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20 juin 2025
ACCUEIL TRIOMPHAL POUR LAURENT GBAGBO DANS SON VILLAGE NATAL
Sous les hurlements de joie, les "Hourrah!" et les mains levées faisant le V de la victoire, l'ancien président ivoirien est arrivé à Mama à la tombée de la nuit en provenance d'Abidjan
Plusieurs milliers de personnes ont réservé dimanche un accueil triomphal à l'ex-président Laurent Gbagbo dans son village natal de Mama (centre-ouest de la Côte d'Ivoire), dix jours après son retour à Abidjan à la suite de son acquittement par la justice internationale.
Sous les hurlements de joie, les "Hourrah!" et les mains levées faisant le V de la victoire, Laurent Gbagbo est arrivé à Mama à la tombée de la nuit en provenance d'Abidjan
Sous les hurlements de joie, les "Hourrah!" et les mains levées faisant le V de la victoire, Laurent Gbagbo est arrivé à Mama à la tombée de la nuit en provenance d'Abidjan qu'il avait quitté par la route à la mi-journée.
Dès sa descente de voiture, l'ex-président, vêtu d'une chemise blanche et souriant, a pris un bain de foule.Il a remercié les gens "d'être venus si nombreux"."Dix ans (d'absence) c'est beaucoup, demain (lundi) je vais vous donner des nouvelles", a-t-il ajouté.
"Je l'ai vu ça suffit pour moi !", crie un jeune en transe.
Malgré le coucher du soleil, l'annonce de son arrivée a continué à attirer vers Mama des centaines de personnes venues des villages environnants, a constaté un journaliste de l'AFP.
Pour se rendre dans la région du centre-ouest de Gagnoa où se trouve le village, Laurent Gbagbo est passé par la capitale Yamoussoukro.Avant d'arriver à Mama, il est allé à Blouzon, localité proche, se recueillir sur la tombe de sa mère Marguerite Gadô, décédée en 2014 alors qu'il était incarcéré à la prison de la Cour pénale internationale (CPI).
Entre Yamoussoukro et Mama, son cortège a été ralenti à plusieurs reprises par une foule enthousiaste venue l'acclamer, ce qui explique son arrivée tardive dans son village.
- "Retour de l'enfant prodige" -
Dès l'aube, l'artère principale de Mama a été le théâtre d'un ballet incessant de cars, de motos et de voitures particulières remplis de partisans de l'ancien président venus assister à son retour dans son village.
"Je ne pouvais rater un tel événement, le retour de l'enfant prodige", lance un vieil homme portant une tenue en pagne, descendant d'un autocar.
"Ca fait dix ans qu'il n'a plus mis pied dans son village" et "personne ne veut rater ça", s'exclame Eric Légré Gbagbo, un jeune homme affirmant porter le même nom que l'ex-président.
Les forces de l'ordre étaient présentes, mais se faisaient discrètes.
Entre la ville de Gagnoa et Mama, distants de cinq kilomètres, le service d'ordre était assuré par la jeunesse du village qui fouillait véhicules et passagers à des barrages.
Avant son arrivée au village, l'annonce de la demande de divorce de l'ex-président d'avec son épouse Simone, avec laquelle il a formé un redoutable tandem au pouvoir pendant dix ans jusqu'à leur arrestation en 2011, était au coeur de toutes les discussions.
- Projet de divorce très commenté -
A peine rentré à Abidjan, Laurent Gbagbo a demandé le divorce "en raison du refus réitéré depuis des années de dame Simone Ehivet de consentir à une séparation amiable". Ils sont mariés depuis 1989 et ont eu deux filles ensemble.
"Nous ne sommes pas d'accord avec sa décision, Simone est notre maman", explique Ouraga Djédjé, jeune habitant de Mama, en compagnie de son épouse enceinte.
Avec une dizaine de ses camarades installés dans une gargote, Ouraga commentait cette actualité qui a passionné tout le pays, juste après le retour de Gbagbo le 17 juin à Abidjan.
Ce retour avait été marqué par de nombreux incidents entre ses partisans qui voulaient l'accueillir près de l'aéroport et les forces de l'ordre.
Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan, puis transféré sept mois plus tard à la CPI de La Haye, où il était accusé notamment de crimes contre l'humanité, pour les violences commises à la suite de la présidentielle de fin 2010.
Le refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara avait provoqué une crise post-électorale sanglante ayant fait 3.000 morts.
Réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, M. Ouattara a donné son feu vert au retour de Laurent Gbagbo quelques jours après son acquittement par la CPI.
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LA CRAINTE SUSCITÉE PAR LA LOI SUR LE TERRORISME EST FONDÉE
Samba Thiam, professeur en histoire du droit à l'Ucad, décrypte les portées de la réforme du Code pénal entérinée le 25 juin dernier par l'Assemblée nationale dans un contexte de tensions, au micro de Baye Omar Gueye sur Sud FM
La polémique autour de la loi controversée sur le terrorisme, adoptée en procédure d’urgence par l’Assemblée nationale, a été au centre de la sortie du Pr Samba Thiam, invité à l’émission « Objection » de Sud Fm hier, dimanche 27 juin 2021. Occasion pour le coordinateur de l’Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA), de se prononcer sur la qualification ambiguë du « terrorisme » par la modification apportée sur le Code pénal et le Code de procédure pénale, et sur d’autres sujets annexes comme le trouble à l’ordre public, l’association de malfaiteurs, la marche...
