SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
16 septembre 2025
MACKY COURTISE L’ÉLECTORAT MOURIDE
Hôpital flambant neuf, plusieurs milliards d'investissement pour l’assainissement, paiement des salaires des fonctionnaires dès le jeudi 23 septembre... Le président poursuit son opération de charme pour conquérir la cité religieuse
Inauguration en grande pompe d’un hôpital de niveau III. Plus d’une vingtaine de milliards pour résoudre le problème d’assainissement. Paiement des salaires des fonctionnaires depuis hier, jeudi 23 septembre. Le président de la République, Macky Sall, qui peine à remporter une élection dans le département de Mbacké englobant la ville réligieuse de Touba, poursuit pourtant son opération de charme pour conquérir l’électorat mouride. En plus d’être le chef de l’Etat ayant fait du Grand Magal de Touba, une journée fériée en 2013, Macky Sall, a offert un pont en faisant de ce lundi 27 septembre une journée chômée et payée.
Un pont ! C’est ce qu’a décidé le président de la République en déclarant le lundi 27 septembre, lendemain du Grand Magal de Touba, journée chômée et payée. La décision a été prise hier, jeudi 23 septembre, par le Chef de l’Etat. «Monsieur le président de la République a pris, ce 20 septembre 2021, le décret 2021-1203 par lequel il déclare la journée du lundi 27 septembre 2021 pont et fériée. Il met de la sorte en vigueur l’article 8 du décret n°74 - 1125 du 19 novembre 1974 fixant le régime de la fête nationale et du premier mai et celui des autres fêtes légales», lit-on dans un communiqué du ministère du travail, du dialogue social et des relations avec les Institutions.
Le document de préciser que «cet article confère au président de la République la prérogative de déclarer, par décret, pont et fériée, une journée ne figurant pas dans la liste des fêtes légales, à condition que cette journée soit comprise entre une fête légale et un dimanche ou, à tout le moins, accolée à une fête légale». A signaler que le lendemain du Magal de Touba n’a jamais été un jour férié.
C’est la journée de la commémoration du départ en exil du fondateur du mouridisme qui l’est conformément à la loi N°2013-06 du 11 décembre 2013, qui est aussi une œuvre du président Macky Sall. Celle-ci dans son article 4 dit que «la fête nationale, la Tamxarit, la journée du Grand Magal de Touba et la journée du 1er mai sont chômées et payées». Cette décision vient s’ajouter à de nombreux autres projets d’envergure initiés par les autorités pour la cité religieuse. Un l’hôpital de niveau 3 y a été inauguré en grande pompe par le président la République, Macky Sall, samedi 18 septembre.
La structure a couté 40 milliards F CFA. D’une capacité de 300 lits et doté de 300 lits l’hôpital doit mettre un terme les évacuations des malades venant de Touba vers Dakar. Parmi les décisions étatiques, il y a aussi le payement du salaire des fonctionnaires hier, jeudi 23 jeudi à cause du Magal, comme l’a précisé un édit du ministre des Finances. La cité religieuse a été durement approuvée par les inondations cette année. L’Etat du Sénégal a décidé de venir en aide à ses impactés par le déblocage d’une enveloppe de 27 milliards.
En réunion préparatoire de cette 123ème édition du Magal, le ministre de l’Intérieur et la sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a annoncé le relogement des sinistrés de Touba. Sur le site du gouvernement, le bureau d’information gouvernemental (Big) explique que les travaux d’urgence à Touba, d’un montant de 04 milliards FCFA, vont renforcer la capacité de la pompe du bassin de Keur Niang qui était de 2830 m3/jour avec un rajout de 2000 m3/jour, dans le cadre du plan d’Organisations des secours (Orsec).
De plus, dans le cadre de la deuxième phase du plan d’assainissement de Touba, l’Etat du Sénégal a dégagé une enveloppe de 23 milliards FCFA. 5 milliards FCFA viendront renforcer le dispositif d’assainissement déjà existant, alors que les 17 milliards FCFA seront dédiés aux quartiers qui jusque-là n’ont pas encore été impactés par les réalisations de la phase 1 du plan d’assainissement de Touba. Mieux, rappelle le bureau d’information gouvernemental, dans le cadre du programme d’assainissement des 10 villes d’un coût global de 60 milliards de francs CFA, destiné à dix villes sénégalaises, Touba est bénéficiaire d’une enveloppe de 15 milliards FCFA.
Il y a aussi l’autoroute Ilaa Touba, un projet qui a contribué à la facilitation des déplacements à la cité religieuse. Le lien entre le président de la République Macky Sall et Touba c’est aussi le programme de modernisation des cités religieuses. Les visites du chef de l’Etat à Touba sont des occasions qui se comptent à la pelle. Cependant, Touba un des électorats les plus importants du pays, n’a jamais été favorable au leader de l’Alliance pour la République (Apr). La cité est restée fidèle au Parti démocratique sénégalais (Pds) du président Abdoulaye Wade avant que c’est l’actuel président du Conseil économique social et environnemental, Idrissa Seck n’y prenne ses marques. N’empêche le président de la République, Macky Sall poursuit son opération de charme.
