SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 septembre 2025
SEDHIOU, LES 35% D’ABRIS ET LES 394 DEPARTS D’ENSEIGNANTS RISQUENT RETARDER LES ECHEANCES
A l’exemple de toutes les collectivités régionales du Sénégal, Sédhiou se prépare à faire fonctionner ses écoles dès le jour de la rentrée des classes prévue ce jeudi 14 octobre
A l’exemple de toutes les collectivités régionales du Sénégal, Sédhiou se prépare à faire fonctionner ses écoles dès le jour de la rentrée des classes prévue ce jeudi 14 octobre. Ce pari demeure une gageure pour un lot important d’écoles sous abris provisoires. La région en compte 35% et pendant ce temps, 394 enseignants ont quitté la région pour aller servir ailleurs dans le pays au travers du mouvement national. A cela, s’ajoute certaines écoles quoique minimes, qui ne sont pas encore entièrement nettoyées. Du côté de l’inspection d’académie de Sédhiou, des assurances sont données quant à la mise en marche rapide des établissements scolaires en rapport avec les acteurs du système à la base.
La reprise du service était effective le lundi 11 octobre pour l’essentiel des enseignants de la région de Sédhiou. Les différents chefs d’établissement ont tenu une assemblée générale de rentrée dans la matinée ce jour et ont donné les grandes orientations de l’année scolaire. Au lycée Ibou Diallo, le proviseur Mamadou Mané nous a rassurés de la présence à 98% de son personnel et Bernard Bassène celui du lycée de Goudomp qui était tout aussi en pleine séance d’animation de son assemblée de rentrée atteste qu’un seul professeur avait manqué à l’appel et avait justifié son absence, disait il.
Toutefois, cette année, il y a eu beaucoup de départs d’enseignants via le mouvement national. Au préscolaire et à l’élémentaire, 207 enseignants ont quitté et au cycle du moyen et du secondaire 187 sont partis. L’inspecteur d’académie de Sédhiou, Papa Gorgui N’diaye relativise et rassure : «Beaucoup d’enseignants seront affectés dans la région notamment les nouveaux sortants et surtout du lot des 5.000 nouvelles recrues de l’éducation. En milieu rural, les enseignants engrangent plus de points que ceux en service dans les grandes villes. Donc, le cumul de leurs points facilite leur déplacement mais l’Etat prend toujours les dispositions idoines pour les remplacer», a indiqué l’IA de Sédhiou, Papa Gorgui N’diaye.
S’agissant des salles de classe, des efforts sont, certes, consentis par le pouvoir public mais le chemin reste encore long en raison du nombre important des abris provisoires dans la région de Sédhiou. Dans le sous-secteur de la petite enfance, c’est-à-dire le préscolaire, il existe 129 classes en abris provisoires, soit sur les 221 salles d’activité, soit 59,4%. A l’élémentaire, la région de Sédhiou compte 2.590 classes physiques dont 504 abris provisoires soit 19,5% et dans le moyen/secondaire sur les 920 salles de classe, 236 sont en abris provisoires soit 25,7%. Ce qui donne un cumul de 34,86% le taux global des abris provisoires dans la région de Sédhiou.
«IL VAUT MIEUX AVOIR LES ENFANTS DANS LES ABRIS QUE DANS LES RUES»
Le secrétaire général de l’Inspection d’académie de Sédhiou atteste que «la dynamique d’absorption des abris provisoires est bien en cours». «Il y a des projets et programmes qui interviennent dans la région comme le PASEB, le RAB, le programme «zéro abris provisoires» et le PAEBCA. Tous ces programmes ont, soit construit des écoles complètes ou en ont réhabilitées», a-t-il dit. Et Lamine Sylla d’ajouter que face au besoin de plus en plus exprimé de l’obligation des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans au moins, le recours aux abris provisoires devient alors impératif. «A chaque fois qu’on résorbe par ci, il y a de nouvelles créations par là et donc, s’il faut mettre en service un collège, on demande à la communauté de contribuer en construction et souvent ce sont des abris provisoires améliorés. Si on attendait qu’on construise pour y mettre nos enfants, évidemment, il y aura beaucoup de localités où les enfants ne seront pas à l’école. Il vaut mieux les avoir dans les abris que dans la rue», dixit Lamine Sylla. La rentrée des classes est prévue ce jeudi 14 octobre pour les élèves. Certaines écoles ne sont pas désherbées les cours comme à Bambaly, d’autres doivent attendre la fin totale de la saison des pluies pour élever leurs salles en abris provisoires au risque de voir l’eau pourrir la paille qui constitue ses matériaux de construction. Mais ici, l’on rassure que l’ouverture des classes est progressive quoique que la volonté de démarrer les enseignements/apprentissages reste toujours actuelle.
