L’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal (Unapes) condamne les séries de violences notées en milieu scolaire dans notre pays ces derniers temps. Se défendant de protéger des auteurs d’actes de violences, la coordination dirigée par M. Abdoulaye Fané trouve extrêmes les exclusions définitives d’élèves. Elle préconise d’autres mesures moins contraignantes et qui correspondent à la gravité des actes commis. Des sanctions graduées, quoi.
La violence en milieu scolaire est devenue banale dans notre pays. Chaque année, elle prend des proportions inquiétantes avec une gravité extrême ces derniers mois. C’est à ce point sérieux que des acteurs de l’école ont estimé nécessaire de se lever pour exiger de mettre fin à cette série de violences. Parmi eux, l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal qui déplore les violences opérées au niveau de quelques établissements scolaires durant la fin de l’année académique ainsi que la façon dont certains élèves de quelques établissements ont célébré le début des vacances. « Ce sont des scènes que nous avons remarquées en milieu scolaire durant ces dernières années. Cette année, elles ont pris plus d’ampleur. Parce que nous avons eu à répertorier beaucoup d’actes commis envers des enseignants un peu partout à travers le pays. Nous, parents d’élèves, présentons nos excuses à l’ensemble de la communauté éducative. Particulièrement aux enseignants et à ceux qui gèrent le secteur éducatif et même universitaire. En effet, cette spirale de violences n’épargne pas le milieu estudiantin. Parce qu’on a également noté les mêmes actes dans les universités. Quand on voit un professeur harcelé par des étudiants qui lui arrachent son micro, ce sont là des scènes qui sont véritablement très déplorables. L’Unapes les a désapprouvées. Nous constatons que ces actes gagnent le système éducatif dans le moyen et le secondaire. On a vu des élèves brûler leurs blouses, déchirer leurs cahiers. Nous le déplorons et demandons à ce que des sanctions puissent être prises par rapport à ces actes et que des enquêtes très sérieuses puissent être menées afin que des mesures soient prises pour éradiquer ce fléau », exige le président de l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal.
L’Unapes contre l’exclusion définitive des élèves du Cem Hann !
Cela dit, Abdoulaye Fané trouve très sévères les mesures prises par les autorités du Cem (collège d’enseignement moyen) de Hann, concernant les exclusions proposées par le conseil de discipline. A l’en croire, par cette mesure, il y a des risques de sanctionner des personnes qui ne sont pas fautives. En effet, argumente-t-il, il y a des mesures qui peuvent être prises et qui n’iront pas jusqu’à l’exclusion définitive des élèves. « Nous sommes foncièrement contre ces mesures d’exclusion définitive de ces élèves. Nous considérons que ce sont des élèves qui sont en 5ème et 6ème. Si on les exclue, ça risque de porter préjudice à leur avenir. Donc, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de mener une enquête plus approfondie en convoquant toutes les parties prenantes. A savoir : les parents d’élèves, les enseignants, le ministère de l’Education et même les élèves pour pouvoir véritablement déterminer de manière précise les causes qui les ont conduits à faire des actes pareils. Nous avons le temps, d’ici la réouverture des classes, pour vraiment faire des enquêtes approfondies », ajoute Abdoulaye Fané. Selon lui la sanction définitive d’un élève doit correspondre à la gravité de l’acte commis. « Elles sont graduelles. Par exemple, un élève qui lance une brique sur un professeur au point de le blesser à la tête, ce qu’on a noté à Sindia, c’est différent d’un élève qui brûle son uniforme scolaire. Les sanctions doivent être prises sur la base de la gravité de l’acte commis. Nous sommes tombés d’accord sur l’exclusion qui a été prononcée contre l’élève qui a eu à lancer une brique sur son professeur. Celui-ci mérite une exclusion. Cela pourra servir d’exemple pour d’autres qui seront tentés de faire de tels actes », confie le président de l’Unapes.
Les solutions de sortie de crise !
Lutter contre la violence en milieu scolaire et universitaire devient donc l’affaire de tous. C’est tellement vrai que certains chefs religieux se sont impliqués dans cette bataille. Lors de la prière de l’Aïd-el-Kébir (Tabaski) à Thiès, l’imam Tamsir Ndiour de la mosquée Moussanté, dans son sermon, a proposé l’adoption d’une loi réprimant l’outrage à l’enseignant. Ce au même titre qu’il y a des lois sanctionnant l’outrage aux agents de la force publique ou aux magistrats. Ceci pour donner plus de gages de sécurité aux professionnels de l’enseignement qui se sentent menacés dans l’exercice de leur fonction. Car, à en croire l’imam, le conseil de discipline ne suffit pas pour combattre les violences en milieu scolaire. Autrement dit, selon l’imam Ndiour, seule la loi qu’il préconise pourrait faire reculer les auteurs.
Une proposition qu’approuve l’Unapes tout en formulant de son coté des mesures. « L’Inspectrice d’académie de Dakar est en phase avec ce que nous avons proposé. Les sanctions peuvent aller jusqu’au paiement de tous les dégâts qui ont été commis. Que les élèves puissent être sanctionnés en faisant des travaux forcés au niveau de l’établissement. Il y a beaucoup de séries de sanctions, mais qui peuvent quand même ne pas aller jusqu’à l’exclusion définitive d’un élève. Nous pensons que c’est un peu sévère. Nous sommes en train de prendre langue avec les autorités au plus haut niveau pour qu’on essaie de voir dans quelle mesure aller vers des sanctions qui puissent être à la mesure des actes commis » conclut Abdoulaye Fané, le président de l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal (Unapes).
POINTES DU DOIGT, LES ELEVES RENVOIENT LA BALLE A LEURS PROFS
Ils se défendent et soutiennent que la proximité entre élèves et enseignants constitue l’une des causes de cette violence dès lors que les élèves n’ont plus aucune considération pour leurs enseignants
Face aux violences en milieu scolaire, les professeurs des lycées de Keur Massar et de Plan Jaxaay pensent que les autorités ont laissé la situation pourrir. Ces acteurs, tout en condamnant ces violences, rappellent les valeurs cardinales de l’enseignant. En revanche, les élèves fustigent l’étiquette de violence qui leur est collée. Ils se défendent et soutiennent que la proximité entre élèves et enseignants constitue l’une des causes de cette violence dès lors que les élèves n’ont plus aucune considération pour leurs enseignants.
Il est 10 h du matin. La cour du lycée Plan Jaxaay est presque vide. Toutes les classes sont fermées à l’exception des terminales L 2. Les élèves qui s’y trouvent sont en train de réviser leurs cours d’économie. Interpelée sur le phénomène de la violence qui s’est installée à l’école, une lycéenne livre sa pensée. « Nous, du lycée de Jaxaay, ignorons tout ce qui a trait à la violence. Nous condamnons fermement la violence en milieu scolaire. Toutefois, les causes sont à chercher dans le comportement de certains professeurs qui tissent des liens d’amitié avec leurs élèves sans se fixer de limites », analyse Salimata Diallo, élève en classe de T L2. A l’en croire, ce type de liens participe à briser le mythe du professeur.
En effet, pour la candidate au baccalauréat, ce genre d’amitiés sans limite et le comportement de certains élèves peuvent expliquer ces violences à l’encontre des enseignants. Il y a également, selon elle, des professeurs qui humilient des élèves devant leurs camarades de classe. Ce qui pousse certains apprenants à vouloir se venger de façon violente sans mesurer les conséquences de leurs actes. Martin Moussa Diouf, professeur d’économie au lycée de Jaxaay, confirme que l’absence d’éducation de base est le mal dont souffre l’école. Ce qui fait que les élèves, qui viennent à l’école, manquent de principes d’éducation de base. Pour l’enseignant, l’éducation de base a toujours été le socle de notre société. Ce, dès lors que le droit d’ainesse est une preuve irréfutable de notre éducation de base. Notre interlocuteur déplore également le manque de civisme. C’est tout cela qui serait responsable des agressions que les enseignants subissent au quotidien.