KEEMTAAN GI - PROSTITUTION POLITIQUE
Que faut-il encore penser de la pratique de la politique dans ce charmant pays ? Elle est à mille lieues du sens noble de la praxis énoncée par des hommes d’éthique. C’est à dire telle qu’elle se pratiquait, il y a plus de quarante ans dans ce pays. A l’époque, la confrontation des idées était forte et féconde, le respect mutuel de mise en dépit des différences. Les acteurs se nourrissaient d’idéologies et étaient animés de convictions fortes. Ils vivaient et mourraient pours leurs certitudes. Dignes dans la misère et refusant toutes compromissions jusqu’à… la tombe. Des hommes et femmes qui ont donné de leur vie pour un pays libre et démocratique. Torturés, subissant mille brimades, ils sont restés debout, refusant toutes allégeances destinées à tuer l’idéologie qu’ils portaient dans la conscience. Pauvres mais dignes étaient ces hommes politiques qui n’avaient d’autre préoccupation que de servir l’Etat, ou l’intérêt général, refusant de cirer les bottes au Prince. Cette façon de faire la politique a cédé la place à une pratique que l’on pourrait bien comparer à de la prostitution. Il ne faut pas avoir peur des mots en se réfugiant derrière une pusillanimité de mauvais aloi. On se prostitue maintenant pour des postes de sinécure et pour être proche du Prince. Et l’on prétend que l’on vient pour sauver le pays. Ce qu’ils font, ces messieurs et dames, constitue la plus belle escroquerie politique de ces vingt dernières années. Pour ce faire, la tendance est de créer un parti politique ou un mouvement. S’il y a des centaines de formations politiques dans ce pays de paradoxes, il y a encore plus de mouvements. Tous portés pour la plupart par des « prostitués ». Des gens de peu d’éthique et qui n’attendent que l’occasion pour se « vendre » au Prince, la voie royale pour s’enrichir en un quart de tour. Et quand dépité, le Chef les lâche, ils retournent à la case départ, lançant des missiles en sa direction. L’éthique et l’idéologie, ne leur en parlez surtout pas car, eux, ils font dans le racolage. Autant dire que ce sont des hommes ou des femmes de petite vertu. KACCOOR BI
MAGAL DE TOUBA MACKY SALL DECRETE LUNDI FERIE
Après avoir autorisé à payer les salaires et pensions des agents de l’Etat ce jeudi 23 septembre, le président Macky Sall a décidé encore d’honorer Serigne Touba à l’occasion du Magal célébré le dimanche 26 septembre. C’est ainsi que le lundi 27 septembre est déclaré pont et férié. « Le chef de l’Etat met de la sorte en vigueur l’article 8 du décret n° 74-1125 du 19 novembre 1974 fixant le régime de la fête nationale et du premier mai et celui des autres fêtes légales. Cet article confère au président de la République la prérogative de déclarer, par décret, pont et fériée une journée ne figurant pas dans la liste des fêtes légales, à condition que cette journée soit comprise entre une fête légale et un dimanche ou, à tout le moins, accordée à une fête religieuse ».
MAGAL DE TOUBA LA GRANDE COALITION DE L’OPPOSITION REÇUE PAR LE KHALIFE GENERAL
A deux jours du Grand Magal de Touba, c’est le grand ballet des personnalités politiques chez le Khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké. Hier, aux environs de 13 heures, une très forte délégation de la grande coalition de l’opposition a été reçue par le Khalife général. Composée de Pape Diop, Mamadou Diop Decroix, Mayoro Faye, Alioune Diop, Abdoul Mbaye, Mamadou Lamine Diallo, Mame Diarra Fam, Cheikh Mbacké Dolly, Pape Sarr etc., la grande coalition a été chaleureusement accueillie par le saint homme. A l’attention du Khalife, le porte-parole du jour, Pape Diop de Book GuisGuis, a d’abord rappelé le sens de la célébration du Magal de Touba. Une recommandation de Serigne Touba alors qu’il était à Diourbel. Selon Pape Diop, ce grand événement religieux est aussi un moment de retrouvailles spirituelles pour les talibés mourides et les musulmans dans leur globalité. A cet effet, l’ancien président du Sénat et ex-maire de Dakar a profité de l’occasion pour transmettre les salutations, les remerciements et le ziarra du président Abdoulaye Wade, la tête pensante de la coalition. « Le Témoin » quotidien a appris que Pape Diop a sollicité auprès de Serigne Mountakha Mbacké des prières pour une victoire éclatante de la coalition au soir des élections locales 2022. Prenant la parole, le Khalife général des Mourides a magnifié le déplacement de la très forte délégation de l’opposition, preuve de l’affectation et la considération qu’elle éprouve envers Touba. Le Khalife général est revenu longuement sur ses relations particulières avec Me Abdoulaye Wade, un frère et un fervent talibé de Serigne Touba Khadim Rassoul. Malgré la compétitivité et l’adversité qui vont marquer les élections locales, Serigne Mountakha Mbacké a béni la coalition avant de formuler des prières pour tous les leaders.
MAGAL DE TOUBA L’OMBRE DE ME KHASSIM TOURE…
Le Grand Magal de Touba sera célébré après demain dimanche. Un premier magal sans l’honorable avocat, notre défunt ami Me Khassim Touré décédé courant février 2021. A cette occasion, ils seront nombreux les amis, parents, talibés et connaissances à avoir une pensée pieuse pour l’illustre avocat, un mouride « sadikh » qui, à pareille époque, s’activait à accueillir avec faste et force « berndels » ses hôtes chez lui à Touba. Rappelons-le avec douleur et regret, chaque grand magal de Touba, la maison de Me Khassim Touré à Touba constituait le lieu de convergence de nombreux magistrats, avocats, journalistes, diplomates et autres amis venus commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Un événement annuel au cours duquel le défunt talibé de Serigne Touba étalait son immense générosité en dépensant sans compter pour les copieux « berndé ». Grand chahuteur devant l’éternel, Khassim profitait de ce rendez-vous annuel pour s’autoproclamer « marabout » de ses propres amis. Et se flattait d’avoir deux illustres « beuk nek » à sa disposition : Ousmane Chimère Diouf (magistrat, actuel président de l’UMS) et Momar Diongue (journaliste). Autant de choses qui font que, assurément, l’ombre de notre très cher Me Serigne Khassim Touré planera sur ce premier grand magal de Touba célébré en son absence.
TOUBA SONKO OVATIONNE CHEZ SERIGNE MOUNTAKHA
Le leader du Pastef, Ousmane Sonko, présent hier à Touba, a été ovationné par la foule massée à la devanture de la maison du Khalife général des Mourides. Accompagné de Déthié Fall, Habib Sy, Aïda Mbodj, Ousmane Sonko dirigeait la délégation de la coalition « « Yewwi Askan Wi ». Après leur arrivée, ces leaders ont rejoint les autres coalitions ou partis d’opposition chez le Khalife général des Mourides. Ladite visite de l’opposition à Touba, dit-on, s’inscrit dans le cadre de la tenue prochaine du Grand Magal célébrant le départ en exil du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba.
TAYSIR FINANCE SA SERIGNE MOUNTAKHA BENIT LA 1ERE INSTITUTION DE MICRO-FINANCE ISLAMIQUE DE L’UEMOA
Mouhamadou Lamine MBACKE, pionnier de la Finance islamique en Afrique de l’Ouest et Président de l’Institut Africain de Finance islamique (AIIF) mais aussi neveu du Khalif général des Mourides, et Pape Adama Cissé, Maire de Passy, ancien Directeur Financier Régional de Microsoft Afrique de l’Ouest puis de Tamweel Africa Holding et actuel Président du Conseil de la Haute Autorité du Waqf, ont choisi l’occasion du grand Magal de Touba 2021 pour lancer TAYSIR FINANCE SA. Une société anonyme au capital de 1 milliard de francs CFA qui vient d’être agréé par le Ministère des Finances et la BCEAO comme la première institution de Micro Finance complètement dédiée à la Finance Islamique du Pays. Les deux promoteurs actionnaires ont rendu visite au Khalif Général des Mourides Cheikh Mountakha Bachir à Touba le Mardi 21 Septembre 2021 pour solliciter ses prières et l’informer du prochain démarrage des opérations de TAYSIR qui compte jouer sa partition dans la ville de Touba dans l’œuvre gigantesque du khalif inspiré par l’œuvre Matlaboul Fawzeyni de son grand père dont l’économie et la Finance conforme à l’éthique de l’islam est un pilier fondamental. Le Khalife a fortement béni le projet qu’il a suivi de bout en bout depuis le dépôt de l’agrément en 2018.Le guide religieux leur a aussi souhaité la Baraka de Dieu Tout puissant et a prié pour que le Sénégal tout entier puisse bénéficier des multiples opportunités de financements conformes à l’éthique de l’Islam.