UNE RENTRÉE À HAUT RISQUE
En plus de la pandémie de Covid toujours en cours, le retour des classes intervient ce jeudi dans un contexte de crise latente entre enseignants et autorités sur fond de non-respect des engagements. Les germes d'une année scolaire mouvementée ?
Ce début d’année scolaire dont le coup d’envoi va être donné ce jeudi 14 octobre, après la prérentrée des enseignants lundi dernier, est encore une fois marqué par la crise sanitaire même si l’on note une relative accalmie sur le front épidémique depuis quelques jours. Pour éviter que le virus ne joue les trouble-fêtes, un nouveau protocole sanitaire est mis en place dans les établissements scolaires. Néanmoins, la rentrée scolaire risque d’être mouvementée à cause des menaces des syndicats d’enseignants en raison du non-respect des engagements signés.
Les cloches vont sonner ce jeudi 14 octobre dans les écoles. Les élèves reprennent le chemin la recherche du savoir et entament l’année scolaire 2021-2022 qui présente encore plusieurs enjeux. Comme en 2020, il va falloir prendre en compte la dimension covid-19 pour l’accueil des élèves. Sur ce, le retour en classes va donc s'effectuer suivant un protocole sanitaire allégé pour parer à l’éventualité d’une hausse des contaminations, a indiqué le ministère de l’Education nationale. Autre défi de taille pour la rentrée, la vaccination des enseignants.
Lors d’une cérémonie de réception de doses de vaccins anti-covid19 le 13 septembre dernier, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Abdoulaye Diouf Sarr avait annoncé la stratégie du gouvernement à faire vacciner tous les enseignants et les étudiants. «Nous allons travailler dans une stratégie de ciblage plus affinée, parce que dans la perspective de l’ouverture des classes et la rentrée académique, nous allons faire en sorte que tous les enseignants et les étudiants soient vaccinés avant de rejoindre les classes et les universités», avait déclaré Abdoulaye Diouf Sarr. Cependant, des syndicats d’enseignants étaient montés au créneau pour fustiger cette sortie. Pour cause, le vaccin n’est pas encore OBLIGATOIRE AU SENEGAL.
MENACES DES SYNDICALISTES
La nouvelle année scolaire risque de démarrer avec des remous. Outre le contexte sanitaire, des menaces de grève des enseignants planent déjà. Les syndicats d’enseignants protestent contre le non respect par l’Etat des accords déjà signés. Le Cusems/Authentique a déposé un préavis de grève pour dénoncer «la subversion inacceptable des critères arrêtés pour le recrutement des 5000 enseignants, notamment l’âge et le diplôme professionnel». Son secrétaire général Dame Mbodj a d’ailleurs appelé les enseignants à observer une grève de 48 heures dès le premier jour de la rentrée. La colère se manifeste aussi du côté du Saems. «Il n’y aura pas d’études au mois d’octobre prochain si le gouvernement ne respecte pas le protocole d’accords signé en avril 2018», avertissait le secrétaire général du Saems, Saourou Sène. Ils ne sont pas les seuls à brandir des menaces. L’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden) et le Syndicat des enseignants du préscolaire et de l’élémentaire (Sepe) ont aussi engagé une bataille. En Conseil des ministres au mois de septembre dernier, le Chef de l’Etat, Macky Sall avait demandé aux «ministres en charge de l’Education Nationale et de la formation professionnelle de prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue d’assurer une rentrée scolaire, dans les meilleures conditions». Interpellés sur ce sujet, des syndicalistes faisaient de la reprise du monitoring des accords signés avec le gouvernement l’une des conditions pour une bonne rentrée scolaire.