L’influence de l’extérieur
Au lycée de Keur Massar, l’ambiance est la même qu’au lycée Plan Jaxaay. Les classes sont fermées pour cause de fin d’année scolaire. Les seules qui restent ouvertes sont occupées par les élèves en classe d’examen. « Il y a un fait contraire voire paradoxal. L’école qui est censée influencer le monde extérieur est en train de subir l’influence venue de l’extérieur, surtout des réseaux sociaux », décortique Coumba Ndofène Diouf, professeur d’histoire et géographie. A l’en croire, le fait que les autorités n’aient pas de mainmise sur les réseaux sociaux constitue le maillon faible du système éducatif. « Rien n’est fait pour protéger les élèves contre l’agresseur qui est l’effet des réseaux sociaux », estime-t-il. Notre interlocuteur pense qu’il est bon souvent de sanctionner pour dissuader les apprenants. Ce même s’il est mieux, selon lui, d’avoir une approche pédagogique afin de montrer qu’il existe chez nous des valeurs humaines qui ont toujours bercé l’humanité. Pour la pédagogie de l’exemple, le professeur interpelle ses élèves, leur demandant s’ils sont violents. « Nous ne sommes pas violents. Nous sommes très bien éduqués », répond du fond de la classe une voix féminine. Pour montrer la discipline qui prévaut dans cet établissement et l’exemplarité des rapports entre élèves et professeurs, le professeur d’histoire et géographie renseigne que la montre accrochée à son poignet est un cadeau de ses élèves.
Les parents ne comprennent plus leurs enfants
A l’Unité 3 des Parcelles Assainies de Keur Massar, la dame Awa Ka ne cache pas ses inquiétudes. « Nous avons bien éduqué nos enfants car nous sommes avant tout des croyants. Hélas, la manière dont les enfants se conduisent dans les maisons est différente de leur comportement dans la rue ou en milieu scolaire. Les parents font souvent face à un ennemi invisible avec l’emprise des réseaux sociaux sur les enfants », déplore-t-elle. Une influence que cette parente juge néfaste. « Rien ne peut justifier la violence faite aux enseignants. Nous la condamnons fermement. Les enfants ne sont rien d’autre que le produit de la société alors que notre société n’est plus une référence pour ces enfants » se désole pour sa part le sieur Paul Coly. Qui pense qu’il faudrait d’abord se pencher sur les maux de la société avant de prétendre résoudre la violence en milieu scolaire.
QUAND LE «BORDEL» S’INSTALLE AU SEIN DE L’ECOLE SENEGALAISE
Des conflits, des empoignades, des heurts, des agressions et de la violence. Au Sénégal, les relations entre élèves et enseignants virent à la guerre civile. On exagère à peine !
Pour une recomposition des valeurs et de crise des repères en milieu scolaire et estudiantin, des acteurs de l’Education demandent surtout la participation des parents d’élèves qui doivent se charger de l’éducation de base des enfants pour que les programmes scolaires ne soient que des réceptacles et des vecteurs de valeurs et de citoyenneté.
Des conflits, des empoignades, des heurts, des agressions et de la violence. Au Sénégal, les relations entre élèves et enseignants virent à la guerre civile. On exagère à peine ! Entre ces deux acteurs majeurs de l’école, ce n’est plus le parfait amour depuis quelques années. On constate de plus en plus un manque d’affection, d’empathie, de confiance, d’admiration des élèves envers leurs professeurs à qui ils ne vouent plus aucun respect. Les prémices d’une future école antivaleurs sont bien visibles et s’accumulent de jour en jour. L’année académique 2020-2021 aura été l’année de trop dans cette relation désormais conflictuelle, voire antagonique, entre enseignants et élèves. Une année qui a connu des actes de violence, de vandalisme et d’agressions physiques et morales des derniers nommés à l’encontre des premiers et qui ont suscité partout des indignations et des demandes de sanctions. Lesquelles ont été parfois suivies d’effets.
Une année bordelique
Cette année, les potaches semblent se donner le mot d’ordre « de l’indiscipline » pour finir l’année… en bordel. Que ce soit à Dakar, à Mbour, à Matam… ils ont montré un visage autre que celui d’adolescents en quête de connaissances, d’expériences et de savoir. D’éducation à la vie en société et à la citoyenneté aussi. L’école sénégalaise est en crise profonde. Elle n’inculque plus aux élèves les valeurs qui participent à leur socialisation. Les récents évènements laissent croire que le milieu scolaire ne détermine plus l’individu. Leur propre « programme » à ces élèves leur est typique ! Le « programme scolaire » de l’année écoulée a en effet commencé par des histoires de « Flash K », du nom de ces vidéos réalisées en plein cours à l’insu des enseignants et largement partagées sur les réseaux sociaux. Les apprenants n’ont trouvé rien de mieux que de séquestrer leurs éducateurs qui, en lieu et place de cadeaux de remerciement pour les efforts fournis et les enseignements dispensés, ont reçu des coups de poings. D’autres ont été étranglés. Les agressions physiques ou morales contre les maîtres ou les professeurs ne se comptent plus. En plus des enseignants, les infrastructures scolaires aussi subissent la furie ou l’incivisme des apprenants. Le niveau de violence dépasse l’entendement. C’est devenu même un phénomène de société. Dans beaucoup d’établissements, du moyen comme du secondaire, jusqu’à l’université, les apprenants se sont distingués de la plus triste des manières au cours de cette année scolaire 2020-2021 finissante. Ils ont « presque tout » ravagé sur leur passage. D’abord au Collège d’Enseignement moyen (CEM) de Hann à Dakar, puis à Ourossogui, à Matam, où des élèves, filles comme garçons, ont fait fi des prescriptions des autorités sanitaires, en bafouant les règles du respect strict du port de masque. Ce, avant que les potaches de Sindia en rajoutent. Des élèves qui, ce faisant, n’ont fait que copier leurs ainés des universités de Dakar, de Kaolack et de Saint Louis. A la suite des scènes de violences regrettables, des voix se sont élevées pour exiger des sanctions à l’encontre des fauteurs de troubles.
Et si on se conformait à la Loi d’orientation ?
Selon le président du Mouvement pour une Citoyenneté Engagée, (M.C.E Andu Nawle), et ancien leader syndical enseignant, Mamadou Lamine Dianté, « tout semble indiquer que ces scènes honteuses ne sont qu’une expression de dépit d’une année scolaire marquée par le pilotage à vue, avec des programmations, déprogrammations et reprogrammations des dates d’évaluations par la tutelle ». Mais pour l’inspecteur de l’Education Dagobert Zaccaria, cette violence ne saurait être résumée en un simple problème de programmation d’examens. Il pense qu’on devrait plutôt procéder à une « lecture globale dynamique de ces évènements afin d’en déterminer les éléments explicatifs qui sont multiples et liés dans un rapport complexe ». Ce, « en toute lucidité et sérénité ». M. Dagobert croit qu’au-delà des réprobations, des récriminations et des condamnations sans réserve, on devrait aussi éviter de tomber dans ce qu’il appelle des « analyses circonstanciées dictées par l’émotion ou la colère ». Parce que, et comme le fait savoir son collègue inspecteur de l’éducation, Dr Mamadou Khouma, « certaines pratiques des acteurs de l’école sont en déphasage avec la loi d’orientation. Ce qui nous amène à nous demander si les principaux acteurs de l’école se sont réellement appropriés cette loi qui, pourtant, devrait être le bréviaire de tout enseignant impliqué dans l’action éducative au Sénégal ».