LE PROCUREUR SAISIT LES PRESTATAIRES DE WARI RECLAMENT 2 MILLIARDS A KABIROU MBODJE
Le PDG de Wari, Kabirou Mbodje, est encore au-devant de l’actualité judiciaire. En effet, hier, il a été vilipendé au tribunal de Dakar par les prestataires de Wari. Ces derniers, réunis au sein d’un Collectif, veulent recouvrer leur argent confisqué, disent-ils, par Kabirou Mbodje. Ils réclament à ce dernier une colossale somme de 2 milliards de frs. Après avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, ils ont fait face à la presse. Selon le représentant dudit collectif, El Hadj Diallo, Kabirou Mbodje a bloqué leur argent à travers sa plateforme Wari. «Nous sommes aujourd’hui venus au Palais de justice pour déposer une plainte auprès du procureur de la République. Et ceci constitue la deuxième phase de notre plan d’action. Lors de la première phase, nous avons essayé de rencontrer la direction de Wari sans succès. La direction ne veut ni recevoir nos courriers, encore moins nous recevoir en personne. Ce qui constitue une violation flagrante des conditions de vente que la structure avait établies», a dénoncé le représentant des prestataires de Wari. Conscient des difficultés financières que rencontre Wari, M. Diallo précise qu’il n’y a aucun lien de subordination qui les lie à Wari. Il reproche au groupe Wari d’avoir violé les conditions établies avec les prestataires qui disent clairement dans les article 16 et 20 que le compte de tout prestataire devait être récupérable à tout moment. Dans le cadre d’un autre plan d’action, ces prestataires compte également saisir la BCEAO, le ministre en charge des Finances et l’Uemoa. À en croire, El Hadj Diallo, le collectif va saisir également l’Ambassade de France pour porter l’affaire devant les cours et tribunaux français. «À ce niveau, nous allons réclamer notre dû, mais également une réparation du préjudice que nous avons subi qui tourne autour de 2 milliards pour plus de 2. 800 prestataires sénégalais et plus de 18.000 à travers le continent africain», a-t-il conclu...
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LES VOYOUS DU PARLEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette 13e législature est celle du refus de payer les impôts, de toutes les magouilles. C'est le malaise au sein de la mouvance présidentielle depuis l'éclatement de cette énième affaire de trafic de passeports
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 23/09/2021
La 12e législature aura été qualifiée à tort ou à raison de la plus nulle, dans l’histoire parlementaire du Sénégal. Les députés qui la composaient essentiellement ont été cités dans toutes sortes de magouilles financières, de tripatouillages textuels, de pratiques peu recommandables qui détonnent avec le contenu de l’article 100 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale : « Le député, élu du peuple, est un représentant qualifié de la Nation qui a des obligations de rigueur morale, d’intégrité, de droiture et de dignité qui doivent se refléter dans son comportement et sa vie de tous les jours. » Les bordées d’insanités entre les députés Aïssatou Diouf et Me El Hadji Diouf surnagent encore dans nos mémoires. La 12e législature a été vassalisée et manipulée par l’Exécutif là où les Sénégalais s’attendaient à une rupture de taille, à une révolution parlementaire qui accoucherait d’un nouveau type de député.
Opposant, le candidat Macky Sall s’était engagé à réformer le mode d’élection des députés parce que celui de l’époque (et qui est toujours actuel) favorisait ceux que l’on appelle les députés du président. Ce qui est une insulte institutionnelle si l’on sait qu’en République, la séparation des pouvoirs est un principe sacro-saint pour vivifier la démocratie. Mettre les députés de son choix sur les listes nationale et départementale génère des représentants de la Nation qui n’ont aucune légitimité populaire. Aujourd’hui la majorité des députés qui peuplent l’Assemblée nationale ne seraient pas élus s’ils s’étaient présentés dans un scrutin uninominal à un ou deux tours. Par conséquent, si certains députés s’enorgueillissent ostensiblement à se réclamer députés du président comme le clamait insolemment le maire Moussa Sy du temps du régime de Wade, c’est parce qu’ils pensent à juste raison que c’est le président Macky Sall qui leur permet de bénéficier de tous les passe-droits dont ils jouissent aujourd’hui. Et il ne faut jamais s’attendre à ce que ces députés godillots votent contre ou remettent en cause un projet de loi. En dépit des nouveaux pouvoirs acquis lors du référendum de mars 2016 notamment en matière de contrôle et d’évaluation des politiques publiques, les députés de la mouvance présidentielle, comme les prisonniers de la caverne de Platon qui préféraient l’obscurité à la lumière, s’agenouillent sans vergogne devant le chef de l’Exécutif et se soumettent à ses desiderata. Et cette soumission aveugle au pontife du palais leur confère une immunité voire une impunité. Cela est attesté par cette 13e législature pour laquelle on ne parvient pas à trouver un qualificatif péjoratif approprié.
Cette 13e législature a avalisé les ignominies du parrainage pour éliminer des candidats à la présidentielle de 2019, livré à l’échafaud le député Khalifa Sall et balisé à la justice le terrain de la mise à mort politique du leader de Taxawu Senegaal et de Karim Wade. Cette 13e législature est celle du refus de payer les impôts, de trafic des faux billets, et de trafic sur les passeports diplomatiques et tutti quanti. Seydina Fall alias Boughazelli mêlé à un trafic de faux billets plastronne aujourd’hui après avoir bénéficié indûment d’une liberté provisoire pour de pseudo-raisons médicales.