8700 NOUVEAUX ENSEIGNANTS ET 33 MILLIARDS DE F CFA POUR LA CONSTRUCTION DE SALLES DE CLASSE
Pour cette nouvelle année, le ministre de l’Education Nationale, Mamadou Talla a annoncé le recrutement de 8700 nouveaux enseignants. C’était lors d’un séminaire de préparation de la rentrée scolaire avec les acteurs de l’éducation à Saly. «Le recrutement de 5000 enseignants, en plus du recrutement annuel de 3700 sortants de nos écoles de formation, nous permettra de pallier le déficit en personnel», a-t-il déclaré. Aussi, dira-t-il, l’Etat du Sénégal a engagé un important programme de remplacement des abris provisoires dans le système éducatif. «Nous avons démarré le lot 3 pour un montant de 33 milliards de F CFA, afin de résorber le déficit de 1.528 salles de classe, dans le moyen, compléter les ouvrages annexes, à savoir 1.129 blocs administratifs et 602 blocs d’hygiène dans tous les ordres d’enseignement et des murs de clôture pour un linéaire de 58.000 mètres», a expliqué M. Talla.
EXERCICE DES LIBERTES INDIVIDUELLES EN ETAT DE DROIT, LE SENEGAL, ENCORE A LA TRAINE !
Quand les arrestations systématiques, les mandats de dépôt à outrance, les interdictions méthodiques de manifestations…briment le citoyen lambda
NANDO CABRAL GOMIS, OUSMANE GOUDIABY (STAGIAIRE) et OUSMANE SY (STAGIAIRE) |
Publication 14/10/2021
Alors qu'il se prévaut d’une démocratie dite normée et d'avoir ratifié toutes les grandes conventions en la matière de respect des libertés individuelles, notre pays déroule un arsenal juridique assez répressif voire liberticide. Le climat politique actuel marqué par des arrestations systématiques d’acteurs politiques, d’activistes, de membres de la société civile, l’interdiction méthodique des manifestations citoyennes, les mandats de dépôt à outrance et, à contrario, la mise sous le coude de la justice des dossiers impliquant des proches du régime en place semblent constituer autant d’éléments tendant à remettre en question l’exception dont le Sénégal a toujours fait montre dans le domaine de l’exercice des libertés individuelles.
Un véritable tournant dans l’histoire politique de notre pays. Réputé havre de stabilité démocratique où règne un véritable Etat de droit, cette image du Sénégal construite sur plusieurs années et à coups de beaucoup de sacrifices est de plus en plus remise en cause ces dernières années. Dans la presse ou à travers des manifestations, des citoyens sénégalais élèvent de plus en plus la voix pour décrier des injustices alimentées par une gouvernance à géométrie variable de la part des gouvernants.
Ainsi, sous le régime libéral du président Abdoulaye Wade, la plupart des récriminations concernaient des pratiques de malversation et de détournement de deniers publics très souvent relevés par des rapports de corps de contrôle publics mais non suivis de sanctions des principaux mis en cause du fait de leur lien de proximité avec l’ancien régime. A cela s’ajoutaient également les cas d’accaparement fonciers dont certains avaient alimenté des tensions qui s’étaient soldées par mort d’hommes jamais élucidée par la Justice.
L’avènement du nouveau régime en la faveur du second tour (29 mars) de l’élection présidentielle du 26 février 2012 dernier, avait ainsi suscité beaucoup d’espoir chez bon nombre de Sénégalais. D’autant plus que l’actuel chef de l’Etat avait inscrit sa campagne électorale sous le sceau de la « rupture et d’une gouvernance sobre et vertueuse ». Aujourd’hui, après neuf années de gestion, force est de constater que les fruits n'ont pas tenu la promesse des fleurs. La rupture promue dans la gouvernance des affaires publiques tarde aujourd’hui encore à se concrétiser dans plusieurs domaines. Le Sénégal est toujours en proie à des malversations dans la gestion de ses ressources sans que les auteurs présumés de ces actes ne soient inquiétés.
Depuis l’avènement du nouveau régime, on a l’impression que le Sénégal vit au rythme des scandales dont certains se déroulent sous le regard impuissant ou complice de la justice : affaire des contrats pétroliers et gaziers, affaire des 94 milliards, affaire du fer de la Falémé, affaire des accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne, affaire des phosphates de Matam pour ne citer que ceux-là. A ces pratiques, s’ajoute également une violation manifeste et de plus en plus exacerbée de l’exercice des libertés individuelles et collectives du fait de l’instrumentalisation par les tenants actuels du pouvoir des leviers de pression de l’Etat pour museler des opposants politiques que le chef de l’Etat s’est engagé lui-même « à réduire à leur plus simple expression ». C’est d’ailleurs dans ce sens que la quasi-totalité des responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) avaient été arrêtés et placés sous mandat de dépôt par l’actuel procureur de la République entre 2012 et 2017.
