation de ces femmes afin qu’elles disposent de documents formels. Elles se battront pour trouver place au niveau des différentes foires et faire connaitre le label de Marsassoum », promet-il.
DES LIGNES DE FINANCEMENT DEJA DISPONIBLES
Outre cette session de formation, Mamadou Doudou Ndaw le secrétaire général de l’association Balafon de Marsassoum précise que des lignes de financement seront mises à la disposition de ces femmes pour une pratique directe des modules appris : « nous avons signé des conventions avec des structures financières en y injectant un capital qui leur permettra de financer leurs projets », assure-t-il à la fin de cette première journée. Les bénéficiaires ne s’en portent que mieux, l’une d’elles Mme Kébé Fatoumata Gassama explique que « les femmes de Marsassoum étaient utilisées dans des campagnes de mobilisation politique mais ce n’est qu’avec des actions de soutien et d’accompagnement de Dr Annette Seck Ndiaye que nous avons commencé à nous insérer dans des créneaux porteurs de revenus ». Et le formateur Mamadou Keïta de rassurer qu’«une fois ces modules appris, ces femmes pourront valoriser les produits qui, jusqu’ici, continuent de pourrir dans les zones de production ». Cette formation en transformation des fruits et légumes s’offre donc comme une alternative crédible à la valorisation du potentiel local qui pourrit en zone de production. Ce qui permettra de créer des parts de marché jusque dans la sous-région de l’Afrique et même au-delà.
MACKY REMPLACE LES «SAGES» MANQUANTS
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a nommé les juges qui manquaient dans la composition du Conseil constitutionnel, informe un communiqué reçue du ministère de la Justice hier, mardi 27 juillet 2021.
Le président de la République, Macky Sall, a complété la composition du Conseil constitutionnel en remplaçant les juges manquants, notamment Mme Bousso Diao Fall, décédée en janvier dernier, Ndiaw Diouf et Mandiogou Ndiaye au terme de leur mandat depuis fin juin. L’information est d’un communiqué du ministère de la Justice parvenu à notre Rédaction hier, mardi 27 juillet.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a nommé les juges qui manquaient dans la composition du Conseil constitutionnel, informe un communiqué reçue du ministère de la Justice hier, mardi 27 juillet 2021. Selon le document, «suivant le décret n°2021-980 du 26 juillet 2021, le président de la République a nommé Seydou Nourou Tall, Professeur titulaire des universités, actuellement membre du Conseil constitutionnel, en qualité de vice-président dudit Conseil».
Aussi, par décret n°2021-981 du 26 juillet 2021, il «a également procédé à la nomination d’Aminata Ly Ndiaye, magistrat, précédemment Premier président de la Cour d'appel de Thiès, membre du Conseil constitutionnel, pour terminer le mandat de la défunte Bousso Diao Fall», signale le document. Selon toujours le communiqué «par décret présidentiel n°2021-982 du 26 juillet 2021, Mamadou Badio Camara, ancien Premier président de la Cour suprême et Youssoupha Diaw Mbodj, ancien Premier Avocat général près la Cour suprême ont été nommés membres du Conseil constitutionnel».
Ces nominations interviennent dans un contexte où il a été demandé le remplacement des juges Ndiaw Diouf et Mandiogou Ndiaye qui ont fini leur mandat, depuis le 30 juin dernier et de Bousso Diaw Fall décédée le 3 janvier 2021. A signaler aussi que les partis de l’opposition réunis dans ce qu’il est appelé le Congrès pour la renaissance démocratique (CRD), avait récemment exigé du président de la République le complément des «sept sages» qui composent la Conseil constitutionnel.
Dans un courrier, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, le mandataire du CRD, déclarait «qu’il a été constaté que le Conseil constitutionnel (est) composé de 4 membres et n’est plus en capacité de délibérer». Abdoul Mbaye avait aussi ajouté que «les trois (3) membres qui ne font plus partie du Conseil constitutionnel sont exclus, du point de vue juridique, du champ de l’empêchement temporaire défini par l’article 5 de la loi organique n°2016- 23 du 14 juillet 2016».
En demandant au président de la République de procéder au remplacement des juges manquants, Abdoul Mbaye avait tenu à préciser que «l’article 23 de ladite loi dispose que le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres, sauf empêchement temporaire de trois (3) d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres».
Le Conseil constitutionnel comprend sept (7) membres, dont un président et un vice-président, qui sont tous nommés par décret du président de la République pour six (6) ans non renouvelables. Il est partiellement renouvelé tous les deux ans, à raison d'un ou deux membres. Lors des élections nationales (présidentielles ou législatives), le Conseil constitutionnel reçoit les résultats provisoires proclamés par les Cours d'appel, statue sur les éventuels recours et réclamations et proclame les résultats définitifs. Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Il contrôle également la constitutionnalité des lois et engagements internationaux.