Depuis le 6 septembre dernier, date à laquelle un sieur du nom d’El Hadji Diadji Condé a été appréhendé par les agents de la Dic, l’institution parlementaire est éclaboussée par une histoire de trafic de passeports diplomatiques avec l’implication de deux députés de Bennoo Bokk Yaakaar. L’interrogatoire de Condé a révélé que les députés El Hadji Mamadou Sall, Boubacar Biaye sont mouillées jusqu'aux épaulettes dans un trafic de passeports diplomatiques. La saisie de 8 titres de voyage établis en leurs noms, la découverte de 14 certificats de mariage portant les noms du trio avec d’autres femmes, de 9 autorisations parentales, de 7 contrats de travail, de 20 photocopies de cartes nationales d’identité montre l’ampleur de ce trafic de documents de voyage. À ces documents frauduleux s’ajoutent 7 relevés de comptes CBAO et Ecobank, 19 extraits de naissance portant les cachets des centres d’état-civil de Kédougou, Pikine et Médina Gounass et enfin 13 relevés d’indemnités parlementaires.
Une telle découverte étonnante et détonante suffit pour qu’une procédure judiciaire soit enclenchée pour apporter la lumière sur cette affaire qui mouille deux députés apéristes et souille la deuxième institution du pays. Mais au vu des atermoiements et des louvoiements, il appert de plus en plus clairement que le régime de Macky Sall représente une menace non seulement pour la justice sociale et l’équité, mais également pour le respect de la démocratie et de ses institutions. Dans l’affaire Kilifeu et Simon, le procureur a transmis avec célérité l’affaire au juge d’instruction qui, à la fin de ses auditions, a placé en détention les rappeurs de Y en a marre. Mais ces deux activistes accusés de trafic de migrant doivent pouffer de rire puisque l’Assemblée nationale est devenue un véritable capharnaüm de trafic de migrants, de faux, de magouilles fiscales, de surfacturation et de partage de fonds politiques.
Depuis plus de trois semaines que cette affaire a été soulevée, le ministère public n’a pas encore réagi pour enclencher une quelconque procédure judiciaire à l’encontre de ces deux voyous parlementaires. Seul, Condé a été entendu et écroué par le juge du deuxième cabinet pour « association de malfaiteurs, escroquerie, blanchiments de capitaux, faux et usage de faux sur des documents administratifs et faux en écritures publiques authentifiées ». Pendant ce temps, ses complices parlementaires se pavanent sans être inquiétés. Aujourd’hui, le procureur refuse d’enclencher des poursuites parce que cette affaire ne touche pas seulement Condé et ses complices de l’Assemblée, mais étend ses tentacules jusqu’à la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères où l’on signe ce document de voyage dont l’attribution est régie par un texte. Le malaise s’est installé au sein de la mouvance présidentielle et cette dernière se trouve dans un dilemme cornélien, car livrer les deux députés à la justice revient à remonter jusqu’à la 12e législature où ledit trafic de passeports diplomatiques a commencé. Et des pontes de la République insoupçonnés mêlés à ce trafic pourraient tomber.
Aujourd’hui, le sentiment le mieux partagé est que cette affaire finira en eau de boudin et que quelques lampistes seront apparemment « sanctionnés » pour calmer l’exaspération populaire.
Le passeport diplomatique sénégalais n’a plus aucun prestige, aucune valeur dans l’espace européen et américain. Le président Macky Sall qui, dès les premières lueurs de la deuxième alternance, avait enjoint son ministère des Affaires étrangères de remettre de l’ordre dans la délivrance de ce sésame dont l’attribution est soumise une réglementation rigoureuse est l’un des premiers à la fouler au pied. N’est-ce pas lui qui a attribué le passeport diplomatique à l’obscur homme d’affaires malien Seydou Kane arrêté le mercredi 18 novembre 2015 et placé en garde à vue à Nanterre en France malgré son document de voyage saisi par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCLIF) ? Certains disent que l’attribution du sésame à cet affairiste Malien établi au Gabon n’était qu’une forme de pretium doloris à l’assistance financière consistante dont Macky Sall a bénéficié de sa part quand il allait à la quête de la présidence de la République.
Lors de la première alternance, tous les soutiens politiques de Wade en disposaient. En 2002, 200 cent passeports avaient été livrés à un marabout aujourd’hui décédé qui, en retour, lui apportait son soutien politique. Pourtant deux ans auparavant, le ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio avait réussi à mettre la main sur 3 000 passeports diplomatiques mis en vente sous le régime de Diouf. Le crépuscule du règne socialiste est aussi entaché par la délivrance outrancière de passeports diplomatiques à des Chinois sous le prétexte qu’ils voulaient, avec la crainte du passage de la rétrocession de Hong-kong à la Chine le 1er juillet 1997, investir au Sénégal. Entre le 31 juillet 1998 et début octobre, le long des berges de la Seine à Paris, les corps de deux jeunes Chinoises (une mère et sa fille), froidement exécutées, sont découverts par des promeneurs. Elles détenaient toutes les deux des passeports diplomatiques de notre pays. Ces Chinoises seraient victimes d’un règlement de compte de certains caïds de la mafia chinoise en possession eux aussi de passeports diplomatiques sénégalais.
Le président Macky Sall, lors du Conseil des ministres du 17 avril 2019, avait demandé à son ministre des Affaires étrangères, Amadou Bâ, de mettre de l’ordre dans la pagaille observée dans la délivrance des passeports diplomatiques. Mais l’implication de deux députés de la mouvance présidentielle dans le trafic de ces documents de voyage montre que l’injonction présidentielle n’était que tape-à-l’œil. Et au rythme où vont les choses, les Sénégalais doivent déchanter parce qu’Aymérou Gning et ses collègues de Bennoo, en dépit de leurs rodomontades, ne courront pas le risque de donner un coup de pied dans la fourmilière en livrant les députés passeurs à la justice.
MANDINA MANCAGNE, LE CRI DE DOULEUR DE LA GRANDE MUETTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Mandina Mancagne a été le théâtre d’une séquence essentielle de l’armée sénégalaise. Le village qui abrite désormais un train-train quotidien et paisible, est un de ces repères, pour faire Nation, dans la douleur de la vérité
Le 19 août 1997, l’armée sénégalaise a subi de lourdes pertes dans la bataille de Mandina Mancagne. Un épisode central dans le conflit casamançais, mais aussi dans l’histoire de l’armée nationale. Retour sur une tragédie qui a constitué un tournant.