Invité de l’émission «Objection» d’hier, dimanche 27 juin 2021, le professeur agrégé de droit, Samba Thiam, a confié qu’aujourd’hui, «de plus en plus, la loi gagne du terrain, pénètre notre vie et porte atteinte à nos droits fondamentaux, nos libertés fondamentales». Sous ce rapport, les craintes sur cette loi sont légitimes, dira-t-il. Dans cette nouvelle loi d’ailleurs, l’absence de définition exacte du terme «terrorisme» est assez frappante. C’est ce qui alimente la polémique, puisque la loi est totalement imprécise à ce propos, note-t-il. «Dans ce texte, je ne vois pas la définition du mot ‘’terrorisme’’.
Le législateur, celui qui est chargé de faire la loi n’a pas essayé de le définir», fait constater le Pr. Thiam. Et de poursuivre : « Par contre, ce qu’a fait la loi, c’est de poser des actes, de définir des comportements qui pourront être qualifiés d’actes terroristes. Et ce n’est pas une spécificité sénégalaise mais, c’est partout dans le monde. C’est très difficile de dire ce qui est le terrorisme ». Ne s’en limitant pas là, le professeur Thiam fera comprendre que sur le fond aussi, la qualification d’association de malfaiteurs pose également problème avec la loi en question. « Et on va jusqu’à confondre trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs avec le qualificatif de terrorisme ».
Sur ce point, l’ancien directeur de l’Institut des Droits de l’homme et de la paix (Idhp) indique : «L’association de malfaiteurs est une notion qui a toujours existé dans le Code pénal. Ce que j’ai vu dans cette nouvelle loi, c’est d’avoir qualifié, considéré une association de malfaiteurs, un trouble à l’ordre public et les menaces à des actes terroristes». De toute façon, conclut-il, « il faut laisser au juge de dire qu’est ce qui correspond au trouble à l’ordre public ». Se prononçant dans la foulée sur la notion de responsabilité pénale de la personne morale, le Pr Thiam s’est dit d’avis que c’est une très bonne chose. «On a toujours attendu cela.
Le principe a été posé depuis très longtemps ; l’histoire nous l’enseigne. Il n’y avait pas possibilité d’engager la responsabilité pénale des personnes morales. Maintenant, la loi vient donner la possibilité de faire sanctionner une personne morale, c’est-à-dire un groupement. C’est une bonne chose, à mon avis», confie-t-il. A ce niveau, le Pr Samba Thiam, dit n’avoir aucune «inquiétude par rapport à cela», même si une telle disposition, pour certains, est taillée sur mesure pour une certaine classe de leaders politiques, surtout après les événements de mars dernier Parce que, justifie-t-il, «même quand on est arrêté et poursuivi, il faut qu’il y ait une possibilité de démontrer l’imputabilité. En quoi je suis responsable de ce qui est arrivé ? Je crois qu’une enquête doit être menée. S’il y a une relation entre ce qui s’est passé, si c’est votre instigation, si c’est vous qui avait poussé, si ce sont vos ordres… On peut bien évidemment vous poursuivre. Mais on ne peut pas poursuivre comme ça, spontanément».
Raison suffisante pour Samba Thiam de revenir sur les fondamentaux : «…dans une démocratie le rôle de la justice, c’est d’arrêter le pouvoir, d’appliquer notre droit et au service de l’intérêt général. Le juge est là pour lire nos règles, pour dire nos droits et il doit lui-même faire respecter les principes fondamentaux que nous avons élaborés pour assurer la protection de le personne si on reste sur le domaine pénal ».
KARIM ET KHALIFA POURRAIENT-ILS ÊTRE CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE ?
Le président Macky Sall a fixé la date des prochaines élections locales au 23 janvier 2022. Les deux opposants devraient avoir le droit de se présenter, selon un rapport d’experts indépendants
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 27/06/2021
Si aucun nouveau report n’est décidé d’ici là, les élections locales auront lieu – normalement – le 23 janvier prochain, et ce malgré les demandes de l’opposition qui souhaitait les voir se tenir en 2021. Le 10 mai, le président Macky Sall a fixé par décret la date du prochain scrutin local, initialement prévu en juin 2019. Les opposants Khalifa Sall et Karim Wade, respectivement condamnés à cinq ans de prison pour détournement de deniers publics et à six ans de prison pour enrichissement illicite, pourraient-ils participer au scrutin ?
La question, au cœur des discussions menées depuis 2019 entre le pouvoir et ses adversaires, a été résolue par quatre experts mandatés depuis le mois de février pour un audit du fichier électoral national. Dans leur rapport, daté du 5 mai et présenté aux acteurs du dialogue politique, ils établissent clairement que « la permanence de l’exclusion sur les listes électorales pour des délits et crimes commis viole l’esprit de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». Cet article du traité de 1966 donne le droit à tout citoyen de voter et d’être élu, « sans restrictions déraisonnables ».