« L’école secrète des antivaleurs »
Le mal est plus profond … Les enseignants sont unanimes pour estimer qu’aujourd’hui, l’autorité n’a donné que des pouvoirs à l’élève qui détient tous ses droits sans aucun devoir en contrepartie. « Ce qui fait que l’école devient de moins en moins un lieu d’éducation, et de plus en plus un simple espace d’enseignement-apprentissage », soutient le syndicaliste Mamadou Lamine Dianté appuyé dans ses propos par l’inspecteur Khouma selon qui « l’école n’est plus considérée comme une institution qui assure la promotion sociale ». Plus grave, martèle-t-il, « elle secrète des antivaleurs, l’appât du gain facile, l’érosion de l’esprit civique… ». En réalité, la violence s’est invitée dans l’espace scolaire. Et certains actes de violences posés comme le saccage d’infrastructures scolaires, les agressions contre les enseignants (tes) témoignent de « l’escalade dans la spirale de violence qui gangrène l’espace scolaire universitaire ». De son avis, l’école et l’université ne sont plus des lieux sûrs pour assurer des enseignements en toute sérénité. « L’apprenant adopte d’autres référents en dehors de l’école car les modèles de réussites sociales auxquels il s’identifie désormais sont en dehors de la sphère scolaire. Pire, pour de nombreux jeunes, l’école n’est plus le lieu qui assure l’ascension sociale. Notre école demeure encore prisonnière de savoirs scolaires qui ne sont pas transposables dans le champ social. Ces savoirs ne sont pas déclinés en compétences opérationnelles répondant aux enjeux et aux besoins de la société », estime encore Khouma.
« Se donner les moyens de ne pas reproduire des ivraies »
Sur ce, Mamadou Lamine Dianté pense que « sanctionner et extirper la gangrène de notre système éducatif est bien, mais se donner les moyens de ne pas la reproduire est encore bien mieux ; car cela préservera la société sénégalaise de l’ivraie citoyenne ». D’où l’impératif de solutions structurelles « en lieu et place de mesures conjoncturelles, épidermiques ». Ce qui, dit-il, exige le repositionnement du système éducatif dans sa triple mission d’apprentissage, d’éducation et de socialisation. Avec une part belle à accorder à l’éducation à la citoyenneté. Aujourd’hui, (…) il est vital de repositionner l’approche de l’enseignement et de l’enseignant. Il est important de juguler les tendances négatives dans l’espace scolaire et d’installer dans les segments de la société en général, chez les apprenants et les enseignants en particulier, l’appropriation de valeurs et de vertus qui fondent la société et l’Etat démocratique. Le salut de notre école doit nous amener à privilégier en tout temps l’intérêt général », pense Dr Mamadou Khouma, inspecteur de l’enseignement moyen secondaire/Etablissement vie scolaire.
L’éducation à la maison d’abord
A ce mouvement de sursaut pour une école apaisée, pacifique et stable, il faut la participation des parents d’élèves qui, selon M. Dagobert, doivent veiller davantage à inculquer à leurs enfants une éducation de base fondée sur les valeurs de tolérance, d’humilité, de respect de l’autre et du bien public, d’entraide, de convivialité. « Nos programmes scolaires doivent être des réceptacles et des vecteurs de ces valeurs cultivées et enseignées de l’éducation préscolaire jusqu’à l’université à travers l’éducation civique, l’éducation à la citoyenneté sans oublier le développement de modules sur la culture numérique qui apparait comme un besoin émergent à prendre en charge », préconise l’inspecteur Mamadou Khouma comme solution à cette crise scolaire actuelle.
PANDEMIE DU COVID-19: LEÇONS ET PERSPECTIVES
La bonne gestion de la phase préparatoire de la pandémie du Covid-19 a valu à notre pays de figurer dans le top 5 des pays africains ayant fait preuve d’une grande proactivité à côté du Rwanda, du Ghana, de l’Afrique du Sud et du Kenya
C’est le 30 janvier 2020 que l’Oms a déclaré l’épidémie de Covid-19 comme urgence sanitaire de portée internationale et le Sénégal a déclaré son 1er cas le 2 mars dernier. Il faut se féliciter du fait que les techniciens du ministère de la Santé aient engrangé une expertise avérée en matière de lutte contre les épidémies, édifiée graduellement, depuis plus d’une décennie. Cela nous vaut la prise en charge de multiples alertes, tout au long de l’année, qu’il s’agisse de flambées épisodiques de rougeole, d’épidémies de gastroentérite ou de dengue... Il y a surtout eu le tournant de la fièvre à virus Ebola en 2014- 2015, qui avait conduit à la mise sur pied du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous).
La bonne gestion de la phase préparatoire de la pandémie du Covid-19 a valu à notre pays de figurer dans le top 5 des pays africains ayant fait preuve d’une grande proactivité à côté du Rwanda, du Ghana, de l’Afrique du Sud et du Kenya. Il est vrai que l’Etat sénégalais a très tôt fait preuve d’un fort engagement et accepté de financer le plan de riposte élaboré par les techniciens du ministère de la Santé et de l’action sociale. Néanmoins, l’expérience d’Ebola nous a montré toutes les difficultés rencontrées par nos systèmes sanitaires à répondre efficacement des défis de ce genre.
Forces et faiblesses du système de santé
Dans notre pays, la pratique médicale porte encore les stigmates de l’approche coloniale, qui était surtout centrée sur le contrôle des endémies (trypanosomiase, malaria, pian, variole), d’où sa structuration verticale.
Après son accession à la souveraineté nationale, notre pays, le Sénégal, a hérité de cette organisation du système, avec prédominance de la composante curative.
C’est sous ce prisme qu’il faut comprendre l’institutionnalisation progressive des pratiques de planification, découlant de la Déclaration de la politique de santé et d’action sociale de juin 1989, qui a consacré l’approche programme. Ces orientations qualifiées, à l’époque, de nouvelles se sont matérialisées à travers un premier Plan national de développement sanitaire (Pnds), pour la période 1998- 2007. Un second Pnds fut élaboŕé pour la période 2009-2018 et celui en cours va s’étendre de 2019 à 2028.
Il s’en suivra la mise en place d’une Direction de la planification, de la recherche et des statistiques (Dprs) et d’une Direction générale de la santé (Dgs) en vue du renforcement des activités de suivi-évaluation des activités de planification à travers la pyramide sanitaire et de mise en cohérence de la composante socio-sanitaire, avec le rattachement de l’action sociale au Msas.
Outre ces acquis réels à consolider, il faut également saluer quelques initiatives louables comme une meilleure disponibilité et accessibilité financière des produits contraceptifs, l’introduction de nouveaux antigènes dans le programme élargi de vaccination et la mise en branle de la couverture sanitaire universelle incluant des initiatives de gratuité telles que la prise en charge des enfants de moins de cinq ans et celle des personnes âgées de plus de 60 ans (plan Sésame).
Malgré tous ces efforts, l’absence d’une politique de santé en conformité avec les Objectifs de développement durable (Odd) a été déplorée, la dernière version remontant à la Déclaration de la politique de santé et d’action sociale évoquée précédemment. Elle se répercute sur les différents piliers du système sanitaire. Il ressort donc de l’analyse sommaire des points forts et des faiblesses du système de santé sénégalais, en se basant sur les six piliers de l’Oms, une vulnérabilité certaine malgré l’existence de certains acquis indéniables.
Effets contradictoires d’un défi sanitaire inhabituel
En effet, malgré leur apparente simplicité, les gestes barrières exigent, en un laps de temps, des changements de comportement touchant aux relations sociales, à la culture et même à la religion. On a finalement réalisé qu’une communication sur les risques avait des implications socio-anthropologiques, nécessitant l’engagement communautaire et ne saurait se limiter à la simple diffusion de spots radiotélévisés.
Jamais épidémie n’aura suscité autant de rumeurs folles et de théories complotistes découlant de la domination économique et culturelle de nos pays et alimentées par l’interventionnisme de nouvelles fondations, comme celle de Bill & Melinda Gates, prétendument philanthropiques, mais très engagées dans la défense et la promotion des valeurs du libéralisme économique.