La superstition s’en était mêlée ce 19 août 1997. Ziguinchor et ses environs, si généreusement inondés par le soleil d’habitude, n’avaient vu qu’un pâle jour s’élever. Un gris cendre, épais et lourd, moite et angoissant. Assez d’oraisons dans ces infimes détails pour que la rumeur s’en empare, et que les prémonitions redoutent une tragédie imminente. Comme toujours, c’est a posteriori que la prophétie prend véritablement sens, gagne en prescience. Et à ce compte, les souvenirs sont formels, même déformés par l’histoire : c’est parce qu’un drame d’envergure guettait la région que même la météo s’était faite funeste. Le reste est désormais consigné par l’histoire : l’une des plus grandes tragédies militaires du Sénégal se déroule ce jour-là. Une embuscade meurtrière, tendue par les combattants rebelles du MFDC à l’encontre des militaires aguerris, a fait de Mandina plus qu’un point sur la carte, un sanctuaire de la mémoire nationale. Une blessure que même la reprise de la vie normale et paisible, plus de vingt ans après, n’arrive pas tout à fait à refermer.
Point géographique, Mandina Mancagne est un village à la périphérie de Ziguinchor, avant la frontière avec Bissau. Le brassage ethnique y a convié multitude de communautés du sud, dont l’une des plus centrales, les Mancagnes, donnera leur nom au village - au même titre que son jumeau, Mandina Manjaque, dominé par l’ethnie du même nom. Dans ces zones rurales enclavées, les anacardiers dominent les terres, le relief, et donnent de maigres ressources. Les paysages sont veinés de grandes rizières, accablés de crevasses, et les prémisses d’une forêt équatoriale abandonnée aux providences de la mousson, étalent un grand champ vert, paradis des bêtes. L’idée de la Casamance y trouve sa substance même : une énergie sauvage, inviolée, qui défie le temps, accolée au mythe d’une terre à la fois hospitalière et rebelle, prolongement d’une identité régionale résistante.
Fief historique du MFDC
Sans doute point un hasard que le MFDC y implante un de ses bastions. Dès 1982, et la répression de la première marche qui revendique l’indépendance, c’est à Mandina Mancagne que le fragile état-major du maquis trouve refuge. Point de hasard non plus, que ce soit de ce fief que partent les manifestants de 1983, avec leurs flèches, leurs lances. Le village se confond avec le MFDC, qui y a épousé, comme par miracle, la morphologie géographique pour planifier en douce ses ripostes. Et partant, gagner la bataille d’adhésion des populations, éloignées des centres urbains, sensibles aux causes de proximité. Ils sont déjà tous là : les hommes forts du front, le guide Sidi Badji, l’impétueux Salif Sadio. En dix ans dans le maquis, les fronts se sont étoffés, profitant du chaos sous-régional, mais encore, plus indicible, d’une adhésion des populations du Sud, se sentant exclues. L’injustice de la condition de la région, les micro-événements disparates, à plusieurs échelles, répressions comme anecdotes d’une désaffection teintée de mépris du Sud, raidissent les cœurs et sèment le poison du désir de vengeance. Le MFDC s’en fait le catalyseur. Il recrute, dans le désœuvrement, la proximité ethnique. Il a une aile extérieure, des soutiens politiques, des zones de retraits ponctuels. Assez de facteurs pour jouer de mauvais tours à l’armée sénégalaise, militairement supérieure, plus équipée, mais désavantagée par les termes asymétriques de cette guerre, et sa teneur civile. La décennie 90, épicentre chronologique du conflit, période du sommet de ses horreurs, ne fera que saigner les rivières.
La riposte vire à la tragédie
Le 25 juillet 95, à Babonda, pas très loin de Mandina Mancagne, retentit le premier coup de semonce. L’armée sénégalaise y perd 25 de ses soldats, nombreux d’entre eux d’extraction locale. La déflagration est de portée nationale. Dans cette région tissée de liens multiples et proches, le deuil voyage de maison en maison. On est sûrs d’y avoir perdu un parent, proche ou lointain. Pour l’État du Sénégal, il faut tuer cet embryon de rébellion qui prend de la force. La sous-région voit s’épanouir en effet des indépendances tardives et l’énergie est là, contagieuse, d’autant qu’un vœu commun, presqu’une croyance religieuse, anime le maquis d’alors : le succès est au bout. On formule des prières, conçoit des ébauches de drapeau, songe à des hymnes. Le mouvement se fait proto-État imaginaire. Comment faire face à ce conflit fratricide, tenir l’ensemble national, restaurer l’autorité de l’État, et assurer la continuité de la souveraineté nationale ? Dakar a du pain sur la planche. Et parmi les stratégies possibles, c’est la force qui s’impose. Nul autre recours face à un maquis qui s’étoffe, s’endurcit, attaque et mène la vie dure aux soldats. Le passif de Babonda dans la conscience et l’ascendant psychologique du maquis, trouble Dakar. La riposte s’organise.
Une unité d’élite est mise sur pied. Le Cosri (commando des opérations spéciales, recherche et infiltration). Les versions divergent sur ce qui a présidé à sa mise sur pied. Est-ce un corps destiné uniquement à reconquérir les zones du maquis ? Est-ce un corps destiné à l’origine à la guerre congolaise qui éclate, et qui a été redirigé illico presto au Sud ? La grande muette ne trahira pas le secret. Barka Ba, spécialiste de la question, donne des éléments : « Ils avaient quitté leur base de Thiès où ils avaient été entraînés par les Américains, notamment avec des équipements dernier cri, des lunettes de vision nocturne. C’était surtout le général Wane, ancien aide de camp de Diouf [Abdou], alors patron des services de renseignement, qui voulait en faire un coup d’éclat en anéantissant la base de Mandina avant d’aller à la table des négociations. » Toujours est-il que ce groupe, baptisé, non sans ironie, « les Congolais » par la population locale, arrive dans la région avec sa réputation de premiers de cordée. Partir à l’assaut du MFDC dans son fief, l’en déloger est l’objectif. Comment pénétrer cette terre fortement accidentée, aux faux accents de bourgade paisible ? Comment aller au corps à corps avec de supposés rebelles, tout en évitant des populations civiles ? Sont-ils d’ailleurs complices ? L’équation est complexe, mais « les Congolais » sont formés pour. L’assaut est matinal. La dissémination en terre hostile reprend les codes de la guerre asymétrique. Les soldats veulent piéger les forces du MFDC, en les prenant à leur propre jeu. Mais l’affaire se corse, car les informateurs, les antennes, ont une longueur d’avance.