Flou artistique
Deux dispositions du code électoral concentrent les critiques des experts : les articles L31 et L32. Le premier définit les personnes qui ne peuvent être inscrites sur une liste, notamment celles qui ont été condamnées pour des crimes et pour des délits tels que le vol, l’escroquerie ou l’abus de confiance – les faits pour lesquels Karim Wade et Khalifa Sall ont été jugés ne sont pas mentionnés.
Le second définit un délai de cinq ans pendant lequel certains condamnés ne peuvent être inscrits sur une liste électorale, en fonction de la peine dont ils ont écopé.
L’ennui, selon les experts : l’article 32 établit une déchéance permanente de droits, même si la personne condamnée a purgé sa peine – ou, dans les cas des deux opposants, a été graciée. « À moins d’être condamné à mort, personne ne peut être inéligible à vie, s’exclame Issaga Kampo, le chef de la mission d’audit. Le problème, c’est qu’on ne sait pas de quoi on parle. Il y a un flou artistique. En matière électorale, un article de loi doit être clair, les durées d’inéligibilité selon les peines bien définies, afin d’éviter que chacun l’interprète à sa manière. »
Pour lui, une confusion est faite entre le code électoral et l’article 34 du code pénal, qui établit que les tribunaux jugeant en correctionnelle peuvent, dans certains cas, interdire l’exercice de droits civiques, civils et de famille, dont le vote et l’inéligibilité. Ce qui n’a été le cas ni pour Khalifa Sall ni pour Karim Wade.
APRÈS LA FÊTE DE LA MUSIQUE, QUID DES DROITS D'AUTEUR ?
Difficile de comprendre que la Sodav, pourtant dirigée par la productrice musicale Ngoné Ndour Kouyaté, ne soit pas encore parvenue à faire triompher les droits des artistes. L’organisme s’illustre par son immobilisme et dans de stériles querelles
À l’instar de nombreux pays à travers le monde, le Sénégal a célébré ce 21 juin la fête de la musique, une manifestation imaginée par l’emblématique ministre de la Culture de François Mitterrand, Jack Lang. Plus que le cinéma, la littérature, le tieboudiène ou encore le foot, c’est la musique qui fait le plus rayonner le pays la Téranga. De Baaba Maal – auteur de l’hymne tambouriné du blockbuster hollywoodien « Black Panther » – à Doudou Ndiaye Rose en passant par Akon, Wasis Diop, Youssou Ndour, Ismaël Lô, Omar Pène ou encore Thione Seck, Coumba Gawlo et Daara J Family…, elles sont nombreuses les voix célèbres qui ont permis au reste du monde de situer le Sénégal sur une carte.
Garantir des revenus aux créateurs
Et qui dit création artistique dit aussi droit d’auteur. En principe. Jusqu’en 2013, les droits d’auteurs étaient gérés par une entité publique, le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA). Il avait tutelle sur les œuvres, lesquelles « appartenaient » alors à l’État. C’est l’État qui décidait quel pourcentage des redevances perçues il reversait aux auteurs. De même, il déterminait, unilatéralement, quelles sommes l’audiovisuel public devait attribuer à ces auteurs. Rien de bien réjouissant donc pour ces derniers.
Le remplacement du BSDA par la Sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), en 2013 donc, leur promettait de nouvelles et belles perspectives, la loi reconnaissant non seulement la propriété des auteurs et leur tutelle sur leurs propres œuvres, mais aussi une nouvelle catégorie de bénéficiaires de droits d’auteur, les interprètes et les producteurs. Les droits d’auteur devaient d’une part garantir des revenus aux créateurs d’œuvres de leur vivant ainsi qu’à leurs ayant-droits après leur disparition – ce qui permettait de préserver leur dignité -, de l’autre, les redevances qui en découleraient devaient financer et consolider l’industrie culturelle, dans ce pays où les musiciens représentent 80 % des membres de la Sodav, et la musique, 90 % des redevances.
Immobilisme et querelles stériles
Sauf que, plus de treize années après, les décrets d’application de la dite loi ne sont toujours pas pris. Résultat, la redevance pour copie privée, qui est aussi la mesure la plus significative – et potentiellement la plus profitable aux auteurs -, n’est toujours pas instaurée. Issue de taxes appliquées à l’entrée du territoire sur tous les appareils permettant la copie d’une œuvre, tels les smartphones, les clés USB, les disques durs externes, les laptops et autres ordinateurs, ladite redevance était supposée rapporter au Sénégal des milliards de francs CFA, répartis entre auteurs/éditeurs, interprètes et producteurs.
AVEC LA BÉNÉDICTION DE FRANÇOIS, LE PAPE LE PLUS AVANT-GARDISTE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - J’ai rigolé quand mon amie Katiaka m'a partagé sa conversation avec koor Katiaka : " il y a un avion qui vient chercher les Suisses du Sénégal, ne devrais-tu pas venir..." je vous laisse deviner ma réponse
#SilenceDuTemps – Ce jour mon fiston Aziz a 30 ans. Je ne dirai pas déjà, car j’ai l'impression qu'il a 30 ans depuis longtemps tant il nous a habitués à être en avance sur son âge. Anniversaire coco... On s'en souviendra et on le fêtera ainsi que tous ceux qui se profilent à l'horizon, on fera donc un anniversaire géant en juin, juillet ? Kenn' khamoul.