En frappant durement les pays industrialisés et en épargnant relativement les pays à revenus faibles, le Covid-19 a brouillé les repères et paradoxalement renforcé le sentiment de fierté des pays africains mis à mal par des siècles de brimades et d’humiliations. Forts de leur expertise dans la lutte contre les épidémies, plusieurs d’entre eux ont fait preuve, tout au moins au début, de méthode, de rigueur et de savoir-faire, une démarche contrastant avec les tergiversations des leaders des principales puissances occidentales, dont la gestion catastrophique de la pandémie a induit d’énormes coûts financiers et humains.
Cette situation a également ouvert, dans nos pays, de nouveaux espaces à la médecine traditionnelle et aux plantes médicinales, contribuant à magnifier la recherche médico-pharmaceutique locale. La crainte de la contagion par le Sars-Cov2 a drastiquement réduit le taux de fréquentation des structures de soins, avec rupture de la continuité des services. Cela a engendré une prolifération de pathologies non Covid dépistées et/ou prises en charge tardivement, avec des risques accrus de complications fatales par manque de suivi. L’autre hantise omniprésente au cours de cette pandémie est le risque de débordement des capacités des structures de soins, surtout dans nos pays à revenus faibles ayant des systèmes sanitaires fragiles. C’est pour minorer l’impact de cette rupture de la continuité des services et écarter tout risque de dépassement des capacités de prise en charge des cas sur la santé des populations que les sociétés savantes de notre pays ont réfléchi sur la redéfinition des parcours de soins dans les structures sanitaires.
Plusieurs experts dans plusieurs disciplines médico-pharmaceutiques ont également adopté des algorithmes de prise en charge depuis le domicile jusqu’à l’hôpital de niveau 3, en fonction de la gravité du tableau clinique. Jamais auparavant, les enjeux financiers qui agitent le monde médical ne sont apparus de manière aussi flagrante aux yeux de l’opinion, se manifestant par une âpre bataille autour de l’arsenal thérapeutique utilisé pour la prise en charge étiologique des cas de Covid-19, que l’Oms s’est avérée impuissante à arbitrer. Malheureusement, la fabrication du vaccin anti-Covid-19, qui constitue le dernier espoir de juguler cette pandémie dévastatrice, a, elle aussi, subi les contrecoups des rivalités géopolitiques entre la Chine, la Russie et les pays occidentaux, mais aussi et surtout des convoitises financières des laboratoires occidentaux.
Que faire pour renforcer la capacité de résilience du système sanitaire ?
La résilience est un concept nouveau, que l’épidémie de la fièvre à virus Ebola survenue en Afrique de l’Ouest (2014-2016), a contribué à davantage populariser, qui traduit la capacité des systèmes de santé à réagir à des chocs externes.
De fait, les systèmes de santé des 3 pays les plus atteints à l’époque (Guinée, Liberia et Sierra-Leone) avaient des capacités limitées. Les dysfonctionnements touchant plusieurs fonctions du système de santé généralement considérées comme essentielles, avaient alors empêché, la mise sur pied d’une riposte appropriée et rapide face à la flambée.
Dans des pays comme le Nigeria et le Sénégal ayant des systèmes sanitaires un peu mieux structurés, l’épidémie avait pu être circonscrite et/ou rapidement maîtrisée. Pour ce qui est de la présente pandémie du Covid-19, certains facteurs ont fragilisé la riposte. Il s’agit de défaillances flagrantes dans le management des ressources humaines, ce qui est désastreux, quand on sait le rôle crucial que jouent les agents de santé dans la gestion des crises émergentes et dans le maintien des services de santé lors de situations de calamité publique durable. L’Etat a dû procéder à des enrôlements intempestifs de personnels temporaires pour combler les gaps en matière de ressources humaines.
Les équipements de protection étaient insuffisants au début et ont été prioritairement affectés aux agents de santé travaillant dans les Centres de traitement des épidémies (Cte), centres dédiés à la prise en charge des cas confirmés de Covid-19. Ensuite, il a été déploré le retard de paiement des honoraires des agents recrutés dans les centres de traitement des épidémies, ce qui a contribué à les démotiver.
Contrairement aux autres crises sanitaires, qui touchaient essentiellement le continent africain, cette pandémie du Covid-19 a davantage atteint les pays développés, compromettant ainsi le soutien habituel des Partenaires techniques et financiers (Ptf), qui renforçait, tant soit peu, la résilience des systèmes de santé africains. Plusieurs fonctions du système de santé que l’on considère généralement comme essentielles ont connu des reculs.
Il en est ainsi des ressources humaines, de l’infrastructure, la logistique, l’information sanitaire, la surveillance, la gouvernance et des systèmes d’approvisionnement en médicaments. Il faut saluer la gratuité de la prise en charge des cas de Covid-19 par les structures sanitaires.
Néanmoins, le contexte du financement de la santé était marqué par la faiblesse des dépenses gouvernementales, des retards de remboursement des dettes dues aux structures et de mise à disposition des subventions. Au même moment, les dépenses privées –qui prenaient principalement la forme de paiements directs des services de santé par l’usager (out-ofpocket payments)– étaient relativement importantes. Habituellement, l’aide extérieure dans le domaine de la santé est prioritairement orientée vers des pathologies spécifiques, dans le cadre du Fonds mondial (infection due au virus de l’immunodéficience humaine, paludisme et tuberculose), et dans une moindre mesure, vers la santé reproductive (services de santé de la mère et de l’enfant).
L’incapacité de l’Etat à assurer un financement satisfaisant du système de santé est aggravée par l’allocation inéquitable et l’utilisation inefficiente des ressources dévolues aux différentes structures sanitaires, notamment celles hospitalières. Le plan d’investissement récemment élaboré par le gouvernement sénégalais a pour ambition de répondre à cette exigence, de procéder, le plus vite possible, à des investissements importants et à des réformes adéquates dans les systèmes de santé. Faute de quoi, les faiblesses préexistantes des systèmes de santé s’aggraveront.
Les gouvernements nationaux doivent élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à rendre leurs systèmes de santé plus solides et plus résilients. Les ressources allouées à la santé et aux autres secteurs sociaux sont apparues durant cette pandémie, plus que jamais comme les investissements utiles et non comme des gouffres financiers, que les gouvernements ont toujours cherché à éviter.
Dans le même ordre d’idées, la lutte contre le Covid-19 a aussi mis en évidence le besoin d’une plus grande flexibilité aussi au plan du capital humain (renforcement de compétences en prise en charge des urgences, réanimation, santé communautaire...), qu’à celui de la réallocation budgétaire. Il faut impérativement relever de nouveaux défis (extrême contagiosité, confinement...) liés à la nécessité d’une nouvelle approche contre la dépendance (personnes âgées, handicapées et malades mentaux...).
Au vu des ravages causés par le Covid-19 au niveau de groupes vulnérables, sans protection sociale (travailleurs licenciés, minorités ethniques surtout aux Usa...), n’est-il pas temps pour les gouvernements d’accorder la primauté à la couverture sanitaire universelle face aux schémas de médecine individuelle et/ou privée ? Partout dans le monde, mais plus particulièrement dans les pays à revenus faibles et intermédiaires se pose la question de la souveraineté alimentaire et sur celle dans des secteurs aussi sensibles que les médicaments, les technologies...
La pandémie du Covid-19 est un révélateur des dysfonctionnements dans la gouvernance des problématiques socio-sanitaires, qui répondent à de nombreux déterminants sociaux. Ces défis embrassent la totalité de la sphère socio-économique, y compris les questions culturelles et environnementales. C’est dire que l’humanité entière est interpellée sur l’urgence et la nécessité d’opérer des ruptures courageuses dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. A défaut, c’est l’avenir de l’espèce humaine, qui pourrait être en jeu.
Dr Mohamed Lamine LY
Spécialisé en santé publique
Pour la version complète, se référer au lien suivant : https://www.nioxor.com/2021/ 07/pandemie-de-la-covid-19- lecons-apprises-etperspectives.html
LE DIGITAL, L’ECONOMIE D’UN FUTUR DEJA PRESENT
Dorénavant, l’artiste crée, se produit et gagne de l’argent sans sortir de son studio ou de son atelier. Bienvenue dans le futur !