Le contre-espionnage du maquis laisse le corps expéditionnaire s’engouffrer dans la brèche, et referme son piège. Il faut alors pour le Cosri se dépatouiller face à un ennemi plus nombreux, qui joue à domicile, connaissant parfaitement le terrain. Avec une réelle et évidente supériorité en équipement, les soldats sénégalais luttent, férocement, au corps à corps. Dans une configuration d’autant plus délicate, qu’un appui aérien est impossible, sous peine d’alourdir le carnage, et qu’un renfort terrestre pourrait se solder par la même désillusion. De 6h du matin à 20h, les détonations résonnent effroyablement dans tout Ziguinchor. Mandina Mancagne est ravagée. Le ciel, bas, porte le deuil. Quand l’accalmie arrive, le corps d’élite est décimé. On parle alors d’un bilan de 25 morts, bilan sans doute sous-évalué, calqué sur celui de la tragédie de Babonda, deux ans plus tôt. Mais en réalité, 33 vies ont été perdues du côté des forces nationales. Mais en arrière-fond de cette tragédie, demeure un mystère irrésolu : y a-t-il eu une guerre de positionnement des chefs de l’armée, une « guerre des services », pour reprendre l’expression de Barka Ba ? En effet, selon lui, ce sont bien ces tensions internes à l’armée qui a ont été fatales aux Cosri.
Le choc et le tournant
À l’inhumation des corps, au cimetière de Santhiaba, en plein cœur de Ziguinchor, l’émotion est forte. L’état des corps, le sang des martyrs, coulant à même les cercueils, donnent un aperçu de l’enfer dont Mandina Mancagne s’est fait, pour un jour, la réplique et la miniature. À la triste météo ambiante, succède celle des cœurs, abattus, transpercés par la souffrance. Tout un pays est plongé dans la torpeur, et la peur s’abat à Ziguinchor, et les villages alentour, pris entre les feux, se vident. Les anecdotes, même parcellaires, sont parfois source d’histoire, et dans les souvenirs, la date est là, ancrée, bien réelle, comme l’entaille dans les cœurs meurtris. Et les versions fusent, romancées ou falsifiées. La version qui revient le plus souvent ? Les rebelles s’étaient déguisés en paysans, ont laissé les militaires pénétrer la zone, et les ont tués. Au milieu de cette réalité que tout le monde se réapproprie, il y a les indices qui révèlent un tournant dans les esprits, quant à l’état du conflit et ses perceptions. Si les pertes jalonnent la vie des armées, Mandina Mancagne a été le théâtre d’une séquence essentielle dans l’histoire de l’armée sénégalaise : la réalité d’une de ses plus grandes défaites qui, curieusement, est devenue un de ces moments fondateurs, et par conséquent précieux. Elle dit l’état de cette décennie de 90, riche et tragique sur tous les plans, avec des accents moyenâgeux, et en ligne de mire, la quête de renaissance.
L’urgence d’une pédagogie nationale
Alors que le prisme militaire avait toujours dominé dans les lectures de ce conflit, l’accalmie récente, la paix partielle, mais qui semble enfin irréversible, exige une pédagogie nationale. Elle demande la mise à disposition des archives, des sources multiples, pour créer cette base de données, pour un accès à l’information, autre clé majeure de résolution du conflit. Une vision de la grande Histoire en somme, à travers un récit plus factuel, et moins dans le roman clivant ou partisan, pour donner aux jeunes générations, des ressources, des repères. Mandina Mancagne, qui abrite désormais un train-train quotidien et paisible, est un de ces repères, pour faire Nation, dans la douleur de la vérité. Quand on y célèbre les messes de minuit aujourd’hui, l’énergie négative qui a longtemps ceinturé le village semble desserrer son étreinte. Comme la métaphore vivante de la fin inéluctable des tragédies. De toutes les tragédies.
Ps : Un grand merci à Ibrahima Gassama, journaliste à Ziguinchor, dont les notes ont été précieuses pour la rédaction de ce texte.
L’ETAT SE PREOCCUPE DE VACCIN ET RESTE MUET SUR LA RECHERCHE POUR TROUVER DES MEDICAMENTS CONTRE LE COVID-19
Dans le cadre de la riposte au Covid-19, des traitements de base, à base de plantes, sur les symptômes de cette maladie sont proposés par des praticiens de la médecine traditionnelle
Nous venons de célébrer, le 31 août dernier, la journée africaine de médecine traditionnelle dont le thème est : «La contribution potentielle de la médecine traditionnelle aux efforts de riposte au Covid-19.» D’aucuns pensent que la médecine traditionnelle n’a été d’aucune utilité dans la lutte contre le Covid-19. C’est une méprise.
Dans le cadre de la riposte au Covid-19, des traitements de base, à base de plantes, sur les symptômes de cette maladie sont proposés par des praticiens de la médecine traditionnelle. De façon plus officielle, on a vu qu’au Cameroun, deux médicaments issus de cette médecine traditionnelle ont été approuvés par le ministère de la Santé en tant qu’adjuvants dans le traitement du Covid-19. On a aussi suivi tout le débat sur le Covid-Organics. Plus curatif, à base de plantes du côté de Madagascar, même s’il faut préciser que c’est le résultat d’une recherche menée par un scientifique de la médecine moderne. Il est avéré que dans plusieurs autres pays d’Afrique, comme l’Afrique du Sud, l’Ouganda, etc., des initiatives, allant dans le sens de trouver dans le grenier de la médecine traditionnelle des produits de base pour la recherche en vue de trouver des remèdes contre le Covid-19, sont en train d’être menées.
Chez nous, en plus d’avoir très tôt accompagné l’Etat dans sa politique de sensibilisation sur les mesures barrières contre le Covid-19, en collaboration avec l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée, que dirige le professeur Cheikh Moustapha Mbacké Lô, le ministère de la Santé et Enda santé, d’une tournée nationale dont j’étais l’un des coordonnateurs auprès des praticiens de la médecine traditionnelle, nous avons fourni tous les jours des propositions à base de plantes faites par certains tradipraticiens, dans des médias officiels, en guise de contribution à la prévention et le traitement de certains symptômes de cette maladie. Mais cela ne suffit pas. Mieux, une telle démarche peut même être d’une certaine gravité si elle n’est pas bien encadrée. Nous assistons, de ce fait, à une automédication dangereuse des plantes par des populations sans aucun respect des normes de préparation et de dosage. Aujourd’hui, il est indéniable que la pandémie, passée la période de panique généralisée, oblige chaque pays à une prise de conscience de la valeur de la médecine traditionnelle dans la recherche de solutions endogènes, voire locales.
De telles solutions nécessitent une collaboration franche et efficace entre détenteurs du savoir et du savoir-faire traditionnels dans le domaine de la santé des populations et détenteurs du la science médicinale moderne. De telles solutions exigent un «investissement accru dans la recherche-développement» dans le secteur de la recherche, de la part des autorités étatiques. Ce qui n’a rien à voir avec les discours d’intention récurrents, surtout lors de la célébration de la Journée africaine de la médecine traditionnelle. La gravité de l’urgence doit nous pousser à dépasser l’aspect festif d’une telle Journée qui semble faite, chez nous, pour donner de la bonne conscience à l’autorité.