Ah la « mamina family » disait hier mon parisien, qui semble être un exemple de solidarité comme souvent dans notre Sunugal, pense-t-il. Éclats de rire bien sûr, car il est comme bien d'autres, dans son souvenir d'enfance. Cela a hélas bien changé et nous c'est peut-être par la grâce du fantôme de mamina, ... qui plane !
Le couvre-feu signifie aussi pour le moment fini la Somone avec interdiction d'aller sans raison d'une région à une autre. C'est dommage, mais loin d'être dramatique même si aujourd'hui nous l'avons échappé belle, car nous avions oublié la facture de la Senelec qui arrivait le 21 mars à échéance. J'imaginais déjà le courant coupé, tout décongelé et pourri dans le frigo.
Aurais-je pour autant osé demander au préfet une dérogation ? Quoi qu'il en soit il y a plus grave et le Covid-19 nous force entre autres à relativiser. Et puis j’ai encore bien rigolé hier quand mon amie Katiaka la science m'a partagé sa conversation avec koor Katiaka : " il y a un avion qui vient chercher les Suisses qui sont au Sénégal, ne devrais-tu pas venir...," je vous laisse deviner la réponse ! Moi j'en rigole encore.
J'ai différé mon yoga du matin, car étant dans une web-conférence et vraiment j’ai dû capter 10 % de cette réunion tant la connexion était mauvaise. Alors j'espère que durant ce confinement les techniciens du web sénégalais vont être à la hauteur et surtout croisons les doigts pour que le courant ne nous joue pas de tour. Je me suis donc fait plaisir ensuite en faisant la cuisine, j'étais seule dans la maison et donc à mon rythme. Juste « pièce unique » qui n'est venu que pour déjeuner rapidement à l'heure de sa pause. Je lui ai réchauffé des restes qu'il a mangés sans rien dire à ma grande surprise !!! Ah le Covid-19,
« Il est passé par ici… » Et ma fille répond de suite quand on l'appelle au téléphone ! fini les SMS du genre : « je suis en meeting, je rappelle... »
« Il repassera par là... »
JOUR 4
C'est vendredi, point de Somone. Heureusement vais-je dire car pas de Wi-Fi à la maison là-bas et aujourd'hui il faut travailler. Alors hop, surtout ne pas faire comme si on était à la maison du genre baayé'ku ?
Douche en pensant à l'économie d'eau, par les temps qui courent ça sera inévitable sous peu, eau de Cologne et boucles d’oreilles...et prête pour le pré-jury via Skype avec Mouhamadou et les L3 et la joie de découvrir que presque tous étaient au rdv, plusieurs avec un bon niveau d'avancement et même mieux de vrais sujets de recherches pertinents et de qualité. Je suis bluffée et j'accepte d'en encadrer certains jusqu'à la licence, ce qui était presque impensable il n'y a pas si longtemps
Tout mon emploi du temps Covid-19 chamboulé, déjeuner tardif, yoga décalé et en pleine digestion. Terrible et donc bâclé mais béni... grâce à tante Mich' qui m'appelle pour me signaler l'émission en direct de François le Pape le plus avant-gardiste qu'on n'ait fait depuis longtemps et la bénédiction Urbi et Orbi arrive au moment de mes minutes de relaxation. Pas de hasard dit-on, non ? Cela me ramène à la discussion travail avec mon collège Charles sur la situation et nous voilà partis dans une grande rigolade autour des quêtes, du denier du culte en période de Corona. Ça va être chaud dé, peut-être que l'après-Covid aura ses solutions, deux ou trois quêtes à la fois ...
Allons un peu de sérieux ! alors, de Covid on en rit, va-t-il aussi nous changer en mieux ?
Dans le cadre du projet d’écriture #SilenceDuTemps, retrouvez tous les dimanches sur SenePlus, le « Journal d’une confinée » d’Annie Jouga.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle administratrice.
À KÉDOUGOU, LE DÉFI DE L'ACCÈS À LA SANTÉ POUR TOUS
Un nouvel hôpital régional moderne vient d’être inauguré dans le chef-lieu de la région. Mais les petits postes de santé, sous-équipés, continuent d’être saturés
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 26/06/2021
La blancheur immaculée des murs de l’hôpital contraste avec la piste en latérite qui relie l’établissement au centre-ville de Kédougou, chef-lieu de la région du même nom, au sud-est du Sénégal. A l’intérieur, des panneaux flambant neufs pointent vers les services d’orthopédie, d’oncologie, de pédiatrie, de gynécologie… « Avec une capacité de 150 lits, nous aurons bientôt une quinzaine de spécialités », se félicite Amadou Dieng, le directeur. Une offre encore rare dans un pays qui compte 0,069 médecin pour 1 000 personnes, selon la Banque mondiale contre une moyenne mondiale de 1,566.