Avec la crise sanitaire, une nouvelle économie voit le jour. Il s’agit de la digitalisation des œuvres artistiques. Dorénavant, l’artiste crée, se produit et gagne de l’argent sans sortir de son studio ou de son atelier. Bienvenue dans le futur !
Il n’est pas nécessaire d’être un oracle ou un doctorant pour savoir que le monde ne sera plus jamais comme avant après le passage du Covid-19. Des pandémies de ce genre sont à prévoir à l’avenir selon les spécialistes. A cet effet, il va falloir s’adapter. Le monde culturel, plus que les autres secteurs, devra trouver le moyen de faire vivre ses acteurs.
Yousssou Ndour, toujours premier dans l’innovation, a flairé la bonne affaire. En effet, contraint de surseoir ses activités de production à cause de la pandémie et obligé de s’acquitter des charges liées à la gestion de son orchestre, le leader du Super Etoile avait initié une série de concerts depuis son domicile. Si Fitey est présenté comme un moyen non négligeable de sensibiliser sur les gestes barrières et le respect du couvre-feu à l’époque, il n’en a pas moins été une formidable machine à sous.
En effet, diffusée sur les réseaux sociaux et sur la Tfm, cette série de concerts, à défaut de combler le manque à gagner par les tournées, a pu au moins prendre en charge une partie des salaires de l’orchestre. Avec les rémunérations que Youtube propose, Youssou Ndour encaisse un montant considérable. Avec le sponsoring de deux grandes entreprises, la Tfm ne s’en est pas plainte. Sur la Toile, des gens prompts à s’indigner sur tout et sur rien n’ont pas ménagé le Pdg du groupe Futurs Médias. Ils sont même allés jusqu’à l’accuser de faire de l’argent sur la misère de la population. Peut-on vraiment reprocher à une personne qu’il fasse fructifier son investissement ? Doit-on vraiment empêcher un artiste de se produire à son domicile sous prétexte que la situation sanitaire est grave ? Pour les fans, ces interrogations ne se posent pas.
Profiter en famille de 30 minutes de spectacle gratuit ne se refuse pas en ces temps moroses. Si Youssou Ndour qui a un empire médiatique peut se permettre cela, ce n’est pas le cas de tous les autres artistes. Ngaaka Blindé qui a vu son concert de Kaolack annulé à cause de la pandémie, ne dira pas le contraire. Tout comme le Festa2h qui a annulé 2 éditions du plus grand festival de cultures urbaines en Afrique de l’Ouest. Dans cette logique, comment continuer à vivre de son art en cette période ?
Les réseaux sociaux ont un début de réponse. En effet, grâce à la rémunération que propose Youtube, des musiciens gagnent leur vie en ligne. Il suffit d’avoir 2 mille abonnés sur la plateforme et de capitaliser mille heures de visionnage avant de toucher au jackpot. Youtube n’est pas la seule à proposer une monétisation du contenu. Tik Tok et Instagram ont pratiquement la même politique. En même temps, les plateformes digitales de distribution de musique se chargent de la vente des albums. Les arts visuels ne sont pas en reste.
En effet, articurial organise régulièrement des ventes aux enchères des tableaux des artistes du monde entier. Le 15 juin dernier, l’artiste-plasticien, Alioune Diagne, a vendu deux de ses tableaux à 32 et 29 millions Cfa sans bouger de son atelier. Une performance qui doit inspirer sa génération. Elzo, Dip, Ngaaka, Samba Peuzzi et Ash the best l’ont compris. Ils ont chacun une communauté de plusieurs milliers de personnes qui leur permettent de vivre de leur art. C’est aujourd’hui à la vieille génération de les suivre pour s’adapter au monde qui vient, et de pouvoir garder leur dignité en vivant de leur passion.
«ALIOU CISSE DOIT METTRE LE PAQUET POUR TROUVER SON OSSATURE»
Dans cette seconde partie de l’interview qu’il a accordée à «L’AS», l’ancien international sénégalais, passé par Marseille et le PSG, déplore la situation et invite les dirigeants à plus de travail
Il est inadmissible que l’équipe nationale de football du Sénégal ne puisse pas jouer dans la capitale. C’est le coup de gueule de Boubacar Sarr «Locotte». Dans cette seconde partie de l’interview qu’il a accordée à «L’AS», l’ancien international sénégalais, passé par Marseille et le PSG, déplore la situation et invite les dirigeants à plus de travail. L’ancien du «Dial Diop» de Dakar s’est également prononcé sur la méthode «Aliou Cissé», à la tête de l’équipe nationale depuis plusieurs années déjà. Pour «Locotte», gagner le titre continental n’est pas une chose facile. Mais il estime que le coach des «Lions» doit vite trouver la solution pour répondre aux exigences des dirigeants.
LAS : Ancien joueur du Psg, vous avez intégré le staff technique de ce club comme entraîneur adjoint. Etiez-vous déjà préparé à cette reconversion ?
Boubacar Sarr ‘’Locotte’’ : Oui, j’étais un peu préparé. Dans plusieurs équipes dans lesquelles j'étais passé, j'étais capitaine ou capitaine adjoint. Donc je discutais beaucoup tactique de jeu avec mes entraîneurs et les joueurs. Je faisais aussi partie du syndicat des joueurs qui s’appelait UNFP. La passion d'entraîneur, je l’avais quand j'étais encore joueur. J’aimais beaucoup ce métier d'entraîneur. Le plus souvent les mercredis, quand on ne jouait pas ou que les jeunes n’avaient pas école, je n'hésitais pas à aller travailler avec les gamins de 12 à 14 ans. J’avais déjà cette envie de devenir entraîneur. C’est ce qui m’a poussé à embrasser plus tard ce difficile métier.
Vous avez eu à diriger l’équipe nationale du Sénégal. C’était facile de diriger une sélection à l’époque ?
J’avoue que c’était dur à l’époque, parce qu’on n'avait pas le droit d’appeler plusieurs joueurs qui évoluent en Europe. Le règlement de la FIFA autorise, de mémoire, d’avoir deux ou trois professionnels au plus dans des équipes nationales africaines. Ce n’était pas évident, comparé à ce qui se passe actuellement où le sélectionneur peut disposer de 23 joueurs professionnels qui évoluent à l’étranger. C’était une période vraiment difficile pour nous. Je retiendrai cependant qu’à l’époque, on avait un peu lancé beaucoup d’anciens footballeurs, Jules Bocandé et moi-même, afin qu’ils deviennent entraîneurs. Nous leur avons en quelque sorte transmis la passion. Aliou Cissé est aujourd’hui à la tête de l’équipe nationale du Sénégal.
Comment jugez-vous son travail, après plus de six ans sur le banc ?
Depuis l’arrivée de Aliou Cissé, l’équipe nationale du Sénégal a beaucoup progressé. Il ne faut pas oublier que l’équipe s’est qualifiée pratiquement pour toutes les grandes compétitions internationales. Il y a le Mondial 2018 en Russie par exemple, même si cela a été très difficile. Mais c’était une chose très positive. L’équipe a été jusqu’à la finale de la Can pour une deuxième fois. C’est dommage que l'on perde ce match contre l’Algérie. Mais il faut toujours travailler plus et écouter les critiques. Certains disent qu’il est allergique aux critiques et n’écoute presque personne.
Partagez-vous cet avis ?
Certaines critiques sont à prendre en considération pour améliorer l’équipe. Il y a encore les éliminatoires de la Coupe du monde qui vont arriver très vite au mois de septembre. Il y a aussi la Can qui va se jouer au Cameroun en janvier prochain. Il faut que Aliou mette le paquet pour trouver son ossature. Ce qui va lui permettre aussi d’améliorer le jeu. Pour que la mayonnaise puisse bien prendre, la bonne ossature est primordiale. Au Sénégal, on a tellement de joueurs pétris de talent. Il faut s’appuyer sur une ossature qui va vous permettre de trouver votre équilibre d’équipe. C’est ce domaine à mon avis qu’on doit améliorer. Les gens vous décrivent comme un footballeur racé, avec une rare combinaison de technique et de puissance.