Aujourd’hui, après avoir réussi la prouesse de placer sur la tête de tous ses plus virulents opposants des dossiers judicaires, le régime en place semble se tourner vers des activistes de la société civile tendant à perturber son sommeil à l’image du leader du mouvement de contestation « Frapp France dégage » et d’autres lanceurs d’alerte. Pendant ce temps, des dossiers mettant en cause ses partisans trempés dans des scandales cités plus haut et des trafics (faux billets de banques et autres passeport diplomatiques) sont mis sous le coude de la justice sans oublier les interdictions à manifester.
De Senghor à Macky Sall, l’actuel chef de l’Etat est le seul à voir ses principaux opposants constamment traqués et condamnés par la justice le plus souvent pour des déclarations politiques pendant que des partisans du régime dont la gestion est épinglée par des rapports de corps de contrôle publics ne sont nullement inquiétés.
Sous leur présidence, Senghor et Abdou Diouf qui avait à plusieurs reprises l’occasion d’envoyer en prison leur principal opposant, Me Abdoulaye Wade, n’ont jamais franchi cette ligne. Arrivé au pouvoir en la faveur de la première alternance démocratique, Me Abdoulaye Wade non plus, nonobstant son engagement, clamé partout lors de la campagne électorale, de traduire son prédécesseur et ses partisans devant la justice pour répondre de leur gestion, a plutôt choisi de proposer et soutenir la candidature du président Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).
POINTS DE VUE CROISES
MAEL THIAM, ADMINISTRATEUR DE L'APR ET 1ER VICE-PRESIDENT DU HCCT : «Un Etat de droit, ce n’est pas un Etat où chacun fait ce qu’il veut»
«Le président Macky Sall n’a fait que renforcer l’Etat de droit depuis accession au pouvoir. Maintenant, il faudrait qu’on s’entende d’abord sur la notion de l’Etat de droit. Est-ce s’appeler Guy Marius Sagna dans un Etat de droit peut vous autoriser à poser des actes qui ne sont pas conformes avec la Loi? Je ne pense pas puisque un Etat de droit est un Etat dans lequel on respecte la loi. Il faudrait que tous les Sénégalais le sachent: un état de droit, ce n’est pas un Etat ou chacun fait ce qu’il veut. Autrement, on parlerait d’Etat de non droit. Le droit, c’est l’ensemble des lois votées à l’Assemblée nationale de notre pays et les Conventions internationales ratifiées. Qu’on me dise maintenant qui a été arrêté et qui ne devrait pas l’être selon la Loi? Est-ce qu’au Sénégal, on doit dire, aujourd’hui, il suffit d’être activiste ou d’être politique pour enfreindre la Loi et crier qu’on n’est pas dans un Etat de droit lorsqu’on est interpellé suite à ses actes ? Qu’on me donne des exemples attestant du nonrespect du droit dans ce pays. Depuis son élection, le président de la République a renforcé nos juridictions, l’Assemblée nationale, notre Police nationale et la Gendarmerie sur le plan opérationnel, les droits des citoyens. Je pense également que dans un Etat de droit, il faudrait qu’on ait confiance à nos juridictions. Nous avons une magistrature ou exercent des Sénégalais dont la compétence est reconnue au plan international et qui n’aiment pas le pays moins que nous. Cela dit, nous devons également savoir que le temps de la justice n’est pas le temps des citoyens ni celui des journalistes. Ensuite, je précise que le cas de trafics des passeports diplomatiques est totalement différent de l’affaire Ousmane Sonko et de la caisse d’avance de la mairie de Dakar… Je pense donc qu’il n’y a pas lieu d’ameuter les populations, il faudrait qu’on sache raison garder. Nous sommes bien dans un Etat de droit où tous les cas sont élucidés. Ensuite, il faut savoir que le temps de la justice n’est pas celui des citoyens encore moins des politiciens ou des journalistes».