Pour lutter contre ces déserts médicaux et améliorer l’accès aux soins au Sénégal, trois autres hôpitaux régionaux ont ouvert à Touba, Kaffrine et Sédhiou, pour un coût global de 97 milliards de francs CFA (147,7 millions d’euros). Tous sont opérationnels aujourd’hui, mais ils ne suffisent pas à palier le manque de structures de santé, notamment dans les régions reculées.
A Kedougou, le nouvel établissement est censé soulager le modeste centre de santé du district qui faisait jusque-là office d’hôpital régional.Situés sur l’artère principale de la commune, ses quelques bâtiments jaunes accueillent les patients qui attendent sur des bancs surchargés à l’ombre d’un préau en taule.Le personnel y est débordé, malgré l’arrivée d’un chirurgien généraliste, d’un gynécologue et d’un pédiatre. « Nous avons des problèmes avec les traumatismes liés aux accidents sur les sites artisanaux d’orpaillage, parce que nous n’avons pas d’orthopédie, pas de réanimateur, ni de cardiologue ou de neurologue », déplore le docteur Fodé Danfakha, médecin chef de district.
« Ça fait très mal »
Faute de mieux, les patients doivent être transférés vers la ville de Tambacounda, à 250 km au nord-ouest. Avant l’inauguration de l’hôpital régional, le centre de santé organisait une ou deux évacuations par jour. Des transferts parfois difficilement compatibles avec l’état des malades. C’est pour cela que Mohamed Touré, étudiant, a perdu sa mère, atteinte d’hypertension. Le centre ne disposait déjà pas, à l’époque, de réanimateur. « Ça fait très mal de se sentir à ce point impuissant », confie le jeune homme.
L’ancien numéro un ivoirien semble faire sien le narratif franco-ouattariste de 2010-2011, selon lequel s’il s’est “entêté” à faire front jusqu’au 11 avril de sinistre mémoire, c’est parce qu’il a été induit en erreur par “Simone et ses évangéliques”
Jeudi prochain, cela fera une semaine que l’ancien président ivoirien aura foulé le sol de son pays pour la première fois après dix années terribles : la prison, la réprobation internationale puis l’exil.
Que peut-on, avec un peu - mais très peu - de recul, tirer comme leçons de ce retour au pays natal ? Premièrement, que la ferveur populaire visible à Abidjan traduit une réalité : l’échec de la stratégie de la « page tournée » et de la construction d’un nouvel ordre politique purgé du « gbagbo-isme » et de tout ce qui y ressemble. La « démocratie des bombes » n’a pas triomphé de la conscience historique de nombre d’Ivoiriens et d’Africains qui, dans le chaos de l’actualité, savent reconnaître la trame d’une revendication têtue : celle de l’affranchissement d’un ordre impérial qui n’en finit pas de se renouveler.
Double discours
Gbagbo est rentré. Il a été acclamé. Mais la scénographie du pouvoir d’Abidjan a témoigné d’un double discours qui n’est franchement pas de bon augure.
D’un côté, Alassane Ouattara dit que Gbagbo est naturellement bienvenu chez lui - ne faisant en réalité que se conformer à la Constitution qui stipule qu’aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil. De l’autre, non seulement il n’efface pas une condamnation fantaisiste à 20 ans de prison pour le prétendu « casse » de la BCEAO, mais en plus il fait traîner le processus jusqu’à ce que son rival annonce unilatéralement la date du 17 juin.
D’un côté, il affirme les droits de son prédécesseur à une confortable rente viagère. De l’autre, il ne débloque pas son unique compte en banque.
D’un côté, le gouvernement « prend acte » du retour de « l’enfant du pays » et de la manière dont il sera organisé. De l’autre, la police brutalise, arrose de gaz lacrymogène, bastonne, blesse et arrête ses partisans afin de briser l’ampleur - et l’effet médiatique - de leur liesse.
En critiquant les conditions de jeu offertes par le stade Lat Dior de Thiès, le joueur de Liverpool a provoqué un électrochoc sur ce sujet sensible. Retour sur des semaines de polémiques
La question des infrastructures sportives a tourné à l'affaire d'Etat ce mois-ci au Sénégal. En critiquant les conditions de jeu offertes par le stade Lat Dior de Thiès, Sadio Mané a provoqué un électrochoc sur ce sujet sensible. Retour sur des semaines de polémiques.
Tout devrait respirer la concorde pour le football sénégalais en ce mois de juin. Il n'en est rien. Alors que le pays aurait dû saluer sans réserve l’allant offensif retrouvé de ses Lions de la Teranga, vainqueurs plutôt convaincants de la Zambie (3-1) puis du Cap-Vert (2-0) en matchs amicaux, ces bonnes prestations sont passées au second plan. Les observateurs ne parlent plus que du stade Lat Dior de Thiès, théâtre de ces deux rencontres. Lors de la première, une panne électrique a, une trentaine de minutes durant, plongé dans le noir l'enceinte de 10.000 places, suspendue par la CAF pour non-conformité aux normes. Obligés de patienter 35 minutes entre les deux mi-temps, les joueurs des deux équipes ont dû composer avec une situation indigne d’un match international.