Est-ce que le jeu produit par l’équipe nationale vous séduit ?
Oui, il y a des moments où les joueurs pratiquent du bon jeu. Le dernier au stade de Thiès contre la Zambie, j’ai eu la chance de le voir. J’ai vu une très belle première mi-temps durant laquelle l’équipe a produit du très bon et beau football. En deuxième mi-temps, c’était un peu plus difficile. Il faut tout faire pour être régulier sur tout un match. Nous avons des joueurs de qualité qui sont également très talentueux. Il faut allier les deux. Il faut également donner la possibilité à nos individualités de bien s’exprimer sur le terrain. Si nos grosses individualités ne parviennent pas à faire la différence, il faut s’appuyer sur plus de collectif.
Selon vous, qu’est-ce qui manque à cette équipe nationale pour décrocher la Coupe d’Afrique ?
C’est vrai qu’on a la meilleure équipe en Afrique sur le classement FIFA. Mais gagner une coupe d’Afrique, ce n’est pas facile. Ce sont beaucoup de détails qui entrent en jeu. Non seulement il faut avoir du talent, mais également une bonne préparation. Avant la Can, il faut que les dirigeants puissent donner à l'entraîneur la possibilité de disputer des matchs amicaux contre de grandes nations du football, pour permettre à l’équipe de gagner en confiance notamment.
Le manque d’infrastructures est également une réalité. Trouvez-vous cela normal, dans un pays de footballeurs comme le Sénégal ?
Ce n’est pas normal qu'un pays comme le Sénégal n’arrive plus à jouer dans la capitale. C’est un point d’interrogation et c’est navrant pour notre football. On ne dispose que d’un seul grand stade…qui n’est pas actuellement en service. Recevoir le Nigeria ou le Cameroun au stade Léopold Sédar Senghor change tout avec la présence des supporters. C’est magnifique et cela donne une confiance à l’équipe. Il faut qu’on arrive à tout améliorer pour permettre à l’équipe de décrocher cette compétition africaine. On n’en est pourtant pas loin. On fait partie des meilleures équipes d’Afrique. Il faut le rappeler. C’est important qu’on puisse améliorer les infrastructures. Lors des derniers matchs amicaux, il y a certains joueurs qui se sont plaints de l’état de la pelouse. Ils ont tiré le signal d’alarme. Les infrastructures, c’est primordial pour les footballeurs.
Est-ce que l’idée de diriger une nouvelle fois l’équipe nationale du Sénégal vous traverse l’esprit ?
Je ne pense plus à diriger l’équipe nationale du Sénégal. On a beaucoup de jeunes entraîneurs qui ont beaucoup de talent et qui progressent. Il faut juste leur faire confiance et les aider. Moi, avec mon âge, je préfère juste être un conseiller. Avec l’expérience que j’ai accumulée, je suis en capacité de donner des conseils à tous les entraîneurs, éducateurs, etc. Je suis dans ce rôle qui me va très bien. Mais entraîner l’équipe nationale du Sénégal, c’est fini.
Témoin de plusieurs exploits des footballeurs sénégalais, le journaliste sportif Abdoulaye Diaw a été récemment honoré. N’est-ce pas une récompense méritée ?
Abdoulaye Diaw est le Ballon d’Or des reporters. Il a fait une magnifique carrière en tant que reporter. En plus, il a boosté pas mal la carrière de certains joueurs. Quand vous entendiez Abdoulaye Diaw au micro et que vous étiez sur le terrain, cela vous galvanisait. Il vous motivait à aller plus loin. Il a une voix magique. Pour son Sargal (ndlr : hommage qui lui est rendu), les gens ont très bien fait de l’initier et de le réaliser de son vivant parce que c’est important. Abdoulaye Diaw a donné beaucoup de plaisir et de prestige au sport sénégalais et en particulier au football.
15 000 FCFA PAR JOUR COMME RECOURS POUR LES PLUS NANTIS
Pour sauver les patients du covid-19 en détresse respiratoire, des sociétés privées proposent des séances d’oxygénothérapie à domicile. «L’oxygène est inflammable et il y a des risques d’explosion dans les maisons»
Pour sauver les patients du covid-19 en détresse respiratoire, des sociétés privées proposent des séances d’oxygénothérapie à domicile. En effet, il faut juste les contacter par téléphone en leur faisant parvenir l’ordonnance du médecin et une équipe est déployée chez le patient à raison de 20 000 F pour la pose de la bouteille d’oxygène et 15 000 F par jour pour l’oxygénothérapie.
La question de l’accès à l’oxygène pour les malades graves du covid-19 occupe les débats depuis un moment. Le ministre de la justice était même sorti de sa réserve pour démentir les informations selon lesquelles les structures publiques étaient en manque d’oxygène. En effet, certains médecins, essayant de tirer la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation, sont allés plus loin en affirmant que tous les lits étaient déjà occupés.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, des sociétés privées évoluant dans la vente d’oxygène ont pris à bras-le-corps ce problème lié à l’accès à l’oxygène par les malades du Covid. «Nous mettons à la disposition des Sénégalais des concentrateurs d’oxygène pour les patients atteints de Covid-19, avec un débit jusqu’à 10L/minute» ; ou encore : «Vous n’aurez pas besoin de prendre beaucoup de bouteilles, c’est pratique». Ce sont par ces tweets accrocheurs avec des numéros de téléphones opérationnels que des sociétés privées font la promotion de leurs activités d’oxygénothérapie. En effet, elles proposent des séances d’oxygénothérapie aux malades ayant une détresse respiratoire à domicile. Joint au téléphone, un personnel travaillant dans une des sociétés nous renseigne sur le procédé qui paraît simple. «Il suffit juste d’appeler sur un de nos numéros qui accompagnent nos différentes affiches en nous faisant parvenir l’ordonnance prescrite par un médecin», déclare notre interlocuteur.
A l’en croire, l’ordonnance est très importante dans la mesure où elle renseigne sur le débit à utiliser. «L’infirmier est à votre charge, on livre juste l’oxygène et c’est 15 000 F par jour et 20 000 F à l’installation», poursuit-il. Un business sûrement lucratif qui permet de sauver la vie à des centaines de personnes qui sont en détresse respiratoire et qui ne parviennent pas à disposer de place dans les hôpitaux publics. Comme c’est le cas de notre interlocuteur qui affirme avoir sauvé son malade grâce à ces séances d’oxygénothérapie à domicile. «J’avais un malade mais j’ai sillonné tous les hôpitaux et on m’a dit qu’il y avait un manque d’oxygène. Le patient était en détresse jusqu’à perdre conscience.
Finalement des médecins m’ont orienté. Et c’est à la zone industrielle de la Sodida que je me suis procuré l’oxygène», renseigne-t-il sous le couvert de l’anonymat. A l’en croire, il faut donner 60 000 F en guise de garantie pour la bouteille et pour la charge, il faut payer plus de 47 000 F. «Les gens meurent par manque d’oxygène alors que des structures privées peuvent nous donner de l’oxygène même si c’est payant», dit-il au passage. Joint au téléphone, un autre sociétaire renseigne qu’il a épuisé tous ses stocks d’oxygène. « Il n’y a plus de stock disponible actuellement, tout a été utilisé», se réjouit-il.
Néanmoins, il confirme qu’il faut une ordonnance dûment prescrite par un médecin et un infirmier pour faire faire l’oxygénothérapie. « Si vous ne remplissez pas ces conditions, notre équipe ne pourra pas se déplacer. Cette question liée à l’oxygénothérapie à domicile remet sur le tapis la question de la sécurisation de nos structures sanitaires.
En effet, la pandémie de Covid a montré à suffisance que certains Sénégalais profitent de la situation pour faire développer leurs commerces.