SADIKH NIASS, SG RADDHO : : «Une démocratie, ce n’est pas seulement les règles, mais une pratique»
«La politique de deux poids-deux mesures en matière de justice n’est pas normale. Nous dénonçons cela. Il faut mettre tout le monde au même pied d’égalité en matière de justice. La justice doit être équitable et traiter tous les citoyens avec la même rigueur. Ça, c’est un premier constat. Le deuxième, c’est qu’aussi, nous sommes contre ce qu’on appelle des mandats de dépôt tous azimuts. C’est-à-dire le fait de les décerner comme ça de manière fréquente, automatique, même pour des délits mineurs. Parce qu’il y a des délits mineurs qui ne méritent qu’on envoie des personnes en détention. Donc pour nous, la liberté doit être la règle et la détention l’exception et non pas le contraire. Le troisième constat maintenant pour l’affaire des députés, je ne veux pas les lier. Je ne veux pas faire de commentaire alors que la justice suit son cours. On a appris l’ouverture de la session parlementaire le 14 octobre prochain, et il y a une demande du ministre de la Justice sur la table de l’Assemblée nationale pour lever l’immunité parlementaire de ces derniers. Nous suivons de près cette affaire et nous espérons que ces députés vont répondre devant la justice. Et qu’une enquête vraiment sérieuse se fera. C’est vraiment une chose regrettable le fait de ne pas donner le respect qu’il faut à nos passeports diplomatiques, c’est un document de l’Etat et ça va ternir l’image de marque de notre pays. Donc, nous demandons que justice se fasse et toutes les personnes qui sont incriminées puissent répondre devant la justice. Une démocratie ce n’est pas seulement les règles mais une pratique. Le respect des libertés est nécessaire dans une démocratie ».
THIERNO BOCOUM, PRESIDENT DU MOUVEMENT AGIR : «Nos autorités se basent sur les dispositions de la loi pour faire enfermer… »
«Notre arsenal juridique n’est pas différent de celui des autres pays. Non ! Il n’y a pas de différences. Seulement, nos autorités se basent sur les dispositions de la loi pour faire enfermer des activistes de plus en plus. C’est dans ce sens que j’estime que l'arrestation de Guy Marius Sagna est un recul démocratique. C'est une forme d'intimidation de l'activisme ou des activistes au Sénégal. Nous pensons que des personnes comme Guy Marius Sagna font de «l'activisme saint » ; c'est-à-dire tout simplement qu'ils sont dans des combats de principe et ils le font à visage découvert. Nous pensons donc que des personnes comme lui doivent être protégées. Mais, c’est dommage que cela ne soit pas le cas. La preuve, sur la question dont il a été convoqué, on se rencontre que la personne incriminée n'a même pas porté plainte. Mieux, aujourd'hui, une plainte de Guy Marius Sagna dort dans les tiroirs de la gendarmerie et n'est pas encore instruite. Ce qui renforce la thèse d’une politique de deux poids-deux mesures; chose inadmissible dans un pays qui se réclame Etat de droit. Car, au même moment, d'autres plaintes sont rapidement instruites et à qui on attribue des suites judiciaires ; donc il y a une politique de deux poids-deux mesures face au contribuable Sénégal et c’est inaccessible. Par ailleurs, nous pensons que les différentes interdictions à manifester sont totalement contraires aux dispositions de la Constitution et violent totalement la Constitution puisqu’au même moment, on voit le parti au pouvoir et ses partisans dans le régime organiser des manifestations, des meetings, des rencontres. C'est quand même inacceptable qu’aujourd’hui, on puisse refuser à des citoyens sénégalais le droit de marcher; c'est le cas récemment avec la demande de Nio lank qui a été refusée par le préfet. Nous pensons fondamentalement que le droit de manifester est un droit constitutionnel inaltérable; et que les autorités doivent se donner les moyens d'encadrer les marches et non de les réprimer. Concernant la question des députés cités dans cette affaire de trafic de passeport diplomatique, je pense qu’il s'agit pour le moment d'accusation et tout le monde doit bénéficier de la présomption d’innocence; Mais, s'il s'avère qu'ils sont effectivement mêlés à cette affaire, il faut qu'une sanction se fasse ; d'abord que leur immunité parlementaire soit levée. Déjà, il y a une demande sur la table de l'Assemblée nationale; Il faut que une sanction sévère soit faite contenue de leur statut et à la limite même leur imposer des circonstances aggravantes; parce que c'est inadmissible qu'un député s’adonne à des pratiques de trafic de passeports diplomatiques, c'est inacceptable dans un pays comme le Sénégal. Donc, nous pensons que cet acte doit être sévèrement puni, s’il est prouvé dans le cadre d'un procès équitable ».
Par Alassane THIAM
MACRON /JEUNESSE AFRICAINE, UNE RENCONTRE «BIZARROIDE»
En acceptant d’être présents à ce sommet, les africains montrent que les liens avec l’ancien pays colonisateur demeurent incontournables
J ’avoue que l’écriture de cette chronique me semble difficile car, Achille Mbembé, historien et leader charismatique en Afrique, a accepté la proposition du chef d’Etat français Emmanuel Macron, de réfléchir sur «un regard neuf sur la relation entre la France et l’Afrique pour offrir un nouveau cadre de réflexion et d’actions aux nouvelles générations», sachant que le porte-drapeau de la cause africaine n’a toujours pas été tendre avec la France.