De quoi faire réagir le plus fameux d'entre eux, Sadio Mané. « Le peuple sénégalais mérite mieux. C’est déplorable ce qui s’est passé », a lâché le capitaine des Lions. « Pour les joueurs de haut niveau quand on attend 30 à 35 minutes, puis qu’on doit se remettre dans le jeu c’est compliqué. Ce qui s’est passé n’est pas digne d’un pays de football comme le Sénégal », a ajouté le joueur de Liverpool, avant de tacler les dirigeants et décideurs sénégalais. « Je pense qu’ils doivent faire mieux. Et l’état du terrain est aussi catastrophique ! » Voilà qui fait désordre, d'autant que ce stade de Thiès n'est qu'un stade "de secours" pour le Sénégal, dont l'enceinte principale située à Dakar, le stade Léopold Sedar Senghor, est à l'abandon.
Recadrages et apaisement
Que n'avait pas dit là Sadio Mané ! Les propos du vice-champion d'Afrique font grand bruit à travers le pays. Leur auteur va recevoir la leçon de morale du ministre des Sports, Matar Bâ. « On ne peut pas avoir les mêmes conditions qu’à Liverpool ou Manchester. Quand on est en Afrique, il faut se mettre dans la tête qu’on peut être confronté à des difficultés. Ces difficultés peuvent être liées à des gazons, à l’environnement ou même à des conditions de voyage », tacle M. Bâ dans des propos rapportés par les médias du pays. En campagne pour sa réélection, le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor, y va également allé de son recadrage.
Au Sénégal, les meilleurs postes de responsabilité du secteur des TIC sont souvent politisés. Ils gagnent toujours les marchés sans appel d'offres, chuchotent entre les murs des bureaux pour espérer convaincre le chef
Quand est-ce que nos politiques comprendront que le secteur des TIC ne peut pas rimer avec du folklore ? L'inauguration, le mardi 22 juin, du tout nouveau Data center de Diamniadio par le président de la République, Macky Sall, a encore mis en exergue cette fâcheuse habitude de nos dirigeants à vouloir montrer leur force de mobilisation à leur patron. En lieu et place d’une forte communauté tech qui devrait être sur les lieux pour comprendre les enjeux de cette belle infrastructure numérique, Diamniadio a été transformé en ring politique pour accueillir le chef de l’État, patron de la coalition politique Benno Bokk Yaakaar». Des pancartes, des militants et des artistes ont occupé le décor, noyant le message primordial qui devait être véhiculé par les adeptes de la technologie. 90% des personnes mobilisées lors de l’inauguration n'en ont cure des enjeux de cette infrastructure et s’en foutaient royalement des objectifs de la cérémonie.
Même si en politique, il n’est pas interdit de mobiliser pour plaire, force est de constater qu’aujourd’hui, le secteur du numérique souffre énormément de ce fléau et rate sa connexion à la vitesse de la technologie.
Au moment où, dans les pays qui se respectent, où la technologie et la protection des données occupent une place importante, des datacenters sont lancés en silence. Parce que ces derniers savent que l’importance de l'infrastructure participe entièrement au développement du secteur et les sujets qui fâchent sont loin d'être des DC vides en pratique.
L'Afrique est le seul continent qui ne détient même pas les 1% des datacenters dans le monde et certains politiques se permettent de jouer avec la conscience collective.
Loin d’une critique subjective, nos politiques devraient apprendre à faire la différence entre travailler et mobiliser des militants. Il y a un temps pour démontrer sa force politique et un temps pour poser des actes pour la postérité.
Ce qu’on attend de ce datacenter est que l'on puisse, comme l’a souligné le président Macky Sall, faciliter l’accès aux démarches administratives aux citoyens instruits comme lambda.
Soulager la population et faire gagner du temps en mutualisant les moyens nécessaires pour connecter l’administration qui peine, de nos jours, à avoir, ne serait-ce que des mails professionnels fonctionnels.
Une souveraineté numérique théorique
La bataille de la souveraineté numérique est loin d'être gagnée si nous continuons à miser sur des agissements hors normes de notre secteur. Nous devons dépasser certaines choses et faire focus sur le "Work hard and smart ".
Heureusement que le président de la République, conscient de l'importance des données, a exigé la migration de celles se trouvant à l'étranger, vers les terres sénégalaises. L'intention est bonne, mais elle ne suffit pas. Il faudrait que nos spécialistes arrêtent de cacher la vérité à nos autorités sur des projets très sensibles confiés à des institutions ou filiales internationales. Les données des Sénégalais sont volées, stockées et gardées sans sécurité dans des services non conformes à nos réalités.
L'espionnage numérique est une question sérieuse que nous ne devons pas négliger. À ce stade du développement des technologies, le débat fait rage entre les plus grandes puissances. En Afrique et particulièrement au Sénégal, nous sommes toujours à l'ère du folklore technologique.