DR AMATH DIOUF, DIRECTEUR DES INFRASTRUCTURES : «L’oxygène est inflammable et il y a des risques d’explosion dans les maisons»
De l’avis du directeur des infrastructures, de l’équipement et de la maintenance au ministère de la Santé et de l’Action sociale, l’oxygénothérapie à domicile est une pratique dangereuse qui expose les familles. «L’oxygène est inflammable et il y a des risques d’explosion dans les maisons», a affirmé la blouse blanche. D’autant plus que, poursuit-il, cela doit être manipulé par une personne assermentée.
A l’en croire, «l’oxygène est gratuit et en quantité suffisante dans les structures publiques». En effet, a estimé docteur Amath Diouf, les privés qui vendent de l’oxygène sont nombreux, il y a une possibilité de vérifier et encadrer cela. Dans la mesure où le ministère a des fournisseurs d’oxygène dans le privé.
Rappelant que des cas similaires ont été notés avec les faux tests, il juge intolérables de tels actes. «On ne peut autoriser que des gens fasse de l’oxygénothérapie dans les maisons», grogne-t-il. Surtout que pour le moment, « on n’a pas un manque d’oxygène».
Il renseigne que le ministère est en train de tout faire pour que les hôpitaux ne soient pas en manque d’oxygène. Pour cela, on a des centrales d’oxygène qui produisent en l’air mais avec la forte demande, un malade peut consommer jusqu’à 15 L en 8 mn. Donc si tu as beaucoup de malades, la pression baisse», déclare le docteur Diouf. Non sans préciser que le ministère est en train de renforcer avec des racks d’oxygène, c’est-à-dire un cylindre de 24 bouteilles qui donne suffisamment d’oxygène pour que les patients ne soient pas en manque
MACKY SALL REVEILLE DIOUF SARR ET CIE A 3H DU MATIN
Déterminé à réussir la gestion de la covid-19, Macky Sall a surpris le ministre de la Santé et ses collaborateurs à 3 heures du matin hier, leur annonçant qu’il allait faire une descente dans les CTE de Dakar pour constater de visu la situation
Le Président Macky Sall s’est rendu hier à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff, à l’hôpital de Fann et à l’hôpital Principal, pour s’enquérir de l’état des Centres de traitement des épidémies (CTE). une visite inopinée qui, selon des informations de «L’AS», a été décidé à 3 heures du matin par le locataire du Palais.
La confiance n’exclut pas le contrôle. Déterminé à réussir la gestion de la covid-19, le Président Macky Sall a surpris le ministre de la Santé et ses collaborateurs à 3 heures du matin hier, leur annonçant qu’il allait faire une descente dans les Centres de traitement des épidémies (CTE) de Dakar pour constater de visu la situation.
Ainsi, le chef de l’Etat s’est-il rendu à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff, à l’hôpital de Fann et à l’hôpital Principal. A l’issue de sa visite, le locataire du Palais, visiblement satisfait du travail du département ministériel dirigé par Abdoulaye Diouf Sarr, a renouvelé toute sa reconnaissance ainsi que sa profonde gratitude au corps médical, paramédical et au personnel de soutien, précisant qu’il a pu mesurer le niveau de leur engagement et de leur dévouement, nuit et jour, au front de la lutte contre la Covid-19, pour le salut du Sénégal.
Le président de la République a également fait une déclaration pour parler de la maladie. « Cette troisième vague avec le variant Delta qui est très transmissible d’après les experts et qui peut avoir un temps d’incubation plus court fait qu’on a une contamination très rapide. Malgré cela, nous avons un système de santé résilient. Dalal Jamm, Idrissa Pouye de Grand Yoff, Fann, Dantec, Principal, Hangar des pèlerins, partout, le ministère de la Santé a déployé des moyens importants pour renforcer les capacités en lits, en lits de réanimation mais également surtout la fourniture en oxygène puisque c’est un intrant extrêmement important dans cette phase », a expliqué Macky Sall.
Poursuivant, il a ajouté : « j’ai visité à Fann le Samu National, le COUS. Tous les services sont mobilisés. La première remarque, c’est que nous avons un personnel de santé extrêmement dévoué, engagé, que ce soit le personnel médical, les professeurs, les médecins ou le personnel paramédical, je tiens à les remercier au nom de la nation toute entière. Depuis le mois de mars 2020, c’est aujourd’hui plus de 16 mois qu’ils sont sur le pied de guerre, jour et nuit.
Ainsi, nous devons tous les aider à nous aider. Les aider à pouvoir contenir. Pour cela, notre part dans ce combat, c’est de respecter les mesures barrières, le port obligatoire de masque en sachant que nous sommes en pleine pandémie, le lavage des mains mais surtout la vaccination. Nous avons un stock autour de 500 mille vaccins atteints ».
Abordant la campagne de vaccination, le chef de l’Etat a donné des nouvelles rassurantes. « Au mois d’août, nous attendons des milliers voire un à deux millions de vaccins. J’invite la population à aller se faire vacciner, à réduire les déplacements non nécessaires pour permettre au système de santé de ne pas être débordé. A partir du moment où nous atteindrons certains niveaux, les hôpitaux ne pourront plus satisfaire la demande et c’est ce qu’il faut éviter à tout prix. De grands pays sont arrivés à ce stade, je suis convaincu qu’ensemble nous pourrons faire en sorte que le Sénégal soit résilient et qu’avec le corps médical, le MSA, la population, grâce à leurs efforts, nous puissions vaincre cette troisième vague », déclare-t-il, informant que l’Etat a déployé des moyens qui n’ont jamais été mis dans le secteur de la santé au Sénégal. « Entre le mois de mars et maintenant, c’est plus de 130 milliards de francs réservés uniquement à la riposte sanitaire, compte tenu du budget du MSAS qui a doublé entre 2012 et maintenant. On est passé de 115 milliards à 250 milliards pour le budget du ministère de la Santé. Les 130 milliards ont permis de mettre à niveau les hôpitaux.
Au début de la pandémie, on avait quasiment très peu de respirateurs au Sénégal. Quand on voit la situation, on peut se rendre compte que des efforts ont été faits. Je suis très satisfait et nous allons poursuivre les efforts de l’Etat pour accompagner le ministère et l’ensemble des établissements hospitaliers », a annoncé Macky Sall.
A LA DATE DU 31 MARS, LE TAUX D’EXECUTION ETAIT SUPERIEUR A 70%
En raison de la troisième vague, le comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force-Covid-19) a présenté hier par visioconférence son rapport final au public
D’avril 2020, soit un mois après l’irruption de la Covid19 au Sénégal, à la date du 31 mars 2021 coïncidant avec l’arrivée à terme des activités du comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds (Force-Covid-19), le Programme de résilience économique et social a connu un taux d’exécution supérieur à 70 %.
En raison de la troisième vague, le comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force-Covid-19) a présenté hier par visioconférence son rapport final au public.
En effet, dans ce document de 213 pages avec 13 annexes et 11 tableaux, le général de division, François Ndiaye, par ailleurs, président du comité dudit comité et ses équipes ont retracé la mise en œuvre des opérations par axe, au nombre de quatre, et par Ministère, au total 33.“A l’heure du bilan, le PRES, instrument d’intervention de l’Etat dans la vie économique et sociale du pays pendant la pandémie, affiche un taux d’exécution supérieur à 70%.