Cette situation troublante me met dans l’impossibilité manifeste d’apprécier sereinement ce rendez-vous inattendu. Ce sommet de Montpellier est étonnant et détonant. Cette rencontre avec la jeunesse africaine et la diaspora peut être considérée comme une humiliation des chefs d’Etat africains. Nous pouvons dire qu’elle légitime le besoin de la présence française en Afrique, bien que certains intervenants aient fustigé le rôle de la France dans ce continent. Les discours des jeunes étaient très contradictoires.
En effet, on a pu entendre que la France doit soutenir le régime guinéen qui vient de s’installer par un coup d’Etat, et en même temps, qu’elle ne doit pas intervenir dans les affaires africaines, notamment soutenir des régimes dictatoriaux. Cela signifie qu’un débat entre africains s’impose. Mais je pense qu’il sera difficile de conclure sur un accord car les intérêts des pays divergent.
Le paradoxe, c’est qu’en acceptant d’être présents à ce sommet, les africains montrent que les liens avec l’ancien pays colonisateur demeurent incontournables. Il s’engage encore à être le bailleur de fonds pour ces jeunes qui crient très fort leurs besoins de liberté et de reconnaissance. Notons que ce moment a permis à la jeunesse africaine d’avoir un temps de défouloir et une tribune pour dénoncer la France et les chefs d’Etat africains qui ont fait l’unanimité contre eux. Ce qui semble étrange, c’est qu’aucun chef d’Etat africain n’a dénoncé cette rencontre improbable qui annonce, peut -être, la fin de l’impunité de beaucoup de présidents en place.
Le soutien financier promis à la jeunesse africaine pose encore la question de l’indépendance de l’Afrique. J’ai envie de dire : «De quoi, il se mêle». Macron, réputé pour son tempérament d’homme qui ne fuit jamais les questions difficiles a été bien servi. Les prises de position, parfois radicales et sans gants de certains jeunes ont montré les limites de ce dispositif. J’avoue que je ne connais pas les objectifs réels et spécifiques de ce sommet incroyable. Il faut prendre le temps de digérer cet évènement unique et suivre régulièrement ses réelles retombées. En tout cas, tout me semble flou. Comme disait une élue du Nord de la France : «Quand il y a du flou, il y a un loup». Nous pouvons cependant, constater qu’entre l’Afrique et la France, c’est toujours : «Je t’aime, moi non plus».
ET DOUDOU KA REPLIQUA A SONKO
Quelques heures après la sortie du leader de Pastef, qui soutient que les partisans de Doudou Ka sont responsables des «violences» notées lundi au quartier Boucotte, le président du Mouvement Doggu pour le grand Sénégal a pris à son tour la parole.
Quelques heures après la sortie du leader de Pastef, qui soutient que les partisans de Doudou Ka sont responsables des «violences» notées lundi au quartier Boucotte, le président du Mouvement Doggu pour le grand Sénégal a pris à son tour la parole pour plaider non coupable. Selon Doudou Kâ, le chef des patriotes est «un violent acteur politique».
«Quand Sonko s’éloigne de Ziguinchor, la violence s’éloigne de Ziguinchor», assure Doudou Kâ. Le Directeur général de l’Aibd, qui tenait un point de presse à son domicile sis au quartier Boucotte, n’y est donc pas allé avec le dos de la cuillère pour apporter une cinglante réplique au chef de file des patriotes. Lequel l’avait accusé quelques heures auparavant d’avoir été à l’origine des incidents du lundi.
Et c’est pour présenter d’abord ses regrets à toute la population sénégalaise par rapport à ces affrontements. Ensuite pour rétablir, dit-il, les faits sur les contre-vérités de Ousmane Sonko. Il dit : «C’est quand j’étais à une rencontre avec les paroissiens que j’ai été informé que le sieur Ousmane Sonko est venu faire de la provocation devant ma maison en bloquant l’entrée.