Malgré la stratégie Sénégal Numérique 2025 (qui touche à sa fin), le secteur traîne toujours les pieds face à une absence notoire d'un régulateur aveugle, qui semble méconnaître les questions de l'heure. La preuve par le tâtonnement dans la gestion des dossiers entre opérateurs de téléphonie ou Fintech, surtout avec le débat actuel opposant Wave à Orange. Le consommateur reste l'unique perdant dans cette jungle digitale où tous les coups sont permis.
Pourtant, des projets ambitieux sont développés dans ce pays. Mais, ils sont mal gérés, ou sont sans suite logique. Ce qui donne naissance à une latence grandissante dans l'exécution des projets numériques.
Un secteur politisé
Au Sénégal, les meilleurs postes de responsabilité du secteur des TIC sont souvent politisés. Ce sont les mêmes acteurs qui occupent le terrain depuis des années et s'y agrippent comme de l'aimant. Ils gagnent toujours les marchés sans appel d'offres, chuchotent entre les murs des bureaux pour espérer convaincre le chef. Et la nouvelle génération dans tout cela ? Que fait-on de nos futurs champions du digital ? Nos entrepreneurs, nos startuppeurs ? Osons les responsabiliser si nous voulons sauter des étapes dans le processus de développement.
Une administration molestée
Un constat, une réalité aphone. On passe sans rien dire, tout en sachant où le bât blesse. L'administration sénégalaise est à couteaux tirés. Problème de hiérarchie, querelles de compétences, accaparement de projets, combines numériques... Le gouvernement crée des agences et autres conseils sans suite. L’exemple le plus patent est celui du Conseil National du Numérique. Longtemps réclamé par les acteurs, le CNN n'existe que de nom avec sa liste de membres obsolètes.
Depuis sa création, aucune réunion n’a été tenue à part celle de l’installation de ses membres qui ont épuisé leur trois ans impartis suivant les dispositions du décret signé par le président Macky Sall.
Aujourd’hui, c’est silence radio au sein du ministère de tutelle. Les autorités sont beaucoup plus préoccupées par la politique pour espérer encore rester en poste.
Pendant ce temps, le Sénégal, malgré sa vision émergente, nage toujours les yeux bandés, l'esprit déconnecté des réalités de la technologie.
Basile Niane est journaliste IT - Directeur Général de Social Net Link
KHADIDIATOU KÉNÉMÉ, UNE BATTANTE À L'ÉPREUVE DE LA VIE
Elle s’active dans le business du foin à Pikine. Portrait d’une femme à qui la vie a « toujours donné des coups », mais qui s’est toujours battue pour rester debout
« La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute ». Cette citation qu’on attribue à Confucius s’applique parfaitement à Khadidiatou Kénémé. À 35 ans, cette femme forte a dû surmonter de difficiles épreuves, notamment deux divorces, pour affronter la vie avec courage. Aujourd’hui, elle s’active dans le business du foin à Pikine. Portrait d’une femme à qui la vie a « toujours donné des coups », mais qui s’est toujours battue pour rester debout.
Lundi 31 mai. Il est environ 11 heures. Une fille d’environ quatre ans arrive. « Vends-moi du mil », baragouine-t-elle. Elle tient une pièce de 100 FCfa à la main. Khadidiatou Kénémé, la propriétaire du magasin, se lève, sourit à cette môme qu’elle a l’habitude de voir, avant d’effectuer la pesée et lui remettre un sachet rempli de grains de mil.
Taille élancée et de teint clair, elle est vêtue modestement. Une robe rouge et noire ample qui lui laisse une liberté de mouvement. Des tresses, quelques bijoux au cou et aux doigts et des boucles d’oreilles sans grande valeur complètent sa mise. Point de maquillage, mais le destin semble avoir déposé une couronne de beauté sur sa figure. Khadidiatou a retrouvé le sourire. Lors de notre second passage, mardi 1er juin, elle avait troqué ce look contre des cheveux artificiels et une taille-basse… Telle une fleur fanée qui rajeunit au printemps, elle a repris goût à la vie. Comme toutes les personnes qui gardent une souffrance enfouie en elles, elle hésite avant de se livrer. Prenant confiance au fil de la discussion, Khadidiatou accepte, enfin, d’évoquer son histoire. « La vie m’a toujours donné des coups, mais je me suis toujours battue pour me relever », commence-t-elle.
Dans son magasin situé à Pikine Ouest, en face de la Cité Sotiba, des sacs de foin sont empilés les uns sur les autres, à côté d’autres de mil et d’aliment de bétail. « Je m’active dans le business du foin depuis deux ans », informe-t-elle.
« Fullay jaay dakhaar »
Avant de se lancer dans ce créneau, elle a essayé plusieurs métiers comme la restauration ou la vente d’habits. Mais, « aucun de ces petits boulots ne me rapportait autant que ce que gagne actuellement », dit-elle sans dévoiler son chiffre d’affaires mensuel. « Mangi sant Yalla (Je rends grâce à Dieu) », se contente-t-elle de dire. C’est par l’intermédiaire de son « meilleur et unique ami » de 10 ans, Cheikh Ndiaye, rencontré lorsqu’elle travaillait dans un fast-food à Pikine rue 10, qu’elle a décidé de se lancer dans le business du foin. Ce dernier lui avait fourni 26 sacs pour commencer. Et son frère lui a prêté le magasin… Aujourd’hui, elle maitrise parfaitement le circuit d’approvisionnement, faisant jeu égal avec les hommes. Pourtant les débuts furent difficiles. « Je suis restée une semaine sans vendre un seul sac. J’ai failli même fermer le magasin », se souvient-elle.