Depuis les années 2000, nous courons après une Loi sur la médecine traditionnelle en vain. Le rappel est pédagogique. C’est la raison pour laquelle, «le projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle et de phytothérapie portant création du Conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle» constitue entre autres textes de loi, un dispositif juridique pour encadrer la pratique de la médecine traditionnelle, mais aussi l’utilisation, la production des médicaments traditionnels et la commercialisation comme voulu par l’Oms Afro. Une fois cette loi promulguée, la mise sur pied d’un Conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle, ne cheminant ni en parallèle ni en tangente avec les corps médicaux parce que placé sous la tutelle du ministère à charge de la Politique sanitaire et composé de praticiens de la médecine traditionnelle reconnus remplissant les critères d’admission établis au préalable, servira de socle à la participation des tradipraticiens à toute la politique de santé publique de l’Etat.
Malheureusement, sans un cadre juridique qui aide à assainir le secteur, et protéger les praticiens détenteurs de savoirs traditionnels sûrs dans ce domaine de la médecine traditionnelle, en leur permettant en même temps de pouvoir exercer et collaborer en toute légalité avec la médecine moderne et les laboratoires, nous ne pourrons pas apporter judicieusement notre contribution à la recherche scientifique et pharmaceutique. Les remèdes naturels gagnent en popularité dans les pays occidentaux et ont une longue histoire en Chine, en Inde et ailleurs. Les grands laboratoires pharmaceutiques se tournent aussi vers l’Afrique où ils espèrent trouver de nouveaux principes actifs.
Avec les partenariats et investissements appropriés, les médicaments traditionnels africains en général, et sénégalais en particulier approuvés pourraient trouver un vaste marché mondial. Ainsi, au-delà de la sensibilisation, et de la participation à la prise en charge à base de plantes, de certains symptômes de Covid-19, les praticiens de la médecine traditionnelle pourraient apporter, dans une collaboration saine et bénéfique à toutes les parties, leur contribution à la recherche de solutions scientifiquement aptes à neutraliser les avancées périodiquement récurrentes de cette pandémie. Autrement, nous continuerons à vivre dans l’attente de solutions toujours venues d’ailleurs.
Pour rappel, l’Oms, dans ses différentes résolutions, a donné des instructions dans le sens de promouvoir la médecine traditionnelle, en tant que composante des soins de santé primaires. Ainsi, le Comité régional de l’Oms pour l’Afrique, durant sa 63ème session tenue en septembre 2013, a convié les pays à la réglementation des praticiens, de leurs pratiques et des médicaments traditionnels. La résolution AFR/RC50/R3 a également recommandé aux Etats de préserver les connaissances et pratiques de la médecine traditionnelle et mettre au point une législation nationale pour la protection des droits de propriété intellectuelle.
Le Sénégal est signataire de toutes les résolutions internationales relatives à la promotion de la médecine traditionnelle et de phytothérapie ; donc, il a le devoir de respecter ses engagements. Nous constatons que, malgré toutes les initiatives prises depuis un demi-siècle au plan national et tous les résultats des recherches scientifiques sur les plantes locales par les universitaires du pays, le Sénégal marche à pas de caméléon dans sa politique d’intégration de la médecine traditionnelle et de phytothérapie dans le système de santé. Tous les travaux entrepris depuis des années sont aujourd’hui au point mort. C’est pour dire que la médecine traditionnelle ne constitue pas une préoccupation pour ceux qui nous dirigent.
L’absence d’un cadre juridique pour l’exercice de la médecine traditionnelle et la phytothérapie et aussi la nonapplication de la loi 83-20 du 28 janvier 1983 relative à la publicité en santé occasionnent une floraison de charlatans. La publicité tapageuse et dangereuse qu’on est en train de suivre dans les médias pose véritablement un problème de santé publique. Et certains médias participent à la promotion de ces soi-disant tradipraticiens. Il faut que l’Etat organise le secteur et mette fin à cette publicité déguisée, il y va de la sécurité des patients et de la crédibilité du secteur.
Pape Abdoulaye NDAO
Président d’Honneur de la Fédération sénégalaise des praticiens de la médecine traditionnelle (Fspmt)
Président de l’Association des Médico-droguistes, Phytothérapeutes, Herboristes et Opothérapeutes traditionnels du Sénégal.
«NOTRE MISSION AU SENEGAL EST D’ETRE UN VECTEUR DE TRANSFORMATION COMMUNAUTAIRE»
Entretien avec Gilchrist Koutob, Directeur régional de CBN Afrique
Au Sénégal comme dans chacun des 22 pays africains dans lesquels elle est présente, CBN Afrique mène de front des activités médiatiques majoritairement orientées vers une mission évangélique. Mais l’Ong née aux Etats-Unis déploie également un programme social en direction des plus démunis et des communautés frappées par des catastrophes naturelles.
Quel est l’intérêt pour un média américain de se déployer ici en Afrique ?
Les premières interventions de CBN sur le continent furent d’ordre humanitaire. Ce fut lors des crises relatives aux épidémies d’Ebola en Rdc et de mouvements de réfugiés causés par les conflits armés en Afrique centrale pendant la décennie 90 que l’organisation a mis en place un programme humanitaire pour l’Afrique. La production des programmes de CBN en français pour l’audience africaine fut une initiative de certaines personnalités africaines qui désiraient reproduire l’œuvre de Pat Robertson, le fondateur de CBN, au regard du succès fulgurant de ses émissions sous d’autres cieux. Le déploiement de CBN en Afrique francophone fut avant tout dans l’intérêt des africains et des chaînes de télévision qui désiraient voir le contenu de CBN Afrique sur leurs écrans. Aujourd’hui nous sommes en passe de mettre en place un studio de production pour produire un contenu varié et typiquement africain.
CBN Afrique est un média que l’on retrouve dans 22 pays africains mais dont la maison mère se situe en Amérique. Quelles productions proposez-vous ?