Et la première contre-vérité est que Ousmane Sonko a dit qu’il était libre de passer partout, y compris devant mon domicile. Seulement il n’a pas fait cela car il s’est arrêté devant mon domicile, a bloqué la sortie de ma maison avec neuf garde-corps armés pour soi-disant présenter son projet pour la ville de Ziguinchor à une association. C’est dire qu’il était venu faire de la politique, solliciter un soutien politique à cette association qui ne l’est pas.» Aux yeux de leader apériste, c’est le «premier mensonge» du président de Pastef. «Car si vous avez suivi sa conférence de presse de ce mardi annoncée pourtant avant l’incident et où le seul sujet fut l’incident ; c’est ce qu’on appelle de la préméditation», renchérit Doudou Kâ.
Et «l’autre mensonge» de Sonko est le fait qu’il revendique, selon le Dg de l’Aibd, être un homme de paix. «Seulement, liste l’ex Dg du Fongip, sous l’ère Macky Sall, Ousmane Sonko a battu un record macabre avec 14 morts à son actif. Et ce pour avoir appelé les jeunes à la révolte, au combat de gladiateurs», enchaîne Doudou Kâ. Il poursuit : «En menaçant de mort un jeune de Yeumbeul venu me soutenir à Ziguinchor, à l’instar de tous les autres militants de Doggu pour le grand Sénégal qui sont partout à travers le Sénégal et au niveau de la diaspora, Ousmane Sonko passe pour être un acteur politique violent. Il faut que Ousmane Sonko sache que le combat est local, et qu’il ne doit point s’agripper au Président Macky Sall qui doit sortir du débat local.»
Lors de sa conférence de presse, Doudou Kâ soutient que Sonko «n’est pas un homme d’Etat», «méprise» ses frères. Il demande au président des patriotes de revenir «à la sérénité», à «l’essentiel». Alors qu’il lui lance un ultime défi à trois mois des Locales. «Qu’il le veuille ou pas, il viendra dans l’arène de Ziguinchor, car moi je suis candidat à la mairie. Et s’il a peur de candidater, il n’a qu’à le dire dès maintenant. Le 23 janvier, je lui montrerai que je suis son père en politique à Ziguinchor. Je préfère être un acteur politique mineur qu’un violent acteur politique majeur, car la ville de Ziguinchor n’a pas besoin d’un violent acteur politique majeur mais plutôt d’un bâtisseur», ironise M. Kâ.
Après avoir soldé ses comptes avec le député, Doudou Ka a tenté de baisser la tension. Selon lui, Ousmane Sonko doit «s’imprégner» des valeurs casamançaises. «Il doit comprendre que même si nous ne sommes pas frères de sang, nous sommes liés par le Bukut. C’est mon jeune frère et au-delà un cousin, même s’il le récuse. Il peut compter sur moi pour lui tracer la voie en tant que grand-frère. Car nous sommes tous des frères, des parents. Au-delà de ces valeurs, Sonko et moi sommes des fils de la Casamance et partageons mes demi-frères et de demi-sœurs du nom de Goudiaby et qui ont le même arrière-grand-père que Ousmane Sonko», rappelle-t-il.
Habib Beye, entraîneur intérimaire du Red Star, en troisième division française, fait l’unanimité. Le club a quitté sa place de relégable ponctuée par le limogeage de Vincent Bordot pour mauvais résultats.
Habib Beye, entraîneur intérimaire du Red Star, en troisième division française, fait l’unanimité. Le club a quitté sa place de relégable ponctuée par le limogeage de Vincent Bordot pour mauvais résultats. Un souffle nouveau insufflé par le technicien sénégalais. Sous la houlette de l’ancien international sénégalais, le club audonien a inscrit douze buts, lors de ses trois derniers matchs, dont six sur la pelouse d’Avranches vendredi (6-0).
Des qualités liées à sa proximité avec les joueurs et sa lucidité sur le potentiel de son groupe, sont louées. "Il a pris le rôle de manière entière, sincère. Les joueurs sont réceptifs", glisse, d’ailleurs, un intime du club, à France Football.
Depuis Valenciennes, où il s’apprête à effectuer le sixième module de sa formation au Brevet d’entraîneur de football professionnel, la question de son maintien se pose. Elle est même incontournable.
Selon les règlements, le Red Star disposait, fin septembre, d’un mois pour trouver un entraîneur diplômé, sous peine de payer une amende à chaque rencontre. Il compte sur Habib Beye pour prolonger.
Nommé mi-septembre, la troisième tentative a été la bonne pour Habib Beye, après la victoire 4-2, de ses protégés contre Cholet. Une victoire qui permettait déjà au Red Star de remonter à la douzième place du championnat de National.