Elle passait même pour une curiosité pour les passants. La grande majorité essayait de la décourager avec des remarques désobligeantes : « Une femme qui vend du foin ! » ; « Tu n’as pas autre chose à faire ? » ou bien « Pourquoi tu ne te (re)maries pas ? » Femme forte, Khadidiatou ne se laisse pas déstabiliser. « Fullay jaay dakhaar », aime-t-elle à répéter. Et puis, elle a toujours gardé cette parole de son défunt père en mémoire : « Le travail anoblit ». Armé de ce viatique, elle refuse donc de lâcher prise parce qu’elle préfère avoir une autonomie financière plutôt que de dépendre de ses parents ou de ses frères.
Si certains trouvaient bizarre qu’une femme s’adonne à la vente de foin, d’autres l’encourageaient, trouvant admirable son courage. C’est ainsi qu’un riche client lui a remis, un jour, une forte somme d’argent (elle ne précise pas le montant) pour l’encourager. « Il m’a remis l’argent en me disant : « Je te le prête » ; c’est bien plus tard qu’il m’avoue qu’il me l’a offert », narre-t-elle, reconnaissante. De cette anecdote, elle tire une leçon : « S’il ne m’avait pas trouvé en train de me battre toute seule, il n’allait pas faire ce geste ».
Progressivement, Khadidiatou Kénémé élargit sa gamme de marchandises, ajoutant d’abord deux sacs de mil, puis du sorgho, ensuite du niébé et de l’aliment de bétail. Avec le sac de foin qui s’échange actuellement à 4500 FCfa, voire 5000 FCfa, elle peut gagner jusqu’à 1000 FCfa le sac, contrairement à ses débuts dans le métier où le sac ne lui rapportait que 300 FCfa. Khadidiatou est un bourreau du travail. « J’ouvre tous les jours de 8h à 23h, même le dimanche, sauf cas de force majeure », confie-t-elle.
Divorcée deux fois, mère de deux enfants
À 35 ans, elle a dû se relever de deux divorces. Le dernier a été particulièrement douloureux. Sa déception est à la hauteur de ses espoirs. L’ex époux est un Sénégalais établi au Gabon. L’union fût scellée à la va-vite, en l’espace d’une semaine. « Parce qu’il voulait m’amener vivre avec lui au Gabon ; je pensais que ce serait la belle vie », raconte-t-elle d’une voix où se lit l’émotion. Une fois au Gabon, elle ne tarda pas à déchanter. « J’étais tellement triste que mes yeux avaient changé. Je prenais des somnifères pour pouvoir dormir. Au bout d’un an, j’ai mis la pression pour obtenir le divorce et rentrer au Sénégal ». Elle n’en dira pas plus pour ne pas dévoiler la vie privée de son ex. Sur les raisons de ce second « échec » de vie conjugale, Khadidiatou pense, rétrospectivement, qu’elle n’avait « pas pris le temps de bien réfléchir et de connaître sa vraie personnalité ». De retour au Sénégal, en 2015, il lui a fallu juste une semaine pour reprendre son destin en main. « Je me sentais libérée ; je ne voulais surtout pas dépendre de mes frères ou m’apitoyer sur mon sort », dit-elle. C’est ainsi qu’elle s’adonne à plusieurs petits boulots avant la vente de foin. Khadidiatou a beaucoup de projets pour l’avenir. Elle souhaite notamment obtenir un financement de la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj) pour élargir son activité. « Je souhaite, dans un premier temps, faire du « bay seddo » (c’est-à-dire donner les intrants à des agriculteurs qui lui revendront le foin à moindre coût) », explique-t-elle.
Se remarier ? Elle ne l’exclut pas totalement, « mais ce n’est plus une priorité, encore moins une fixation », répond-elle sans ambages. Aujourd’hui, Khadidiatou Kénémé parvient à subvenir à ses propres besoins et à entretenir sa mère, restée au village, ainsi que ses deux garçons (nés de son premier mariage), dont l’un vit avec elle, l’autre étant avec son père. Elle espère surtout que ces derniers auront plus de chance pour percer dans les études, contrairement à elle qui a dû arrêter l’école avant l’entrée en 6ème à cause de conditions sociales difficiles. « Pourtant je faisais partie des meilleurs élèves de ma classe », se souvient-elle. Elle veut aussi inculquer à ses enfants les valeurs de courage, de dignité et d’abnégation. « J’essaie de leur montrer qu’il faut toujours se battre, de ne jamais baisser les bras parce que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Et la meilleure façon de leur inculquer cela, c’est de l’incarner », explique Khadidiatou. C’est ce qu’on appelle prêcher par l’exemple. Une leçon de vie.