CBN Afrique n’est pas un décalque parfait de la maison mère CBN Int’l en termes de réalisation et de production du contenu médiatique. Les programmes produits par le bureau de Dakar sont laborieusement conçus pour se conformer aux réalités africaines. Contrairement à CBN Int’l qui produit une palette d’émissions en tous genres couvrant plusieurs domaines, de la politique au divertissement, le bureau de Dakar produit principalement une version française de l’émission phare de CBN dénommée «Le Club 700». L’émission de 28 min traite de plusieurs thématiques dans une perspective judéo-chrétienne. Nous produisons également «Onecubed», une émission qui met en vedette des jeunes artistes de gospel du continent. Des programmes spéciaux sont aussi produits selon l’actualité qui prévaut dans un secteur donné. Nous proposons également un dessin animé Super BOOK, lequel est produit dans les studios de Virginia Beach. A ce jour, 101 chaînes de télévision diffusent nos programmes.
Beaucoup de vos programmes tournent autour de la proclamation de l’évangile. Comment cette mission se traduit au Sénégal, pays à majorité musulmane ?
Le cœur de CBN est forgé par le binôme média-humanitaire. Cependant, l’un peut être déployé sans l’autre sur un territoire donné. Notre mission au Sénégal, comme dans bon nombre de pays à l’instar du Niger, est d’être un vecteur de transformation communautaire par l’implémentation de programmes de développement socio-économique. Cette mission humanitaire magnifie notre foi et la rend plus pratique car le but ultime de l’évangile est d’aimer Dieu et son prochain. Et cet amour ne s’exprime pas seulement par les paroles mais surtout par les œuvres. Pour ce qui est de la diffusion des programmes télévisés, nous ne diffusons pas encore au Sénégal. Nos programmes sont diffusés sur 101 chaînes de télévision, majoritairement situées en Afrique centrale. Cela est certainement dû au fait que le contenu est beaucoup prisé par une audience d’obédience chrétienne. Et plusieurs de ces chaînes diffusent sur le réseau Canal-sat, ce qui permet une couverture à l’échelle continentale.
Vous avez une branche humanitaire qui apporte son soutien aux populations démunies. Un petit bilan de ces actions depuis 2005 …
De 2005 à ce jour, nous avons réalisé plus de 50 projets majeurs au Sénégal dans plusieurs secteurs, entre autres l’éducation, la santé, la formation professionnelle, l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture. Nous avons réalisé 25 projets en approvisionnement en eau potable, forages et puits, 12 projets dans le secteur sanitaire, 8 investissements dans le domaine de l’éducation et 10 projets socio-économiques. Nous menons d’autres projets dans les pays de la sous-région, notamment au Burkina, en Côte d’ivoire, au Niger et dans les pays de l’Afrique centrale.
Comment ces communautés accèdent-elles à l’aide que vous proposez ?
Chaque année au mois de septembre, CBN Afrique lance un appel à projets. Les projets soumis doivent avoir un caractère humanitaire et servir au développement des communautés. Les projets les plus pertinents sont retenus et financés soit totalement soit partiellement. Le département humanitaire de CBN Afrique, Orphans’ Promise, mène aussi des visites de terrain au sein des communautés vulnérables pour recueillir les doléances de la population afin d’y apporter des solutions. Et lorsqu’une catastrophe surgit dans une communauté, nous déployons les ressources nécessaires pour soulager les populations. Par exemple, nous avons jugé nécessaire de remettre aux populations de Keur Massar, quatre motopompes lors des inondations d’août 2020, et récemment nous avons distribué 8 tonnes de kits alimentaires à Dakar et Fatick pour pallier les effets néfastes de la pandémie dans les ménages.
La demande dans les communautés les plus éloignées du pays est-elle plus forte ?
Il est très rare de recevoir les demandes des communautés éloignées d’autant plus qu’elles ignorent l’existence de notre Ong. Cependant, le département humanitaire mène régulièrement des études pour évaluer les besoins des communautés et les conditions dans lesquelles elles évoluent. Ces évaluations concernent aussi les communautés les plus éloignées. Par exemple, les statistiques publiées par le Pro - gramme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) montrent que Tambacounda est l’une des zones endémiques du paludisme et, CBN Afrique, en tant qu’Ong, a décidé de distribuer gracieusement des moustiquaires imprégnées dans les communes de ladite région.
FOSSÉ INFRANCHISSABLE ENTRE JEUNES ET POLITIQUES
La révision du fichier électoral qui vient de s’achever montre le faible engouement des nouveaux majeurs pour les élections, notamment locales. Leur vote fait pourtant l’objet de toutes les convoitises
Jeune Afrique |
Mawunyo Hermann Boko |
Publication 23/09/2021
Les chiffres ne sont pas de nature à rassurer les partis politiques traditionnels. Selon la Commission électorale nationale autonome (Cena), seuls 257 000 primo-votants se sont inscrits sur les listes lors des opérations de révision du fichier électoral qui se sont achevées le 14 septembre. À titre de comparaison, ils étaient près de 400 000 à s’être manifestés en 2018, lors du dernier nettoyage dudit fichier.
Entamé le 31 juillet, le processus devait consister à retirer des listes les noms des personnes décédées, condamnées ou privées de leurs droits civiques. Mais il devait surtout permettre l’inscription des nouveaux majeurs, sachant que les prochaines élections – municipales et départementales – auront lieu en janvier prochain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il « n’y a pas eu de véritable engouement », ainsi que le résume un journaliste sénégalais.
Faut-il en déduire que les jeunes bouderont les prochains scrutins ? « Historiquement, les élections locales ne les intéressent pas », répond Babacar Ndiaye, chercheur pour le think-tank Wathi, qui insiste sur le fait que « c’est au niveau local que commence la politique et qu’il faut suivre les actions du maire de sa localité ».
Les partis, notamment du côté de l’opposition, avaient d’ailleurs appelé les jeunes à se mobiliser. « Nous avons même fait du porte-à-porte pour les convaincre de s’inscrire », assure Bassirou Diomaye Faye, membre du Pastef , la formation politique d’Ousmane Sonko, qui fait désormais figure de principal opposant à Macky Sall. Lui accuse « certains maires du parti au pouvoir d’avoir refusé de délivrer les certificats de résidence qui leur étaient nécessaires pour se faire enregistrer ».
Enjeu crucial
Quelques difficultés ont en effet été signalées dans la région de Dakar. La Cena s’est même fendue d’un communiqué, le 1er septembre, pour rappeler à l’ordre et « au strict respect des règles démocratiques » les autorités administratives et les élus locaux. « Mais cela a contribué à démotiver les jeunes, insiste Bassirou Diomaye Faye. C’est une stratégie du pouvoir pour réduire au maximum le taux d’inscription des primo-votants. » Des accusations que balaie Omar Dieng, vice-président des jeunes cadres républicains de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir). « Dans l’ensemble, tout s’est bien passé. C’est l’opposition qui veut faire croire qu’il y a eu des magouilles avant les élections pour mieux justifier sa prochaine défaite. »