LES DÉBUTS PROMETTEURS DE COACH HABIB BEYE
Habib Beye, entraîneur intérimaire du Red Star, en troisième division française, fait l’unanimité. Le club a quitté sa place de relégable ponctuée par le limogeage de Vincent Bordot pour mauvais résultats.
Habib Beye, entraîneur intérimaire du Red Star, en troisième division française, fait l’unanimité. Le club a quitté sa place de relégable ponctuée par le limogeage de Vincent Bordot pour mauvais résultats. Un souffle nouveau insufflé par le technicien sénégalais. Sous la houlette de l’ancien international sénégalais, le club audonien a inscrit douze buts, lors de ses trois derniers matchs, dont six sur la pelouse d’Avranches vendredi (6-0).
Des qualités liées à sa proximité avec les joueurs et sa lucidité sur le potentiel de son groupe, sont louées. "Il a pris le rôle de manière entière, sincère. Les joueurs sont réceptifs", glisse, d’ailleurs, un intime du club, à France Football.
Depuis Valenciennes, où il s’apprête à effectuer le sixième module de sa formation au Brevet d’entraîneur de football professionnel, la question de son maintien se pose. Elle est même incontournable.
Selon les règlements, le Red Star disposait, fin septembre, d’un mois pour trouver un entraîneur diplômé, sous peine de payer une amende à chaque rencontre. Il compte sur Habib Beye pour prolonger.
Nommé mi-septembre, la troisième tentative a été la bonne pour Habib Beye, après la victoire 4-2, de ses protégés contre Cholet. Une victoire qui permettait déjà au Red Star de remonter à la douzième place du championnat de National.
LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES DE LOUGA OUTILLÉES POUR UN ACCÈS AUX FONDS MONDIAUX
Les collectivités territoriales peuvent accéder aux financements mondiaux pour la lutte contre le changement climatique à la condition d’améliorer les compétences locales, afin de mettre en place des projets bancables
Louga, 13 oct (APS) - Les collectivités territoriales peuvent accéder aux financements mondiaux pour la lutte contre le changement climatique à la condition d’améliorer les compétences locales, afin de mettre en place des projets bancables, a déclaré, mercredi, à Louga, le coordonnateur du programme climat du Programme national de développement local (PNDL), le colonel Babacar Dia.
Il s’exprimait lors d’un atelier de partage avec les acteurs territoriaux du département de Louga sur les contenus du projet ‘’supprimer les obstacles entravant l’accès des collectivités territoriales aux financements climatiques’’.
Ce projet est financé à hauteur de 576 840 dollars US par la Banque africaine de développement (BAD). Il entre dans le cadre du Fonds pour le changement climatique en Afrique.
Selon Babacar Dia, l’absence de compétences techniques constitue, pour les collectivités territoriales, un frein à l’accès direct aux financements climatiques, notamment le fonds vert pour le climat, le fonds pour l’environnement mondial et le fonds d’adaptation.
Au Sénégal, "nous nous sommes rendu compte qu’il y a essentiellement un problème de renforcement de capacités. Le personnel technique des collectivités territoriales, a besoin de renforcement de capacités et raison pour laquelle nous avons bâti la philosophie du projet autour de cela", a-t-il reconnu.
L’objectif du projet d’une durée de trois ans (2021-2024) est de lever les obstacles qui entravent l’accès des collectivités territoriales aux financements climatiques, améliorer les compétences et connaissances au niveau local, corriger l’absence d’information pour soutenir la planification et l’adaptation aux changements climatiques.
"Pour que l’argent puisse arriver aux collectivités de notre pays, il faut bâtir des projets bancables qui respectent les conditions posées par l’administrateur des fonds qui est au niveau de la Direction de l’Environnement’’.
Pour ce faire, a-t-il poursuivi, une unité de soutien et un bureau d’assistance seront mis en place pour permettre aux collectivités locales du pays de disposer de "la bonne information" pouvant leur faciliter l’accès aux financements.
"Il y a beaucoup d’argent destiné au climat, mais les conditions sont assez draconiennes pour y accéder. Nous voulons faire en sorte que ces conditions soient à la portée des collectivités territoriales", a-t-il fait savoir.
Le coordonnateur du programme climat du PNDL estime que le défi à relever dans le cadre de cette initiative sera d’arriver à faire "en sorte que les collectivités territoriales soient outillées afin de lever toutes les barrières et contraintes et de pérenniser les acquis après le projet’’.