C’est ainsi que les ressources mobilisées s’élèvent à 773,214 milliards FCFA et les montants payés à 672, 172 milliards de FCFA”, apprécient le général François Ndiaye et ses équipes, au regard du contexte. Concernant le bilan financier de l’axe 1 consistant au renforcement du secteur de la Santé, le rapport final indique que les prévisions budgétaires pour couvrir toutes les dépenses liées à la riposte dans le secteur de la santé étaient de 64,4 milliards FCFA. Mais avec l’évolution de la pandémie, elles ont évolué pour atteindre 77,8 milliards FCFA, puis 112,317 milliards FCFA à la date du 31 mars 2021, soit un taux d’exécution de 135,18%, à l’exclusion des autres dépenses du Pilier 1. “Pour couvrir toutes les dépenses liées à la riposte contre la COVID-19, le MSAS a, à travers le Pilier 1, dépensé 86 636 366 191 milliards FCFA. En plus de ce montant, 18 537 534 869 FCFA ont été payés pour des activités liées à la lutte et non gérées directement par ce ministère. Au total, ce pilier avait un budget d’un montant engagé de 112 317 416 483 FCFA et effectivement payé à 105 173 901 060 FCFA à la date du 31 mars 2021”, relève le document.
En ce qui concerne le bilan financier de l’axe 2, notamment le renforcement de la résilience sociale des populations, y compris nos compatriotes vivant à l’étranger, 97 226 486 699 FCFA ont été payés sur un montant alloué de 103 milliards FCFA, soit un taux d’exécution de 94,39%, précise le rapport final du comité de suivi des opérations du Fonds force-Covid-19. Sur le bilan financier des opérations, le général François Ndiaye et ses équipes constatent que la distribution des kits alimentaires a tenu en haleine beaucoup de Sénégalais, compte tenu de l’ampleur de l’opération et des suspicions autour de la sélection des fournisseurs de riz. “Après un croisement minutieux des données, il ressort que des économies ont été faites.
En effet, sur 69 milliards FCFA de budget prévisionnel, seuls 64 150 834 604 FCFA ont été dépensés, soit un solde de 4 849 165 396 CFA”, retrace-t-on dans le document. S’agissant de la préservation de la stabilité macro-économique et financière pour soutenir le secteur privé et maintenir les emplois, les ressources totales dédiées à cet axe comprennent notamment : “302 milliards FCFA, revus à 200 milliards FCFA, au titre des paiements dus aux fournisseurs de l’Etat ; 200 milliards FCFA de remise partielle de la dette fiscale ; 171,6 milliards CFA de TVA suspendue, suppression de paiement d’impôts, etc. 100 milliards FCFA de soutien aux secteurs les plus touchés ; 70 milliards FCFA pour le mécanisme de garantie auprès des banques”. Globalement, indique le rapport, le taux d’exécution de l’axe 3 est le plus faible du Programme de Résilience Économique et Sociale. “Il dépasse légèrement 55%. En effet, certains aspects de la mise en œuvre de ce pilier ont connu une avancée timide. Seule l’économie formelle a été prise en compte et il a été noté l’absence de programme destiné spécifiquement à la jeunesse qui constitue 69% de la population”, commentent les auteurs du rapport.
Et enfin, pour le quatrième axe consacré à l’approvisionnement régulier du pays en hydrocarbures, produits médicaux, pharmaceutiques et denrées de première nécessité, il a été mis en œuvre essentiellement par cinq ministères : le MPE, le MCPME, le MSAS, le MEA et le MAER. Sur le bilan financier des opérations, sur les 77,6 milliards FCFA initiaux, 112,717 milliards FCFA ont été exécutés, soit un taux de réalisation de 145,25%, et un dépassement de plus 35 milliards FCFA.
LA CASAMANCE SUSCEPTIBLE D’ETRE UN TERREAU FERTILE
Le conflit casamançais a servi de prétexte au CHEDS pour étudier l’extrémisme violent sous toutes ses formes au Sénégal et proposer des moyens de prévention.
Le Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS) a publié un document sur le rôle de la société civile dans la prévention de l’extrémisme violent au Sénégal en prenant le cas de la Casamance. Mieux, il fait état des nouvelles formes de menaces auxquelles le Sénégal est exposé et des stratégies à développer pour faire face aux défis sécuritaires.
Le conflit casamançais a servi de prétexte au CHEDS pour étudier l’extrémisme violent sous toutes ses formes au Sénégal et proposer des moyens de prévention. Selon l’organisation, l’apparition de nouvelles menaces dites «asymétriques» et l’échec des réponses exclusivement militaires ont mis en exergue la nécessité d’une approche holistique de la sécurité, mettant en avant l’individu à la fois victime et acteur.
Poursuivant, elle affirme que les manifestations de l’extrémisme violent ont fait ressortir un ensemble de facteurs complexes révélant non seulement l’idéologie religieuse, mais aussi et surtout des facteurs structurels liés à l’exclusion sociale, au chômage, aux problèmes liés à la santé et au développement, mais aussi à la démocratie et à la gouvernance.
Ainsi, à en croire le CHEDS, le Sénégal, malgré une relative stabilité, n’est pas à l’abri de l’extrémisme violent. Surtout que, dit-il, le contexte sécuritaire au sud du pays marqué par une situation ambigüe de «ni guerre ni paix», avec le conflit casamançais (à travers le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC), peine à être réglé définitivement. «Si l’on sait que l’extrémisme violent se nourrit souvent de conflits non résolus, le risque existe de voir la Casamance devenir un terreau fertile à sa propagande, d’où la nécessité de l’instauration d’une paix définitive dans la région et de stratégies efficaces de prévention de l’extrémisme violent», prévient le CHEDS.
STRATEGIES POUR FAIRE FACE AUX DEFIS SECURITAIRES
Par ailleurs, le CHEDS alerte sur l’existence de facteurs endogènes et exogènes qui font que le Sénégal n’est pas à l’abri de l’extrémisme violent. De plus, note-t-il, le contexte actuel marqué par la porosité des frontières requiert l’harmonisation des stratégies de sécurité. Non sans indiquer que l’élaboration d’un Livre blanc sur le rôle de la société civile dans la sécurité pourrait aider à mieux appréhender les attentes parfois complexes des populations. Aussi, cela pourrait permettre de mener des études de perceptions indispensables à la prévention, afin d’éviter les écarts entre les attentes populaires et les réponses apportées par les décideurs politiques.
De même, à en croire toujours le CHEDS, il aiderait à harmoniser les actions des organisations de la société civile pour une plus grande efficacité. Il informe d’ailleurs que l’initiative a déjà été prise par les Femmes en Casamance avec le «Livre Blanc pour la paix durable en Casamance : Perspectives des Femmes et Populations locales» qui gagnerait à être mieux exploité. Le CHEDS de marteler également que le Sénégal gagnerait à élaborer et à consigner une stratégie de prévention de l’extrémisme violent dans un document de politique nationale qui permettrait d’harmoniser et d’établir un plan d’action structuré. Celui-ci sera ainsi fondé sur une approche inclusive de la sécurité et prenant en compte les causes profondes de l’extrémisme violent. Il a été aussi préconisé la création d’organes de relais entre décideurs politiques et communautés locales qui pourraient s’avérer utiles dans la collecte d’informations fiables sur les attentes populaires et les différentes perceptions.
De même, il a été conseillé d’introduire d’autres modules sur le civisme, le patriotisme, la tolérance et l’acceptation des différences dans les écoles élémentaires. Sans compter des initiatives telles que le lancement de programmes de relance économique pour lutter contre le chômage et le désœuvrement, en soutenant par exemple l’entrepreneuriat des jeunes ; la promotion des actions de bonne gouvernance et de démocratie dans la gestion des affaires publiques et locales ; la création d’espaces de partage entre les FDS, les populations et les politiques à tous les niveaux ; la conception et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent.
En définitive, selon le CHEDS, le Sénégal, qui se trouve géographiquement dans une zone ouest africaine lourdement affectée par l’extrémisme violent, devrait redoubler de vigilance et suivre de très près les expériences des pays déjà touchés et qui pourraient lui être utiles dans sa politique de prévention, notamment par l’implication de la société civile. «Il devrait aussi tirer profit de l’expérience casamançaise en matière de recherche de la paix, dans la mesure où la société civile, à travers les femmes, les jeunes, les médias, les représentants coutumiers et religieux, de même que certaines organisations, a joué un rôle déterminant», lit-on en définitive dans le document.